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La lettre dans la lettre dans la correspondance de Fronton. Affleurements de remarques sur l épistolaire dans la correspondance de Fronton

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Academic year: 2022

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Submitted on 29 Apr 2020

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Fronton. Affleurements de remarques sur l’épistolaire dans la correspondance de Fronton 

Rémy Poignault

To cite this version:

Rémy Poignault. La lettre dans la lettre dans la correspondance de Fronton. Affleurements de remarques sur l’épistolaire dans la correspondance de Fronton . La lettre gréco-latine, un genre littéraire ?, Jean Schneider (éd.), Lyon, MOM, “ Série littéraire et philosophique ”, vol. 19, 2014.

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LA LETTRE DANS LA LETTRE 1

AFFLEUREMENTS DE REMARQUES SUR L’ÉPISTOLAIRE DANS LA CORRESPONDANCE DE FRONTON

Rémy Poignault  Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand,   CeLiS (EA 1002)

Résumé

Si on ne rencontre pas à proprement parler de théorie de la lettre chez Fronton,  l’épistolier fournit de manière diffuse dans sa correspondance des informations sur  ses conceptions en la matière. Ce qu’il dit de la lettre d’information révèle un souci  de l’autre, les sentiments d’amitié jouant un rôle essentiel. Il établit un historique  de la lettre de recommandation en rappelant un code, qu’il enfreint d’ailleurs, selon  lequel ce type de lettre repose sur une amicitia. Il émet un jugement littéraire sur les  lettres de Marc et de Verus et reconnaît en Cicéron un maître sans égal. Parmi les  lettres officielles, il s’intéresse tout particulièrement aux lettres impériales comme  expression de l’autorité et mode de gouvernement ; ainsi qu’à la correspondance  entre le co-empereur Verus et le Sénat à propos des opérations militaires d’Orient. Il  évoque aussi les usages concernant la longueur ou la fréquence de la correspondance,  développant le paradoxe que leur rareté peut être un témoignage d’affection et  d’égard pour quelqu’un de fort occupé. Il s’attache aussi aux difficultés qu’il peut  y avoir à écrire des lettres : douleur physique, douleur morale, diplomatie sociale,  excès de joie… Il souligne que la correspondance ne peut remplacer une rencontre  véritable ; et, lui, dont la postérité n’a conservé que quelques lettres et seulement  d’infimes bribes de discours, montre ses réticences à l’égard de l’épistolaire.

Resumen

Aunque no se encuentre una teoría propiamente dicha a cerca de la carta en el caso de Frontón, el epistolar suministra en su correspondencia informaciones de manera difusa a cerca del tema. Lo que él dice de la carta de información revela una preocupación del otro, los sentimientos de amistad juegan un papel 1.  Le présent article peut être lu comme une suite de Poignault 2008.

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esencial. Él establece un historial de la carta de recomendación recordando un código, que él infringe por otra parte, según el cual este tipo de carta reposa sobre una amicitia. Él emite un juicio literario sobre las cartas de Marc y de Verus y reconoce en Cicerón un maestro sin igual. Entre las cartas de carácter oficial, se interesa sobre todo por las cartas imperiales como expresión de la autoridad y del modo de gobierno ; así como a la correspondencia entre el co-emperador Verus y el Senado a propósito de las operaciones militares de Oriente. Él evoca también los usos en relación a la longitud o a la frecuencia de la correspondencia, desarrollando la paradoja que su rareza puede ser un testimonio de afecto o de respeto por alguien muy ocupado. Él también se ata a las dificultades que puede tener escribir cartas : dolor físico, dolor moral, diplomacia social, exceso de alegría… Él subraya que la correspondencia no puede remplazar un verdadero encuentro ; y, de él, del cual la posteridad no ha conservado que algunas cartas y solamente pequeños fragmentos de discurso, muestra sus reticencias con respecto a lo epistolar.

En 1815 Angelo Mai découvre sur un palimpseste de la bibliothèque Ambro- sienne de Milan (Ambrosianus E 147 sup.), qui contenait, entre autres, les Actes  du concile de Chalcédoine tenu au ve siècle et dont la retranscription doit dater du 

viiie siècle, une partie du texte de la correspondance de Fronton, sénateur romain  originaire d’Afrique, grand orateur, considéré dans l’Antiquité comme un second  Cicéron, et maître d’éloquence latine des princes Marc Aurèle et Lucius Vérus. 

Quelque temps plus tard le prélat philologue retrouva une autre partie du manuscrit  à la bibliothèque du Vatican (Vaticanus Lat. 5750) 2. Il réunit ainsi un corpus que les  vicissitudes du temps avaient séparé. Malheureusement le texte, en raison des acides  employés pour effacer le palimpseste, présente de nombreuses et souvent amples  lacunes, ce qui peut nuire à la compréhension et ajoute au caractère discontinu  inhérent au genre épistolaire.

Ses destinataires sont Marc Aurèle, Lucius Vérus, Antonin le Pieux, Domitia  Lucilla (mère de Marc Aurèle) ainsi que des amis qui appartiennent à l’élite dirigeante  du temps ou qui sont simplement des lettrés 3.

On sait que, même s’il existe toute une tradition et une topique, l’Antiquité a  peu théorisé l’épistolaire, à part – outre quelques remarques dans des traités 4 et dans  des correspondances comme celles d’Aristote, de Cicéron ou de Sénèque – l’ouvrage  de Démétrios, Du style, et plus tard, les Τύποι ἐπιστολικοί du Pseudo-Démétrios, les  Ἐπιστολιμαῖοι χαρακτῆρες du Pseudo-Libanios ou l’appendice De epistulis de l’Ars

2.  Un autre manuscrit, mais extrêmement partiel, fut découvert bien plus tard dans le Parisinus Lat. 12161 : Bischoff 1958.

3.  Pflaum 1964, p. 544-560.

4.  Par exemple Cicéron, De or. II, 49 ; Quintilien, Institution oratoire IX, 4, 19-20. Sur ces questions,  voir, par exemple, Cugusi 1983 ; Marcos Casquero 1983 ; Malherbe 1988 ; Antón 1996 ; Muñoz  Martin 2005 et Fleury 2006, qui, p. 15-37, situe Fronton par rapport à la « conception de la lettre  dans l’Antiquité ».

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rhetorica de Julius Victor. On ne s’étonnera donc pas de ne guère trouver chez Fronton  de théorie de la lettre à proprement parler ; mais, de manière diffuse, dans ce qui nous  est parvenu de sa correspondance, on rencontre des informations sur la conception  que Fronton avait du genre épistolaire, car il lui arrive de s’interroger sur les fonctions  et les modalités de la lettre, et, le plus souvent, d’émettre des appréciations sur les  lettres de ses élèves ou anciens élèves. C’est surtout à ces affleurements explicites  plutôt qu’à un décryptage de la théorie d’après la pratique frontonienne que nous nous  attacherons ici.

Quelques fonctions de la lettre : information ; recommandation

Parmi les six types de lettres différents que Paolo Cugusi 5 a repérés dans la  correspondance de Fronton selon leur fonction – lettres relatives à des informations  sur la santé du destinataire ou du destinateur, lettres de recommandation, billets de  vœux, lettres de consolation, lettres d’affection, lettres sur des sujets littéraires –, c’est  à propos des deux premiers que transparaissent quelque peu les vues de l’orateur.

Bien des lettres de Fronton ont pour fonction de fournir des informations,  en particulier sur l’état de santé. Ainsi Fronton donne souvent des nouvelles de sa  santé souvent chancelante et s’enquiert de celle des autres. Dans une lettre à Vérus,  il répond qu’il est heureux d’apprendre que le co-empereur va mieux et il demande  d’autres nouvelles :

Et nunc expecto cognoscere ex tuis litteris, quantum mediei isti dies promouerint ad uires reficiendas.

« Et j’attends à présent de savoir par tes lettres combien ces derniers jours t’ont aidé  à recouvrer tes forces. » (Ad Ver. Imp. I, 5, 1 : VDH2, p. 109, 20-22) 6.

La lettre est ainsi appel à l’envoi de nouvelles lettres, dans la lignée de Cicéron,  Ad Fam. 2, 4, 1, qui donne pour fonction aux missives « le désir d’informer des  absents, quand il était intéressant pour eux ou pour nous qu’ils fussent instruits  de quelque chose » (trad. L.-A. Constans, Les Belles Lettres : ut certiores faceremus absentis si quid esset quod eos scire aut nostra aut ipsorum interesset).

Mais ce qui caractérise Fronton, c’est une certaine forme du souci de l’autre  et une attention portée au moindre désagrément physique chez autrui comme chez  lui-même.

5.  Cugusi 1983, p. 259-260. Fleury 2006, p. 9, se gardant prudemment d’une tentative de classi- fication, souligne l’aspect « très hétérogène du corpus » contenant lettres didactiques, lettres de  recommandation, et « diverses autres formes littéraires, dont certaines possèdent l’apparence  épistolaire mais non le contenu et dont d’autres ne présentent aucune des caractéristiques de la  lettre ».

6.  Les références à Fronton sont données d’abord d’après Fleury 2003, puis d’après Van den Hout  1988 (= VDH2). Les traductions sont celles de Fleury 2003, éventuellement retouchées.

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Plusieurs lettres de Fronton à ses amis ont pour objet de leur recommander une  tierce personne, ancien élève ou autre. La critique s’est intéressée à la forme de ces  lettres, mais aussi aux critères retenus par l’auteur. Alessandro Plantera 7 en analyse  en particulier la structure : préambule, présentation du nom du « recommandé » et  indication de la recommandation, mérites du « recommandé », ses liens familiers avec  Fronton, demande particulière, exhortation finale. Agnès Bérenger-Badel 8, pour sa  part, montre que les demandes de Fronton aux princes « concernent exclusivement des  procuratèles », l’une pour l’affranchi Aridelus, adressée au César Marc Aurèle, l’autre  pour l’historien Appien adressée à Antonin à qui Fronton rappelle qu’à sa demande  l’empereur a déjà donné précédemment satisfaction au chevalier Sextius Calpurnius. 

Mais l’essentiel des lettres de recommandation de Fronton a pour destinataires des amis  influents ; souvent, d’ailleurs, la requête n’est pas précise, Fronton priant seulement  son correspondant de bien accueillir celui qui est l’objet de la recommandation. Il  est possible à partir des lettres de recommandation de Fronton de faire apparaître  une topique frontonienne de la recommandation, jouant à la fois des liens d’amitié  de Fronton avec les « recommandés », des qualités littéraires des individus, qui sont  jugés en fonction des critères de l’orateur, puisque ce sont souvent d’anciens élèves,  et des qualités morales : probitas, integritas, industria. On se rappelle que l’orateur  était défini par Caton comme un uir bonus dicendi peritus (« un homme de bien habile  à parler ») 9. Cet idéal est toujours celui de Fronton et les gens qu’il recommande  sont à la fois des êtres vertueux et des gens qui savent bien manier la parole. Dans  un cas (celui de Faustinianus) sont mis en avant talents militaires et connaissances  juridiques : c’est que Fronton tient compte du poste du jeune homme, qui va servir  sous les ordres de Claudius Julianus.

La recommandation au co-empereur Vérus d’un sénateur pauvre, Gavius Clarus, qui  doit aller en Syrie réclamer les legs qu’il a reçus par testament, est tout à fait exemplaire  de l’importance des sentiments et de la vertu. Fronton y rappelle l’ancienneté de ses  liens avec Gavius Clarus ; mais surtout il met en avant les qualités morales du jeune  homme qui a pris soin de Fronton, lui a toujours témoigné son respect et lui a rendu  de nombreux services, s’occupant même de lui lorsqu’il était malade. Il souligne que  le jeune homme n’est nullement responsable de sa pauvreté, qu’il a rempli décemment  ses fonctions publiques (il a été questeur, édile, préteur). Il met en avant sa droiture  morale et son sens de l’honneur, puisque, ayant reçu d’Antonin le Pieux une somme  pour exercer sa préture, il prit soin de la rembourser au trésor. Le portrait du jeune  homme se termine par une accumulation de qualités morales, la plus importante étant  celle qui consiste dans l’affection :

Nihil isto homine officiosius est, nihil modestius, nihil uerecundius. Liberalis etiam, si quid mihi credis, et in tanta tenuitate ; quantum res patitur, largus. Simplicitas, castitas, ueritas, fides Romana plane, φιλοστοργία uero nescio an Romana : quippe qui nihil

7.  Plantera 1977-1978.

8.  Bérenger-Badel 2000, p. 167.

9.  Quintilien, Institution oratoire XII, 1, 1.

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minus in tota mea uita Romae repperi quam hominem sincere φιλόστοργον ; ut putem, quia reapse nemo sit Romae φιλόστοργος, ne nomen quidem huic uirtuti esse Romanum.

« Aucun homme n’est plus serviable que celui-là, aucun plus modeste, aucun plus  discret. Il est même généreux, si tu me crois, et cela dans tant de dénuement ; autant que  ses biens le permettent, il est somptueux. Simplicité, pudeur, sincérité, une fidélité bien  romaine, un amour filial, mais je ne sais si cela est romain : de fait, c’est ce que j’ai le  moins vu à Rome de toute ma vie : un homme sincèrement φιλόστοργος ; c’est parce  que personne n’est réellement épris d’amour filial à Rome, à mon avis, qu’il n’existe  pas même un mot romain pour cette vertu. » (Ad Ver. Imp. I, 6, 7 : VDH2, p. 111, 14-20) Fronton s’attache, en général, à des qualités qui sont celles qu’on attend pour le  service de l’État, qualités intellectuelles – l’éloquence étant nécessaire à l’accomplis- sement des tâches publiques –, qualités morales tout aussi nécessaires. Mais ce sont là  des constatations qu’on peut faire à partir des lettres de Fronton sans qu’il y ait chez  lui théorisation.

Fronton n’hésite pas à entrer directement en contact avec quelqu’un qui puisse  aider l’un de ses amis quand lui-même n’a eu auparavant aucun rapport avec lui. Il  écrit ainsi à un certain Passienus Rufus, en l’appelant frater, pour lui recommander  Aemilius Pius, dont il vante les compétences littéraires et les mœurs et il veut faire de  cette lettre le début d’une amicitia.

Nec ignoro nullum adusque inter nos mutuo scriptitantium usum fuisse, quamquam ego te optimum uirum bonarumque artium sectatorem communium amicorum fama cognossem et tu fortasse aliquid de me secundi rumoris acceperis.

« Je n’ignore pas que, jusqu’à présent, nous n’avons entretenu aucune correspondance  mutuelle, bien que, de mon côté, j’aie su par des amis communs ta réputation  d’excellent homme, compagnon des arts, et que tu aies peut-être pour ta part entendu  des échos favorables à mon sujet. » (Ad am. I, 8 : VDH2, p. 176, 21-24)

Le nec ignoro laisse naturellement supposer l’existence d’une sorte de code qui  fait que, d’ordinaire, la recommandation est effectuée auprès de quelqu’un avec qui  on est déjà en relation 10. Fronton est conscient de cette rupture du code, c’est pourquoi  il envisage le début d’une amicitia.

Nous possédons une lettre où Fronton expose ce qu’on pourrait appeler un  historique de la lettre de recommandation et où il renvoie à ce code. C’est une lettre  adressée à Claudius Sévérus, dont on ne sait s’il s’agit du consul de 146, à qui Marc  Aurèle est reconnaissant de ce qu’il lui a appris (Pensées I, 14), ou s’il s’agit de son  fils, consul suffect en 163 et consul ordinaire en 173, qui fut le gendre de Marc Aurèle.

Fronton commence par un rappel. Dans un premier temps, la recommandation  consistait à « présenter un ami à un autre ami et à le rapprocher de lui » (cum suum quisque amicum ali amico suo demonstratum conciliatumque uellet, Ad am. I,  1, 1 : VDH2, p. 170, 1-2). C’est, d’ailleurs, le plus souvent la pratique de Fronton. 

10.  Cicéron, on le sait, nommait les lettres conloquia amicorum absentium (Phil., II, 7 : « conversations  entre amis absents »), et Démétrios, Du style, 231, disait que « la lettre veut être un bref témoignage  d’amitiés » (trad. P. Chiron, Les Belles Lettres : φιλοφρόνησις γάρ τις βούλεται εἶναι ἡ ἐπιστολὴ σύντομος).

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Ensuite cet usage a été porté dans les affaires judiciaires : on a recommandé les parties  adverses aux juges ou aux assesseurs, mais, selon Fronton, sans vouloir porter atteinte  à la justice : il s’agissait toujours d’agir conformément au bien. Fronton met cela en  rapport avec la coutume des laudatores qui s’exprimaient après les plaidoiries. La  lettre de recommandation appartient alors à la rhétorique de l’éloge. On peut établir un  rapprochement avec les Τύποι ἐπιστολικοί du Pseudo-Démétrios, 2 11, qui indiquent  qu’une lettre de recommandation présente le « recommandé » à quelqu’un qui ne le  connaît pas et qu’elle ajoute des louanges.

Commendandi mos initio dicitur beniuolentia ortus, cum suum quisque amicum ali amico suo demonstratum conciliatumque uellet. Paulatim denique iste mos progressus est, ut etiam eos, qui publico uel priuato iudicio disceptarent, non tamen inproba res uideretur iudicibus ipsis aut iis, qui consilio adessent, commendare, non, opinor, ad iustitiam iudicis labefactandam uel de uera sententia deducendam.

Sed iste in ipsis iudiciis mos inueteratus erat causa perorata laudatores adhibere,

<qui>, quicquid de reo existimarent, pro sua opinione cum fide expromerent ; item istae commendantium litterae laudationis munere fungi uisae sunt.

« On rapporte que la coutume de la recommandation est née en premier de la  bienveillance, lorsque l’on voulait présenter un ami à un autre ami et le rapprocher de  lui. Peu après, cette pratique en vint à ce que, même lorsque des parties s’opposaient  dans un procès public et privé, il ne parût pourtant pas honteux de les recommander aux  juges eux-mêmes ou à ceux qui les assistaient dans leurs conseils, non pas, je crois, pour  faire chanceler l’équité du juge ou pour le détourner d’une juste sentence. Mais cette  coutume, implantée dans les procès, consistait, une fois la cause entièrement plaidée, à  avoir recours à des laudatores qui exprimaient sincèrement tout ce qu’ils pensaient de  l’accusé, selon leur propre opinion ; de la même façon, ces lettres de recommandation  semblent s’acquitter du devoir de louange. » (Ad am. I, 1, 1 : VDH2, p. 170, 5-13) Ce préambule est destiné à excuser Fronton de s’entremettre auprès de Claudius  Sévérus pour lui recommander Cornelianus Sulpicius, qui va lui présenter sa cause. 

Fronton se fait le laudateur de son necessarius. Il vante les mérites de cet homme  travailleur, aimant sa patrie, intègre, ayant le goût des lettres et des arts, qui a vécu  dans l’entourage de Fronton, lequel a pu l’apprécier dans toutes les situations. La suite  de la lettre est trop lacunaire pour qu’on puisse avoir des certitudes sur l’affaire. En  tout cas Fronton ne veut pas indisposer son destinataire, c’est pourquoi il lui fait ce  rappel historique :

Quorsum hoc tam ex alto prohoemium ? Ne me existimasses parum considerasse grauitatem auctoritatemque tuam commendando Corneliano Sulpicio familiarissimo meo, qui propediem causam apud uos dicturus est […].

« Vers quel but tend une introduction qui remonte si loin ? À ce que tu ne juges pas  que j’aie trop peu considéré ta dignité et ton autorité en te recommandant Cornelianus  Sulpicius, un de mes amis les plus intimes, qui plaidera sous peu devant vous […]. »  (Ad am. I, 1, 2 : VDH2, p. 170, 14-17) 12.

11.  Voir, par exemple, le texte grec et sa traduction en anglais dans Malherbe 1988, p. 32-33.

12.  Cornelianus Sulpicius a été ab epistulis graecis de Marc Aurèle et de Commode, Van den Hout  1999, p. 401, Bérenger-Badel 2000, p. 175, n. 65.

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Appréciation littéraire sur les lettres

Si Fronton n’expose pas à proprement parler de théorie du genre épistolaire,  il n’en émet pas moins, çà et là, des jugements qui nous permettent de préciser sa  conception.

Tout d’abord, il existe un grand modèle épistolier à ses yeux : c’est Cicéron,  chez qui il préfère l’épistolier à l’orateur. Une lettre à l’empereur Marc Aurèle qui  lui avait demandé des extraits de Cicéron nous apprend que Fronton en possédait des  excerpta concernant ce qui l’intéressait le plus dans sa correspondance : l’éloquence,  la philosophie et la politique, ainsi qu’un florilège de beaux traits de langage et  d’expressions ; on sait que le choix des mots est important pour Fronton et sans doute  voulait-il se constituer là une réserve où éventuellement puiser.

Memini me excerpisse de Ciceronis epistulis ea dumtaxat, quibus inesset aliqua de eloquentia uel philosophia uel de re p(ublica) disputatio ; praeterea si quid elegantius aut uerbo notabili dictum uideretur, excerpsi.

« Je me suis souvenu que j’avais extrait des lettres de Cicéron seulement les passages  où il y avait quelque discussion sur l’éloquence, la philosophie ou la politique ; de  plus, si quelque propos me semblait formulé de manière particulièrement élégante  ou avec des termes remarquables, je l’ai inclus dans les extraits. » (Ad Ant. imp. III,  8, 2 : VDH2, p. 104, 6-9)

Il ajoute que ces textes étaient réservés à son usage personnel, in usu meo, mais  il les envoie bien volontiers à l’empereur, pour qu’il les fasse copier et les lui restitue. 

Ainsi Fronton a encore recours à l’œuvre épistolaire de Cicéron, qui lui sert pour  ses propres écrits ou discours. Il fournit des renseignements sur ces excerpta : il y a 

« trois livres d’extraits, deux des lettres à Brutus, un des lettres à Axius » (Ad Ant.

imp. III, 8 : VDH2, p. 104, 10 : tres libros, duos ad Brutum, unum ad Axium) 13. Il porte un jugement global très élogieux sur la correspondance de Cicéron, mais  sans l’expliciter, ce qui précède tendant toutefois à laisser supposer qu’il s’agit de  qualité stylistique, d’autant plus qu’il faut replacer la lettre dans son contexte : Fronton  répond à son ancien élève qui lui demandait des extraits de Cicéron pour parfaire son  style ; le maître lui conseille de ne pas s’en tenir aux extraits qu’il lui envoie.

Omnes autem Ciceronis epistulas legendas censeo, mea sententia uel magis quam omnis eius orationes : epistulis Ciceronis nihil est perfectius.

« J’estime par ailleurs que toutes les lettres de Cicéron doivent être lues ; mon  opinion est qu’elles le méritent beaucoup plus que tous ses discours : il n’y a rien de  plus parfait que les lettres de Cicéron. » (Ad Ant. imp. III, 8 : VDH2, p. 104, 12-14) Le rapprochement avec une autre lettre à Marcus peut, peut-être, nous éclairer  (Ad M. Caes. IV, 3, 3) : Fronton, tout en reconnaissant la grandeur de Cicéron orateur  et en voyant en lui un maître de l’ornatus, lui reproche toutefois son manque de 

13.  Fleury 2003, p. 182, n. 184, remarque que « [s]elon Nonius (p. 455 Lindsay), il existait neuf livres  de lettres à Brutus et au moins deux livres de lettres à Axius ».

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soin dans le choix des mots. Certes ses mots sont d’une très grande beauté : uerbis pulcherrimis, mais il semble à Fronton qu’ils sont venus à Cicéron sans efforts,  comme naturellement : Verum is mihi uidetur a quaerendis scrupulosius uerbis procul afuisse uel magnitudine animi uel fuga laboris uel fiducia non quaerenti etiam sibi, quae uix aliis quaerentibus subuenirent, praesto adfutura. Itaque conperisse uideor, ut qui eius scripta omnia studiosissime lectitarim, cetera eum genera uerborum copiosissime uberrimeque tractasse […] (« Mais en vérité il me semble qu’il s’était  écarté de la recherche très scrupuleuse des termes, soit par suffisance, soit pour fuir  l’effort ou par la certitude que ces termes, qui après recherche surgissent péniblement  aux autres auteurs, se présenteraient à sa disposition sans même qu’il les ait cherchés. 

C’est pourquoi, pour avoir lu tous ses écrits avec le plus grand soin, je crois avoir  découvert qu’il a manié avec le plus de richesse et d’abondance tous les types de  mots », Ad M. Caes. IV, 3, 3 : VDH2, p. 57, 8-13). Cicéron est, en quelque sorte,  aux yeux de Fronton, victime de sa facilité, car il lui manque (ou plutôt est trop rare  chez lui) ce supplément que recherche Fronton, ces « mots inattendus et surprenants », 

« mots qu’on ne dépiste qu’avec application, soin, vigilance et une grande mémoire  des vers anciens » (Ad M. Caes. IV, 3, 3 : VDH2, p. 57, 16-18 : insperata atque inopinata uerba, quae nonnisi cum studio atque cura atque uigilantia atque multa ueterum carminum memoria indagantur) ; mots que l’auditeur n’attend pas, mais qui  se révèlent indispensables à l’expression de la pensée si bien que les enlever nuirait  à celle-ci. Cela ne veut pas dire que Fronton trouve davantage de mots de ce type  dans la correspondance de Cicéron ; mais la correspondance de l’Arpinate peut être  grandement utile à l’orateur diligent qui ne se fie pas à ses seules capacités et elle offre  un style plus détendu 14.

Dans une autre lettre, Fronton indique à son élève qu’il a toutes les qualités  requises pour être un excellent orateur et qu’il atteint déjà à vingt-deux ans des  sommets en éloquence.

Nam epistulae tuae quas adsidue scripsisti mihi satis ostendunt, quid etiam in istis remissioribus et Tullianis facere possis.

« Car tes lettres, écrites assidûment, me montrent assez ce dont tu es capable dans  ces écrits plus détendus et cicéroniens. » (Ad M. Caes. II, 2, 4 : VDH2, p. 20, 3-5) Cicéron, dans ce passage, est visiblement utilisé comme modèle d’un style  épistolaire, le style familiare et iocosum dont parle Cicéron dans Ad fam. 2, 4, 115. Et  Fronton est fier que le prince réussisse à merveille dans des genres de style très variés.

Il n’est pas rare que Fronton donne ses impressions sur le style de ses correspon- dants, qui sont ses anciens élèves.

Il lui arrive de marquer sa satisfaction devant le style épistolaire de son disciple :  il parle ainsi à Marcus de sa dernière « lettre si élégamment écrite » (litteras tuas elegantissime scriptas, Ad M. Caes. IV, 9, 1, VDH2, p. 64, 11).

14.  Cf. infra.

15.  Van den Hout 1999, p. 52.

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Nous avons une lettre où Fronton répond à Marcus, qui apparemment aurait  manifesté son esprit d’indépendance en réfutant les arguments de son maître qui  lui recommandait de ne pas négliger le repos, comme c’est le cas dans le De feriis Alsiensibus. L’examen très précis des formulations de Marcus auquel se livre le maître  dans la seconde moitié de la lettre laisse penser que la lettre à laquelle répond Fronton  était un exercice oratoire.

in qua pauca quae ego pro somno dixeram tu multis et elegantibus argumentis refutasti ita scite, ita subtiliter et apte, ut, si uigilia tibi hoc acuminis et leporis adfert, ego prosus uigilare te mallem.

« dans celle-ci, le peu que j’avais dit en faveur du sommeil, tu le réfutes par de  nombreux et élégants arguments, avec tant d’habileté, tant de finesse et d’à propos  que, si l’état de veille t’apporte ce degré de pénétration et d’esprit, vraiment je  préférerais que tu veilles. » (Ad M. Caes. I, 5, 1 : VDH2, p. 8, 11-13)

Le jugement du maître porte surtout sur l’inuentio, le choix des arguments,  mais aussi sur leur agencement (dispositio) et leur formulation (elocutio) : on peut y  reconnaître les parties de l’art oratoire.

Le maître, ensuite, essaie de prendre le pas sur son élève en faisant assaut d’esprit  et en constatant que sa lettre fut écrite le soir, donc dans l’imminence du sommeil. Puis  il passe en revue certains passages de la lettre pour en relever l’excellence stylistique :  elegantissime (VDH2, p. 8, 17-18 : « très élégamment »), elegans ac sauiatum (VDH2, p. 8,  19-20 : « élégante et charmante ») 16, citations à l’appui ; il apprécie tout particulièrement  le maillage de références latines et grecques ; mais il critique l’emploi d’une référence à  Ennius, qui n’est pas adaptée, car elle déforme la thèse de Fronton : tout se passe comme si,  en employant cette référence, Marcus considérait que Fronton lui interdisait de se réveiller  alors qu’il l’invite seulement au sommeil :

Ecce autem circa Q. Ennium aliam malitiosam petam dedisti, cum ais « nisi ex somno exsuscitatus esset, numquam somnium suum narrasset ». At od<e>rit m<e>

Marcus meus Caesar, si pote, argutius !

« Mais voilà que, au sujet de Q. Ennius, tu as porté une autre attaque louche, en  disant “s’il ne s’était tiré de son sommeil, jamais il n’aurait raconté son songe”. 

Mais, que Marcus, mon cher César, si c’est possible, soit plus ingénieux quand il  s’en prend à moi ! » (Ad M. Caes. I, 5, 5 : VDH2, p. 9, 4-7)

Fronton insiste enfin sur les qualités d’écriture de Marcus, dont il vante la  facultas fandi et tam elegans ( la « faconde si élégante », VDH2, p. 9, 14). 

Mais c’est aussi le ton même des lettres que Fronton commente dans des moments  de jubilation. Il éprouve le plus grand plaisir à la lecture des lettres du prince :

tot mihi a te in tam paucis diebus epistulas scriptas easque tam eleganter, tam amice, tam blande, tam effuse, tam fraglanter conpositas, cum iam tot negotiis quot officiis, quot rescribendis per prouincias litteris distringerere.

« tant de lettres écrites par toi pour moi en si peu de jours et composées avec tant de  goût, tant d’amitié, tant de douceur, tant d’abandon, tant de suavité, alors que tu en  16.  Sur l’importance de l’elegantia pour Fronton, cf., p. ex., Muñoz Martin 2005, p. 241-242.

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étais empêché par autant d’activités, autant de devoirs, autant de lettres auxquelles  il fallait répondre dans les différentes provinces. » (Ad M. Caes. III, 14, 1 : VDH2,  p. 46, 3-6)

Outre les qualités littéraires, ce qui charme Fronton, c’est que le prince au  milieu de ses obligations ait trouvé le temps de lui écrire de nombreuses lettres, ce qui  témoigne de sa sollicitude. Et ce qui a le plus de prix, c’est la relation privilégiée qui  s’instaure ainsi entre le destinateur et le destinataire. Cet échange vaut avant tout pour  Fronton par l’émotion véritable dont il témoigne. Il suffit de relever l’accumulation  d’adverbes soulignant la force des sentiments et le débordement de l’affectivité : tam amice, tam blande, tam effuse, tam fraglanter conpositas.

C’est un terme de la même famille fraglantes que Fronton emploie dans une  lettre à Marcus (Ad M. Caes. I, 3, 1 : VDH2, p. 3, 2) pour se réjouir de l’affection que  son élève lui manifeste dans sa correspondance, Marcus disant ne pas trouver les mots  pour exprimer ce qu’il ressent pour son maître ; ce sont là « de si ardentes lettres »  (tam fraglantes litteras) que Fronton reçoit. C’est que Fronton met très haut la notion  de φιλοστοργία. Dans l’appréciation qu’il exprime des lettres de Marcus, c’est autant  sinon plus l’amor de son élève que ses qualités rhétoriques que le maître met en avant.

Lettres officielles

La plupart des lettres de Fronton sont des lettres privées, mais l’orateur, étant  donné la position de ses correspondants, a l’occasion d’aborder la question des lettres  officielles.

Recommandant à Claudius Iulianus, qui était legatus Augusti pro praetore de  Germanie inférieure, C. Calvisius Faustinianus qui servait sous ses ordres, Fronton  souligne, entre autres qualités, son savoir et son elegantia. Il conseille à son ami de  tirer le meilleur parti de ces aptitudes en lui confiant des fonctions où son protégé  pourra les mettre en œuvre :

Fac periculum in militia emuneribus, fac periculum in consiliis iudiciaris, fac periculum in litteris, omni denique prudentiae et facilitatis usu uel serio uel remisso : semper et ubique eum parem sui inuenies.

« Mets-le à l’épreuve dans les fonctions militaires, mets-le à l’épreuve dans les  conseils judiciaires, mets-le à l’épreuve dans l’écriture de lettres, bref pour toute  occupation, sérieuse ou légère, qui requière prudence et capacités : toujours et  partout tu le trouveras égal à lui-même. » (Ad am. I, 5, 2 : VDH2, p. 175, 7-10)

On peut penser que litterae désigne ici les lettres officielles que le gouverneur  a à rédiger et pour lesquelles il peut recourir à des membres de son « équipe ». 

Toutefois l’hypotexte de Térence, Eunuque 476-477 : Fac periculum in litteris / Fac in palaestra, in musicis […] (« Mets-le à l’épreuve dans les lettres, dans la palestre, dans  la musique », trad. J. Marouzeau, Les Belles Lettres) pourrait conduire à imaginer  qu’il s’agisse des belles-lettres, auquel cas on aurait une anticipation du uel remisso 

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qui suit, mais il est plus vraisemblable qu’on ait ici une série énumérant les tâches du  gouverneur17. 

C’est bien aux lettres officielles que se réfère Fronton quand il écrit, en d’autres  circonstances, au même Claudius Iulianus :

<Nescio quo pacto fit> omnes prouinciales loqui multa etiam laboriosius facere te quam ipsa res postulat : acta cognitionum, epistulas omnis denique ad prouinciam adtinentes.

« Je ne sais comment il se fait que tous les provinciaux disent que tu accomplis  beaucoup de choses, travaillant même plus que ne le demande la tâche : les actes  des procès, toutes les lettres aussi qui concernent la province. » (Ad am. I, 20, 1 :  VDH2, p. 182, 14-16)

C’est de la correspondance administrative que parle ici Fronton et il ajoute – mais  le texte est peu sûr – immédiatement après : te iuuabunt tuisque optatis consiliis certantes obsequentur adsidue (« ils t’aideront et rivaliseront pour satisfaire avec empressement à  tes moindres desseins ») ; il est probable que cette troisième personne du pluriel désigne  l’entourage du gouverneur (parmi lesquels peut-être Faustinianus) 18.

Mais il est une catégorie supérieure de lettres officielles, la lettre impériale,  dont Fronton a l’occasion de parler à ses destinataires princiers, Marc Aurèle et  Lucius Vérus.

Dans une lettre du De eloquentia (II, 6 : VDH2, p. 138, 3-15), adressée à l’empe- reur Marc Aurèle, où il veut convaincre son ancien élève de la nécessité absolue pour  un empereur de ne pas négliger l’éloquence, Fronton passe en revue les obligations  impériales, qui, toutes, exigent une bonne pratique de la langue, y compris la rédaction  de lettres officielles ; c’est laisser entendre que les ab epistulis ne dispensent pas  l’empereur de l’essentiel.

Nam Caesarum est in senatu quae e re sunt suadere, populum de plerisque negotiis in contione appellare, ius iniustum corrigere, per orbem terrae litteras missitare, reges exterarum gentium compellare, sociorum culpas edictis coercere, bene facta laudare, seditiosos compescere, feroces territare. Omnia ista profecto uerbis sunt ac litteris agenda.

« En effet, il revient aux empereurs de persuader devant le Sénat de ce qui est  utile, de haranguer le peuple à propos de la plupart des affaires, de redresser une  loi injuste, d’envoyer des lettres à travers le monde, de tenir la bride aux rois des  nations extérieures à l’Empire, de réprimer par des édits les fautes des alliés, de  louer leurs bonnes actions, d’arrêter les séditieux, d’épouvanter les déchaînés. 

Toutes ces choses doivent assurément être menées avec des mots et des lettres. »  (De eloquentia II, 6 : VDH2, p. 138, 4-9)

Si litterae désigne sans doute dans la seconde occurrence les lettres de l’alphabet  plutôt que les missives, il est bien question dans la première occurrence aussi des  missives qui sont l’un des modes de fonctionnement du pouvoir impérial et Fronton  rappelle que dans ce domaine ce que le rhéteur enseigne à ses élèves est du plus grand 

17.  Van den Hout 1999, p. 409, souligne la différence de sens de litterae dans les deux passages.

18.  Van den Hout 1999, p. 430.

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secours. S’il ne développe pas une théorie de la lettre impériale, on peut supposer  qu’il fait entrer cette correspondance, pour l’essentiel, comme d’ailleurs l’éloquence  impériale, qui est parole de commandement, puisque l’empereur doit exprimer son  pouvoir par là aussi, dans le champ de l’écriture d’autorité.

Les lettres impériales n’ont pas uniquement pour fonction de transmettre des  décisions ou de donner des ordres. Il y a aussi des lettres diplomatiques. Dans les  Principia historiae, adressés à Marc Aurèle, Fronton, évoquant l’action de Lucius Vérus  lors de la guerre contre les Parthes, après avoir retracé son action de bon chef militaire,  pour montrer sa supériorité par rapport à Trajan, puisque, entre autres, il aurait préféré à  la gloire épargner le sang de ses soldats, indique qu’il a su proposer la paix à l’ennemi,  mais que celui-ci n’a pas su saisir sa chance :

paucis ante diebus L<uciu>s ad Vologaesum litteras ultro dederat, bellum, si uellet, condicionibus poneret. Dum oblatam pacem spernit barbarus, male mulcatus est.

« peu de jours avant, Lucius avait pris l’initiative d’envoyer une lettre à Vologèse : la  guerre, s’il le voulait, prendrait fin sous certaines conditions. Parce que le barbare rejeta  la paix offerte, il fut gravement puni. » (Principia historiae 16 : VDH2, p. 212, 4-6) Mais on ne dépasse pas ici le cadre de la simple mention.

L’empereur, quand ses fonctions l’appellent dans les provinces, doit aussi  correspondre avec le Sénat. À la fin des Principia historiae (21), Fronton fait allusion  à la qualité littéraire des lettres par lesquelles Lucius Vérus a rendu compte à la haute  assemblée de son action au cours de cette guerre. Le passage est lacunaire, mais, étant  donné la σύγκρισις générale de l’ouvrage, il est à penser qu’une comparaison était  faite avec les lettres de Trajan.

<…> Lucius autem ipse, quoquo in loco gestum quid foret, ad senatores scripsit litteris diserte ad significandum rerum statum compositis, ut qui facundiam inpenso studio restaurar<e> <cuperet> <…>

« <…> Cependant Lucius lui-même, en quelque lieu où une action avait été accom- plie, écrivit aux sénateurs des lettres, composées avec éloquence, pour les renseigner  sur l’état des choses, en homme qui désire restaurer l’éloquence avec un zèle empressé 

<…> » (Principia historiae 21 : VDH2, p. 214, 10-13)

Ce sont là sans doute des rapports envoyés régulièrement au Sénat, mais il est  une de ces lettres qui retient toute l’attention de Fronton.

Dans une longue missive de plus de quinze pages dans VDH2 adressée à Lucius  Vérus, Fronton revient sur une lettre officielle envoyée au Sénat 19 par l’empereur depuis  le théâtre des opérations militaires. Il exulte non tant en raison du succès des armes de  Vérus en Orient que de l’excellente tenue de sa lettre au Sénat. C’est que le maître est  fier des talents littéraires de son ancien élève, où il voit un succès personnel. Le maître  d’éloquence triomphe grâce à la lettre comme son disciple triomphe militairement.

Ex eloquentia autem tua, quam scriptis ad senatum ita litteris declarasti, ego iam hic triumpho.

19.  Dans Cicéron, De or. II, 49, Antoine rappelle aussi que dans la communication écrite avec le  Sénat il faut « un type de style plus soigné » (genere orationis […] accuratiore).

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« Mais de ton éloquence, que tu as révélée en écrivant ainsi cette lettre au Sénat, je  retire à ce moment un triomphe personnel. » (Ad Ver. Imp. II, 2 : VDH2, p. 118, 12-13) Bellicae igitur tuae laudis et adoriae multos habes administros multaque armatorum milia undique gentium accita uictoriam tibi adnituntur et adiuuant, eloquentiae uir<tus>, ausim dicere, meo ductu, Caesar, meoque auspicio parta est.

« Ta gloire et tes succès militaires ont de nombreux auxiliaires et bien des milliers  d’hommes en armes, appelés de toutes les nations, travaillent et aident à ta victoire ;  la vertu de l’éloquence, si j’ose dire, est née en toi sous ma conduite et mes  auspices. » (Ad Ver. Imp. II, 3 : VDH2, p. 118, 20-119, 1)

C’est que, pour Fronton, l’éloquence est le meilleur allié du chef d’État ; sans elle,  la force militaire n’est rien et c’est elle, bien plus que la valeur militaire, commune à  beaucoup, qui peut consacrer la gloire d’un empereur. 

Igitur si uerum imperatorem generis humani quaeritis, eloquentia uestra imperat, eloquentia mentibus dominatur. Ea metum incutit, amorem conciliat, industriam excitat, inpudentiam extinguit, uirtutem cohortatur, uitia comfutat, mulcet, docet, consolatur.

« Donc, si vous cherchez le vrai général du genre humain, c’est votre éloquence qui  commande, l’éloquence qui règne sur l’esprit humain. Elle suscite la peur, procure  l’amour, excite le zèle, éteint l’impudence, encourage la vertu, abat les vices,  charme, instruit, console. » (Ad Ver. Imp. II, 9 : VDH2, p. 122, 11-14)

C’est que « le commandement est un terme qui n’implique pas seulement le  pouvoir, mais aussi la parole » (Imperium autem non potestatis tantummodo uocabulum, sed etiam orationis est, Ad Ver. Imp. II, 12 : VDH2, p. 123, 16-17).

Fronton, d’ailleurs, reproche aux empereurs qui s’échelonnèrent entre Tibère et  Vespasien aussi bien leur mauvais gouvernement que leur incompétence littéraire : 

Quis eorum oratione sua populum aut senatum adfari, quis edictum, quis epistulam suismet uerbis componere potuit ?

« Lequel parmi eux put adresser un discours de son cru au peuple ou au Sénat,  lequel put composer un édit, lequel une lettre avec ses propres mots ? » (Ad Ver.

Imp. II, 11 : VDH2, p. 123, 13-14)

Fronton évoque ensuite des lettres qui ressortissent à la même catégorie que celle  que Lucius Vérus vient d’adresser au Sénat.

Ex<s>tant epistulae utraque lingua partim ab ipsis ducibus conscriptae, partim a scriptoribus historiarum uel annalium compositae, ut illa Thucydidi nobilissima Niciae ducis epistula ex Sicilia missa ; item apud C. Sallustium ad Arsacen regem Mithridatis auxilium inplorantis litterae criminosae et Cn. Pompei ad senatum de stipendio litterae graues et Adherbalis apud Cirtam art<e o>bsessi inuidiosae litterae ; uerum omnes, uti res postulat, breues nec ullam rerum gestarum expeditionem continentes. In hunc autem modum, quo scripsisti tu, extant Catuli litterae, quibus res a se iac<turi>s a<tque d>amni<s> sane gestas, at lauro merendas, <historico exemplo exposuit> ; ue<rum> turgent elate <p>rolata teneris prope <u>erbis.

Historia tamen potius splendide perscribenda ; si ad senatum scriberetur, etiam caute. Pater Tullios iubilatus Consiliorum suorum si in formam epistulae contulisset (necessario breuius et expeditius et densius et, quod interdum res poscit, inornatius), scripsisset melius.

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Tuae litterae et eloquentes sunt ut oratoris, strenuae ut ducis, graues ut ad senatum, ut de re militari non redundantes. Nam neque inuitant ad memorata seria neque ad formularia Liuiana neque ad Titii Ausgonis pusillas et decoras <uoces>, sed ad illa destillata responsa, in quibus peritia breuitatis ad obscuritatem coartatis membris fuit etiam imperator <…> quid ad senatum quom debet loqui epistulam scriberet <…>

« Il existe encore des lettres dans les deux langues, pour une part rédigées par des  généraux, pour l’autre composées par des historiens ou des annalistes, comme chez  Thucydide, la très célèbre lettre envoyée de Sicile par le général Nicias ; de même  chez Salluste, la lettre accusatrice de Mithridate implorant de l’aide adressée au  roi Arsace, la lettre pleine de dignité de Cn. Pompée adressée au Sénat à propos  de la solde et la lettre haineuse d’Adherbal, assiégé étroitement à Cirta ; mais  vraiment elles sont toutes brèves, comme le voulaient les circonstances, et sans  aucune présentation des faits. Mais pour ta manière d’écrire, existe la lettre de  Catulus, par laquelle il présenta, selon le modèle historique, les actions qu’il avait  réellement accomplies, avec ses échecs et ses torts, mais dignes du laurier ; à dire  vrai tout cela s’enfle, présenté en un style élevé, dans des mots presque délicats. 

Cependant l’histoire devrait plutôt être écrite avec éclat, et, si l’on écrit au Sénat,  avec circonspection aussi. Le vénérable Tullios, s’il avait tourné sous forme de  lettre le vacarme de ses Délibérations, aurait mieux écrit (nécessairement avec plus  de concision, plus d’émondage, plus de densité et, comme l’imposent parfois les  circonstances, avec moins d’ornementation).

Ta lettre est à la fois éloquente comme celle d’un orateur, énergique comme celle  d’un chef, grave comme celle qu’on adresse au Sénat et sans superflu comme  traitant des affaires militaires. Car elle n’invite ni aux rappels sérieux, ni aux  formulations liviennes, ni aux minuscules sentences ornées de Titius Ausgon, mais  à des réponses distillées dans lesquelles, avec ses membres de phrases condensés  jusqu’à l’obscurité par la science de la brièveté, même un empereur fut <…> 

pourquoi écrire une lettre au Sénat alors qu’on doit y parler <…> » (Ad Ver. Imp. II,  15-16 : VDH2, p. 124, 10-125, 13)

Fronton, en professeur, essaie ici, semble-t-il, de caractériser la lettre de Vérus,  et, pour cela, il utilise la comparaison en examinant quelle place occupe cette lettre  dans les séries de lettres du même type que sa mémoire de lettré lui offre. Il distingue  ainsi deux catégories, les lettres rédigées par les acteurs de l’histoire et celles qui le  sont par les auteurs d’ouvrages d’histoire. On sait combien le genre historique aime les  discours reconstitués. Et Fronton cite plusieurs de ces textes appartenant aux Historiae  de Salluste qui nous sont parvenus (Lettre de Mithridate, lettre de Cn. Pompée) ou au  Bellum Iugurthinum, 24 (lettre d’Adherbal).

Il y a dans ces lettres des lettres adressées au Sénat (lettres de Pompée, d’Adherbal),  mais ce n’est pas le cas de celle de Mithridate, adressée à un autre souverain. Celle  de Nicias est destinée à l’assemblée des Athéniens 20. Le point commun à ces lettres  n’est pas le destinataire, mais des éléments du contenu ; l’auteur de la lettre y rend 

20.  Démétrios, Du style 228, évoque une lettre de Thucydide ayant la longueur d’un traité ; on ne  sait de quelle lettre il s’agit, mais on a avancé l’hypothèse qu’il pourrait s’agir de la lettre de  Nicias (Rhys Roberts dans son édition de Démétrios, Cambridge, 1902, p. 250, cité par Chiron  1993, p. 127, n. 303). Il semblerait que cette lettre soit bien connue des gens de lettres.

(16)

compte de son activité militaire, pour demander des ressources au Sénat (Pompée,  dont l’armée d’Espagne est dans le dénuement), ou à l’assemblée d’Athènes (Nicias,  qui manque de troupes et de moyens en Sicile) ; quant à Adherbal, il écrit au Sénat  pour lui demander de l’aide, alors qu’il est assiégé à Cirta, mais là on ne trouve pas  de compte rendu d’actions militaires. La lettre de Mithridate à Arsace contient à  la fois un rappel des guerres menées par les Romains depuis qu’ils ont combattu  Philippe de Macédoine et un passage en revue des actions militaires de Mithridate  pour échapper à l’impérialisme romain. Il n’y a pas expeditio, développement des  faits, mais seulement une mention.

Fronton trouve une plus grande proximité avec des lettres de généraux, comme  celle de Lutatius Catulus, qui écrivit l’histoire de ses propres actions militaires en  Germanie ; le texte de Catulus dont il est question ici est sans doute une lettre qu’il  adressa au Sénat alors qu’il était toujours sur le théâtre des opérations, à moins qu’il  faille y voir ses mémoires eux-mêmes sur ses campagnes de Germanie 21. Le jugement  littéraire porté sur Catulus par Fronton est très proche de celui de Cicéron dans le  Brutus 132, où le style de ses mémoires est comparé au « style doux de Xénophon »  (molli et Xenophontio genere), que la tradition oppose à celui de Thucydide. Mais  Fronton préfère une autre forme de style 22 pour des écrits à caractère historique :  splendide, un certain éclat. Comme la lettre de Vérus s’adresse au Sénat, il convient  d’y ajouter de la « circonspection » (caute). Les qualités d’éclat et de circonspection  devaient être présentes dans la lettre de Vérus, dont il fait l’éloge.

L’identification du Tullios dont il est question ensuite est problématique : est-ce  Asinius Pollion ? Cicéron, auteur d’un De consiliis suis 23 ? Nous laisserons de côté ce  problème, nous contentant de constater que le genre épistolaire implique, aux yeux de  Fronton, une certaine retenue : brièveté, concision, sobriété.

C’est sur cet horizon épistolaire que va se détacher maintenant la lettre de Vérus. 

Chaque adjectif est laudatif : eloquentes, strenuae, graues, non redundantes. Et à  chaque fois est soulignée l’adaptation du style à l’auditoire, comme au sujet, ce qui  est une des règles des traités 24.

Ensuite Fronton paraît opposer cette lettre au style de certains historiens comme  Tite-Live, ou un inconnu Titius Ausgon (en qui on a vu un juriste, Titius Ariston, mais  celui-ci n’a – semble-t-il – pas écrit d’ouvrage historique). Ce qui ressort, c’est qu’il  n’y a dans le style de Vérus rien de pesant (les memorata seria « rappels sérieux »,  VDH2, p. 125, 10, auxquels il est avantageusement comparé renvoient sans doute aux 

21.  Fleury 2003, p. 208, n. 223, et, surtout, Fleury 2006, p. 185-186.

22.  Sur le fait que splendide caractérise ici le style plutôt que le fond : Fleury 2006, p. 189-191.

23.  Fleury 2003, p. 209-210, n. 224. État de la question dans Fleury 2006, p. 185, n. 50, qui considère  comme « plus que probable » l’identification proposée par van den Hout avec Cicéron. Fleury  2006, p. 191 : « Catulus écrivit une lettre narrative qui péchait par manque de grandeur, tandis  que Tullios écrivit une histoire qui aurait gagné en concision si elle avait pris la forme d’une  lettre. »

24.  Démétrios, Du style, 234.

(17)

lettres présentes chez Thucydide et Salluste 25), rien qui ressemble à la minutie des  juristes, ni rien de semblable à des résumés de Tite-Live si c’est en ce sens plutôt que  dans celui de formules juridiques qu’il faut entendre les formularia Liuiana 26.

Dans les lignes qui suivent, les frontières entre lettre et discours, éloquence  écrite et éloquence parlée sont floues, quand Fronton évoque un texte qui est sans  doute tiré de la Vie de Scipion Emilien qui devait se trouver dans le De excellentibus ducibus de Cornelius Nepos 27 :

Nonne oratione eiusmodi explicari ui<s> ut Nepos de re Numantina epistulam (eo minore de bello) innectit ?

« Ne souhaites-tu pas que cela soit développé dans un discours de la même manière  que Nepos a inséré une lettre à propos de l’affaire de Numance (qui fut pourtant  moins importante au niveau militaire) ? » (Ad Ver. Imp. II, 17 : VDH2, p. 126, 10-11) On va retrouver bientôt la même ambivalence de l’écrit et de l’oral.

À la fin de sa lettre Fronton commence par évoquer la partie de la lettre où Vérus  a convaincu son frère Marc Aurèle d’accepter le titre d’Armeniacus ; il y développe  une sorte de paradoxe en utilisant une image militaire pour renvoyer à l’art oratoire,  puisque l’armée est désormais celle des mots et des idées, et que c’est par la douceur  que la victoire a été remportée :

Dausara et Nicephor<i>um et Artaxata ductu auspicioque tuo armis capta sunt, sed arcem munitam et inuictam et inexpugnabilem, quae in fratris tui pectore sita est, ad nomen Armeniaci, quod recusauerat, sumendum, quis alius quam tu aut quibus aliis tu quam eloquentiae copis adortus es ? Comitem tibi ad impetrandum adscisti exercitum, sed loquentem exercitum oratione pugnantem. In ea tu parte litterarum tuarum, ut fratrem amantem decuit, sententiis magis crebris et dulcibus usus es et uerba modulatius collocasti.

« Sous ta conduite et tes auspices, tes armées prirent Dausara, Nicéphore et Artaxata,  mais cette citadelle fortifiée, invaincue et invincible, qui est bâtie dans la poitrine de  ton frère, qui d’autre que toi l’a attaquée ou avec quelles autres troupes sinon celles  de l’éloquence, pour qu’il prît le nom d’Armeniacus, qu’il avait décliné ? Tu t’es  adjoint comme allié pour arriver à tes fins une armée, mais une armée expressive  qui se bat par le discours. Dans cette partie de ta lettre, comme il convient à un frère  aimant, tu as usé de pensées plus nombreuses et plus douces et tu as arrangé les  mots avec plus de rythme. » (Ad Ver. Imp. II, 24 : VDH2, p. 131, 13-132,1)

Ensuite, Fronton raconte que sa santé ne lui a pas permis d’assister à la séance  du Sénat où la lettre a été lue, mais qu’il en a eu plus tard le texte devant les yeux et  qu’il s’est alors adressé en son for intérieur à Marc Aurèle qu’il jugeait vaincu par  l’éloquence de son frère.

« Quid nunc meae, quid philosophorum litterae agunt ? Litteris militis uincimur. Ecquid autem pulchre scripsisse uidetur ? Numquod uerbum insolens aut intempestiuum ? Aut num ego tibi uideor gloriosum militem erudisse ? Quin, quod uotis omnibus expetisti,

25.  Van den Hout 1999, p. 300.

26.  Van den Hout 1999, p. 300, considère qu’il s’agit d’une Epitome Liuiana distincte des Periochae.

27.  Van den Hout 1999, p. 302.

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