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Identification des stratégies collectives pour une utilisation durable des fongicides : le cas de la septoriose du blé en France

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Submitted on 5 Jun 2020

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Identification des stratégies collectives pour une

utilisation durable des fongicides : le cas de la septoriose

du blé en France

Tong Han

To cite this version:

Tong Han. Identification des stratégies collectives pour une utilisation durable des fongicides : le cas de la septoriose du blé en France. [Stage] France. Université de Montpellier (UM), FRA. 2014, 67 p. �hal-02794795�

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Identification des stratégies collectives

pour une utilisation durable des

fongicides : le cas de la septoriose du blé

en France

Mémoire de recherche présenté par : Tong HAN

Le 25-09-2014

Pour l'obtention du :

Master Recherche 2 – A2D2

Agriculture, Alimentation et Développement Durable

- INRA UMR SADAPT

- Métaprogramme SMaCH-INRA

Sous la direction de : Mourad HANNACHI, Chargé de Recherche, INRA

François-Christophe COLENO, Chargé de recherche, INRA Philippe MAHENC, Professeur, Université Montpellier 1

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Remerciements

Mes premiers remerciements vont à Dieu qui m'a guide dans mes choix et m'a donné la force et la foi pour mener à bien ce travail. «C'est l'Eternel qui dirige les pas de l'homme, Mais l'homme peut-il comprendre sa voie? Proverbes 20:24»

J'adresse également mes sincères remerciements à:

- Mes encadrants de stage, Mourad HANNACHI, Chargé de recherche de l'UMR SAD-APT à l'INRA Grignon et François-Christophe COLENO, Chargé de recherche de l'UMR SAD-APT à l'INRA Grignon. Bien que je n'aie aucune connaissance sur le thème, vous avez su me guider et m'intégrer facilement. Vous être tous chaleureux et patients.

- Mon encadrants au sein de l'Université Montpellier 1, Philippe MAHENC, pour sa gentillesse et pour avoir répondu patiemment à mes nombreuses questions pendant de L3 à M2.

- Mon professeur de Supagro, Charles FIGUIERES, qui m'a beaucoup aidé pendant le Master2.

- Mon professeur de Supagro, Sophie THOYER, qui m'a donné plusieurs conseils sur mes études.

Et aussi,

Mes parents, HAN Maoan et LIN Guofeng, qui me financent et m'ont encouragés pour mes études en France.

Je tiens également à remercier tous les membres de l’UMR SAD-APT pour leur accueil chaleureux et leur soutien et collaboration tout au long de mon séjour à l’INRA Grignon.

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Sommaire

REMERCIEMENTS ………. 2 SOMMAIRE ………..……… 3 INTRODUCTION ………. 4 PROBLEMATIQUE ………...6

PARTIE 1: CADRE THEORIQUE ……….………..8

1.1 La théorie des biens communs 1.2 Le cadre d’analyse des stratégies collectives PARTIE 2: METHODOLOGIE ………..….18

2.1 Une étude de cas 2.2 Le plan de travail PARTIE 3: RESULTATS ………21

3.1 La maladie septoriose en France 3.2 Le marché des fongicides en France 3.3 Les fongicide, une ressource rare 3.4 Vers une gestion collective de la durabilité des fongicides? 3.5 Conclusion du chapitre PARTIE 4: DISCUSSION ………44

4.1 L’efficacité des fongicides est un bien commun 4.2 Une gestion en bien commun de l’efficacité des fongicides est-elle possible? 4.3 Pistes de recherches et limites de l’étude PARTIE 5: CONCLUSION …..…..…..…..…..…..…..…..…..…..…..…..…..…..…..…...….50

REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUES ……….………..…52

ANNEXES ……….…..56

TABLE DES GRAPHIQUES ………...64

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Introduction

Les préconisations du plan Ecophyto 2007-2018 et du plan Agroécologie lancé en 2012 impliquent une diminution des intrants et le recours à des méthodes de lutte complémentaires ou alternatives tout en conservant un niveau de production et de qualité concurrentiels sur les marchés mondiaux. Cependant, les effets de ces pratiques sont sujets à débat dans la communauté scientifique (notamment, effet des sous-dosages et du fractionnement) car ils dépendent du déterminisme génétique de la résistance ou sont mal connus ou sous-estimés (sélection de résistances à des molécules naturelles par exemple). L’évaluation des stratégies de lutte phytosanitaire pour leur efficacité, leur durabilité et leur opérationnalité constitue donc un enjeu majeur en grande culture, nécessitant un effort de recherche pluridisciplinaire. Il s'agit en effet, tout en réduisant le recours aux produits phytosanitaires, de préserver leur efficacité opérationnelle.

Les fongicides sont des outils indispensables au maintien des rendements et de la qualité des produits agricoles. Le phénomène de perte de sensibilité aux fongicides développé par certains produits agricoles pathogènes suscite de légitimes inquiétudes (trouver les nouveaux fongicides sont de plus en plus difficiles et avec la réduction de l’utilisation des pesticides en même temps). Néanmoins, il n’est pourtant pas une fatalité. En effet, il est possible de préserver l’efficacité des modes d’action utilisés par les molécules fongicides en respectant certaines règles 1 . Cependant ces règles nécessitent une misent en place à une échelle collective car dépassant l’échelle de l’exploitation agricole.

1 Arnaud Cousin, phytopathologiste chez BASF Agro, a proposé les règles suivantes pour préserver l’efficacité des fongicides. :

1. Limiter le nombre d’applications des molécules uni-sites ;

2. Associer les molécules avec d’autres molécules uni-sites ou avec des molécules multi-cites ; 3. Alterner des molécules aux modes d’action complémentaires ;

4. Respecter les doses préconisées ;

5. Appliquer les produits de manière préventive ;

6. Mettre en œuvre des pratiques culturales qui permettent : i) De limiter l’inoculum primaire: rotation, labour, date de semis, gestion des repousses de céréales dans l’inter-culture ; ii) De limiter la progression de la maladie: densité, apport azoté…

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5

Le présent stage vise à explorer la faisabilité et les attributs d’une stratégie collective pour une gestion durable des problèmes de résistance au fongicides. Cet objectif sera décliné plus précisément sur les cas de la rouille et de la septorise du blé en France.

La gestion de la résistance impliques plusieurs parties-prenantes et mon stage consiste en des entretiens avec les spécialistes qui travaillent dans les instituts de recherche (par exemple INRA, Arvalis et UIPP), des coopératives, des négociants et aussi des entreprises de produits de protection des plantes.

Au niveau théorique la gestion des phénomènes de résistance au fongicides semble poser des problèmes de coordination qui sont au centre de la théorie économique. Pour explorer ces problèmes de coordination je mobiliserai les cadres d’analyse des biens communs et des stratégies collectives.

Le présent avant-projet de mémoire sera structuré de la façon suivante : nous allons d’abord exposer la problématique de ce travail de recherche (section 1) pour ensuite exploser les cadres théoriques mobilisés (section 2) pour enfin finir avec la méthodologie et le plant de travail suivi.

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6

Problématique

L’apparition de résistances aux substances actives utilisées conduit à des pertes d’efficacité, à l’augmentation de doses de pesticides utilisées et, à terme, à la disparition de substances actives pouvant générer des impasses de protection phytosanitaire dans certains cas. (Aubertot et al. 2005)

Le FRAC (Fungicide Resistance Action Committee) répertorie actuellement dans le monde plus de 300 cas de résistance en pratique à 30 modes d’action chez 250 espèces de champignons phyto-pathogènes. Évaluer la durabilité d’un mode d’action fongicide revient à estimer le risque d’évolution de résistances dans une population lié à l’adaptation des individus à cette pression de sélection. Le risque de résistance est généralement partagé en 3 composantes (Kuck et Russell, 2006) : (1) Biologique (intégrant les traits de vie favorisant l’émergence et la dissémination des allèles résistants, comme la durée des cycles biologiques ou la capacité de dispersion des spores). (2) Chimique inhérent au mode d’action (e.g. nombre de cibles cellulaires, activité intrinsèque). (3) Agronomique prenant en compte l’exposition du pathogène au fongicide dans le système de culture (durée des rotations. Contexte pédoclimatique et utilisation des modes d’action en particulier). Mais, dans la pratique, seul le risque agronomique peut être réellement contrôlé et géré grâce à des stratégies anti-résistances, correspondant à l’optimisation du déploiement dans l’espace et dans le temps des modes d’action. Les stratégies les plus utilisées reposent sur le mélange de molécules ou leur alternance dans les programmes de traitement. La durabilité des molécules pesticides et sa modulation par l’utilisation de stratégies a été largement explorée par des approches de modélisation (Hobbelen et al, 2011; Van Den Bosch et Gilligan, 2008) Si la stratégie de mélange semble généralement la plus durable en particulier lorsque le coût de résistance est nul ou faible, l’effet de la variation de la dose sur l’évolution de la résistance est largement sujette à débat (Van Den Bosch et al, 2011), notamment parce qu’il dépendrait du déterminisme génétique de la résistance.

Les sciences économiques nous donnent d’autres leviers pour gérer la résistance. Des travaux ont étudié cette question comme un problème dynamique de gestion d’une ressource (Hueth et Regev, 1974). Il s’agissait d’arbitrer entre l’intérêt à court terme d’utiliser largement un pesticide pour mieux contrôler les pathogènes et celui de limiter cet usage pour préserver l’efficacité du pesticide et donc les gains économiques à long termes. Les applications les plus récentes portent sur la question des zones refuges pour le Maïs Bt (Hurley et al, 2001,

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7

Livingston et al, 2004). La gestion des résistances soulève une deuxième question relative aux incitations des acteurs économiques à mettre en œuvre ces stratégies de gestions des résistances. Compte tenu de la mobilité des pathogènes, adopter ces stratégies ne présente d’intérêt pour un agriculteur que si ses voisins s’y conforment, ce qui soulève un problème de tragédie des communs (Hardin, 1968; Ostrom, 1990). Ainsi, une stratégie de gestion des résistances n’est souvent efficace que si elle est mise en œuvre de façon obligatoire ou coordonnée par un ensemble d’acteurs. Sur ce point, Ambec et Desquilbet (2012) ont étudié différentes solutions règlementaires (refuge vs taxe). Très peu de travaux en économie évaluent l’effet de solutions volontaires reposant sur une coordination entre acteurs à l’échelle d’un territoire. En sciences de gestion, des travaux récents ont mis en évidence l’intérêt des stratégies collectives entre coopératives concurrentes pour préserver ou faire émerger un bien commun (Hannachi, 2011). Ces stratégies impliquent les agriculteurs et leurs fournisseurs, dont les coopératives et les négoces.

L’objectif du stage est d’identifier et d’analyser des stratégies collectives pour la gestion durable des pesticides dans le cas septoriose de blé. Deux types de stratégies de gestion sont combinés et envisagés, c’est-à-dire la stratégie de gestion temporelle2 et la stratégie de gestion spatiale3.

Ainsi notre problématique de recherche est :

L’efficacité des fongicides est-elle un bien commun ?

Ainsi, sous cette question générale, on peut distinguer plusieurs sous-questions :

L’efficacité de fongicides est-elle assujettie à une tragédie des communs ?

Des stratégies collectives sont-elles envisageables pour réduire l’usage des pesticides tout en préservant leur efficacité ?

Quelles formes ces stratégies peuvent-elles prendre ?

2 Une stratégie de gestion temporelle reposant sur l’utilisation de produits différents pour chacun des traitements. Cette stratégie repose sur une entente entre les entreprises phytosanitaires pour proposer des « paquets de traitements ». Il s’agira ici de mettre en évidence les freins à l’émergence de telles stratégies.

3 Une stratégie de gestion spatiale suppose d’augmenter la diversité des produits utilisés sur un territoire. Elle repose sur une gestion collective des fongicides par les fournisseurs d’intrants (coopératives ou négociants). Il s’agira d’identifier à partir d’études de cas sur plusieurs territoires permettra d’identifier les facteurs limitant ou favorisant ces stratégies.

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Partie 1: Cadre Théorique

1.1 La théorie des biens communs

1.1.1

Qu’est-ce qu’un bien commun?

« Bien commun » est une expression générale qui désigne une ressource commune à un groupe de personnes. (Charlotte Hess et Elinor Ostrom, 2006). Souvent utilisée, dans le domaine des ressources naturelles, les biens communs se caractérisent par le fait qu’ils sont utilisés et gérés conjointement par des groupes aux dimensions et aux intérêts variables. Les questions d’action collective, d’efficacité, d’équité et de durabilité sont les thèmes les plus souvent posés.

La notion de bien commun a beaucoup évolué selon les auteurs mais initialement elle est née de la théorie de la classification des biens de Samuelson (1954).

1.1.1.1 La classification théorique des biens selon Samuelson

L’économiste américain Paul A. Samuelson classe tous les biens économiques selon deux attributs :

• La rivalité: La concurrence de deux ou de plusieurs personnes qui aspirent, qui prétendent à la même chose. La quantité consommée par un consommateur réduit

d’autant la quantité disponible pour les autres consommateurs.

• La non-exclusion: Une fois que le bien public est produit, tout le monde peut en bénéficier. (Exemple: le fait qu'un automobiliste regarde un panneau de circulation n'empêche pas un autre de le faire.)

Figure 1: Classification des biens (Samuelson, 1954)

Classification des biens (Samuelson, 1954)

Exclusion Non-exclusion

Rivalité Bien privé Bien commun

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9

Cet auteur a ainsi défini en 1954 les biens communs par deux critères : les biens rivaux mais non exclusifs. Il s'agit par exemple des stocks de poissons, des forêts ou du service national de santé ou de l'éducation. Ce type de bien s'épuise quand il est consommé (rivalité), mais on ne peut en restreindre aisément l'accès (non exclusion).

Dans ce stage de recherche nous allons vérifier si ces deux condition s’appliquent au fongicides. Une mauvaise utilisation conduit elle vers une disparition de la solution fongicide ? Peut ont facilement exclure certain utilisateurs de l’accès à la solution fongicide ?

1.1.2

Comment gérer un bien commun ?

La principale problématique véhiculée par la notion de bien commun porte sur leur gestion durable. Ces réflexions sont nées grâce aux travaux de Garrett Hardin, le biologiste américain. En 1968 paraît l’article de Garrett Hardin, « La tragédie des communs ». Son article stipule que, lorsqu’une ressource est en libre accès, chaque utilisateur est conduit spontanément à puiser sans limite sur la ressource, conduisant à sa disparition.

Dans « La tragédie des communs », Garrett Hardin montre un exemple: des villageois qui se partagent un champ de pâture sont incités à le surexploiter. Chaque paysan a le droit de faire pâturer autant de vaches qu’il le souhaite sur les terres communales. Individuellement, chaque paysan a donc intérêt à mettre le plus grand nombre d’animaux possible sur les prés. Se faisant, il contribue à ce que peu à peu les terres soient surchargées de vaches. Ainsi, chaque animal supplémentaire fait baisser le rendement laitier par tête, mais cette perte se fera aux dépends de l’ensemble des paysans. Quand un individu accroît son utilisation du bien commun, il en retire en effet seul l'utilité. Par contre, le coût de l'usure de ce bien que suscite cette utilisation est partagée par tous. Puisque l'utilité est individuelle mais le coût partagé collectivement, cela doit conduire à une surexploitation.

On peut bien entendu tirer deux conclusions de cette « tragédie », la première consiste à montrer que ce scénario réfute les postulats classiques selon lesquels la somme des intérêts individuels conduit à l’intérêt général, en l’occurrence, la somme des intérêts individuels conduit à la ruine générale. Au terme de ce processus, tous les éleveurs sont perdants. Le modèle de Hardin est aussi une application du dilemme du prisonnier mis en évidence par la théorie des jeux. Si les suspects, au lieu de se dénoncer mutuellement, coopèrent, ils subiront des peines moins lourdes.

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Mais ce champ de recherche qui modélise les comportements stratégiques des individus, dans la condition de la stricte rationalité individuelle de court terme, un joueur ne voit jamais son intérêt dans la coopération, alors que le choix de coopérer conduirait pourtant à l’issue la plus favorable pour tous. (Alice Le Roy, 2011).

Selon Hardin (1968), il n’y a que deux solutions pour éviter la « tragédie » : la nationalisation ou la privatisation.

1. La Nationalisation

L'idée est que l'État devienne le gestionnaire de la ressource. Il peut intervenir de deux manières, via des mesures de taxation ou de réglementation de l'accès au bien. La mise en place de mesures de restrictions d'accès peut se traduire entre autres par une limitation des dates durant laquelle l'exploitation est autorisée (périodes de chasse), la limitation des moyens employés (taille maximum des filets de pêche), ou bien même par l'interdiction d'accès pure et simple (espèces protégées).(Hannachi, 2011) La gestion directe de l'exploitation par l'État consiste généralement à confier le monopole d'exploitation à une entreprise publique.

Dans l'essai original de Hardin, celui-ci propose une solution mutuellement coercitive approuvée unanimement. Par exemple, le pré reste le bien commun du village, mais une autorité, disposant d’un pouvoir de sanction, est chargée de gérer la ressource (le pré) et d’en répartir l’utilisation entre chaque éleveur.

2. La Privatisation

Une solution différente est de convertir la ressource commune en propriété privée pour inciter les propriétaires à une gestion rationnelle de cette ressource.(Hannachi, 2011).Historiquement, cette dernière solution a été appliquée du XIIe au XIXe siècle en Angleterre aux terres communes, lors du mouvement des enclosures.

Bien que d'apparence opposée au principe de nationalisation, ce qui est appelé privatisation de la ressource nécessite généralement l'intervention de l'État. Il s'agit de créer un droit de propriété «capitaliste» sous forme de quota de prélèvements échangeables, plutôt que d'être propriétaire du support de la ressource. Par exemple, dans le modèle de Hardin, chaque éleveur bénéficiera d’un droit de propriété sur une parcelle du pré, et donc se chargera d’en gérer la ressource.

Par ailleurs, du point de vue des économistes, le droit de propriété est une solution au problème d’externalité. Certains économistes affirment que le problème des externalités est en fait causé

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par l’absence de droits de propriété clairement définis sur certains biens. On dit qu’il y a externalité lorsque l’activité de consommation ou de production d’un agent a une influence sur le bien-être d’un autre sans que cette interaction ne fasse l’objet d’une transaction économique. Les externalités peuvent se révéler positives ou négatives. Les externalités positives désignent les situations où un acteur est favorisé par l'action de tiers sans qu'il ait à payer. Les externalités négatives désignent les situations où un acteur est défavorisé par l'action de tiers sans qu'il en soit compensé.

À côté de la gestion par des droits de propriétés ou par l'État, Elinor Ostrom (1990) a démontré l’existence d’une solution alternative qui renvoie a la coopération volontaire entre la partie-prenantes à travers l’institutionnalisation de règles d’«action collective».

3. L'Action Collective

Elinor Ostrom(1990), dans son ouvrage « Governing the Commons », démontre, via plusieurs études de cas à travers le monde que le fonctionnement de l’action collective peut effectivement éviter la tragédie des communs.

Elinor Ostrom précise que, le contexte de la situation d’action collective et les conditions de son existence sont déterminants pour évaluer la propension des acteurs à coopérer, l’incertitude que partagent les acteurs à un effet significatif sur la mise en place d’un mode de fonctionnement coopératif au sein d’une communauté. (Penneranda et al, 2013) De même, le niveau de confiance interpersonnel dans le groupe et l’attention que prêtent les acteurs à leur propre réputation et à celle des autres sont des facteurs importants (Amabile et Gadille, 2006 ; Kollock et Smith, 1996). En conclusion, l’existence de règles d’action collective est possible lorsqu’il existe un niveau de confiance élevé entre les acteurs, il est toutefois difficile pour ces personnes de déterminer à priori ce niveau (Ostrom et Walker, 2005 ; Ostrom, 2009).

Axelrod (1984) indique que trois conditions sont n’nécessaires pour rendre possible la coopération: tout d’abord un arrangement qui conduit les individus à se rencontrer régulièrement, ensuite la capacité pour ces derniers de se reconnaître, enfin les individus doivent disposer d’informations sur le comportement des autres acteurs dans le temps. Schlager et Ostrom (1992) précisent ainsi que cela doit concerner :

– L’accès à l’espace de la ressource

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– La gestion des règles d’usage et le droit de transformer les règles de fonctionnement du système de ressource pour l’améliorer

– Le droit d’exclusion qui permet de déterminer qui d’autre à accès à la ressource et si cet accès peut être transféré

– L’aliénation qui est le droit de vendre ou de transférer tous les autres droits.

Dans la pratique des cas explorés par Ostrom, les deux derniers droits sont habituellement remplacés par un droit de surveillance du comportement des acteurs par chaque membre. (Peneranda Adrien et al, 2013) Le droit de sanction, mis en œuvre lorsqu’un comportement irrespectueux des règles est découvert, peut être réservé à certains membres seulement de la communauté.

De plus, Ostrom(1990,2005) réfléchit sur les principes de conception d’une gestion efficace des biens communs. A partir de l’étude d’institutions qui fonctionnent, elle met en évidence huit conditions qui caractérisent toutes les gestions efficaces de ressources communes :

1. L’existence de limites clairement définies, à la fois sur les individus ayant accès à la ressource et sur les limites de la ressource elle-même.

2. L’adaptation aux conditions locales (main-d’œuvre, matériel, argent).

3. L’existence de dispositifs de choix collectifs incluant la plupart des individus concernés.

4. L’existence de modalités de surveillance du comportement des individus ayant accès à la ressource, rendant compte à ces mêmes individus.

5. L’existence de sanctions graduelles en direction des individus qui transgressent les règles.

6. L’existence de mécanismes de résolution des conflits rapides et bon marché.

7. La reconnaissance minimale par les autorités externes du droit à auto-organisation.

8. L’imbrication des institutions locales au sein d’institutions de plus grande échelle

Sous ces huit conditions, une institution est réputée stable, une gestion collective sur le bien commun pourrait être faisable. Les analyses faites par Ostrom montre que toutes les institutions stables observées cumulent ces huit conditions, et toutes les institutions ayant donné lieu à un échec manquaient d’au moins l’une des huit.

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13

Enfin, grâce à la recherche d'Elinor Ostrom, elle nous ouvrit une nouvelle porte sur la gestion des biens communs. Le prix Nobel attribué à Ostrom est un message d’espoir pour tous ceux qui croient à la valeur de l’action collective pour faire face aux défis de la gestion des ressources naturelles, mais aussi pour approfondir la démocratie. Il a une valeur symbolique pour tous les chercheurs qui croient à la pluridisciplinarité et à une recherche ancrée dans la société et orientée vers l’action pour traiter des rapports entre natures, sciences et sociétés.

1.1.3 Conclusion

Dans la littérature, il existe trois types de solutions pour éviter à la tragédie des communs: 1) transformer le bien commun à bien public pur; 2) transformer le bien commun à bien privé; 3) la mise en œuvre de l’action collective.

Figure 2: Les trois solutions à la tragédie des communs

Dans notre recherche, nous allons explorer la troisième solution qui renvoie à une possible gestion de la solution fongicide en bien commun, c’est-à-dire en établissant des règles de gestion collective entre les parties-prenantes. Cela renvoie à étudier les stratégies des entreprises et les stratégies collectives entre des organisations en situation d’interdépendance. Pour ce faire nous allons aussi mobiliser les cadres d’analyse des stratégies collectives.

Classification des biens (Samuelson,

1954)

Exclusion Non-exclusion Rivalité Bien privé Bien commun

Non-rivalité Bien de club

Bien public pur

1.Bien

commun

Nationalisation

Bien public pur

2.Bien

commun

Privatisation Bien privé

3.Bien

commun

L'Action Collective Bien commun

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14

1.2 Le cadre d’analyse des stratégies collectives

La définition des stratégies collectives est donnée par Astley et Fombrun (1983). Selon ces derniers, les entreprises s’adaptent à l’environnement et définissent leur stratégie à deux principaux niveaux : individuel et collectif. A côté des stratégies individuelles des entreprises, largement étudiées au niveau du domaine d’activité stratégique ou au niveau de l’entreprise, existent également, au niveau inter organisationnel, des stratégies collectives, pertinentes pour répondre collectivement aux évolutions de l’environnement. Yami (2006) souligne que la stratégie collective est définie comme une « réponse systématique d’un ensemble d’organisations qui coopèrent dans le but d’absorber la variation présentée par l’environnement organisationnel ».

Ce concept s’est surtout développé au début des années 1980 où plusieurs auteurs s’accordent pour considérer que, dans les environnements dynamiques et fortement concurrentiels, les entreprises peuvent préférer s’engager dans des stratégies collectives avec les autres firmes plutôt que d’agir seules (Astley et Fombrun, 1983 ; Bresser et Harl, 1986). Le concept de stratégie collective, introduit initialement par Astley et Fombrun en 1983, s’inscrit dans un courant qui relativise l’importance de la stratégie au niveau de la firme, et souligne l’importance de l’environnement, par nature turbulent.

1.2.1 La typologie des stratégies collectives (Astley et Fombrun, 1983)

Astley et Fombrun formalisent la notion de stratégie collective en 1983, et ils introduisent un tableau avec 4 caractères, dont Commensale, Symbiotique, Directe et Indirecte, pour distinguer 4 formes des stratégies collectives.

Le caractère Commensal renvoie aux situations où les entreprises concernées sont concurrentes et l’adaptation commensale se manifeste entre organismes similaires, c'est-à-dire des membres de la même espèce qui ont des besoins et des ressources similaires. La relation commensale est une relation horizontale. Le caractère symbiotique signifie une relation inter-espèce auxquels les différentes firmes sont complémentaires entre elles.

Le caractère Direct quand la relation se traduit par un contrat qui définit les bénéfices économiques de chacun. Le caractère Indirect signifie que les communications sont formelles

(16)

15

ou informelles et elles ne spécifient pas les bénéfices économiques des partenaires (Le Roy, 2003) Ces distinctions permettent d'identifier quatre types de stratégies collectives.

Figure 3: La typologie des stratégies collectives (Astley et Fombrun, 1983) La typologie des stratégies collectives (Astley et Fombrun, 1983)

Types d’association

Commensale

(horizontale)

Symbiotique

(verticale)

Directe

Confédérée

Conjuguée

Indirecte

Agglomérée

Organique

Stratégie confédérée : il s'agit des entreprises concurrentes vont tisser des rapports de partenariat : des organisations similaires (concurrentes) s'associent directement les unes avec les autres pour mener des actions communes, voire pour fonder des alliances. Il s’agit la forme de participations croisées, de fusions ou d’alliances dyadiques comme les joint-ventures. (Le Roy, 2003)

Stratégie conjuguée : il s'agit des entreprises d'espèces différentes, qui vont entrer en interaction les unes avec les autres pour obtenir une meilleure performance à partir de leur complémentarité fonctionnelle. Le cas de partenariats instaurés à l'intérieur d'une filière, ou de relations intersectorielles appartient à cette forme de stratégie collective. Il va s’agir ici d’un partenariat direct vertical, par exemple au sein d’une filière, telle que la sous-traitance.

Stratégie organique : il s'agit des entreprises différentes ne vont pas interagir directement malgré une forte interdépendance. Les stratégies organiques consistent à s'engager dans des relations de réseaux entre firmes complémentaires. Ainsi, on peut considérer que des entreprises différentes partageant une même ressource vont se retrouver sur la base d’un intérêt à promouvoir cette ressource. Baumard (2000) va considérer en effet que les entreprises «participent collectivement à la défense de leur univers stratégique, en ayant recours notamment à l’influence des prescripteurs et des parties prenantes de leurs marchés » bien que l’offre de chacune de ces entreprises ne soit pas substituable.

Stratégie agglomérée : il s'agit d'une association indirecte entre entreprises concurrentes : Cette forme est caractéristique de secteurs composés de beaucoup de firmes qui partagent

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16

indirectement des ressources et qu’elles entretiennent collectivement. C’est le cas par exemple des districts italiens, de la silicone valey ou de certains pôles de compétitivité.

Le Roy et Yami (2006) ont enrichit la typologie de Astely et Fombrun en proposant d’intégrer le nombre d’entreprises concernées par la stratégie collective

Figure 4: Typologies des stratégies coopératives (Le Roy et Yami, 2006)

Les stratégies d’alliances : elles, correspondent aux stratégies confédérées, se développent dans des secteurs très concentrés comme oligopole ou le faible nombre d’opérateurs leur permet d’interagir directement.

Les stratégies partenariales : elles, correspondent aux stratégies conjuguées, concernent les firmes qui établissent des contrats directs pour coordonner des activités complémentaires.

Les stratégies résiliaires : elles, correspondent aux stratégies organiques, correspondent aux réseaux d’entreprises constitués de firmes complémentaires. Par exemple, la franchise, un mode de collaboration entre une entreprise propriétaire d’une marque ou d’une enseigne (le franchiseur) et un ou plusieurs commerçants indépendants (les franchisés).

Stratégies D’alliances Stratégies Collectives Stratégies Résiliaires Stratégies Partenariales Relations Verticales Relations Horizontale s Relations Dyadiques Relations Multiples

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Les stratégies collectives proprement dites: elles, correspondent aux stratégies agglomérées, se développent sur des marchés composés d’un grand nombre d’opérateurs qui ont besoin de se coordonner. (Hannachi, 2011).

Ces recherches sur les typologies des stratégies coopératives affinent la définition de la notion de stratégie collective. Au-delà du fait de proposer une définition et un moyen de repérer cette forme particulière de comportement des organisations, le concept de stratégie collective invite à considérer l’articulation entre des stratégies individuelles et des stratégies collectives.

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Partie 2: Méthodologie

Le travail de recherche que nous entreprenons dans ce stage vise à étudier les stratégies collectives en vue d’une gestion en bien commun des problèmes de résistance aux fongicides. De telles stratégies devraient permettre d’accroitre la durabilité des solutions de protection de plantes utilisées. Pour cela nous avons intégré un projet de recherché porte par une équipe interdisciplinaire.

Le projet FONDU s’articule autour de trois axes majeurs, Axe 1 : Production de références sur l’évolution de la résistance aux Produit de Protection des Plantes (PPP) est porté par des généticiens et des épidémiologistes ; Axe 2 : Modélisation de stratégies d’utilisation des fongicides dans le contexte Ecophyto est porté par des modélisateurs en épidémiologie et en économie ; l’Axe 3 : Analyse des stratégies et des verrous organisationnels en liens avec les stratégies de gestion des fongicides est porté par des économistes. C’est dans ce dernier axe que se situe le présent stage de recherche.

Figure 5: Les acteurs qui impliquent dans la gestion de la résistance de septoriose :

Notre stage se concentrera sur les cas de la rouille et de la séptoriose du blé en France. Nous procèderons par une méthodologie d’étude de cas (Yin 2003) en nous appuyant sur l’analyse

la gestion

durable

des

pesticide

les sociétés

coopératives

agricoles

les entreprises

phytosanitaires

(UIPP, etc)

Instituts de

recherche(Arvalis,

INRA)

(20)

19

économique des stratégies de ces entreprises concernées (coopératives, négociants, entreprises de productions des produit de protection des plantes, syndicat de producteurs, interprofessions, institut techniques, institut de recherche. Cf. figure ci-dessus) via des enquêtes semi-directives et des études d’archives. Cette méthodologie a été privilégiée car il s’agit pour nous de réaliser une recherche exploratoire dont l’objet n’est pas de valider une proposition de recherche mais plutôt à nous amener à la compréhension des questions et sujets complexes, enrichir une expérience ou venir étayer ce qui était déjà connu lors de recherches antérieures.

2.1 Une étude de cas

L’étude de cas est une étude approfondie sur un cas en particulier, soit-il une personne, un groupe ou un sujet spécifique. C'est une démarche de recherche qui se situe dans l’horizon des méthodes qualitatives.

Il existe dans la littérature de nombreuses définitions du terme de cas. Yin (1994) définit l’étude de cas comme « une approche empirique qui examine un phénomène contemporain au sein de son contexte réel lorsque les frontières entre phénomène et contexte ne sont pas évidentes et pour laquelle de multiples sources de données sont utilisées ». Hamel (1997), de son côté montre que l’étude de cas consiste à rapporter un événement à son contexte et à le considérer sous cet aspect pour voir comment il s’y manifeste et s’y développe.Bichindaritz (1995) propose de le définir comme un ensemble de données empiriques.

L’étude de cas fait appel, dans un souci de convergence de l’évidence (Yin, 1994) à une multitude de sources de données, qui conduisent à mobiliser diverses techniques de collecte de données. Je vous montre la figure 10 pour expliquer la constitution de l’étude de cas.

Notre recherche, la gestion collective des pesticides et la stratégie collective des entreprises, base sur les entretiens semi-directifs avec les experts techniques des entreprises en France. Il existe 4 formes de d’entretien 1) Entretien directif. 2) Entretien non-directif. 3) Entretien semi-directif. 4) Entretien du groupe. (Hannachi, 2011) Dans notre cas, l’entretien semi-directif est le plus approprié pour notre investigation, car il permet de centrer le discours des personnes interrogées autour de différents thèmes définis au préalable par les enquêteurs et consignés dans un guide d’entretien. Il peut venir compléter et approfondir des domaines de connaissance spécifiques liés à l’entretien non directif qui se déroule très librement à partir d’une question.

(21)

20

Notre enquête exploratoire s’appuyant sur des entretiens réalisés auprès de 14 responsables représentant les acteurs les plus importants dans les filières étudiés.

Figure 6: Eléments constitutifs de l’étude de cas

Notre étude de cas mobilise aussi autres différentes techniques de collecte de données telles que les données documentaires (sites internet, articles de presses, etc.) vont constituer une base de compréhension solide des cas étudiés. Ces différentes techniques ont permis de recueillir les données primaires principalement issues d’entretiens en profondeur mais également extraites de l’observation directe. La description du terrain d’étude qui fera le thème de la partie suivante.

2.2 Le plan de travail est représenté par la figure suivante :

Le plan de travail Familiariser les

problématiques de recherche

Faire des enquêtes exploratoires

Analyser des discours obtenus en les croisant avec

une analyse de documents professionnels.

Soutenance de mémoire

Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre

Etude

de cas

Documents

Entretien

-directif -non directif -semi directif

Données

statistiques

Observation

directe

Septembre Août Juillet Juin Mai Avril Mars Octobre

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21

Partie 3: Résultats

3.1 La maladie septoriose en France

Sur le blé, la maladie majeure est la septoriose, à part dans le sud de la France où la rouille brune prend l’avantage. Axel Olivier, responsable fongicides grandes cultures au département agronomie d’InVivo, confirme que la septoriose est la cause de conséquentes pertes de production : « La perte moyenne de rendement tourne autour de 18 % dans les essais sur les dernières années, de l’ordre de 20 q/ha. »

Figure 7: La nuisibilité Septoriose observée sur Réseau Performance en France 2008-2012

Source : Estimation de la nuisibilité des maladies, Arvalis, 2013

Chaque année, la septoriose peut faire perdre entre 8 et 27 q/ha (quintal par hectare) selon le niveau de risque, voire 50 q/ha en cas de variété sensible et d’année calamiteuse. L’épidémiologie de la maladie fait que le risque est toujours présent localement mais a l’échelle national il y a parfois des années où la maladie baisse les rendements sur l’ensemble du territoire national (exemple année 2008 sur la figure ci-dessus)

(23)

22

Figure 8 : Estimation de la nuisibilité de septoriose en 2013

Source : Estimation de la nuisibilité des maladies, Arvalis, 2013

L’année 2013 est très contrastée, aussi bien en terme de présence qu’en terme de nuisibilité, ce qui s’est traduit par des écarts de rendement qui varient de 10 à 35 q/ha (quintal par hectare) selon les régions. La nuisibilité moyenne nationale se situe à 17.1 q/ha, identique à la moyenne des dix dernières années. La particularité de cette année se situe dans la localisation inhabituelle de la pression maladie sur un axe Sud-Ouest / Nord-Est. Ainsi, la Bretagne est beaucoup moins attaquée cette année(2013) que les années passées, à l’inverse du Sud-Ouest.

3.2 Le marché des fongicides en France

La France se situe au troisième rang mondial pour la consommation de pesticides, derrière les États-Unis et le Japon. Cette situation s'explique notamment par l'importance de la surface agricole utile (SAU) de la France, qui est au premier rang européen, avec près de 30 millions d'hectares de surface agricole cultivés, dont 18 millions d'hectares de terres arables. Plus de 59300 tonnes de pesticides sont utilisées en France chaque année dans les cultures agricoles (90%) ou horticoles (10%). (Planetoscope, 2014)En France, en agriculture, on déverse 5 kilos de matières (engrais ou pesticides) par hectare cultivé.

Sur le plan économique, le marché des pesticides pèse en France métropolitaine entre 1,7 milliard et 2 milliards d'euros par an. L'utilisation massive de produits de protection des plantes

4-7 q/ha < 4 q/ha 10-15 q/ha 7-10 q/ha ≥ 15 q/ha Pas d’infos

(24)

23

issus de la chimie de synthèse est l'un des facteurs de la transformation radicale de l'agriculture que la France a connue depuis les années 1950.

Figure 9 : Les marchés phytosanitaires en Europe en 2010

Source : Union des industries pour la protection des plantes (UIPP)

L'approvisionnement en produits phytopharmaceutiques est marqué par une grande diversité et un grand éclatement des circuits : une partie de l'approvisionnement est assurée par des négociants, qui ont leur propre réseau commercial, et sont généralement des entreprises de petite taille et une autre partie, plus importante, est assurée par le réseau des coopératives.

Les négociants représentent environ 40 % de la distribution des produits phytopharmaceutiques. Cependant, beaucoup de négociants sont les filiales des coopératives. Les coopératives assurent, pour leur part, 60 % de la distribution des produits phytopharmaceutiques à destination des agriculteurs (sans compter les parts de marché de leurs filiaux négoces). . Environ deux cents coopératives interviennent dans l'approvisionnement des agriculteurs, soit à titre principal, soit à titre complémentaire à une autre activité.

Les fongicides occupent une place très importante en France. Ils occupent la seconde position du marché des produits phytosanitaire en France derrière les herbicides (voir figure ci-dessus). Dans notre étude nous nous focaliserons sur le cas des fongicides.

(25)

24

3.3 Les fongicides, une ressource rare

3.3.1 Le stock de fongicides diminue

3.3.1.1 Une règlementation de plus en plus lourde pour l’industrie

Le marché des fongicides connait un bouleversement considérable depuis les 15 dernières années. A la base de ce bouleversement, la directive européenne 91/414/CEE remplacée depuis juin 2011 par le règlement 1107/2009/CE. La directive 91/414/CEE du 15 juillet 1991 concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques est la directive européenne sur l'autorisation, la mise sur le marché, l'utilisation et le contrôle à l'intérieur de l'Union européenne des produits phytopharmaceutiques sous leur forme commerciale.

En plus d’introduire un principe de précaution sur les aspects sanitaires et environnementaux, le but principal de cette directive est d'harmoniser l'ensemble des différentes règlementations et autorisations de produits phytopharmaceutiques des États membres au sein de l'Union Européenne. La décision finale d'autorisation de mise sur le marché des différents produits restant le choix de chaque pays membre. La réglementation française s’est ainsi fortement alourdie. Beaucoup de molécules sont devenue interdites sur le marché européen alors qu’elles sont autorisées sur les marchés étrangers créant des distorsion de concurrence a l’échelle internationale. A l’échelle de l’UE le nombre de pesticides autorisés s’est fortement réduit (cf. figure ci-dessous) et les fongicides n’échappent pas à cette tendance. C’est pourquoi le nombre de pesticide autorisé en Union Européenne diminue vite depuis 2001.

(26)

25

«…c’est de plus en plus difficile(de trouver les nouveaux fongicides), alors il y a des explications : je pense que les exigences réglementaires, particulièrement en Europe, sont telles que trouver une molécule qui soit efficace, sélective, qui ait un intérêt agronomique, qui apporte quelque chose, mais qui ait un profil environnemental favorable, toxicologique favorable, ça devient extrêmement difficile.…je dirais que la réglementation évolue pour répondre aux besoins de la société c’est tout à fait logique je dirais, et sain et positif, mais je pense qu’à un moment donné il faut que la balance dans l’évolution de cette réglementation soit un peu proportionnée, c’est-à-dire qu’il faut tenir compte de la balance bénéfices/risques quelque part.» (Philippe MICHEL, Directeur des affaires réglementaires et juridiques, UIPP)

Il y avait plus de 800 pesticides qui étaient autorisées dans l’Union Européenne en 1993, mais il restait moins de 400 pesticides autorisés en 2004. En 2009, il restait environ 200 pesticides autorisées, dont pratiquement 74% ont été retirées du marché, soit plus de 700. Il y a eu une forte diminution de l’autorisation des pesticides pendant les périodes 2001-2003 et 2005-2006. Donc, on a globalement de moins en moins de pesticides autorisés sur le territoire communautaire. Les règlementations européennes aussi font pression sur les entreprises phytosanitaires, leurs profits sur le marché européennes réduisent, c’est-à-dire que leurs produits existants diminuent vite et leurs coûts de recherche augmentent.

3.3.1.2 La R&D coûte de plus en plus cher

Il est difficile de trouver de nouvelles molécules, malgré l’augmentation du niveau de recherche.

Figure 11: La difficulté pour trouver des nouvelles molécules

1995 2005-2008

Dépistage 52 000 140 000

Autorisation 1 1

Source : Phillips McDougall pour ECPA, 2010

En 1995, il fallait chercher parmi 52 000 molécules potentielles pour avoir une molécule autorisée, et après avoir passé la procédure d’homologation, le pesticide pourrait arriver sur le marché. En 2005, 10 ans plus tard, c’était une pour 140 000 molécules potentielles. Donc, actuellement il est vraiment nécessaire d’avoir un tamis pour trouver la molécule, et la dépense de temps pour la recherche des molécules devient de plus en plus conséquente.

(27)

26

Figure 12: Le nombre d’ingrédients actifs agrochimiques dans le développement

La figure ci-dessus nous montre que les nouvelles solutions fongicides deviennent extrêmement compliquées. Depuis les années 90, il est de plus en plus dur de trouver les nouvelles molécules, donc le nombre de nouvelles molécules diminue. À la fin des années 90 au niveau mondial, on arrivait à peu près tous les ans à 70 substances en développement au niveau mondial, en 2012 on était qu’entre 20-30 substances en développement. La raison de la diminution des nouvelles molécules est que du fait des exigences réglementaires en Europe (efficacité, un intérêt agronomique, profil environnemental et toxicologique favorable), les coûts de R&D ont considérablement augmenté (cf. figure ci-dessous).

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27

La R&D pour développer un produit fongicide dure entre 10-12 ans. Pendant ces 10-12 années, il faut passer plusieurs différentes étapes, (toxicologie, l’écotoxicologue, les essais en champ, la chimie, etc.). Entre 1995 et 2008 ces couts de R&D ont connus une augmentation de 70%.

Du fait de l’investissement de plus en plus important (200 millions euros en 2005) les sociétés ont donc de plus en plus intérêt à s’assurer de la durabilité de leur molécule pour avoir un meilleur amortissement de ces dépenses.

3.3.2 Les fongicides sont une ressource altérable

Il existe des champignons résistants aux fongicides. Les souches capables de résister aux fongicides existent à l’état naturel mais elles restent très minoritaires car en se brassant génétiquement avec les autres souches de champignons, elles perdent leur résistance. Cependant une application répétée d’une même famille de fongicide pose problème. Avec les traitements fongicides, les souches sensibles sont éliminées, laissant alors le champ libre à celles qui ont plus d’aptitudes génétiques à résister. Elles se croisent alors entre elles et deviennent majoritaire dans la nature. L’emploi répété d’une molécule favorise cette sélection. Cette résistance totale au fongicide, comme c’est le cas par exemple fongicides de la famille strobilurines, résulte d’une surutilisation de ces fongicides dans les aires de production agricole.

3.3.2.1 Le cas de la résistance de la septoriose aux strobilurines

Les strobilirines ont été découverts en 1997, et elles sont considérées comme un progrès incontestable. Deux ans seulement après leur lancement, les strobilurines représentent un tiers du marché des fongicides en France.

Les premières souches de septoriose résistantes aux strobilurines ont été identifiées en Irlande en 2001, puis en 2002, des souches de septoriose résistantes aux strobilurines ont été découvertes dans plusieurs pays européens, en Grande-Bretagne et en Belgique, y compris dans le Nord de la France. L’année suivante, la progression vers le sud des souches résistantes aux strobilurines a été constante. En 2003, le Centre et le Nord étaient concernés. En 2006 la résistance s'est généralisée à l’ensemble du territoire à l’exception des régions les plus au Sud.

(29)

28

Figure 14: Evolution de la résistance aux strobilurines chez Sptoria tritici en France entre 1997-2012

Souches sensibles Souches résistantes supérieure à 50 %

Source: Anne-Sophie WALKER, INRA 2013

Des travaux (Walker, 2013) montrent que la proportion d’échantillons qui présentent une fréquence de souches résistantes supérieure à 50 % (après traitement strobilurines), passe de 14 % en 2003, à 38 % en 2004, puis à 66 % en 2005 et finalement à 100% en 2011.

Très vite, toutes les molécules de la famille strobilurines, pourtant toutes récentes, ont perdu leur efficacité contre la septoriose. Le phénomène qui s’est d’abord déclaré dans le Nord de la France, s’est étendu en l’espace de quelques années, à l’ensemble du territoire français. Si la résistance aux strobilurines s’est installée de façon aussi brutale et aussi rapide, c’est parce qu’elle est due à une surutilisation massive de ce type de fongicides et du fait que cette résistance est à l’origine issue d’une seule mutation dans l’ADN du champignon.

L’évolution de la sensibilité de la septoriose aux fongicides de la famille des triazoles est plus complexe et plus progressive. Les études d’Arvalis montrent que la moindre sensibilité aux triazoles, des souches de septoriose, s’explique par plusieurs mutations et même parfois, par une combinaison de mutations. Indépendamment de la vitesse qui elle dépend du type de mutation, la surutilisation de la même famille de fongicides cause le développement de résistances et la perte de l’efficacité du produit. Pour éviter que ces résistances ne se généralisent, il est indispensable d’alterner les différents fongicides.

(30)

29

3.3.3 Conclusion: l’efficacité des fongicides est un bien commun

Au regard de notre cadre d’analyse (théorie des biens communs), après examen des caractéristiques de la ressource « fongicides » il nous apparait que cette ressource est assujettie à une tragédie des communs (Hardin, 1968). Une surutilisation d’un fongicide mène à la perte de l’efficacité de ce fongicide. Cette ressource est donc altérable par l’usage (condition de rivalité chez Samuelson, 1954). Par ailleurs, une fois un produit mis en marché, il est difficile d’exclure certains usagers de cette ressource (condition de non exclusion, Samuelson, 1954).

Selon Ostrom (2010), un bien commun est une ressource dont une surutilisation ou mauvaise utilisation des flux fait diminuer le stock. Pour cette auteure c’est ce qui différencie la notion de bien commun de celle de bien public : un bien commun peut être surexploité ou altéré (pollué) alors que dans le cas d’un bien public l’utilisation par un agent ne restreint pas l’utilisation par un autre agent.

Nous avons constaté que le stock de fongicides a été diminué car la règlementation a changé (intégration d’aspects sanitaires et environnementaux nouveaux) mais ce n’est pas pour autant ça qui en fait un bien commun. C’est le fait que la surutilisation des fongicides par les utilisateurs mène à la disparition de leur efficacité.

Les fongicides apparaissent ainsi comme un bien dont l’utilité est individuelle mais dont le coût de l’usure est partagé collectivement. Il est dès lors nécessaire de voir comment éviter la tragédie des communs. Dans ce travail, et comme annoncé dans notre cadre théorique, nous allons mettre de côté les solutions qui renvoient à l’intervention de l’Etat (taxation ou réglementation ou encore création de droits de propriétés individuels transférables pour internaliser les externalités tel que proposés par Hardin, 1968), pour nous focaliser sur les solutions basées sur une autogestion collective par les parties-prenantes (tel que développé dans le courant de pensée autour des travaux de Ostrom, 2010). La question qui se pose alors est : est ce que les parties-prenantes de la lutte contre la séptoriose en France sont capable de s’organiser en conséquence ? Ce point fera l’objet de la section suivante.

(31)

30

3.4 Vers une gestion collective de la durabilité des fongicides?

3.4.1 Les usagers sont conscients de la rareté et de la fragilité de la

ressource fongicide

Quand une chose est rare, il devient précieux et important. C'est un vieux proverbe chinois. Cependant il faut que les usagers prennent conscience de cette rareté. Au cours de notre travail de terrain, toutes les coopératives rencontrées se sont montrées conscientes de la situation actuelle. D’ailleurs, tous les différents acteurs rencontrés considèrent que la durabilité des molécules de PPP est une question importante.

«Pour nous c’est la capitale (la durabilité des molécules de PPP)…. On voit qu’il y a beaucoup moins de molécules qui arrivent sur le marché qu’est-ce qu’il avait dans le passé et ensuit bien sûr les cahiers des charges molécules qui va arriver, maintenant il est telle niveau de tous ce qui est toxicologie et écotoxicologue qu’il faut tester des milliers de molécules pour trouver une seule avec des coûts dernières qui sont de plus en plus élevé, donc le constat a pensé qu’il y a beaucoup moins de molécules aujourd’hui qui arrive. » (Jean Yves MAUFRAS, spécialiste des maladies chez Arvalis - Institut du végétal)

La question qui se pose alors est : est-ce qu’une stratégie collective est envisageable?

3.4.2 Faisabilité d’une stratégie collective

Afin d’éviter ou de freiner l’apparition du phénomène de résistance aux fongicides, il importe de diversifier les familles de fongicides utilisée à l’échelle d’un territoire agricole. Cependant cette solution implique une coordination entre plusieurs opérateurs présents à l’échelle du bassin versant.

En dehors du recours aux fongicides, il existe d’autres leviers agronomiques (comme le choix variétal, la date de semis, la rotation, la densité de semis, la fertilisation azotée) pour lutter contre la maladie de la séptoriose. (Cf. fig.)

(32)

31

Figure 15: Les leviers agronomiques sur la gestion du risque septoriose

In ci d e n ce d es t ec h n iq u e s cu lt u ra le s

Choix variétal • Intérêt bien réel des résistances variétales

• Efficacité partielle et résistance sujette à contournement

Date de semis • Moins de septoriose sur les semis tardifs qui échappent aux

premières contaminations

Travail du sol enfouissement/

broyage des résidus

• La présence de résidus de paille participe à l’initiation de la maladie

Rotation • Les blés sur blés combinés à une absence de labour favorisent la

maladie

Densité de semis • Les densités élevées sont associées à une plus forte pression de

maladie

Fertilisation azotée • La diminution des doses d’azote permet de diminuer la protection

fongicide, attention toutefois aux pertes de rendements

Source: ARVALIS - Institut du végétal, 2014

Alterner ces solutions avec une rotation des familles de fongicides utilisées permet en théorie de réduire fortement le risque d’apparition de la résistance.

«Un choix variétal, c’est essayer en agronomie aussi de semer un peu moins précoce, de semer tôt, de bon heure, c’est-à-dire, on semer fin septembre, décaler au 15 octobre. En principe, si on sème plus tard, on va diminuer le risque.» (Marc DUPAYAGE, Responsable pôle technique, UNEAL)

Cependant même si ces solutions sont mise en œuvre à l’échelle de la parcelle agricole, le risque lui est collectif et doit être géré à l’échelle du bassin de production. Il y a donc derrière une hypothétique gestion durable des fongicides un challenge de coordination et de partage d’information entre les agents d’un bassin versant.

«…ça devrait se mettre en place soit à l’échelle au-dessus de la coopérative…oui je pense, c’est au-dessus de la coopérative….». Philippe GARCON, expert technique grandes cultures chez EURALIS.

(33)

32

Selon les entretiens avec les coopératives, le principal frein à la mise en place d’une stratégie collective pour la gestion de la durabilité des fongicides est la rivalité concurrentielle sur le marché.

«Non, on est concurrent sur les terrains, donc c’est difficile, mais je pense que tout le monde est conscient si on veut sauvegarder les nouvelles molécules, il faut avoir la même discours, techniquement on est tout d’accord, par contre, après sur les terrains, l’approche et les conseils sont largement différents, mais tout le monde dans le même stade, on peut pas parler de lutte collective parce que on est des concurrents.» Christophe CANDEL, le responsable technique, coopérative Qualisol

«Sur le terrain, nous somme concurrent, sur la stratégie, on ne parle pas du produit, on parle communiquer institutionnelle ensemble, après le choix de produit est compliqué. Une stratégie collective peut fonctionner mais à condition que les distributeurs et les instituts travaillent ensemble.» Claude MAUPRIVEZ technicien chez Sévéal.

«…les agriculteurs d’une coopérative oui, mais les négoces non, et après on a aussi des agriculteurs qui travaillent un peu en freelance, plusieurs un peu à droite à gauche qui ont leur propre axe de décision. Ceux-là on les gère pas, ou mal.» Alain FLOUREUX, référent technique Grandes Cultures chez Arterris.

«Je ne vois pas trop organisation envisagé hormis le partage d’information, on est qu’une prescription, on donne les conseils, c’est pas nous qui prenons les décisions pour les agriculteurs. Il y a des échanges de bonne pratique et bonne conseil, mais après dernier chacun prend la décision qu’il veut au sein de son organisation et agriculteur lui, prend sa décision aussi en fonction de qu’il souhaite». Thomas MONVILLE Service Marketing chez AXEREAL. Cependant ce discours ne fait pas l’unanimité. Certaines coopératives minoritaires dans notre échantillon pensent qu’une stratégie collective entre concurrents est envisageable. Parmi les plus optimistes nous trouvons la coopérative Unéal. Situé au Nord de la France, Unéal est une coopérative agricole qui rayonne sur les départements du Nord, Pas-De-Calais, Somme et Aisne. Son chiffre d'affaires est de 658 millions d'euros. Unéal est cotée dans les cinq premières coopératives de France. La coopérative Unéal est partenaire du Réseau Performance.

«On travaille avec Arvalis, au niveau du « réseau performance », …mon collègue négoce (entreprise concurrente), Philipe Pluquet aussi, on est dans la même groupe, on échange sur les résultats……. Il y a une note commune qui a faite entre Arvalis, INRA et l’union

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33

interprofessionnelle des producteurs de produits phyto ». Marc DUPAYAGE responsable pôle technique UNEAL.

Il nous apparait clairement que les adhérant au « réseau performance » sont plus sensibilisés et plus enclin à coopérer.

Le deuxième frein à la stratégie collective qui nous apparait est le manque de prise de conscience de la gravité de la situation.

«Peut-être pas suffisamment (sur la sensibilisation sur la problématique de la résistance au fongicides), aujourd’hui, on n’a jamais vu trop de problèmes de résistances, on a encore des solutions à travers les variétés, à travers les produits chimiques…. Il y a des gens pensent que ce n’est pas grave, parce que on peut toujours trouver des solutions, les problèmes qu’on a vu, on a toujours vu une solution…mais peut-être dans 5 ans, on sera dans une impasse irréversible, c’est possible». Jean-Yves MAUFRAS, spécialiste des maladies chez Arvalis

3.4.2.1 Le Réseau Performance

Coordonné par Arvalis – Institut du végétal, le réseau performance rassemble une cinquantaine de partenaires issus du développement agricole et de l’agrofourniture. Ce réseau produit depuis 10 ans des données d’efficacité et de rendement et des analyses de résistance réalisées par l’UMR Bioger de l’INRA de Grignon.

Figure 16: Les 49 Partenaires du "Réseau Performance" en 2013

ACOLYANCE CA 28 CETA des HAUTS de SOMME PHYTEUROP

AGORA CA 50 CETA Montcornet SC2

AGRIAL CA 60 CETA Saint-Quentinois SCA de BONNEVAL

ANJOU MAINE Céréales CA 68 Coopérative de CREULLY STAPHYT

ARTERRIS CA 86 DuPont Solutions SYNGENTA

ARYSTA CA Ile de France EMC2 TERNOVEO

AXEREAL CA59-62 EURALIS TERRENA

BASF CALIANCE GRCETA de l'Aube UCATA

BAYER CALIPSO HAUTBOIS UNEAL

CA 02 CAVAC ID AGRI VIVESCIA

CA 03 CERENA INTERFACE Céréales

CA 10 CETA Champagne Berrichonne NORD NEGOCE

CA 27 CETA de HAM Vermandois NORIAP

(35)

34

Le Réseau Performance blé regroupe 48 partenaires en 2013, autour de 93 essais mis en place sur 18 régions céréalières par Arvalis. Pour l’année 2013, Plus de 526 échantillons ont été prélevés en avril, mai, juin et juillet et 389 analyses de résistance de septoriose tritici aux fongicides ont étés réalisées par le laboratoire BIOGER. Ce réseau, permet de mieux connaitre les différentes souches de septoriose tritici, de surveiller leur évolution et distribution depuis 2006.

3.4.2.1.1 L’action collective portée par le Réseau Performance

3.4.2.1.1.1. Outiller la décision collective

« Le réseau Performance qui est en fait un réseau d’essais, il y a plusieurs sites en France qui ont un protocole commun……..ces essais ils sont menés en partie par Arvalis, il y a une grande partie qui est menée par les Chambres d'Agriculture ou par les coopératives, qui mesurent les efficacités, et moi je reçois leurs échantillons et je fais des analyses de résistance. Et donc par ce biais-là, le réseau Performance quand on fait les retours, ou même au quotidien quand on reçoit les échantillons, je suis en contact avec les coopératives…» (Anne Sophie WALKER, Chercheur expert sur la résistance au fongicides, INRA)

«Le réseau performance s’est monté suite à la découverte de la résistance aux strobilurines qui sont une famille particulière de fongicide….. Une partie de mon activité à Arvalis est dans cette structure…. Je gère des réseaux d’essai qu’on appelle des effets de valeurs pratique, donc des essaies programmes avec des équipes régionales qui sont basées dans toute la France. Les essaies sont mis en places sur des micro-parcelles avec test des programmes fongicides, des positionnements des produits, des doses, des standards, des tests des programmes (programme veut dire ici la posologie) qu’on utilise. Ça sert d’outils d’aide à la décision et nous permettent d’émettre des recommandations sur quand il faut intervenir et comment, est-ce qu’on doit traiter la dernière feuille au printemps, la dynamique de épidémie, …» (Gilles COULEAUD, spécialiste des maladies chez Arvalis - Institut du végétal)

Ce réseaux permet d’aider à la décision collective car il permet de coordonner de mutualiser la surveillance et le suivie de la maladie et de la fiabilité des fongicides. Chaque coopérative a des essaies individuel pour ça, les chambre d’agriculture aussi et l’INRA a des parcelles

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35

expérimentales. La première plus-value de ce réseau est de collectiviser l’information sur ces suivis. Il a ensuite évolué vers une coordination des protocoles et des informations recherches. Aujourd’hui ce réseau évolue suivant une dynamique de rapprochement de ses membres et ses objectifs se diversifient de plus en plus. Il est aujourd’hui un organe qui émet des recommandations

3.4.2.1.1.2. Trouver et diffuser les nouvelles règles du jeu collectif

Le Réseau Performance donne les recommandations aux utilisateurs de fongicides pour accroitre leur efficacité et faire face au développement de la résistance. Par exemple depuis le développement de la nouvelle famille de fongicides que sont les SDHI, Le Réseau Performance ne fait pas que le suivi du développement des résistances. Grace à ses recherches expérimentales et aux connaissances développé collectivement, il a émis des regels de bonne pratiques permettant d’éviter une dégradation rapide de l’efficacité des SDHI. Ainsi il propose d’utiliser une seule SHDI par an.

«…Plus on va appliquer souvent la même molécule la même famille, plus on va faire apparaitre la résistance, c’est ce qui s’est passé pour les Qo1 et pour les Strobilurine(deux familles de fongicides), on a appliqué 2 fois par ans, et en moins de 6 ans on a eu des résistances…depuis 2003, la mise en place du réseau performance, ils ont émis une recommandation d’utiliser du prochloraze, après utiliser du chlorothalonil, et faire qu’une seule SDHI…» (Gilles COULEAUD, spécialiste des maladies chez Arvalis - Institut du végétal)

«…une fois les résultats obtenus, on partage avec Arvalis et l’INRA, et on va faire du conseil technique, on choisit les produits adaptés, après sur quelle forme, il y a des communications, on fait des réunions technique d’information auprès des agriculteurs.» (Claude MAUPRIVEZ, Coordinateur agronomique, Seveal)

3.4.2.1.1.3. Faire dialoguer les partie-prenantes de la problématique

Le Réseau Performance permet aux producteurs des fongicides d’atteindre les utilisateurs via les conseillers techniques et les vendeurs des coopératives qui s’occupent de la distribution, et ce en présence des experts de l’INRA (fonctionnaires) et des chambre d’agriculture (organe

Figure

Figure 1: Classification des biens (Samuelson, 1954)
Figure 3: La typologie des stratégies collectives (Astley et Fombrun, 1983)  La typologie des stratégies collectives (Astley et Fombrun, 1983)
Figure 4: Typologies des stratégies coopératives (Le Roy et Yami, 2006)
Figure 5: Les acteurs qui impliquent dans la gestion de la résistance de septoriose :
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