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Des aménagements hydrauliques laténiens à Avenches (Suisse/Vaud)

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Academic year: 2021

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(Suisse/Vaud)

Hugo Amoroso, Aurélie Schenk

To cite this version:

Hugo Amoroso, Aurélie Schenk. Des aménagements hydrauliques laténiens à Avenches (Suisse/Vaud).

Bulletin de l’Association française pour l’étude de l’âge du fer, AFEAF, 2019, 37, pp.67-70.

�hal-02523031�

(2)

DES AMÉNAGEMENTS HYDRAULIQUES LATÉNIENS

À AVENCHES (SUISSE/VAUD)

Hugo AMOROSO (SMRA, Site et Musée romains d’Avenches)

Aurélie SCHENK (SMRA, Site et Musée romains d’Avenches)

Introduction

Le fort développement urbain que connaît actuellement la ville moderne d’Avenches est à l’origine d’une série d’interventions archéologiques qui ne cessent de livrer des vestiges remontant au Second âge du Fer. Bien que l’étendue de l’occupation gauloise reste encore difficile à évaluer, on observe que ces découvertes sont princi-palement localisées à l’ouest de la ville actuelle et au pied de la colline du bourg médiéval, le long et à proxi-mité d’un axe de communication (fig. 1). Dans ce très vaste cadre géographique estimé à 25 hectares et mal-gré des fenêtres d’observation qui restent limitées car dispersées, une dizaine de secteurs d’occupation ont déjà été révélés par les fouilles. En 2017 et 2018, deux nouveaux sites ont été explorés, dont le point commun est d’avoir livré des aménagements tout à fait inédits à Avenches en lien avec l’approvisionnement en eau et son utilisation dans le cadre d’activités artisanales.

Deux puits à cuve en bois

En 2017, une campagne de sondages de diagnostic, menée en prévision d’un vaste projet d’extension de la zone sportive communale sur une parcelle de 25’000 m2 (fig. 1), dont seuls 5’300 m2 ont été par la suite

fouillés en profondeur, a révélé des vestiges et du mo-bilier couvrant plusieurs périodes chronologiques com-prises entre l’âge du Bronze et l’époque moderne, et notamment des structures remontant à La Tène finale. Le site, daté de La Tène D1 par le mobilier céra-mique associé, est délimité par deux longs fossés ap-proximativement perpendiculaires qui ont été suivis, dans les limites de l’emprise des terrassements, sur une longueur de près de 50 m dans l’axe nord-sud et 17 m dans l’axe est-ouest (fig. 2). Ils semblent circonscrire deux enclos dont la surface est estimée au minimum à un quart d’hectare chacun compte tenu de la

dis-position des structures contemporaines mises au jour : quelques trous de poteaux et fosses dépotoirs, mais surtout deux puits très bien conservés, ainsi qu’un four de potier.

Le premier puits (St 60), installé au cœur d’une fosse d’un diamètre de plus de 3 m, se distingue par un cuvelage circulaire d’une ouverture de 1 m en bois tressés, associant hêtre et noisetier pour les branches du clayonnage, et hêtre pour les piquets verticaux (fig. 3). Il s’agit d’un mode de construction sophisti-qué jusqu’à présent inconnu en Suisse pour ce type d’aménagement. A l’intérieur, deux poutres de chêne accolées à la paroi semblaient étayer la structure par-tiellement effondrée au cours de son utilisation, bien qu’on ne puisse toutefois pas exclure l’hypothèse d’une installation de type échelle facilitant l’accès au fond du puits. La datation dendrochronologique du clayonnage s’est malheureusement avérée impossible et celle des poutres en chêne peu satisfaisante car

Fig. 1 : Situation des principaux secteurs présentant des vestiges gaulois à Avenches.

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toutes deux n’ont livré que des terminus post quem, respectivement de 78 av. J.-C. (avec réserves) et de 128 av. J.-C. Le fond de la structure, non aménagé comme celui du puits voisin, se situait à 2,5 m de profondeur ce qui correspond au niveau d’apparition de la nappe phréatique, certainement légèrement plus basse ac-tuellement qu’à la période celtique, et confirme une fonction de captage.

Eloigné de quelques mètres seulement, le second puits (St 51) est constitué d’une cuve quadrangulaire en bois de 65 par 80 cm (fig. 2). De construction clas-sique, le boisage est fait de planches en hêtre et en chêne conservées sur quatre à six rangs superposés et encastrées dans des poteaux corniers en chêne. Les ré-sultats dendrochronologiques ont fourni une date aux environs de 70 av. J.-C. pour les éléments en chêne, et uniquement un terminus post quem en 116 av. J.-C. pour les planches en hêtre en raison de leur mauvais état de conservation. Ces dernières pourraient malgré tout être attribuées à la même phase d’abattage que les éléments en chêne d’après les observations des spécialistes.

Si le comblement de la cuve n’a livré que peu de mobilier, la fosse d’implantation était par contre rem-plie d’un sédiment charbonneux contenant une très forte proportion de céramiques à pâte grise fines, concassées en plusieurs centaines de petits morceaux. De nombreux nodules d’argile cuite, quelques frag-ments de parois de four, ainsi que des pierres rubé-fiées, parmi lesquelles se distinguent plusieurs dalles en molasse de forme grossièrement rectangulaire (dim. env. 40 x 20 cm), complètent cet inventaire. Ces éléments sont certainement à mettre en lien avec le démantèlement intégral d’un four de potier (St 44) situé à une distance de 2 m (fig. 2) et dont il ne reste que l’empreinte rubéfiée de la moitié occidentale de la chambre de chauffe, ainsi que de l’alandier qui s’ouvre

vers le sud-est sur une fosse de travail. En outre, une absence de rubéfaction vers le centre du four suggère qu’il était doté d’un pilier central sur lequel s’appuyait une sole rayonnante. Cette dernière était sans doute constituée de dalles rectangulaires en molasse, dont un élément a été retrouvé au fond de la structure et d’autres en démolition dans la fosse d’implantation du puits voisin.

De manière générale, le site est dans un état de conservation très limité du fait d’une très faible sédi-mentation, ce qui explique que seul le fond de cer-taines structures soit conservé et qu’aucun plan de bâtiment ne puisse être restitué. L’absence de lien stratigraphique appelle également à une certaine pru-dence concernant l’interprétation de l’organisation de la zone, d’autant plus que la chronologie des puits n’est pas encore tout à fait résolue. Toutefois, excen-trés au nord-ouest de la colline d’Avenches, ces amé-nagements restent pour l’heure les uniques témoins d’une occupation structurée par des enclos et abritant des activités artisanales avérées en périphérie de l’ag-glomération.

Aménagements et activités au bord du

ruisseau du Ruz

Non loin du tracé supposé de la voie celtique, dans un secteur où des vestiges d’une nécropole romaine étaient plutôt attendus, le site dit de « la Brocante » (fig. 1), fouillé en 2018, a livré les restes d’un paleoche-nal qui a été documenté sur une longueur d’environ 20 m (fig. 4). Ce tronçon de rivière, fossilisé à la fin de La Tène finale, correspond au ruisseau du Ruz qui prend sa source au pied du Bois de Châtel à environ  1 km de là vers le sud-est, et qui est actuellement canalisé sous la route moderne. Selon l’étude préliminaire de la N 0 10 m fossé fossé St 51 puits St 44 four St 60 puits

Fig. 2 : Zone sportive : plan des structures de la période laténienne.

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céramique, la fourchette chronologique de la fréquen-tation de ce ruisseau dans cette zone est restreinte, puisqu’aussi bien le fond graveleux que les différents dépôts alluviaux qui se succèdent sur une épaisseur d’environ 1,10 m ont livré des ensembles homogènes datés aux alentours du milieu du Ier s. av. J.-C.

En bordure du chenal, de nombreux piquets asso-ciés à des boulets étaient encore fichés verticalement et dans un cas maintenaient en place à l’horizontale deux longues branches fendues, tandis que d’autres gisaient couchés dans le ruisseau. Ces éléments, bien conservés grâce à l’environnement humide des gra-viers de fond qui drainent encore aujourd’hui les eaux souterraines des coteaux voisins, constituaient certai-nement les restes d’un aménagement de berges.

Au nord de ce cours d’eau, un canal à fond plat creusé dans la moraine de fond et dessinant un large arrondi semble avoir eu pour fonction d’acheminer de l’eau dans plusieurs grandes fosses polymorphes

(fig. 4). Le lien de ces installations atypiques avec des activités artisanales de transformation des matières végétales (rouissage) ou des matières animales (lavage de la laine) a été suggéré par Antoinette Rast-Eicher (bureau d’analyse ArcheoTex) lors de l’étude de deux petites vanneries de forme rectangulaire et d’une carde en bois de chêne (fig. 5) découvertes dans les dépôts argileux du paléochenal. La présence systéma-tique de gros boulets au fond des fosses et de piquets à proximité, ainsi que dans un cas d’une planche en bois concordent en effet avec des activités de rouis-sage de végétaux, première étape de transformation pendant laquelle les tiges de lin ou de chanvre, ficelées en bottes, devaient être maintenues immergées dans l’eau claire pendant plusieurs jours afin de faciliter l’extraction de leurs fibres. Dans ce contexte, la carde, dotée de picots rigides (sans doute des épines de pru-nellier), pouvait être utilisée pour débarrasser les tiges des résidus d’écorces et pour en démêler les fibres. Les analyses palynologiques permettront peut-être de confirmer cette hypothèse. Par contre, la fonction des

vanneries + carde ruisseau du Ruz fosses de rouissage barrière foyer 0 2.5 m N aménagements de berge fosses chenaux bois empierrements aménagements de berge

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deux vanneries, dont les montants sont en saule et le tressage en lianes de clématite, et avec lesquelles la brosse était déposée, reste encore mystérieuse par absence de parallèle.

Des empreintes laissées par des animaux (proba-blement des bovidés) au sommet du remplissage des fosses et le long des berges du ruisseau dans les dépôts argileux indiquent que ce lieu a également servi, après l’abandon des activités artisanales, de point d’eau pour le bétail. Une barrière en clayonnage découverte effon-drée in situ, haute de 1,20 m et conservée sur une lon-gueur de 4 m, permettait peut-être de diriger le bétail et de limiter certaines zones d’accès à l’eau.

En outre, au-delà de l’aspect artisanal et pastoral des activités supposées en lien avec l’eau sur ce site, les assemblages tout à fait remarquables de mobiliers récoltés dans le ruisseau et à ses abords immédiats invitent à se questionner sur la nature et le caractère particulier du lieu. En effet, la part considérable de céramiques à décors peints, de même que la décou-verte de quelques pièces métalliques rares dans nos

régions, telles une cruche en bronze et quatre fibules en laiton, méritent d’être signalées. Le monnayage gaulois est également très bien représenté puisqu’on dénombre une cinquantaine de potins, quinaires et oboles. De plus, la quantité de faune par rapport à la céramique est très inhabituelle, et plusieurs crânes complets d’animaux (bœuf, cheval, chien et chèvre) ont été trouvés à proximités des structures. Un crâne humain gisait également sous une planche à l’intérieur d’une des grandes fosses. Enfin, même la brosse et les deux nattes ont été regroupées et visiblement dépo-sées ensembles. La nature volontaire de ces dépôts et leur signification reste donc à préciser.

Conclusion

Ces deux nouveaux sites ont livré des éléments concer-nant des activités encore non attestées à Avenches, telles que la production de céramique, ainsi que la transformation des matières végétales ou animales dans le cadre d’un artisanat textile, dont les installa-tions sont encore de manière générale très rarement documentées pour ces périodes. Ces trouvailles consti-tuent donc un nouvel apport à la compréhension de la nature et du statut de l’occupation gauloise à l’origine de la capitale des Helvètes. Pour finir, le contexte hu-mide du site dit de « la Brocante » constitue un milieu idéal pour de futures études paléoenvironnementales qui contribueront à une meilleure connaissance de l’environnement et des activités agro-pastorales au cours de La Tène finale, domaines pour lesquels nous manquons encore de données.

Bibliographie :

Amoroso H., Schenk A., avec la collaboration de Castella D., 2018. Quoi de neuf chez les Helvètes d’Avenches. Archéologie Suisse, vol 41.1, p. 16-23.

Fig. 5 : La Brocante : carde en bois (dim. 17,5 x 16 x 0,7-1,4 cm) déposée au centre de deux vanneries rectangulaires

Figure

Fig. 1 : Situation des principaux secteurs présentant des  vestiges gaulois à Avenches
Fig. 3 : Zone sportive : puits à cuve circulaire en clayonnage.
Fig. 4 : La Brocante : plan des vestiges s’organisant aux abords du ruisseau.
Fig. 5 : La Brocante : carde en bois (dim. 17,5 x 16 x 0,7- 0,7-1,4 cm) déposée au centre de deux vanneries rectangulaires

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