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Titrologie des Essais : vers une poétique de l'informe

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(2)

Titrologie des Essais: vers une poétique de l'informe

par

Luc Vaillancourt

Mémoire présenté à la

Faculté des études supérieures et de la recherche en vue de l'obtention du grade

de mai'tre èsarts

Département de langue etlittératurefrançaises Université McGill, Montréal

Août 1994

(3)

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Bibliographie 5elviees Braneh

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ISBN 0-315-99944-6

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RÉsUMÉ

De l'aveu même de Montaigne, «les noms de [ses] chapitres n'en embrassent pas toujours la matiere». En effet, sur les 109 titres que totalise l'ensemble des trois livres constituant les Essais, beaucoup n'ont rien ou n'ont que peuà voir avec le contenu annoncé. Pourquoi ces incongroences? À quel endroit apparaissent-elles et comment se manifestent-elles? C'est ce qu'entreprend de déterminer ce mémoire de critique littéraire par l'étude diachronique et sémiotique de l'appareil titulaire de l'oeuvre. A partir d'une typologie des fonctions titulaires -identificationnelle, illocutoire, perlocutoire et contractuelle, l'auteur effectue l'analyse des diverses manifestations du discours intitulant de ce texte et tente de démontrer que l'incongroence entre titre et matière procède d'une poétique en évolution qui tend vers l'informe.

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ABS'fRACT

Montaigne said it himself «The titles of [bis] chapters, embrace not a1lwayes the matter» (Florio). Infact many of the 109 titles that comprise the three books of the Essais have nûthing or little to do with the text they introduce. Why this lack of congruence? \Vhere, when and how does it manifest itself? This study attemps to answer these questions in a diachronic and semiotic perspective. Starting with a typology of the various title functions -identificationaI, ilIocutionary, perlocutionary and contractual, the author proceeds to an analysis of the different title manifestations in the text and tries to demonstrate that the discrepancy between titles and contents originates from an evolving poetics that tends toward the absence of shape.

(6)

TABLE DES MATIÈRES

Introduction... 1 Chapitre1 : Letitre (historique et théorie)... 5

ChapitreII : Letitre Essais(autour de la fonction identificationnelle) 20

ChapitreIII : Letitre et les Essais(autour de la fonction énonciative) 33

ChapitreIV : Lestitres à l'essai(autour de la fonction rhétorique) 40

Chapitre V :Lestitres et les Essais(autour de la fonction contl'2etuelle)... S6

Conclusion : Vers une poétique de l'informe... 71

(7)

,

(8)

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier le professeur Diane Desrosiers-Bonin pour sa générosité, ses encouragements et ses précieux conseils. Ce mémoire et moi lui devons beaucoup.

Merci également à Monsieur Robert Melançon de m'avoir suggéré le thème de cette étude.

Je voudrais remercier Guylaine Fontaine pour son aide, les Garses pour leur soutien, Ella, Sophie, les pyrrhoniens: Maxime, Marc-Olivier, Mawy, Jean-Marc, pour m'avoir fait douter de tout. Enfin, merci àma «parentelle»,

Georges, Margot, Lise, Serge, Joanne, Martin, Alexandre; votre appui fut grandement apprécié.

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«Personne n'est exempt de dire des fadaises.

Lemalheur est de les dire curieusement.»

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INTRODUCTION

« Comme les visa~ humains. les titres ont une brillance, un rayonnement propreet variable. Tantôt quelconques, neutres, ils plWellt inaperçus, tantôt au contraire, tape-à-I'CleJlet agressifs, ils mènent le lecteur par leboutdes yeux00des oreilles»

Christian Moncelet

Le texte est un temple et le titre est son portique; l'entrée annonce et souvent préfigure l'ensemble. Au seuil des Essais) , le lecteu: a une vague idée de ce qui l'attend plus loin, mais chaque chapitre, chaque porte franchie, mène ailleurs, au-delà des attentes, parfois au-delà du titre, et le

.~~ désordre apparent des pièces devient bientôt déroutant. ,:/: Négligence de l'architecte ou construction délibérée?

....

L'incongruence d'un bon nombre d'intertitres dans l'oeuvre de Montaigne intrigue depuis longtemps la critique2• D'Étienne Pasquier, qui voyait là un

1 L'édition utilisée dans cette étude est la suivante: Michel de Montaigne, Essais. édition

Pi~Villey, Paris, PUF, 1988,« Quadrige», 3 vols.

2 On8,en effet,beaucoup écrit àpropos destitresdans les Essais. mais, comme en font

foi les titres suivants, en ne considérant malheureusement que les cas particulierset sans jamais mettre l'ensemble enperspective: Andreas Blinkenberg, « Quel sens Montaigne a-t-il voulu donner au mot essais dans le titre de son oeuvre?», dans Mélang~ de lingujstiqueet de

littératures

romanes offertsàM. Roques. Bade-Paris,Art et Science, 1950, pp. 3-14; Alan Boase, The Fortunes of Montaigne. London, Methuen, 1935, pp. 9-15, et du même auteur, «The early History of tbe Essai- Title in France and Britain», dans Studies in French Literature. New York, Manchester University Press,

1968, pp. 67-73; Barbara Bowen, The Age ofBluit Paradox in Rabelais and Montaigne. Urbana, University of minois Press, 1972, pp. 108-109; René Etiemble, «Sens et structuredansun essai de Montaigne», dans La notion du bon usage dans la langue francaise· Formesettechniques du roman francais de,puis1940,Paris, Les BellesLettres,

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désir de «déplaire plaisament»3, à Hugo Friedrich qui suppose une volonté de dissimulation4, les conjectures pleuvent, mais le texte reste imperméable.

C'est que, jusqu'à présent, on ne s'est intéressé qu'à des cas isolés, partant d'un essai pour expliquer les autres, au lieu de considérer l'ensemble à travers ses manifestations singulières. Ainsi l'on a déconstruit l'Apologie de Raymond Sebond, démonté Des Coches, opéré Des Boyteux et constaté chaque fois l'inadéquation des titres, sans jamais pourtant mettre ces essais en perspective, l'un par rapport à l'autre et diachroniquement. La titrologie, nouvellement constituée et n'ayant pas encore été appliquée à l'oeuvre de Montaigne, nous offre désormais les outils nécessaires à une investigation plus approfondie, et c'est sous l'éclairage de cette sémiotique du titre que la présente étude se propose d'analyser l'appareil titulaire des Essais.

3e série, nos 17-18, 1961, pp. 3-4; Hugo Friedrich, Montaigne. Paris, Gallimard, 1984, pp. 353-358; Floyd Gray, «Eros et Écriture: Sur des vers de Virgile », dans !&

Parcours desEssaisde Montaigne: 1588-1988, Actes de colloque réunis par M. Tetel et G. MaIlaryMasters, Paris, Auxamateurs de livres, 1989, pp. 263-272; du même auteur,

Labalance de Montaigne: fragiumlf§w, Paris, Nizet, 1982, pp. 9-12; Patrick Henry, «Les titres Façades.Lacensure et l'écriture défensive chez Montaigne», BSAM, no 24, 1977, pp. 11-28; Margaret McGowan, Montaigne's Oecejts. Philadelphia, Temple University Press, 1974, p. 48; François Moureau, « Le sens du titre: Typographie et grawredansles premières éditions desEssais», dans!&Parcours des F:.ssois, op. cil.

pp. 13-16; Athanase Nacas, «Le sens du mot essai et les intentions de Montaigne», BSAM 6e série, nos 3-4, 1980, pp. 87-95; A Salles, «Le titre des ~ & sa traduction en latin»,BSAM, no 4, novembre 1938, pp. 40-41;R. A Sayce,«Baroque ElementsinMontaigne»,French Studies, vol. VIn,no 1, January 1954, pp. 1-16; E.V. Telle, « A propos du mot 'essai' chez Montaigne, Bibliothèque d'Humanisme et RenajsSllnce. Genève,Oroz, 1968,1.

xxx,

pp. 225-247; voiraussiAndré Tournon dans Montaigne: la Gloseet l'Essai Lyon, P.U.L., 1983, p. 135, et «Fonction et sens d'un titre énigmatique.», BSAM, 19-20, 1984, pp. 59-68; Pierre Villey, Lexique de la langue des f§wtsde Montaigne. New York, Burt Franklin, 1973, p. 276; nous reviendrons sur ces diverses contributions au cours de notre étude.

3Étienne Pasquier, Qeuvrescomplètes,Genève, SlatkineReprints, 1971, T.n,p. 517. • Voir Hugo Friedrich, Montaigne, Paris,Gallimard, 1984, p. 360.

(12)

3

Les titres étant considérés en diachronie, une contextualisation s'impose. Le chapitre premier sera donc consacré à l'histoire du titre -de ses origines à la théorisation dont il fait aujourd'hui l'objet- et à la mise en place de l'outillage sémiotique que nous nous proposons d'utiliser. Quatre fonctions du discours intitulant seront alors définies, puis explicitées tour à tour dans les quatre chapitres suivants. TI s'agira pour nous de décrire et d'analyser l'intitulé, dans l'acception générale du tenne jusqu'à son actualisation effective dans l'oeuvre de Montaigne, sous l'angle de chacune de ses fonctions. Le deuxième chapitre s'intéressera au titre Essais en tant que composante appellative et générique(?) et procédera à une analyse sémantique

afinde dégager les multiples sens conférés au mot par l'auteur. Le chapitre ID portera sur le caractm énonciatif du discours intitulant et sur ses rapports intertextuelss . Au chapitre IV, une typologie des titres sera proposée afin de rendre compte des différentes manifestations intertitulaires. Elle consistera en un regroupement par catégorie de titre (titre fourre-tout, sentence, périphrastique, écran et bouclier), chaque catégorie mettant l'accent sur une fonction particulière. Nous verrons qu'il existe de nombreuses incongruences entre les titres et la matière des essais qu'ils coiffent et nous essaierons alors, au chapitre V, de déterminer à quel moment, à quel niveau fonctionnel et de quelle façon elles se manifestent. Enfin, nous essaierons de montrer que ces incongruences participent d'une poétique6 en évolution qui, s'affianchissant

5 C'est Gérard Genette qui, rappelons-Ie.. a~risde Julia Kristeva le concept d'intertexte

~ur le redéfinir et le dévefopper en profondeur dans :e.a\im~sest§i La littérature au !'ÇOnd Degré (paris, Seuil, 1982, 475 p.). Genette y dêfimt l'objet de la poétique comme étant la ttanstextualité, ou«transcendance textuelle du texte»et distingue cmq types de relations ttanstextue\les, dont l'intertextualit~ qui se caractérise par «une relation de coprésenceentre deux ou plusieurs text:s, c e"t-à-dire édéietiquement et le plus souvent, par la présence effective d'un textedansunautre»(p. 8).

6 Nous entendons "poétique" au sens de 1'« ensemble des principes esthétiques,

(13)

au demeurant, et malgré le recours à la sémiotique, de ne pas couvrir le texte d'un langage qu'il ne connaît pas.

poète) dans son oeuvre: laPoétique deMarcel Proust, la Poétique de Mallanné [...]» Marc Angenot, G1Qs."ire pratique de la critique contemporaine, Montréal, Hurtubise HMH, 1979,p. 155.

7 Nous entendons par «informe» ce qui n'a pas de forme fixe, déterminée. Dans notre

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CHAPITREI

Le titre

(Historique et théorie)

«J'aimerais bieu connaître letitre dn dernier livre quisera imprimé»

G.C. Lichtenberg

TI est parfois d'usage dans les ouvrages érudits de contourner les difficultés en prétextant l'évidence. Ainsi, afinde se dispenser d'avoir à rendre compte de l'histoire du titre, Serge Bokobza affirme dans son étude sur le titre le Rouge et le Noir: «L'histoire du titre n'est pas mystérieuse. »8 Orilsemble bien que ce soit précisément le contraire, car, malgré la profusion d'ouvrages sur le livre et son histoire, aucune étude n'a jusqu'à présent traité de façon moindrement détaillée l'évolution de la pratique titulaire à travers les âges. Le sujet n'est pourtant pas sans intérêt, ni sans quelques mystères...

On n'a d'abord aucune idée précise de l'époque à laquelle apparaît le titre. Cn sait que les écrits sur tablettes d'argile des Babyloniens et des Assyriens étaient identifiésparun numéro, alors que les Hébreux désignaient les textes sacrés par leurs premiers mots. Les rouleaux de papyrus de la Grèce antique, appeléskylindros, contenaient le nom de l'auteur et le sujet du texte, consignés soit au début soit à la fin du rouleau parce que mieux protégés

1Serge Bokobza, Contn"bution à la titrologie rOmanesque: Variations sur le titre leRouge

(15)

ainsi9

• Cette pratique, qui avait l'inconvénient majeur d'exiger le déroulement

partiel ou complet du rouleau pour en connaître le sujet, ne fut pas retenue.

Afin de faciliter le classement, les informations pertinentes furent bientôt inscrites par les bibliothécaires sur un ruban nommé sillybos et attaché au kylindros. L'usage se répandit et fut systématisé par les Romains. Ceux-ci désignaient par le substantiftitulusl'étiquette liée au bâton (umbiculus) autour duquel s'emoulait le papyrus du volumen (l'équivalent latin dukylindros), et servantàfaire connaître le sujet traité et le nom de l'auteur. Avec l'avènement du codex, c'est l'hic incipit (mots latins qui signifient: ici commence) qui remplira cette fonction, perpétuant même jusqu'aux incunables l'imitation des premiers manuscrits.

L'auteur du titre n'étant pas nécessairement l'auteur du texte, il est souvent impossible aujourd'hui de déterminer de façon précise qui, de l'éditeur, du bibliothécaire, du copiste, de l'auteur (ou même des lecteurs!) est responsable du nom conféré à l'écrit. On sait, de par sa correspondance avec Atticus, que Cicéron était l'auteur de ses titres.IO On ne peut que présumer qu'il en aille de même pour la plupart des auteurs latins. Cependant, rien n'est

9Voir Svend Dah!, History of the Book, Metuchen, N.J., Scarecrow Press, 1968, p. 44. Notons au passage que l'historique que nous présentons ici s'inspire en partte des ouvrages de: S. Dah!, op. cil., pp. 1-73; Christian Moncelet, «Titre et histoireIl, ~

sur letitre

en

littératureetdans les

anS,

Aubière, Bot: 1972. pp. 23-39: Serge Bokobza.

op. cil.,

en

19-23; et de l'article d'Harry Levin, «The Title as a Literary GenreIl,

Modern gyage R~ew. LXXII, no 4, 1977, p. XXIV. Sauf avis contraire, les exemples donnés pourillustrerle propos sont de nous.

10Voir L.D.R~oldset N.G. Wilson, Scnbes and Scholars. A Guide to~heTransmission

ofGreek and LatinLiteratu~ Oxford, ClarendonPress, 1991,~. 24. CIcéron employait le mot inscripliopour désigner le titre de ses oeuvres. Siinscnpliotend à se sul:istituer à litulus darisle latin classtque et perdure jusqu'à la Renaissance (J.C. Scaliger utilise encore inscriplio ou son equivarent grec e'ln'YpatPlfl, c'est finalement mulus qui l'emporte et, dès le douzième siècle, passe aux autreS Tangues(titre, tide, titulo, titel, etc.). Voir Arnold Rothe, Der literarische Titel, Frankfiiit un., K1ostermann, 1986, pp. 11-12).

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7

moInS certain pour les titres des écrits antérieurs, notamment ceux des Sumériens du Néolithique supérieur (2900-2550 av. J.-C.), des Égyptie~.s de l'Helladique ancien (2550-2100 av. J.-C.), jusqu'aux textes de la période classique (de 500 à350 av. J.-C.). TI semble plutôt que l'on doiveà la tradition orale àla fois le récit en soi et son titre, d'ailleurs souvent onomastique. En effet, les premiers récits étaient évoqués soit par le nom du protagoniste (anthroponymie), soit par celui du lieu de l'action (toponymie); procédé d'une économie toute naturellequirésume en un nom l'essentiell l.

A l'époque classique (des années 500 à 350 av. J.-C. en Grèce), la profusion des textes historiques, rhétoriques et philosophiques entraîne une redéfinition de la fonction du titre. Naguère généralement onomastique, il devient peu à peu nominal et descriptif. L'absence de figure centrale, tel un héros ou un lieu donné, conduit le «titreur» (quel qu'il soit)à rendre compte du contenu textuel àtravers l'énonciation du motifqui le caractérise le mieux, en bref son sujet. Obéissant d'abord à des soucis pratiques de classement et d'espace -le sillybosne pouvait pas contenir plus de quelques motsl2- le titre

se devait d'être concis. Ontend dès lors àréduire une phrase entièreàun seul syntagme nominal. Par exemple, au lieu d'inscrire «ce texte traite de la clémence », on inscrira simplement «De Clementia», le syntagme verbal

11Ainsi, panni lestitres onomastiques parvenus jusqu'à nous, l'on retrouve: Gilgamesl:!. le

mythe d'Enki et de Ninhurmg, la légendedeSargon1er. I~ (d'Dion: ville de Troie). l'Odyssée (de tnysse, Odusseus). la plupart des pièces d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide, les dialogues de Platon (Ménon. Phédon. Phèd~ CraMe,etc.). les livres de l'Ancien Testament (Jérémie, Baruch, Job. Jonas, zacharie, Judith, etc.). et la liste pourrait s'étendre...

12Succédant au si/lybos (ou titu/us). le titre au Moyen Age était parfois peint sur le côté

du livre de ~on à ce qu'il soit lisible une fois placédans la oibliothèque. Là encore, l'intitulé était limité spatialement.

(17)

..

étant ici sous-entendu. L'emploi de l'ellipse se généralise et, l'usage forgeant la règle, le titre demeure ainsi jusqu'à la Renaissance, où l'apparition de la page de titre, à lafin du XVe siècle!3 , permet matériellement à l'intitulé de prendre de l'expansion.

L'importante diffusion du livre imprimé au XVIe siècle suscite de nouvelles préoccupations. Les éditeurs rivalisent d'ingéniosité afin de rendre leurs produits plus attrayants. Une série de li"Tes choisis à travers quelques décennies successives montre l'évolution du texte nu des incunables jusqu'à l'apparition graduelle des paratextes: page de titre, introduction, table des matières, commentaire, illustrations, cartes et même index. Le titre, qui jusqu'alors avait été essentiellement onomastique et descriptif -avec cependant quelques notables exceptions au Moyen Âge qui témoignent d'un certain effort stylistique de substitution métaphorique: Le Chevalier de la charrette, Le Chevalier au lion, Speculum sacerdotis, Der Spiegel Consciencie 14_

développe peu à peu une nouvelle fonction: la fonction séductrice. En effet, la

13Bien que l'ouvrage Bin Mahnung der Christenheit wider die Turken imprimé en !454

comportât un titre imprimé -les premiers incunables réservaient un espace à l'inscril?tion manuscrite du titre- seul en haut de la première page, les historiens dulivre considerent généralement (c'est le cas, entre autres, de Svend Dahl dans History of the B~l (op.

cit.)et de Gérard Genette dans ~ (paris, Seuil, 1987, p. 73» que la pagee titre ap))arai't véritablement au cours desannées1475à 1480, avec l'émergence et la diffusion de l'imprimerie.

14~culU1ll sacerdoti! (XIe siècle) et Derspie~lÇonsciencie (XIVe siècle) ne sont que

eux exemples choisis au hasard parmi des centames detitres semblables exploitant la métaphore du miroir. Inaugurée par le SPeculum Auf!ll!!ini au Ve siècle, la mode des titres-miroirs va atteindre son paro~e au XIIIe SIècle et se poursuivre jusqu'au XVTIe siècle. C'estun succès sans)lrécédent (et encoreinélœlé)dansl'histoire du titre: «Anyoneinvesti~g the history ofthe mirror-metaphorWIlIbestruckbythe profusion of titIes based on the mirror occurring inthe Iiterature of the thirteenth to seventeenth centuries »(Herbert Grabes, ~utableGlass Mirror-I!11ABiT. in TitIes and Texts Qf the MiddleAgeandB~is!,t RenaJ~ London, Cl!m~dge~P., 1982, p.. l~). Mais

les modes ne sont pas rcement on ~ et celIe-ct n'étant en fait que vanabons sur un même sème, l'on nepeutguèrepmerd'Innovation réelledansl'histoire du titre avant le XVIe siècle.

(18)

9

rificque du grand Gargan tus, pere de Pantagruel

iadis copofeeparM.

Alcofiibas a1:iftrac'

teur de quinte

efi'ence.

La vie creshor

Renaissance voit apparaître d'une part de véritables titres-réclames destinés à attirer l'attention du lecteur sur l'ouvrage, tels les fameux titres de Rabelais: PANTAGRUEL Il Les hombles et espouventa-I/ bles faictz & prouesses du tresrenomme Il Pantagruel Roy des Dipsodes Il fiIz du grand geant Gargan-II tua. Composeznouvelle-IIment par maistreIl AlcofiybasIlNasier (1532), ou celui de la figure ci-contre (frontispice

de Gargantua, édition de 1542), cu encore celui-ci de Pierre Boaistuau:

Histoires prodigieuses les plus

memorables gui avent esté observées depuis la nativité de Jésus-Christ

jusques à nostre siècle, extraictes de plusieurs fameux a:utheurs Grecz et latins. sacrez et profanes IIllSes en

M. O. XLU.

en: ...lIm~• s~ tlJubn~. 3uu,bnatnHtfthalo .~cum..

nostre langue par P. Boaistuau

surnommé Launay, natif de Bretagne avec les pourtraictz et figures (1560).

D'autre part, les titres aux accents poétiques se multiplient comme le mystérieux Cvmbalum Mundi, Le miroir de lame pecheresse (1531) l'Adolescence clémentine, L'Olive, ou, après 1550, les Amours, Les regrets, etc.

A partir de 1550, le livre tend à prendre l'aspect qu'on lui connaît aujourd'hui et l'appareil titulaire se voit bientôt scindé par l'usage en deux parties distinctes: l'une nominale et généralement brève: le titre; l'autre, explicative et souvent longue: le sous-titre. Les XVTIe et xvme siècles

(19)

n'innovent guère en matière d'intitulé -mis à part le fait que le sous-titre tend à

disparaître- et il faut attendre les Romantiques et le XIXe siècle avant de voir le titre exploité dans toute la richesse de son potentiel stylistique. Au XXe siècle, les surréalistes, les ten~ts de l'absurde et ceux du Nouveau Roman, amèneront la critique littéraire, de par leur usage pour le moins hétérodoxe du titre1~, à s'interroger sur l'intitulation et ses fonctions . Le titre devient ainsi l'objet privilégié d'u:J. nouveau domaine de recherche: la titrologie.

Si l'on retrouve dans l'lùstoire littéraire, de Pline l'Ancien à Adrien Baillet, en passant par les «Artes poeticœ » du Moyen Age, nombre de réflexions normatives sur le titrel6, ce n'est qu'au XXe siècle que sont

entamées les premières analyses descriptives, avec les études de K. Bader (qui souligne que le titre n'est que le nom du livre et non forcément son essence), celles de Karl Bücher (<<Der Titel solI kurz sein und treffend, also original, interessant, überraschend»), de GAE. Bogeng et, plus tard, de Maurice Hélinl7. En France, les travaux du groupe Mu sur les «Titres de

I~Nous pensons, entreautres, auxVasescommunicants de Breton, àL'Automneà Pékin de Boris Vian où il n'est nullement question ni de l'automne, ni de pékin, ou à !li Cantatrice chauve d'Ionesco, laquelle n'est mentionnée qu'une fois dans la pièce et comme en passant... ou encoreàDixheures et demiedusoIr enétédeDuras, etc.

16Dansle chapitre«Préjugésdutitredes1ivres» duvolume1des]ygemenSdessavanssur les prin~p~ ouvm&es des auteurs (1725) Adrien Baillet passe en revue les t1rescrÎptlonses anCIens et des 'modernes' sur

l'art

d'intituler: «Letitre d'un livre doit

ëtreson abregé, & il en doit renfermer tout l'~rit autant que possible. TI doit être le centre de toutes les paroles& de toutes les~duLivre,de telle sorte qu'on n'y en puisse pas même trouver une qui n'y ait de la correspondance & du rapport. C'est pourquoi Pline avait beaucoup de raison de dire gue pour bien écrire, il faUt toujours aïoir le titre de son1ivredevant lesyeux (.•.))(Hi\è1eslieimlNew-York, G. Olms Vérlag,

1971, (4vois) vol.1,chapitre XIII, p. 163).

17 KarlBader,«Vom Bochertitel einst undjetzl», dans Zei~"r BücherfreundeVI,

Bd.!, 1902,pp.68-73; KarlBücher,!ïne Titelfrage,

Lel2.Zî&:

OmersVêrlag, 1912, p. 137; G.AE.

t&tt

« Uberdie tstehûng und di Fortbik:lu!Jg des Titelb7attes», èIans Buch und . 1929, pp. 74-94;Mauiice Hélin, «Les livres et leurs titres», Marche Romane. voL6,no2,septembre-décembre1956,pp. 139-152.

(20)

11

films» (Communications, no 16, 1970), puis de Butor sur les titres de peintures (Les Mots dans la peinture, Genève, Skira, 1970), pavent la voie à

des études plus approfondies, dont celle de Christian Moncelet en 1972, Essai sur le titre en littérature et dans les arts, qui propose une première typologie, où le titre est divisé en deux types; générique et éponymiquel8• La même

année, LéoHoekjette les bases de l'analyse sémiotique du titre dans l'article « Description d'un archonte: préliminaires à une théorie du titre à partir du Nouveau Roman », où il tente de mettre à jour « une structure profonde régulière »19 de l'intitulé. Cet article est suivi par un autre en 1973, « Pour une sémiotique du titre », où, en se basant sur la grammaire générative et transformationnelle de Chomsky et sur la théorie du langage d'Austin, Hoek émet l'hypothèse qu'«il existe pour tout titre une phrase explicite performative qui doit avoir la forme suivante: 'Je déclare à toi que ce texte s'appelle X'. A la surface nous ne trouvons que X »20. TI récidive en 1981 avec un ouvrage devenu canonique: La marque du titre. Dispositifs sémiotiques d'une pratiquetextue~. L'étude s'articule autour de troisgrands

axes d'analyse, sémantique, sigmatique et pragmatique, auxquels correspond pour chacun un chapitre où est détaillé l'ensemble des types et fonctions propres à chaque catégorie. Suivant une méthode hypothético-déductive, Hoek entreprend d'expliciter « la structuration sémiotique et le

IlChristian Monce\et,op. cil. p. 24. Si elle a le mérite d'avoirétéla première, la typologie

proP9sée ~ Moncelet.est cependant trop impressionniste et personnelle pour servir d'lISSlSe cntlqueànotre etude.

19Ue Hoek. «Descri~on d'un archonte: préliminaires à une théorie du titreà partir du Nouveau Roman », dans

Nouveau

roman:

hier. auj0T.&'hui: 1, problèmes généraux, Jean Ricardou et Françoise van Rossum-Guyon (dir.), U.E., 1972, t.1,p.291.

:lOUeHoek. «Pour une sémiotique du titre»,

Documents

de travail et~blications,

çen!TO I!,Ie.ma:ionaJe

t!i.

Semiotica edi Linguisûca, Università di U 100, nos 20/21,

(21)

fonctionnement socio-historique du titre »21 . Ce texte constitue véritablement l'acte de naissance de la titrologie, et depuis, les études foisonnent. Panni les plus intéressantes, il faut citer celle de Bokobza, Contribution à la titrologie romanesgue:Variations sur le titre le Rouge et le Noir, thèse entièrement consacrée à un seul titre, de même que les chapitres sur les titres et les intertitres dans Seuils de Gérard Genette. Dans cet ouvrage, l'auteur, «soucieux de marquer à [son] tour la brève histoire de la titrologie »22 ,

présente une typologie des fonctions «titulaires », où il distingue deux catégories du discours intitulant: thématique et rhématique. Enfin, l'excellent ouvrage d'Arnold Rothe, Der Literarische Titel: Funktionen. Formen. Geschichte, qui présente une synthèse des acquis de la titrologie et de la linguistique avec, notamment, l'application de la grille d'analyse des fonctions langagières proposée par Jakobson (<<insbesondere Referenz und Appell• poetische und metaspraliche Funktion», p. 30)à un corpus de titres. Aujourd'hui bien ancrée dans l'océan de la critique moderne, la titrologie n'est cependant pasà l'abri des vagues23 •

Ici, comme ailleurs, les divergences théoriques sont nombreuses. Tentons, pour les besoins de notre étude, une réconciliation synthétique. Le

titre s'est

w

accorder diverses fonctions par différents chercheurs, mais tous

21LéoHoek, La N e du

ç

DiSf9lsitifssémiotique d'une pratique textuelle. La

Haye-Paris-NewYork, outon éditeur, 981,p.292.

22GérardGenette,~p.55.

23Le fonnat de notre étude et son objet ne nous permettant l'as d'élaborer davantage sur l'histoire de latitrologie, nousrenvoyons le lecteur à labibliographie détaillée

cre

Ua HoekdansLamarquedu titre, pp. 305-349, de même gu'à ceIled'Amold Rothe, op.

cit., pp. 431-449. Au demeurant, il tàut noter (et déplorer) gu'aucun des travaux mentionnés plus haut n'accorde d'attention particùliëre alapratique du titre au XVIe siècle,~eàlaquelle,pourtant,émergeetsedéve10ppelapagedetitre.

(22)

13

s'entendent pour affinner qu'à la base, le titre, quel qu'il soit, sert d'identification au texte24• Ainsi, l'on se réfère à un ouvrage en évoquant son

titre. Comme J. Barth l'a fait remarquer, un titre peut soit désigner une oeuvre sans égard à son contenu -c'est le cas, entre autres, de La Bible- et être ainsi autoréférentiel, soit encore s'avérer semi-autoréférentiel comme le Livre des morts égyptien, le Decameron, les titres génériques traditionnels: « Odes, Élégies, Nouvelles, Sonnets,»'26 qui désignent à la fois le contenant et le

contenu, ou encore, comme c'est généralement le cas, en faisant uniquement référence au contenu: noounge\)c SeGuro'tTIc, Prometheus Vinctus, La Morte Artu, Les Angoisses douloureuses gui procèdent d'amours, Die Leiden des Jungen Werthers, etc.

Le titre est donc d'abord le nom d'un texte. Mais, comme nous l'avons

vu, la fonction identificationnelle se confond parfois avec la fonction référentielle. Pour contrer le flou terminologique qui découle de cette systématisation, Genette a proposé de distinguer «fonction thématique» et

24Pour Hoek,«le titre désign_e, appelleetidentifie un co-texte» (Hoek.op. cil'l p. 292). n

remplit une fonction identifieatlonnelle ou, si l'on préfère, référentielle (Hoete utilise les

deux termes). Arnold Rothe écritdansDer literarische Tite!: «EnTitelbatdie Au&abe, seinen Text Zll identifizieren» (op. cil. p. 15). Charles Grive! parle quant à lui CIe la

fonction «appellative» du titre comme étant sa fonction première (Grive! cité par Bokobza,op. cil., p.31).BarthesetBokobsaJlréferenteux parler de fonction déictique: «letitrene renvoie pasàunréfélent qu'il semolerait dénoter, il renvoie au livre qui porte ces mots commetitre etle montre entantgue marchandise» (Bokobza, op. cil. p. 32). Josette Rey-Debove introduit une distinction entre «(1) le tltre dans le contexte de l'oeuvre, ce par quoi commence la lecture, et(2)letitreen tout autre contexte, qui sertà dénommer 1'oeuvre dont on p8!ie» (Josette ~-Debove, «Essai de typol~e

sémiotique destitres d'oeuvres», dans~ ~da' ~i~ of theFust

Congress of the International Msnçiarl

n

3:

:~ ë 1974, The

Hague, Mouton, 1979,p.698). Genette, pour sa part, écrit: «Letltre, c'est bien connu, est1e "nom" dulivre»(Genette,op. cil., p. 76).

25Ci: J. Barth,«The Title ofthis Book », TheFriday

Book:

"S""Œand other nonfiction,

New York, Putnam, 1984, p. X.

(23)

«fonction rhématique»27, que nous reprenons ici en les redéfinissant, la première impliquant que le titre entretient un lien sémantique avec l'oeuvre et la seconde supposant (désormais) que le titre dénote la forme de l'oeu"Te. Allons plus loin encore et regroupons sous la bannière de fonction identificationnelle les trois fonctions complémentaires: déictique (au sens restreint: «qui renvoie au livre qui porte ces mots comme titre»2I), thématique (le titre qui indique le contenu) et rhématique (le titre qui dénote la forme). Ainsi, le titre L'Automne àPékin sera uniquement déictique29

, Didon

se sacrifiant seraàla fois déictique et thématique, Nouvelles sera déictique et rhématique, le Discours de la servitude volontaire sera déictique et mixte, puisque le terme «Discours» est rhématique et le reste thématique. On

remarque que l'élément déictique est à la base de la fonction

identificationnelle et que les autres éléments sont facultatifs.

Letitre appelle le texte, mais le titre est texte lui-même, ou du moins, il fonctionne comme la «synecdoque» d'un co-texte. Parce qu'il tend généralement à résumer ridée directrice du texte, le titre peut être considéré comme le microcosme d'un macrocosme ou comme une partie représentant le tout. En effet, lorsqu'on évoque Que philosopher c'est apprendre à mourir, il

TIGenette explique: «L'essentiel est pour nous de marquer en principe ~ue le choix n'est

pas exactement entre intituler par IéféJence au contenu De Spleen e Paris) ou par i"éférence à la forme œ~ts

e

oèmes en prosç), mais plus exactement entre viser le contenu théinatique et V1serè texte lui-même comme oeuvre et comme objet. [...] j'emprunteraiàcertains linguistes l'opposition qu'ils marquent entre le thème (ce dont on parle) et le rhème (ce qt!'on en dit).»(Genette, op. cit., p. 75). Nous abandonnons la nuance suggérée ici par Genette au profit d'une distinetfon plus~licite delaforme et du contenu,et, surtout,afind'éviter d'employer l'étiquette«génénque», qui ne va pas de soi pour qualifier le titre~.

2IBokobza,op. ciL, p. 32.

(24)

1S

est évident que l'on fait référence àl'essai qui porte ce titre et non au titre en

soi. Mais le titre, en tant qu'unité phrastique grammaticale ou

agrammaticale30, véhicule aussi un sens plus ou moins corrélatif au signifié du texte dont il constitue en quelque sorte 1'«emblème ». Outre sa fonction

Mentificationnelle;

à

·la· fois déictique-

et·

thématique; le-titre- Que- philoSODh&

c'est apprendre à mourir possède également une fonction énonciative: il «signifie» quelque chose et ce quelque chose peut être considéré en soi (ici en tant que locution proverbiale) ou à travers sa relation avec le texte3!. Au

surplus, l'intitulé peut souscrire au phénomène d'intertextualite2 en intégrant, comme c'est le ':'as pour notre exemple, un énoncé qui renvoieà un ailleurs du texte (en l'occurrence une phrase empruntée à Cicéron). Le titre peut donc être envisagé comme tout autre message linguistique dans ses rapports syntaxique, grammatical, sémantique, syntagmatique, paradigmatique et même idéologique, avec le langage et avec le monde.

En tant qu'entité linguistique, l'intitulé exploite sensiblement les mêmes procédés

mis

en oeuvre par tout acte de communication. il peut être vu comme un message possédant un destinateur (l'auteur,maisaussi l'éditeur, le copiste...) et un destinataire (le lecteur, l'acheteur éventuel, le censeur...). Ce

30 «Sur le plan syntaxique, le titre se manifeste très souvent comme une phrase

incomplète, donc agrammaticale.» (Hoek,« Description d'un archonte», op. cit., p.291).

31On ne doit pas C!ublier, comme nous le f8Iloelle JosetteRey-Debove, gu'il existe aussi

des titres Chargésde direr.on pas «ce qu'Est le telde, l11IIIS ce j'il SIGNIFIE [...] il

suffit de comparer LesLettrespersanes. quisont des lettres, aux iaisons dangerenw quisont8USSIdes lettres. »(Rey-Debove,op.ciL,p. 699).

32Hoek parle même d'intertitularité:«Lrmtertitularitéestle rapport dialogiqueentreletitre

d'un telde et d'autres titres etlou teldes; c::haque titre est en rapport mtertitulaire avec d'autres exemplaires delamême série oùil se trouve intégréet dont il difIëre en même temps: l'intitulation est une imitation~e1Ie. Par ces rapports avec d'autrestitres ou teldesilestpossible de déterminer le contexte historique, SOcialet culturel dutitre» (op.ciL,p. 299).

(25)

message se réfère à un contexte (ici un co-texte) accessible au destinataire et utilisant un code commun. Enfin, pour être compris, le titre nécessite un contact: la lecture.33 Unidirectionnel et métalinguistique (il ne peut exister

indépendamment du texte qu'il désigne, exception faite, peut-être, des titres imaginaires que l'on rencontre, entre autres, chez Rabelais34), le titre, s'il est

vrai qu'il met en oeuvre l'ensemble des fonctions linguistiques -et notamment la fonction poétique-, a cependant un statut particulier et des fonctions qui lui sont propres. C'est pourquoi nous préférons substituer à la notion de fonction poétique, généralement admise par les titrologues, celle de fonction rhétorique, parce que cette dernière a le mérite de caractériser plus nettement la composante incitative de l'intitulé.35 «Un beau titre, écrivait déjà Furetière

en 1666, est le vrai proxénète d'un livre»36. Et en effet, c'est sur lui que repose souvent le succès immédiat des oeuvres. Un titre accrocheur, voire racoleur, n'a pas son pareil pour faire vendre rapidement un livre. L'ambiguïté, l'incomplétude, l'énigme, les figures de style, sont autant de procédés employés à desfinsde séduction. Outre son côté dénotatif, et parce qu'il joue avec le langage, le titre possède également un caractère connotatif (c'est peut-être là son aspect proprement poétique); il en résulte parfois que celui-ci informe l'oeuvre et lui confere un (ou plusieurs) sens qui ne saurait être le même si le titre était différent. L'on peut se demander, par exemple, si

33 Ce ~e s'inspire (est-il même nécessaire de le préciser?) des Essais de linguistique géneraIe. ôe Roman Jakobson, Paris, Minuit, 1960, pp. 209-223.

~Voirle catalogue delabibliothèque de Saint-Victor dans Pantagruel.

35Nous employons le terme «rhétorique» au sens restreint d'ensemble des moyens de per5lllISÏon et de séduction mis en oeuvre à l'intérieur d'un énoncé dans le !lut ô'infIuencer le destinataire. Cette désisnation a l'avantage sur celle de «Jloétique» de tenir compteàla fois delafonction inCItative du titre, des effets qu'il produit ou cherche àproduireetdes moyens employés pour y parvenir.

(26)

17

L'Étranger serait lu de la même façon si Camus l'avait intitulé, selon sa première idée, Un Homme comme les autres?37

Parce qu'il désigne généralement l'objet de son co-texte, le titre oriente d'emblée la lecture, en détermine l'enjeu -réel ou fictif- et, lorsqu'il est intégré anaphoriquement au texte, il opère même une mise en relief de la matière. Le lecteur, chaque fois qu'il rencontre des mots dans le texte qui étaient aussi présents dans le titre, est invité à les mettre en relation, à les confronter, afin

de voir si le contrat de lecture a été respecté. Le titre agit donc comme entremetteur entre le lecteur, le texte et son auteur; c'est ce que nous appellerons la fonction contractuelle. Au nom de l'auteur, le titre dit au lecteur

«voici ce dont il sera question»; cette promesse n'est pas sans susciter quelque attente. D'expérience, le lecteur fait confiance au titre pour l'orienter vers ce qui devrait être l'essentiel. Si l'intitulé «ment», le lecteur s'en apercevra et cherchera à comprendre pourquoi. S'il dit vrai, l'on pourra toujours se demander s'il est bien choisi, s'il correspond peu ou toutà fait au propos indiqué, bref: juger de sa convenance. L'auteur est conscient de tout cela et peut décider de respecter ou non les attentes du lecteur38

• Selon le cas,

il pourra choisir de choquer (ex: rirai cracher sur vos tombes), de biaiser la perspective de lecture en attirant l'attention sur un élément sans importance,

37Nous empruntonscetexemple à Hoek.

38 A propos de la notion de contrat, Hoek écrit:«Lesconditions auxquelles la "livraison" dOit répondre pour que le contrat soit valable sont les conditiuns de félicité, qui dépendent de la situation de communication et qui detnandent par exemple que les contractants soient sincères [...) Pour l'auteur, l'effët de l'acceptation du contrat consiste dansun profit matériel, et l'arrois immatériel (la gloire, la célébrité, etc.); la personne qui

~te le contrat, se chai'ge par là du rôle de lecteur [...) Une des conséquences ae l'acceptation du contrat peut être pour le lecteur la conviction par suite de l'argumentation, la distraetJon.penclarit la lecture, l'émoi, la déception, l'excitation psychique ou physique, le recueillement, la consolation, etc. »(Hoek,op. cil.,p. 249).

(27)

de dissimulerunpropos polémique sousuntitre innocent, de proposer untitre énigme avec ou sans solution, etc. Mais un public averti pourra déjouer les stratégies de l'auteur et lui demander des comptes39 l'époque des bûchers

cela n'allait pas sans inconvénients), d'où la relative importance (selon les siècles) de respecter les clauses du contrat

On l'aura compris, il n'y a pas de discours unique et totalisant en titrologie, mais la synthèse (imparfaite et provisoire) que nous proposons ici suffit à rendre compte de l'ensemble des fonctions du discours intitulant, ce qui devrait nous permettre d'embrasser plus globalement l'objet de notre étude. En guise de récapitulation etàtitre de référence pour l'analyseàvenir, voici résumées enuntableau synoptique les quatre fonctions que nous venons de décrire:

" "

"".letnreestUDengagementquiunit rauteuretle lecteur" " ."" ...

39Cest ce qui est d'ailleurs arrivé à l'auteur de rirai cracher sur vos tombes,Vemon

(28)

19

L'outillage théorique désonnais mis en place, voyons à présent comment s'actualisent ces fonctions au sein de l'oeuvre de Montaigne, en commençant par l'étude du titre Essais dans sa fonctionnalité identificationnelle; son originalité, sa réception et sa postérité.

(29)

CHAPITRE II

Le titre Essais

(Autour de la fonction identificationnelle)

«nfautuu titre, parce que le titre est cette sorte de drapeaa ven lequel ou le dirilC': le bat qu'il faut atteiudre, c'est expliquer le titre»

JeanGiono,Lesdeux caya!jers de l'orage

En ce XVIe siècle où l'intitulé tend à prendre des proportions gargantuesques, le titre de l'oeuvre de Montaigne détonne. Éclatant de sens, percutant de concision, il devait très tôt connaître le privilège de nommer un genre. Cependant si le titre était inusité, le mot lui ne l'était pas. il puise ses origines dans l'ère postclassique du vocable latin

exagium

40 (dérivé du verbe

exigere:

« peser»

1

qui signifiait alors au propre « pesage» ou « pesée», et

« examen précis» au figuré. TI fait ensuite son chemin dans les langues romanes où son seus oscille entre « dégustation» et « échantillon» (l'on appelle encore au XVIe siècle « essay» un récipient servantàdéguster levin)

alors que le latin abandonne peu à peu l'idée de « pesée» et la notion d'exactitude, mais conserve l'idée d'« examen». En ancien français « essai» est parfois synonyme de danger: « E por ceu que ci vois en essai de perir »

.cl Profitons de la mention d'«~»pour renvoyer le lecteur à l'étude de Floyd Gray,

Labalance de Montaigne: f:ragr;ym/Essai, op.cit.,où il est question, entre autres choses, de l'~ologie du mot «e5SlII», que Grày rapproche depensare ('peser', mais auSSI penser, ju~erJ, en montrant que «l'idée de la balance, comprise clans l'étymologie

exagium, pesée' est inhérente à l'action de l'écriture des ~. Penser, c'est peser » (p. 9).

(30)

21

(Roman d'Alexandre, f20, Michelant); mais on l'emploie aussi déjà comme synonyme d'épreuve ou, sous la fonne participiale, d'éprouvé: «Li arcevesque pruzdum e essaiez» ŒQ!., 2018, Muller)'l. Au XVIe siècle, l'invention de l'expression «coup d'essai» est revendiquée par Clément Marot dans le prologue de l'Adolescence Clémentine (1532): «Ce sont oeuvres de jelUlesse, ce sont coups d'essay »42 , mais la fonnule lui estdisputée par François Sagon qui intitule Le Coup d'essay lUl pamphlet où, coïncidence, il attaque Marot. Ce dernier lui répond par la bouche de son valet Fripelippes et l'accuse d'avoir volé son mot:

(OémentMarot.Oeuyres,Paris,Édition Georges Guifliey, t3, 1881,p.581)

Si n'a ilcouplet, vers n'epistre,

Quivaille seulement le titre. Doncq ne soys glorieux, ne rogue, Car tu le grippas au prologue

Del'Adolescence à mon maistre: Et qu'on lise à dextre ou senestre,

Ontrouvera, bien je le sais, Ce petit mot de Coup d'essai, Ou Coups d'essai que je ne mente

"\1 ,t;

DE MAILOT CONTall SAGON,

c.mC t

LE VALET

Quoi qu'il en soit, l'on retrouve en 1534 «le mot de Marot» employé par Rabelais dans le prologue du Gargantua: «A quel propos, en voustre advis,

.1!XeExemples tirés du Dict.i.onnaire de l'ancienne langue francaise

au

XVe siècle, Pans, 1938. etde tous ses dialectes du

42Clément Marot, Ado!...cence clémentine. édition critique de Gérard Defaux, Paris, Bordas, 1990, p. 17.

(31)

tend ce prelude et coup d'essay? »43 Et l'on peut lire en 1588 dans le livre III des Essais la même expression: « Laisse, lecteur, courir encore ce coup d'essay [...] » (Ill, 9, p. 963, B). Dès l'édition de 1549 de son dictionnaire français-latin, Robert Estienne traduit « essai» par prolodium, praeliJdium, tentamentum, et donne quelques exemples en français: « Essay qu'on fait de sa force premier que d'entrer au combat, - Faire le coup d'essay. -Faire l'essay du vin. -Brouage dont on a faict l'essay. »" Le mot, on le voit, était dans l'air du temps.

Dans son Lexique de la langue des Essais de Montaigne4S, Pierre

Villeyattnbue au vocable le sens d'épreuve, d'exercice ou d'expérience. Le verbe «essayer» désignerait le fait d'éprouver, de mettre à l'épreuve, d'expérimenter, de s'efforcer, mais aussi, de subir ou d'essuyer: «et en ay essayé [des maladies] quasi de toutes les sortes» (lI, 37, p. 766, A); « [J'] essayois toute sorte d'injures militaires à la fois» (Ill, 12, 1041, B). Selon lui, c'est au chapitre 50 du premier livre que Montaigne aurait utilisé pour la première fois le mot «essai» au sens où il l'entendra dans son titre46:

Lejugement est un util à tous subjects, et se mesle par tout. A cette cause, auxessaisque j'en fay ici, j'y employe toute sorte d'occasion. Si c'est un subject que je n'entende point, à cela mesme je l'essaye,

~FrançoisRabe1ais, Gargantua, Paris, Gallimard, 1989,p.57.

"Robert Estienn Di' . fran i l ' i 1 m i v

.• t Pans, 1549, p. 143(dispom e sur nucro- c es

àl'Umversrté de Montréal).

45PierreVilley,Lexique de la languedes f-ssaisde Montaigne. New York, Burt Franklin,

1973,pp. 276-2n.

(32)

23

sondant le gué de bien loing; et puis. le trouvant trop profond pour ma taiUe,je me tiens à la rive(1, 50,p. 301, A).

Le mot possède ici le sens de «mise à l'épreuve du jugement» et tend déjà à se démarquer du « coup d'essay» entendu comme « tentative» ou « travail d'apprenti ».

Dans ses premiers chapitres, Montaigne fait d'abord du mot «essai » un synonyme d'épreuve en général et, sous la forme verbale, d'exercice ou «d'exercitation »: «Et s'en est veu un grand nombre pour le seul essai de vertu [...] »

0,

14, p. 59, A); «Je remets à la mort l'essay du fruict de mes estudes» (I. 19, p. 80, A);

n

s'agit alors de mettre en pratique divers objets: les études, la vertu, la patience, afin de les éprouver, d'en faire le 'test': «mais quand à la mort, nous ne la pouvons essayer qu'une fois» (II. 6, p. 371, A). Ces occurrences ne se rapportent pas toujours, et même rarement, à Montaigne: « Le jeune Pline instruira ceux qui ne l'ont essayé (II, 17, p. 652, A); «c'est une dangereuse invention que celle des gehenes, et semble que ce soit plustot un essay de patience que de vérité» (II. 5, p. 368, A).

Puis, graduellement, se précise l'idée de mettre àl'épreuve ses propres facultés: «C'est icy purement l'essay de mes facultez naturelles» (II. 10, p. 407, A); «Je m'estudie [je m'essaye] plus qu'un autre subject. C'est ma metaphisique, c'est ma pbisique»(III. 13, p. 1072, B). Montaigne entreprend alors d'essayer son jugement, faculté naturelle la plus proprement bumaine, et affirme vouloir enfaire l'objet de son livre47: «Quand aux facultez naturelles

·'Pour E. V. Telle: «L'~en soi, est le jugement autravail, en effort, et neveutêtre quecelachez Montaigne [...JD'abord,une pnse de conscience; un mouvement enavant,

(33)

qui sont en moy, dequoy c'est icy l'essay, je les sens flechir sous la charge. Mes conceptions et mon jugement ne marche qu'à tastons, chancelant, bronchant et chopant » (1, 26, p. 146, A). Les acceptions plus anciennes sont encore utilisées, mais elles se rapportent le plus souvent à l'auteur: « J'essaye à tenir mon ame et mes pensées en repos» (III, 10, p. 1020, B); <d'essaye souvent mes forces» (II, 37, p. 762, C). «Essai» désigne ici un processus à travers lequel l'essayiste se mesure à lui-même, et c'est, non pas le résultat de ses expériences, mais ce processus même que va désigner d'abord le titre48,

emblème d'une écriture en mouvement qui procède d'expériences autant qu'elle les engendre. Tenter, éprouver, exercer, expérimenter, tous ces verbes se conjuguent et coexistent dans le titre de l'oeuvre; et peut-être même le verbe«déguster»...

C'est, du moins, la thèse défendue par Andrea Blinkenberg, qui se distingue à cet égard de l'interprétation de Villey, dans l'article «Quel sens Montaigne a-t-il voulu donner au mot

Essais

dans le titre de son oeuvre? » Après avoir considéré l'ensemble des acceptions du mot «essai », Blinkenberg s'arrête à celle de 'dégustation' et y voit l'expression de «l'examen que Montaigne fait de lui-même»49: «Chacun regarde devant soy; moy, je regarde dedans moy: je n'ay affaire qu'à moy, je me considère

~

uis un arrêt, un mouvement en suspens, immobilisé, ~rèt à reprendre sa marcheIl

«A propos du mot 'essai' chez Montaigne)1, BLliothègye d'HtJmanisme et

enajs5l!nce.Genève,Oroz, 1968, t.

xxx,

p.233).

48 HugoFriedrich, alors qu'ilse1ivreàuneanalysesémantiquesonunaire du mot "essai",

décnt le lienquiexisteentreletitre etla méthOde del'essayiste: «Onvoit par tout cela que Montaigne voulait que son titre füt compris par référence à l'idée de méthode SIgnifiée par essai.nn'était pas pour lui une étiquette littéraire(op.cit.,p.355).

49Andrea B1inkenbeot. «Quel sensMontaisn.e a-t-il voulu donnerau mot Essaisdansle

titre de son oeuvre"'?» Wlan~ de linro'stique et delittératures romanes offerts à M.

(34)

sans cesse, je me contreroIle,je me gouste» (II, 17, p. 657, A). L'on peut en effet rapprocher ce passage d'un autre où l'allusion «dégustative» est explicite:

J'ay assez vescu, pour mettre en compte l'usage qui m'a conduict si loing. Pour qui en voudra gouster, j'en ay faid l'essay, son escbançon. En voicy quelques articles, comme la souvenance me les fournira»(III, 13,p. 1080, B).

Goûter ne signifie pas consommer, manger ou boire, mais tâter, faire l'essai d'un aliment ou d'un breuvage pour en connaître la saveur, afin de pouvoir, au-delà de la texture et de l'odeur, au-delà des apparences, mieux en juger. De même, Montaigne fait l'essai de ses facultés, les goûte, comme pour voir si, semblablement au vin, il «s'amende en vieillissant»5O. Le titre Essais se souvient aussi de ce sens.

Sur les 17 occurrences de la forme plurielle «essais », cinq semblent être des allusions directes au titre de l'oeuvre et quatre ou cinq autres, plutôt indirectes. Parmi les plus directes: «Je m'ennuie que mes essais servent les dames de meuble commun seulement, et de meuble de salle» (IIT, 5, p. 847, B); « La plupart de ceuxquime hantent, parlent de mesme les essais» (I, 26, p. 172, C); «Je sçay bien, quand j'oy quelqu'un qui s'arreste au langage des essais, que j'aimeroye mieux qu'il s'en teust »(I,40, p. 251, C);«je ne juge la

~Dansune lettreadresséeàJuste-Lipse, Marie deGol,lI'lUlYdit de l'oeuvredeMontaigne que «c'est un vin QI!Ï s'amende en vieillissant» (cité parFrie;S~' cit., p. 33 ). A. Salles dans«Le titre desEssais & sa traduction en latin» IV, novembre 1938, p. 41) développe une channante métaphore, alors CI!1'i1 étudie le lien entre le vocablelatin~, au sens de 'dégllstation', et le mot'es5lII':«ainsi fàisaitMontaigne, essayant les questions,~sesforces. et nous enservant des échantillons, par oùil ne prétend pas nous nourrir etserait bienfâchéde nous rassasier-assezcontent s'il nous met et nous tient en goût de recommencer sans cesse l'essai des ~ de M de Montaigne».

(35)

valeur d'autre besongne plus obscurement que de la mienne: et loge les essais tantos bas, tantost haut... » (III, 8, p. 939, B); « tel se conduict bien qui ne conduict pas bien les autres (C) et faict des essais qui ne sauroit faire des effaicts... » (III, 9, p. 992, C). On remarquera que la plupart de ces allusions sont des ajouts de l'exemplaire de Bordeaux. L'oeuvre ayant connu beaucoup de succès, l'on peut présmner que le titre fut rapidement consacré par l'usage et que, s'il n'allait pas de soi pour Montaigne de parler dans les éditions précédentes d'une oeuvre en train de se faire, il pouvait désormais la considérer avec un certain recul et l'appeler par son nom. C'est aussi dans l'exemplaire de Bordeaux que l'on retrouve pour la première fois le mot «Essais» écrit avec une majuscule' l , dans une adresse à l'imprimeur:

~#f1.

71WI\

,.I1.IiYA

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/ -

~ ~'t.t.

EJfMj'

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.')11/lï

11\/.

«Mettez mon nom tout du long sur chaque face Essais de Michel de Montaigne»52 •C'est d'ailleurs le seul emploi sans équivoque du mot en tant

que titre. Les autres occurrences, lorsqu'elles ne sont pas employées dans l'acception usuelle, ont davantage une valeur «générique» dans la mesure où, en faisant abstraction de la fonne nouvelle et en considérant les Essais dans leur filiation avec ces genres, l'on pourrait substituer

II Fait intéressant, on ne retrouve nulle partdans le tœe de l'exemplaire de Bordeauxet dansles .outsmanuscritsle mot«essais»écrit avec une .uscuIe. Après vérifications

dans la . n 'mil , . (Genève-Paris,

Slatkine, 19 7, pp. 21çl.258, 268, 273, 475, 58 , 760, 763, 791, 830 et 978), nous avons découvert que VWe)', tout àfàit subjectivement, a inséré à six reprises dansson édition des majllsQlleslàoùilyoyaitune allusion autitre. Lealce, dont laCçn'f.r est basée sur l'édition de Villey, reoroduit les mêmes modifications. (VoIr •. tlon Villeyl op. cit. pp. 172; 251; 662; ~39; 992, ainsi que la Concordance de Lealce à «essaIS»).

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27

exemplum, centon, ou leçon, àessais: «[...] si ces essays estoyent dignes qu'on enjugeat [...] » (1, 54, p. 313, A);« Le jugement qu'elle fit des premiers essays [...]» (lI, 17, p. 662, C); «[...] et, de mes premiers essays, aucuns puent un peuàl'estranger» (III, 5"p. 875, C). Le mot ne désigne plus ici un

eSSeA'S

DE MESSIRE

MICHEL SEIGNEVR DB MONTAIGNE, C • • • AS.Z." Da 1.·0 ..» ... tlabJod'G"';11 ..

05-.../le· '",

eA 7tOTZDE.AYS.

l'Irs,vm ,coll ttl - CII'I!Iaaltc-Ja,. èrlIf'. •L X X X. JlTJ;CIZrTU.EOE

D,.aOr.

ess041 s

DE MICHEL

DE MONTAI-ONE.

LI'f)7..& sec 02'(.D.

04'.IOT'ZDEAT'S.

Plrs,YiJJlapIlllpt' mrllIIIiDIIlc-loT·

tM,D.LXXX.

ArEC 111T'IJ.EGE DT'

zor.

Ou raDarquera combiapald'espaceesta110aéautitre par rapport au titres-de DObIesse(!) D aIsle une autre ftrsioa de l'édition prilfœps, coasenée à la Bibliotbèqae lDUaidpaie de Bordeaux. dont la page de titre comporte la mbae crawre que sur l'image de droite et où l'on peutlire: "Essaisde

MicheldeMoataigae. LIvrepraDier et_d... ce quiamèDeReaé BenIouIli asupposerque " Montaigne,ewnilWltchezMillaDgesles premien csemplaires fraicbemeDt Imprimés de _ ouvrage et remarquaat l'abRace de leStitres, aitexp~_ méconleDtemeat. Pour l'adjoac:tlon destitresDObllaires, la place maaqaa1t,etMillaDcesfatcoatrailItdesubstituerlet1earon [imagedegauchel à

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processus, mais un phénomène passé, achevé et désormais hors de contrôle, bref, un résultat. Cependant, ce n'est pas l'ensemble de l'oeuvre qui est en cause, mais quelques singularités en son sein: les «premiers essays». Il est donc tentant de remplacer «essais» par chapitres: «Et combien y ai-je épandu d'histoires qui ne disent mot, lesquelles qui voudra éplucher un peu ingénieusement, en produira infinis essais» (l, 40, p. 251, C).S3 S'il est peu probable que Montaigne ait utilisé le terme «essais» comme synonyme de «chapitres»54 ,c'est quand même déjà l'emploi qu'il en fait qui permettra plus tard au mot de désigner un genre.

Le caractère rhématique du titre ne lui vient pas uniquement de la postérité. Trop plurivalent pour n'être que thématique, Essais renvoie aussi à

la forme même de ces écrits. TI évoque l'idée d'ébauches, d'épreuves, renforcée par l'utilisation dans le texte de mots qui qualifient la forme:

crotesque, rapsodie, corps monstrueux, fricassée, marqueterie mal joincte,

fantasies infonnes,

etc. Tous entretiennent avec le titre un rapport analogique

et pourraient presque se substituer à lui.En outre, le titre étant d'une économie exceptionnelle, ses fonctions énonciative, poétique et contractueUe tendent à se confondre et à s'interpénétrer. Essais dénote, connote, séduit et engage en même temps. Il possède d'abord un sens, assez vague pour piquer la curiosité, mais tout de même connu par le lecteur et qui, selon l'acception de l'époque,

53«La petite note sur le sens du mot Essai» signée par Jacques de Feytaud dans les numéros 17-18 de ~AM (1961, pp. 3-4) aOOnde dans ce sens: «['interprétation littérairen'est-e11e pas lC1la plus natufClle?

n

s'agit bien, semble-t-il,dansce pluriel, non de l'ouvrage entieret de son titre général, qw peut avoir le sens d'expénence, mais d'une série de chapitres particuliers, qu'ilaunutpu développer.»

"C'est du moins ce qu'affinne René Bernoulli qui, contrairement à Feytaud, pense que «troquer la désignation de chapitre contre essai, comme on le fait souvent, ne correspond pasàl'intention de Montaigne.»tené Bernoulli, dans l'introduction dela Reproâuctionenfac-sjmilédel'exempl8lrede Weme,op.cit.,p. 22).

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tourne autour de l'idée de tentative. Cependant, au gré de la lecture, le titre se charge de connotations nouvelles. L'utilisation du mot«essais» dans le texte confere au titre, tour à tour, les sens d'épreuves, d'exercices, de jugements et d'expériences, de sorte que, en rétrospective, le lecteur ne comprend plus le titre de la même façon après, qu'avant la lecture. Et même le «que sais-je? » vient s'intégrer au spectre sémantique de l'intitulé et permet le sens d'«essais de mon savoir». Le texte informe donc le titre, mais le titre préfigure aussi le texte. Essais connote d'emblée une certaine modestie, et c'est à la lumière de celle-ci que le lecteur est invité à lire l'oeuvre. L'auteur engage le lecteur à considérer ce qui va suivre comme étant un ouvrage d'apprenti, un coup d'essai, et la concision déjà toute séduisante du titre s'imprègne ainsi d'humiIitë. C'est d'ailleurs l'interprétation du titre Essais (la première publiée) que nous livre La Croix du Maine dans sa Bibliothèque Francaise (1584):

Et afin d'esdan:ir le ultre de ce livre, qu'il appelle E,Baiz,& pour dire ce qu'il contient, & pour quelle raison il l'a ainsi intitulé, j'en diray icy mon advis en passant. En premier lieu, ce tiltre ou inscription est fort modeste, car si on veut prendre ce mot d'Essaiz, pour coup d'Essay, ou apprentissage, cela est fort humble & rabaissé, & ne resent rien de superbe ou arrogant; & si on le prend pourEssaiz ou experiences, c'est-à-dire, disconn ponr se façoner snr antruy, il sera encores bien pris en cette façon: car ce livre ne contient autre chose qu'une ample déclaration delavie dudit sieur de Montagne& chacun chapitre contient une partie d'icelle.56

$5La première édition de l'oeuvre, dans sa matérialité même, semble aussi empreinte

d'hümilitéet de rabaissement, cequi fait direà François Moureau: «Feinte disCrétion, orthodoxie, lap'age de titreestun paratonnerre en même t~~s qu'une affiche. Quand Montaigne colÏfiera son 1ivre à la censure ~ntificale, son it en sera très décent» (<<Lesens du titre», dansLenarcours des ffOis... op. cil., p. 14). Bien sûr il y a les

titres nobiliaires, mais ceux-clïî'ôêêû~ l1l:l'un espace restreint comparé à la place fI\l'ils prendront dansl'édition de 15 8, où ils seront du même corps que le nom de 1auteur.

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La Croix du Maine ne sera pas le seul à qualifier de modeste le titre Essais; c'est également l'opinion de Scevole de Sainte-Marthe dans ses Éloges des hommes illustres gui depuis un siècle ont fleuri en France dans la profession des lettres (1598):

Les oeuvres mêlées qu'il voulut donner à la France sous ce modeste titre d'Essais, quoiqu'à cause de l'élégance de son style, la naive liberté de parler qui s'y rencontre et la docte variété des matières qu'il traite, il leur eût pu donner justement un titre plus pompeux et plus magnifique [...]S7

Antoine de Laval, géographe du roi, qui prétend aVOIr connu Montaigne personnellement, écrit pour sa part au début du XVlle siècle:

De ce mot (Essay) je tire un argument que Lipsius et ses semblables estrangers qui n'entendent pas nostre langue ont mal rendu le titre de ce livre Essays par GIlstus en latins, qu'ils ont prins et mal de

pregussarequi est l'Essay que faict le gentilhomme servant le roy, cela s'appelle bien Essays. Mais les essais de ce livre signifient autre chose que gouster. [...] Tout ce que j'essayoisàdire estoit vers, c'est à dire essayer, tenter pour voir s'il réussiroit à escrire, à faire des livres comme les apprentïz. Us s'essoient à faire un ouvrage. C'est un mot quim~uela modestie de l'auteur qui se moque des grands faiseurs de livres.9

Cette dernière interprétation, d'une étonnante sagacité, témoigne également d'une problématique commune àl'époque: comment traduire dans une autre langue ce mot quiy est présent déjà sous une forme plus ou moins semblable,

S6~erVolume de la Bibliothèaue du ~eur deI.,llCroixduMaine. qyi «;styn catal9gye

~~ou~~~ qu~t escnt! Fran~ls d~ulSCInq centsans et

OîûSîûSqûêSâêiiôûfd'\îV ..

<Pâris;

L'Ang

êr,

î5 •pp:28-329. " CitéenappendiceparVilley, op.ciL,p. 1204.

S'Dans une lettre llui date de 1583t Juste Lipse écrivait: «Montani libnnn Gallicum

Gustuumtitulo [...J» (voirFriedrico, op.ciL, p. 356).

S9CitéparBlinkenbent.o,p.. ciL, p. 3etpar A. M Boase,«TheEarly history of theEssai

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31

tout en rendant compte de sa re-sémantisation. Les essais se succèdent mais ne se ressemblent guère, et l'on voit défiler gustus (Juste Lipse), conatus (A.

de Laval), adumbratio (De Thou), tentamenta (Martin Despois), specimina

(l'évêque Huet), Gesinnungen, Meinungen, Gedanken (Lichtenberg), puis finalement au XIXe siècle, faute d'avoir pu trouver mieux, l'on se résigne à

adopter la traduction littérale:Saggi, Ensayos, Versuche.91

Bien sûr, Français et Anglais n'ont pas connu ces difficultés, au contraire, le mot partagé par les deux langues bénéficia d'un destin fort prospère.

En France, c'est l'Essay des questions théologiques de Coeffeteau (1607) qui inaugure remploi d'«essay» en tant que titre générique d'un ouvrage en prose, au terme d'un long détour par la poésie avec, dès 1584, les Essavs poétiques de Hierosme d'Avost de Laval,suivi en 1588 par Un Essay de quelques poèmes Chrestiens par Jean de Sponde, puis en 1593 par les Essays poétiques de Guillaume de Peyrat Ce fut cependant Francis Bacon qui, avec ses Essayes or Counsels Civill and Morall de 1597 et malgré un style aride et didactique, se rapprocha le plus de l'acception conférée par Montaigne61 •Legenreva connaître un succès extraordinaire en Angleterre, et suiteàla traduction de Montaigne en 1603 par Florio sous le titre: Essayes on Morall. Politike and Militarie Discourses, l'on assiste à une cascade de publications qui, si elles n'en ont pas toujours le ton, arborent du moins en frontispice le nom d'essai: Es..ayes Moral and Theological (1609), Satirical Essayes (1615), Essais of Certain Paradoxes (1616), Essayes upon the Five

91Voir Friedrich,op. ciL,p. 357.

61C'est, semble-t-iJ, Francis Baconquiacclimatale titre d'essaisdAnssa langue (voir Alan

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Senses (1620), New Essaves and Characters (1631). En France, l'Essai sceptique de Camus, publié en 1610, et, en 1622, l'Essav des merveilles de nature et des plus nobles artifices de René François, assurent la postérité du titre et du genre jusqu'à ce qu'il soit revitalisé par Descartes62 • Paradoxalement, ce sont surtout les Anglais qui ont développé et su exploiter au maximum les possibilités de la forme « essayée». Parmi les plus grands essayistes, il faut citer Charles Lamb, Thomas de Quincey, Samuel Taylor Coleridge, John Ruskin, Hilaire Belloc, Virginia Woolf et, aux États-Unis, Ralph W. Emerson et Henry Thoreau. Tous sont tributaires, en quelque façon, des Essais de Michel de Montaigne. Toutefois, nous l'avons vu, le titre, comme l'oeuvre elle-même, n'était pas de génération spontanée; l'ensemble se situait au confluent de traditions multiples dont nous allons maintenant chercher les sources à travers l'étude des intertitres.

62 <dt is Descartes [...] who creates the success of the term as

:ed

to p!"ose.» (A.

Boase, The Fortunes of Montaigne, op. cil.. P. 3). Descartes . à la suite du titre

Piscours

de I~éthode; «plus LA DIOPTYQUE. LES METEORES. ET LA

GEOMETRIE. sont des essais de cete (sic) Methode.» et emploieindifféremment «essaide », «essais sur », «essaiconcernant ».

(42)

CHAPITRE III

} le

titre et les Essais

(Autour de la fonction énonciative)

" Apologie d'iœllay, contre eeax qui disent que la mule du pape ne mange qu'à ses heures.

Prtmom-iDquindpit.SiM Trilpubi1le,btJ1attJ

pt:rM. N.Smr&eowjOIL[n.)

LeCbiabreDa des puœll.... LeCulpeléd..vetva.

LaCnquelucbe d.. moin.. [.••)»

Rabelais,Pantagruel. VIT,

Catalogue de la h"brairie de Sainct Victor

LaQuellenforschunt'3 n'a pas très bonne presse auprès de la critique moderne; aussi serons-nous prudent. En effet, il ne s'agit pas ici de retracer l'origine des titres des Essais. mais plutôt de confronter leur configuration aux modèles antique et contemporain afin d'en déterminer les similitudes, ou les dissemblances, et donc, accessoirement, l'originalité. Pour ce faire, une typologie grammaticale s'impose.

Nous avons w que le discours intitulant s'est développé à partir de besoins pratiques d'identification et de classification. L'intitulé se caractérise, dès ses origines, par une propension à l'ellipse qui procède d'un souci d'optimalisation fonctionnelle64• En ce sens, les premiers ouvrages

63«Recherche des sources» en allemand.

lUAussi l'ellipse n'entame en rien le sens du titre: «La situation de communication

renseigne le lecteur sur le type de contexte et donc sur le caractère intitulant du

~e nominal; le titre constitue donc (généralement) une ellipse contextuelle.

I.:o~e le lecteurestrenseignéj)aI'le co-texteverbal, le titre constitue une ellipse

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