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Validation d'une tâche de classement à l'intérieur du Virtual Multitasking Test (VMT-2) et effets du vieillissement normal

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Academic year: 2021

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Université de Montréal

Validation d’une tâche de classement à l’intérieur du Virtual Multitasking Test (VMT-2) et effets du vieillissement normal

par Claudia Lussier

Département de psychologie Faculté des arts et sciences

Essai doctoral présenté en vue de l’obtention du grade de Doctorat en psychologie – Option neuropsychologie clinique

Mai 2018

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Résumé

Le vieillissement normal est un processus évolutif caractérisé par des changements cognitifs, fonctionnels et neuroanatomiques. Les fonctions exécutives (FE), associées à l’autonomie dans les activités instrumentales de la vie quotidienne (AIVQ), sont particulièrement sensibles aux effets de l’âge. À l’heure actuelle, l’évaluation neuropsychologique de type « papier-crayon » est l’approche la plus utilisée pour décrire le profil cognitif d’une personne, toutefois, sa faible validité écologique est souvent critiquée. La réalité virtuelle (RV) est une alternative intéressante, car elle évalue le degré de fonctionnalité en reproduisant plus fidèlement la réalité du quotidien. Son utilisation auprès des aînés en est pourtant à ses débuts. Les objectifs de l’étude étaient donc (1) de différencier le comportement des adultes (18-45 ans) et des aînés (65 ans et +) cognitivement sains dans une tâche de classement intégrée dans un nouvel outil technologique d’évaluation neuropsychologique, le

Virtual Multitasking Test (VMT-2) et (2) d’étudier la validité de la tâche indépendamment de

l’âge des participants (d’une part) et en contrôlant pour l’effet de l’âge (de l’autre). L’échantillon final (n = 25) comportait 14 participants « jeunes » et 11 participants « âgés ». Les résultats indiquent que les aînés prennent plus de temps pour réaliser la tâche que les jeunes adultes, mais qu’ils ne font pas plus d’erreurs dans la réalisation de la tâche. De plus, les indices retenus dans le VMT-2 corrèlent avec certaines variables issues du bilan neuropsychologique standard, en particulier celles qui évaluent les FE. Des nuances dans l’interprétation des résultats doivent toutefois être apportées lorsque nous considérons l’effet de l’âge sur les données obtenues. En somme, le VMT-2 semble offrir la possibilité d’une évaluation valide des fonctions cognitives selon l’âge. Des travaux futurs pourraient s’intéresser à son utilisation auprès d’aînés à risque

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de développer un trouble neurocognitif (TNC) pour intervenir précocement et ainsi prolonger leur indépendance fonctionnelle.

Mots clés : Vieillissement normal, fonctions exécutives, réalité virtuelle, évaluation neuropsychologique

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Abstract

Normal aging is a natural process characterized by cognitive, functional and neuroanatomic changes. Executive functions (EF) are sensible to age effects. A dysfunction in this area is closely related to impairment in instrumental activities of daily living (IADL). To date, traditional neuropsychological evaluation is the most widely used approach for cognitive assessment. However, its low ecological validity is often questioned. Virtual reality (VR) is presented as an interesting alternative because it evaluates the degree of functionality by reproducing more accurately real-life situations. The use of VR technology in the field of cognitive aging is still at its early stages. Thus, the objectives of this research were the following: (1) to differentiate healthy younger and older adults in a sorting task of the Virtual Multitasking Test (VMT-2) and (2) to study the validity of the sorting task regardless of participants’ age, on the one hand, and by controlling for age effect on the other hand. The final sample size (n = 25) included 14 “younger adults” participants and 11 “older adults” participants. Results suggest that elderly took more time to complete the task than younger adults. Significant correlations were also found between VMT-2 measures and performance on neuropsychological measures, especially on executive functioning. However, nuances must be made when we consider the age effect. In conclusion, VMT-2 seems to be a valid tool for cognitive and functional assessment in normal aging. Future research should investigate its utilization with elderly at risk of developing a neurocognitive disorder. This can promote early intervention and thus help maintain functional independence.

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Table des matières

Résumé ... ii

Abstract ... iv

Table des matières... v

Liste des tableaux ... vii

Liste des figures ... viii

Liste des abréviations ... x

Dédicace ... xi

Remerciements ... xii

Introduction ... 1

1. Contexte théorique... 3

1.1. Effets du vieillissement normal ... 3

1.1.1. Vieillissement normal et réserve cognitive ... 3

1.1.2. Vitesse de traitement de l’information ... 4

1.1.3. Fonctions exécutives ... 5

1.2. Évaluation du fonctionnement quotidien ... 10

1.2.1. Évaluation neuropsychologique traditionnelle ... 11

1.2.2. Évaluation neuropsychologique écologique ... 12

1.2.3. Utilisation de la RV auprès des personnes âgées ... 14

2. Objectifs et hypothèses ... 18

3. Méthode ... 19

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3.2. Matériel ... 20 3.2.1. Mesures de contrôle ... 20 3.2.2. Évaluation neuropsychologique ... 23 3.2.3. Questionnaires post-immersion ... 26 3.2.4. VMT-2 ... 26 3.3. Déroulement ... 30 3.4. Analyses statistiques ... 30 4. Résultats ... 31

4.1. Caractéristiques sociodémographiques des participants ... 31

4.2. Résultats obtenus sur les mesures de contrôle ... 32

4.3. Analyses des différences dans la performance au VMT-2 (Hypothèse 1) ... 34

4.4. Analyses psychométriques : validité convergente (Hypothèse 2) ... 35

5. Discussion... 43

5.1. Différences d’âge lors de la performance au VMT-2 ... 43

5.2. Test de la validité convergente des tâches du VMT-2 ... 47

5.3. Limites de l’étude et recherches futures ... 51

Conclusion ... 54

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Liste des tableaux

Tableau 1. Caractéristiques sociodémographiques des participants ... 32 Tableau 2. Moyennes et écarts-types obtenus pour les mesures de contrôle... 33 Tableau 3. Moyennes et écarts-types obtenus aux questionnaires post-immersion ... 34 Tableau 4. Temps moyen de réalisation, succès aux tâches dans le VMT-2 et différences de

groupes ... 35

Tableau 5. Différences de moyennes entre les groupes d’âge sur les variables traditionnelles

... 36

Tableau 6. Analyses corrélationnelles (a priori et a posteriori) sans égard à l’âge entre la tâche

de classement de l’épicerie et certains indices de performance aux tests cognitifs ... 39

Tableau 7. Analyses corrélationnelles sur l’ensemble de l’échantillon entre la tâche de

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Liste des figures

Figure 1. Tracé de navigation d’un participant âgé dans l’appartement virtuel. ... 27 Figure 2. Présentation temporelle des tâches dans le VMT-2. ... 28

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Liste des abréviations

AIVQ : Activités instrumentales de la vie quotidienne AVD : Activités de la vie domestique

AVQ : Activités de la vie quotidienne

BADLS : Bristol Activities of Daily Living Scale

BADS : Behavioural Assessment of the Dysexecutive Syndrome BDI-II : Beck’s Depression Inventory

CDR : Clinical Dementia Rating CWIT : Color Word Interference Test DEX : Dysexecutive Questionnaire DFT : Design Fluency Test

D-KEFS : Delis-Kaplan Executive Function System EV : Environnement virtuel

FAB : Frontal Assessment Battery FE : Fonctions exécutives

FUCAS : Functionnal Cognitive Assessment Scale IPQ : iPresence Questionnaire

MA : Maladie d’Alzheimer MdT : Mémoire de travail

MoCA : Montreal Cognitive Assessment NASA TLX : Nasa Task Load Index

NI-VCT : Non-Immersive Virtual Coffee Task QAF : Questionnaire sur les activités fonctionnelles

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RAVT : Rey Auditory Verbal Learning Test RBMT : Rivermead Behavioural Memory Test ROCFT : Rey Osterrieth Complex Figure Test RV : Réalité virtuelle

SET : Six Elements Test

SSQ : Simulator Sickness Questionnaire STAI : State-Trait Anxiety Inventory TCL : Trouble cognitif léger

TEA : Test of Every Test TMT: Trail Making Test TNC : Trouble neurocognitif VMT-2 : Virtual Multitasking Test VR-DOT : Virtual Reality Day-Out Task VSM : Virtual Supermarket

VTI : Vitesse de traitement de l’information WCST : Wisconsin Card Sorting Test ZMT : Zoo Map Test

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À grand’man Marjo, l’avant-gardiste. Pour avoir su reconnaître l’importance de l’éducation et de l’acquisition du savoir à une époque où les femmes accédaient

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Remerciements

Tout d’abord, je tiens à remercier Frédéric Banville, mon directeur de recherche, de m’avoir accueillie sans hésitation dans son nouveau laboratoire alors que mon parcours doctoral était déjà bien entamé. Il a su me faire confiance en m’accompagnant dans ce projet de recherche clinique qui correspondait à nos champs d’intérêts communs et m’inspirait tout particulièrement. J’ai ainsi retrouvé petit à petit le goût de poursuivre mon cheminement universitaire et de croire en mes capacités. Son dévouement a aussi permis au laboratoire d’obtenir les ressources humaines et matérielles nécessaires afin d’accomplir l’impossible dans les délais qui nous étaient impartis. Je suis enfin reconnaissante de la flexibilité dont il a fait preuve et surtout, de son écoute et de son respect, qui ont été pour moi des phares.

Il s’avère important pour moi de mentionner l’appui de Docteure Elaine de Guise, directrice du programme, et de Madame Diane Lacoste, technicienne en gestion des dossiers étudiants, sans qui j’aurais facilement pu me perdre dans les méandres administratifs inhérents à mon parcours doctoral atypique.

De plus, je ne peux passer sous silence le travail de Sabrina Tabet, notre auxiliaire de recherche qui a mené de main de maître le testing, et celui de nos bénévoles. Je remercie aussi Edith Massicotte, mon acolyte, pour avoir partagé avec moi les moments de fatigue et de découragement lors de notre projet de recherche commun. Son sarcasme m’a souvent permis de dédramatiser les problèmes rencontrés pendant la rédaction.

Par ailleurs, je suis particulièrement reconnaissante envers Nus pour m’avoir nourrie, accompagnée tant de fois chez McDo pour un café et aidée à trouver le fameux bon mot ou la phrase parfaite lors de la rédaction. Une amitié unique et authentique s’est développée au cours

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de nos dernières années d’études. Je remercie parallèlement Dro, avec qui j’ai eu de drôles de dialogues franco-hispano-anglophones. Nous nous sommes néanmoins toujours comprises lorsqu’il s’agissait de statistiques ou tout simplement de manger du St-Hub ou de la poutine chez Dilallo.

Je tiens à mettre en évidence l’implication dans mon projet de recherche de mes voisins de l’autre côté du bois et de leur famille élargie. Leur nourriture et leur thé m'ont fréquemment permis de survivre alors que j'oubliais de me nourrir. Un merci spécial à Chantal qui est si souvent restée éveillée jusqu’au petit matin pour m’accompagner dans la rédaction de mon essai doctoral. J’exprime aussi ma reconnaissance à mes voisins directs qui m’ont offert une place sur leurs patios pour écrire pendant des heures, l’été, au doux son des poulettes. Enfin, je remercie les girls du secondaire que j’ai malgré moi un peu trop négligées.

Pour finir, je tiens à souligner le soutien précieux de mes familles maternelle et paternelle. Elles ont souvent toléré mon humeur maussade, mon stress dû aux échéances et mes absences fréquentes lors des réunions de famille. Une grande part de ma gratitude s’adresse à mon papa qui n’a cessé de croire en moi malgré un lot d’épreuves incessant. J’offre enfin mes remerciements à Simon, pour son amour et son soutien inconditionnel dans toutes les sphères de ma vie. Nos discussions m’ont maintes fois permis d’appréhender toutes les facettes des difficultés rencontrées lors de la rédaction. Ses doux silences et son calme ont toujours été si apaisants. Dès le début de cette longue aventure, il m’a accompagnée en acceptant sans jugement mes hauts et mes bas bien que cette dernière année n’ait pas été facile.

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Introduction

Le vieillissement de la population est à l’origine d’enjeux individuels et sociétaux, notamment sur le plan socio-économique et de la santé publique (Bherer, 2015). Ce phénomène fait référence à l’augmentation considérable de la proportion et du nombre absolu de personnes âgées à l’échelle mondiale (Organisation mondiale de la Santé, 2016). Le vieillissement de la population est typiquement attribué à l’interaction entre deux facteurs démographiques : la diminution du taux de natalité depuis les années 1960 d’une part et l’augmentation de l’espérance de vie liée à l’amélioration des conditions de vie ainsi qu’au développement scientifique et technologique d’autre part (Ministère de la Famille et des Aînés, 2012). Les projections pour 2050 prévoient que plusieurs pays, notamment en Europe et en Amérique du Nord, atteindront une proportion d’environ 30 % de personnes âgées de 60 ans et plus (Organisation mondiale de la Santé, 2016). Des tendances similaires sont observées au Canada. Selon le dernier recensement canadien, environ 13 % de la population totale était âgée de 65 ans et plus et 2,2 % de 85 ans et plus en 2016 (Statistique Canada, 2017). Les projections pour 2024 prévoient qu’environ 20,1 % de la population sera âgée de 65 ans et plus (Statistique Canada, 2015). Le Québec n’échappe évidemment pas à cette transformation démographique (Ministère de la Famille et des Aînés, 2012).

Le vieillissement est un processus évolutif qui renvoie à une série de changements, notamment à des altérations cognitives normales. Lorsqu’on observe des changements pathologiques par rapport au niveau antérieur de fonctionnement (American Psychiatric

Association, 2015) qui ne font pas partie du vieillissement normal, on parle en revanche de

troubles neurocognitifs (TNC) majeurs ou légers. La conceptualisation théorique du TNC léger est un construit en évolution dans la littérature scientifique (Petersen et al., 2014). L’American

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Psychiatric Association a publié en 2013 de nouveaux critères pour la démence et reconnaît

désormais l’existence d’un stade prédémentiel qui précède le TNC majeur, soit le TNC léger (Petersen et al., 2014). La compréhension clinique du TNC léger est principalement issue de la recherche sur le trouble cognitif léger (TCL) et par conséquent, les critères diagnostiques principaux sont les mêmes : (1) plaintes cognitives autorapportées ou rapportées par un informant; (2) présence d’un déclin cognitif objectif dans un domaine cognitif ou plus; (3) indépendance fonctionnelle essentiellement préservée et (4) absence de démence. Le TCL peut donc être considéré comme un stade de transition (phase prodromique) entre le vieillissement cognitif normal et le développement d’une démence (Petersen et al., 2014). Ainsi, certaines personnes atteintes d’un TNC léger ou TCL verront leur symptomatologie progresser vers un TNC majeur alors que d’autres retrouveront une cognition normale (Jak et al., 2009). Le masquage diagnostique (Monette et Leach, 2013) et divers facteurs de nature personnelle ou physiologique (Sachdev et al., 2013) sont associés à la réversibilité (ou non) de ce syndrome clinique.

Par ailleurs, d’importants questionnements sur les causes de la dégénérescence cognitive demeurent encore en suspens (Salthouse, 2010). Devant la croissance rapide du nombre de personnes aînées dans la population, les TNC majeurs et légers préoccupent les gouvernements et les institutions de santé (Ministère de la Famille et des Aînés, 2012). En ce sens, il est important de développer des outils d’évaluation neuropsychologique qui permettent d’identifier les aînés à risque d’évoluer vers un TNC majeur, et ce, afin d’intervenir précocement, de prolonger leur autonomie fonctionnelle et de retarder leur institutionnalisation. L’accès à des outils valides et fiables afin d’évaluer le fonctionnement cognitif des personnes âgées de manière écologique, c’est-à-dire de façon à tracer un profil des habiletés fonctionnelles telles

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que retrouvées dans le quotidien, apparaît essentiel. L’essor technologique a d’ailleurs permis le développement de nouveaux outils d’évaluation tels que ceux disponibles via la réalité virtuelle (RV), de plus en plus reconnue pour sa validité écologique (Nolin et al., 2013; Zucchella et al., 2014). Cependant, étant donné le caractère encore exploratoire des recherches sur la RV, il est essentiel de déterminer les compétences des aînés concernant la technologie puisqu’ils ont, à ce jour, été moins exposés aux ordinateurs que les jeunes adultes. Le développement d’outils d’évaluation passe ainsi par une meilleure connaissance du comportement des aînés, reconnus comme étant « cognitivement sains », face aux nouvelles technologies et plus particulièrement, en interaction avec un environnement virtuel (EV).

1. Contexte théorique

1.1. Effets du vieillissement normal

1.1.1. Vieillissement normal et réserve cognitive

Il est établi que le vieillissement normal peut influencer le fonctionnement cognitif dont la mémoire épisodique, la vitesse de traitement de l’information (VTI), la mémoire de travail (MdT) et quelques processus exécutifs (Bherer, 2015) tels que la flexibilité mentale, la planification et l’inhibition (Collette et Salmon, 2014). Il existe cependant une hétérogénéité dans le vieillissement cognitif dit normal (Bherer, 2015). Ce phénomène peut s’observer à travers différentes fonctions alors que certaines tendent à être altérées et d’autres sont préservées. Par exemple, la mémoire sémantique, qui réfère aux informations et connaissances sur le monde acquises avec le temps (p. ex. vocabulaire, idées et concepts), semble être plus résistante au vieillissement (Calso, Besnard et Allain, 2016) que la mémoire autobiographique. Il existe aussi une variabilité interindividuelle qui s’accroît avec l’âge et qui se reflète dans la

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manière dont les changements cognitifs s’opérèrent pour chaque individu (Bherer, 2015; Salthouse, 2010). Certains individus vivent des changements cognitifs alors que d’autres demeurent relativement stables ou continuent de s’améliorer tout au long de leur vie (Salthouse, 2010). En ce sens, le concept de réserve cognitive « postule que les différences interindividuelles dans les processus cognitifs ou réseaux neuronaux impliqués dans la réalisation de tâches permettent à certains individus de mieux faire face que d’autres aux dommages cérébraux » (traduction libre; Stern, 2009, p. 2016). Une littérature abondante documente d’ailleurs l’association entre certaines expériences de vie qui stimulent la cognition (p. ex. activités éducatives et de loisirs) et la diminution du risque de développer une démence ou un ralentissement du déclin mnésique dans le vieillissement normal (Stern, 2009). Bref, selon leur « niveau de réserve cognitive », les individus sont plus ou moins bien outillés pour faire face aux enjeux liés au vieillissement, ce qui engendre une hétérogénéité des profils cognitifs dans la population normale vieillissante.

1.1.2. Vitesse de traitement de l’information

Le ralentissement cognitif est susceptible d’avoir des répercussions non négligeables dans les activités de la vie quotidienne (AVQ) et les activités de la vie domestiques (AVD) des personnes âgées. Une étude a notamment démontré que la diminution de la VTI compte parmi l’un des trois facteurs prédicteurs de l’arrêt de la conduite automobile (Edwards, Bart, O’Connor et Cissel, 2010). Parmi les hypothèses avancées pour comprendre les perturbations cognitives dans le vieillissement normal, celle du ralentissement cognitif, et plus précisément de la diminution de la VTI, est souvent mise de l’avant dans la littérature (Salthouse, 1991; Salthouse, 1996). Deux mécanismes peuvent expliquer la relation qui existe entre la VTI et la cognition.

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D’une part, le mécanisme du temps limité propose que les opérations cognitives doivent être achevées à l’intérieur du temps imparti et que le temps utilisé pour résoudre des opérations mentales à un temps t, réduit considérablement celui disponible pour résoudre les opérations ultérieures à ce temps t. En d’autres termes, le temps nécessaire pour réaliser les opérations ultérieures est grandement limité par celui pris pour réaliser les opérations antérieures. D’autre part, le mécanisme de simultanéité propose que la disponibilité de l’information en termes de quantité et de qualité diminue avec le temps. Par conséquent, plus la vitesse de traitement des opérations à un temps t est lente, plus les informations pertinentes sont susceptibles de se perdre dans la MdT, ce qui ne peut qu’affecter la réalisation des opérations subséquentes et engendrer des erreurs (Salthouse, 1996).

1.1.3. Fonctions exécutives

Par définition, les fonctions exécutives (FE) renvoient à un ensemble de capacités qui permettent à un individu de s’adapter à des situations nouvelles. Elles soutiennent aussi plusieurs autres habiletés cognitives, émotionnelles et sociales (Lezak, Howieson, Bigler et Tranel, 2012). Elles sont typiquement associées aux lobes frontaux et plus spécifiquement, au cortex préfrontal dorsolatéral et ventral (Stuss et Levine, 2002). Il n’existe toutefois aucune définition consensuelle des FE dans la littérature (Calson, Besnard et Allain, 2016). De façon générale, les auteurs considèrent qu’elles renvoient à un terme générique qui regroupe un ensemble de sous-composantes dites de haut niveau telles que la planification, la MdT, l’inhibition, la flexibilité mentale (ou l’alternance), la mise à jour, la résistance à l’interférence et la résolution de problèmes (Calso, Besnard et Allain, 2016; Chan, Shum, Toulopoulou et Chen, 2008; Sorel et Pannequin, 2008; Stuss et Levine, 2002). Les FE sont impliquées dans le

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contrôle et la régulation des opérations cognitives dites de bas niveau (Stuss et Levine, 2002) telles que les processus perceptifs, la mémoire, le langage et la motricité.

Des épreuves neuropsychologiques traditionnelles ont été développées dans le but d’évaluer le fonctionnement exécutif. Par exemple, les tâches de classement ou de sorting évaluent l’abstraction, la catégorisation, l’organisation de l’information, la planification et la flexibilité mentale. Plus spécifiquement, elles impliquent la capacité à déduire un principe de classification ou de catégorisation et à le modifier (mettre à jour) en réponse aux contingences environnementales, c’est-à-dire à la rétroaction (Strauss, Sherman et Spreen, 2006). Selon Stuss et Levine (2002), plusieurs processus cognitifs sont susceptibles d’influencer la performance aux tâches de sorting comme la génération et l’identification de concepts, l’attention soutenue, l’utilisation de la rétroaction pour orienter ses actions et la résistance à l’interférence. Les auteurs précisent que, lorsque plusieurs concepts sont possibles au cours de la tâche, des capacités d’alternance et d’inhibition de réponses persévératives sont aussi sollicitées.

L’altération du fonctionnement exécutif ne semble pas affecter l’ensemble du système frontal, mais plus particulièrement la région frontale dorsolatérale qui implique notamment les processus d’inhibition, de planification, de flexibilité, de déduction de règles et de MdT (Allain, Kauffmann, Dubas, Berrut et Le Gall, 2007). Le déclin exécutif observé dans le vieillissement normal tend à être sélectif. En ce sens, des différences au sein d’un même processus exécutif sont observées et peuvent se traduire par la préservation d’un mécanisme et l’altération d’un autre (pour une revue de la littérature, voir Collette et Salmon, 2014). En outre, des variables non exécutives telles que la VTI (Salthouse, 1991; Salthouse, 1996) et la MdT (Hartman, Bolton et Fehnel, 2001) sont susceptibles d’influencer les capacités exécutives des personnes âgées.

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Flexibilité mentale. Des changements cognitifs sont aussi observés dans les tâches qui évaluent principalement le processus de flexibilité mentale (Calso, Besnard et Allain, 2016; Collette et Salmon, 2014). Par exemple, le temps de complétion (en secondes) et le taux d’erreurs (en pourcentages cumulatifs) du Trail Making Test (TMT) augmentent avec l’avancement en âge (55 à 74 ans versus 75 à 98 ans) (Ashendorf et al., 2008). Les personnes âgées ont également de moins bonnes performances que les jeunes à plusieurs variables du

Wisconsin Card Sorting Test (WCST) : perseverative responses, perseverative errors, trials to

1st category, failure to maintian set (Ashendorf et McCaffrey, 2008). L’hypothèse avancée par

ces auteurs pour expliquer le déclin de la performance avec l’avancée en âge est l’utilisation inefficace de la rétroaction fournie par l’évaluateur. Dans la même perspective, Crawford et ses collaborateurs (2000) ont trouvé que l’augmentation de l’âge est négativement liée aux résultats d’une version modifiée du test de classement de cartes de Wisconsin. Par ailleurs, la diminution des capacités de flexibilité cognitive semble varier selon le processus d’alternance impliqué (Collette et Salmon, 2014). Les aînés seraient particulièrement sensibles aux coûts de la

flexibilité globale alors qu’ils ne seraient pas vraiment affectés par ceux de la flexibilité locale

(pour une méta-analyse, voir Wasylyshyn, Verhaeghen et Sliwinski, 2011). Plus spécifiquement, la flexibilité globale exige que la personne alterne entre deux tâches différentes, dont une génère de l’interférence, ce qui exige de maintenir et de coordonner deux tâches en MdT. La flexibilité locale fait simplement appel à la capacité à alterner entre deux tâches similaires, ce qui sollicite, entre autres, une bonne attention sélective et alternée (Collette et Salmon, 2014; Wasylyshyn, Verhaeghen et Sliwinski, 2011).

Planification. Le vieillissement normal s’accompagne de difficultés dans les tâches qui impliquent la planification d’actions mentales et motrices (Collette et Salmon, 2014). Par

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exemple, la performance à la Tour de Hanoï diminue avec l’âge. Il semble que la combinaison entre la VTI et l’alternance compte pour 58,33 % de la performance obtenue dans la construction de tours avec trois disques (Sorel et Pennequin, 2008). Une telle diminution de la performance est aussi observée à la Tour de Londres (Bugg, Zook, DeLosh, Davalos et Davis, 2006). Finalement, les aînés ont de moins bons résultats dans les tâches de planification qui requièrent de résoudre des labyrinthes (p. ex. Porteus Maze) (Daigneault, Braun et Whitaker, 1992).

Mémoire de travail. La MdT, qui renvoie à la capacité à maintenir et à manipuler temporairement de l’information, semble diminuer au cours du vieillissement normal (Calso, Besnard et Allain, 2016; Calso, Collette et Salmon, 2014). Ce type de mémoire est très important dans la vie quotidienne, car il permet aux individus de suivre une conversation sans perdre le fil ou de se souvenir de ce qui vient juste d’être lu. Gras et ses collaborateurs (2012) ont démontré que la diminution de la MdT avec l’avancement en âge explique les difficultés dans l’apprentissage des instructions d’un itinéraire chez les personnes âgées. En outre, la MdT est typiquement évaluée par des mesures d’empan verbal ou visuospatial dans lesquelles la personne doit restituer immédiatement les stimuli présentés en ordre inverse (Park et Payer, 2006). Les tâches de MdT nécessitent l’intervention de deux processus dont les actions sont complémentaires, soit le stockage et le traitement de l’information. Les effets de l’âge semblent ainsi plus prononcés pour les tâches de MdT que pour les tâches de mémoire à court terme, lesquelles ne requièrent que le stockage de l’information (pour une méta-analyse, voir Bopp et Verhaeghen, 2005).

Inhibition. Une diminution des capacités d’inhibition est observée avec l’avancée en âge (Collette et Salmon, 2014). Les défauts d’inhibition sont entre autres apparents dans la condition incongruente de la tâche de Stroop qui vise à nommer la couleur d’un mot tout en inhibant la

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lecture de ce mot (p. ex. nommer la couleur de l’encre du mot « bleu » écrit en « rouge ») (Andrés, Guerrini, Phillips et Perfect, 2008; Sorel et Pannequin, 2008; Spieler, Balota et Faust, 1996). La lecture du mot interfère donc sur la dénomination de la couleur. Une dissociation existe toutefois entre l’inhibition exécutive (ou contrôlée) et l’inhibition automatique (ou non intentionnelle) (Collette et Salmon, 2014). On appelle cette inhibition automatique le paradigme d’amorçage négatif, observé pour la première fois par Dalrymple-Alford et Budayr (1966). Il a été plus tard repris par Tipper (1985). Il s’agit de l’augmentation du délai de réponse lorsqu’on présente à la personne des paires d’items dont l’un passe du statut de non-cible dans le premier essai séquentiel à celui de cible dans le suivant, comparativement aux essais contrôles dans lesquels les items ne se répètent jamais où le délai de réponse est moindre. Ce phénomène s’explique par le fait que dans les essais séquentiels, l’inhibition du premier item non-cible vient perturber l’évocation dudit item dans le deuxième essai lorsque ce dernier devient la cible. La dissociation est illustrée par le fait que la performance des aînés est plus affectée dans les tâches d’interférence de Stroop et de Stop-Signal (c.-à-d. que l’effet d’interférence est plus important chez les aînés; inhibition exécutive) que dans les tâches qui font appel au paradigme d’amorçage négatif (inhibition automatique). On constate en effet que l’inhibition des aînés est préservée au même titre que celle des jeunes et que leur délai de réponse est similaire (Andrés, Guerrini, Phillips et Perfect, 2008).

En résumé, le vieillissement normal est associé à divers changements cognitifs. Certains auteurs considèrent que la diminution de la VTI est l’un des principaux phénomènes qui permettent d’expliquer la détérioration des fonctions cognitives dans le vieillissement normal. En outre, les causes de ce ralentissement cognitif général, très certainement multifactorielles, n’ont pas encore été clairement identifiées (Kerchner et al., 2012). L’hypothèse d’un lien entre

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l’âge et des changements de l’intégrité de la matière blanche est fréquemment soulevée dans la littérature (Abe et al., 2002; Bennett et al., 2010; Kerchner et al., 2012). Ce phénomène, aussi associé au vieillissement, est mesuré à l’aide de différentes techniques telles que l’imagerie du tenseur de diffusion (DTI), une technique basée sur l’imagerie par résonnance magnétique (MRI). Notons également que des corrélations sont trouvées entre les mesures de DTI et de vitesse de traitement dans des tâches exécutives et de MdT qui sont plus exigeantes cognitivement (Charlton et al., 2008). Enfin, l’avancement en âge semble principalement affecter les lobes frontaux, lesquels sous-tendent les FE. Celles-ci jouent sans contredit un rôle important dans la préservation de l’autonomie fonctionnelle et rendent possible la participation active à la vie en société (Calso, Besnard et Allain, 2016). Les altérations cognitives associées au vieillissement normal ont nécessairement un impact plus ou moins prononcé (p. ex. ne pas prendre sa médication adéquatement à plusieurs reprises par rapport à avoir de la difficulté à se souvenir où l’on a mis ses clés) sur le fonctionnement quotidien et l’indépendance des aînés (pour une revue de la littérature voir, Ball, Ross et Viamonte, 2010; Collette et Salmon, 2014).

1.2. Évaluation du fonctionnement quotidien

Depuis quelques années, un changement s’opère en neuropsychologie pour laisser place au développement de tâches destinées à mesurer les aspects fonctionnels du comportement des aînés (Marcotte et Grant, 2010). De manière générale, les auteurs font la distinction entre les AVQ et les activités instrumentales de la vie quotidienne (AIVQ) (Tarnanas et al., 2013). Les AVQ font référence aux besoins de base tels que se déplacer, s’habiller, s’alimenter et se laver. Les AIVQ facilitent pour leur part l’autonomie fonctionnelle par divers moyens tels que

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l’utilisation de transport, la gestion des finances et la gestion de la médication et l’entretien de la maison (Tarnanas et al., 2013).

La plupart des tests ont tendance à tracer un profil de performance dans un domaine spécifique (p. ex. les FE) ou à donner une opinion en regard de la capacité à utiliser une fonction cognitive (p. ex. la planification). Les fonctions cognitives sont généralement mesurées de manière isolée et dans des situations artificielles (Allain et al., 2014). Cependant, dans les approches dites fonctionnelles, naturelles ou écologiques de l’évaluation neuropsychologique, les performances recueillies lors de la réalisation d’AIVQ permettent, pour leur part, de comprendre les difficultés fonctionnelles et de prédire le fonctionnement quotidien des personnes âgées (Vanghan et Giovanello, 2010). À l’heure actuelle, encore peu de méthodes objectives et écologiques sont disponibles pour évaluer les AVQ et les AIVQ (Allain et al., 2014) de manière naturelle. Bref, il est tout à fait pertinent de développer ce type d’outils qui permettent de décrire le fonctionnement quotidien d’une personne dans le contexte du vieillissement normal et pathologique.

1.2.1. Évaluation neuropsychologique traditionnelle

L’évaluation neuropsychologique implique typiquement des épreuves dites de type papier-crayon (Zucchella et al., 2014). Les épreuves traditionnelles sont reconnues pour être réalisées dans un environnement standardisé à l’abri des distractions et de l’influence de variables confondantes. Ce type d’approche est souvent critiqué pour sa faible validité écologique (Nolin, Banville, Cloutier et Allain, 2013). La validité écologique des épreuves traditionnelles qui évaluent le fonctionnement exécutif est faible à modérée, variant entre r ≤ 0,24 et r ≤ 0,5 (Lewis, Babbage et Leathem, 2011). Elles sont par conséquent plus ou moins

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généralisables et représentatives du quotidien (Burgess et al., 2006). La faible validité en regard du fonctionnement quotidien des épreuves neuropsychologiques peut s’exprimer différemment selon les situations. D’une part, des difficultés importantes peuvent ressortir lors des épreuves malgré la présence d’une autonomie fonctionnelle adéquate (Lewis, Babbage et Leathem, 2011). D’autre part, une bonne performance aux épreuves neuropsychologiques peut être observée malgré un fonctionnement quotidien problématique (Shallice et Burgess, 1991). Par ailleurs, l’évaluation des AVQ et AIVQ à l’aide de questionnaires autorapportés et remplis par les proches ou les cliniciens (p. ex. Lawton-Brody IADL scale; Lawton et Brody, 1969) n’atteignent généralement pas un niveau comparable en termes de spécificité et de validité écologique par rapport aux EV (Allain et al., 2014). Une meilleure validité écologique permet pourtant de mieux prédire le fonctionnement de l’individu dans la vie quotidienne (Nolin, Banville, Cloutier et Allain, 2013), ce qui représente un avantage considérable.

1.2.2. Évaluation neuropsychologique écologique

L’approche écologique renvoie au degré avec lequel la performance à une épreuve neuropsychologique correspond à la performance dans l’environnement réel (Chaytor et Schmitter-Edgecombe, 2003). Il existe deux approches pour aborder ce type d’outils d’évaluation. Premièrement, la véridicalité renvoie à la capacité des tests existants à prédire les capacités cognitives de l’individu dans son quotidien (Chaytor et Schmitter-Edgecombe, 2003). Deuxièmement, la vérisimilitude renvoie au degré avec lequel les demandes cognitives d’un test s’apparentent à celles retrouvées dans le quotidien (Chaytor et Schmitter-Edgecombe, 2003). Cette approche de la validité écologique (c.-à-d. la vérisimilitude) implique d’abandonner la conception actuelle reliée à la structure des tests existants afin de se tourner

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vers le développement de nouveaux outils qui reproduisent plus fidèlement la réalité du quotidien.

Devant cet intérêt d’une neuropsychologie du quotidien, quelques épreuves neuropsychologiques standardisées ont été élaborées suivant le principe de vérisimilitude (Chaytor et Schmitter-Edgecombe, 2003) telles que le Test of Everyday Attention (TEA; Robertson, Ward, Ridgeway et Nimmo-Smith, 1996), le Behavioral Assessment of the

Dysexecutive Syndrome (BADS; Wilson, Alderman, Burgess, Emslie et Evans, 1996) et le

Rivermead Behavioral Memory Test (RBMT; Wilson, Cockburn et Baddeley, 1985). Bien

qu’écologiques, ces outils demeurent encore proches des outils de type papier-crayon qui caractérisent l’approche traditionnelle. Pour contourner cet inconvénient, d’autres auteurs ont choisi d’évaluer les personnes dans un environnement réel (p. ex. un centre d’achat) afin d’évaluer les comportements dirigés vers un but. C’est notamment le cas du Multiple Errand

Test (Shallice et Burgess, 1991). Ce type d’épreuve manque toutefois de standardisation et

dépend des imprévus pouvant survenir dans l’environnement lors de l’évaluation. La RV est alors apparue comme un outil pertinent sur le plan de l’évaluation puisqu’elle permet d’obtenir une meilleure standardisation et un meilleur contrôle environnemental tout en reproduisant le quotidien. Pratt, Zyda et Kelleher (1975) définissent la RV comme étant l’utilisation d’une interface simulée par ordinateur dans laquelle la personne entre en interaction, en temps réel, avec les objets présents dans l’EV. En d’autres termes, la RV reproduit le plus fidèlement possible la vie réelle dans une condition de laboratoire qui emploie les technologies informatiques (Wilson, Foreman et Stanton, 1997). Les EV peuvent être développés en suivant deux modes. En mode non immersif, l’individu réalise la tâche en utilisant un ordinateur de bureau ou une tablette. En mode immersif, l’individu a recourt à un appareillage sophistiqué qui

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lui permet de s’isoler des stimuli du monde physique qui l’entoure, ce qui maximise ses interactions avec l’EV (Davison, Deeprose et Terbeck, 2017) ainsi que le sentiment d’être réellement immergé dans celui-ci.

Grâce à une standardisation rigoureuse, les tâches de RV offrent des données plus précises en ce qui concerne l’exactitude et le temps de réponse et atteignent une sensibilité qui n’est pas envisageable par l’approche traditionnelle d’évaluation (Wild, Howieson, Webbe, Seelye et Kaye, 2008). Ce type d’approche, potentiellement plus sensible, rend finalement possible la détection précoce des changements cognitifs chez les personnes âgées (Wild, Howieson, Webbe, Seelye et Kaye, 2008), un avantage non négligeable dans le contexte actuel de vieillissement de la population.

1.2.3. Utilisation de la RV auprès des personnes âgées

Ang et ses collaborateurs (2007) ont démontré que les EV peuvent générer une surcharge cognitive, d’autant plus importante que l’individu est moins familier avec la technologie. Ceci est pertinent considérant le fait que les personnes âgées de 60 ans et plus éprouvent plus de difficultés avec la technologie, dont l’utilisation des ordinateurs (Sayer, 2004). En ce sens, notre équipe de recherche s’est intéressée à la manière dont les aînés se comportent dans les EV comparativement aux adultes plus jeunes (Banville et al., 2017; Verhulst et al., 2017). Pour ce faire, nous avons amélioré la première version de notre outil de RV en développant le Virtual

Multitasking Test (VMT-2), un appartement virtuel (composé de 6 ½ pièces) dans lequel la

personne est appelée à réaliser différentes AIVQ qui sollicitent à la fois la mémoire prospective et les FE (Verhulst et al., 2017). Elle doit donc, dans le scénario proposé, ranger son épicerie, répondre au téléphone, faire sécher une chemise, envoyer un fax et nourrir des poissons, ce qui

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implique la réalisation de plusieurs actions et plusieurs déplacements d’une pièce à l’autre. En résumé, nos résultats démontrent que les aînés ne performent pas de la même manière et qu’ils présentent plus de difficultés de navigation dans l’EV. Tout d’abord, les aînés prennent significativement plus de temps pour réaliser une tâche complexe dans un EV, accomplissent moins d’actions et présentent un patron de navigation moins efficace et plus saccadé (Verhulst et al., 2017). En effet, ils prennent plus de temps pour mettre en œuvre les activités, ce qui a pour conséquence l’accomplissement de plusieurs tâches en simultanée vers la fin de la navigation. Pour éviter une telle situation, la personne doit donc faire appel à ses habilités multitâches et par conséquent, à ses FE. Les personnes âgées, moins aptes à une telle gestion, voient parfois leur charge cognitive augmenter. Des oublis peuvent ainsi survenir (Verhulst et al., 2017). Une autre de nos études démontre justement qu’un EV où la navigation est davantage sollicitée génère une plus grande charge cognitive chez les aînés qu’un environnement qui permet la réalisation d’une tâche sans déplacement (Banville et al., 2017). En somme, nos résultats mettent en évidence le besoin de tenir compte des effets de l’âge lors de l’utilisation des EV avec les aînés cognitivement sains.

Par ailleurs, des études se sont intéressées à l’utilisation de la RV auprès de personnes qui présentent des déficits cognitifs, souvent liés aux TNC. L’évaluation du fonctionnement exécutif est souvent ciblée dans le développement des tâches que ce soit en mode immersif ou non. De fait, les difficultés observées sur le plan exécutif tendent à se traduire dans le comportement de l’individu (Tarnanas et al., 2013). Par exemple, le Virtual Reality Day-Out Task (VR-DOT; Tarnanas et al., 2013) propose un environnement multitâche simulant une évacuation dans un contexte d’incendie. L’outil cherche à mesurer la mémoire prospective et le raisonnement dans une situation d’urgence complexe. Les résultats indiquent que le VR-DOT permet de faire la

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discrimination entre les personnes âgées cognitivement saines et celles qui ont des troubles cognitifs. De fortes corrélations sont aussi observées avec certaines mesures cognitives et fonctionnelles traditionnelles, soit le Mini-Mental State Examination (MMSE) et le Bristol

Activities of Daily Living Scale (BADLS).

Pour leur part, Allain et ses collègues (2014) ont utilisé le Non-Immersive Virtual Coffee

Task (NI-VCT), un outil développé dans le but d’évaluer les habiletés nécessaires à la réalisation

d’un café avec du lait et du sucre. Le but de l’étude était d’évaluer la pertinence d’utiliser le NI-VCT dans l’évaluation des AIVQ chez des personnes ayant la MA. La performance à cette tâche a été comparée à la préparation d’une tasse de café dans un environnement réel, au fonctionnement cognitif (MMSE) et au fonctionnement exécutif global (Frontal Assessment

Battery; FAB) ainsi qu’à un questionnaire rempli par un proche sur les AIVQ. L’étude a mis en

lumière trois résultats principaux. Premièrement, les participants ayant la maladie d’Alzheimer (MA) obtiennent de moins bonnes performances que les personnes âgées cognitivement saines à toutes les tâches. Deuxièmement, les mesures du NI-VCT (Time to completion,

Accomplishment score, Total errors, Omission errors, Commission errors) sont corrélées à

l’ensemble des mesures neuropsychologiques. Troisièmement, la performance au NI-VCT permet de prédire la performance à la tâche dans l’environnement réel et le résultat au questionnaire rempli par un proche.

De plus en plus de chercheurs s’intéressent au développement de tâches évaluant les FE dans un supermarché virtuel. Le Virtual Supermarket (VSM; Zygouris et al., 2014) a été conçu dans cette perspective. L’outil recrée une activité très familière de la vie quotidienne en mode non immersif. La personne est appelée à naviguer dans l’EV pour acheter les produits d’une liste préétablie et à procéder au paiement. Le VSM permet de voir que les adultes âgés

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cognitivement sains obtiennent de meilleures performances que les participants ayant un TCL. Les variables tirées du VMS (Duration, Correct Types, Correct Quantities, Bought Unlisted) sont corrélées significativement avec plusieurs mesures neuropsychologiques (MMSE, Rey

Auditory Verbal Learning Test [RAVT], Rey Osterrieth Complex Figure Test [ROCFT],

Rivermead Behavioural Memory Test [RBMT], Test of Every Test [TEA], TMT part B) et

échelles fonctionnelles (Functionnal Cognitive Assessment Scale [FUCAS], Clinical Dementia

Rating [CDR]). La plupart des corrélations trouvées sont modérées. On observe toutefois deux corrélations fortes entre la mesure Duration du VSM, le TEA ainsi que le Trail B.

Très récemment, un outil de RV en mode immersif a été développé dans le but d’évaluer les FE chez les adultes jeunes et âgés en bonne santé cognitive (Davison, Deeprose et Terbeck, 2017). L’outil comporte trois tâches distinctes qui requièrent que le participant ignore les éléments non pertinents et se concentre sur l’atteinte de ses objectifs dans un temps donné. La première tâche est une application qui simule l’action de stationner un véhicule (parking

simulator). Les deuxième et troisième tâches se déroulent dans un laboratoire virtuel de chimie.

Il s’agit d’arranger la salle et de localiser une variété de produits ou d’informations dans le laboratoire (chemistry lab tasks). De manière générale, l’étude a montré des résultats probants. Des corrélations significatives ont été trouvées entre les tâches de RV (parking simulator et

chemistry lab tasks) et la performance aux épreuves traditionnelles (Stroop colour-word Test et

TMT). Certaines mesures de la RV ont également permis de différencier les jeunes adultes et les personnes âgées. Par exemple, les jeunes ont terminé, en moyenne, plus de niveaux lors de la simulation de stationnement. Ils ont aussi placé significativement plus de produits dans la salle et ont localisé significativement plus de produits dans les deux sous-tâches réalisées dans le laboratoire virtuel de chimie.

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Pour conclure, l’évaluation neuropsychologique de type papier-crayon est l’approche la plus couramment utilisée pour décrire le profil cognitif. Le recours à la RV demeure une alternative complémentaire prometteuse. En effet, elle met l’accent sur l’importance d’une neuropsychologie du fonctionnement quotidien et sur l’évaluation écologique des AIVQ. L’utilisation de la RV chez les aînés en est encore à ses balbutiements. Les outils technologiques jusqu’à présent développés tracent toutefois la voie à des perspectives intéressantes. En ce sens, tel que mentionné précédemment, notre équipe de recherche a récemment créé un outil de RV, le VMT-2, dans le but d’évaluer le degré de fonctionnalité dans le quotidien en considérant le caractère multitâche des AVQ lors de la réalisation d’une tâche de classement.

2. Objectifs et hypothèses

Le premier objectif de cette étude pilote visait à différencier le comportement des jeunes adultes et des aînés cognitivement sains dans une tâche de classement (sorting) simulant une AVQ à charge cognitive élevée, c’est-à-dire ranger l’épicerie en étant interrompu par des imprévus, principalement des appels téléphoniques. Le deuxième objectif était d’étudier la validité de la tâche de classement en considérant l’effet possible de l’âge.

Nos hypothèses de recherche étaient les suivantes :

1. Il est attendu que les personnes âgées prennent plus de temps pour réaliser la tâche de classement et fassent plus d’erreurs dans le classement des articles d’épicerie que les adultes plus jeunes.

2.1. Il est attendu que les variables du VMT-2 (temps total de réalisation de la tâche de classement de l’épicerie, nombre d’erreurs dans le classement des fruits et légumes, nombre d’erreurs dans le classement des aliments frais) soient corrélées à aux

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épreuves cognitives qui mesurent la flexibilité mentale, la planification et l’inhibition.

2.2. Il est aussi attendu que les corrélations obtenues entre les indices tirés de la RV et les indices issus de l’évaluation traditionnelle soient influencées par l’âge des participants.

3. Méthode 3.1. Participants

L’échantillonnage utilisé pour réaliser ce devis quasi-expérimental a été de type mixte, c’est-à-dire combinant un échantillonnage par réseau et par convenance. Au terme de cette démarche, 30 participants ont été recrutés et deux groupes ont été formés sur la base de l’âge. Le recrutement a été effectué dans la communauté, c’est-à-dire à l’Université de Montréal (au moyen de publicités télévisées et de la banque de participants de HEC) et à la Société Alzheimer de Lanaudière (grâce à des affiches pour l’inclusion de participants âgés sains, généralement des proches aidants). Les critères d’inclusion étaient les suivants : (1) être âgé de 18 à 45 ans ou de 60 à 87 ans et (2) avoir une bonne maîtrise du français. Les critères d’exclusion étaient les suivants : (1) avoir un trouble de vision ou d’audition non corrigé; (2) avoir un trouble neurologique ou psychiatrique diagnostiqué; (3) avoir une maladie chronique non contrôlée (p. ex. hypothyroïdie non médicamentée) ou pouvant interférer avec la cognition (p. ex. maladie pulmonaire obstructive chronique) et (4) obtenir un score au Montreal Cognitive Assessment (MoCA) inférieur à 26 (Nasreddine et al., 2005). Au total, trois participants jeunes et deux participants aînés ont été exclus en raison de leur résultat au MoCA (n = 3) ou en raison d’un problème technique (n = 2) provenant directement d’un dysfonctionnement des équipements.

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3.2. Matériel

Le degré d'aisance avec l’utilisation d’un ordinateur a été subjectivement évalué sur une échelle allant de 0 (nulle) à 100 (très élevée). La question suivante a été posée avant l’immersion dans l’EV : « Sur une échelle de 0 à 100, à combien estimez-vous votre aisance sur un ordinateur ? ».

3.2.1. Mesures de contrôle

Le MoCA (Nasreddine et al., 2005) a été utilisé comme mesure d’exclusion. Il s’agit d’un outil de dépistage bref des atteintes cognitives en lien avec l’âge. Le participant doit répondre à de courtes questions. Le seuil diagnostique proposé pour distinguer les personnes atteintes de dysfonctionnement cognitif est de 26/30. Ce questionnaire de type papier-crayon comprend six sous-sections qui couvrent huit domaines cognitifs. Les capacités visuospatiales sont évaluées avec le dessin de l’horloge (3 points) et la copie en trois dimensions d’un cube (1 point). L’évaluation des FE se fait au moyen d’une adaptation de la tâche d’alternance du TMT-B (1 point), d’une tâche de fluence phonémique (1 point) et d’une tâche d’abstraction verbale (2 points). L’attention, la concentration et la MdT sont évaluées avec une tâche de séquence de chiffres à l’endroit et à l’envers (2 points), avec une tâche d’attention soutenue où la personne doit taper de la main à chaque lettre A d’une série de lettres (1 point) et avec une tâche de soustraction sérielle de 7 à partir de 100 (3 points). L’évaluation de la mémoire comporte l’apprentissage d’une liste de 5 mots (pas de point) et le rappel différé des mots sans indices après cinq minutes (5 points). Le langage est évalué à l’aide d’une tâche de dénomination d’images (3 points), de la répétition de deux phrases complexes sur le plan syntaxique (2 points) et de la tâche de fluence phonémique présentée ci-dessus. Enfin, l’orientation dans le temps et

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l’espace est évaluée (6 points). Les propriétés psychométriques du MoCA pour un score limite de 26/30 révèlent des indices de sensibilité de respectivement 90 % et 100 % dans la détection du TCL et de la MA. L’indice de spécificité globale est de 87 %. Le MoCA obtient finalement des valeurs prédictives positives et négatives de respectivement 89 % et 91 % pour le TCL et de 89 % et 100 % pour la MA (Nasreddine et al., 2005).

L’épreuve des 5 mots de Dubois (Dubois et al. 2002) a été employée pour évaluer rapidement les capacités mnésiques des participants et s’assurer qu’elles soient similaires entre les deux groupes. Ce dépistage est important puisque les participants doivent se souvenir des consignes à respecter lors de la navigation dans l’EV. Ce test permet la différenciation entre les troubles d’encodage et de la récupération de l’information en mémoire. Un score total pondéré sur 20 est obtenu en additionnant le score de deux variables, soit le rappel immédiat (10 points) et le rappel différé (10 points) d’une liste de cinq mots. Pour chaque rappel (immédiat et différé), la personne obtient un score de bonnes réponses rappelées spontanément ou par indiçage. Un rappel libre sans erreur donne 2 points par mot, un rappel indicé donne 1 point par mot et un rappel indicé échoué donne 0 point par mot. L’évaluateur doit aussi indiquer les intrusions sur la feuille de cotation. Un résultat ≤ 18 (seuil diagnostique) est souvent indicateur de la présence d’un trouble de la mémoire qui requiert une investigation plus approfondie. En outre, le temps de passation est estimé à cinq minutes. L’épreuve des 5 mots de Dubois présente de bonnes propriétés psychométriques pour la détection de la MA dans la population générale (Cowppli-Bony et al., 2005). En effet, pour un score total pondéré ≤ 18, l’indice de sensibilité est de 83,6 % et l’indice de spécificité de 84,9 % dans la prédiction de la MA. L’épreuve obtient des valeurs prédictives positives et négatives de respectivement 9,1 % et 99,7 %.

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Deux questionnaires autorapportés ont été utilisés dans l’étude afin de dépister la présence ou non de problèmes en lien avec l’anxiété et la dépression et de s’assurer que l’état affectif des participants soit similaire entre les deux groupes. Les perturbations de l’humeur peuvent avoir des effets non négligeables sur la cognition. Par exemple, la dépression est susceptible d’interférer avec le fonctionnement cognitif des adultes neurologiquement sains ou de complexifier la présentation clinique des effets de l’âge sur la cognition. Plusieurs études ont d’ailleurs démontré un ralentissement de la VTI, une diminution des capacités de flexibilité mentale et une altération de certaines fonctions mnésiques (encodage et récupération) chez les personnes déprimées (Lezak, Howieson, Bigler et Tranel, 2012). L’anxiété est aussi souvent associée à des diminutions de la performance à certaines épreuves cognitives. Plusieurs théories ont été développées afin de conceptualiser les effets de l’anxiété sur la performance cognitive. Selon la théorie du contrôle attentionnel, l’anxiété affecte l’efficacité de deux types de processus : (1) le contrôle attentionnel négatif, impliqué dans les tâches visant à inhiber les stimuli non pertinents, et (2) le contrôle attentionnel positif, impliqué dans l’alternance entre les tâches ou à l’intérieur de celles-ci pour optimiser la performance, un processus qui fait appel aux capacités de flexibilité mentale (Derakshan et Eysenck, 2009).

Plus spécifiquement, le Beck’s Depression Inventory (BDI-II) (Beck, Steer et Brown, 1996) comporte 21 groupes d’énoncés autorapportés allant de 0 à 3 qui mesurent les manifestations comportementales caractéristiques de la dépression. La traduction française et adaptation canadienne, rendue disponible grâce à Pearson Canada Assessment, a été utilisée pour l’étude. Parmi les catégories de symptômes et d’attitudes évalués, nous retrouvons entre autres la tristesse, le pessimisme, les échecs dans le passé, la perte de plaisir, les pensées et désirs de suicide, l’agitation, l’irritabilité et la fatigue. Pour chaque groupe d’énoncés, la personne doit

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sélectionner celui qui décrit le mieux comment elle s’est sentie au cours des deux dernières semaines, incluant la journée en cours. Le score total à l’échelle permet d’évaluer le niveau de dépression (normal [0-13], léger [14-19], modéré [20-28], sévère [29-63]).

Le State-Trait Anxiety Inventory (STAI), élaboré par Spielberger, Gorshu et Lushene (1970) et traduit en français par Gauthier et Bouchard (1993), comprend deux échelles de 20 énoncés autorapportés chacune allant de 1 (pas du tout) à 4 (beaucoup). L’échelle d’anxiété situationnelle évalue l’état émotionnel du participant au moment où il se retrouve comme participant à l’étude alors que l’échelle d’anxiété de trait mesure son état habituel en prenant comme base de référence les derniers mois. Le score total à chacune de ces deux échelles permet d’évaluer le niveau d’anxiété situationnelle et d’anxiété de trait (très faible [≤35], faible [36-45], moyen [46-55], élevé [56-65], très élevé [>65]).

3.2.2. Évaluation neuropsychologique

Trois sous-tests du Delis-Kaplan Executive Function System (D-KEFS) (Delis, Kaplan et Kramer, 2001) ont été utilisés pour décrire les principales composantes du fonctionnement exécutif des participants dans les modalités verbales et spatiales. Le TMT est une tâche visuomotrice qui comporte cinq conditions et qui évalue la flexibilité mentale. Pour chaque condition, la personne s’exerce d’abord avec un exemple et doit travailler le plus rapidement possible, sans faire d’erreurs. Dans la première condition, elle dispose d’un maximum de 150 secondes pour barrer tous les « 3 » parmi un ensemble de chiffres. Dans la deuxième condition, elle dispose du même temps pour relier les chiffres en ordre croissant. Dans la troisième condition, elle doit relier les lettres en ordre alphabétique en respectant le même temps limite. Dans la quatrième condition, elle dispose d’un maximum de 240 secondes pour relier, en

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alternance, des chiffres (en ordre croissant) et des lettres (en ordre alphabétique). Enfin, dans la cinquième condition, elle a 150 secondes pour suivre la ligne pointillée en traçant un trait par-dessus et en s’assurant que celui-ci touche à chacun des cercles rencontrés. Les mesures du temps de réalisation de chaque condition de ce sous-test ont été recueillies comme variables dépendantes.

Le Color-Word Interference Test (CWIT) inclut quatre conditions et mesure les capacités d’inhibition et de flexibilité mentale en modalité verbale. Pour chaque condition, la personne s’exerce d’abord avec un exemple et doit travailler le plus rapidement possible, sans faire d’erreur. Dans la première condition, elle dispose d’un maximum de 90 secondes pour nommer les couleurs l’une après l’autre. Dans la deuxième condition, elle dispose du même temps pour lire les mots à voix haute. Dans la troisième condition, elle a 180 secondes pour nommer la couleur de l’encre des mots (p. ex. dire rouge pour le mot VERT écrit en rouge). Ainsi, la personne doit inhiber la tendance naturelle et automatique à la lecture, laquelle interfère avec le but de la tâche qui est de nommer la couleur de l’encre. Enfin, dans la quatrième condition, elle doit alterner entre deux consignes différentes, soit nommer la couleur de l’encre des mots (comme dans la condition précédente) ou lire le mot tel qu’il est écrit lorsqu’il est encadré. Les variables du temps de réalisation pour les cinq conditions et celles du nombre total d’erreurs pour les deux dernières conditions de ce sous-test ont été retenues.

Le Tower Test vise à construire, à partir d’une image, des tours tridimensionnelles de plus en plus complexes en un nombre minimum de mouvements à l’aide de disques de différentes grosseurs, et ce, tout en respectant des règles arbitraires. Deux variables ont été choisies pour ce sous-test : (1) la mesure globale de performance qui correspond à la somme des scores de performance obtenus pour chaque item administré dans le temps limite et déterminé par le

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nombre de mouvements effectués et (2) le ratio de violation des règles par item qui correspond au ratio entre le nombre de violations des règles et le nombre total d’items d’administrés.

Deux sous-tests du Behavioural Assessment of the Dysexecutive Syndrome (BADS; Wilson, Alderman, Burgess, Emslie et Evans, 1996) ont aussi été utilisés pour mesurer le fonctionnement exécutif des participants et particulièrement, leurs capacités de planification et d’organisation. Lors de l’épreuve du Zoo Map Test (ZMT), la carte d’un zoo est présentée au participant. Celui-ci doit visiter 6 des 12 endroits de façon stratégique, en traçant son chemin à l'aide d'un crayon. Il doit respecter les points de départ et d'arrivée et les restrictions quant au nombre de fois qu'il peut emprunter certains chemins. Pour ce sous-test, quatre variables ont été retenues : (1) le nombre total d’erreurs; (2) le temps total; (3) le score brut (allant de 0 à 8) qui correspond au score de séquences des six endroits visités moins le nombre total d’erreurs et (4) le nombre total d’occasions où un chemin a été emprunté plus d’une fois, un des quatre types d’erreur possible dans ce sous-test. Dans le Six Elements Test (SET), trois tâches, divisées en partie A et B, sont présentées au participant. Il doit accomplir, ou du moins commencer, les six parties des trois tâches en 10 minutes, tout en respectant la règle suivante : les parties A et B d'une même tâche ne doivent jamais être réalisées une à la suite de l'autre. Pour ce sous-test, trois variables ont été retenues : (1) le score profil (allant de 1 à 4); (2) le score brut (allant de 0 à 6) et (3) le nombre de tâches où des règles ont été brisées (maximum de 3 points). Le score de profil fait référence au score brut. Le score brut correspond au nombre de tâches complétées (maximum de 6 points) moins le nombre de tâches où des règles ont été brisées. Si la personne prend plus de 271 secondes pour réaliser l’une ou l’autre des trois tâches, il faut soustraire 1 point du score de profil obtenu. Plus précisément, un score brut de 6 équivaut à un score de

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profil de 4, un score brut de 4 ou 5 équivaut à un score de profil de 3, un score brut de 2 ou 3 équivaut à un score de profil de 2 et un score brut d’un ou moins équivaut à un score profil de 1.

3.2.3. Questionnaires post-immersion

Le Simulator Sickness Questionnaire (SSQ), élaboré par Kennedy, Lane, Berbaum et Lilienthal (1993) et traduit en français par Bouchard, Robillard et Renaud (2007), permet d’observer la présence de malaises physiques (p. ex. transpiration et étourdissement) pendant ou à la suite d’une immersion en RV. Le questionnaire comporte 16 énoncés autorapportés, dont 9 appartenant à la sous-échelle symptômes « nausées » et 7 appartenant à la sous-échelle symptômes « oculomoteurs ». Le répondant doit indiquer dans quelle mesure chaque symptôme physique l’incommode sur une échelle allant de 0 (pas du tout) à 3 (sévèrement).

Le iPresence Questionnaire (IPQ), conçu par Schubert, Friedman et Regenbrecht (1999) et traduit en français par Viau-Delmont (2007), permet d’estimer le sentiment « d’être réellement présent » dans la RV à travers trois sous-échelles (ou variables) : présence spatiale, implication et réalisme, réparties en 14 énoncés autorapportés. Pour chaque énoncé, le répondant doit se prononcer sur une échelle allant de 0 à 4.

3.2.4. VMT-2

La seconde version du VMT-2 (Banville et al., 2013; 2017) est une tâche servant à observer le fonctionnement cognitif selon une approche écologique de vérisimilitude. Il est implanté dans un appartement virtuel comprenant 6 ½ pièces. La Figure 1 présente le tracé d’un participant âgé qui naviguait avec le visiocasque ainsi que la disposition de chacune des pièces.

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Figure 1. Tracé de navigation d’un participant âgé dans l’appartement virtuel.

Plus spécifiquement, le VMT-2 est implanté dans le moteur de jeu Unity-3D. L’interaction avec l’EV est rendue possible grâce à l’utilisation d’un visiocasque, l’Oculus-Development

Kit-2, d’un clavier, d’une souris ainsi que d’un ordinateur PC utilisant le système d’exploitation

Windows 7. L’ordinateur est équipé de deux cartes graphiques nVidia GeForce 550 qui permettent d’améliorer la qualité graphique et de réduire les délais de rafraichissement des images pour éviter, dans la mesure du possible, les cybermalaises. Les données sont enregistrées en temps réel par l’ordinateur et transmises sous forme de logs (fichier.txt). Le VMT-2 comprend deux phases de réalisation : la familiarisation et l’expérimentation. Lors de la phase de familiarisation, le participant navigue dans l’EV et réalise des tâches, guidé par l’expérimentateur qui lui explique le fonctionnement de l’équipement et la manière dont il peut être en interaction avec les objets dans l’EV. Lorsqu’il se sent familier avec l’environnement, il est prêt pour la deuxième phase; le délai de familiarisation est d’environ 5 à 7 minutes.

Lors de la phase de familiarisation, l’expérimentateur explique au participant qu’il est en visite à l’extérieur pour voir un spectacle et qu’il loge chez un très bon ami. Ce dernier est actuellement au travail, mais viendra le rejoindre en soirée pour assister à un spectacle avec lui. Les trois consignes du VMT-2 sont alors présentées : (1) répondre au téléphone lorsqu’il sonne;

Cuisine Chambre des maîtres Des Bureau Hall d’entrée Salle de bain Salon Chambre à coucher Salle à manger

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(2) ranger le contenu de l’épicerie, car certains articles doivent être rangés rapidement et (3) refermer la porte de la chambre des maîtres à chaque sortie pour éviter que le chien ne monte sur le lit. Avant de débuter l’immersion, l’expérimentateur s’assure que les consignes soient bien mémorisées et comprises. Lors de la phase d’expérimentation, tel que présenté à la Figure 2, le VMT-2 respecte une présentation temporelle précise des tâches (p. ex. faxer un document), des imprévus (p. ex. orage qui nécessite de fermer une fenêtre) et des interférences (p. ex. télévision allumée) auxquels le participant est exposé. Selon l’aisance et le confort du participant, il réalise la tâche avec ou sans le visiocasque. Parmi les jeunes, sept l’ont utilisé alors que neuf ont préféré s’abstenir. Parmi les aînés, quatre ont navigué avec le visiocasque et cinq ont pris la décision de ne pas y avoir recours.

Figure 2. Présentation temporelle des tâches dans le VMT-2.

En regard aux questions de recherche, un intérêt particulier a été porté sur la tâche de rangement des articles d’épicerie par les participants. Des indices de performance ont été développés pour obtenir une mesure des comportements : (1) le temps total de réalisation du

Refermer la porte de la chambre pour éviter l’entrée

du chien

*Pendant la durée totale de la tâche

Mettre et retirer la chemise de la sécheuse *Durée du séchage : 10 minutes 0 minute 1 minute Appel 1 2 minutes Appel 2 10 minutes 15 minutes Déclenchement de l’orage Appel 3 Ranger l’épicerie Nourrir le poisson

Mettre et retirer la chemise de la sécheuse

Fermer la fenêtre Envoyer le fax

Valider la présence des billets sur la table d’entrée

Réajustement des plans

Figure

Figure 1. Tracé de navigation d’un participant âgé dans l’appartement virtuel.
Figure 2. Présentation temporelle des tâches dans le VMT-2.

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