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Trajectoires de contacts entre le père non gardien et l'enfant

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Academic year: 2021

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Trajectoires de contacts entre le père non gardien

et l’enfant

Mémoire doctoral

Annie Bellavance

Doctorat en psychologie

Docteure en psychologie (D. Psy)

Québec, Canada

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Trajectoires de contacts entre le père non gardien

et l’enfant

Mémoire doctoral

Annie Bellavance

Sous la direction de :

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Résumé

De plus en plus fréquente, la séparation des parents survient de plus en plus tôt, ce qui a une incidence sur le cours des trajectoires familiales. Dans un contexte où l’enfant vit principalement avec sa mère plusieurs facteurs peuvent influencer la fréquence des contacts entre son père et lui au fil du temps. Le présent mémoire doctoral a pour objectif de documenter les trajectoires de contacts entre le père et l’enfant à partir de l’année suivant la rupture jusqu’à six ans plus tard. Il vise également à dresser un profil des caractéristiques qui distinguent les pères selon leur trajectoire de contacts avec l’enfant. L’échantillon est composé de 136 familles séparées issues de la banque de données de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ÉLDEQ). Les résultats indiquent qu’il existe une hétérogénéité des trajectoires de contacts et que la majorité des pères empruntent des trajectoires de contacts stables. Le deux tiers des pères maintiennent une fréquence de contacts élevés avec leurs enfants dans les premières années suivant la rupture. Le type d’union pré-séparation, le climat entre les parents, la remise en couple des mères ainsi que la satisfaction des mères concernant l’implication des pères ressortent comme étant des variables qui discriminent les différentes trajectoires de contacts.

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Table des matières

Résumé ... iii

Table des matières ... iv

Liste des tableaux ... v

Liste des figures ... viii

Remerciements ... vii

Introduction ... 1

Problématique ... 3

Évolution de la fréquence des contacts... 4

Variables associées à la fréquence des contacts et à son évolution ... 8

Facteurs sociodémographiques. ... 9

Facteurs socio-économiques. ... 9

Origine ethnique. ... 11

Caractéristiques des pères. ... 12

Caractéristiques des enfants. ... 12

Caractéristiques du contexte. ... 13

Relation entre les ex-conjoints. ... 14

Satisfaction et comportements des mères. ... 16

Transitions familiales ultérieures. ... 17

Stratégies de recherche, objectifs de l’étude et hypothèses ... 20

Méthode ... 22

Participants ... 22

Procédures de collectes ... 24

Mesures ... 24

Fréquence des contacts entre le père non gardien et l’enfant. ... 24

Caractéristiques du ménage... 25

Qualité de la relation entre les parents séparés... 25

Détermination des trajectoires de contacts post-séparation ... 26

Analyses ... 27

Résultats ... 30

Analyses descriptives ... 30

Trajectoires de contacts des pères non gardiens ... 30

Discussion ... 34

Conclusion ... 42

Références... 44

Tableaux ... 54

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Liste des tableaux

Tableau 1. Statistiques descriptives de l'échantillon (N=136 familles) ... 54 Tableau 2. Meilleurs modèles pour chaque nombre de trajectoires ... 55 Tableau 3. Paramètres des courbes de croissance et probabilité a-posteriori

d’appartenance à chacune des trajectoires ... 56

Tableau 4. Moyenne et écart-type des caractéristiques de l’enfant et des parents au

moment de la séparation en fonction des différentes trajectoires ... 57

Tableau 5. Distribution des caractéristiques sociodémographiques des parents au moment

de la séparation en fonction des différentes trajectoires ... 58

Tableau 6. Distribution des transitions familiales utlérieures au moment de la séparation

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Liste des figures

Figure 1. Trajectoires prévues (estimées) du modèle à quatre groupes ... 60 Figure 2. Trajectoires de contacts moyennes observées du modèle à quatre groupes ... 61

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Remerciements

L’aboutissement de ce projet est en quelque sorte le reflet de ce qu’a été ma vie à Québec et n’aurait pas été possible sans la présence de plusieurs personnes qui me sont chères. Je tiens donc à les remercier, puisqu’elles ont toutes de près ou de loin contribuées à la réalisation de ce projet.

Je tiens premièrement à remercier ma directrice de mémoire doctoral, Sylvie Drapeau sans qui mon parcours à Québec n’aurait pas été possible. Je vous en serai toujours reconnaissante. Merci pour votre confiance, votre soutien, vos conseils judicieux et surtout pour votre patience exemplaire. Merci également à Marie-Hélène Gagné, membre de mon comité d’encadrement pour les suggestions pertinentes. Merci à Hans Ivers pour son expertise qui m’a permis de passer à travers cette étape hasardeuse qu’est la réalisation des analyses et l’interprétation des résultats. Merci surtout à toi Amandine, ta présence, ton soutien et tes commentaires éclairés m’ont permis de parcourir les derniers milles avec beaucoup plus d’ardeur et de motivation.

Merci à mes superviseures de practica Roxanne Lemieux, Delphine Bussières-Genest, Annie Rousseau et Marilène Barré qui ont guidé mes premiers pas dans ce vaste métier et qui m’ont aidé à me dépasser personnellement et professionnellement. Merci à Sylvie Fortin, ma superviseure d’internat, qui m’a permis de regagner la confiance qui me fallait pour être prête à entrer sur le marché du travail.

Maman, Papa, votre fierté témoignée à travers vos gestes, votre grandeur d’âme, votre soutien et votre présence depuis le début de ce long processus ont été précieux. Merci Maman pour ton organisation, ton dévouement, ton sens de l’humour et ta chaleur et merci tout spécialement à toi papa, pour ta générosité, ton expertise en statistique, ton précieux temps, ta patience et ta sagesse infuse. C’est une chance inouïe de t’avoir eu comme mentor. Ces dernières années dans le milieu académique m’ont permis de constater l’ampleur de ton travail et d’éprouver beaucoup de fierté pour l’ensemble de tes réalisations, mais surtout pour l’ardeur que tu y mets. Merci Julien, ton amour du sport que tu as su me transmettre, ta détermination et ta soif de dépassement ont été inspirants et me permettent à mon tour de repousser mes limites.

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Merci à mes grands-parents en or, une marraine et un parrain formidables, et à tous les membres de ma famille et de ma belle-famille qui m’avez témoigné votre fierté et vos plus sincères encouragements. Je suis comblée de vous avoir tous dans ma vie et j’éprouve tout autant de fierté à l’égard de chacun d’entre vous.

Merci à mes précieuses rencontres de Québec Marie-Ève et Camille ainsi qu’à tous mes amis que j’ai été heureuse de retrouver lors de mes visites à Montréal, vous avez été une source inépuisable de fous rires, de complicité, de simplicité et m’avez permis de savourer les petits plaisirs de la vie. Merci tout spécial à Camille et Anouk, même si le doctorat nous a séparé physiquement, je me suis sentie plus près de vous que jamais. Merci de m’avoir permis de partager mes insatisfactions, mes enjeux, mes inquiétudes, mais aussi mes joies et mes réussites. Votre écoute, votre non-jugement, votre authenticité, votre présence feront de vous des psychologues accomplies.

Un merci spécial à toi Marc. Ton positivisme inépuisable, ton amour de la vie, ta soif d’apprendre, ta générosité sont une source de motivation constante et me poussent à être une meilleure personne. Te retrouver chaque été a été un bonheur.

Merci à des entraineurs en or, Chantal et Jonathan vous m’avez guidé vers la discipline et m’avez permis de me dépasser physiquement et mentalement, de trouver ma passion et de semer l’idée en moi que le sport pourrait aussi faire partie de ma pratique professionnelle. Merci à tous les profs de yoga qui m’ont enseigné l’art de vivre au moment présent, vous avez tous contribué à rendre ces années de doctorat plus équilibrées. Merci à tous ceux qui ont sués avec moi, tout particulièrement mes complices de laboratoire, mes partenaires de triathlon (mention spéciale à Jérémie et à Véronique et à mes amis du camp d’entrainement) et à toi Eddy cher partenaire de ski.

Merci à Magalie, Dorothée, Jenny-Lee et Sarah pour tous les moments partagés au labo, dans un café ou au CHUL, vous qui m’avez comprises et encouragées, vous avez été une source d’inspiration et de motivation inestimable et vous avez certainement contribué à l’aboutissement de ce projet.

Merci à mes partenaires de voyage, Cynthia (mon minou), Sara (ma pépite d’amour) et Joanne (ma triathlète préférée) vous qui avez été mes plus grandes découvertes et mes

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plus grandes amies du doctorat. Mon minou, il n’y a pas de mots assez grands pour décrire ce qu’a été cette expérience marquante que j’ai vécu avec toi, mais saches que je revois toujours à travers toi, ce qui en est resté et ce que tu as su intégrer et j’en suis fière. Ma pépite, je ne peux pas passer sous silence, toutes nos soirées à parler de nos « enjeux ». Tu as su me lire, me confronter, me comprendre, ce qui a été à la fois déstabilisant et apaisant, et je t’en remercie profondément. Ma triathlète préférée, malgré nos questionnements, je pense que les défis en valent toujours la peine après coup, merci d’avoir plongé dans cette aventure avec moi, car après tout, cela m’a permis de rencontrer une amie extraordinaire. Jamais je ne regretterais mon choix d’être venue à Québec, puisque cela m’a permis de vous rencontrer toutes les trois et de partager les bons comme les moins bons moments ou plutôt les moments plus difficiles. Votre profondeur, votre authenticité, votre écoute et votre désir de dépassement ont été rassurants et inspirants. Pour moi ce que nous avons bâti ensemble est d’autant plus synonyme de réussite que l’ensemble de ce parcours et je ne peux faire autrement qu’être fière de vous et de vos accomplissements quotidiens.

Finalement, merci à celui qui partage ma vie, depuis plus longtemps que ce long parcours universitaire sans qui tout ça ne serait pas possible! S’il y a une chose que j’aimerais qui soit interminable c’est cette histoire d’amour. Merci d’avoir cru en moi, merci pour ton soutien, ta présence rassurante, ton amour incalculable et merci surtout de me permettre de vivre mes rêves et de vivre à fond mes envies insatiables de voyage. Être à tes côtés est le plus beau cadeau que j’ai reçu.

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Introduction

Plus de 30 % des enfants auront connu avant l’âge de 10 ans la vie au sein d’une famille monoparentale, principalement parce que leurs parents se sont séparés. Il y a 30 ans, cela s’appliquait à 10,9% des enfants (Cyr, DiStephano, Lavoie, & Chagnon, 2011; Juby, Marcil-Gratton, & Le Bourdais, 2005). Au Québec, la garde de l’enfant est considérée comme exclusive si le parent assume plus de 60% du temps de garde, alors que la garde est considérée comme partagée si chacun des parents assume au moins 40% du temps de garde de l’enfant (Ministère de la Justice du Québec, 2014). L’observation des ordonnances entre 1998 et 2008 montre une diminution de la garde exclusive à la mère au profit d’une augmentation de la garde partagée et de la garde exclusive au père (Dubeau, Pilon, & Théorêt, 2014). Malgré ce constat, la proportion de la garde exclusive à la mère demeure importante, soit presque le trois quart du temps (72%) (Cyr et al., 2011). Ce résultat découlerait notamment du fait que les mères se manifestent davantage pour obtenir la garde alors que lorsque les deux parents formulent une demande, la garde partagée est la modalité majoritairement privilégiée (Biland & Schütz, 2013).

Dans un contexte où la mère obtient la garde principale de l’enfant, des contacts sont généralement ordonnés ou prévus entre le père non gardien et l’enfant. Au Québec, la modalité de contacts la plus fréquente est celle où l’enfant voit son père non gardien à raison d’une fois par semaine ou aux deux semaines (Desrosiers & Simard, 2010). Dans l’étude de Desrosiers et Simard (2010) basée sur les données de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ÉLDEQ), parmi les enfants âgés de six ans dont les parents étaient séparés, les mères rapportaient que six enfants sur dix avaient des contacts quotidiens avec leur père, environ trois sur dix avaient des contacts occasionnels alors qu’un enfant sur dix n’entretenait plus de contacts avec son père. En outre, plusieurs types de contacts sont possibles, qu’ils soient directs (nuitées, des visites, des rencontres lors d’activités) ou indirects (contacts téléphoniques, via internet).

De nombreux auteurs ont montré que plusieurs pères non gardiens se désinvestissent complètement de leur relation avec leur enfant dans les années suivant la rupture (Furstenberg & Harris, 1992; Seltzer, 1991) suggérant qu’un déclin graduel de la fréquence des contacts est la trajectoire typique qu’emprunteront les pères suite à la séparation

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(Clarke-Stewart & Brentano, 2006; Ihinger-Tallman, Pasley, & Buehler, 1993). Or, des études plus récentes ont constaté que la fréquence des contacts entre le père non gardien et l’enfant n’était pas caractérisée par une trajectoire unique (Amato, Meyers, & Emery, 2009; Cheadle, Amato, & King, 2010; Juby, Billette, Laplante, & Le Bourdais, 2007; Westphal, Poortman, & Van der Lippe, 2014), mais bien par une diversité de trajectoires, certaines très stables et d’autres fluctuantes (Cheadle et al., 2010). Les résultats de l’étude de Desrosiers et Simard (2010) en lien avec l’analyse des données de l’ÉLDEQ entre 1998 et 2004 montrent que la situation de certains enfants change avec le temps; dans 23% des cas les contacts ont diminué et les contacts ont augmenté avec le temps pour 16% des enfants, alors que pour 63% d’entre eux la fréquence des contacts avec le père non gardien a été maintenue au fil du temps.

Le présent projet poursuivra l’avancement des connaissances sur l’évolution des trajectoires de contacts entre le père non gardien et l’enfant dans les années suivant la rupture. Il vise plus précisément à examiner les trajectoires de contacts selon une perspective longitudinale ainsi qu’à mettre en lumière la diversité de ces trajectoires. Ce projet consiste en une analyse secondaire de données recueillies auprès d’un échantillon non-représentatif de parents séparés créé à partir de la base de données de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ÉLDEQ). Cette base de données permet d’explorer les variables associées à l’évolution des contacts au fil du temps.

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Problématique

Auparavant, les standards sociaux ainsi que les exigences culturelles ont fait en sorte que l’implication du père au sein de la famille se définissait davantage par ses capacités physiques et son appui financier. La conceptualisation de l’implication du père a évolué depuis le milieu des années 1980 vers une définition plus complexe; son rôle étant défini sur plusieurs plans impliquant entre autres des éléments affectifs, cognitifs, une présence physique, ainsi qu’une implication indirecte (soutien financier, soutien à la mère) (Castillo & Sarver, 2012; Hawkins et al., 2002; Palkovitz, 2002; Pleck & Masciadrelli, 2004). La méthodologie décrivant l’implication du père diffère d’une étude à l’autre. Toutefois, plusieurs auteurs se sont inspirés de la conceptualisation de Lamb et ses collaborateurs (2010) définie selon trois dimensions, soit la disponibilité dont fait preuve le père, l’engagement (fréquence des contacts) et la responsabilité (prise de décisions concernant l’enfant). Par ailleurs, dans un effort de validation d’un instrument mesurant l’implication des pères (Inventory of father involvement), Hawkins et al. (2002) ont distingué neuf dimensions de l’implication des pères : temps passé avec l’enfant, affection, soutien financier, soutien à la mère, discipline et enseignement des responsabilités, soutien à la réussite à l’école, soutien dans le développement des talents de l’enfant, lecture et attention portée au quotidien de l’enfant.

À notre connaissance, l’implication des pères en contexte de séparation ne semble toutefois pas être explicitement définie dans la littérature, bien que l’importance du rôle actif du père dans le développement socio-affectif de l’enfant suite à la séparation ait été établie (Lamb, 2012; Le Camus, 1997, 2000). De nombreux auteurs ont souligné que l’implication du père engendrait non seulement des répercussions positives sur l’enfant (sur les plans académiques, psychologiques et relationnels), mais également sur la mère (diminution du stress parental et pratique éducative positive) et sur le père lui-même (meilleures conditions de santé physique et mentale) (Castillo & Sarver, 2012; De Wit, Louw, & Louw, 2014; Dubeau et al., 2014; Hawkins et al., 2002; Lamb, 2010; Thomas, Krampe, & Newton, 2008). En contexte de séparation, plusieurs auteurs ont conclu que la qualité de la relation entre le père et l’enfant importe davantage que le nombre de contacts, pour rendre compte de l’adaptation de l’enfant (Amato & Gilbreth, 1999; King &

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Sobolewski, 2006; Pruett, Williams, Insabella, & Little, 2003; Whiteside & Becker, 2000). L’enfant bénéficie, dans toutes les sphères de sa vie, du maintien d’une bonne relation avec ses deux parents, plutôt qu’avec un seul d’entre eux et ce, peu importe le contexte familial et la qualité de la relation entre son père et sa mère (Sandler, Wheeler, & Braver, 2013; Fabricus, 2003). La perte d’une relation avec le parent non gardien, souvent le père, constitue un risque majeur pour l’enfant. De ce point de vue, tant la quantité des contacts que la qualité des relations avec le père non gardien influencent le développement de l’enfant à court, moyen et long terme (Drapeau et al., 2014; Parcel & Menaghan, 1993). C’est dans cette perspective que l’importance d’étudier la fréquence des contacts s’inscrit, puisque sans contact (direct ou même indirect), l’existence d’une relation de qualité entre le père non gardien et l’enfant s’avère impossible. De plus, les résultats de plusieurs études ont montré le lien bidirectionnel entre la fréquence de contacts et le développement d’une relation positive avec leurs enfants; les pères qui voient leurs enfants à chaque semaine établissent davantage de liens et sont plus enclins à assumer leurs responsabilités parentales (Fox, 1985; Kalil, Ziol-Guest, & Coley, 2005; King & Sobolewski, 2006; Seltzer & Bianci, 1988).

Plusieurs dimensions telles que la fréquence, la régularité, la continuité et les contacts directs ou indirects (téléphone, courriel, lettre) définissent les contacts entre les pères non gardiens et leurs enfants dans un contexte de rupture (Dunn, Cheng, O’Connor, & Bridges, 2004). Tout comme de nombreux auteurs qui se sont intéressés à l’implication des pères non gardiens, la fréquence de contacts entre le père et l’enfant sera utilisée comme indicateur de l’implication paternelle dans la présente étude (Castillo, Welch, & Sarver, 2010; Cooksey & Craig, 1998; King, Harris, & Heard, 2004; Manning & Smock, 1999; Sano, Smith, & Lanigan, 2011).

Évolution de la fréquence des contacts

Ces préoccupations concernant le maintien des contacts entre le père non gardien et l’enfant ont amené des auteurs à s’intéresser à l’évolution de la fréquence des contacts dans les années suivant la rupture. Au début des années 1980, des études montrent que la séparation est associée à une diminution de la fréquence des contacts entre le père non

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gardien et l’enfant voir à un désinvestissement complet du père (Furstenberg & Harris, 1992; Furstenberg, Nord, Peterson, & Zill, 1983; Seltzer, 1991). Par exemple, Furstenberg et al. (1983) ont révélé à partir d’un échantillon représentatif d’enfants âgés entre 11 et 16 ans que près de la majorité d’entre eux n’avaient pas eu de contacts directs avec leur père dans l’année précédant l’entrevue.

Bien que l’idée qu’un patron unique de désengagement caractérisait la situation des pères non gardiens ait été acceptée dans la littérature, les évidences empiriques qui sous-tendent ce constat demeurent incomplètes, notamment en raison des stratégies d’analyses utilisées (Clarke-Stewart & Brentano, 2006; Ihinger-Tallman et al., 1993; Manning & Smock, 1999). Afin de pallier cette limite, quelques auteurs ont utilisé des études de cohortes ou des devis longitudinaux pour documenter l’évolution de la fréquence des contacts. Les résultats de ces études récentes tendent à démentir l’idée qu’un patron de désengagement caractérise les pères non gardiens et ont plutôt illustré que l’engagement des pères évoluait selon des profils différents (Amato et al., 2009; Cheadle et al., 2010; Juby et al., 2007; Westphal et al., 2014). Entre autres, Westphal et al. (2014) en poursuivant l’objectif de décrire et expliquer les changements dans la fréquence des contacts entre le père non gardien et l’enfant à partir de différentes cohortes de parents séparés néerlandais entre 1949 et 1998, ont montré qu’au fil des décennies la proportion de pères qui se désengage complètement de leur relation avec leurs enfants est passée de 52% en 1949-1971 à 11% en 1991-1998, alors que la fréquence des nuitées a augmenté de 97% entre 1949-1971 et 1991-1998. Également, l’étude de cohorte d’Amato et ses collaborateurs (2009) réalisée à partir de quatre échantillons représentatifs de la population américaine entre 1976 et 2002 a révélé que contrairement aux pères des années 1970, les pères de la dernière cohorte demeuraient plus engagés suite à la séparation. Alors qu’en 1970, seulement 18% des pères avaient des contacts hebdomadaires avec leurs enfants, ce pourcentage avait augmenté à 31% en 2002. De plus, 37% des pères avaient complètement perdu contacts avec leurs enfants en 1970, contrairement à 29% des pères en 2002. Les contacts entre les pères non gardiens auraient donc évolués dans les dernières décennies.

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Deux études longitudinales se sont intéressées au changement dans la fréquence des contacts entre le père non gardien et l’enfant. À partir d’un échantillon de pères non gardiens américains du National Survey of Families and Household (NSFH) interrogés entre 1987 et 1988, puis entre 1992 et 1994, Manning et Smock (1999) ont montré que plus d’un tiers des pères avaient maintenu la même fréquence de contact entre les deux temps de mesures alors que la fréquence des contacts a diminué pour 41% des pères et a augmenté pour 23% d’entre eux. À partir des données de l’Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes (ELNEJ) réalisée auprès d’enfants canadiens âgés de 0 à 11 ans, Juby et al. (2007) ont montré qu’entre les deux premiers cycles de l’enquête (1994-1995 et 1996-1997), la fréquence des contacts changeait chez la moitié des pères et que 25% des enfants n’avaient plus de contacts avec leur père non gardien.

Les auteurs qui se sont intéressés à l’évolution de la fréquence des contacts se sont appuyés sur des données collectées en deux temps, ne pouvant donc pas documenter les trajectoires de contacts des pères non gardiens (Juby et al., 2007; Manning et Smock, 1999). Également, ces différentes études avaient comme objectif d’identifier des variables prédictrices des contacts entre les pères non gardien et l’enfant et de décrire la relation entre différentes variables indépendantes sélectionnées et la variable dépendante, soit la fréquence des contacts (Elam, Sandler, Wolchik, & Tein, 2015; Juby et al., 2007; Jung & Wickrama, 2008; Manning & Smock, 1999). Pour répondre à cet objectif, des stratégies d’analyses telles que la régression, l’analyse de facteurs ou l’équation structurelle peuvent être utilisées. À l’aide d’une approche centrée sur les variables, et donc en s’intéressant aux relations qui existent entre les variables à travers les individus (moyennes du groupe), il n’est pas possible de dégager la diversité des trajectoires empruntées par les pères non gardiens alors qu’une approche centrée sur la personne qui regroupe des méthodes telles que l’analyse de cluster, l’analyse de classe latente ou des modèles multiniveaux longitudinaux permet de classifier des individus dans différents groupes ou catégories en fonction de leurs patrons de réponses (Jung & Wickrama, 2008). Dans ce type d’approche, le changement peut être interprété à la fois en termes qualitatifs et quantitatifs et est dégagé sous forme de patrons individuels sur une ou plusieurs variables (Magnusson, 1998). À notre connaissance, seuls Cheadle et al. (2010) ont pu déterminer si des observations

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individuelles en l’occurrence sur l’évolution de la fréquence des contacts entre le père non gardien et l’enfant pouvaient être attribuées avec certitude à un petit nombre de patrons, permettant ainsi de dégager des trajectoires de contacts.

À partir des données du National Longitudinal Survey of Youth 1979 cohort (NLSY79) entre 1979 et 2002 et celles du Children of the National Longitudinal Survey of Youth (CNLSY) entre 1986 et 2002, Cheadle et al. (2010) ont voulu décrire les différentes trajectoires de contacts entre le père non gardien américain et l’enfant en fonction de plusieurs variables : l’âge de l’enfant au moment de la séparation, le statut marital des parents au moment de sa naissance, le niveau d’éducation de la mère, son âge à la naissance de l’enfant, le soutien financier du père non gardien et la distance géographique entre le père non gardien et l’enfant. En utilisant des analyses de classes latentes pour courbes de croissances, quatre trajectoires de contacts ont pu être dégagées sur une période de douze ans. Le premier groupe comprenant 38% des pères ont maintenu des contacts fréquents, soit à raison d’au moins une fois par semaine. Un deuxième groupe présente aussi une trajectoire de contacts stable au fil du temps, mais faible; 32% des pères sont demeurés non impliqués à raison d’un contact par an ou moins dans l’année suivant la rupture et les années subséquentes. Pour 23% des pères qui initialement voyaient leurs enfants au moins une fois par semaine, le niveau d’engagement a diminué au fil du temps se limitant à un contact aux deux à six mois. Finalement, 7% des pères, qui dans la première année ont vu leurs enfants entre une et six fois, ont graduellement augmenté la fréquence des visites à raison d’une à trois fois par mois.

Ces études récentes amènent une nouvelle perspective concernant l’évolution de la fréquence des contacts dressant ainsi un portrait différent et diversifié de l’engagement des pères. Par ailleurs, certains auteurs ont suggéré que les premières années suivant la rupture étaient les plus cruciales, puisque c’est à ce moment qu’ils ont observé que les pères non gardiens se retiraient et cessaient d’agir à titre de parent et qu’à l’inverse certains pères s’impliquaient davantage dans leur relation avec leur enfant (Cheadle et al., 2010; Juby et al., 2007; Kruk, 1993). L’une des principales conclusions de l’étude de Juby et al. (2007) a été de souligner l’importance de la période suivant la rupture, notamment en raison de la crise familiale que peut engendrer la séparation. Ainsi, les pères qui établissent des liens

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étroits avec leurs enfants durant cette période ont plus de chance de maintenir leur engagement dans les années subséquentes, alors que les pères peu impliqués ont peu de probabilité de s’engager par la suite (Juby et al., 2007). Les résultats de l’étude de Cheadle et al. (2010) vont dans ce sens; alors que pour les pères non gardiens dont la fréquence des contacts est maintenue au fil du temps (70%), les premières années sembleraient déterminer la trajectoire de contacts qu’ils emprunteront à long terme, des changements dans la fréquence des contacts dans les deux premières années suivant la rupture sont observables pour environ le tiers des pères non gardiens (31%).

Variables associées à la fréquence des contacts et à son évolution

L’implication des pères résulte d’une interaction entre des facteurs individuels, relationnels et contextuels pouvant à la fois favoriser ou faire obstacle à l’exercice de la parentalité (Castillo & Sarver, 2012; Coltrane, Coleman, & Ganong, 2004; Lamb, 2010). Des facteurs contextuels comme le processus décisionnel de garde ou les arrangements quant au droit de visites peuvent influencer l’engagement des pères ainsi que la qualité du lien d’attachement entre ces derniers et l’enfant, faisant en sorte que le temps passé entre le père et l’enfant est limité (Kruk, 2010). Bien que la fréquence des contacts prévue soit souvent dictée par la modalité de garde (garde exclusive ou partagée), diverses études ont mis en lumière de multiples facteurs associés à l’engagement du père au fil du temps. Parmi ces facteurs, notons les facteurs sociodémographiques et socio-économiques, l’origine ethnique, les caractéristiques des pères, des enfants et du contexte, la relation entre les ex-conjoints, la satisfaction et les comportements des mères ainsi que les transitions familiales ultérieures. Tel qu’introduit précédemment, la plupart des auteurs ont utilisé une approche centrée sur la variable afin d’étudier la variabilité de l’engagement des pères. De plus, pour décrire la relation entre les contacts entre les pères non gardiens et certains facteurs, différents devis méthodologiques ont été utilisés. Ainsi, certaines de ces variables sont plutôt associées à la fréquence des contacts alors que des études longitudinales ont permis de prédire le changement dans la fréquence des contacts.

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9 Facteurs sociodémographiques.

Certaines études ont montré que le temps écoulé depuis la séparation serait l’une des variables les plus associées à la fréquence des contacts (Furstenberg et al., 1983; Maccoby & Mnookin, 1992; Seltzer, 1991). Dans une étude basée sur un échantillon représentatif de la population américaine, Furstenberg et al. (1983) ont observé que les pères non gardiens étaient plus susceptibles d’entretenir des contacts avec leur enfant au moins une fois par semaine dans les deux années suivant la rupture, alors que dans les années subséquentes, la fréquence des contacts tendait à diminuer. Également, la distance géographique entre le lieu de résidence du père et celui de l’enfant est associée négativement à la fréquence des contacts (Arditti & Keith, 1993; Cooksey & Craig, 1998; Furstenberg et al., 1983; Manning & Smock, 1999; Seltzer, Schaeffer, & Charng, 1989; Stephens, 1996). Dans les travaux de Cheadle et al. (2010), la distance géographique est la variable d’intérêt qui distinguait le plus les différentes trajectoires de contacts. Les auteurs ont montré que les pères dans le groupe dont la fréquence des contacts a diminué étaient plus susceptibles que les pères des autres groupes de vivre à plus de 100 miles (160 km) de la résidence de leur enfant dans la première année après la séparation, alors que les pères qui ont maintenu un engagement élevé étaient ceux qui résidaient le plus près de leurs enfants. Les auteurs ont avancé que l’investissement de temps et d’argent qu’occasionnaient les déplacements suffisait pour démotiver le père à initier la tenue de contacts. Manning et Smock (1999) ont également suggéré que certains pères, déjà faiblement impliqués dans la relation avec leurs enfants, avaient tendance à déménager et ainsi augmenter la distance géographique qui les séparait de leurs enfants.

Facteurs socio-économiques.

Cooksey et Craig (1998) à partir des données des deux premières vagues (1987-1988 et 1992-1994) de la National Survey of Families and Households (NSFH) ont montré que les pères davantage scolarisés étaient plus susceptibles de maintenir des contacts fréquents avec leurs enfants au fil du temps, suggérant que le niveau d’éducation du père serait associé au changement dans la fréquence des contacts. D’autres études ont montré que les pères plus scolarisés et plus aisés financièrement étaient davantage impliqués dans leur relation avec leurs enfants (King et al., 2004; Lerman & Sorensen, 2000, Westphal et

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al., 2014). En ce sens, la fréquence des contacts serait plus élevée lorsque les pères ont un emploi, alors qu’inversement une instabilité d’emploi serait lié à un niveau d’engagement plus faible (Cooksey & Craig, 1998; Landale & Oropesa, 2001).

Plusieurs études ont montré que les pères impliqués au plan financier ont des contacts plus fréquents avec leur enfant (Amato, et al., 2009; Fustenberg et al., 1983; Juby et al., 2007; Seltzer et al., 1989). Les résultats de l’étude longitudinale de Nepomnyaschy (2007) vont dans ce sens; l’investissement financier du père augmenterait la tenue des contacts au fil du temps, ce qui montre que cette variable est aussi associée au changement dans la fréquence des contacts. Inversement, les résultats d’études longitudinales ont révélé que les pères qui ont des contacts plus fréquents avec leurs enfants étaient plus susceptibles de s’investir financièrement, notamment puisqu’ils étaient davantage conscients des besoins de leurs enfants (Cheadle et al., 2010; Juby et al., 2007; Veum, 1993). De même, dans l’étude de Cheadle et al. (2010), les pères qui ont maintenu une fréquence de contacts peu élevée au fil du temps (faible-stable) s’impliquaient moins financièrement, suggérant que l’implication financière du père est également associée aux trajectoires de contacts. Les auteurs en sont venus à la conclusion que le manque de ressources des pères semblait influencer l’engagement de ces derniers (Cheadle et al., 2010). Chez certains pères, leur difficulté à assurer un soutien financier à leurs enfants les amenait à se sentir incompétents, ce qui interférait avec la tenue des visites (Sano, Richards, & Zvonkovic, 2008). Bien que la direction causale des résultats de ses travaux soit imprécise, Greif (2001) a avancé que la mère restreindrait les contacts lorsque le père ne respecterait pas l’entente financière. Ainsi, la mère encouragerait davantage la tenue des contacts lorsque le père est engagé financièrement, puisque cela lui génèrerait moins de stress parental et qu'elle serait plus satisfaite (Amato et al., 2009; Arendell, 1986; Kalil et al., 2005).

Les études qui se sont intéressées à l’influence du revenu de la mère sur l’engagement du père ne parviennent pas aux mêmes résultats. Garfinkel et al. (1998) ont avancé que les mères qui ont un revenu ainsi qu’un niveau d’éducation plus élevés encourageaient davantage l’implication du père tant sur le plan de ses responsabilités parentales que par rapport à la tenue des visites. Sano et al. (2011), à partir de données de la Fragile Families and Child Wellbeing Study (FFCW) collectées entre 1998 et 2000 puis

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un an plus tard, ont plutôt souligné qu’un faible revenu et qu’un niveau d’éducation élevé chez la mère prédisaient la tenue de contacts entre le père non gardien et l’enfant. Dans cette étude, les mères qui avaient des revenus plus faibles avaient besoin de plus de soutien de la part des pères non gardiens et faisaient davantage d’efforts pour maintenir la relation entre ces derniers et l’enfant. De même, les mères plus scolarisées accordaient davantage d’importance au maintien de la relation père-enfant, ce pourquoi elles encourageaient la tenue de contacts, et ce peu importe la fréquence (Sano et al., 2011). Également, Cheadle et al., (2010) ont montré que le niveau d’éducation des mères discriminait les différentes trajectoires de contacts. Les mères étaient moins scolarisées dans le groupe où les pères ont maintenu une fréquence de contacts faible au fil du temps.

Origine ethnique.

Bien que les études qui se sont intéressées à l’engagement des pères en fonction de leurs origines ethniques ne parviennent pas toutes aux mêmes résultats, il semble exister un lien entre les différences culturelles et la fréquence des contacts entre les pères non gardiens et leurs enfants. King et ses collaborateurs (2004), dans une étude menée auprès d’un large échantillon d’adolescents de diverses origines ethniques, ont avancé que les pères caucasiens ont davantage de contacts avec leurs adolescents que les pères noirs ou hispanophones, notamment en raison de leur niveau d’éducation plus élevé. Par ailleurs, dans une étude avec un échantillon non-représentatif de familles ayant un faible revenu, les pères non gardiens caucasiens avaient moins de contacts avec leurs jeunes enfants que les pères afro-américains et hispaniques (Cabrera, Ryan, Mitchell, Shannon, & Tamis-LeMonda, 2008). Cette différence s’expliquerait notamment par le fait que les parents caucasiens s’engageraient plus facilement dans une nouvelle relation, ce qui aurait une incidence sur la qualité de la relation avec leur ex-conjoint et donc sur l’engagement des pères. D’autres études ont illustré que les enfants hispaniques étaient moins visités par leurs pères que le sont les enfants d’autres origines ethniques (Amato et al., 2009; King et al., 2004; Lerman & Sorensen, 2000; Seltzer & Bianchi, 1988). Toutefois, les différentes conclusions des études américaines en ce qui à trait à l’influence de l’origine culturelle sur la fréquence des contacts peuvent notamment s’expliquer par les facteurs contextuels, structurels et socio-économiques qu’il est parfois difficile de dissocier.

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12 Caractéristiques des pères.

Quelques auteurs ont constaté que l’âge des pères est associé à la fréquence des contacts (Landale & Oropesa, 2001; Manning, Stewart, & Smock, 2003). Castillo et ses collaborateurs (2010), dans une étude menée auprès d’un large échantillon de pères, ont montré que les pères plus âgés étaient davantage impliqués dans leur relation avec leurs enfants. De même, Parke (1996) a avancé que les pères plus jeunes étaient plus enclins à se désinvestir de leur relation avec leur enfant, notamment puisqu’ils seraient moins matures émotionnellement, qu’ils n’ont pas été mariés avec la mère de l’enfant, qu’ils sont moins scolarisés et qu’ils ont un revenu moins élevé. Il importe toutefois de prendre en considération le contexte lorsque l’engagement du père dans sa relation avec ses enfants est étudié (Doherty, Kouneski, & Erickson, 1998). Par exemple, certains contextes peuvent interférer avec l’engagement du père dont notamment des problèmes de violence ou d’abus de substance, des problèmes de santé physique ou mentale ou une incarcération (Sano et al., 2008; Wilson & Brooks-Gunn, 2001). Également, l’insatisfaction des pères non gardiens quant aux arrangements de garde ainsi que les émotions négatives ressenties durant les visites influeraient sur la tenue des contacts et les amèneraient à réduire les contacts avec leurs enfants (Arendell, 1995; Fox, 1985).

Caractéristiques des enfants.

L’âge des enfants aurait une incidence sur l’engagement du père, en particulier, l’âge des enfants au moment de la séparation. Stephens (1996) et Aquilino (2006) ont observé que lorsque la séparation a lieu alors que les enfants étaient en bas âge, les pères non gardiens avaient moins de contacts avec leurs enfants. Inversement, certains auteurs ont montré que les pères non gardiens entretenaient davantage de contacts avec les enfants plus âgés (King & Heard, 1999; Seltzer, 1991). Le père a davantage de chances de créer des liens avec ses enfants s’il a demeuré plus longtemps avec eux et serait donc plus à l’aise d’interagir avec ses enfants lorsqu’ils sont plus âgés (Amato et al., 2009; Cheadle et al., 2010). Alors que certains auteurs ont estimé que de manière générale les pères interagissaient plus fréquemment avec leurs fils, notamment en raison de leurs intérêts

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communs (Cabrera, Tamis-LeMonda, Bradley, Hofferth, & Lamb, 2000; Parke, 1996), les études sur les pères non gardiens ne sont pas parvenues aux mêmes conclusions. Certaines études ont montré que les pères non gardiens avaient plus de contacts avec leurs fils, puisque ces derniers appréciaient davantage les visites que les filles (Hetherington, 1993; Manning & Smock, 1999), alors que d’autres ont indiqué que le genre de l’enfant n’influençait pas le niveau d’engagement des pères (Cheadle et al., 2010; Cooksey & Craig, 1998; Mott, 1994; Seltzer, 1991).

De nombreux auteurs ont constaté que la qualité de la relation entre le père non gardien et l’enfant avait une incidence sur le développement et l’ajustement de l’enfant (Ahrons & Miller, 1993; Amato & Soboleski, 2004; Baum & Shnit, 2003; Furstenberg & Nord, 1985). Seulement Hawkins et ses collaborateurs (2007) dans une étude américaine menée à partir des données de 1995 puis de 1996 de la National Longitudinal Study of Adolescent Health se sont intéressés à l’influence qu’exerçait le comportement de l’enfant sur l’implication du père non gardien. Les résultats de cette étude montrent que les pères non gardiens étaient plus engagés lorsque leurs enfants présentaient peu de problèmes de comportement, étaient de bonne humeur et performaient bien à l’école alors qu’ils avaient tendance à se désengager quand leurs enfants avaient des problèmes d’ajustement (Hawkins, Amato, & King, 2007).

Caractéristiques du contexte.

Quelques auteurs ont souligné l’importance du contexte dans lequel l’enfant est né. Alors que certains pères établissent très tôt une relation avec leurs enfants qu’ils préserveront après la séparation, d’autres ne sont pas engagés et ce, dès la naissance de l’enfant (Cabrera et al., 2000). Par exemple, lorsqu’avant la naissance de l’enfant, le père adopte une attitude positive face à l’idée de devenir parent, ce dernier a plus de chance de s’engager dans sa relation avec ce dernier (Bronte-Tinkew, Ryan, & Moore, 2007). Aussi, de nombreuses études américaines ont montré que les pères mariés à la mère biologique de l’enfant au moment de sa naissance avaient davantage de contacts avec leurs enfants que les pères qui n’avaient jamais été mariés à la mère (Amato et al., 2009; Aquilino, 2006; Cooksey & Craig, 1998; King et al., 2004; Furstenberg et al., 1983, Seltzer, 1991; Seltzer & Bianchi, 1988). En ce sens, Cheadle et al. (2010) ont révélé que le type d’union

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séparation est une variable qui distinguait les différentes trajectoires de contacts; les pères qui ont maintenu une fréquence de contacts élevée au fil du temps étaient plus susceptibles d’avoir été mariés avec les mères de l’enfant comparativement aux pères des autres groupes. Dans une étude réalisée à partir des données du Fragile Families Studies (n=2249), Osborne et ses collaborateurs (2007) montrent que 49% des parents en union libre se sont séparés contrairement à 11% des parents mariés. Les auteurs en sont venus à la conclusion que les unions libres s’avéraient des relations moins stables que les mariages et ont montré que les pères mariés étaient plus engagés auprès de leurs enfants. Ainsi, même si les pères qui ont cohabité avec les mères ont eu l’occasion de créer des liens avec leurs enfants, l’enfant a moins de chance de vivre longtemps avec son parent, ce qui influence le maintien de la relation père non gardien/enfant suite à la rupture (Osborne, Manning, & Smock, 2007). Dans leur étude, Westphal et ses collaborateurs (2014) ont également voulu expliquer l’augmentation des contacts entre les cohortes en s’intéressant au rôle médiateur de l’implication du père durant le mariage. En plus d’expliquer en partie l’augmentation des contacts entre le père non gardien et l’enfant au fil du temps, les résultats révèlent que les pères néerlandais qui étaient davantage impliqués pendant l’union avaient plus de contacts avec leurs enfants suggérant que l’implication du père pendant la durée du mariage serait liée à la fréquence des contacts.

Relation entre les ex-conjoints.

La qualité de l’engagement du père non gardien dans sa relation avec ses enfants dépend également de la qualité de sa relation avec son ex-conjointe (Doherty et al., 1998; Sano et al., 2008). Selon certains auteurs, la qualité de la relation entre les co-parents est l’un des prédicteurs les plus significatifs de l’engagement des pères (Coley & Chase-Lansdale, 1999; Ryan, Kalil, & Ziol-Guest, 2008). Sobolewski et King (2005) ont avancé que des relations coopératives entre le père et la mère étaient positivement associées à la qualité de la relation entre le père non gardien et l’enfant, d’une part, et à la fréquence des visites, de l’autre, sans toutefois montrer la présence d’une association significative entre la présence de conflits et l’engagement du père. Sano et al. (2011) ont constaté que la présence de conflits prédisait seulement l’absence de contacts, mais que pour les pères dont leur rôle de parent était prédominant, la présence de conflits ne s’avèrerait pas un obstacle à

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leur engagement. L’absence de conflits n’est toutefois pas synonyme de coopération entre les parents et peut aussi suggérer un manque de communication entre ces derniers (Sano et al., 2011).

Deux études ont utilisé une approche centrée sur la personne pour identifier des constellations particulières de l’engagement des pères (contact et soutien) et de conflits dans une perspective familiale systémique. Dans ces études, l’analyse de classe latente a permis de regrouper empiriquement les observations des individus qui sont similaires en sous-groupes (désigné comme profils latents). Avec comme objectif de comprendre la relation entre l’engagement des pères et l’ajustement de l’enfant, Modecki et al. (2015) ont utilisé plusieurs aspects de la relation père non gardien-enfant (fréquence des visites et des contacts téléphoniques, soutien psychologique paternel) et de l’environnement après la rupture (conflit entre les parents, distance géographique, statut marital du père) pour dégager trois profils de l’engagement des pères six à huit ans post-séparation : engagement modéré-conflit faible, engagement faible-conflit modéré, engagement élevé-conflit élevé (Modecki, Hagan, Sandler, & Wolchik, 2015). L’émergence du profil engagement élevé-conflit élevé est en contraste avec les résultats des études centrées sur les variables qui suggèrent qu’un niveau de conflit élevé est généralement associé à une fréquence de contacts plus faible et à moins de soutien psychologique de la part du père (Modecki et al., 2015; Sano et al. 2011; Sobolewski & King, 2005).

La deuxième étude réalisée par Elam et ses collaborateurs visait à élargir les travaux de Modecki et al. (2015) en considérant la période entourant la séparation révélée comme déterminante (Cheadle et al., 2010; Juby et al., 2007). Les auteurs ont donc étudié les profils de contacts des pères non gardiens, de soutien et de conflits inter-parentaux dans les deux premières années suivant la séparation. Quatre profils d’engagement ont été trouvés : contact élevé-conflit modéré-soutien modéré, faible contact-conflit modéré-soutien faible, contact modéré-conflit élevé-soutien modéré et contact modéré-faible conflit et soutien modéré. Deux profils se distinguent par le niveau de conflit (24,3% conflit élevé, 31,8% conflit faible) alors que pour chacun de ces groupes les niveaux de contact et de soutien sont modérés (Elam et al., 2015). Ces deux études ont donc identifié des profils qui ne sont pas uniformes positivement ou négativement sur tous les aspects de l’engagement,

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notamment en suggérant qu’un niveau de conflit élevé n’est pas nécessairement associé à de faibles contacts.

Satisfaction et comportements des mères.

Desrosiers et Simard (2010), dans une étude réalisée à partir des données longitudinales de l’ÉLDEQ de la naissance de l’enfant jusqu’à six ans plus tard, ont constaté que les mères des enfants en garde partagée étaient davantage satisfaites de l’implication du père contrairement à celles dont les enfants voient peu fréquemment l’autre parent. La satisfaction des mères quant à l’implication du père s’avère toutefois un processus complexe notamment en raison de la multiplicité des contextes familiaux existants. Avec les données de la première vague du National Survey of Families and Households (NFSH; 1987-1988), King et Heard (1999) se sont intéressés à la relation entre la satisfaction de la mère, le conflit entre les parents et les contacts entre le père non gardien et l’enfant. Les résultats de cette étude américaine montrent que les contacts sont reliés à la satisfaction de la mère et au conflit entre les parents, mais pas de façon linéaire. La majorité des mères se disaient satisfaites de l’implication des pères, et ce malgré les conflits rapportés entourant la tenue des visites. Plusieurs mères préféraient que les pères demeurent impliqués auprès de l’enfant. Également, les auteurs ont montré que la satisfaction des mères quant à la relation de l’enfant avec son père non gardien était associée à des contacts plus fréquents entre ces deux derniers (King & Heard, 1999).

Outre leur satisfaction, la façon dont les mères soutiennent ou interfèrent avec l’engagement du père auprès de l’enfant semble un facteur important pour rendre compte de la tenue de contacts entre l’enfant et le père non gardien (Madden-Derdich & Leonard, 2000; Sano et al., 2008). Les pères seraient plus enclins à demeurer engagés dans leur rôle de parent lorsqu’ils perçoivent du soutien et la reconnaissance de la mère sur le plan de leurs compétences parentales (Castillo & Sarver, 2012; King & Heard, 1999; Madden-Derdich & Leonard, 2002). De nombreux auteurs se sont intéressés à l’influence que la mère exerçait dans la relation père non gardien/enfant dans un contexte de « maternal gatekeeping », soit les stratégies employées par les mères afin de restreindre l’implication du père auprès de l’enfant (Fagan & Barnett, 2003). Plusieurs d’entre eux ont orienté leurs

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études selon une perspective interactionniste symbolique qui met l’accent sur l’interaction entre les identités, les rôles, les interactions familiales et les contextes (LaRossa & Reitzes, 1993; Sano et al., 2008). Selon cette approche, la mère se crée des patrons de rôles et développe des attentes quant au rôle que doit exercer le père. Ainsi, son attitude et ses comportements à l’égard du père non gardien sont basés sur l’interprétation qu’elle fait de l’implication parentale de ce dernier ainsi que sur la sécurité de l’enfant (Sano, et al., 2008; Trinder, 2008). C’est donc dans un contexte où elles craignent pour la sécurité de leurs enfants qu’elles voudraient restreindre les contacts (Sano et al., 2008).

Alors que certaines études ont suggéré que les mères avaient tendance à vouloir limiter les contacts, Seery et Crowley (2000) ont montré que certaines mères désiraient promouvoir la relation père-enfant. Les mères émotivement près de leurs enfants et donc concernées par le bien-être de ces derniers ont davantage de chances d’être impliquées dans une relation coparentale coopérative et donc d’encourager l’engagement du père non gardien auprès de l’enfant. En ce sens, les adolescents qui rapportaient être près de leur mère étaient susceptibles d’avoir une bonne relation avec leur père (Buchanan, Maccoby, & Dornbusch, 1996; King & Sobolewski, 2006).

D’autres études ont proposé que les comportements de la mère pour restreindre ou favoriser les contacts étaient étroitement liés avec ceux du père et donc que l’influence de la mère sur l’engagement du père était un processus dynamique transactionnel plutôt qu’un processus unidirectionnel de la mère vers le père (Cox & Paley, 2003; Minuchin, 1974; Trinder, 2008). En d’autres termes, les comportements de la mère seraient à la fois une réponse à ceux du père tout en étant des déclencheurs des comportements de ce dernier (Trinder, 2008).

Transitions familiales ultérieures.

Une remise en couple, un remariage ou l’arrivée de nouveaux enfants peuvent influencer la relation entre les parents, notamment puisqu’ils changent les attentes perçues et l’engagement des ex-conjoints (Markham, Ganong, & Coleman, 2007). En général, le remariage d’un des deux parents est associé à un niveau plus faible d’interactions

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coparentales, un sentiment d’être moins soutenu par l’autre parent ainsi que des interactions plus conflictuelles, de même qu’une attitude plus négative à propos de l’autre parent (Adamsons & Pasley, 2006; Ahrons & Wallisch, 1987; Buehler & Ryan, 1994; Christensen & Rettig, 1995). Ainsi, les résultats d’une étude longitudinale menée auprès d’un échantillon de mères résidentes ont montré que les pères non gardiens qui formaient une nouvelle union étaient plus enclins que les mères à se désengager autant de leur relation avec leur ex-conjointe que de leur relation avec leurs enfants (McGene & King, 2012). Les résultats de cette étude suggèrent donc que la remise en couple des pères était associée au changement dans la fréquence des contacts. Des études moins récentes ont révélé que les pères non gardiens qui s’étaient remariés avaient moins de contacts avec leurs enfants contrairement à ceux qui ne s’étaient pas remariés (Furstenberg & Spanier, 1984; Seltzer et al., 1989). Dans la mesure où le père ne cohabite plus avec l'enfant, les nouvelles obligations pourraient éclipser les responsabilités coparentales avec la mère de la famille d’origine. En ce sens, les pères entretiennent moins de contacts avec les enfants de leurs unions précédentes lorsqu’ils ont des enfants dans une nouvelle union (Manning & Smock, 1999). Contrairement aux autres études, Juby et ses collaborateurs (2007) ont constaté que l’engagement du père non gardien n’était pas affecté par la naissance d’un enfant dans une nouvelle union. La tenue des visites était seulement influencée dans un contexte où le père formait une nouvelle union rapidement suite à sa rupture avec la mère de l’enfant. La multiplication de changements succincts ne permettait pas au père non gardien et à l’enfant de construire les balises de leur relation post-rupture. Il est donc possible que la formation rapide d’une nouvelle union limite les occasions de création de liens entre le père et l’enfant faisant ainsi en sorte que les chances de maintenir des contacts au fil du temps soient restreintes (Juby et al., 2007).

Par ailleurs, le fait que la mère cohabite avec un nouveau conjoint est également associé à une diminution des contacts pères non gardiens/enfants (Seltzer, 1991; Seltzer & Bianchi, 1988). Les résultats d’études longitudinales vont dans ce sens; la cohabitation de la mère avec un nouveau partenaire prédirait la diminution des contacts, suggérant que la remise en couple de la mère est associée au changement dans la fréquence des contacts (Furstenberg & Harris, 1993; Juby et al., 2007). Bronte-Tinkew et Horowitz (2010) ont

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montré que l’arrivée du nouveau conjoint influençait négativement la motivation de la mère à coopérer avec son ex-conjoint, puisque le nouveau conjoint palliait à certaines fonctions de parent et devenait d’une certaine façon un parent substitut. Certains pères en arriveraient à sentir que leur présence est moins nécessaire (Amato et al., 2009). Juby et ses collaborateurs (2007) ont toutefois constaté que les unions formées par la mère et un nouveau conjoint un à deux ans après la séparation étaient plus négativement associées à la fréquence de contacts qu’une union formée peu de temps après la rupture. Une cohabitation avec un nouveau conjoint peu de temps après la rupture influencerait davantage les modalités de garde plutôt que la tenue de contacts. Inversement, Amato et ses collaborateurs (2009) ont avancé l’idée que les mères étaient plus enclines à s’engager dans une nouvelle union lorsque le père non gardien était peu impliqué dans son rôle de parent (Mott, 1990; Seltzer, 1991).

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Stratégies de recherche, objectifs de l’étude et hypothèses

À notre connaissance, seuls Cheadle et al. (2010) ont illustré la diversité des trajectoires de contacts qu’empruntent les pères non gardiens. Cette étude montre que malgré les multiples facteurs qui influencent l’engagement du père non gardien dans sa relation avec son enfant, la majorité des pères suivraient des trajectoires de contacts stables au fil du temps. Des trajectoires de contacts faible-stable (32% des pères non gardiens) et élevé-stable (38% des pères non gardiens) ont été dégagées de cette étude. Le niveau de stabilité des trajectoires dépend de la fréquence des contacts entre le père non gardien et l’enfant au moment de la rupture qui sera maintenue à travers les années (Cheadle et al., 2010).

Le présent projet vise à documenter les trajectoires de contacts entre le père et l’enfant dans les premières années suivant la séparation. Ainsi, une des principales contributions de la présente étude est d’identifier les trajectoires de contacts entre le père non gardien et l’enfant à partir de l’année suivant la rupture, période révélée comme critique quant à l’évolution de la fréquence des contacts. Elle a plus précisément comme objectif de déterminer le nombre et la nature de ces trajectoires. Les quelques études qui ont documenté l’évolution de la fréquence des contacts ont illustré l’hétérogénéité de l’engagement des pères (Cheadle et al., 2010; Juby et al., 2007; Manning & Smock, 1999). Nous postulons donc que des trajectoires diversifiées caractériseront les contacts entre les pères non gardien et l’enfant. Toutefois, l’émergence d’une trajectoire de désengagement est attendue, puisque malgré l’augmentation de l’engagement des pères au fil des générations, un patron de désengagement est commun à chacune des études recensées. Également, une trajectoire caractérisée par une augmentation des contacts ainsi que des trajectoires de contacts stables sont attendues. La présente étude consiste en une analyse secondaire de données préalablement recueillies dans le cadre de l’ÉLDEQ et s’intéresse aux familles qui se sont séparées durant l’étude et dont la garde n’est pas partagée dans la période entourant la séparation. Dans un contexte où la garde des enfants est octroyée aux

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mères, le risque de discontinuité des contacts entre le père non gardien et l’enfant demeure une préoccupation.

La recension des écrits montre que la fréquence des contacts ainsi que l’évolution des contacts peuvent être modulées par une variété de facteurs contextuels, liés au père, à la mère, à l’enfant ou encore à la dynamique familiale. La présente étude a donc aussi pour objectif d’identifier les facteurs qui discriminent les différentes trajectoires de contacts. Plus précisément, elle vise à dresser un profil des caractéristiques qui distinguent les pères selon leur trajectoire de contacts avec l’enfant. En vue de l’atteinte de ce deuxième objectif, différentes variables présentées dans la revue de la littérature comme étant associées tant à la fréquence des contacts qu’à l’évolution des contacts ont été sélectionnées. Ces variables serviront de « prédicteurs » des trajectoires de contacts avec comme variable dépendante les trajectoires dégagées. Parmi ces variables notons, l’âge de l’enfant au moment de la séparation, le niveau d’éducation de la mère et du père (diplôme le plus élevé), le revenu de la famille pré-séparation, le revenu de la mère dans l’année suivant la séparation, le contexte de l’union dans lequel l’enfant est né (mariage ou union libre), la durée de l’union entre les parents, la remise en couple de la mère, la remise en couple du père, la satisfaction de la mère concernant l’implication du père (financière et en tant que parent) ainsi que le climat entre les parents séparés.

Bien qu’aucune prédiction spécifique ne puisse être faite à propos de la relation entre les trajectoires de contacts et les variables retenues avant d’avoir dégager les trajectoires, quelques hypothèses concernant la relation entre certaines caractéristiques des trajectoires et les variables sélectionnées peuvent être émises. Nous formulons les hypothèses que la trajectoire reflétant une diminution de la fréquence de contacts ainsi que celles reflétant une fréquence de contacts faible seront caractérisées par des enfants plus jeunes au moment de la séparation, par un niveau d’éducation ainsi qu’un revenu post-séparation faible chez la mère, par un niveau d’éducation faible chez le père, par un revenu familial pré-séparation faible, par des unions libres au moment de la naissance de l’enfant, par des unions plus courtes, par une remise en couple de la mère et du père, par un climat entre les parents perçu comme mauvais par la mère et par une insatisfaction des mères quant à la fréquence des visites et à l’implication financière du père.

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Méthode

La présente étude est une analyse secondaire des données de l’ÉLDEQ conduite entre autres par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), le ministère de la Santé et des Services Sociaux (MSSS) et le ministère de la Famille (MF). L’ÉLDEQ a été réalisée dans le but d’améliorer les connaissances sur le développement des enfants et visait plus précisément à identifier les facteurs pouvant contribuer à l’adaptation sociale et à la réussite scolaire des enfants québécois selon une perspective longitudinale (Desrosiers & Simard, 2010; Jetté & Desgroseilliers, 2000). Elle a débuté alors que les enfants étaient âgés de cinq mois (E1) et poursuivie annuellement jusqu’à ce que les enfants aient 8 ans, puis bi-annuellement jusqu’à l’âge de 17 ans (E18). La première phase a été réalisée auprès d’une cohorte de 2120 enfants nés de mères vivant au Québec entre le mois d’octobre 1997 et le mois de juillet 1998. Le plan de l’enquête a été stratifié en trois degrés afin d’obtenir un échantillon représentatif des enfants du Québec. Dans un premier temps, le territoire visé par l’enquête a été divisé en unités primaires d’échantillonnage (UPE) en fonction des différentes régions socio-sanitaires de la province de Québec. Puis au deuxième degré, ces UPE ont été divisées en unités secondaires d’échantillonnage (USE) formées par une ou deux municipalités régionales de comtés (MRC) selon le nombre de naissances enregistrées en 1996. À partir des USE, un nombre de bébés est sélectionné (unités tertiaires d’échantillonnage (UTE)), ce qui constitue le troisième degré. L’échantillon final obtenu est représentatif des naissances du Québec en 1997-1998 à l’exception des enfants nés de mères vivant dans certaines régions socio-sanitaires du Québec (Nord-du-Québec, Terres-Cries-de-la-Baie-James et Nunavik) ou sur des réserves indiennes ainsi que ceux nés prématurément ou ayant des problèmes de santé majeurs, ce qui représente 3,4% de toutes les naissances. Le taux de réponse général était de 83,1%.

Participants

Le présent mémoire doctoral porte sur les trajectoires de contacts entre les pères non gardiens et l’enfant entre les collectes réalisées de 2000 (E3) à 2010 (E14). Pour être

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retenues afin d’avoir un portrait des pères qui ont eu l’occasion de développer un lien d’attachement avec l’enfant et qui ne se désisteraient pas avant la naissance, 1) les familles devaient être intactes lors de la naissance de l’enfant, 2) les parents biologiques devaient avoir eu un minimum de deux ans de vie commune avec l’enfant avant leur séparation, ce pourquoi la présente étude débute à la troisième collecte (E3). Finalement, 3) la garde principale ne devait pas être accordée au père et le temps de garde ne devait pas être partagé entre les deux parents au moment de la séparation.

Des 2120 familles qui ont participé à la première collecte (E1), 402 familles (25%) se sont séparées ou divorcées entre les années 2000 (E3) et 2010 (E14). Parmi ces familles, plusieurs ont été exclues pour des raisons d’ordre méthodologiques ou statistiques, notamment parce qu’elles ne répondaient pas aux critères d’inclusion, soit 1) celles dont il était impossible de déterminer le moment de la séparation puisque les informations concernant le statut marital était incohérentes ou manquantes (n=26) (critères 1 et 2); 2) celles dont les enfants vivaient principalement avec leur père (n=19) ou en garde partagée (n=77) (critère 3). Dans un souci d’uniformiser les sources de données, la mère a été identifiée comme parent répondant dans le présent projet, ce pourquoi les cas pour lesquels le répondant était le père ou un autre membre de la famille (ex. beau-parent) ont été retirés (n=9).

Afin de documenter l’évolution de la fréquence des contacts à partir de la désunion, les familles pour lesquelles il y avait des données manquantes sur la variable dépendante (fréquence des contacts) durant la période entourant la séparation (temps 0) ainsi qu’au cycle suivant (temps 1) n’ont pu être retenues pour des raisons statistiques (n=31), puisqu’aucune trajectoire ne pouvait être dégagée. Pour étudier les trajectoires des contacts, au moins deux points de données échelonnés dans le temps sont requis (Dupéré, Lacourse, Vitaro, & Tremblay, 2007). Comme un des objectifs de l’étude est de dresser des trajectoires de contacts, les familles pour lesquelles seulement un seul temps d’observation après la séparation était exploitable, parce qu’il y a eu remise en couple des parents d’origine (n=33), le décès d’un parent après la séparation (n=10), attrition de la mère pour des raisons d’abandon de l’étude (n=20) ou parce que la séparation a eu lieu après E13 (n=41) ont été exclues. L’échantillon final comporte donc 136 familles.

Références

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Remarque: Les contacts avec une surface conique peuvent se rapprocher des contacts avec une surface cylindrique. www.xr6805.fr/6802