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Vers une semantique representationnelle

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

, 1 , \ \. r • \

..

VERS UNE SEMANTIQUE REPRESENTATIONNELLE Pierre-Yves Raccah

Département de Linguistique Université McGill, Montréal

- 1

Thèse présentée à la Faculté d'études supérieures et de recherche, sQus la directiory du Profess~ur Myrna Gopnik

"

Pierre-Yves Raccah, Septembre 1985

,

(2)

,

\

Permission has been granted to the National Librar~f

Canada te microfilm this thesis 'and to 1end or se11 copies of th~ film.

The author (Jopyr'ight owner) h a s r e se r v e d o t h e,r pub lie a t 'i 0 n 'r l..g h t s, , and neither the thesis nor extens ive extracts from i t May be printed or otherwis~

reproduced without his/her written permission.

,

o •

"

L'autorisa~ion a été accordée à l la Bibliothèque nationale

du Canada àe microfi1mér èet te thèse et de prêter ou de vendre des exemplaires du

film. ~

L'auteur (titulaire du droit d'auteur) se réserve les autres droits de publication: ni la thèse ni de longs extrai.ts de celle-ci ne doivent être imprimés ou autrement reproduits sans Bon autorisation écrite.

ISBN 0-315-44452-5

\

(3)

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o

- - - ~-- .- ~ .<

,

VERS UNE SEMANTIQUE REPRESENTATIONNELLE

--f

RESUME

"

Ce travail se veut une -contribution tant épistémologique et méthodologique "que théorique, au développement de la recherche en ~émantique liflguis~i~ue.

Du point de vue épistémologique, la contribution que je propose consiste à considérer la recherche sctentifique, et, en particulier, l'étude· scientifique de la signification,

.

comme la constitution d'un système générant des descriptions des phénomènes ét~diés. Les lois et les règles des théories

~

scientifiques sont alors conçues comme des l~ens entre les descriptions, et non pas entre les phénomènes eux-mêmes. L'analyse.méthodologique que je propose conduit à opérer une

.

stricte distin~tion entre l'occurrence d' énoncé,

,

l'énoncé-type, et la phrpse! cette derniere étant l'objet d'étude de la ~émantiq~e. De cette distinct~on découle une· délimitation précise du domaine de la sémantique, qui fixe notamment ~ les ,rapports de cette derni~re avec la pragmatique. Le, principe de compositionalité de la

-description sémantique dev~ent alors une , instance d'une caractéristique génér~le d~s théori~s scièntifiques. -.. Je

Q

montr~ alors qu'u~ théorie sémantique ne peut se cont~nter

de décrire

1'~~' 'a!:rP'>~t-s.~

informationnels des phrases, mais

, l

(4)

c

'.

c

( i i )

doit preparer le terrain à la pragmatique pour tous les -. aspects "l~ à l' interprétat ion des occurrences d'énoncés.

J'i'nsiste a pects argumentatif~ de l~ signification des phrase'!:;, spirant du cad~e ,theorlque d'Anscombre , . , . . . . 6-et 'Ducrot. Dans la Sémantique Représentatibnnelle, le

,

système de

,

, .

descriptions sémantiques utilise

dË!s dérivées ~e la Logique I~tensionnelle de Montague, pour es aspects informationnels, et un système !.provisoil'e- fondé sur le Calcul des Prédicats pour les

-•

aspects argumentatifs. Je préser;lte ces techni~ues et examine leur adéquation aux object i fs de la théorie puis,

,

j'examine quelq~es\ questions -et en pose d'autres- relatives

'f

.

aux aspects de la théorie qui concernent ~'argumentation.

,-ABSTRACT 1

\ f

This dissertation presents an epistemolagical and methodological

con'tr'ibut~n

to the deve;opment of research' \

iri linguistic semantics, as weIl as a theoretical one. From r

the epistemological point of view, l suggest scientific research, and in particular, the study of meaning, shou'ld be

seen as the elaboration of a system

. UJ'

descriptions of the ~enomena under.study.

w'hich generates Laws and rules

..

.

of scien~ific theories are then to be concieved of as links

,

between the descri~tions, not betweèn the phenomena themselves.

,

Th~ methodological analysis l propose- leads ta

"\

\

..

(5)

'0-' p " \' /

./

0,

. ,

,

..

\

,. '. Oii) .. ,a sharp distinction·between the concep~s of utterance-token,

..

utterance-type" and sentence, the last of which concerns \ semantics

directly.~rom

this distinction follows a precise

4"-, < > . . •

delimi tat i.on of the doma in of semant ics, which 'sets, 'among

" . '

other things, its connections . with pr agma ~ ics"" The compositionality' principle for th~ semantic descriptions becomes thus an instance 'of' ft more general feature of scientifiè theories. ,1 show that a semantic theory cannot be limited to the description of the informational aspects

"

of sentences: pragmatics must be' fed with semantiè . descr ipt~6ns concerning ~11 the aSPE7cts linked to uttecance-token int~rpretation. on the argurnentative aspects of sentence rneaning, w~ich were (irst noticed by Anscombre and Ducrot. In

3-Semantics,' the system- for generat.ing. semantic

~

(1

Representation desdriptions uses techniques {nspired by Montague's Intensional Logie,

, '

for the inform~tional aspect~, and a ,provisional- system, .' based on the Predicate Calèulus for the' argumentat f. ve

J

aspects. 1 present these techniques and discuss their

,

adequation to the aims ?f the theory. Then, 1 discuss a few

'questio~s

related to

the.~spects

of the theory which

conce~n

"

.

a rgumen t .. t ion, an"ne lude' "as king a severa l 0 the r s •

.'

'"

.

,

1

,

,

"

.

' L'

.,

.'

..

(6)

.

\

, :. 1

.

"

...

C

( . ,

. r ,.

INTRODUCTION

.

..

--SCf1MAI_RE

Chap. 1: LE DOMAINE DE LA SEMA~IQUE.

f

1.1 Re~dre Compte D'un Phenomene.

1.2 ConstitutioN Du Domaine De La Semantique.

1.2.1 Lois Naturelles, Description ~t Explication. 1:2.2 D~1imitation Du Domaine.

1.2.2.1 Délimitation En Domaines.

1.2.2.2 Délimitation Des Aspectê ,D'un Domaine. J

1.~.2.3 Distinction Entre Domaines Et-Aspects.

1.2.3 ' Approche Fonptionaliste Vs Approche Phénoménologique -1.2.3.1 Fonctiona1isme Et nécoupage De L'observable. '1.2.3.2 Le Point De Vùe épistémique.

Chap. 2: SEMANTIQUE, PRAGMATIQUE , ~T

.

SCIENCE EMPIRIQUE

2.1 PEVT-ON ~NVISAGER UNE PRAGMATIQUE éPISTéMIQUE? ~

2.1.1 Situations-token et situations-type. ' /~ -2.1.2 Analyse De Processus Vs Analyse De Sto{'uctur'es. 2.1.3 Qu'attend~e D'une Theorie Du Langage?

2.J...3.1 y A-t-il Deq Langues? ' •. 2.1.3.2 Limage Du Miroir,Et Le Mirage De L'image. 2.1.3.3 Di fférents Types De Théor ies Du LangaJP! . . 2.1.4 Exemples D'hypotheses Epistemiques En Pràgmatique.

2.1.4.1 Enoncé De Deux Lois Argumentatives. . \

2.1.4.2 Eléments De Justification. / '

2.1:5 Pragmatique épiscémique Et Pragmatique ~rocéd~rale.

2.2 SéMANTIQUE PURE,VS SéMANTIQUE DESCRIPTIVE., 2.2.1 De La Verite Des Theories Scientifiques~(

2.2.2 Contraintes Forme:les Et ~ti1s Conceptuels. ,2;3 COMP0SITIONALITE ET S~STEMES DE REPRéSENTATION.

"

2.3.1 Du Concept Technique De Si9*'fication; . 2.3.2 La Langue Comme Système De dage. ' , '

2.3.2.1 Sur La Représentation De La Signification~

2.3.2.2 'Structure Des Systèmes De Représentation. 2.3.2.3 Remarques Sur Les $ystèmes De Représentation.

2.3.2.3.1 Hypothèses Sur La Syntaxe .

, 2.3.2.3.2 Hypothèse~ Sur La Représentaion S~mantique ?3.2.4 St~ucture Du Dispositif De

,

Représenta~ion. ,

(7)

'JI

\

f

o

"

...

,

,.

"ft. 1 J" '"

,

~ ~ 1

2.4 "EXPéRIÉNCE" séMANTIQUE ET HYPOTHèSE THéORIQUE.

2.4.1 Jugement'Semantique. Et Jugement c!ognitif , \

0> 2.4.2 ~Exemple " . "-~ /1. DEU'XIEME PARTIE

Chap. 3: QUE.LQUES INGREOIENTS CONCEPTUELS DE BASE

3.1 DE LA COLLABORATION ENTRE SEMANTICIEN ET PRAGMATICIEN. 3.1.1 Des Rapports Entre Interpretation Et Signification.

~ 3.1.2 Su~ La ~emiotique Des Langues Naturelles. 3.1.2.1 Trdis Niveaux Dans L'analyse Sémiotique. 3.1.2.2 Le Signifieur Et Le Signifié. • \ 1 • -3.2; HYPOTHESES EXTERNES.

,

3.2.1 Le Véhicule~Du Sens Et Le Porteur De La Signification. 3.2.1.1 Les Phrases Sont-elles Assez Pertinentes?

3.2.1.2 Toutes Les Phrases Sont-elles Pertinentes? 3.2.2 Aspects De La Signification. ,

3.2.2.1 L'aspe~t Infbrmationnel. ~

3.2.2.2 Autres Aspects.

3.3 SIGNIF~CATION, SENS ET INTERPRETATION. 3.3.1 Phrase Et.Occurence D'énoncé.

1 3.'3.1.1 Enoncé-type Et Aspect Du Sens.

3.3.1.2 Du Sens à La Signification.1 Chap. 4: I~FORMATION POSEE.

4.1 INTUITIVE DISCUSSION.

..

.

c ,

4.f A TENTATIVE ACCOUNT OFoTHE FORMAL SrOE OF UNDERSTANDING. 4.3 EXAMPLES.

,

Chape' 5: PRESUPPOSE INFORMATIF.

5.1. Analyse d'objections préliminaires.

, .

..

\

5.2 Etudes de quelques tes~s.

5.3. De l~ nature de la ~è..i.ation-"présuppose".

, - . ,

5:4. Justification

d.~/statut

proposé.

~.5. L présupposition dans un'mOdèle formel.

(8)

c

l .. ... •

-\

..

.

'

,

.

,

,

Chap. 6: ' TRAITEMENT FORMEL D'UN FRAGMENT OE FRANCAIS

..

-6.1 SYNTAXE O'UN FRAGMENT DE LÀNGUE FRANCAISE.

6.~.l Précisions. ~ C 1.1. l Langue. 6.1.1.2 ~ragment. _ 6~l.l.3 Un Choix "significatif". 16, .. 1. 2 méthode. 6.1.2.1 Les Objectifs. 60.~0.20.2 Les Outils. 6.1.3 Analyse Syntaxique "

6.1.3.1 Structure Ou Modèle Formel De La Syntaxe. 6 .. 1.3.

r

Arbres Syntax iques.

6.1.4 oéter~nation O'un Fràgment De La Langue Fraçaise

~.l.4.l Indices Des Catégories Retenues Dans Le Fragment.

~tl.4.2 Catégories Lexicales

6.1.4.3 Règfes Syntaxiques.

~.1.5 Exemples D'analyse. 6.2 SEMANTIQUE.

6.2.1 Representer La Signification.

6.2 .. 1.1 Niveau "zéro" De Re~résentation. 6.2.1.2 Systèmes.Qe Représentation.

6.2.1.3 Système Oe Représentation De La Signification. ~

6.2:2 La Logique' Intensionnelie. .

6.2.2.1 Types. .

6.2.

20.~ Syntaxe D,e La Log ique In,tens ionnelle b.4.2.r onversion.

6.2.2.4 .~émantique De La Logique Intensionnelle.

6.2.2.5, :è:xemple.. \.

\

,{\ 6 ~ 3 TRADUCTION. . ~ . .

~~ 6.3.1 Liens Entre La Structure Syntaxique Du Fragment Et 6.3.2 Définition De La Fonction De Tr§lduct~on.· 1- \\~

·6.3.3 ~xemp1es

6.4 LES PREMIERES APPLICATIONS INFORMATJ6UES. 6.4.1 Les Outils Et Les Problèmes. .~ \

~ \./

..

-'" \

(

\

T.ROIS!ÉMÉ=;t~~'h

L RGUMENTATION DANS LA

S~N;IQUE ~EP~SENTATIONNELLE

, ,_ i-=.

Chap. 7: °ARGUMENTATION IN

REP~ESENTATÙn.( SE~NTICS

{

\ 7.1 ARGUMENTATION AND

~HE S~MANTIC PROGRA~

• \ 7.1.1 What Is-Linguistic In ~rgumentation.

\ 7.1.2 W?at. Is Argttrnentative .Semantics.

\.2 " OOTLINE OF A THEORY OF MEANING REPRESENTA'rION • . 7.2.1 Ingredients •

• 2.2, Yes, B~ What About'Argume,ntation?

1.3 AN EXAMPLE.I

~

,

\ \

(9)

",

o

"\ < 1

o

\

Chap. 8:' ENONCES, TOPOI ET ARGUMENTATION.

,

8.1 L' AN~LYSe ARGUMENTATlVE. ,

8.1.~ A Propos Des énoncés 'complexes'. "8.1.2 Analyse En Constituants Enonciatifs.

8.1.2.1 La Prérgumentation.

8.1.3 Exemple: Dèscription De Mais

8.1.3.1 Analyse En Constituants énonciatifs. 8.1.3.2 Analyse Prérgumentative.

s.à

ARGUMENTATION-ET RAISONNEMENT IMPLICITE

8.2.1 Description De La Theorie De L'argumentation.

8.2'.2 Vers Des Topoi Simples "épistémisés".'

8.2.3 Topoi Et Prémisses Analogiques

Chap. 9: ARGUMENTATION ET SEMANTIQUE FORMELLE

9.1 SEMANTIQUE REPRESENTATIONNELLE ET TRAITEMENT DE L'INFORMATION.

9.2 POUR UNE ~HEORIE SEMANTIQUE DE L'ARGUMENTATION 9.2.1. Les Topoi.

_, : 9.2.~ Valeur ArgumentatLve Et Valeur Prérgumentative:

9.2.3 Connecteurs Enonciatifs

..

1

9.2.4 Prerientation Argumentative Et "contenu Informatif" ,

BIBLIOGRAPHIE ... ) <1

,.

1 •

..

r

,

(10)

_---"T""---~---.________,---..,...,.~~-

.

---~--\ , 1

c

.'

(

\

.

• 1 INTRODUCTION "

,

Ce travail présent~ et défend une conception de la langue selon laquelle' l' interpr-étation des- énoncés est rondée sur des entités abstraites,

...

conventionnellement associées aux phrases énoncées et ne dépendant que des signes utilisés. Ces entités aestraites constJtuent la

~

.

signification des phrases; les règles conventionnelles ~i

a~socient des significations aux phrases son~ les regles sémantiques de la langue. L'interpré~ation des énoncés est alors obtenue à partir de la signification des phrases énoncées par l'application

- de règles pragmatiques, qui, elles, tiennent compte de la situation d'énonciation et des connaissances et croyances communes - à la communauté linguistique a , laquelle appartiennent le locutèur et son .(ses) destinataire (s).

- de r"ègles non linguistiques

(Po~ant être,-~xemPle,

rhétoriques, comportementales ou même psychanalytiques),

~

qui, selon ~e niveau d'interprétation recherché, permettent de compren9re ce que le locuteur a v~lu dire en fonction de

<

ce qu'il a dit.

-~

.

,

\ "

Cette concep~ion est assel proche (Je la 'tr1.chotomie ~

, ~

que Dascal pose (Dasca~

't

993) entre 'sentence meaning', 'utterrance meaning' et 'speaker meaning'. Dascal argumente

,

.,

de façon extrême~ent rigoureuse et convaincante en faveur \

~

..

"

.

(11)

o

..

o

.' , ~, 0 <:l , "

.

• "

.

, P,age 2

.

, ,,-1

de cette trichotomie: je ne reprendrai pas son

"

argumentation, 'qui, se sit.ue sur un plan linguistique, mais

.

,

je~la complèterai par une

.

~rgumentation méthodologique. , Par

,

ailleurs, Dascal opère cette distinction dlns le but de

q

d~'

e ImIter . le' domaine . de la pragmatique auquel il

,1

s'intéresse, dans ses rapports avec l'esprit et avec la •

pensée; pour ma part, "c' est, à la délimitation de la

sé~antique que je vise, et c'est son étude, en tant que

domaine autonome par r~pport à la pragmatique, , qui m'intéresse .

..

Ayant ainsi précisé le r5le de la signffication. dans l'interprétation,

l.l rôle qui -conduit à ~onsidérer le~

règles sémantiques de la langue comme des instructions pour cQns tr ui re .- des représentations abstraites de cette signi ficatoion, je montre que ces représentations ne peuvent se limiter à ne concerner que le contenu informatif posé. En eff~t, la langue, et pas seulement son usage, ~ournit des

indications concernant

- Jes présupposés informationnels d~ phrases,

- l'orientation et la valeur argumentative que peuvent prendre les énoncés,

les. présupposés argumentati fs, • la force illocutoire,

- et peut-être en~ore d'autres aspects.

'Cette 'démonstration' articule les faits

lingui~iques

1r

(12)

-

.

(

,

(

Page 3

autour d'analyses épistémologiques (comme, par exemple, celles liées au concept de phénomène) et méthodologiques (par exemple, l'anatyse des moyens de falsifier une hypothèse sémantique). Au cours de ces analyses, je m'efforce (au risque de lasser le linguiste) de spécifier et justifier hypothèses épistémologiques et/ou méthodologiques adoptées, et d'en tirer les conclusions applicables au domaine étudié. Cet effort de clarification

\

et de précision est orienté vers une spécification de ce qu\i., "dans les phénomènes liés au langage, est propre aux structures de la langue, par opposition à ce qui en régit l'usage, tant du point de vue psychologique que du point de vue sociologique. De ces analyses, se dégage un domaine d'étude relevant exclusivement des sciences du langage mais n'en cons t i tuant pas la totali té: la lingu i st igue

\

éeistémigue, dont l'une des br anches, la sémantigue

~istémigue est 'le domaine de la théorie représentationnelle de la signification (' sémantique représentat ionne Ile' ) ,

théorie que l'ensemble de ce travail est destiné à fonder. 1

L~ but visé par cette ~héorie est ambitieux. En effet, se fondant sur le principe méthodologique du rasoir ietable d'Occam (v. chap. 2), au lieu de 'régimenter' la langue en réduisant a eriori la diversité des aspects de l'interprétation que l'on veut considérer comme relevant de la sémantique (pratique extrêmement courante, en' particulier chez les sémanticiens qui utilisent un modèle

o

(13)

o

'.

o

\

~ Page 4

formel), on s'oblige, au contraire, à rendre compte, dans la description sémantique de la phr ase, des constantes

.

apparaissant dans les interprétations de ses différents énoncés. La représentation de la signification que cette théorie c'loit fournir pour chaque phrase est donc extrêmement riche, puisqu'elle c'loit servir de base à tous les aspects c'le l'interprétation de ses énoncés. Mais d'autre part, la théorie se veut assez formelle h pour que, connaissant les représentations des éléments d'une phrase, on puisse, ~ un simple calcul en déduire la représentation sémantique de la phrase (cette exigence de compositionalité

~st discutée au chap. 2).

Dans l'effort d'allier la rigueur imposée par le choix d'outils formels à la richesse imposée par la diversité des aspects de la signification, je propose d'adopter, dans un premier temps, des systèmes c'le représentation choisis en fonction de l'aspect à représenter, même si cela doit conduire à une théorie

'multi-facette' qui mettrait en jeu plusieurs systèmes de

représenta~ion et plusieurs formalismes (c'est ainsi que

~'utilise, pour la représentation des aspects argumentatifs

d~ la signification, un formalisme différent de celui que j'utilise pour représenter les aspects informationnels). Cette pratique, qui fait certes perdre de l'élégance à la théorie, lùi confère un pouvoir descriptif peu commun, tout

t

(14)

(

c

,

.

Page 5 L'élégance peut être regagnée par la suite soit en unifiant-les différents systèmes de représe'ntat ion utilisés

(recherche formelle), soit en montrant que la différence de

form~lisme est liée, par des liens nécessaires à des

différences intrinsèques 'entre les aspects en question (recherche meta-théorique).

entreprises lorsque les

1

Ces recherches devront être différents ~ aspects de la signification seront suffisamment étudiés.

Le système de représentation utilisé pour les

1

asp~cts informationnels de la signification est inspiré des travaux de Richard Montague (Montague 1974), complétés par

o

ceux de Karttunen et Peters (Karttunen & Peters ~7), pour la représentation du présupposé informationnel. Malgré cet emprtlnt (ou plutôt, cette 'inspiration') , la sémantique représentationnel1e n'eSl't pas une sémantique vér i-cond i'tionnel1e. En e f fe t, l'util'isation de la logique intensionne11e de Montague' sert ici des objectifs fondamentalement différents de ceux du logicien califo:nien: pour Montague, une théorie de la signification doit dire, pour chaque phrase, ce qu'est la signification de cette phrase; sa"logique intensionnelle permet d'accéder à ta signification des phrases, conçue comme un ensemble de

1

conditions de vérité ou, par une équivalence postulée depuis Kripke (Kripke 1963), comme l'ensemble (infini) des mondes possibles dans lesquel~es ces conditions sont respectées •

La théorie représentationnelle, au contraire, exclut de la

\

.

/

r 1

/ f i

(15)

e,

o

p o

Page 6 sémantique aussi bien la détermination des conditions de vérité des phrases que celle de l'essence-profonde de la

(L

signification.

Les avantages techniques sont certains: -r:,

éliminatton de la nécessité d'une théorie de la ré fé rence pou r le slang ues na t ur elle s, à l'fi recherche •

(infructue~se) de laquelle l~ plupart des auteurs se sont lancés, pour bientôt abandon,ner soit l"étude empirique

,

des langues (se contentant

Ide

travailler sur des sous-ensembles simplifiés de celles-ci et n'en étudiant

\

,

que lés aspects les plus compatibles avec les langa~es

formels), soit l'étude sémantique des langues, considérant que puisque la signification est liée à la référence et cette dernière

,

aux conditions \ d'énonciation, la phrase seule ne serait pas 'signifiante' et la sémantique ne serait qu'une vue de l'esprit, la seule discipline traitant correctement de ïa signification étant la pragmatique.

~

- élimination de la nécessité d'engagements ontologiques (toujours plus ou moins douteux) concernant la langue

..

e~,

en particulier la signification: que l a ' langl!.e .' soi t' dans le cerveau~ l'esprit ou l'âme, que la significatIon soit un ensemble de mondes possibles, un ensemble de tr;:ts sém~ntiques ou une disposition de l'esprit, peu

impo~te pour qui se contente de vouloir la représenter •

.

t'essentiel est que la représentation choisie permette à

(16)

1

c·'

..

,

Page 7 la fois d'effectuer des calculs.et d'obtenir des résultats

.

conformes ~ux attent~s que sugg~rent les expériences e'mpi r iques •

..

"

Les conséquences de ces principaux avantages techniques sont

discuté~s au fur et à mesure qu'elles apparaissent d'ans l'exposé. Mais, indépendamment de ces avantages, . tes considérations méthodologiques et épistémologiques que j'ai évoquées çi-dessus et ~i. sont exposées dans la première

" t":l

partie de cette thèse contraignent à ' éliminer

..

de la

séma~tique les problèmes d'ontologie et tes questions de

/

référence et de vérit~. En ce qui concerne les premiers, de

.

même qu'u~ physicien ne s'intéresse pas (en tant que physicien). à la, 'vraie nature' des ondes, des champs ou dé

l'il1teraction faible, le linguiste- , en 'tant que linguiste, doit se ~ passer de répondre aux questions métaphysiques concernant l'essence des choses de ~a langue. En ce qui concerne les secondes, je propose dQ comparer les rapports ~

entre .le 1 i'ngu i s te et la langue à ceux qu'en tr et ient l'observateur avec un miroir. Si ce dernïer désire décrire le miroir, il doit se garder de~pr~ndre les images que ce dernier réfléchit pour des traits descriptifs du miroir. Il est vrai que l'on peut utiliser un miroir pour observer le

"

mondé, mais alors, la descrtliption que l'on fournit n'est plus une descript}on ~u miroir. De même, on peut utiliser

"

ia ':l. langue comme i ns trument pour observer le monde (l' espr i t

(17)

l,

1

o

..

.

Page 8

"

)

f~it plus de la linguistique; qui plus est, on utilise des

propriétés de là langue, propri~tés qui doivent -être mises

,~ ~,à jour, d'une façon ~u d'une autre, justement par le

l

linguiste. si l'on prend 'référence' et 'vérité' dans leur sens habituel, qui établit un lien entre ce qui est dit et le mo~de,

.

il faut alors se garder de décrire , la

sig~ificatlon en utilisant ces concepts, sous peine de

h

commettre' la même erreur méthodologique que l'observateur qui compterait l'image réfléchie par le miroir au nombre de

ses caractéristiques. i

L~ logique intensionnelle de Montague n'est donc pas

..

utilisée, ici comme moyen d'accès\à la sig~ification, par l'intermédiaire de condit;ions de vérité, qui seraient- plus

facil~s à établir pour ce système formel que pour les

langues naturelles: .elle sert de système de représentation de la signification. Les pr~priétés référentielles et véri-conditionnelles de ce système servent à construire l'univers discursif de l'énoncé,

l'énoncé dans le 'monde réel'. 1 Cet

et non pas à ancrer

\ \

u'niv'ers discur'sif de l'énoncé, pour la construct ion duquelK"la 'phr<;ise pon~e des

/

..

\

(18)

c

{

..

c

-.

instructions, structuré de contenant des cor rep~ndant en jeu (1). , Page.9 •

peut être considér~ q~mme un el)semble

modèles partiels, totale~ent abstraits,

, À .

elements et ' des r;elations (abstraits) aux entités et aux

..

pr~dicats que la phrase· met

.

.

Les recherches concernant les aspects argumentatifs de la signification sont fondées ~ur les travaux d'Oswald Oucrot et de Jean-Claude Anscombre (voir biblio~raph~e).

Leurs idées o sont 'interprét~es librement' e~ remaniées en

u

"

tenant- compte notamment des considérations meta-théoriques

'"

'

exposées en première partie. En~articulier, l'analyse des conhecteurs conduit ~ opérer une d(stinctiun entre l~ présupposé argumenta-t i f et le posé argumenta tif, ,d i-st i nct ion qui rappell€ 'l'analyse des aspects informationnels.

En

fait, cet~e distinction semblerait devoir se retrouve( dans

v

'tous les aspects .de la significa~ion. La notion de topos,

.

introduite. par Anscombre et Ducrot pour rendre compte des

,

rapports entre les aspects pragmatiques et les aspects sémantiques de l'argumentation, bien qu'inspirée des topoi aristotéliciens, acquiert, dans cette théor ie une

.

indépendance et une ~orig{n~Jité spécifiques •• J'analyse (1) • Ramp (Kamp 1980) et Hausser (Hausser 198.0) ont .dévèloppé des' idées' as~ez voisines, le' premier insistant sur la représentation, le second sur la constuuction. On peut coitsidérer l a ' Oiscourse Representation ,Semantics' (ORS) de ,Ramp comme une théorie visant des objectifs semblables à'

ceux de la sémantique Représentationnelle, au moyén d'un système de rep!ésentatio~ différent."

'\.

v \

..

(19)

••

o

0,

o

(

,

cette notion et propose des moyens d'en dériver des concepts

techniques campa t i ole s. avec les objedtifs et le formalisme

T •

de la sémantique Représentationnelle, sans prétendre

,

cependant aboutir à une ver~ion définitive du concept. D~

nombreuses questions restent en effet quvertes, quescions que j'expose dans la conclusion (chap~\ 9). Les topoi sont des règles d'inférence fOQdées sur les croyances et connaissànces propres à une communauté linguistique, qui prOduisent les orientations argumentativés des énoncés à

partir des fndications portées par la phrase et des situations d'énonciation.- La forme précise des "topoi

,

,

est donc conditionnée:

,

par la forme que la théor ie impose pour la

représentatlon des indications argumentatives P?rtées par la phrase, et

par le type de représentat ion des orientations

/.'

argumentatives que requerrait une théorie pr agma t i \ qu~

appelée à les manipuler.

Provisoirement, et sans justification, je considère que le système de représentation ut i lisé pour le contenu :nformationnel fournit des représentations satisfaisantes aussi bien des orientations que des indications argumentatives. Le formalisme global pour la représentatio~

"

l , •

des aspects argumentatifs est 1 néanmoins nifférent du

précédent, puisqu'il fait intervenir ces régIes d'inférence,

a~sent~s du modèle informationnel.

(20)

(

\

...

..

c

.

.,

Page Il

..

.

, ,

"

L'analyse s~mantique d'une phrase fournit donc ~ la pra9matique, outre le pos~ et le présupposé informationnels,i des prémisses argumentatives (posées) qui, par l'application

d'un topos ad~quat , produ i'sent des orientations argumentatives. Le choix du topos est conditionné par les contraintes argumentatives' (présupposées), liées à la

p~rase, et, du côt~ pragma~ique, pa~ la situation de ' l' ~noncia t ion.

La description sémantique d'une phrase est donc( composée de ~

1

quatre (1) sous-descriptions, Pl' P2 pour l'information et R

l , R2 pour l'arqumentation. 'Le meta-langage utilisé

pour Pl' P2 et R2 est le meme: " dans les modèles

proposés ici, il s'agit d'une ~ var iante de la Logique . Intens ionnelle de Montague . En, ce qui concerne

..

RI' la

"

représentation des conditions sur les topoi oblige à

ç.

Je ne prétends

~videmment

pas limi ter, à quatre le nombre des ~speçts de la signification: il s'agit seulement de ceux qui sont tr.aités dans ces travaux. Il faut d'ores et déjà prévoir d'étudier les aspects relatifs à la forée illocutoire (Van der Veeken -exposé au CSLI, Université de Stanford, Juin 1984- donne implicitement des arguments en faveur d'une telle entreprise, puisqu'il distingue deux niveaux de 'vérité'- de .. la' force illocutoire, gui correspondent à une démarcation assez voisine de celle que je propose entre la sémantique.èt la pragmatique). D'autre part, il es~ probable que les deux adpects irgumentatifs que j'isole ne soient pas suffisant's 'pour rendre compte de l'ensemble de l ' arg4mentat ion sémant ique: l a ' force argumentative des énoncés doit vraisemblablement être déterminée en partie grâce à des ,indications véhiculées par,

la phrase.

(21)

1 : , 1

.

.

1 Page 12 enrichir la Logjqpe Intensionnelle, d~ manière à permettre la quantification sur un type ',bien' délimité de règles d'inférence (les topoi), lesquelles doivent donc pouvoir" être représentées par ce nouveau système.

La sémantique Représentationnelle repose, on l'a vu, sur une concept ton briginale de la langue, s'appayant' su~

une méthodologie rigoureuse.'îSon programme ambitieux, s'il s'inspire de théories ayant m~rqué le domaine depuis une

/

douzain~ d'années, n'en constitue pas moins un tout relativement homogène et unique. Les techniques utilisées

\

garantissent la rigueur et la précision nécessaires à La

réalisation du programme sans pour autant en diminuer les ambitions. Elles permettent en outre .d'envisager ,

, une

info~~atisation du modèle, grâce, en particulier, aux langages informatiqu~s évolués que sont PROLOG et LISP. De

nombreuses questions restent cependant ouvertes, surtout en ce qui concerne le traitement formel de l'argumentation, qui est,

fait

à ma cornaissance, la première tentative du genre. que ces questions se démarquent nettement préoccupations métaphysiques destinées à

,

rester

Du des sans réponse, et correspondent, au contraire, à des problèmes téchniques (choi~ du formalisme, choix. de tel type de représentation,etc.) ou empiriques (tel phénomène prédit par

,

la théorie a-t-~l lieu? Tel phénomène dont on sait qu'il a lieu est-il

susceptibl~

d'être prédit pa; la théorie?), ces questions, loin d'être symptômes de

faible~se,

témoignent

1

de la bonne santé de la théorie.

,

~

) "

(22)

(

(

1

\

-', ". ", ".,/'" - .;.~ " PREMIERE PARTIE CADRE METHODOLOGIQUE

"

!

l

~

C~tte-première part~ est destinée à expliciter en

\

quël sens et à quelles - conditions l'atude de ~a

.l

sig~ification des langues naturelles est une étude scientifique et f . •

empIrIque, à ' délimiter un cadre méthodologique qui, tout en respectant ces conditions, permet de concevoir l'étude de la' signification "potentielle" des phrases, dans la diversité de ses aspects et dans ses rapports. avec les interprétations des

l

occurrences d'énoncés de ces phrases (chap. 1 et 2); et à préciser une ~émarche théorique qui, tout en respectant les

1

exigendes de scientificité et d'empiricité du chapitre 2 et , en . reflétant :les ch~ix • méthodologiques du

,

chapitre l, fournÏ9Se les 1 outils conceptuels nécessaires à une

..

représentation formelle de la signification, qui soit à la \ fois satisfaisante empiriquement (ce qui est autre. chose que de répondre aux cri~ères à'eropiricité), et utilisable pour le traitement automatique des langues naturelles (chap;3).

,

J 1

~ ~

\

.-.,.. .-...a... .à.. .

(23)

, \

o

f

o

.,. • < CHAPITRE 1 L~ DOMAINE DE LA SEMANTIQUE

Dans ce chapi tre, j'examine les quest ions méthodologiques qu~ 'pose u~e étudeoempirique dès langues naturelles, et, en particulier, de leur sémantique. Je montre que .la compos i t iona 1 i té est une i ns tance Cl' un principe général qui caractér ise toute démarche scientifique, plutôt qu'une hypothèse empirique. Ce

,

prinoipe impose un certain nombre de contraintes au concept • technique de signification qu'une théorie peut mettre en oeuvre. n'autres j - contraintes sur le concept de signification sont imposées par le type d'èxpériences qu'une démarche empirique exige. L'analyse de ces exigences

./

empiriques et de leurs conséquences ( sur le concept

de-...

signification nous conduit aux frontières de la sémantique: c'est ici que cette dernière confine avec la praqmatique

e

d'~ne part, et les sciences cognikives (l'Butre part.

(24)

\

(

\

\\

.~

,C

••

\

.

': LE DOMAINE DE LA SEMANTIQU;:

\\

..

~

1.1 Rendre Compte D'un Phenomene.

L'activité soienti figue consiste en gros à construire et modifier des théories destinées à "rendre comgte" de l'ensemble des

.

, ph~nom~nes d'un domaine. Des hypothèses 'externes aux thÉ'or ies- découpent" le réel et

.

,

,

constituent ~_aï)nsi ces domaines: ces m@mes hypothèses <externes\ déterminent ce qui sera consièléré

phéndmène

~pertinent)

pour une théorie donnée. Une

comme un théor re rend 6ompte' d'un ensemble de phénom~nes, en associant à

,

chacun àe ceS phénomènes (entité ou événement) de cet enS'emble une représentation abstraite des aspects du phénomène que la théor le se propose d' é tud ie r (1). Pour q~

la description est nécessaire

ait un quelconque intérêt scientifique, i l

\

,

...

,

que ces repres~ntations satisfassent a

\cer~aines

contenter

contraintes: on ne peut, par exemple, se d'un cataloque (infini) d'occurrences de phénomènes associés aux représentations que l'on prétend leur attribuer. Les représentations des phénomènes doivent constituer un système génératif c'est-à-dire une structure contenant des représentations é1émentaires et des règles qui \

(1). Voir-développement au § 1.2.2: APPROCHE PROCEDURALE

E~ APPROCHE EPISTEMIQUE EN SEMANTIQUE •

• t -Â.

(25)

o

o

(

' l... \ t\age 16 LE DOMAINE DE LA SEMANTIQUE

permettent de produir'e des représentations complexes à' partir

d~

représentations

~lém~ntaires.

Qui plus est, ces

repré~ent~tions complexes doivent correspondre, de façon

régulière, aux phénomèmes (auxquelg on prétendrait les associer di~ectement.~

Pour illustrer cette double exigence, imaginons

,

que l'on s'intéresse à l'ensemble des phénomènes concernant le

mouveme~t d'un petit objet. Supposons que lion décide d'associer à de tels objets un vecteur X (représentant la position de leur centre de gravité dans un repère donné), à leur vitesse un vecteur V, et un nombre t au temps qui s'est écoulé depuis le début du phénomène, admettons en outre que

~,

v,

t prennent respectlvement les valeurs XO, ;l

va

et 0 au début de l'expérience. Ces représentations élémentaires "étant admises, le but d'une théorie de la trajectoire des

\

'.'

petits ~objets sera de mettre en relation les valeurs possibles de X, V, et t de telle façon que les valeurs , satisfaisant cette relation soient précisément celles par lesquelles l'observation empirique .. -nous aurait conduit à vouloir représent~ la position, la vitesse et le temps écoulé. Ainsi, supposons que cette relation nous permette de calculer X en fonction de t et des valeurs XO et

va

de

-ces paramètres et supposons en outre-, par exemple, que pour une valeur t1 de t, la relation. donne une valeur

On s'attend alors à ce que l'observation

Xl de X.

)

(26)

,

,

'.

c

LE DOMAINE ÔE LA $EMANTIQUE Page 17

~

mouvement "confirme" ce calcul, c'est-à-dire que, au moment

" 1 , , \ ;

represente par t Clans notre systeme de representatlon, la position réelle (lu pet i t objet soit,,- effectivement représèntable par xl. C'est donc dans ce sens qu'il faut 1 compren(l\e que la théor i e erédit ,je l'expérience

.J

ou rend comEte du phénomène.

,

Une théorie scientifîque, pour un ensemble

,

de phénomènesr procède donc, d'une e 'f açon, oa r ana logi e: les relation~'qui existent entre des phénomènes Al, A2 An (dans notre exemple, les caractéristiques \ spatiales ~nitiales du petit objet ~ont on étudie le mouvement), représentés par Cl, C2,

c

4'

en' (dans notre exemple; les valeurs initiales ne x; V, et t) et

des-phénomènes BI, B2, Bp (dans notr-e exemple, les

,

carêlctér,istiques sp~tiales de l'obj~ en coLfrs de mouvement)

repr~ par Dl, D2, •.. Op' (dans notre exemple, les valeurs

sati~aisant

la relation entre X, V, t, XO et VO) est su 9 9 é rée pa r I a rel a t ion en t r e Cl, C 2, ••• C n' et Dl, 02,

.. . Dp' . Cette analogie, constitutive des Cléser iptions

scientifiques

est~une

analogie de structure. La némarche scientifique établit~ ainsi un homomorphJsme entre - la structure phénoménolog ique et la str.ucture..9Jl sys tème âe .repré senta t ion.

--'

..

-.

'.

(27)

o

LE DOMAINE DE LA SEMANTIOUE Page 18

1.2 Constitution Du Domaine De La Semantique.

.

..

De ce point

ne

vue, un projet scientifique ne descr1ption de la signification doit avant tout r~oonnre à

trois questions préliminaires, externes à toute théorie:

- Que) genre d'objet sera consid~ré comme porteur de signification (découpage du réel et détermination des phénomènes) ?

,

A quelles ent it"; s . associera-t-on nes représentations élémentaires?

J

- Quels aspects de la signification spront ptuni~s ?

,L'analyse de cette première question loue un rôlp consid/rable dans la détermination -et oas seulpment (Jans 1.1

délimitation- de la th~orie. En effet, lp~ c~it€res ne àécoupage du domaine influencent le mon€' ~t la nature ne l'investigation: ce n'est que lorsque ces crit~res ont pt~

exp1icités que l'on sait (Je quoi f~ théorie est une thAorie. Le plus souvent, les cr'i tères de àécoupaqe iiu àoma 1 ne, sont implicites chez les théoriciens: i l ~emb1e qu'~ctuel1pment

1me stratégie de" nécoupage soit relativem~nt;) 1~ mode en 11 ngu i st lque- aussi bien

. st~atégie que i'ai appelée le sens habi tue1 nU mot.

qu'en philosophie c'lu lanqaQP,

\

'fonct'tonalisme', en

-

.

plarqls~ant Les oages qui ~ufvent pr~c18~nt

(28)

C

(

-.1

J

LE OOMAINE DE LA SEMANTIQUE \

(

Page 19

semble digne d'intérêt aussi b' len en ce qui concerne la ~ pragmatique q~'en ce qui conce"rne la sémantique: le poin't de vue épistémique. Des élémenès de réponses aux deux autres questions transparaitront dans cette étude, éléments qui seront repris et développés dans les chapitres suivants

(en particulier, les chapitres 2, 4 et 6).

(APPROCHE PROCEDURALE ET APPROCHE EPISTEMIOUE

~ l , t

EN SEMANTIQUE) (l)

1

Les considérations méthodologiques et, plus ~

généralement, épistérniques qui suivent, visent à critiquer les prétentions hégémonique des différentes formes de fonctiona1isme en sciences humaines - mais aussi dans les autres disciplines - et à montrer l'intérêt et ~la nécessité de recourir à un point de vue épistéWique. Le domaine privilégié ici, dans lequel la plupart nes exemples sont 1 pr i s, et pour lequel cette clarification me semble actuellement indispensable et urgente, es~ cel~i de la linguistiqueJ, et plus particuljè~ement de la sémantique. La

..

(1) Extratt d~une conférence au Groupe de Travail sur l'Analogie, Paris, Mars 1984.

(29)

o

,

o

LE DOMAINE DE LA SEMANTIQUE , Page 20

, -< ,

par un~imitaiton

a souvent apoelé

quelque , peu discussion commence

res tr ict ive de ce qu'on

..

le "pouvo

lr-, \

explicatif" des théories scientifiques, ~~limitation ~ui compte parmi ses conséquences les thèses principales ~e

cette discussion, mais "noQt l' accept,. ion nlest pas nécessaire pour le reste de l'argumentation. Combattr~

l'hégémonie du fonctionalisme ne r~vient pas à combattre le fonctionalisme: je montrerai que les thèses" fonctional istes constituent un critère -parmi d'autres- de n<'k?coupaqe n du "réel", critère qui', pour être pertinent, n'~n est pas pour autant, unique. Après avoir montré ~ue l'on p'eut expliquer beaucoup des q < s (plus ou moins (loqmat ique<;) entrE" linguistes par l'incapacit p dont chacun fait preuve ~e

pre\dre en consinération un autre découpagE" du rpPl que celui qu'il a·choisi (plus ou moins expl icitement pt p!us ou moins volontairpment ... ) ; e oropose un (lr.collpaqe ~en

phénomènes linguistiques selon des critpres que

i '

.:Ji qualifiés (lI "épistémiques", en CP qu'ils corrpspondent aux

besoins d'une analyse de la langue en tant qUE" tel\e ~ non

~ ,. ~ ,

pas de son usage. Un peu comme qL l'on cherchait ~ dpcrlr~

..

un marteau à quelqu'un qui ne sait pas, et n'~ plie; lp.c; moyens de savo i r

• ce q,u' eqt un clou: p~r ~e~

~aractéristiques intrinsèques) • Du point ~p vu~

épis~émique, l'étune

ne

l ' usaqe rie la langue est' sf!'conrle par

rapport à celle de ses structur~~. J'expose quelqués c0tl~raintes métholioloqiqu~s l,Ipes au choix aoproche' épistpmiq'Je, ~t f'en (Mtlul,

1

.

*!n8utt~ de c"ttl! quelqu-.s

.-, , \

..

(30)

c

,

c

b

LE DOMAINE DE Ll\ S~MANTIQUE Page '21

.

caractéristiques des enti tés phénoménologiques qui constituent les ingrédients de base du domaine ainsi

délimité.

-

--1.2.1 Lois Naturelles, Description Et Explication.

-f'

On dit souvent qu~ la Nature obéit à des lois: qus les phénom~nes naturels s'expliquent par des r~gles: ou encore que telle théorie explique tel ensemble de

phénom~ne s. Tant que tout cela reste général et métaphorique, ces propos sont inoff~nsifs: en revanche, si qullqu'un se mettait à croire que la Nature obéit réellement

iii

à des lois (en ce sens n'hésiterait

r.

à - le

qu'elle ser.ait obéissante), on considérer

,

(cette attftude est relativement l'horreur du vide dont on taxait la deux siècles ••• ).

,

Pour ma part, je

seulement l'attitude qui consiste

ob~i~sante, mais encore celle qui théories cons t i tuen t des ex naturels, dans le. sens h&oitue1 du. m

.

effet, aussi bien la deuxièlfte 'q

.

attitudes presuppo~e , une métaphys i

mys tique o.u fou ~

pénser à

i 1 Y a mo i n s de

mys tique non la nature est croire que les aux phénomènes "explication". .En la première de ces toute pa

r

tic u 1 i ère, selon laquelle la Nature eptib1e de comEortements, qui, dans le premier

nature diviné ?)

.

• et, Gas, dans le deuxi

ictés par des

.

lors (de

~

(31)

a

,

o

J ) r i

LE DOMAINE DE LA SEMANTIQUE Page 22 l'on pourrait en fournir

\

.

des causes). Peut-on

raisons .(et peut. être. même

-érieusement affirmer que la loi de

l'attrac~ion un~verse~le e t une cause (ou ~ême une rai~on)

du mouvement àe la Terre autour "du Soleil, au même titre que l'on pourrait dire que la jalousie d'Othello a été une des causes, une des raisons d~ la mort de Desdemone ?

-~

IL

me semble que la seule façon de ne pac; personifier la Nature (avec tout ~e que cela implique de "

myst~cisme) est de _ considérer que les "lois naturelles"~";

t

cessent d'être des ''Lois lorsqu"on les examine du point ne vue de la Nature et ces~ent à'être naturelles nès qu'on lps

l ,

-considère comme des loi~: s'il est n~cessaire ~'anmettre.

'"

.

que les régularités de la nature pré-existent à l'homme ~t

sont indépendantes ne leur 'découverte' par celui-ci,

soutenir que ces régularités existent à ~~ ,n'unp loi

,

implique cette personification de la nature qu'il me semblp nécessaire ne rejeter.' Ouelle loi cont~indrait la Nature ~

obéir à telle ou telle loi? Et si l'on v9ulatt en ~noncer l

f

une, quell~ autre loi contraindrait la Nature ~ se conformer à- cette dernière loi (2)? Le terme "loi naturelle" est hien commode et nous permet, par une ~~taphore. simple, ~e parl~r

\

.

!\r J i'

\ J

(1).

Bas van Fraasen a souvent [ns18té sur ce,pO'lnt.

'[

- 1

sa discussion

d~taill'e d~ns

van

Fraasen 1985.~'

.

1

.,

Voir

(32)

(

\

(

"

LE DOMAINE DE LA SEMANTIQUE . Page 23

d~un processus assez complexe~ mais il ne faut pas prendre

'l'ombre pour la prote: ce que les expression~ de la langue , mettent en jeu n'a d'existence que dans la repr1sentation que l'emploi de ces expressions suggère. ~ fait que l~on

puisse parler de lois natdrelles n'est pas une caution de leur ~xiAtence. Si l'on considère une théorie scientifique comme un ensemble de règles engen~ant .une description de certains aspects d'une classe de phénomènes et non pas comme Expliquant ces phénomènes, on dispose d'une conception plus

,... "

raisonnable des 'lois naturelles', conception que l'on

r.

pourrait qualifier de de dicto: ce que l'on appelle 'loi naturelle' est une règle qui explique la description d'un phénomène, dans le cadre de telle ou telle théorie, en ce

s~ns qu'elle permet de générer cette desc(iption. L'examen

des théories de l~ physique illustre bien la nécessité d'unp telle prudence. Ainsi, si l'on consioérait la 10l régissant

..

,

le mouvement linéaire uniformément accéléré, exprimée par le relation:

e

=

l/2gt2 + vOt +eO

comme une explication de la trajectoire d'un . objet lancé avec la vitesse initiale vO au moment t=O et au point eO, de

.

\

l'espace, on devrait aussi expliquer pourquoi cette relation régit effectivement ce type d& mouveme~t~· de fil en

..

aiguille, on finirait par proposer comme explication la loi

..

(33)

o

....

"

LE bOMAINE DE LA SEMANTIQUE Page 24

F

=

K 'M. M'

d2

à laquelle i l faudrait encore t~ouver une' explication, et ainsi de suite. Heureusem,nt, les physiciens ne proc~dent"

pas ainsi. Ces p.quations n'ont pas pour but d'expliquer l~s

t

. ,

'mystères' de la nature, mais d'expliquer comm~nt la théorie décrit et prédit les phénomènes dont elle est censpe 'rendre compte' • On voit encore une fols réapparaître le fameux adage d'Auguste Compfe, selon lequel les questions scientifiques se formulent en "comment ?" et non· en "pourquoi ?".

Lorsqu'on examine une théorie syntaxique de ce point, de vue, le statut des règl~s syntaxiques apoarait aussi clairement que celui nes lois ne la physique:' une rèqle syntaxique a pour fonction, non pas d'expliquer Dourquoi la phrase A est grammaticale. alors que la phrase B ne l'est

J;>as, mais d'engendrer nes descriptions linguistiques de la

.

forme

La phrase A est grammaticale

La phrase B n'est pas grammaticale

Comme en physique, on peqt s'élever d'un niveau' t~éori~ue et formuler des lois qui engendrent .des règlesl les 'universaux' linguistiques' sont aux rèqles syntaxique. et

(

(34)

,

c

(

'.

c

LE DOMAINE DE LA SEMANTIQUE Page 25

que la loi de l'attraction universelle est

.

à l'équation du' •

,

mouvement rectiligne uniformément accéléré? Mais, comme en

.

. , .

.

,

.

- physique, les lois d'un niveau théorique superieur n'ont pas de valeur explicative intrinsèque_

\

...

L'impression d' 'explicàtivité' produite par une théorie scientifique e-st

exté~ieure

à la' théorie. ,Elle est dûe à une combinaison de plusieurs facteurs subjectifs,

pa~mi lesquels:

- notre propension à croire que la nature obéit à des règles; , ' facllement 1 ne 'pas pistinguer notre tendance à un phénomène de sa

descrfp~ion!

La combinaison de ces facteu}s est vraisemblablement opérée par le rai?onnement abductif' suivant:

Puisque la nabore obéit à des règles et puisque la règle R enge~àre une description satisfaisante ~u phénomène naturel P, ce doit être à cette règle R que la nature obéit pour produire ce phénomène P (remarquer le glissement de dicto ---) de re de la première 'à la deuxième occurrence de R}.

Cette remise

1( en question du cara~tèrB intrinsèquement

~xp1icatif des théories, scientifiques ne s'oppose qu'en

,

la

apparence a distinction chomskyienne

.

entre ~équ~tion

descriptive et adéquation explicative: le . fait que le caractère explicatif d'une théorie_ soit externe à cette théorie et que l'impression d"explicativité' repose, en

(35)

..

, ' J

o

' .... l LE OOMAfNE DE LA SE~NTIOUE

Page 26

\

..

,

,

1 pa r t i e, , sur des éléments subjectifs ne dispense pas de

.

valor iser l' adé,quat ion explicative par rapport à lladéquation exclus i.vement de.scriptive(l) • Il ne semble pas exagéré- de demander d'une théorie q~'elle suggère, même

"

métaphoriquement, des réponses

.:,

il

"-

nos questions

, \ •

métaphysiques, même si, n'un point ~e vue scientifique, ces ques t ions sont ma l posées. Les rl,echerches sur. l' adpquat ion explicative deviennent -alors un domaine dans lequel l~

\

philosophie de la science, la philosophie de la conn'aissance et les sciences cognitives, ~t même l'pthique, doivent

\

coopérer pour élaborer nes réponc;es à la question: "Qu'est-ce qui compte comme exp l i ca t i o'n pour l' Homme?". La nécessité de ce type (Je recherches se fa i t

p\

i~.pnce

lorsqu'on constate que, même (Jans les travaux de

phil9sophie de la science (et encore moinc;, bien sûr, .... nans les travaux physique ou de 1 inqu{c;tiqup même théor iqu!=!s) , ces quest ions sont, presque toujours, soigneusement évitées, y comprise par les aute'urs qui valorisent explicitement l'adéquat ion exp' ic~tlve

rapport à l'adéquation descriptive. Ainsi, cette remisp en question n'est pas seulement compatible avec les aspirations de la grammaire transformationnelle: elle prépar~ les bases

---

---(l)~ La subjectivité ~e la notion explique peut-itr~,

d'ailleurs la subjectlvlt' de~ d~bats ~ so~

lu1et •••

«

(36)

(

..

, (

·c

J •

LE DOMAINE DE LA SEMAN~IQUE Paqe 27

~

d'une justification.' non exclusivement rhétorique de ces

aspir~tions.

1.2.2 Délimitation Du Domaine.

-L

J

1..

li Si.l'on admet qu'une théorie -au moins

descriptive

-èst un ensemble de règles qui engendrent ~eg descriptions ~e

phénomènes, on est amené à préciser, en ~mont de la théorie,

01

ce qui sera, pour cette théorie, consioéré comme un phénomène: il s'agit de délimiter ·le domaine d'application de la théor ie. Cette oélimitation, préalable à la construction de la théorie, se fait selon un certain nombre de critères de pertinence, qui constituent ce que Ducrot

,

appelle les 'hypothèses externes' (Ducrot 1973). Pour 1 chaque phénomène retenu, i l convient de préciser l'aspect du phénomène dont la théorie se propose ne rendre compte. Les

~

stratégies de 'découpage' du ré~l en domaines et d'analyse des domaines en aspects ~ont, le plus souvent ., implicites. Ce fait est responsable de bOn nombre de controverses inutiles, dont j'analyse ci-dessous quelques exemples concernan,t les sciences du langage •

1.2.2.1 Délimitation En Domaines.

-Pour' délimiter ~e domain~ de la sémantique linguistique, il n'est pas su~fisant d'affirmer qu'elle est "l'étude de la signÏfication". En effet, ~ s'agit-il de

,

, f '

(37)

..

'.

o

LE DOMAINE DE LA SEMANTIQUE l ' Page 28

l'étude de l'action de signifier ou du resu! ta t de cet te .

.

l-r

,{\

potentiell ~es

action ?- S'agit-il ~e la signification

expressions linguistiques, de la signification visée par

ceux qui utilisent ceS expres5ions, ou du résultat obtenu (l'effet de sens) sur l'{nterlocuteur ?

.,

On aura pu oire, par exemple, que la signification dépend largement

...

(pour certains, exclusivement) ne la situatiQn, des conditions ou du cont~xte ~'emploi ne~ ex~ressions linguistiques (cf. l'adage oe Wittgenstein: "Meaning is use"). Pour celui qui consid~re la s~mantigue

comme l'étude des "effe\ts cie sens" (effet obtenu par l'emploi d'une expression donnée dans une situation donn~e),

cette façon de voir la signification n'a rien oe choquant et, au contraire, semble justifi~e par le fait - certain que, dans des situations assez nifférenteq, u~e même phrase peut être hinterprêt~e" de façon notablement diff6rente, et que, dans une même situation, ~es phrases diffprente~

peuvent être interprêtées de façon a~aloque. ~n revanche,

,

pour celui qui considère la sémantique comme l 'htuàe ~e la'

\

- signification potentielle des expressi.ons l inqu!qtfqueq, tl

,

est absurde d'envisager de faire lJarier la !Jiqnific,I\tion \ (donc potentielle) à'une exoress ion en f.onct ion (fe la \

situation car ce qu'on cherche ici, c'est un point commun à partir duquel les (fifférentes interprétat ions

déri\'er. Toute controverse à ce sujet est sOus-ten

(38)

c

,

)

c

LE DOMAINE DE LA SEMANTIQUE Page 29 Un autr~ exemple de "dispute" entre linguiste~

fondée sur une confusion des domaines d'étude (en fait, très

voisine de la confusion mentionnée ci-des~us), est la contrOverse fameuse entre empiristes et rationalistes: poLi

"

ces derniers, l'objet d'étude de la linguistique est ( l'ensemble des structures "mentales" qui interviennent dans

la ?~nnaissance et l'u~age du langage, tandis que pour", les

v

~

premIers, la ringuistique est l'étude' des structures formelles des productions langagières effectives (dans le sens d' "actual"). La notio'ri de \transformation telle qu'elle a été développée à l'origine par Zellig Harris relevait de ce dernier point de vue: une transformation était une relation occu.rrant régulièrement (dont on postulait la régularité) entre des expressions réellement produites (corpus). Petit à petit, au fur et à mesure gue Chomsky passait d'un empirisme modéré (Structures Syntaxiques) à un rationalisme résolu-\ (Language & Mind), ce

concept de transformation évolue et prend la forme d'une structure de l'esprit, éventuellement innée, et par~icipant

des structures "psycho-mentales" intervenant dans la connaissance et l'usage du langage.

Dev.ant cette situation, la question de savoir si c'est Har~is ou Chomsky qui a raison est évidemment absurde:

,.

il ne s'agit plus de deux descriptions incompatibles du mêJ1le objet, mais de deux objets différents, pouvant éventuellement coexister. On peut se demander si Chomsky a

..

1

1 1 1

!.

(39)

,

1

o

o

,

'

..

LE DOMAINE DB LA SEMANTIQUE

.

eu raison de choisir le même terme que Harris pour désigner

~

..

cet autre concept, mais cette question n'est plus très intéressante pour nous.

\

1.2.2.2 Délimitation Des Aspects D'un Domaine. - Il

est inutile de multiplier ~s exemples de controverses

"terminolo~iques" nées d'un postulat implicite d'identite ,'lo

des domaines d'étude des deux théorie~ (ou proto-théories) qui en fait étudient deux domaines diqtincts. Penchons nous

sur les cons~quences d'un p~stulat implicite d' identltp nes

aspects étudiés par deux théories visant les mêmes domaines mais étud iant en fait des aspect~ différents des mêmes phénomènes.

semblables

On constatera qu' e Il,ec:; f.

- / \

~.

sont

J

à ce que l'on a entre~ ci-dessus.

tout-k- fait

J

..

, ,(,

Conslaerons, pour notre exemple, deux théories dort le .domaine d'étude

,

est l'effet de sens produit sur l'interlocuteur par l'énonciation des phrases. Comparons les rpéictions hypothétiques des tenants de châcune de ces

devant l'exemple suiva~t:

A et B, ne se connaissaDt pas, ~archent dans une rue

~

f.-d'une grande ville, et.~ aborde B:

- A: Avez-vous l'heure?

- B: Oui (et vous '?)

"

En accçrd avec la première théor ie~ que

..

.,

.

(40)

(

»

o

) ~

LE DOMAINE DE LA SEMANTIQUE pag,e 31" ,appellerons" caricaturalement searlienne, on considèrera

vraisemblablement la r~ponse de B comme "unfelicitous", c.à.d. comme enfreignant l'une de ses règles, tandis que d'après la neuxième, que no~s appellerons' "-non moins caricaturalement- davCiosonienne, la réponse de B sera

consid~rée comme correcte si et effectivement l'heure.

r

seulement

sJ

B

Sur cet exemple

(lui-m~me

caricatural),

~

j'ose espérer qu'il n'y a pas eu, et qu'il n'y aura pas de controverse sanglante: la différence ne point de vue est trop flagrante pour qu'on

\ ' l'ignore. En effet, ne toute

évidence, la première théorie conc~rne les neffets (# ,

"juridiques" (l'obligation morale de répondre, d'agir, la

If

-modification des rôles, bref, la force illocutoire) Il produits par les énoncés tandis que la deuxième théorie concerne les effets "informatoires" (ou véri-conditionnels) des éÎToncés., On 'peut contes ter

,"

aspects soit digne d'intérE, ou considéré comme appartenant au

que l'un ou

l'autr~

bien m~rite d'être domaine

d~ l~

sémantique, mais il n'en reste pas moins que les deux th~ories ne sont

-pas en compétition. Tout a~ plus, on peut se demander si une théorie "compréhensive" de ce domaine pourrait, pour chaque énoncé, engendrer des t

descriptio~s

de ces deux .aspects.

,

v

ri <

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