3.12 Nombre de zéros d’une équation différentielle
Référence :H. Queffélec, C. Zuily, Éléments d’analyse, Dunod, 2002. Leçons concernées : 220, 221, 224.
Théorème 1. Soit a P R et q P C1pra, `8rq avec q ° 0 telle que ≥`8 a
a
qpuq du “ `8 et q1pxq “ opq3{2pxqq quand x Ñ `8. Alors si on considère y une solution réelle non nulle de l’équation y2` qy “ 0 sur ra, `8r et Npxq le nombre de zéros de y sur ra, xs, alors
Npxq „ 8 1 ⇡ ªx a a qpuq du. On a besoin du :
Lemme 2. Soit y1, y2 P C1pra, `8rq sans zéros communs. Si y1paq ` iy2paq “ r0ei✓0 alors
il existe r, ✓ P C1pra, `8rq telles que y
1 “ r cosp✓q et y2 “ r sinp✓q où r “
a y2 1` y22 et ✓pxq “ ✓0` ªx a wptq r2ptq dt où w “ y1y12´ y2y11.
Démonstration. On pose ' “ y1` iy2 qui ne s’annule pas par hypothèse, on considère alors
pxq “ ≥xa '1ptq
'ptq dt` logpr0q ` i✓0. On a p'e´ q1 “ p'1 ´ ' 1qe´ “ 0 et donc pour tout
x• a, 'pxqe´ pxq“ 'paqe´ paq “ r0ei✓0r0´1e´i✓0 “ 1. Ainsi, y1` iy2 “ ' “ e “ rei✓ où
r“ay2 1` y22 et ✓ “ =p q. Enfin, pxq “ logpr0q ` i✓0` ªx a y11ptq ` iy21ptq y1ptq ` iy2ptq dt “ logpr0q ` i✓0` ªx a py1 1ptq ` iy12ptqqpy1ptq ´ iy2ptqq r2ptq dt “ logpr0q ` ªx a y11ptqy1ptq ` y2ptqy12ptq r2ptq dt` i✓0` i ªx a wptq r2ptq dt d’où le résultat.
Démonstration (Théorème). Étape 1 : on commence par considérer ⌧pxq “ ≥x a
a
qpuq du pour x • a. La fonction ⌧ est ainsi par hypothèse de classe C1 strictement croissante
de ra, `8r dans r0, `8r, qui est donc bijective. On pose alors Y “ y ˝ ⌧´1, c’est-à-dire
ypxq “ Y p⌧pxqq pour tout x • a. On a alors
y1pxq “ ⌧1pxqY1p⌧pxqq “aqpxqY1p⌧pxqq y2pxq “ q1pxq
2aqpxqY
1p⌧pxqq ` qpxqY2p⌧pxqq
ainsi,
y2pxq ` qpxqypxq “ qpxqY2p⌧pxqq ` q1pxq 2aqpxqY
1p⌧pxqq ` qpxqY p⌧pxqq “ 0
c’est-à-dire que, si on pose 'ptq “ q1p⌧´1ptqq
2q3{2p⌧´1ptqq, Y est solution sur r0, `8r de
Y2` 'Y1` Y “ 0.
Étape 2 : on remarque maintenant que Y et Y1 n’ont pas de zéro commun puisque
sinon, par unicité de la solution, on aurait Y ” 0 et donc y ” 0 ce qui n’est pas possible par hypothèse. On peut alors appliquer le lemme et écrire Y “ r sinp✓q et Y1 “ r cosp✓q
avec r, ✓ P C1pra, `8rq. On obtient successivement
Y1 “ r1sinp✓q ` r✓1cosp✓q “ r cosp✓q
Y2 “ r1cosp✓q ´ r✓1sinp✓q “ ´'r cosp✓q ´ r sinp✓q.
On multiplie la première égalité par cosp✓q et la seconde par ´ sinp✓q, on ajoute les deux et on obtient : r✓1 “ rp1 ` ' cosp✓q sinp✓qq, c’est-à-dire ✓1 “ 1 ` ' cosp✓q sinp✓q et donc
|✓1ptq ´ 1| § 1
2|'pxq|. Ainsi, puisque par hypothèse 'pxq ›ÑxÑ`80, ✓1pxq ›ÑxÑ`81et donc par
intégration des équivalents, ✓ptq „ t en `8.
Étape 3 : on note alors Mptq le nombre de zéros de Y sur r0, ts. On commence par montrer par l’absurde que Mptq † `8 pour tout t. Si Mpt0q “ `8, alors l’ensemble des
zéros de Y dans r0, t0s admet un point d’accumulation u. Soit punqn une suite de zéros de
Y qui tend vers u par valeurs différentes, alors 0“ Ypunq ´ Y puq
un´ u nÑ`8›Ñ
Y1puq ce qui contredit le fait que Y et Y1 n’aient pas de zéro commun.
Étape 4 : maintenant, soit t0 • 0 tel que pour tout t • t0, ✓1ptq ° 0, alors Mptq “
Cardtu P r0, t0s, Y puq “ 0u ` Cardtu P rt0, ts, sinp✓puqq “ 0u. Or, puisque ✓ est un C1
difféomorphisme sur rt0,`8r,
Cardtu P rt0, ts, sinp✓puqq “ 0u “ Cardtv P r✓pt0q, ✓ptqs, sinpvq “ 0u
“ Cardtk P Z, ✓pt0q § k⇡ § ✓ptqu “ Z ✓ptq ⇡ ^ ´ Z ✓pt0q ⇡ ^ „ 8 t ⇡ grâce à ✓ptq „ t en `8. Ainsi, Mptq „ t ⇡ en `8.
Enfin, il est clair que Npxq “ Mp⌧pxqq et donc par composition des équivalents, on obtient le résultat.
Remarque. Si on considère a “ 1 et qpxq “ 1 4x2, on a bien ≥`8 1 a qpuq du “ `8 mais q1pxqq´3{2pxq “ ´4 et la solution de y2` 4x12y “ 0 est ypxq “ ?xpa ` b logpxqq qui a au
plus un zéro sur r1, `8r.
Commentaire : c’est un peu long, on peut éventuellement passer rapidement sur le lemme (voire ne pas le faire), et simplement justifier que M est fini partout parce que la solution n’est pas nulle.