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Perspective transactionnelle des styles d'attachement adulte dans le couple : l'évolution de l'appariement des patrons d'attachement au cours de la relation conjugale

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Academic year: 2021

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CRISTEL NEVEU

Qo.Ç

Perspective transactionnelle des styles d’attachement adulte

dans le couple: l’évolution de l’appariement des patrons

d’attachement au cours de la relation conjugale

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures de Γ Université Laval

pour Γ obtention

du grade de maître en psychologie (M.Ps.)

École de psychologie

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITÉ LAVAL

NOVEMBRE 1999

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Je remercie mon superviseur, Stéphane Sabourin, pour sa participation et sa collaboration à

l’élaboration de ce mémoire. Je lui suis aussi reconnaissante de m’avoir fourni les outils nécessaires à une compréhension plus approfondie des problèmes psychologiques à travers son rôle de

superviseur de stage.

Je remercie Geneviève Dupont, Hans !vers, Éric Frenette et Pierre Valois pour leurs judicieux conseils en statistique.

Je remercie Catherine Bégin pour ses précieux commentaires et aussi pour avoir su, par son humour, rendre agréable les moments que nous avons partagés ensemble.

Je ne saurais trop remercier Marie-Christine Harvey, qui est devenue au cours de cette maîtrise, une grande amie. Sa candeur et son énergie ont ensoleillé mes journées tout au long de mon séjour. Je remercie Annie Aimée, qui, me précédant dans son programme de maîtrise, m’a souvent aidée à franchir plus aisément certaines étapes de la maîtrise. Je la remercie plus personnellement pour son désir de contribuer au bonheur de ceux qui l’entourent.

Je remercie Mélanie Champoux, qui a dû parfois au cours de mes stages, supporter ma franchise maladroite. Je la remercie pour sa maturité d’avoir su naviguer à travers certains moments difficiles sans cultiver de rancunes. Je la remercie de sa générosité de nous avoir offert beaucoup de son temps pour parfaire notre éducation clinique.

Je remercie aussi mes compagnes de stage (Marie- Christine Harvey, Nathalie Poulin et Marie- Claude Joly). Nos discussions exploratives sur les stages et sur nous-mêmes nous ont permis de partager des moments intimes très précieux qui ont provoqué certaines remises en question personnelles nécessaires à une compréhension plus objective.

Je remercie toutes celles qui m’ont entourées au cours de cette maîtrise (Anne-Marie Mongrain, Marlène Montmigny, Myrianne Cloutier). Par leur présence, elles ont su égayer mes années de maîtrise.

Enfin, je remercie mon compagnon de vie, Alain Parent, pour sa grande humanité. C’est en puisant dans la simplicité de notre relation, de tout ce qu’elle a d’essentiel, que j’ai trouvé la motivation et

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J’ai bénéficié d’une bourse du fonds FCAR tout au long de la maîtrise. Je remercie cet organisme de m’avoir fourni un tel support financier.

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RÉSUMÉ

L’objectif de la présente recherche est de décrire, à l’aide d’un protocole longitudinal, l’évolution des appariements des patrons d’attachement des partenaires d’un couple et sa relation avec la satisfaction conjugale. L’échantillon se compose de 116 couples mariés ou cohabitant ayant rempli individuellement une batterie de questionnaires portant sur l’évaluation des styles d’attachement et sur l’adaptation conjugale. Une deuxième passation de ces tests a eu lieu en moyenne deux ans plus tard. Les résultats révèlent que la présence d'un partenaire sécurisant dans le couple sécurise l'autre partenaire, au point où les conjoints s’entendent mieux sur le plan des décisions communes et se sentent plus heureux. De plus, la majorité des couples sécurisant- sécurisant reste sécurisant-sécurisant et obtient en général le degré de satisfaction le plus élevé. Enfin, l’adoption d’un patron d’attachement non-sécurisant par un des partenaires au cours de la relation conjugale diminue le nombre et la qualité des activités partagées par le couple.

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TABLE DES MATIÈRES

Résumé ... ii

Table des matières... iii

Liste des tableaux... iv

Introduction générale... v

PERSPECTIVE TRANSACTIONNELLE DES STYLES D’ATTACHEMENT ADULTE DANS LE COUPLE: L’ÉVOLUTION DE L’APPARIEMENT DES PATRONS D’ATTACHEMENT AU COURS DE LA RELATION CONJUGALE... Cadre théorique ... 6 Méthode ... 15 Résultats ... 17 Discussion ... 30 Conclusion générale ... 39 Références ... 41 47 Tableaux

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LISTE DES TABLEAUX

Caractéristiques de l’échantillon ... 47 Moyennes et écarts-types de l’ajustement dyadique et des styles d’attachement pour !’échantillon initial et !’échantillon de la portion longitudinale...48 Distribution des styles d’attachement des femmes et des hommes aux deux temps de l’étude ... 48 Distribution des appariements du couple aux deux temps de l’étude... 49 Relations entre les changements d’appariement des styles d’attachement des femmes et des hommes et leur changement de satisfaction conjugale... 49 Relations entre les changements d’appariement des styles d’attachement du couple et les quatre sous-échelles de satisfaction conjugale ...50 Tableau 1 Tableau 2 Tableau 3 Tableau 4 Tableau 5 Tableau 6

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Les théoriciens de l’attachement définissent les représentations cognitives comme des constructions mentales actives qui peuvent être modifiées par les expériences relationnelles de l’individu. Bien que cette théorie stipule qu’en général les schèmes mentaux des styles d’attachement restent relativement stables et intacts, d'autres chercheurs croient que certaines expériences relationnelles sont assez puissantes pour infirmer ces représentations mentales et provoquer une modification de ces schèmes. La majorité des recherches sur l’attachement ont examiné la stabilité des patrons d’attachement en effectuant leurs analyses sur des données individuelles. Bien que l’appariement des styles d’attachement des partenaires d’un couple ait été étudié à quelques reprises, aucun chercheur n’a exploré les changements de ces appariements au cours de la relation conjugale.

Cette étude propose donc une vision dynamique des styles d’attachement en décrivant l’évolution de l’appariement des styles d’attachement dans le couple et sa relation avec la satisfaction conjugale. Nous postulons la présence d’une influence réciproque des styles d’attachement de chacun des partenaires. Cette perspective “transactionnelle” des styles d’attachement dans le couple propose l’existence d’une interdépendance des schèmes mentaux des styles d’attachement des partenaires, selon laquelle ces derniers réviseraient leurs représentations mentales pour s’ajuster l’un à l’autre. Cette révision affecterait ainsi leur satisfaction conjugale.

Afin de vérifier nos hypothèses, le questionnaire de l’Évaluation des styles d’attachement (Hazan & Shaver, 1987) et l’Échelle d’ajustement dyadique (Spanier, 1976) sont administrés à chacun des partenaires à deux reprises sur une période de 24 mois. Après avoir spécifié l’évolution des styles d’attachement individuel, la direction des changements d’appariement est examinée. Ensuite, la relation entre, d’une part, l’évolution individuelle des styles d’attachement et des changements d’appariement et, d’autre part, la satisfaction conjugale est démontrée. Du point de vue de la méthodologie, cette recherche présente l’avantage d’aborder le couple en tant qu’unité d’analyse au moyen d’un score thêta produit par le logiciel Multilog. Les restrictions de ce logiciel ont empêché l’obtention d’un score de satisfaction globale du couple, mais il a tout de même été possible de spécifier davantage l’impact des changements d’appariement sur les sous- échelles de la satisfaction conjugale. À notre connaissance, aucune recherche ne s’est attardée à mettre en relation ces deux construits.

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Perspective transactionnelle des styles d’attachement adulte dans le couple: l’évolution de l’appariement des patrons d’attachement au cours de la relation conjugale Depuis sa conceptualisation, la théorie de l’attachement (Bowlby, 1973) connaît.une effervescence dans les milieux de la psychologie développementale, de la psychologie sociale et de la psychologie clinique. Elle a contribué à la compréhension de phénomènes aussi divers que l’attitude professionnelle (Hazan & Shaver, 1990), les croyances religieuses (Kirkpatrick, 1994), l’attitude face à la santé physique (Feeney & Ryan, 1994) et certains troubles de santé mentale (Strahan, 1995).

Partant de la notion de la survie de l’espèce, la théorie de l’attachement repose originellement sur le postulat d’une interaction primitive du vécu enfant-mère guidée par des conduites innées “d’attachement”. Ces conduites englobent le comportement de l’enfant recherchant la proximité du parent nourricier (sourire, pleurs, direction du regard) et la réponse conséquente de ce parent (disponibilité, rejet, indifférence). Elles permettent à l’enfant de jauger ses comportements d’exploration en comparant les dangers présents dans son environnement physique et social à l’accessibilité de sa figure d’attachement. Ainsi, selon cette théorie, chaque enfant élabore des modèles mentaux et des représentations cognitives des autres et de lui-même à partir des indices relationnels que lui renvoie son parent nourricier (Bowlby, 1973).

L’analyse empirique de la relation entre les représentations mentales de l’enfant et les différents patrons d’attachement enfant-parent a donné naissance à une typologie tripartite (Ainsworth, Blehar, Waters, & Wall, 1978). Cette typologie a permis de distinguer les différences individuelles des comportements d’attachement en trois patrons: sécurisant, évitant et anxieux. Chacun de ces patrons reflète la stratégie mentale sous-jacente à la réaction de l’enfant devant une situation de détresse émotionnelle. Le paradigme expérimental utilisé par Ainsworth consiste à mettre en scène un processus de séparation-réunion en laboratoire dans lequel la mère quitte temporairement son enfant pour le laisser seul ou en compagnie d’un intrus. L'enfant sécurisant reconnaît sa détresse lors de la séparation et sa stratégie d’adaptation au stress consiste à utiliser le parent à son retour comme une base réconfortante lui permettant d'explorer à nouveau son environnement. Au contraire, l'enfant évitant développe une stratégie de désactivation des comportements d'attachement en inhibant l’expression de sa détresse et en supprimant sa recherche de soutien de manière à éviter le rejet éventuel de sa mère. Enfin, l’enfant anxieux développe une stratégie d'hyperactivation, causée par le renforcement intermittent des attitudes contradictoires du parent, au cours de laquelle il rend excessive l'expression de sa détresse et manifeste une attitude colérique au retour du parent. Ces trois patrons d’attachement sont

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directement reliés à la sensibilité et à la réponse de la mère aux besoins et aux signaux de son enfant.

La première étude empirique démontrant !’association entre les styles d’attachement durant l’enfance et les relations interpersonnelles adultes a été réalisée par Hazan et Shaver (1987). Ils constatent que les adultes endossant un attachement sécurisant rapportent une relation chaleureuse avec leurs parents au cours de leur enfance, alors que les adultes évitants présentent leur mère comme étant distante et rejetante, et les adultes anxieux décrivent leur père comme quelqu’un d’injuste. À partir de leurs données exploratoires, ces auteurs ont étendu l’emploi du concept de modèle mental d’attachement en appliquant la typologie d’Ainsworth aux relations amoureuses. Selon eux, les individus affichant un patron d’attachement sécurisant ont tendance à entretenir une relation de confiance, d’intimité et d’interdépendance avec leur conjoint. Ils ont la capacité de requérir l’aide de leur partenaire en cas de besoin et également de soutenir celui-ci quand cela est nécessaire. Les personnes ayant un style d’attachement anxieux démontrent le besoin de s’unir complètement au partenaire en craignant d’être délaissées. Elles cultivent des préoccupations exagérées à l’égard du conjoint et ressentent une ambivalence affective dans leur relation. À l’opposé, les gens adoptant un type d’attachement évitant présentent des difficultés à entretenir des liens d’interdépendance et de confiance avec le partenaire. Ces individus ont peur de l’intimité et ils répriment leur insécurité en agissant comme s’ils se suffisaient à eux-mêmes. Après l’élaboration de cette classification de l’attachement adulte, d’autres études ont continué à préciser les liens entre les styles d’attachement parent-enfant et les relations d’attachement adulte (Ainsworth, 1989; Weiss, 1991).

Stabilité des styles d’attachement

Les modèles cognitifs élaborés au cours de l’enfance à partir de la relation avec le parent sont d’une importance capitale à la théorie de l’attachement, parce qu’ils impliquent l’existence d’une continuité temporelle entre les relations d’attachement initiales et le développement de la personnalité et des relations interpersonnelles futures (Bowlby, 1973). Récemment, un bon nombre de chercheurs ont examiné la stabilité temporelle des styles d’attachement. Un débat scientifique animé oppose les tenants de la conception individuelle (trait intrinsèque à l’individu) à ceux de la conception relationnelle (schème spécifique à la relation) de l’attachement. Les premiers défendent l’hypothèse que les styles d’attachement restent relativement stables avec le temps, car ils représentent un trait durable de la personnalité des individus (Bowlby, 1973; Mikulincer & Erev, 1991). Au contraire, les partisans de la conception relationnelle prétendent que les styles d’attachement reflètent des processus mentaux spécifiques aux relations

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interpersonnelles actuelles de l’individu (Baldwin & Fehr, 1995; Feeney, Noller, & Callan, 1994; Kirkpatrick & Hazan, 1994).

De récentes études longitudinales menées à différents intervalles de temps ont exploré la stabilité de l’attachement adulte en utilisant différentes formes de mesures (questionnaire à trois choix forcés, questionnaire à quatre choix forcés, échelles de type Likert). Les recherches employant le questionnaire à simple catégorie avec trois choix forcés (Hazan & Shaver, 1987) ou avec quatre choix forcés (Scharfe & Bartholomew, 1994) démontrent qu’environ deux tiers des individus rapportent le même patron d’attachement à un temps ultérieur, peu importe la durée de l’intervalle test-retest. (Baldwin & Fehr, 1995; Feeney & Noller, 1992; Kirkpatrick & Hazan, 1994; Scharfe & Bartholomew, 1994). Toutefois, le taux de stabilité diffère selon le style d’attachement. Par exemple, ce taux se situe à 83% pour l’attachement sécurisant, à 61% pour l’attachement évitant et à 50% pour l’attachement anxieux à l’intérieur d’une période de quatre années (Kirkpatrick & Hazan, 1994). Par contre, l’ensemble des recherches utilisant des échelles de type Likert (Collins & Read, 1990; Hazan & Shaver, 1987) pour évaluer les styles d’attachement révèle que les différents patrons d’attachement ont une stabilité comparable, loin d’être aussi élevée que celle obtenue à l’aide de questionnaires à choix forcés (Feeney & Noller, 1996). Plus précisément, les corrélations test-retest sont de .56 pour l’attachement sécurisant, .68 pour l’attachement évitant et .56 pour l’attachement anxieux à l’intérieur d’un intervalle de huit mois (Shaver & Brennan, 1992).

Certains auteurs prétendent qu’il est difficile de distinguer si l’instabilité relative de l’attachement découle vraiment de la variabilité de ce construit ou provient plutôt d’une faible fidélité des instruments de mesure, plus particulièrement du questionnaire à simple catégorie (Scharfe & Bartholomew, 1994). En effet, à l’aide d’un modèle d’équation structurale, ils arrivent à atténuer l’instabilité observée en prenant en considération le manque de fiabilité de leur instrument de mesure. Ils appuient davantage leur affirmation en observant que l’intervalle de temps entre les différentes administrations des questionnaires ne semble pas affecter le degré de stabilité. Cependant, d’autres auteurs stipulent que, si la variabilité de l’attachement est attribuable à une erreur de mesure imputable au questionnaire en catégories, les réponses du questionnaire de type Likert (mesures continues) ne devraient pas prédire (analyse discriminante) les réponses obtenues au questionnaire en catégories (Baldwin & Fehr, 1995). Toutefois, les données de ces chercheurs révèlent que ces deux formats de questionnaire produisent des résultats similaires lorsqu’ils sont administrés simultanément. Par contre, la correspondance entre ces deux types de questionnaire est moindre lorsqu’ils sont administrés à des temps différents. Selon eux, il n’y a donc pas raison de conclure que le questionnaire en catégories est moins fiable que le

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questionnaire à mesure continue. De plus, ils ajoutent qu’il est difficile de croire à une stabilité du construit lorsque 30% des individus changent de patron d’attachement (principalement le style anxieux) du début à la fin de la période d’observation.

Davila, Burge et Hammen (1996) proposent une hypothèse autre que le manque de fiabilité de l'instrument pour expliquer l’instabilité des styles d’attachement. Dans leur récente étude, basée sur un échantillon de participants féminins, ces auteurs révèlent que des femmes ayant vécu des perturbations personnelles et familiales sont plus susceptibles de changer de style d’attachement à cause de la fragilité de leurs modèles mentaux. Selon eux, les personnes dont l’attachement reste sécurisant ou non-sécurisant avec le temps sont des personnes ayant une conception d’elle- même et des autres plus claire et plus sûre que celles qui changent de style d’attachement. Cette observation est confirmée par une autre étude qui indique que les croyances détenues par les individus avec certitude sont beaucoup plus stables dans le temps que celles qui le sont moins (Pelham, 1991). Ainsi, le changement de style d’attachement peut être une manifestation du niveau de certitude des représentations mentales de l’attachement. Par exemple, les personnes qui changent de style d’attachement ne possèdent peut-être pas de conception claire de leur estime personnelle, de leur capacité à faire confiance et à dépendre des autres ou de leur aptitude à vivre en intimité avec autrui. Cette hypothèse suppose donc que le changement des styles d’attachement n’est pas seulement fonction du contenu des modèles mentaux, mais aussi de leur stabilité et de leur enracinement dans les croyances.

D’autres chercheurs prétendent que les gens possèdent des schèmes relationnels — structures cognitives élaborées par la régularité des patrons d’interactions relationnelles — et que ceux-ci peuvent prendre différentes formes selon les relations interpersonnelles qu’ils entretiennent. Baldwin et Fehr (1995) proposent d’appliquer cette conceptualisation socio-cognitive à l’attachement. Selon eux, les trois patrons d’attachement sont des types de schèmes relationnels que peut emprunter une même personne dans différents contextes, à des moments différents ou avec divers individus significatifs. Selon cette perspective, les styles d’attachement représenteraient une orientation cognitive momentanée, dérivée d’une série de souvenirs relationnels antérieurs, de concepts de soi et d’attentes interpersonnelles.

Styles d’attachement et relation conjugale

Plusieurs études ont tenté d’aborder la stabilité de l’attachement dans le contexte des relations conjugales. Quelques études longitudinales ont essayé d’évaluer si certains événements importants pouvaient changer les styles d’attachement. Certains auteurs ont démontré que le

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mariage en tant que transition majeure n’affecte pas la stabilité de l’attachement (Baldwin & Fehr, 1995; Senchak & Leonard, 1992). Par contre, Feeney et Noller (1992) ont constaté que la formation d’une relation stable chez de jeunes adultes au cours de 1 ’expérimentation a provoqué un changement de style d’attachement chez la majorité des participants. Cependant, leurs résultats ne permettent pas de conclure si la direction d’un tel changement s’effectue vers un style plus sécurisant ou non-sécurisant. Par ailleurs, Kirkpatrick & Davis (1994) ont démontré que la direction du changement des partenaires engagés dans une relation était principalement d’un attachement insécurisant à sécurisant. De plus, !’implication d’un individu dans une relation satisfaisante à un moment donné est associée à une plus grande sécurité à un temps ultérieur (Hammond & Fletcher, 1991).

Certains auteurs suggèrent que les expériences relationnelles modifient la stabilité de l’attachement (Kirkpatrick & Hazan, 1994). Les résultats de leurs recherches démontrent que les ruptures de relation sont associées à un changement de patron d’attachement de sécurisant à non- sécurisant. Plusieurs auteurs admettent la possibilité que l’individu puisse réviser ses modèles mentaux préétablis pour les accommoder à une nouvelle réalité de !’interaction conjugale (Hazan & Shaver, 1987; Ricks, 1985; Sroufe & Fleeson, 1986). Entre autres, la relation existant entre les représentations mentales des différents types d’attachement et le processus cognitif de l’accommodation dans le couple a été mise en évidence par Scharfe & Bartholomew (1995). Le processus d’accomodation réfère à la tendance des individus à répondre de manière constructive aux comportements négatifs du partenaire conjugal. Leur étude démontre que 1’accomodation est fortement associée au style d’attachement sécurisant et faiblement (ou négativement) associée à un style d’attachement insécurisant. De plus en plus de chercheurs admettent l’existence d’une composante relationnelle des styles d’attachement déterminée par la relation conjugale actuelle. L’intégration entre les composantes personnelles (liées au caractère) et relationnelles de l’attachement s’est faite de manière plus évidente lors d’études concernant le pairage des styles d’attachement des partenaires. Ces recherches confirment la prédominance de l’appariement de sujets sécurisants avec des partenaires sécurisants (Collins & Read, 1990; Feeney, 1994; Senchak & Leonard, 1992). De plus, une autre étude démontre que les sujets évitants ont plus tendance à s’engager en relation avec des partenaires anxieux/ambivalents et que les sujets anxieux/ambivalents maintiennent des relations relativement stables avec des partenaires évitants (Kirkpatrick & Davis, 1994). Ces divers patrons d’appariement décrivent la tendance des individus à se retrouver dans des situations relationnelles qui confirment leurs attentes (Collins & Read, 1990; Kirkpatrick & Davis, 1994; Kirkpatrick & Hazan, 1994). Par exemple, les sujets

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évitants s’attendent à ce que leur partenaire leur témoigne une forte dépendance tandis que les sujets anxieux/ambivalents s’attendent à ce que leur partenaire soit plus distant.

Les recherches sur le pairage des partenaires ne précisent pas si les patrons typiques de pairage s’effectuent au début de la relation ou s’ils sont le résultat d’une relation conjugale déjà bien établie. Toutefois, il est possible que le pairage présent lors de la période d'observation ne soit pas le même quelques années plus tôt. Par conséquent, un des principaux objectifs de cette recherche consiste à vérifier l’éventualité d’un changement des appariements des patrons d’attachement des partenaires au cours de leur relation et à postuler la direction de leurs modifications. La possibilité que le changement d’appariement des patrons d’attachement des partenaires décrive une évolution de la relation vers une adaptation conjugale n’a jamais été abordée. Bien que certains auteurs postulent que les individus cherchent à confirmer leurs attentes dans des situations relationnelles lorsqu’ils choisissent un partenaire (Collins & Read, 1990; Kirkpatrick & Davis, 1994; Kirkpatrick & Hazan, 1994), certains de ces auteurs croient qu’il est aussi possible que les individus révisent leurs représentations mentales des situations amoureuses pour s’adapter à la réalité de leur relation (Collins & Read, 1994).

Certaines études ont mis en évidence l’effet respectif des styles d’attachement des partenaires à partir de la perception de la qualité de la relation d’un des conjoints (Collins & Read, 1990; Simpson, 1990). Elles ont révélé l’impact négatif du patron anxieux/ambivalent des femmes sur la perception qu’avaient les hommes de la relation. Toutefois, l’évaluation de la perception de la relation semble en général plus influencée par le style d’attachement du sujet que par le style d’attachement du partenaire (Feeney, Noller, & Callan, 1994; Kirkpatrick & Davis, 1994; Simpson, 1990). D’autres auteurs (Senchak & Leonard, 1992), qui ont étudié T attachement du couple, démontrent que les couples mixtes (sécurisant-nonsécurisant ou vice versa) présentent un ajustement marital semblable aux couples non-sécurisants (non-sécurisant—non-sécurisant). Cette observation laisse croire que les comportements du partenaire non-sécurisant ont peut être un impact important sur la qualité de la relation. Malheureusement, la typologie utilisée dans cette étude empêche de préciser la contribution respective des partenaires dans l’ajustement marital (Feeney & Noller, 1996).

Un autre des objectifs de notre recherche consiste à préciser de quelle manière le changement d’appariement des conjoints affecte l’ajustement conjugal. En effet, si le changement d’appariement des conjoints émane d’une adaptation à la relation conjugale, il devrait y avoir une augmentation de la satisfaction conjugale. Certaines études ont révélé que la satisfaction conjugale est positivement corrélée à l’attachement sécurisant et négativement corrélée au style

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d’attachement évitant (Collins & Read, 1990; Kirkpatrick & Hazan, 1994). De plus, l’attachement anxieux est relié à une faible satisfaction seulement chez la femme (Simpson, 1990). D’autres auteurs ont démontré que les conjoints les plus heureux proviennent de dyades dont les deux membres adoptent un style d’attachement sécurisant (Boisvert, Lussier, Sabourin, & Valois, 1996).

L’effet de !’interaction entre l’attachement du sujet et celui de son partenaire a aussi été mis en évidence en demandant aux participants d’imaginer une relation avec un partenaire d’un certain type d’attachement et d’évaluer ce partenaire et cette relation (Pietromonaco & Camelley, 1994). Cette étude devait permettre de clarifier comment les représentations cognitives sous-jacentes aux styles d’attachement influencent les perceptions, les émotions et les comportements des partenaires dans une relation hypothétique. L’effet de l’attachement d’un partenaire sur l’autre a été démontré par l’émotion négative de sujets s’imaginant être en relation avec des partenaires évitants et l’émotion positive de sujets résultant d’une relation imaginaire avec des partenaires sécurisants. De plus, puisque les sujets sécurisants répondaient moins favorablement aux partenaires non-sécurisants imaginés et que les sujets évitants répondaient moins favorablement aux partenaires évitants, il semble qu’il existe une interaction des styles d’attachement des partenaires. Aucune étude n’a cependant examiné !’interaction des patrons d’attachement dans des relations conjugales non imaginées.

La plupart des études reste peu précise quant à l’influence que peut exercer le patron d’attachement d’un partenaire sur le patron d’attachement de l’autre partenaire au cours d’une relation. La théorie de l’attachement présente les représentations cognitives comme des constructions mentales actives qui peuvent être modifiées par les expériences relationnelles de l’individu (Bowlby, 1973). Bien que cette théorie stipule qu’en général ces schèmes mentaux restent relativement stables et intacts, Collins et Read (1994) croient qu’il est possible que les individus révisent leurs représentations mentales des situations amoureuses pour s’adapter à la réalité de leur relation actuelle. Ces mêmes auteurs admettent la possibilité qu’un changement d’environnement social de l’individu puisse faire en sorte qu’il réfute ses modèles mentaux existants. Par conséquent, un autre objectif important de la présente recherche consistera à démontrer, à travers les changements d’appariement des patrons d’attachement des partenaire^" comment les représentations mentales d’un partenaire déterminées par son style d’attachement peuvent influencer la stabilité de l’attachement de l’autre partenaire au cours de la relation conjugale. Bien que cette influence puisse être très progressive dans la relation, des données longitudinales nous permettront de la mettre en évidence.

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Hypothèses

Les hypothèses de cette recherche reposent sur le principe que le patron d’attachement d’un partenaire expose l’autre partenaire (avec un patron d’attachement différent) à une représentation mentale de la relation qui peut être différente de la sienne. Par conséquent, nous postulons l’existence d’un ajustement des patrons d’attachement des partenaires au cours de leur relation pour le bénéfice d’une meilleure adaptation conjugale. Dans d’autres cas, nous postulons l’existence d’une perte d’ajustement des patrons d’attachement des partenaires en lien avec une détérioration de la relation.

Hypothèse 1: La majorité des couples avec un appariement “ sécurisant-sécurisant ” devrait rester “ sécurisant-sécurisant ”. En effet, il n’y a pas nécessité d’ajustement entre les partenaires lorsqu’ils possèdent le même style d’attachement parce qu’ils n’exposent aucune nouvelle représentation mentale à l’autre partenaire. Cette hypothèse est justifiée par les nombreuses études qui démontrent que le patron d’attachement sécurisant est le patron d’attachement le plus stable (Baldwin & Fehr, 1995; Feeney & Noller, 1992; Kirkpatrick & Hazan, 1994; Scharfe & Bartholomew, 1994). De plus, d’autres recherches confirment la prédominance de l’appariement de sujets sécurisants avec des partenaires sécurisants (Collins & Read, 1990; Feeney, 1994; Senchak & Leonard, 1992).

Hypothèse 2: Une plus petite proportion des couples “ sécurisant-sécurisant ” deviendra “ sécurisant-évitant ” ou “ sécurisant-anxieux ”. En effet, la détérioration de la relation peut avoir un lien avec la perte d’ajustement des patrons d’attachement des partenaires. Nous postulons que le changement du patron d’attachement du partenaire s’effectuera en fonction du score le plus élevé obtenu entre les deux échelles mesurant les patrons d’attachement évitant et anxieux lors de la première évaluation des styles d’attachement.

Hypothèse 3: Les couples avec un appariement “ sécurisant-anxieux ” ou “ sécurisant- évitant ” devraient devenir “ sécurisant-sécurisant ”. En effet, Kirkpatrick & Davis (1994) ont découvert que la direction du changement des partenaires engagés dans une relation était principalement d’un attachement insécurisant à sécurisant. En outre, !’implication d’un individu dans une relation satisfaisante à un moment donné est associée à une plus grande sécurité à un temps ultérieur (Hammond & Fletcher, 1991). D’autres chercheurs ont démontré que l’attachement sécurisant était fortement associé au processus d’accomodation (Scharfe & Bartholomew, 1995). En d’autres termes, le partenaire sécurisant semble plus enclin à répondre de façon constructive aux comportements négatifs du partenaire insécurisant. De plus, Bowlby

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(1988) suggère que des stratégies de communication constructives facilitent la révision de modèles mentaux dysfonctionnels en permettant d’accéder à une information qui infirme les schèmes existants. Ainsi, en encourageant une bonne communication, il est probable que le partenaire sécurisant de la relation expose le partenaire non-sécurisant à une représentation mentale de l’attachement différente de la sienne, de sorte que ce dernier révise ses schèmes mentaux dysfonctionnels et les ajuste au mode plus fonctionnel du partenaire sécurisant. Enfin, certains auteurs ont démontré que les conjoints les plus heureux proviennent de dyades dont les deux membres adoptent un style sécurisant (Boisvert, Lussier, Sabourin, & Valois, 1996). En d’autres termes, l’ajustement des patrons devrait tendre vers la meilleure adaptation conjugale.

Hypothèse 4: Notre échantillon ne devrait inclure qu’un nombre très limité de couples dont les deux partenaires sont non-sécurisants. En effet, certains chercheurs (Kirkpatrick & Davis, 1994) ont démontré que les couples “ anxieux-anxieux ” ou “ évitant-évitant ” ont très peu de chance de se retrouver dans des relations intimes prolongées. De plus, leurs résultats révèlent que les relations entre des femmes ayant un attachement évitant avec des hommes ayant un attachement anxieux produisent le plus haut taux de rupture. Toutefois, ces mêmes auteurs précisent que les relations entre les femmes ayant un attachement anxieux avec des hommes ayant un attachement évitant restent relativement stables. Par conséquent, ce type de pairage risque de se retrouver en nombre plus élevé dans la catégorie des couples non-sécurisants. De plus, la société a tendance à promouvoir l’image que la femme est plus dépendante et préoccupée par sa relation conjugale que l’homme, moins concerné et plus distant. L’attachement anxieux de la femme et l’attachement évitant de l’homme deviennent ainsi renforcés. L’adhérence aux stéréotypes sexuels permettraient ainsi de postuler l’absence d’un changement d’appariement pour ce type de pairage.

Hypothèse 5: La satisfaction conjugale devrait être différente selon les changements d’appariement des styles d’attachement des partenaires. Tout d’abord, les couples composés de partenaires “ sécurisant-sécurisant ” qui maintiennent ce même appariement d’attachement ultérieurement ou les couples composés de partenaires “ sécurisant—non-sécurisant ” qui deviennent “ sécurisant-sécurisant ” devraient posséder la plus grande satisfaction conjugale. En effet, pour ce dernier cas, l’ajustement d’un des partenaires au patron sécurisant devrait augmenter la satisfaction conjugale. Les travaux de Boisvert, Lussier, Sabourin, & Valois (1996) appuient cette hypothèse puisque les conjoints les plus heureux proviennent de dyades dont les deux membres adoptent un style sécurisant. Deuxièmement, les couples dont les deux partenaires conservent un patron d’attachement non-sécurisant et les couples “ sécurisant- sécurisant ” qui deviennent “ sécurisant—non-sécurisant ” devrait être les moins satisfaits.

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Dans ce dernier cas, les couples qui restent non-sécurisants devraient rester aussi insatisfaits tandis que les couples ayant subi une perte d’ajustement des patrons d’attachement des partenaires vers la détérioration de la relation devraient être moins satisfaits.

Méthode Participants et procédure

L’échantillon initial se compose de 312 couples francophones, hétérosexuels, mariés ou vivant en cohabitation. Les caractéristiques socio-démographiques des conjoints sont décrites au tableau 1. Le recrutement des couples a été effectué par des affiches disposées sur le campus universitaire de l’Université Laval et différents médias d'information (journaux, télévision, radio) de la ville de Québec. Les couples, ayant préalablement participé à l'étude, ont ensuite été recontactés par téléphone deux ans plus tard afin d'être invités à répondre une seconde fois aux mêmes questionnaires. De ces 312 couples, 116 (37,18 %) ont accepté de répondre de nouveau aux questionnaires, 74 (23.72%) étaient séparés de leur partenaire et 121 (38.79%) ont refusé de participer une seconde fois à 1 ’ expérimentation. Les principaux motifs de refus invoqués étaient l’absence d’intérêt (séparation, divorce, décès d’un partenaire, fragilité de la relation conjugale ou satisfaction élevée) ou le manque de temps pour compléter les questionnaires.

Les couples ayant accepté par téléphone de participer une seconde fois étaient alors invités à venir remplir à nouveau une batterie de questionnaires à l’Université Laval. Une expérimentatrice administrait les questionnaires à chacun des partenaires séparément. Un montant de deux dollars était offert aux conjoints en compensation de leur frais de stationnement. De plus, afin de les remercier de leur participation, les couples obtenaient un résumé de leurs résultats à l'ensemble des questionnaires et ils pouvaient aussi bénéficier à leur gré d’une rencontre gratuite d’environ une heure avec une psychologue. Durant cette rencontre, ils avaient la possibilité de discuter des résultats aux questionnaires, de s’exercer à des habiletés de communication en couple ou de parler d’une difficulté conjugale particulière.

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Instruments de mesure

Le questionnaire de !’évaluation des styles d’attachement: Ce questionnaire est composé de 15 items (cinq items par style d’attachement) évalués par une échelle en sept point de type Likert. Cet instrument se base sur les trois descriptions qui définissent les styles d’attachement (sécurisant, anxieux, évitant) développées par Hazan & Shaver (1987), en les divisant en items. Chaque participant obtient un score sur chacun des trois styles d’attachement. Le score le plus élevé correspond au style d’attachement dominant. Ce genre de procédure a été employé par de nombreux auteurs (Collins & Read, 1990; Hazan & Shaver, 1987; Mikulincer, Florian & Tolmacz, 1990). Les coefficients de cohérence interne varient entre .65 et .83, tant pour la version anglaise que française (Lapointe, Lussier, Sabourin, & Wright, 1994; Mikulincer et al.,

1990; Mikulincer & Erev, 1991).

Échelle d’ajustement dyadique (ΕΑΡΊ: Ce questionnaire composé de 32 items (Spanier, 1976; traduit par Baillargeon, Dubois, & Marinean, 1986) mesure le degré d’ajustement des conjoints à leur relation conjugale à partir de quatre sous-échelles soit le consensus conjugal, l’expression d’affection dans le couple, la cohésion et la satisfaction conjugale. L’échelle de consensus (13 items) évalue le degré d’entente du couple quant à certaines décisions importantes de leur vie conjugale (budgets, amis, loisirs, etc.), alors que la dimension de cohésion (cinq items) concerne la quantité et la qualité d'activités partagées par les partenaires. L’échelle d’expression affective (quatre items) révèle la qualité des échanges affectifs et physiques du couple et la dimension de satisfaction (dix items) mesure le degré de bonheur conjugal et la motivation à continuer à s’investir dans le couple. Deux items de l’échelle d’expression de l’affection fournissent un choix de réponse dichotomique (oui-non), alors que les 30 autres items du questionnaire sont associés à des échelles de type Likert dont l’étendue varie entre cinq et sept points. Le score global d’adaptation conjugale réunissant les quatre échelles décrites auparavant varie entre 0 et 151. Plus il est élevé, plus les partenaires sont satisfaits de leur union. L’instrument possède une fidélité (coefficient alpha entre .86 et .96) et des validités convergentes et discriminantes adéquates, tant pour sa version anglaise (Spanier, 1976; Spanier & Thompson, 1982) que française (Baillargeon & al., 1986; Sabourin, Lussier, Laplante, & Wright, 1990).

Étant donné que le questionnaire d’ajustement dyadique assigne un score de satisfaction à chacun des partenaires, les scores de satisfaction conjugale individuels ont dû, pour certaines analyses, être transformés en scores thêta de manière à obtenir un score de satisfaction conjugale pour l’unité “ couple ”. Bien qu’il soit possible d’effectuer la moyenne des scores des

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partenaires afin d’obtenir un score pour le couple, cette procédure a été critiquée par différents auteurs (Baucom, 1983; Hambleton, Swaminathan & Rogers, 1991; Lord, 1980). Le score thêta est calculé à partir des réponses de la femme et de l’homme aux items du questionnaire. Le logiciel effectuant la transformation en score thêta (.Multilog; Thissen, 1991) est de nature psychométrique. Son opération pour faire le calcul du thêta exige les données suivantes : le nombre de questions du questionnaire, le nombre de choix de réponse par question et le nombre de couple. Par exemple, le questionnaire de l’adaptation conjugale contient 4 questions mesurant la dimension d’expression de l’affection. Étant donné que les réponses aux questions de la femme et de l’homme ont été rassemblées pour constituer une mesure de couple, il a fallu attribué la valeur huit au nombre de questions du questionnaire. Quant au nombre de choix de réponse, les deux premières questions possèdent six choix de réponse et les deux dernières sont de nature dichotomique. Il a donc fallu répondre “ 6,6,2,2,6,6,2,2 ” à la question “ nombre de code par question ” en rassemblant la femme et l’homme pour les 116 couples. La méthode de calcul de ce logiciel repose sur la théorie des réponses aux items. Cette technique statistique permet de considérer les écarts de réponse entre les partenaires du couple et leurs divers patrons de réponse, tout en considérant les réponses des partenaires dans leur ensemble et non en tant que deux unités indépendantes. L’avantage de cette méthode est de tenir compte des indices de difficulté et de discrimination des items dans le calcul du score. Cependant, le logiciel présente l’inconvénient de ne pas pouvoir considérer plus de 50 items à la fois. Il n’a donc pas été possible de transformer les scores de l’ajustement dyadique des partenaires en un seul score thêta, car le calcul de ce construit impliquait 64 items (32 items par conjoint). Toutefois, quatre scores thêtas ont été obtenus pour les quatre échelles (consensus, cohésion, expression de l’affection, satisfaction) de l’ajustement conjugal.

Résultats

Des analyses préliminaires permettront de vérifier si !’échantillon des individus ayant participé au post-test est représentatif de l’ensemble des individus n’ayant participé qu’au prétest. De plus, !’échantillon longitudinal sera comparé aux individus séparés et non-séparés qui n’ont participé qu’au prétest. Cette première section nous permettra aussi de mettre en relation les styles d’attachement et l’ajustement dyadique et d’examiner leur degré d’association avec certaines variables socio-démographiques. Les moyennes et les écarts-types pour chacune des variables à l’étude sont présentés au tableau 2.

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Analyses préliminaires

Représentativité des participants qui ont participé au post-test

Des analyses de variance multivariées sont d’abord effectuées afin de détecter l’existence de différences significatives entre !’échantillon initial et !'échantillon de la portion longitudinale de l'étude. Pour ce faire, deux groupes ont été formés soit, un groupe incluant les 116 couples ayant participé aux deux temps de la recherche et l’autre, incluant les 196 couples n’ayant participé qu’au premier temps. Les résultats démontrent qu’il existe une différence significative entre ces deux groupes pour les différents styles d’attachement (F(3, 620) = 4.74; p. < .01), certaines variables socio-démographiques et l’ajustement dyadique (F(l, 615) = 39.67; p < .01). Plus précisément, les analyses univariées révèlent que les femmes de !’échantillon de la portion longitudinale possèdent un attachement significativement moins anxieux (F(l, 310) = 11.67; p < .01) que les femmes ayant participé au premier temps de la recherche. De plus, les femmes (F(l, 310) = 18.70; p < .01) et les hommes (F(l, 309) = 21.75; p< .01) de !’échantillon de la portion longitudinale semblent être plus satisfaits de leur relation. Enfin, les hommes de !’échantillon de la portion longitudinale sont plus éduqués et les femmes ont un revenu plus élevé que les personnes n’ayant participé qu’au premier temps de la recherche.

Des chi-carrés ont aussi été effectués pour détecter l'existence de différences entre !'échantillon initial et !'échantillon de la portion longitudinale pour les variables socio-démographiques dichotomiques: mariage, divorce antérieur, consultation psychologique individuelle et consultation en couple. Ces chi-carrés sont significatifs seulement pour la variable “ consultation psychologique individuelle ” de la femme (χ2 (1, N = 312) = 6.37,_p < 0.01). Plus précisément, les femmes ayant participé au premier temps de la recherche ont plus d'antécédents de consultations psychologiques individuelles (31%) que les femmes ayant participé à la portion longitudinale (18%).

Comparaison des styles d’attachement et de l’ajustement dyadique des participants au test avec ceux qui se sont séparés et ceux qui sont restés ensemble sans participer au post-test

Afin de déterminer plus précisément où se trouvent les différences entre les gens ayant participé une seconde fois à la recherche et ceux n’ayant participé qu’une seule fois, ce dernier groupe d’individus a été divisé de manière à différencier les participants qui se sont séparés des participants toujours ensemble qui ont choisi de ne pas participer de nouveau à l'étude. Une

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analyse multivariée a été effectuée afin de vérifier s’il existe une différence significative (F(8,1234) = 10.47; p < .01) sur le plan de l’ajustement conjugal et des styles d’attachement entre les trois groupes. Les individus du post-test se disent plus satisfaits de leur relation (M=l 11.70, É-T=15.73) comparativement aux séparés (M=94.96, É-T=20.68) et à ceux qui sont restés ensemble sans participer au post-test (M=105.33, É-T=19.71). Les résultats du test de Tukey-Kramer révèlent que l’ajustement conjugal est significativement différent entre les trois groupes pour l’homme et entre le groupe du post-test et le groupe des séparés pour la femme. Toutefois, il n’existe pas de différence significative de l’ajustement conjugal entre les femmes du post-test et celles qui ont conservé leur partenaire sans participer au post-test. Quant aux styles d’attachement, des analyses univariées ont permis de constater qu’ils ne sont pas significativement différents entre les trois groupes pour les hommes. Cependant, le test de Tukey-Kramer révèle que l’attachement anxieux est significativement plus élevé (M=17.86, ÉT=6.20) chez les femmes séparées que chez les femmes qui ont conservé leur partenaire sans participer au post-test (M=15.89, É-T=5.66).

Relation entre les variables socio-démographiques, l’ajustement dvadique et les styles d’attachement

Des corrélations ont été effectuées afin de vérifier la relation entre les variables socio- démographiques, l’ajustement dyadique et les styles d’attachement. Lorsque des analyses de puissance sont effectuées pour déterminer la magnitude de l'effet, les relations statistiques significatives sont relativement faibles entre l’ajustement dyadique et les variables socio- démographiques (variant entre .01 et .06) et entre les styles d’attachement et les variables socio- démographiques (variant entre .008 et .04). Par conséquent, aucune variable socio- démographique ne semble fortement reliée à l'ajustement dyadique et au style d'attachement. Hypothèse 1. 2, 3 et 4: Stabilité et changements des appariements des styles d’attachement Diverses analyses ont permis de mesurer la stabilité et le changement des appariements des styles d’attachement. Tout d’abord, ces analyses ont été effectuées sur chacun des partenaires (femmes et hommes séparément) afin de justifier l’étude de la stabilité et du changement des appariements des styles d’attachement. En effet, il était nécessaire de vérifier l’existence de variabilité des styles d’attachement pour chacun des sexes au cours de la relation conjugale avant de créer des appariements. De plus, l’analyse individuelle des changements de style d’attachement permet de préciser les différences sexuelles sur le plan de l’évolution de l’attachement.

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En premier, la distribution des styles d’attachement des femmes et des hommes a été calculée afin de vérifier si la proportion des styles d’attachement de notre échantillon est comparable à celle observée dans les études précédentes. Le score le plus élevé des trois échelles du questionnaire de l’évaluation des styles d’attachement a permis de catégoriser les individus selon leur style d’attachement dominant. De plus, le pourcentage de changement des styles d’attachement et la direction de ce changement pour chacun des sexes ont été examinés en effectuant des chi-carrés et en évaluant un pourcentage de stabilité avec l’indice statistique kappa ajusté pour l’effet du hasard (Cohen, 1960).

Par la suite, des analyses statistiques employant des données continues plutôt que des catégories ont permis d’analyser de façon alternative nos résultats. Ainsi, les corrélations entre les styles d’attachement aux deux temps ont été calculées pour les femmes et pour les hommes en employant le score obtenu à chaque style d’attachement. Ces corrélations permettent d’illustrer la stabilité de l’attachement et de fournir un point de comparaison avec les études antérieures dans ce domaine. De plus, des analyses de variance ont été utilisées afin de préciser davantage la relation entre d’une part, le sexe et d’autre part, le passage du temps avec les trois styles d’attachement. Enfin, la stabilité et le changement de l’appariement des styles d’attachement du couple ont été examinés en utilisant des tests de chi-carré ainsi que l’indice kappa.

Distribution des styles d'attachement

Pour les couples de la portion longitudinale, la distribution au prétest est de 185 individus avec un attachement sécurisant (90 femmes et 95 hommes), 29 individus avec un attachement évitant (18 femmes et 11 hommes) et 18 individus avec un attachement anxieux (huit femmes et 10 hommes). Au post-test, cette répartition inclut 205 individus avec un attachement sécurisant (101 femmes et 104 hommes), 19 individus avec un attachement évitant (11 femmes et huit hommes) et huit individus avec un attachement anxieux (quatre femmes et quatre hommes). Les styles d’attachement semblent se répartir au hasard selon les sexes, puisque aucun des chi-carrés n’est significatif.

Insérer Tableau 3 ici

En outre, 24% des femmes et 21% des hommes ont changé de styles d’attachement après une période de deux ans. Plus précisément, 9 % des femmes et 7 % des hommes initialement

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sécurisant, 78% des femmes et 73% des hommes initialement évitant et 75% des femmes et 90% des hommes initialement anxieux changent de patrons d’attachement. Des 26 femmes et des 21 hommes initialement avec un attachement non-sécurisant, 19 (73%) femmes et 16 (76%) hommes ont adopté un attachement sécurisant avec le temps. De plus, des 90 femmes et des 95 hommes avec un attachement sécurisant, huit (9 %) femmes et sept (7 %) hommes ont adopté un style d’attachement non-sécurisant au temps 2.

Étant donné que le calcul d’un chi-carré ne pouvait être un test valide d’analyse à cause des petites fréquences de certaines cellules (< 5), les styles d’attachement évitant et anxieux ont été réunis en une seule catégorie: l’attachement non-sécurisant. Ces chi-carrés démontrent que les femmes ( χ2 (1, N = 116) = 5.83, g < 0.01, K=.21) et les hommes (χ2 (1, N = 116) = 5.01, p < .05, K=.19) ayant un attachement sécurisant ou non-sécurisant au temps 1 se répartissent de façon déterminée dans les catégories d’attachement sécurisant et non-sécurisant au temps 2. Plus précisément, parmi les femmes et les hommes qui possèdent un attachement sécurisant au temps 1, 91% des femmes et 93% des hommes restent avec un attachement sécurisant au temps 2, alors que 9 % des femmes et 7% des hommes adoptent un attachement non-sécurisant. Au contraire, parmi les femmes et les hommes avec un attachement non-sécurisant au temps 1,

73% des femmes et 76% des hommes adoptent un attachement sécurisant alors que 27 % des

femmes et 24% des hommes gardent un attachement non-sécurisant. Les indices kappa de cette étude ressemblent à ceux d’une autre recherche (k=.20) dont l’intervalle de temps test-retest était de 13 mois (Senchak & Leonard, 1992). Ce score indique un faible pourcentage d’accord, puisqu’il est inférieur à 40 (Cichetti & Sparrow, 1981). Par conséquent, il existe une instabilité considérable des styles d’attachement entre le prétest et le post-test, surtout chez les individus non-sécurisants .

Pour vérifier l’hypothèse selon laquelle les changements de patron d’attachement vers un style d'attachement non-sécurisant s’effectuent en fonction du score le plus élevé obtenu entre les deux échelles des patrons d’attachement évitant et anxieux lors de la première évaluation, la fréquence des 10 couples dont l'un des partenaires est devenu non-sécurisant a été calculée. Parmi les femmes dont l'attachement évitant était le plus élevé des attachements non-sécurisants au prétest, six ont obtenu un attachement évitant au post-test et une, un attachement anxieux (k=0.21). Lorsque l'attachement anxieux était le plus élevé des attachements non-sécurisants au temps 1, deux femmes sont devenues évitantes et une a adopté un attachement anxieux. Parmi les hommes dont l'attachement évitant était le plus élevé des attachement non-sécurisant au temps 1, trois ont obtenu un attachement évitant au temps 2 et un, un attachement anxieux (k=0.14). Lorsque l'attachement anxieux était le plus élevé des attachements non-sécurisants au

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temps 1, trois hommes sont devenus évitants et deux ont adopté un attachement anxieux. Un des hommes des 10 couples a été retiré du calcul car il possédait un score équivalent pour ses deux styles d'attachement non-sécurisants au temps 2. Étant donné le nombre restreint d’individu, des chi-carrés n’ont pas pu être effectué. Malgré le fait qu’il soit impossible de conclure que le changement de patron d’attachement vers un style d'attachement non-sécurisant s’effectue en fonction du score le plus élevé obtenu entre les deux échelles, la direction des résultats de notre petit échantillon peut laisser croire que cette hypothèse s’applique pour le style d’attachement évitant, mais pas pour le style d’attachement anxieux.

Corrélation entre les styles d’attachement aux deux temps

Afin d’obtenir des données continues au lieu de catégories, des corrélations entre les styles d’attachement au deux temps ont été effectuées. Pour une période de deux ans, les coefficients de corrélation entre chacun des styles d’attachement des individus sont de 0.42 pour le style d’attachement sécurisant, 0.61 pour le style d’attachement évitant et 0.63 pour le style d’attachement anxieux chez la femme, et de 0.48 pour le style d’attachement sécurisant, 0.43 pour le style d’attachement évitant et 0.53 pour le style d’attachement anxieux chez l’homme. Ces coefficients ressemblent à ceux obtenus par Scharfe et Bartholomew (1994), allant de 0.45 à 0.58. La transformation en score Z de Fisher des coefficients de corrélation (Cohen & Cohen, 1983) permet d’établir que la corrélation entre le style d’attachement sécurisant au temps 1 et au temps 2 est significativement plus faible que la corrélation entre le style d’attachement évitant et la corrélation entre le style d’attachement anxieux au temps 1 et au temps 2 pour les femmes. Pour les hommes, les corrélations entre les différents styles d’attachement aux deux temps ne diffèrent pas de façon significative.

Relations entre d’une part, le sexe et d’autre part, le passage du temps, et les styles d'attachement

Afin de vérifier si la mesure du style d’attachement diffère selon le sexe aux deux moments d’évaluation, une analyse de variance multivariée a été effectuée. Celle-ci n’indique aucune différence significative entre le sexe et les styles d’attachement. Une autre analyse de variance à mesure répétée sur le temps a été effectuée pour vérifier si les styles d’attachement changeaient au cours du temps. En fait, les trois styles d'attachement de la femme (F(3, 113) = 6.64; P < .01) et de l'homme (F(3, 113) = 3.16; p < .05) diffèrent significativement avec le passage du temps. Plus précisément, les analyses univariées révèlent qu’il existe une différence significative au niveau du style d’attachement sécurisant (F (1, 115)=9.08, p < 0.01) et évitant

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(F (1, 115)=9.62, p < 0.01) de la femme et au niveau du style d’attachement anxieux (F (1, 115)=9.52, p < 0.01) de l’homme. Les comparaisons de moyennes a posteriori révèlent que la femme devient plus sécurisante (M=26.15, É-T=4.83 vs M=24.78, É-T=4.18) et moins évitante ÎM=14.16. É-T=5.17 vs M=15.60. É-T=6.031 avec le temps et que l’homme devient moins anxieux avec le temps (M=13.46, É-T=4.71 vs M=14.87, É-T=5.34V

Distribution des couples selon leur type d'appariement de styles d'attachement

Parmi tous les pairages étudiés, l'appariement qui obtient une plus grande fréquence est celui d'individus “ sécurisant-sécurisant ” (74 au premier temps et 90 au deuxième temps). Ceux-ci sont suivis des “ sécurisant-évitant ” (21 au premier temps et 17 au deuxième temps), des “ sécurisant-anxieux ” (16 au premier temps et huit au deuxième temps), “ évitant-évitant ” (trois au premier temps et un au deuxième temps) et “ évitant-anxieux ” (deux au premier temps et zéro au deuxième temps).

Sur les 116 couples qui ont participé à cette étude, 61 (82.4%) de ceux qui étaient sécurisants pour les deux partenaires au temps 1 le sont restés, neuf (12.2%) sont devenus évitants et quatre (5.4%) sont devenus anxieux pour un des partenaires. Six (28.6%) de ceux dont l’un des partenaires était évitant au temps 1 le sont restés, 14 (66.7%) sont devenus sécurisants pour les deux partenaires et un (4.7%) est devenu anxieux pour un des partenaires. Pour ceux dont l’un des partenaires était anxieux au temps 1, trois (18.8%) le sont restés, 12 (75%) sont devenus sécurisants pour les deux partenaires et un (6.2%) est devenu évitant pour un des partenaires. Pour ceux dont les deux partenaires étaient évitant au temps 1, une dyade (33.4%) est restée évitant-évitant, une autre (33.3%.) est devenue sécurisant-sécurisant et la dernière (33.3%) est devenue sécurisant-évitant. Les deux couples dont l’un des partenaires était anxieux et l’autre était évitant au temps 1, tous deux sont devenus sécurisant (100%) pour les deux partenaires.

Insérer Tableau 4 ici

Étant donné que le calcul d’un chi-carré ne pouvait être un test valide à cause des petits fréquences de certaines cellules (< 5), les appariements des styles d’attachement ont été réuni en deux catégories: “ sécurisant-sécurisant ” et “ sécurisant—non-sécurisant ”, Ce test de chi- carré révèle l'existence d'une association entre ces deux appariements de l'attachement et le temps (χ2 (1, N = 226) = 3.81, p < .05). Le pourcentage de stabilité entre les deux temps est

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donné par un kappa de 0.17. Alors qu’il n’y avait que 74 couples “ sécurisant-sécurisant ” au temps 1,16 couples se sont ajoutés à cette catégorie au temps 2. De plus, alors qu’il n’existait que 37 couples “ sécurisant—non-sécurisant ” initialement, ce nombre a diminué à 25 au temps 2.

Le calcul d'un chi-carré entre la cellule des couples qui sont restés “ sécurisant-sécurisant ” au temps 2 (n=61) et la cellule des couples qui sont devenus “ sécurisant—non-sécurisant ” au temps 2 alors qu'ils étaient “ sécurisant-sécurisant ” au temps 1 (n=13) indique que les couples “ sécurisant-sécurisant ” au temps 1 tendent à demeurer “ sécurisant-sécurisant ” au temps 2 plutôt qu'à devenir “ sécurisant—non-sécurisant ” (χ2 (1, N = 74) = 31.14, p. < .01). Ces résultats confirment les deux premières hypothèses que la majorité des couples “ sécurisant- sécurisant ” restent “ sécurisant-sécurisant ” et qu’une petite minorité change pour un patron “ sécurisant—non-sécurisant ”. De plus, le calcul d'un chi-carré entre la cellule des couples “ sécurisant-sécurisant ” au temps 2 qui était préalablement “ sécurisant—non-sécurisant ” au temps 1 (n=26) et la cellule des couples “ sécurisant—non-sécurisant ” au temps 2 qui était “ sécurisant-sécurisant ” au temps 1 (n=13) laisse entendre que les couples “ sécurisant—non- sécurisant ” au temps 1 ont une plus forte tendance à devenir “ sécurisant-sécurisant ” au temps 2 qu'à rester “ sécurisant—non-sécurisant ” (χ2 (1, N = 39) = 4.33, p. < .05). Cette observation confirme l'hypothèse que l'existence d'un partenaire sécurisant dans le couple sécurise l'autre partenaire. Enfin, sur les cinq couples dont les deux partenaires étaient non- sécurisants au temps 1, il n'en reste plus qu'un seul au temps 2. Étant donné le nombre restreint de couple de cette dernière catégorie, il est toutefois difficile d’interpréter la direction du changement observé. Dans l’ensemble, nos résultats confirment les hypothèses stipulée sur l’évolution de l’appariement des styles d’attachement.

Hypothèse 5: Changements des appariements des styles d’attachement et satisfaction conjugale

Des analyses multivariées ont permis d’élucider la relation entre la satisfaction conjugale et le style d’attachement en décrivant la manière dont la satisfaction conjugale diffère selon les types d’appariement de chacun des sexes. Deuxièmement, des analyses de régression ont permis de détecter les variables qui prédisent le mieux la satisfaction conjugale de la femme et de l’homme. Troisièmement, une série d’analyses multivariées a permis de vérifier l’existence de différences significatives entre les types d’appariement des couples et leur satisfaction conjugale et d’examiner si la satisfaction conjugale et les changements de satisfaction conjugale diffèrent selon les changements d’appariement pour chacun des sexes. Enfin, une dernière analyse

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multivariée a permis de préciser la relation entre les changements d’appariement du couple et sa satisfaction conjugale.

Différence des styles d’attachement entre les individus très satisfaits, moyennement satisfaits et insatisfaits

Deux analyses de variance univariées démontrent que l’ajustement dyadique ne diffère pas significativement selon le sexe ou le temps. De plus, d’autres analyses multivariées ont été effectuées pour vérifier si la satisfaction des partenaires diffère selon leur style d’attachement. Ces analyses révèlent qu’il existe une différence significative de la satisfaction des individus sur l’attachement des femmes (F(6, 222) = 3.11; g < .01) et des hommes (F(6, 222 = 2.18; p < .05) pour le temps 1 de la portion longitudinale. Plus précisément, les analyses univariées démontrent que la satisfaction conjugale est significativement reliée au style d'attachement anxieux (F(2, 113) = 8.01; p < .01) de la femme et au style d'attachement sécurisant (F(2, 113) = 5.77; p < .01) de l'homme. D’après les tests de Tukey-Kramer (alpha=0.05), les femmes les moins satisfaites possèdent un attachement anxieux significativement plus élevé au temps 1 que les femmes très satisfaites ΓΜ-18.64. É-T=5.80 vs M=12.52. É-T=4.73). De plus, les hommes très satisfaits possèdent un attachement sécurisant significativement plus élevé au temps 1 que les hommes insatisfaits (M=25.85, É-T=4.20 vs M=21.42, É-T=5.091.

Les analyses multivariées révèlent un relation significative entre la satisfaction des individus et l’attachement des femmes (F(6, 222) = 3.03; p < .01) et des hommes (F(6, 222) = 2.65; p < .05) pour le temps 2 de la portion longitudinale. Plus précisément, les analyses univariées démontrent qu’il existe des différences significatives sur le plan de la satisfaction conjugale pour le style d'attachement anxieux (F(2, 113) = 5.70; p < .01) et évitant (F(2, 113) = 4.55; p < .01) de la femme et pour le style d'attachement sécurisant (F(2, 113) = 3.27; p < .05) et évitant (F(2, 113) = 5.60; p < .01) de l'homme. D’après les tests de Tukey-Kramer (alpha=.05), les femmes les plus satisfaites possèdent un attachement évitant significativement moins élevé (M=10.50, É-T-4.77) au temps 2 comparativement aux femmes moyennement satisfaites (M= 14.45, É-T=5.12) et insatisfaites (M=15.39, É-T=4.82). Au contraire, les femmes les moins satisfaites possèdent un attachement anxieux significativement plus élevé (M=16.17, ÉT=6.25) que les femmes moyennement satisfaites (M=12.59, É-T=4.46) et très satisfaites (M.=11.50, É-T=4.70). De plus, les hommes les moins satisfaits possèdent un attachement sécurisant significativement moins élevé que les hommes très satisfaits (M=23.30, É-T=3.74 vs M=26.83, É-T=4.85) et un attachement évitant significativement plus élevé (M= 17.55,

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ÉT=5.24) que les hommes moyennement satisfaits (M=13.59, É-T=5.241 et très satisfaits (M=12.61, É-T=4.69h

Prédiction de la satisfaction au temps 2

Des régressions multiples ont été effectuées pour prédire la satisfaction au temps 2 des femmes et des hommes séparément à partir de différentes variables indépendantes. Quatre régressions ont été exécutées afin de réduire le nombre de variables indépendantes dans chacune des analyses. En effet, il était important de respecter le postulat selon lequel le nombre de personnes dans !’échantillon doit être idéalement 20 fois plus élevé que le nombre de variables indépendantes afin d'assurer une bonne validité interne à nos résultats (Tabachnick & Fidell, 1989). La première régression inclut la variable indépendante de la satisfaction conjugale du temps 1. La deuxième inclut les variables indépendantes des trois styles d'attachement du temps 1. La troisième régression utilise les variables indépendantes des trois styles d'attachement du temps 2. Enfin, la quatrième régression emploie les variables socio-démographiques l’âge, la scolarité, la durée de cohabitation, le divorce, le nombre d’enfants actuels et la consultation psychologique individuelle. La première régression révèle un lien significatif pour la femme (F(l, 114) = 68.76; 01. > ע; R2=0.37) et pour l'homme (F(l, 114) = 39.61; p< .01; R2=0.26) entre leur ajustement dyadique au temps 2 et leur ajustement dyadique au temps 1. La deuxième et troisième régression révèle que l'attachement anxieux de la femme au temps 1 (F(3, 112) = 4.22; p < .01; R2=0.10) et que son attachement sécurisant et anxieux au temps 2 (F(3, 112) = 7.31; p < .01; R =0.16) prédisent respectivement 7%, 8% et 7% de son ajustement dyadique au temps 2. Quant aux hommes, les styles d'attachement au temps 1 ne prédisent pas de façon significative leur ajustement dyadique au temps 2. Toutefois, l'attachement évitant de l'homme au temps 2 prédit 10 % de son ajustement dyadique au temps 2 (F(3, 112) = 7.69; p< .01; R2=0.17). Aucune des variables socio-démographique ne prédit l'ajustement dyadique de la femme ou de l’homme au temps 2.

Relation entre l’appariement des styles d’attachement et la satisfaction conjugale

Étant donné que l’appariement des styles d’attachement est une variable considérant le couple dans son ensemble, il a fallu réunir les scores de la satisfaction conjugale des partenaires en un seul score pour chacun des couples afin de pouvoir étudier la relation entre la satisfaction conjugale du couple et son appariement. Par conséquent, des scores thêtas pour chacun des couples ont été obtenus pour les quatre sous-échelles de la satisfaction conjugale, soit les dimensions “ consensus ”, “ expression de l’affection ”, “ satisfaction ” et “ cohésion ”.

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L’utilisation de ces sous-échelles permet de cibler davantage les dimensions de la satisfaction conjugale responsables des différences observées. La moyenne des scores thétas est de 0 et 99% d’entre-eux varient entre -3 (satisfaction conjugale faible) à 3 (satisfaction conjugale élevée). Les corrélations des thétas avec les scores des quatre sous-échelles varient entre .90 et .97. Grâce à leur forte corrélation avec les scores des quatre sous-échelles, les scores thétas peuvent ainsi être utilisés pour fournir des résultats de couple plus précis.

Une analyse de variance multivariée avec un facteur inter sujet (type d’appariement) et un facteur intrasujet (le temps) a été réalisée sur les 116 couples ayant participé à la portion longitudinale. Cette analyse a pour but de vérifier s'il existe des différences significatives entre l'appariement “ sécurisant-sécurisant ” et “ sécurisant—non-sécurisant ” et l'ensemble des quatre dimensions de la satisfaction conjugale et, si ces différences changent avec le temps. Cette analyse révèle que ces deux groupes d’appariement diffèrent significativement sur le plan de la satisfaction des couples indépendamment du temps (F(4, 111) = 3.47; p < .01). De plus, peu importe l'appariement des styles d'attachement, la satisfaction conjugale diffère significativement selon le temps (F(4, 112) = 18.36; p < .01). Comme il n'existe pas d'effet d'interaction entre le type d'appariement et le temps, les changements de satisfaction avec le temps ne sont pas significativement différents selon les deux types d’appariement. Des analyses univariées à mesure répétée sur le temps permettent de constater que les types d’appariement diffèrent significativement selon les dimensions “ satisfaction ” (F(l, 114) = 11.21; g< .01) et “consensus” (F(l, 114) = 6.92; g< .01). L’appariement “sécurisant-sécurisant” obtient une cote plus élevée sur les dimensions “ consensus ” (M=0.24, É-T=0.84 vs M= - 0.23, ÉT=0.87) et “ satisfaction ” (M=0.10. É-T=0.92 vs M=-0.49, É-T= 1.001 que l’appariement “ sécurisant—non-sécurisant ”. Par conséquent, les couples dont les deux partenaires sont sécurisants vont mieux s’entendre sur les aspects importants de leur vie et être plus satisfaits de leur relation. Les scores moyens des thétas sont négatifs pour les couples dont les deux partenaires sont non-sécurisants ou dont l'un des partenaires est non-sécurisant pour chacune des sous-échelles. Par conséquent, ces couples présentent une faible satisfaction conjugale.

Changements d’appariement de chacun des partenaires et satisfaction conjugale

Les changements d’appariement des styles d’attachement ont été catégorisés en 4 groupes: “ sécurisant stable ”, “ changement vers sécurisant ”, “ non-sécurisant stable ” et “ changement vers non-sécurisant ”. Cette catégorisation a déjà été utilisée par certains chercheurs (Davila, Burge, & Hammen, 1998). Le groupe “ sécurisant stable ” inclut 82 femmes et 88 hommes qui sont restés sécurisants au deux temps. Le groupe “ changement vers

Figure

Tableau 1 Caractéristiques de !’échantillon Caractéristiques Temps 1  (m=624) Temps 2  (n=232) M É-T M É-T Âge moyen 34.43 10.03 35.19 9.51 Degré de scolarité 15.39 3.34 15.85 3.25

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