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PARTIE 3: RESULTATS

3.4 Vers une gestion collective de la durabilité des fongicides?

3.4.2 Faisabilité d’une stratégie collective

3.4.2.1 Le Réseau Performance

3.4.2.1.1 L’action collective portée par le Réseau Performance

« Le réseau Performance qui est en fait un réseau d’essais, il y a plusieurs sites en France qui ont un protocole commun……..ces essais ils sont menés en partie par Arvalis, il y a une grande partie qui est menée par les Chambres d'Agriculture ou par les coopératives, qui mesurent les efficacités, et moi je reçois leurs échantillons et je fais des analyses de résistance. Et donc par ce biais-là, le réseau Performance quand on fait les retours, ou même au quotidien quand on reçoit les échantillons, je suis en contact avec les coopératives…» (Anne Sophie WALKER, Chercheur expert sur la résistance au fongicides, INRA)

«Le réseau performance s’est monté suite à la découverte de la résistance aux strobilurines qui sont une famille particulière de fongicide….. Une partie de mon activité à Arvalis est dans cette structure…. Je gère des réseaux d’essai qu’on appelle des effets de valeurs pratique, donc des essaies programmes avec des équipes régionales qui sont basées dans toute la France. Les essaies sont mis en places sur des micro-parcelles avec test des programmes fongicides, des positionnements des produits, des doses, des standards, des tests des programmes (programme veut dire ici la posologie) qu’on utilise. Ça sert d’outils d’aide à la décision et nous permettent d’émettre des recommandations sur quand il faut intervenir et comment, est-ce qu’on doit traiter la dernière feuille au printemps, la dynamique de épidémie, …» (Gilles COULEAUD, spécialiste des maladies chez Arvalis - Institut du végétal)

Ce réseaux permet d’aider à la décision collective car il permet de coordonner de mutualiser la surveillance et le suivie de la maladie et de la fiabilité des fongicides. Chaque coopérative a des essaies individuel pour ça, les chambre d’agriculture aussi et l’INRA a des parcelles

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expérimentales. La première plus-value de ce réseau est de collectiviser l’information sur ces suivis. Il a ensuite évolué vers une coordination des protocoles et des informations recherches. Aujourd’hui ce réseau évolue suivant une dynamique de rapprochement de ses membres et ses objectifs se diversifient de plus en plus. Il est aujourd’hui un organe qui émet des recommandations

3.4.2.1.1.2. Trouver et diffuser les nouvelles règles du jeu collectif

Le Réseau Performance donne les recommandations aux utilisateurs de fongicides pour accroitre leur efficacité et faire face au développement de la résistance. Par exemple depuis le développement de la nouvelle famille de fongicides que sont les SDHI, Le Réseau Performance ne fait pas que le suivi du développement des résistances. Grace à ses recherches expérimentales et aux connaissances développé collectivement, il a émis des regels de bonne pratiques permettant d’éviter une dégradation rapide de l’efficacité des SDHI. Ainsi il propose d’utiliser une seule SHDI par an.

«…Plus on va appliquer souvent la même molécule la même famille, plus on va faire apparaitre la résistance, c’est ce qui s’est passé pour les Qo1 et pour les Strobilurine(deux familles de fongicides), on a appliqué 2 fois par ans, et en moins de 6 ans on a eu des résistances…depuis 2003, la mise en place du réseau performance, ils ont émis une recommandation d’utiliser du prochloraze, après utiliser du chlorothalonil, et faire qu’une seule SDHI…» (Gilles COULEAUD, spécialiste des maladies chez Arvalis - Institut du végétal)

«…une fois les résultats obtenus, on partage avec Arvalis et l’INRA, et on va faire du conseil technique, on choisit les produits adaptés, après sur quelle forme, il y a des communications, on fait des réunions technique d’information auprès des agriculteurs.» (Claude MAUPRIVEZ, Coordinateur agronomique, Seveal)

3.4.2.1.1.3. Faire dialoguer les partie-prenantes de la problématique

Le Réseau Performance permet aux producteurs des fongicides d’atteindre les utilisateurs via les conseillers techniques et les vendeurs des coopératives qui s’occupent de la distribution, et ce en présence des experts de l’INRA (fonctionnaires) et des chambre d’agriculture (organe

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dirigé par des élus syndicaux). Il permet ainsi aux producteurs de fongicide d’améliorer leur écoute client sur les demandes des utilisateurs. Il permet aussi aux utilisateurs d’être sensibilisés à l’importance d’accroitre la durabilité des fongicides existants dans un contexte ou la R&D de nouveaux fongicides est en récession.

Figure 17: La structure du Réseau Performance

3.4.2.1.1.4. Amorcer la mise en place de la stratégie collective

« On a déjà fait des stratégies collectives, même avec des négoces, on est sensibilisé ses effets, aucun de nous ira préconiser une solution en utilisant qu’un seul mode d’action ou qu’un seul produit. Il y a une note commune qui a faite entre Arvalis, INRA et UIPP, c’est union interprofessionnelle des producteurs de produits phyto. On travaille avec Arvalis, au niveau du Réseau Performance… On a mis en place un protocole d’essais, et des analyses de souche qui sont faite, et qui permettent effectivement de voir la dérive de sensibilité ou l’évolution de ses souches au travers du protocole qui mit en place…» (Marc DUPAYAGE, Responsable pôle technique, Coopérative UNEAL)

«…à la fin de la compagne, on va échanger sur nos résultats, sur les résultats Arvalis, les résultats de réseau performance, et à partir de là, on va se mettre d’accord sur quels les discours à tenir auprès de agriculteurs.» (Claude MAUPRIVEZ, Coordinateur agronomique, Seveal)

Auprès de ces participants, le Réseau Performance a permis de rendre aujourd’hui envisageable la mise en place d’une coordination pour préserver la durabilité des fongicides. Aujourd’hui cette coordination est déjà effective sur la mutualisation d’information, le partage de matériel

Le Réseau

Performance

les acteurs du marché phytosanitaire les cooperatives Institut de recherche (fonction publique) chambre d'agriculture (elus des syndicats d'agriculteurs)

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et de méthodes pour le développement de la connaissance du phénomène de résistance aux fongicides et la mise en place de dispositif de surveillance du risque.

Les questions qui se posent aujourd’hui sont :

i) Peut-on aller plus loin dans la coordination (plus que le partage d’information et de discours) et mettre en place à l’échelle d’un bassin de production d’une action organisée entre agents hétérogènes et entreprises concurrentes permettant de coordonner les pratiques.

ii) Comment étendre ce réseaux aux non-membres car ils peuvent constituer des free- riders qui par leur pratiques peuvent annihiler les efforts du réseau en fessant émerger des souches de séptoriose résistantes aux fongicides4 ;

«…depuis 2003, la mise en place du réseau performance, ils ont soumis une recommandation utiliser du prochloraze, après utiliser du chlorothalonil, et ne pas faire qu’une seule SDHI, c’est relativement bien suivi, mais jamais suivi à 100% sur le terrain.» (Gilles COULEAUD, spécialiste des maladies chez Arvalis - Institut du végétal)

En explorant les réponses potentiels à ses deux questions, nous avons trouvés d’autres formes de relations inter-organisationnelles entre les parties-prenantes de la problématique de la résistance aux fongicides. Ces autres formes de coordination constituent des pistes à explorer en vue d’étendre le Réseau Performance et de faire levier pour faire émerger la coordination des pratiques. Ces deux formes sont les GIE entre coopératives et les unions de coopératives.

4 Le Réseau Performance regroupe 48 partenaires, dont les coopératives, les entreprises phytosanitaires, les

chambres d’agricultures et les institutes de recherche. La majorité des coopératives qui produisent du blé en France sont les partenaires du Réseau Performance, mais il y a aussi des petites coopératives (producteurs) qui ne participent pas dans ce réseau. Parmi les coopératives qu’on fait les entretiens, 75% des coopératives sont les partenaires, par exemple Arterris, NORIAP, AXEREAL, Seveal, UNEAL et EURALIS CEREALES. Par contre, 25% des coopératives qu’on a demandées ne sont pas les partenaires, comme Qualisol et AGRIBIO UNION. Ces coopératives occupent aussi une part de marché assez importante, par exemple Qualisol est une grande coopérative du Tarn-et-Garonne, et il a collecté 240 000 tonnes de blés en 2014. Son activité céréales a généré un chiffre d’affaires de 67 millions d’euros en 2013.

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3.4.2.2 La coopération via union des coopératives

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