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ARTheque - STEF - ENS Cachan | École + médiation scientifique : Un idéal d'enseignement aux sciences ?

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ÉCOLE + MÉDIATION SCIENTIFIQUE :

UN IDÉAL D’ENSEIGNEMENT AUX SCIENCES ?

Fiorina VETULI, Marie-Sylvie POLI, Pascale ANCEL

Laboratoire Centre de Sociologie sur les Représentations et les Pratiques Culturelles, Université Pierre Mendès France, Grenoble

MOTS-CLÉS : ÉCOLE – MÉDIATION – PÉDAGOGIE – NANOTECHNOLOGIES – CCSTI GRENOBLE

RÉSUMÉ : Nous analysons ici la manière dont de futurs enseignants de sciences physiques et de biologie, en dernière année de formation à l’IUFM, envisagent : l’enseignement et les pratiques d’enseignement ; la possibilité de former leurs élèves à une culture scientifique ainsi que les usages éventuels d’une exposition de sciences comme passerelle entre école, sciences et société.

ABSTRACT : We analyze here the way future teachers of Physics and Biology, in last year training, envisage : the teaching and teaching’s practice ; the possibility to form their scholars to establish links between scientific and societal questions ; and the eventual uses of science exhibition like bridge between Scholl, science and society.

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1. INTRODUCTION

L’objectif général de cette recherche est d’analyser les discours de futurs enseignants de sciences sur leurs conceptions de l’enseignement, sur la façon dont ils envisagent de faire des liens entre sciences et société, et sur les usages possibles d’une exposition de sciences en vue d’un partenariat avec les CCSTI. Soulignons que l’exposition « Nanotechnologies : infiniment petit, maxi défis ! », présentée du 28 septembre 2006 au 18 février 2007 au Centre de Culture Scientifique, Technique et Industrielle de Grenoble, a servi de prétexte épistémologique à leurs discours.

Cette recherche est originale à double titre. Tout d’abord, les interviewés ont un double statut, ils sont à la fois experts dans leurs disciplines respectives, et ont pour mission de transmettre des connaissances à des adolescents. Ensuite, la position de Grenoble vis-à-vis des nanotechnologies est particulière. L’implantation de MINATEC (juin 2006), pôle d’innovation en micro et nanotechnologies, a soulevé des débats engagés, parfois violents.

La première partie de cet article présentera le cadre théorique dans lequel s’inscrit cette étude. La problématique de recherche et les démarches méthodologiques seront explicitées dans la seconde partie. Puis, la troisième partie sera consacrée à la présentation et à la discussion des résultats.

2. CADRE THÉORIQUE ET NOTIONS 2.1. Cadre théorique

Cette recherche s’inscrit dans deux champs : la sociologie de la communication et de la médiation (J. Davallon 2000, J. Caune 1999), et la sociologie de l’éducation (M. Fournier et V. Troger 2005, A. Van Zanten et P. Rayou 2004).

2.2. Culture scientifique

Nous définissons ici la culture scientifique comme un ensemble de savoir-faire, de connaissances et de méthodes ainsi qu’une capacité à avoir un regard critique sur la science et ses rapports avec la société (E. Triquet 2006). Ainsi, les sciences et les techniques sont un « lieu » d’enjeux décisifs pour tout citoyen (B. Andries Bernard et I. Beigbeder 1994).

2.3. Exposition comme situation de médiation

Dans cette étude, nous appréhendons l’exposition comme situation de médiation qui peut être envisagée en premier lieu comme un dispositif communicationnel entre publics et objets (J.

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elle produit un énoncé adressé à un destinataire dans certaines circonstances. Les éléments de langage sont orientés et rendus spécifiquement signifiants par l’énonciateur (M-S Poli 2003). Autrement dit, la réception est par nature cadrée et guidée, elle vise une certaine production de sens. Cependant, l’exposition est également une rencontre entre ce cadre de références et la subjectivité du visiteur ce qui permet le jeu de l’interprétation. Autrement dit, l’exposition est un espace d’interprétation car elle ouvre sur un espace de perception, d’imaginaire et d’émotions (B. Schiele et R. Jantzen 2003, J. Davallon 2000, J. Caune 1999). Ainsi, la réception est cadrée mais ouverte.

3. OBJECTIFS ET MÉTHODE 3.1. Problématique et terrain d’étude

Cette recherche s’articule autour de trois questions : Quels sont les idéaux d’enseignement des futurs enseignants de sciences ? Comment de futurs enseignants de sciences, en formation à l’IUFM, envisagent l’élaboration d’une pédagogie en vue de former leurs élèves à une culture scientifique ? D’après les futurs enseignants, la médiation scientifique, en l’occurrence par les expositions de sciences, peut-elle être une passerelle entre science, école et société ? Les discours de futurs enseignants de sciences physiques et de biologie sur ces questions, propos recueillis en entretien, constituent notre terrain d’étude.

3.2. Démarches méthodologiques

Nous avons réalisé une enquête par entretiens semi-directifs auprès de huit étudiants en PLC2 sciences physiques et biologie, c'est-à-dire en deuxième et dernière année de formation, à l’IUFM de Grenoble. Cette année, ils sont enseignants stagiaires et ont la responsabilité d’une classe. Soulignons que huit entretiens est un échantillon « normal » en sociologie compréhensive étant donné que ce travail consiste à analyser qualitativement les discours. Les trois thèmes à partir desquels nous avons réalisé les entretiens sont :

1) l’avis de ces futurs enseignants sur l’exposition ;

2) leur récit d’un cours fictif sur le thème imposé des nanotechnologies et l’usage possible d’une exposition de sciences ;

3) leur idéal d’enseignement.

Ces entretiens ont duré entre 55 minutes et une heure trente. Afin d’analyser les discours de ces futurs enseignants de sciences, nous avons choisi de réaliser une analyse thématique en trois temps : les conceptions et les pratiques d’enseignement de ces futurs enseignants de sciences, l’école

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comme lieu de culture scientifique et de citoyenneté ? Vers un partenariat école – expositions de sciences ?

4. RÉSULTATS

4.1. Les conceptions et les pratiques d’enseignement de ces futurs enseignants de sciences Ces futurs enseignants déclarent avoir choisi ce métier pour deux raisons : « le contact avec les élèves » et « la transmission de savoirs ». A. Van Zanten et M. Duru-Bellat (2006) ont fait le même constat. De plus, ces futurs enseignants considèrent qu’enseigner, c’est transmettre des savoirs mais c’est aussi éduquer les élèves. Ils entendent par éduquer : apprendre aux élèves à réfléchir, à se questionner, à avoir un esprit critique et à vivre ensemble. D’après eux, l’enseignement actuel est différent de celui qu’ils ont reçu, il est passé du dogmatisme basé sur le modèle du cours magistral à une pédagogie nouvelle basée sur l’échange entre élèves et enseignant. Ils estiment également que l’enseignant a trop de notions à transmettre à ses élèves ; ils souhaiteraient que le nombre de savoirs à transmettre diminue afin de laisser plus de liberté et d’autonomie à l’enseignant. Enfin, l’idéal d’enseignement de ces futurs enseignants de sciences a quatre aspects majeurs :

1) former leurs élèves à avoir un esprit critique, ils envisagent différentes pédagogies pour développer le sens critique de leurs élèves : multiplier les sources d’informations, avoir recours à des exemples concrets, étudier des faits d’actualités, analyser des articles etc. ;

2) placer l’élève au centre de la démarche pédagogique, ces futurs enseignants considèrent que les élèves doivent construire leurs savoirs par leur participation et leur implication pendant les cours ; 3) accorder une place importante à l’expérience car d’après eux l’expérimentation est centrale dans l’acquisition des connaissances ;

4) décloisonner les matières et permettre à l’élève d’avoir une vision plus globale grâce à l’enseignement transversal.

4.2. L’école comme lieu de culture scientifique et de citoyenneté ?

Les futures enseignantes interrogées ont confiance en la science et aux utilisations qui en seront faites. Tandis que les hommes sont plus méfiants. Tous ces futurs enseignants qualifient de nécessaire les débats de sociétés suscités par les applications scientifiques. Pour eux, il est indispensable que l’homme se questionne et soit critique. Ensuite, établir des liens entre sciences et société est primordial pour tous afin d’amener les élèves à comprendre et à discuter des sujets de société. Faire ces liens participe à l’éducation citoyenne des élèves, à la construction de leurs

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culture scientifique permettant d’appréhender les rapports entre sciences et société, et comme un lieu d’éducation à la citoyenneté car d’après eux l’école est un espace de socialisation où l’enfant apprend à vivre en groupe. Deux types de pédagogies sont envisagés pour mettre la science en culture : travailler sur un support en classe (article, vidéo, recherche documentaire) ou montrer aux élèves ce qui existe en dehors de la classe (visites d’expositions, de laboratoires, d’entreprises ou la venue d’un intervenant en classe).

4.3. Vers un partenariat école – expositions de sciences ?

Depuis une cinquantaine d’années, les relations entre musées et école évoluent, mais quels sont les objectifs déclarés par de futurs enseignants de sciences pour les sorties scolaires au musée ? Ces futurs enseignants de sciences envisagent d’amener leurs élèves visiter une exposition avant tout dans un but didactique. L’exposition serait un moyen d’information et/ou un cadre d’apprentissage délimité. Certains considèrent l’exposition comme un espace de questionnement, de discussion, voir d’interprétation dans le sens où l’exposition éveillerait la part de subjectivité de l’élève..

5. CONCLUSION

Ces futurs enseignants se situent davantage dans le modèle du pédagogue. Dans l’idéal, ils envisagent l’enseignant comme un médiateur dont le rôle serait d’aider les élèves à construire et à s’approprier des connaissances. Concernant l’idéal d’enseignement prononcé par ces futurs enseignants de sciences, la question suivante se pose : ces conceptions et ces pratiques d’enseignement envisagées par ces futurs enseignants de sciences sont-elles différentes de ce qui se fait actuellement ? Aucun aspect n’est inattendu ou nouveau par rapport aux enquêtes précédentes telles que celle de P. Rayou et A. Van Zanten (2004). D’ailleurs, nous avons relevé une phrase d’Hervé (23 ans, enseignant stagiaire en biologie) qui porte à réflexion sur l’imagination pédagogique des nouveaux enseignants : « peut être que j’ai appris à considérer que

l’enseignement idéal c’est celui qu’on nous apprend à faire… ». Il est possible que le programme,

qualifié de trop chargé par ces futurs enseignants, puisse être un frein à l’imagination et à l’innovation pédagogique des enseignants.

Dans l’idéal, ils envisagent le rôle de l’enseignant comme celui qui amènerait ses élèves à se poser des questions, à débattre sur des sujets de société, à avoir un esprit critique. D’après eux, l’école doit être un lieu de culture scientifique et d’éducation à la citoyenneté. Or, les CCSTI sont des lieux de mise en culture de la science, de médiation scientifique où la science est appréhendée par ses rapports à la société. D’ailleurs, la moitié de ces enseignants considèrent l’exposition scientifique

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comme une passerelle entre science, école et société. Ainsi, les CCSTI pourraient être des outils complémentaires permettant aux enseignants d’établir des liens entre sciences et société, et d’amener leurs élèves à s’interroger.

BIBLIOGRAPHIE

ANDRIES B. et BEIGBEDER I. (1994) : La culture scientifique pour les professeurs des écoles, CNDP, Éditions Hachette Éducation.

BARRERE A. et SEMBEL N. (2005) : Sociologie de l’éducation, Éditions Nathan.

CAUNE J. (1999) : Pour une éthique de la médiation : le sens des pratiques culturelles, Presses Universitaires de Grenoble, Collection Communication, Médias et Sociétés.

DAVALLON J. (2000) : L’exposition à l’œuvre, stratégies de communication et médiation

symbolique, Éditions L'Harmattan, Collection Communication et civilisation, Paris.

DURU-BELLAT M. et VAN ZANTEN A. (2006) : Sociologie de l’école, Éditions Armand Collin. FOURNIER M. et TROGER V. (2005) : Les mutations de l’école, le regard des sociologues,

Éditions Sciences Humaines, Collection « Les dossiers de l’éducation ».

LA BORDERIE R. (2005) : Lexique de l’éducation, Éditions Nathan, Collection Éducation en poche.

POLI M-S (novembre 2003) : L'exposition produit-elle un discours médiatique ? Dans

L'Exposition, un média, Média Morphoses n° 9.

RAYOU P. et VAN ZANTEN A. (2004) : Enquête sur les nouveaux enseignants : changeront-ils

l'école ? Éditions Bayard.

SCHIELE B. et JANTZEN R. (2003) : Les territoires de la culture scientifique, Les Presses de l’Université de Montréal, Collection Muséologies.

TRIQUET E. (2006) : Quelle culture scientifique pour les enseignants en formation ? in Les

Références

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