Historiographie
et
rhétorique
dans la
corespondance
de
Fronton
Rémy
PoIcNaurr
La rhétorique est la compagne de I'histoire au moins depuis que Cicéron a
reconnu
qu'il fallait ouvrir
aux orâteurs ledomaine
deI'historiographie
de manière à faire accéder les ouvrages
d'histoire
àun statut littéraire
que neleur
conférait pas I'annalistique 1.Mais
au second siècle larhétorique
estomniprésente2 et elle
envahit
de plus enplus
leterritoire
deI'historiogra-phie:.
La
correspondance de
Fronton
en
témoigne,
mais elle nous
est malheureusement parvenue dans un état lacunairequi
en rend asssz souventI'interprétation
délicate. Nous voudrions examiner
ici
comment
leséna-teur
maître derhétorique
abordeI'histoire,
s'illui
reconnaît une spécificité, ou si elle riest qu'une servante deI'art
oratoire, etcomment lui-même traite
de la guerre
qui
opposa les Romains aux Parthesde
161à
166.Il
est manifeste queFronton
possède des connaissances en matièred'his-toire,
prisantparticulièrement
dansCaton
et Salluste, etfait
réference à des événements du passé, maisil
n est pas assuré que cet intérêt dépasse le cadre de laculture
obligéed'un
orateur4.
Lhistorien Appien
est sonami:
nous avons conservé deux lemres en grec échangées entreI'un
etI'autre
(242,
ll-248)5,
etI'on
sait, par
I'indication ôeutépcr (242,13), qu'Appien
en
aadressé au
moins
une autre àFronton. Celui-ci
refusele
présent de deux esclaves queveut
lui
faireAppien
en remerciement
d'un
servicerendu6.
Sans doute
s'agit-il
del'intervention
de sonami
auprèsd'Antonin
le Pieuxafin
de recommanderAppien
pour
une procuratèle. Dans unelettre
écriteRWYPOIGNAL]LT
1...1 amico meo, cum quo
mihi
et uetus consuetudo etstudiorum
usus ?roPecotidianus intercedit
(168,7-B: (
mon ami,
auquel je suis lié de longue date et par des relations presquequotidiennes
u7).On
avu
dans ces lignessoit
que
Fronton
serait alléétudier
àAlexandrie
oùil
aurait fait
la connaissanced'Appien, soit
qu'il
aurait
aidé son
ami
àRome
lorsqu'il
aentrepris
sesouvrages
d'histoires.
Dans ce cas,il
sepourrait
que le cadeau des deux escla-vesait
été destiné à remercierFronton
de son assistancepour
ces travauxhistoriques;
il
semble peuprobable
qu'il
ait prodigué
des conseils de sryle à un écrivain grec; ce serait alorsplutôt
par sa culture historique, sa connais-sance des affaires romainesou
enlui facilitant
I'accès auxdocuments
qu'il
aurait
étéutile
à sonami. Mais
il
nes'agit là que
deconjectures,
qui
nepermettent
guère d'assurer queI'amitié
des deux hommesait pour
base uncommun goût
pour
I'histoire.
lJn
autreindice
révèle queFronton
adû s'entretenir
avec Iefutur
Marc
Aurèle sur la manière d'écrire
I'histoire.
En effet, à lafin
d'une
longue lettre,qui
semblecomme
une mise aupoint
aprèsun ou
plusieurs entretien(s) 9,oir
il
expose quelssont
ses auteursfavoris
etcombien
il
faut prêter
atten-tion,
quand
on écrit,
auchoix
desmots et
àleur place, le maîrre prend
congé de son élève en remettant à plus tard, si celui-ci le souhaite, les conseils
qu'il
pourrait
lui
donner
en matière
d'historiographie:
Postista monui,
quibus studiis, quoniam
ita
uelles, te historiae scribundae praeparares. Qua de re cum longior sit oratio, ne modum epistulae egredian finemfacio.
Si tu de eaquoque re scriubi ad te uobs, etiam atque etidrn admonebis
(59,24-27
: n Après cela, jet'ai
conseillé par quels exercices te préparer àl'écriture
del'histoire,
puisque tel était
ton
désir.Mais comme
il
seraittrop
long
d'exposer cettequestion,
pour
ne pas dépasser leslimites d'une lettre, je
m'arrêtelà.
Situ
souhaites queje
t'écrive sur
cepoint
aussi,tu
mele
rappelleras encore et encore n) to.p.u,-6.re
Marc
a-t-il
euI'intention
de se lancer dans larédac-tion d'un
ouvraged'histoire
11, maisil
ne s'ensuit pas nécessairementqu'il
en
ait
effectivement rédigéun; il
pouvait
s'agir d'une simple curiosité intel-lectuelle 12.Toujours
est-il queFronton
ne semble pasvouloir
favoriser, aumoment oir
il
écrit la lettre,
lepenchant
deMarc pour
l'écriture
deI'his-toire puisque la tournure etiam atque etiam aàmonebiç de même que quoniam
ita
uelles nemontrent
pas unvif
intérêt du
maître alorspour
ceproblème:
sans doute
lui
apparaît-il plus nécessaire de faire deMarc
un excellent orateur et, par conséquent, de concentrer sonattention
sur l'éloquence elle-même. Fronton-rarement,
il
estvrai-
se montre conscient d'une certainespéci-ficité
du
genrehistorique. Dans
unelettre
àMarc Aurèle
queI'on
date de marrière vagueenffe
16l
et
167 t3, etdont
le début manque, Fronton semble opposer le sryle deI'histoire
àcelui
del'éloquence.
Ledébut
dela
phrasequi
nous intéresse, sur ladistinction
entre I'histoire etI'art
oratoire, malheu-reusement lacunaire, adonné lieu
à plusieursconjecturesi
-tatem historias oPera a?ta nequeillam
moderationemorationi
acccomodatam;figuras
etiamHIST-OMOGM"HI E ET RHETORTQUE ( FRONTON)
qua"s Graeci
oTtilnru
uocantillum
historiae, hunc historiae congnrentesadhi-buisse
(96,
20-22).
on
a reconstitué diversement lemot
don"t lafinale
est-tlttry:
<facul>tatem (u talent oraroire >),
<{raui>tatem (u
élévation,),
<facili>tatem
(,< aisance >), <uber>tatem(u
abôndance u) : laspécificité
deI'histoire
n'esrdonc
pas très claire.Angelo
Mai,
ledécouvreuriu
texte,lit
historiae aptam aulieu
d'historias opera apta.on
pourrait
ainsitraduire
de deux façonscontradictoires
selonqu'on
supposeou
non un
nequedevant lenom
tronqué:
n I'abondance[
?] n est pas appropriée àI'histoire comme
son sens de la mesure ne
convient
pas àl'éloquence
u t4ou comme le
fait
C.
R. Haines,
n afacility
adaptedto history
and
not that
restraint
which
is suitablefor
oratory
> 15. La suite posemoins
deproblèmes:
(
er même, pour cequi
est des figures, que les Grecs designenr sous lenom
deofipora,
I'un
a employé cellesqui
conviennent àI'histoire,
I'aurre cellesqui
convien-nent à l'éloquence u.
Il
s'agit, d'une parr, de Salluste, d'aurre part, de Cicéron.Fronton vante
les antithèses, les paronomases et peut-être-
letexte
n'est pas sûr t6-,
les épanaphores deI'historien.
En esquissant, flrt-ce brièvement er, dans
l'état
actueldu
texte, deâçon
assezénigmatique,
unedistinction
entre
le sryle deI'histoire
etcelui
des discours,Fronton
semblerejoindre
unetradition
représentée parCicéron,
Quintilien ou
Pline
le Jeune,qui,
eux aussi,distinguent
cesdeux
genrestout
en leur reconnaissant beaucoup d'éléments communs 17.On
se souvient,par exemple, que dans l'Orator 66, Cicéron assigne à l'histoire un style moins
impétueux
et plus égal que celui de l'éloquence,qui
est en prise directe avec le présent, cequi
nousinciterait
àpréËrer
la premièretraduction
18.Dans d'autres lettres,
Fronton
apporte des précisions sur saconception
du style de
l'histoire:
cequi
la..r".i.ri..,
.'.rt
l'é.1"r (106,
25)-
il
emploie splendidus ou des mots de la même famille 19. Dans une lettre à Verus datantde
16420,Fronton établit
unedistinction
entre
leslettres
deshistoriens,
qui sont
brèves(124,
16) et celles querédigent
les généraux-
visiblement
ce sont les rapports adressés aux autorités
romaines-, qui
doivent détailler
bien
davantage lesopérations2l. Comparant
lerapport
de Verus au Sénat àcelui
du
généralLutatius Catulus,
il
critique
chez cedernier l'alliance
d'une
certaine emphase et de(
motspour
ainsidire
délicats"
(teneris prope<u>erbis
(125,3)22 et qoute;
historia tarnen potius splendidepersnibenda:
si ad senatum scriberetur,
etiam
caute23(125,
3-4:
"
Cependant
I'histoire
doit plutôt
être rédigée avec éclat; et même, si on écrit au Sénat, avecprécau-tion
>).On
s'aperçoit par là que
dansce
casbistoria
ne désigne pasun
ouvrage
historique proprement
dit,
maisun
écrit, quel
qu'il
soit,
relatif
àdes événements,
y
compris
un
rapport
au Sénat sur uneguerre:
ellepeut
donc
prendre laforme d'une lettre ou
d'un
discoursécrit.
Quintilien,
X,
1,33,
quant
àlui,
parledu nitor
deI'histoire,
mais les deuxnotions
semblent diffërentes:le
nitorimplique
uneforme
d'élégancequi
peut confiner
àla
préciosi624;
il
s'agit plus
debrillant
que
d'éclat;
RÉMYPOIGNAULT
selon
Quintilien
le
sryle del'historien
n'est pas aussiviril
et
efficace quecelui
deI'orareur, comme
s'il
ne relevait que del'apparat,
cedont
témoi-gne
la
comparaison
qu'il établit
enrre les fessources deI'historien
et
lesi.,rr.l.,
d'un
athlète ou le vêtement bariolé deDémétrius
de Phalère, tandis queI'orateur
est assimilé àun
soldat25.Fronton emploie
ici
avec. les motsie
h
famille
de sptendidus le même vocabulaire que celui par lequelCicéron
designe,r.r.
q,rJité
du srylenon
del'historien,
mais de I'orateur26.Fronton
rejoi=rrt également
Pline
le Jeune,pour
lequel
aussiI'histoire
doit
avoir
del'éclat, puisqu'elle
s'occupe n deI'extraordinaire,
du
grand,
du
sublime
'
(omnia recondita,
glendida,
erceba)27.Lucien, aucontraire,
dans Commentilfaut
éuire
l'histoire(43-44),
rédigé à la suite de laproliferation
d'ouvra-ges
historiques
relatifs à la guerreparthique
de Verus, mais sansconnaître
L.orr.rpondance
deFronton,
propose une autre esthétique et
réclame nerteté, clarté,simplicité.
Si à certains
moments Fronton
semble reconnaître une certainespéci-ficité
au sryledu
genrehistorique2s,
c'est leplus
souvent enrhéteur
quil
aborde
I'histoire,
la considérantcomme
un
recueil d'exemplaou
tirant
des historiens des leçonsd'écriture29,
etil
tend
à estomper laligne
dedémar-cation
entrerhétorique
ethistoire.
Plutôt
quepour
sesexploits
enOrient,
Fronton felicite
Veruspour
lesqualités littéraires
deson
rapport
auSénat;
il
associeétroitement
rhéto-rique
ethistoire,
puisqu'il
estime que cesont
ellesqui ont
forgé les vertusmilitaires
deVerus:
u Ces vues sages,mon
empereur, ce n'est assurémentni
le bouclier
ni
la cuirassequi
te lesont
inculquées dès taprime
enfance, mais ce sonr les livres et l'érude des lettres.En lisant constamment
dans les ouvrageshistoriques
et les discours beaucoup d'exemples debon
conseil,tu
t'es servi de l'éloquencecomme
école deI'art militaire
o30.Fronton
sedit
convaincu
que cequi
aconduit
Verus à prendre lesdispositions
néces-saires avec une arméequi
avaitperdu
sesaptitudes
guerrières, cesont
o la sévéritéd'Hannibal,
ladiscipline
deI'Africain
et les exemples deMetellus
décrits en
détail
dans les livresd'histoire ,31.
On
songe à la lecture deTite-Live
et de Salluste, maisFronton
pense aussi à son auteur deprédilection,
Caton, dont
il
donne
unecitation (728,20-129, 6) pour montrer
que si Verus, avantd'attâquer
massivementI'ennemi,
a sudonner
confiance à sestroupes en
leur
faisantlivrer
d'abord
seulement depetits affrontements,
il
le
doit
aux écrits de ce grandhomme.
Fronton croit
auxvertus
de lalittérature.Les
exernplahistoriques
queI'on
trouve dans les livresd'histoire
comme chez les orateurs seraient préfe-rables à I'expérience acquise sur leterrain,
cequi
est pousser àl'extrême
la célèbreformule
deCicéron
-
Historia [...J,
magistrauitae32.
De
même, dansle
De
belloParthico,
Fronton
vante
àMarc Aurèle un
discours
deHISTORIOGRA?HIE ET RH ÉTORIQUE ( FRONTON)
qu
il
constitue, etil
lui
en recommande la lecture caril
y trouvera desconseilspo.r,
,rr.rr..
àbien
la guerrecontre
les Parthes en cequi
concerne lechoix
àesgénérau*,
laprise
encompre
desintérêts
des alliés,la
protection
despro,ulrr..r,
les qualitésdont doivent
faire preuve ceuxqui dirigent
les opéra-rions(225,
3-ity;:.
Lebon
maître prendici
le contre-pied deMarius, qui,
dans
un fametx
discours d,u Bellumlugurthinum
(85),
oppose les actes àla
littérature
et se moque de la jeunesse dorée romainequi
n a d'autre expé-rience des armes que ce qu'elle apu
enlire,
tandis que,lui,
afait
sespreu-ves sur le
terrain. Alors
queMarius
valorise lesfacta
parrapPort
aux dicta,pour Fronton,
lesdicta conduisent auxfacta.
Lintellectuel
estconvaincu
àe I'excellence de son univers, car, à ses
yeux, la rhétorique
englobetout,
I'art militaire,
comme l'histoire.
Et
quand
il
parle deshistoriens,
c'estsurtout pour
donner
à ses desti-nataires des conseils de sryle.Dans
leDe
eloquentia34'Fronton montre
combien
la marque personnelle de la manière d'écrire de chaque âuteur estimportante;
il
caractérisela diversité
des sqyles de poètes,d'historiens
etd'orateurs
par desformules
brèves, avant demontrer
que les philosophes eux aussiont
chacun leur
srylepropre.
Il
considère leshistoriens
surtout
du
point
de vue deI'arrangement
desmots: ( Lhistoire,
Salluste I'a écrite dans un style bienconstruit,
Pictor en désordre, Claudius avec grâce, Antias sanscharme;
Sisennaintarissablement,
Caton
enattelant
beaucoup
demots, Cælius
sansmettre plus
d'un mot pour
chaque chose u35.On voit
nettement
queFronton,
tout
endistinguant
encore les genres, lestraite du
même
point
devue:
laqualité
del'écriture.
Son propos est, en effet, d'es-sayer de convaincreMarc Aurèle
de ne pas abandonner l'éloquence, c'est-à-dire le soucidu
bien dire,
car elle est nécessaire même à laphilosophie.
Caton,
dans cette liste,dont
nousriavons
repris que le passageconcer-nant
leshistoriens, apparaît
àla fois
parmi
ceux-ci et
parmi
les orateurspolitiques
etjudiciaires
(134,3-5),
en raison de la diversité de ses activités.Mais,
dans uneâutre
lettre36, Fronton
range aussi Salluste, .iuste aprèsCaton,
dans la catégorie des orateurs,parmi
les aureursparticulièrement
soucieux du choix et de la place des
mots: (
le plus grand de tous les orareurs depuisI'origine
deI'humanité, Caton
et sonfervent disciple
Salluste ,37.Un
peu plusloin
(56,22-23), L.
Cælius(Antipater),
le créateur de lamono-graphie
historique
à Rome, est présenté commeun imitateur
zélédu
poèteEnnius.
Lesfràntières
génériques
necomptent
plus38. Chez
Fronron,
Salluste apparaît aussibien
chez leshistoriens
(96,20
sqq.;
124,
10 sqq.) queparmi
les orateurs. Dans ledt
eloquentia(148,
8 sqq.),il
figurecomme
un
modèle d'éloquence
degrand
sryleet
il
estrapproché
deCaton et
deCicéron. De fait, on retient
deplus
enplus
àpartir du
second siècle en Sallusteun orateur3g;Granius Licinianus, d'ailleurs,
considèreque
cer auteurdoit
êtrelu
comme tel
caril
utilise
des discours, des digressionsoir
R,ÉMY POIGNAULT
il
décrit
leslieux
et adopte
une viséemorale
encritiquant
son
temps 40.Pour
Fronton'
outre
le recours aux discours,il
semble que c'est davantage [e s.ouci deI'expression, le
choix
et la
disposition
des^motsqui
valent-à
Sallusted'être
assimilé aux orateurs.De fait,
dans ses conseils de lecturepour
laformation
du sryle,Fronton
indique
aussibien
des orareursqu.
dèr historiens
ou
despoi,.,
pourvu
qu'ils soient
amentifs auchoix
er à la place desmors;
etMa.c
évoque des historiens comme des orateurs et des poètes quandil lui
demand.
pou.
r.,
lectures quelque
chose dedisartissimum
(105,
l-18),
et
il
constirue
des excerpta de Sallustecomme
deCicéron
(105,4-5).
,I-Ine
note marginale
du
manuscrit rendant compre
d'un
passagelacu-naire
dela
réponse deFronton
àcette
lettre4t esirévélatrice
d""..
qu"
Fro'ton
attend
des lectures de ses élèvescomme
bienfait du point
de ,,uesrylisdque:
n Des discours des anciens vous rirerez des maximès pleines de noblesse, de leurs poèmes des maximes pleinesd'agrémenr,
des maximes pleines d'éclat de leurs ouvragesd'histoire,
de leurs comédies des maximes pleines de grâce, de leurs togatae des maximes pleinesd'esprit,
ou desmaxi-mes pleines de finesse et
d'enjouement
de leurs atellanes ,42 .Lhistoire,
au mêmetitre
que les autres genreslittéraires, peut
être une sourceoir
puiser desyvôpat43,
que
Fronton
prise ranr,
cesformules
vigoureuseset bien
frappées
qui
condensent I'expression de la pensée. Là encore,il ny
a pas dedifferenciation
générique
bien
marquée,
rour
auplus
une différence
detonalité,
le
ton
deI'histoire
étant
unenouvelle fois
caractérisépar l'éclat
(splendidas)44.
Alors
queCicéron
mettait
surrour
I'accenr surla
nécessité de connaissanceshistoriques
pour
la
formation
deI'orateur,
qui
devait
y
puiser
des exemplesainsi
que des connaissancesjuridiques
etadminisrra-tives45, et sur
la
nécessité,pour I'historien,
de soigner son sryle,Fronton
retient
principalement
dansI'histoire,
enplus
des modèles decomporte-ment pour I'homme d'action,
une leçonsrylistique pour
I'orateur.lJne
autre caractéristique del'historiographie
doit
être, selonFronton,
le souci de la
vérité.
Il
attache, en effet, de manière générale, une extrême importance à la sincérité. Lucius Verus proteste ainsi quil
ne saurait feindre devant sonmaître,
dont
il
a u apprisla
franchise etI'amour véritable bien
avant
I'art
de parler avec élégance n 46.Marc
Aurèlelui
reconnaît aussi cettedroiture
morale
(44,24;51,
8-9)
et c'est,d'ailleurs,le
rejet
de I'hypocri-sie et le sens des valeurs afFectivesplutôt
que son enseignementrhétorique
qu'il
retient
de sonmaître
dans ses Pensées(I,
i
l).
Dans
ledomaine
mili-taire
égalementFronton
souligne
sonattachement
à lavérité.
Dans
unelettre
àVerus47,
aprèsavoir affirmé la
nécessitépour un
imperator
de connaître l'éloquencepour
exercer sesfonctions,
il
rappelle que n fchez nosancêtres]
on
aconsidéré que
substituer un enfant
estun
sacrilège, quepublier
un fauxbulletin
de campagne est uneinfamie militaire,
et que faireun
faux
témoignage estun
crime
capital4S.Il
y
a sansdoute
ici
uneallu-H ISTOfu.)GRA?allu-HLE ET Rallu-HÉTONQUE (FRONTON)
sion
àQ.
Minucius Thermus4g,
àqui
l,on
refusa
en
190 av.
I._C.
un
:']:-ph:
sur les Ligures,selon.Tte_Li". (>oocvn,
4e
;',ij".t;.p;q".
pas ce retus ; mais on sait par AuJu_Gelle
(X,
3,
17) queéa;;
l;;;;r."r."
admire-
a atraquéMinuc.ius
dansun
;;;g.
intitulé
De fatsis Dusnis5o.Une
note marginale
des.principia t
;rrfi;or
Jon;;fi;{
fpprt
l,
mensonge dans le cadre deI'historiâgraphi.,
" C.tui
q;;; ;;;".,.,*
.r,
1lO.: O. se raire sans.que ce soir unef"i,..
o.
f"ir,
,o,r,
i.lfrï_r".rïenrenr
sur remoment'
mars les mensongesméritent
uneréprobation
et unsouve-nir
éternels n5r. Sansdoute
y
"-i_il
tl
un
échoa.
d"ryù.ii;-j;:;"_rr_
reuxpeuvent
être trompespar leur
passion,il
n'est paspermis
l
u.r'rrir,o-rien digne de cenom
de fal,siherh
"eritg par omission ou
À.rrro.rç. prorrro'
s'inscrir
ici
dans unetradirion
que
ci&ron
a rappeléed^n
rJ-o))rnto*
(!1,
!27
i I Q"i
ne sait.que la premièreloi
du
genrè est de nerien
oserdire
de faux ?
la
seconde, d'àserdire
rour
cequi
est vrai ?d'&iter
en écrivanr,jusqu'au moindre
soupçon de faveurou
àehaine? ,53.
Il
nous
-pf".ri.r,,
mainrenanr d'examiner
cequ'il
reste de cesprincipes quand
r.oriàr,
g.rit
sur la guerre
parthique
54._
De prime
abord,Fronton
paraîrdevoir
bénéficierd'un
accès à tous les documentspermettant
utt.
rr,rè précise des faits. Dansun
courrier55. verusse
dit,
en effet, prêt àlui fournii
roures ces sources,àla
collecte desquelles semble préposé un certain Fulvianus.Il
s'agit de letrres de généraux àV.r.rs,
delettres
par lesquelles verus leurdonnair
ses directives, dËtablea,o
(pictu-ras) analogues sans
doute
aux tableaux,voire
aux carres, présentés dans les triomphes 56, de comm entarii
demandés spécialementaur
généraux Avidi usCassius et
Martius
Yerus quo magis te quasiin
rr*
prorintr*
inducerem (npou.
t'amener
davantagepour
ainsi
dire
devani
lesfaits comme s'ils
étaient présents
,)
; Verus promer même, siFronton
en a besoin, delui
rédi-ger personnellement
vn
commentariusoi
il
ferait figurer rour ce que souhaite sonmaître.
Il
y
aura aussi les orationes adtenatum
de Verus-
cesont
les lettresqu'il
a adressées à I'assemblée au cours de la guerre5T-, ses discours aux troupes (adlocutiones nottras ad exercitum) et même sesenreriens
avec les barbares (108, 7,2l:
sermones meos cum barbaris babitas). Voilàqui
four-nit
un
éclairage intéressant sur les archivesd'une
guerre.Mais
Fronton
ne.iouira pas de I'indépendance que Lucien souhaitepour
I'historien:
il
setrouve
plutôt
dansla
position
de Lucceius 58 vis-à-vis deCicéron,
qui lui
demandait
de se faire le laudateur de son consulat. Verus, en effet,donne
des consignes à sonhistorien.
Il
attend
trèsnettement
queFronton
travaille à sagloire:
n Je suis, en effet,prêt
à meplier
àtout
ce que tu veuxpourvu
quetu
donnes du lustre à mes actions D 59.Il
faut quecelles-ci
soient expliquées(108,
10 :ut
et consiliorum meorll.m rationescommerno-rare Possisi
(
pour quetu
puisses aussi rappeler les raisons de mes décisions u).Certes,
Cicéron,
après les Grecs, a souligné que lafonction
deI'histoire
est de dégager I'enchaînement des causes; maisil
paraîtévident
ici
que VerusRÉ,MY POIGNAULT
veut
queFronton jusdfie
sapolitique
en enmontrant
lebien-fondé'
d'au-;;;1",
quil lui
â..,'"t'dt
iit"i'tt'
sur cequi
s'est passé avant son arrivée sur le théâtrede,
oper"'t^à,
- "" *i,
que l'àrméerÀ-ain.
asubi
alorsde sraves revers
-,
.. q.i;t';ettrait
deÂttttt
l'accent
surle rôle
positif
de
ïffil
r*i;..
t:;p:..ur
a beau s'appuyer sur le précédent deThucydide
q;,;;;,
de relaterI"
g.tt"t
du
Péloponnèse'remonte cinquante
ans enarrière
pour
mieux
.tpiqt"'
lt
ptocts""
qui
aconduit
auconflit;
quoi
ou'il
en dise,il
.r, -Ji,,li"té'es'é
p"r
lt' t"t"t'
dela
guerreque par
le:;";r;;;;;.i-t.,
J]r"r,t
r qui ont frécédéson
arrivée et les succèsqui
ont
,ui.ri,
utu t'attardera,
lo.,gttlnp'
'ut
ltt
t"t"tt
et les débuts de la guerre' et-e-.
sur les échecsqui .J
ro"i
produits quand
nousriétions
paslà;
tu
en arriveras ànotre action
sans tep""t"60'
Lebut
estexprimé
sans amba-ges: n En outre, je considère.oÂ-.
nécessaire que soit bien claire la grandeiupériorité
des Parthes avântmon
arrivée, afin qu apparaisse nettement toutel"
porte.
denotre action
,6r.
Il
semble ne laisslràson
maîtrequ'une
faible-àrg.
de manæuvre Pour lemieux
servir, enpoursuivant:
uDonc'
ce seraL
toi"d. voir
situ
dois, commeThucydide
a exposé la Pentekontaetie,conden'
serrour
cela,ou bien
approfondir un
peuplus
sanstoutefois
développeraurânr
quetu
le
ferasp-orr
ro,
acrions par la suite
r62. Verusconclut
sal.ttr.
.r,
faisantporrer
surl'historien
la
responsabilité del'écho
quetrou-veront
sesaction;:
u En somme, mes hauts faitsont I'importance
qtiils
ont,
évidemment,
quelsqu'ils soient;
maisI'opinion
neleur
donnera queI'im-portance qrr.,
ioi,
t,,
,,oudr"s
qu elleleur donne
'
63.Fronton
reprend
lamême
idéi
dans lesPrincipia
historiae(203,
9-12).Il
n a pasmanqué
de recommander à ses élèvesla lecture
de Salluste etil
se souvienrde
Cat. 8,4, oir
estmontrée
I'importance du
travail
deI'historien pour
la gloire
deI'acteur
del'histoire:
uAinsi
le
mérite
des grandshommes
se mesure autalent
de ceuxqui onr
su exalterleur
génie&
u. Le rôle del'écrivain
est trèsimportant
car c'est laqualité
de son srylequi
rend sensible la noblesse et la beauté des actions.Il
ne sauraity avoir
de grandhomme
sans grandhisto-rien.
Sallustemet
I'accent sur la
difficulté
dela
tâche deI'historien,
carn
d'abord
sonrécit
doit
être à lahauteur
desfaits65,. On
sait quepline
le Jeunetient
des propos analogues dans unelettre
àTacite,
enaffectant
de concilier I'exaltation du sujet et le respect delavérité:
u Tous ces faits, quellequ'en soit I'importance,
vous les rendrezplus connus, plus glorieux,
plus beaux et cependantje
nevous
demande pas d'exagérer lavaleur
du
trait.
Car
d'une part I'histoire
nedoit
pasfranchir
leslimites
de la vériré, erd'au-tre
part un
récit
exactsufÊt aux
bellesactions ,66.
Mais il y
aun
risque, c'est que letalent
deI'historien soit trop
grand parrapporr
aux faits erqu'il
les pared'une
auraqui
neleur convient
pas, cedont
Salluste esttout
àfait
conscient quand
il
reproche aux auteurs grecsd'avoir
donné aux actions desHISTONOGMPH]E ET RHÉTONQUE (FRONTON)
Le désir
d'illustrer
les actes de Verusest-il compatible
avecla
règle deI'histoire
concernant le respect de la vérité ?Fronton
sesitue-t-il
davantagedu
côté
desdéclarations
d'intention
de Sallusteet
dePline
le Jeune,qui
semblent plus circonspects, quedu
côté deCicéron
qui,
pour
célébrer sonnom,
demande à Lucceius ud'embellir
cerécit
au delà même de cequi
est peut-être ta vraie pensée, et de n y pastenir
compte des lois deI'histoire
n 67.Fronton
ne se hasarde pas à de tellesaffirmations, non
plus,d'ailleurs,
que Verusqui
montre
plus de retenue queCicéron,
mêmes'il faut
faire lapart
chez ce
dernier d'un certain
nbadinage
umondain68.
Pour
Fronton,
le problème ne se pose pas en termes de travestissement de la vérité etI'on
est très proche des idées défendues dans la préfacedu Catilina.Il
s'agit detrou-v€r une
expressionappropriée
àla grandeur
desfaits. Ce qu'a accompli
Verus
étant, par
pétition
deprincipe,
desexploits,
il
conviendra
de trou-ver lesmots,
leton,
le stylepour I'exprimer. De
mêmequ'il
fait
remarquer àMarc
AurèIe69qu'il
nesuffit
pasd'avoir
un sublime ingenium, ma-isqu'il
faut
aussi ne pasmanquer
d'
u abondance et de splendeur dans lesmots
)
(in
uerborum copiaetpulchrindine),
de mêmeil
avoue à proposd'un
discours ne pas savoir si c'est laqualité
deI'action
qui
illustre
les parolesou bien
si cesont
celles-ciqui
sont
à lahauteur
deI'action
(80,
6-9) 70.Au
début
de cequi
nous
estparvenu
desPrincipia
ltistoriae,Fronton
réaffirme
I'importance du
rôle
deI'historien qui,
enrédigeant
avecsoin,
peut accroître
I'intérêt
et la renommée
desfaits comme une
légère brisepeut attiser
un
grand
feu(202,
10-12). Mais,
pour Fronton,
ceprivilège
de faire aux yeux
d'autrui
un
grandhomme n'appartient
pastant
àI'histo-rien qu'à I'orateur,
puisquele maître
déclare que dansun
rapport
adressé par Verus au Sénat sur la guerreparthique,
l'éloquence deI'empereur
n'a pas peucontribué
à sagloire (118,
4
sqq.) etpuisqu'en outre,
dans leDe
bello
Parthico
(225,6-8),
il
affirme
que c'est grâce àCicéron
et à sonDr
imperio
Cn. Pompei que Pompée estvéritablement
devenuMagnus:
mais làon confine
au genre encomiastique.Dans le De belb Parthico erlæ
Pincipia
histoiae, Fronton semble toucher de plus près la matièrehistorique,
en abordant la guerreparthique
de Verus et deMarc Aurèle,
mais malgré ce quepourraient
laisser croire cestitres,
il
ne
fait
ni
ne prétend faire ici æuvred'historien,
etil
estprofondément
tribu-taire de larhétorique.
Le De bello ParthicoTr n'est pas
un
récit de cette guerre, maisplutôt
une lettre de consolation par laquelleFronton
tente de convaincreMarc Aurèle
qu'il
nefaut
pas se laisser décourager par les premiers échecs, car-
et c'est la sagessepopulaire
qui
est mise àcontribution
-
après les reversviennent
Ies victoires.Il
utilise les ressources de la rhétorique pour emporter laconvic-tion: citation
d'Ennius
faisant réference à la guerre deTioie, allusion
à des désastres subis par Rome au cours des siècles passés,puis
défaites essuyéesREMYPOTGNALTLT
mârses
qui
seraient considérés comme indignes deleur
race s'ils craignaient les serpents (ce peuple, en effet, passaitpour
savoirguérir
leurs morsures) avisiblement pour fonction
d'inciter
Marc Aurèle
à garder
la
même
constance que
Tiajan, Hadrien
etAntonin
et àcroire
à lavictoire
finale.
Fronton
développe ensuitelonguement le récit
del'anneau
de Polycrate: cette fable,qui
apour
visée morale de souligner que I'excès debonheur
estnocii
laissecomprendre
acontrario
que lespremiers
échecs dela
guerreparthique
peuvent, paradoxalement, être debon
augure. Le maîtreaffirme
ensuite que la grandeur des Romains est due autant à leurs échecs qu à leurs
victoires:
ainsi le désastre de Cannes a précédé la chute de Carthage. Après cela,il
répond apparemment
àun
point
d'une
précédentelettre
deMarc
Aurèle en
lui
recommandant de suivre I'exemple de Jules Césarqui
pouvait, aumilieu
de la guerre-
inter telzuolzntia (224,
15)-,
selivrer
à des travauxlittéraires,
cequi
estune
formulation
bien évidemment hyperboliqueT2:
Fronton
essaieainsi
d'imiter
Marc Aurèle
à se détacher des soucisimmé-diats de la guerre.
Il
le renvoie,pour
finir,
au discours deCicéron,
deimpe-rio
Cn.
Pompei,dont
il
fait
l'éloge
àla fois
pour
sesqualités littéraires
etpour
I'enseignementpolitique
pratique
queI'empereur peut
entirer
dans les circonstances présentes.Il
est manifeste que les réferenceshistoriques
dans cette
lettre
ne sont là qu'àtitre
d'exempla au serwiced'une rhétorique
de la persuasion: le texte se
termine
par l'éloged'un
discoursqui
offre
une leçon de gouvernemenr en rraçanr leporrrait
du
bon
chef(220,4-226,6).
C'est bien la rhétorique
qui
estI'c
etI'o
du
texte.Contrairement
àla
thèse de P.V.
Cova 73,
lesPrincipia
historiae-
qui
furent
écrits peu
detemps
aprèsla
guerre, àun moment
oir
lesrumeurs
concernant le
comportement
de Verus étaient àleur combleT4-
neconsti-tuent
pasun
refuspoli
dela part
deFronton
àla
demande que Veruslui
avait adressée de rédiger unehistoire
de la guerre parthiqueT5.Fronton
s'ymontre prêt
àobéir
ausouhait
de Verus,attendant
les documentspromis.
Il
présente làcomme un
aperçu de cequ'il
meftra
dans son ouvrageT6. LesPrincipia
bistoriae sontdonc comme un échantillon du livre
5 o'.ni177, ou,mierx,
comme l'exposéd'un
programme.En tout
cas,il
ne convient pasd'y
voir
le textedéfinitif.
Fronton
nefait
pas là lerécit
des événements, erI'on
peut
penser quil
attendpour
cela les documents. Les reproches de certains critiquesTSqui,
regrettant I'absence de la relation d'événements précis,voient
dans
Fronton un
auteur
qui
dépouille
I'historiographie
detout
contenu
factuel semblent
mal
fondes, carnon
adaptés à lafinalité du
texte.Louvrage
nefut
apparemment jamais
achevé,que
Fronton soit mort
entre-temps 79, quil
nait
pas reçu les documents, que Verus se soit contentéde ce
texte
ou
que d'autres préoccupations
aient
laissé dansl'ombre
la guerreparthiqueso.
HISTO MOG MPHTE ET RHETO MQUE (FRONTON)
Nous rientendons pas analyser en détail les
principia
historiac,maisseule-ment mettre
I'accenr surleur vocarion rhétorique.
Ici Fronton
nécrit
pas I'histoire, mais presente un programme qui met en évidence le caractère enco-miastique de l'æuvre projetée8t. Bien que Fronron connaisse le rôle joué par leslieutenants
deverus, comme
entémoigne
unelettre
qu'il
a airessée àAvidius Cassius, le récit sera centÉ sur un personnage unique, Verus,
Fronton
adoptant,
à la demande de Verus, lepoint
devue
queCicéron souhaitait
qu'adoptât
Lucceius.D'emblée
nous sommes transportés dansle
registre épique grâce au topos de la comparaison avec le coupleAchille-Homère.
On
se souvient que dans la lettre à Lucceius Cicéron
flattait
son ami enlui
disant qualon qdHomère riavait
étéqu'un
héraut pour Achille,lui,
Lucceius, serait davantage en écrivant le récit du consulat de63,
caril
était en pluslui-même
un
uhomme illustre et
[...]
un grandhomme
n 82 ; dans lesPrincipia
histo-riae,
c'estAchille qui
sevoit
supplanté, caril
aurait
aiméaccomplir
d'aussi grands exploits que Verus, et Homère les avoir raconrés(203,
l-2)83. Leton
estdonné. Le texte,
d'ailleurs,
estécrit
avec de nombreuses expressions poétiques appartenant au grand style. Pour mieuxâire
ressorrir ce que Romedoit
àVerus,Fronton
valorise les Parthes en insistant sur lefait
qu'ilsconsti-tuent le seul ennemi véritable des Romains. De même,
pour
mettre en valeur les mérites de son héros,il
utilisela
synkrisis, en comparant son action à celle deTajan
au cours de la guerre parthique des annéesll3-ll7
ensoulignant
la
supériorité
deVerus;
il
vante, enparticuliet
le soin quil
attache à la vie de ses soldatspour
justifier
uneproposition
depaix
adressée à Vologèse etqui
fut
refusée;il
le louepour
son sens de la justice et sa clémence envers lesennemis, et
donne
un
fondement
politique
à songofit
pour
les spectacles. Verus apparaît comme le type mêmedu
bon
général, cequi
ne va pas sansune certaine
injustice
pour
ses prédécesseurs,qui
servent en quelque sorte de repoussoirsS4.Fronton
exagère ainsil'état d'indiscipline
de I'arméepour
exalter en Verus celui
qui
a surétablir I'ordre etla
uirtus des antiques armées romaines. Lacritique
a déjà relevéI'influence,
entre autres, de Salluste, deTte-Live
et de Tâcite dans ce toposdu
bonchef:
I'armée de Syrie ressembleà celle que trouva Metellus à son arrivée en
Numidie
aumoment
de la guerre de Jugurtha (8.1. 44) etI'action
de Verus à celle deMetellus
(ibid.
45),
maisaussi
d'Hannibal (Tte-Live,
)OO(, 33).Il
ne nous appaftient pas ici decompa-rer
avecl'image
fort
négative
que I' Histoire Augustedonne
del'action
deVerus,
pour
essayer derétablir
la véritéhistoriques5;
mais, quellequ'ait pu
être la personnalité de I'empereur, le contraste entre les deux textes est grand
et,
sil'Histoire
Auguste a pu s'adonner avecjubilation
au dénigrement, forceest de constater que dans les Principia historiaeFronton soumet I'histoire aux règles de la
rhétorique
de l'éloge.Ainsi,
chezFronton,
I'envahissement deI'histoire
par larhétorique
estRÉLTY POIGNÀULT
presque essenriellemenr
comme
modèlesd'écriture,
et les faits historiqLresy
.o",
le plus souvent traités comm e exemPla auprofit
d'une
recherche dela persuasion;
ou
ils
apparaissentcomme
éléments dela
formation
mili-taire,
politique
etmorale.
Laspécificité
générique deI'histoire
s'estompe,même si
on
lui
reconnaît une
tonalité particulière. D'autre part,
quand
Fronton
a à parler deI'action
des empereurs vivants, la rhétorique de l'élogeprend
le pas surle
principe
fondamental
deI'histoire
-
dont
lavaleur
estpourtant
réaffirmée par le maître-
le sor"rci de lavérité.
Les sentiments deFronton
à l'égard de ses anciens élèves, son appartenance à lacour
I'aveu-glent sans doute sur la réalité sans que son honnêteté intellectuelle soitobli-gatoirement
àmettre
endoute.
On
sesouvient
queMarc Aurèle le loue
dans ses Percées
(I,
Il)
à la foispour
sacritique
de I'hypocrisie etpour
l'im-portance
qu'il
accordait
àI'affection. Mais I'amour
estincompatible
avecl'histoire qui
sedoit
de respecter lavérité.
Fronton aurait-il
oublié
qu'il
alui-même
affirn-ré que ceuxqui aiment
ne sauraient être de bons hisroriens:liberum amanti
estinculpatum
silentium.
[...J
Scribtorurn
mendacia tamculpam qua/n me/noriam
merent sempiternam(205,20-22)
? Sansdoute
pas:
mêmes'il
esquisse cequ'il
compte faire
figurer
dansI'histoire
de laguerre
parthique,
il
ne seconsidère
nullement
comme
un historien,
car c'est en orateurqu'il
écrit
et pensel'hisroire,
er, à son époque,I'histoire
des empereursvivants
nepeut
quetourner
aupanégyrique86.
NOTES
l.
Cf. parex. Cic.,Deor.1l,62;Deleg.
1,2,5;
RAMBALTD 1952,p.l0sqq.
Surles rapports entre rhétorique er histoire chez Cicéron, cf. récemment
cApE 1997, p.212-228. Rhétorique et histoire pourraient se renconrrer sur le terrain de la naï,atio, mais Cicéron souligne trne différence entre la narratio historique-qui
relève du genus medium-
et la narratia oraroire-
qui appartieît
at genushumile:, LEEMAN 1985,
p.286.
2.Cf, nrenooN
1971.3.
rrnov
1928,p.243;
JaNNnccoNE 1961,p.289;
CHAMPLTN 1980, p. 55.4. covt,
1970,p.86-88,
considère qu'à part Caton et Salluste les références aux historiens sont assez rares.5. Pour nos réferences à Fronton, nous indiquons le no de page suivi de celui de
la ligne dans l'édition de vAN DEN
Hour
1988.6. La plupart des critiques
identifient
le correspondant de Fronton avecI'histo-rien:
\AN DENHouT
1999,p.550, qui
indique que les dates proposées pour cet échange épistolaire vonr de I 58 à I 60, voire 165. Nous désignero's désor-mais ce commentaire par I'abréviationvdH.
Sur la carrièred'Appien,
cf. GouKowsKY 1998.7. Les traductions de Fronton sont les nôtres; les autres âuteurs sont cités dans les
H ISTO RIOGMPH 1 E E T RH ETOR I QU E ( FRO NTO N)
8. vdH, p. 398, qui indique également des rapprochements entre l'æuvre d'Appien ainsi que quelques réferences historiques présentes dans la correspondance de
Fronton. AsTARITA 1992, p. 169-171, avance I'hypothèse quAppien et Fronton aient pu travailler ensemble sur les sources de I'histoire romaine, en particulier
les guerres de Rome contre les Parthes.
9.
vdH, p.
150 date cette lettre de 139, mais on a proposé des datations jusqua-près 145.10. Certains (covn 1970, p. 91, n. 2; PoRTALUPI 1974, p.163) donnent au parfait de
I'indicatif
monui la valeur modale des verbes d'obligation et conduisent àtraduire par u j'aurais dû te donner des conseils ), mais ce parfait répond à d'au-tres parfaits de la lettre: cf,
vdH, p.
162.I
l.
Il
s'agit bien, d'après la lettre, d'écrire l'histoire et non de travailler, comme le preconise Quint.II,
4, 2, sur la narration historique pour préparer atx discours. 12. HAINEs 1919, I,p.
12-13,n.
I,
s'appuyant sur les Pensées de Marc Aurèle(III,
l4),
considère comme possible que Marc Aurèle ait écrit lune Histoire dcs Grecs et dts Romains.13.
Ou
peut-être entrel6l
et 163: vdH, p. 250.14. Nous nous inspirons de CovA, 1970,
p.85:
n né I'abbondanza è adatta alla storia nè la sua brevità è adatta alla eloquenza u, mais en comprenant diffé-remment le terme de moderaionem,I 5.
rwNrs
1920,ll,
p. 159, qui préÊre la leçon <fadli > tatem : ( une âisanceadap-tée à I'histoire, et non pâs ce sens de la mesure qui convient à l'éloquence
,.
16. Van den
Hour
1988, à propos des épanaphores(97,4) lit
Sallustius, maisil
n y a là rien d'assuré. En outre cette leçon cadre mal avec un contexte oir Fronton établit une distinction entre les figures de I'historien et les figures de I'orateu! puisque ensuite
il
cite les épanaphores de Cicéron.17.
Cic,
Or.66;
124; Brut. 286-287 ; De or. 11,64; Quint.X,
l,3l-34;X,2,21-22;Pline
leJeune,Ep.Y,8,9-10
(sur I'interprétation des démonstrâtifs dansce passage, cf. sHpRvrN-wHtrE 1966,
p.334).
18. Sur l'ubertaç dans I'histoire, cf.
Quint.
X,
l,
31;X,
1,32
(à propos de Tite-Live : son ubertas, pas plus qve la breuitas de Salluste ne conviennent à I'audi-toire des orateurs) ;X,
5, 15. Cic., Or. 21,f*
delafacilitas une caractéristiquedu genre moyen; or, la tradition antique prescrit le sryle moyen à I'historien, comme pour le genre épidictique: LEEMAN 1985, p. 286; NICOLAI 1992, p.
ll2
et L22.On
notera queQuint.
III,
8, 60, demande dela moderatio dans le casd'éloquence délibérative.
19. En outre, en dehors de I'historiographie,
il
recommande à Marc, quandil
aune idée
dont
la nouveautépourrait
déconcertet de toujours chercher à la rendre en usant des ornements de la rhétorique et en ayant recours à des uerbisspltndidis:150,7-11.
20.
vdH,
p. 287. 21.vdH, p.297-298.
22. Cic.,
Brut.
132 parle à son sujet d'une n grâce digne de Xénophon : molli et Xenophontio genere sermonis.23. La lecture caute est incertaine.
24. Cf. ravsszRc 1963,
p.6l:
Nitor er nitidus renvoient à I'idée de n brillant o (Cic., On 115; Quint.VIII,
3, 3;VIII,
3, 49oi
niti.doç esr opposé à sordidus); il s'agit souvent là de grâces d'expression qui ne conviennent pas à l'éloquence agonis-tique (Cic., De or.l,8l
, à propos du sryle des philosophes ; Quint.X,
l,
79).RÉMYPOIGNAULT
25.
Cf
. aussi Cic., Brut. 37 .26. Cic.,
Brut.
201, 210,261,273.
Si, dans ses discours Jules Césarfait
preuve d'une éloquence éclarante (splendidam:261), ses commentarii onr une âurre forme de beauté, une u brièveté élégante et lumineuse"
Qpura et illustri breui-tate;262).27. Pline le Jeune,
Ep.Y,8,9.
ContravdH,p.299,
quidoit
interpréterdifftrem-ment les démonstratifs : cf . n. 17 . Pline le Jeune, Ep.
l,
16,4, évoque aussisplzn-dor et sublimitas nanandi dans l'historia chez Pompeius Saturninus.
28.
covn,
1970,p.70-71,
va jusqu à dire que Fronton ne reconnaîr pas de règlesparticulières à I'histoire, ce
qui
équivaut, de la part de Fronron, à refuser un caractère propre au genre historiographique.29. Sur cette utilisation n rhétorique
,
de I'histoire , cf, par oremple MARCrIAL 1987, p.47; NIcomr
1992, p.6l
et passimt les historiens offrent des élémencs à la fois pour l'inuentio er I'elocutio, Cicéron demandait, d'autre part, une solide formation rhétorique à I'orateur (De onl,
I 58- I 59 ; 20 I ) pour une meilleure argumentation. Quintilien recommande la lecture des historiens pour lesexem-pla,
pour les leçons du passé et pour les discours qu ils contiennent(III,
8,66-70);
il
propose même des exercices de sryle recourant à u I'abondance qu'ap-porte lhisroire ,' (bistoriae [... [, ubmasX.5,l5).
tf,s données historiques peuvenr servir à des exercices de réfutation ou de confirmation (11,4,l8).
Le rhéteur doit, pour former ses élèves, leur faire lire, outre les orateurs, les historiens(II,
5,l-4);
les éleves doivent apprendre par cæur des morcearx choisis d'orateurs, mais aussi d'historiens ou d'autres orateurs pour faire travailler leur mémoire et former leur sryle(lI,7
,3-4).Il
est aussi fréquent dans I'antiquité d'évaluer I'his-toriographie selon des critères rhétoriques: NICoLAI 1992, p. 92-93.30. 128,3-6: His te consiliis, imperator, a printa pueritia tua non clipets profecto nec
lorica, sed
libri
et litterarum disciplina inbuzbant. Cum multa eiusmodi consiliosa exemp/z in historiis et in orationibus bctitares, ad rem militarem magistraeloquen-tia usus rs. Lettre que I'on peut dâter de 164: vdH,
p.287.
31.128,
19-20: Hannibalis duritia,Africani
disciplina, Metelli exem?la historiis perscripta. Plus tard, le rhéteur Libanius montrera non seulement queI'empe-re ur Julien a appris dans les ouvrages d'histoire comment haranguer les soldats
(Or. 18,53),
mais encore que les livreslui
ont donné une connaissance de la géographie des pays oùil
combattait égale à celle des autochtones(Or.,
18, 246).32. Cic., De or. 11,36: n Lhistoire
[...],
école de la vie,.
Dans le Pro Sestio21,48,
Cicéron cite des exemples historiques qui sont pour lui des modèles pour régler
sa vie.
33. Marc semble se réftrer à ce discours quand
il
parle à'excerptaqill
a puréali-ser dans la
précipitation:
105,4-6. 34. Ecrir entre l6I
er 167 :vdH,
p. 3 I 3.35. Historiam quo{lue suipsere Sallustius stracte, Pictor incondite, Ckudius lepidt, Antius inueuuste, Seisenna longinque, uerbis Cato muhiiugiis, Cælius singulis: 134,
l-J,
traduction
de MARACHE 1952,p.
175, modifiée enfonction
du commentaire devdH, p.318-320.
36. Lettre adressée à Marc, bien antérieure à celle dont nous parlions précédem-ment, puisqu'on la date de 139;
vdH, p.
150.37. 56,20-21 :
[,..J
oratorum post homines natos unut omniumM.
Porcius eiusqueI'oc-HISTORIOGRA?H I E ET RHÊTONQUE (FRONTON)
casion d'attaques contre
lui,
puisqu'on I'a accusé depiller Caton:
Suét., De granlm. et rhet.15,2; Quint.
Y111,3,29.38.
vdH, p.
152:il
n y a pas lieu de supposer qu Antipater ait écrit des poèmes ;c'est par le sujet
-
la deuxième guerre punique-
et par le choix des mots que I'historien se rapproche du poète.39.
re
paNNa 197 0, p. 202-204.40. Cf. PoIGNAULT L997, p. 108-110. Granius Licinianus doit avoir vécu au second siècle: HosE 1994, p.454-455.
41. Elle date de
16l
:vdH,
p.259.
42.
106,24-26: uel graues ex orationibus ueterum sententias arriperetis uel dulces expoematis uel ex historia splzndidas uel comes ex comædis uel urbanas ex togat^ uel
ex Atelhnis lepidas et facetas.
43. Sur I'intérêt de Fronton pour les
yvôpor
,cf
les lettres de Marc (44, 17 sqq.; 85,5-21).44. Sans aller jusqu à affirmer avec CovA, p. 93-94, quele splendar riest pas celui
des mots en soi, mais celui du réferent, on peut penser qu'éclat des faits et éclat
des mots sont liés.
45. Cic., De
or.l,
l8;
159; Deleg.lII,4l.
46. 107,21-22:
[...J
a quo ego prius multo simplicitateln aerumque amorem quam loquendi polite disciplinam didicisse t...1.A
la place de uerumqueil
faut peut-être lire uerique, n I'amour du vrai n. Cette lettre a été écrite entre 163 et165;
vdH,
p.262.
47. Datant de 164: vdH, p. 287.
48. 123,27-28: partum subdere nefarium, falsam ?ugnam dtfene militareflagitium, testirnonium
fakum
dicere ca?ital uisum e<st>.Il
s'agit d'une note marginale permettant de mieux comprendre le corps même du textequi
contient deséléments douteux; mais le maioribus (1.21), absent de la note, apporte une précision temporelle intéressante.
49. vdH,
p.295.
50.Cf
rr,tnvzen 1932.51.205,20-22t
liberum amanti est incubatum silentium. Namque ceteri mortales praesenti die mentiuntur; scribtorum mendacia tam culpam quam memoriammerent sem?iternam.
52. vdH, p. 468, rapproche judicieusement ce passage de Pol.
I,
14,I
sqq. oùil
est reproché à Philinos et Fabius Pictor de ne pas avoir respecté la vérité dans leurs écoles historiques; Polybe les compâre à des amoureux qui se trompent sur I'objet de leur passion; c'est leur amour pour leur patrie
qui
a rendu lesdetx
historiens partiaux.53. Nam qui nescit primam esse historiae legem, ne quidfalsi dicere audeat? deinde
ne quid ueri non aud.eat? ne quae sus?icio gratiae sit in sribendo ? ne quae
simul-tatis ? DansIe De lzg.
I,
l,
5, Cicéron souligne que I'un des critères distinctifsessentiels entre I'histoire et la poésie est que la première se préoccupe de la vérité (ad ueritatem) tandis que I'autre est uniquement attentive au plaisir littéraire (ad dcbctationem). Cf. entre autres Tac., Hist.
l,
l;
Ann.I,
l,
3;
Pline le Jeune,Ep.
Yll,
33,l0
; Lucien, Comment ilfaut
écrire l'histoire, 38-41.54.
rsnov
1928,p.249,
ne prenant en compte que les Principia bistoriae,qu'il
considère comme le préambule d'un ouvrage historique, conclut que n Fronton n a pas eu, en histoire, le souci de la vérité,,
affirmation que nous entendons ici nuancer.REIUIY POIGNALILT
55. Datant de la
fin
de 165 ou de la première moitié de 166, avant que Verus nerevienne
d'Orient:
vdH,p.265.
56. Les tableatrx triomphants représentaient les caractéristiques de la région, les
montagnes, les fleuves et les batailles (cf, Jos., B.
J.Yll,5,
142 sqq.) ou cons-tituaient comme des cartes: PoRTALUPI 1974 dans son édition de Fronton, ap.cit., p. 298-9, n. 97 .
57.Les termes de litterae et oratio soît employes
indiftremment
par Fronton pour désigner ces rapports:vdH,
p. 267, qui rapproche de 132, II ;
I 18, 13.58. Cic.,
i'l.
CXII.
Cicéron y demande à Lucceius de se tenir arrx conûns de l'éloge et de l'histoire : NICoLAI 1992, p. 164-176. cUILLEMIN 1938, p. 96- 103, essaiede justifier Cicéron en disant qu
il
n pousse moins [Lucceius] à violer les lois d'un genre qu à passer de I'histoire continue, à laquelleil
s'est voué jusqueJà,à la monographie dont les règles sont
différent.r
,
(p.
103). Pour MMBAUD, 1952, p. 17, la lettre à Lucceius ( appfftient à un tout autre ordre d'idées u queIe De oratore n et il faut la rattacher au travail de propagande qui suivit le âmeux consulat
,.
59. 108,
l7-18
: Quiduis enim subire paarttr.s sum, dum a te res nostrae inhunentur. 60. 108, 23-24: circa causas etinitia
belli diu commoraberis, et etiam ea quae nobisabsentibus male gesta sunt; tard.e ad nosna uenies.
61.
108,25-26:
Porro necessarium puto, quanto ante meuTn aduenrum superioresParthi fuerint dilucere, ut quantum not egerimus ap?areat
62. 108,26-109,2: An
iginr
dcbeas, quomodaIlevrqrcov'calriav
@ourcu6t6qç ex?licuit,il/a
ornnia corripere an uero paulo abius dicere nec tamenita
ut mox nosna dispandcre, ipse dispicies. C'est une allusion à la période d'unecinquan-taine
d'annéesqui
va dela
retraite
de Xerxès audébut
dela
guerre du Péloponnèse (Thuc.I,
118, 2), oir I'on voit la formation de l'empire athénien, dont la puissance inspire à Sparte des craintes qui sont à l'origine de la guerre. 63.109,3-4:
In summa meae res gestae tantae sunt, quantae sunt scilicet,quoiquoi-modi sunt: tantae dutem uidcbuntur, quantas tu eas uidzri uoles.
64.
ha
eorum qui fecere uirtus tanta habetuf qtuzntum eam uerbis potuere extollerePraeclara ingenia.
65. Sall., Cat.
3,2i
?rimum, quodfarta dictis exaequanda sunt. C'est une idée déjà présente chez les Grecs, Isocr.4,
13, Thuc.Il,
35, 2 et surtout Ephore : TIFFou1974,
p.
r99.
66. Pline le Jeune, Ep.
Yll,
33,
l0:
Haec, utcumque se habent, notiora, clariora, maiord tu facies; quamquant non exigo ut excedas actae rei modum. Nam nechistoria drbet egredi ueritatern, et honeste factis ueritas stfficit.
67
.
Cic., Ep.CXll, 3:
ut et ornes erz uementius etiam quam fortasse sentis, etin
eo leges bistoriae neglrgas[...].
68.
cunmvru
1938,p.99.
69. Lettre à Marc Aurèle, d'octobre 161 (vdH,
p.224);
88, 6 sqq.70. Lettre à Marc Aurèle, de 153
ou
154: vdH, p. 212.71. Lettre écrite en
l6l
, après la première grande défaite des Romains devant lesParthes: vdR,
p.499.
72.vdH, p.507.
73.
covx
1970 et 1969,p.268-279.
74.vd}{,
p.463.
75. IJédition de 1988 de la correspondance de Fronton pâr vAN DEN
Hour,
auHrsToNoGRÀ?HIE ET RHÉTORIQUE ( FRONTON)
du texte, Angelo
Mai
(vdH,p,462),
que les premières lignes appanenaient àune lettre à Marc Aurèle, tandis que le corps du texte suivanr
-les
Prinicipia historiae proprement dits-
était une lettre adressée àVerus, nevoit
plus là qu'une lettre, destinée à Marc Aurèle.76.
cHevplIN
1980, p. 55: ce n'est pas un ouvrage d'histoire, mais une lettre au sujet d'un ouvragequon lui
propose d'écrire.77.
srewuErz
1982,p.
153, qui ajoute, p. 162, que cet échantillon esr constirué du prologue et de la conclusion projetés. sTRoBEL 1994, p. 1327 , y voit commeune source
d'introduction
à I'ouvragefutur
et BELTRAMI 1907,p.59,
une préface. Au contraire, pour CovA 1969, les Principia historiae ne constituentpas un prologue, mais un texte
qui
se suffit à lui-même et n'appelle pâs une suite.78. ;nNNeccoNE 1961 , p. 296: I'historiographie à caractère rhétorique de Fronton survole les faits historiques.
79.
srnosel
1994,p.
1327.80. sTEINMETZ 1982,
p.
162,qui
estime que Fronton a vécu jusqu'à lafin
desannées 170 et que ce n'est pas la mort qui I'a empêché d'écrire I'ouvrage. 81. La lettre présente les traits fondamentaux du panégyrique: srRoBEL 1994,
p. 1327 sqq. CÊ aussi LERoy 1928,
p.249;
covn 1970, p. 39-43, y voitbeau-coup de traits du panéryrique, mais sans I'intérêt du panégrrique pour les faits. 82. Cic., Ep.CNII,
7 :chri
hominis magnique. Mais Cic., De leg.I,4-5
distingue nettement I'histoire, qui doit être soucieuse de vérité, et la poésie qui necher-che qu à donner de I'agrément. Quint.
X,
1, 3I
rapproche davantage I'histoire et la poésie.83. Selon covA 1970,
p.
48, la réftrence à Homère qui se trouve plusloin
(203,l2-14)
suggère que Fronton, comme le poète, lie la grandeur des actions àI'unicité de leur acteur qui sera le héros.
84. De la même
âçon,
par exemple, Libanius, pourmietx
mettre en lumière le mérite de Julien, dénigre la politique de Constance à l'égard des Perses etI'ac-cuse d'avoir affâibli la valeur de I'armée
(Or
18, 204 sqq.). 85. Cf. LAMBRECHTS 1934,p.
173-201.86. N'est-ce pas une forme de retour aux origines ? En effet, l'Euagoras d'Isocrate et l'Agésilas de Xénophon se donnent comme des éloges
(votvttclnNo
1991, p. 19-20), et la biographie à Rome procède, outre des précédents hellénistiques (biographies encomiastiques, péripatéticiennes, alexandrines) des stemmata,des laudationesfunebres er des elogia
(ctzzx
1995, p. 35). Un contemporain deFronton, Hermogène, dans son,4rt rhétorique, p. 404 Rabe), range, de fait,