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Le monde et la centralité

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(1)

HAL Id: halshs-00150003

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00150003

Submitted on 14 Jun 2007

HAL is a multi-disciplinary open access

archive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

Le monde et la centralité

Michel Bruneau, Gilles Lepesant, Joël Pailhé, Françoise Rollan, Alain Viaut,

Igor Ahedo, Pascal Buleon, Michel Cahen, Jean-Paul Callède, Fabienne

Cavaillé, et al.

To cite this version:

Michel Bruneau, Gilles Lepesant, Joël Pailhé, Françoise Rollan, Alain Viaut, et al.. Le monde et la centralité : Actes du Colloque de Bordeaux, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, avril 2000. Pierre Duboscq. TIDE-CNRS, pp.CD-ROM, 2000. �halshs-00150003�

(2)

Le monde et

la centralité

Le monde et

la centralité

centrality and the world system

COLLOQUE

INTERNATIONAL

symposium

Bordeaux

Bordeaux

26-27-28 avril 2000

26-27-28 avril 2000

ACTES-2

(3)

La deuxième édition des actes du colloque

Le Monde et la Centralité

est diffusée après gravure sur CD

par TIDE

Territorialité et Identité dans le Domaine Européen,

équipe de l'UMR 6588 du CNRS

√ Cette édition des Actes du colloque est conforme à la loi 94-665 du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française, ainsi qu'aux recommandations du CNRS en matière de publications scientifiques.

√ Les textes introductifs et les résumés des communications sont rédigés en langues française, anglaise et espagnole (castillan).

√ Toute reproduction est interdite sans l'accord express de son ou ses auteurs.

Le fichier est lisible et apte à l'impression par l'application de Acrobat-Reader.

√ Editeur, responsable de la publication :

Pierre Duboscq., Pierre.Duboscq@msha.u-bordeaux.fr

√ Secrétariat de rédaction et des éditions 1 et 2 : Valérie Alfaurt., euridis@msha.u-bordeaux.fr

Comment référencer un extrait du disque ?

Nom d'Auteur, titre de l'extrait, in TIDE-CNRS, Le monde et la centralité,

Actes 2, 2002, gravure sur CD, pages xxx-yyy

(4)

Pour votre bien-être, nous vous conseillons d'effectuer un tour d'essai

et de vous laisser guider au long des cinq domaines. Mais vous êtes

libre de votre destination première. Choisissez donc votre domaine de

réception ; vous serez transporté(e) en tête du registre demandé et, de

là, rebondirez à volonté.

DOMAINE 1 Vous découvrirez Actes-2 : vous accorderez plus

qu'un instant à la problématique, à la présentation et au mode d'emploi

DOMAINE 2 Ou vous souhaitez aborder l'état de la question

et vous projeter dans les questions de méthode DOMAINE 3 Ou encore vous désirez vous orienter vers le

registre des contributions au débat

DOMAINE 4 A moins que vous ne teniez à accéder

directement aux travaux des auteurs

DOMAINE 5 Mais peut-être êtes vous pressé(e) d'atteindre

aux conclusions ?

Choisissez et cliquez

(5)

100

DOMAINE 1

Problématique, acteurs, mode d'emploi

Vous avez eu accès au domaine 1

Il vous revient d'y choisir vos lectures

Pour cela,

Cliquez

Problématique

Chercheurs et Partenaires

Programme sur quatre ans et "Actes - 2"

Structure de l'édition sur CD

(6)

110

PROBLEMATIQUE / CENTRAL ISSUE

Il existe deux versions de

Pour cela

cliquez

Problématique

/

Central Issue

Vous préférez accéder au texte en français

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(7)

111

PROBLEMATIQUE

Sauf dans les littératures pourvoyeuses d’exotisme, le monde ne se

décrit plus guère à l’aide de formules puisées dans les registres

naturalistes ou culturalistes. Ce monde n’est plus perçu comme

divers ; il devient simplement compliqué. Chacun sent bien qu’une

puissante cosmogenèse est à l’œuvre, en un mot, que le monde

change. Et nombreux sont ceux qui ont conscience du bouleversement

des représentations que ce changement implique. Les cosmogonies se

renouvellent, les visions du monde se brisent et tentent de se

recomposer.

L’instant paraît dominé par une suite de ruptures qui imprimerait sa

marque dans les esprits. Il n’est jusqu’à de vieilles allégeances qui ne

soient exposées à de violents séismes, lesquels n’épargnent pas les

systèmes territoriaux qui assurent la captation, l’acceptation,

l’administration des pouvoirs, ici et là, à toutes échelles et en tous

lieux de la planète. Sur la planète, précisément, comment le pouvoir

est-il en voie d’être distribué ? Quels en sont les supports tangibles,

les opérateurs ?

La réponse n’est pas simple. Qui, d’ailleurs, saura dessiner une carte

mondiale des rapports de puissance et d’hégémonie en cette fin de

siècle ? Quant à l’Europe, qui ne s’est jamais demandé où elle s’arrête

à l’Est et où elle commence, à l’Ouest ? Les satellites d’observation

localisent tout sur terre, au mètre près, mais aucune machine

n’enseigne ce que devient l’Europe. En bref, le monde paraît illisible,

après que d’Ouest en Est et de Nord en Sud il eût été défait de la

simplicité biblique de ses relations cardinales.

Et le désordre s’offre en sujet d’étude, d’une façon générale, à mesure

que mûrissent les interrogations sur le retournement du monde, la fin

(8)

des territoires, de l’État-nation, de l’histoire (et de la géographie), sur

une géopolitique du chaos, la mort des empires, la formation du

village planétaire, la globalisation du monde et sa mondialisation. Ici

et là naissent des formules aux contenus quelquefois démontrés, sans

qu’on puisse définir quelle est la cause et quel est l’effet, le chaos

observé s’accompagnant d’un chaos paradigmatique qui ne cesse

d’ébranler la communauté des chercheurs.

Et pourtant des catégories comme celles de la centralité, de la polarité,

figurent au cœur de toute analyse raisonnée des relations de pouvoir

entre les hommes, au point qu’il n’est pas vain de démêler les sens les

plus divers qu’induit l’usage de tels mots, dans le foisonnement de

l’expérience et la pensée contemporaines. Alors qu’une multiplicité de

questions accompagne partout la ruine des certitudes, de notre place,

avec modestie mais sans minimiser notre ambition, nous invitions les

chercheurs que le présent passionne à se saisir du paradigme de centre

pour tenter d’interpréter la transition du monde.

Délibérément interdisciplinaire, international et comparatiste, un

colloque s'est tenu à la MSHA les 26, 27 et 28 Avril de l’an 2000. Le

souhait des initiateurs était que prennent contact, témoignent,

débattent, ceux dont la recherche les conduit à s’interroger sur les

configurations de tout ou partie du monde, à formuler des hypothèses

à cet endroit, à évaluer enfin ces hypothèses à l’aune de la réalité.

L’abondance des observations et la diversité des points de vue, l’effort

général de théorie et l’aspiration à la plus large ouverture, sont autant

d’exigences en réponse desquelles on a tâché d’approfondir la

réflexion, à partir de plusieurs corps d’hypothèses qui désignent

peut-être certains moments du processus d’hégémonie et qui constituent, en

tous cas, autant d’approches qu’il convient de privilégier.

Suite de la présentation

Etat de la question, méthode (domaine 2)

(9)

112

CENTRAL ISSUE

Nowadays the world is rarely perceived purely along the lines of

natural or cultural criteria. Our world is no longer considered as a

diversified world, it is simply a complex world. Everyone is aware

that a powerful cosmogenesis is under way. In other words the world

is changing. Many people now understand the profound

transformations in the representations of our world engendered by this

cosmogenesis. There are constantly new theories on the origins of our

world and our visions are being repeatedly shattered and replaced by

new ones.

Our presentday world is marked by an unending series of traumatic

upheavals. Even the complex patterns of traditional allegiances which

have withstood the centuries are coming under threat, while territorial

systems do not avoid such risks. There is not a single aspect or level

of power or government which remains unaffected by this process. So

the question is to understand how power will now be shared out, on

what foundations and under whose control.

The answer to this question is not a simple one. Indeed in the closing

years of this turbulent century we would be hard-pushed to draw a

clear map of the world in terms of power blocs and hegemony. Even

we Europeans are unclear as to our Eastern and Western boundaries.

Observation satellites can show us the world’s surface to within one

metre of precision but there is no instrument in heaven or on earth to

tell us what our old continent is becoming. Something disturbing is

happening and we are losing the reassuring bearings we had when the

world could be described satisfactorily in terms of North, South, East

and West.

(10)

All research is now focused on this disorder as it is becoming clearer

that the world is turning upside down and inside out and that we are

seeing the end of meaningful territorial frontiers, the Nation-State,

History and Geography. We need now to work on the geopolitics of

chaos, the end of empires, the birth of the global village and all

aspects of globalisation. Occasionally some specialist devises a

feasible and working model but so far it has proved impossible to

define cause and effect. It would seem that by its very essence

disorder as a subject inevitably brings about paradigmatic disorder,

which throws the scientific community into disarray.

And yet such notions as centrality and polarity lie at the very heart of

all studies into human power-sharing and it would therefore be quite

interesting to try and disentangle the various meanings and

connotations of these somewhat overexploited notions. Our certitudes

are crumbling and as a result we are faced with a multiplicity of

questions. In all modesty we liked to address some of these questions

in the forthcoming symposium, for which we had great expectations.

We therefore invited any specialist caught up in this fascinating whirl

“wind” to submit papers which should be liable to throw new light on

the seminal theme of centre in the context of our world in transition.

Our symposium took place in Bordeaux on the 26th , 27th and 28th of

April, 2000. We had chosen an interdisciplinary, international and

comparative approach and we invited participants from all

backgrounds to debate, confront their expertise, be it global or local,

and come up with hypotheses which could be subjected to the acid test

of presentday reality. Our purpose was to get a firmer grasp on the

dynamics of hegemonic evolution and a clearer vision of leadership

and dominance throughout the world.

Suite de la présentation

Etat de la question, méthode (domaine 2)

(11)

120

CHERCHEURS ET PARTENAIRES

Le colloque s’est tenu sur trois jours, du 26 au 28 avril 2000,

à la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, sur le

domaine universitaire de Pessac-Talence, près de Bordeaux.

Organisation

Il a été organisé par l’équipe bordelaise d’une Unité Mixte de

Recherche (UMR 6588) associant le Centre National de la Recherche

Scientifique (CNRS) et l’Université Michel de MontaigneBordeaux-3.

A ce noyau, spécialisé dans l’étude de la Territorialité et l’Identité

dans le Domaine Européen (TIDE), s’agrégeaient bientôt :

la Commission de la Carte Politique du Monde de l’I.G.U. (Union

Géographique Internationale)

ainsi que le Departamento de Ciencia Política y de la Administracíon

de la Universidad del País Vasco (Bilbao).

Comité scientifique

Lancés dès Janvier 1998, le projet et le programme auront été instruits

et mis au point par un comité scientifique composé de chercheurs,

français ou non mais familiers de procédures comparatives et relevant

de quatre diciplines :

Michel BRUNEAU, géographe TIDE-CNRS, et Université Montaigne, Bordeaux ; Michel CAHEN, historien, Centre d'Etudes d'Afrique Noire, CNRS et IEP, Bordeaux ; Pierre DUBOSCQ, géographe TIDE-CNRS, et Université Montaigne, Bordeaux ; Vladimir KOLOSSOV, géographe, Académie des Sciences, Moscou ; Francisco LETAMENDIA, politiste, Université de Euskadi, Bilbao ; Yannick LUNG, économiste, Université Montesquieu, Bordeaux ; Joël PAILHÉ, géographe, Université Montaigne Bordeaux Jean-Luc RACINE, géographe, CEIAS, CNRS, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris ; Daniel-Louis SEILER, politiste, Institut d'Etudes Politiques, Bordeaux.

(12)

Chercheurs

52 chercheurs ont participé à l'intégralité des travaux. La totalité

d’entre eux, soit proviennent de centres de recherche situés hors des

frontières françaises, soit entretiennent des relations étroites avec des

terrains ou des objets dispersés sur la planète. Leur distribution

disciplinaire est la suivante :

Géographes

17

Politologues

15

Sociologues

4

Economistes

4

Juristes

3

Sociolinguistes

2

Info-com.

2

Hist., anthropol., civilisationnistes

5

52

Leurs adresses électroniques (mél) sont à la disposition de tout lecteur

et directement consultables. Elles figurent dans deux fichiers,

auxquels vous accédez en cliquant sur l’un ou l’autre des boutons

ci-dessous :

Soit vous recherchez en définitive une adresse

individuelle déterminée : En ce cas, commencez par

cliquer ici :

Soit vous souhaitez adresser un message circulaire à la

totalité des correspondants du Colloque (quitte à

recevoir vous-même un exemplaire de votre propre envoi).

Cliquez simplement ici :

Equipe technique

Ont participé à l’une ou l’autre étape de l’ouvrage, outre Danielle

Castex (cartographe, CNRS), Mercedes Arias et Sarah Quinn

(traductrices), les chercheurs, enseignants-chercheurs, doctorants et

étudiants de TIDE, ainsi que les personnels de la MSHA.

(13)

Secrétariat, édition

Tout au long des programmes et au-delà c’est-à-dire jusqu’à

conclusion des travaux dérivés, Valérie Alfaurt aura assuré toutes les

tâches de secrétariat et c’est à elle que l’on doit les deux éditions de ces

Actes. C’est elle enfin que l’on contactera, de préférence, en cas de

besoin.

Coordination

Pierre Duboscq a coordonné la recherche et l’édition.

Soutiens

Cette opération, enfin, a été rendue possible grâce au soutien réaffirmé

de partenaires tels que :

Conseil Régional d’Aquitaine

Université Michel de Montaigne, Bordeaux 3

Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine

Centre National de la Recherche Scientifique

Que tous, ici, soient à nouveau remerciés.

(14)

130

LE PROGRAMME SUR QUATRE ANS

ET L'ÉDITION GRAVEE SUR CD

Actes-1

La première édition des Actes découle d'une décision prise lors de la séance de clôture du colloque. Acte 1 contient l'intégralité des exposés de méthode, des communications, rapports de commission ("ateliers") et des conclusions générales. Les textes qui y figurent ont été revus par leurs auteurs et par le collectif éditorial. Il importait à tous les participants que chacun fût en mesure de prendre connaissance, dans les meilleurs délais et au moindre coût, des travaux de tous. Il fallait aussi que les efforts de chacun soient rapidement mis à portée de la communauté scientifique et que leurs produits soient soumis à l'évaluation de ce deuxième cercle ainsi qu’au jugement des instances institutionnelles d'évaluation.

C'est afin de répondre à ces besoins que l'on a choisi le support numérique comme vecteur de diffusion. La structure des Actes (deuxième édition) est exposée plus loin. Pour l'instant, nous évoquons la suite des opérations telle qu'elle émergea des propositions et des discussions. Deux phases de travail sont en effet envisagées :

Actes-2

Étant donné l'hétérogénéité des us et coutumes qui règne, au temps présent, dans la recherche en science sociale, on a décidé de produire une deuxième édition des Actes, par gravure sur CD-ROM.

Suite-3

Lors de la même séance de bilan, un grand nombre de participants ont

émis le vœu de poursuivre la réflexion engagée, sur une durée de un à

deux ans, en s'organisant en un groupe de travail dont l'objectif serait

de rédiger un ouvrage à plusieurs voix qui, s'il faut les entendre, fait

aujourd'hui cruellement défaut. Ce vœu rejoint le souhait de mettre en

commun les ressources amassées par la voie du colloque. En retour,

elle implique la mise au point d'une procédure de circulation rapide de

l'information, dans le cercle de tous ceux qui souhaitent collaborer et

au-delà. Bon an, mal an, l'opération aura duré quatre ans.

Pour une description structurelle de Actes-2, cliquez sur Pour l’état de la question, les questions de méthode, sur

(15)

140

STRUCTURE

DE L'ÉDITION SUR CD.

Langage

Rappelons que dans notre entreprise, les auteurs conservent l'entière

propriété intellectuelle de leur production, l'éditeur assumant tout à la

fois la défense de ce droit et la diffusion des œuvres.

Étant donné le mode de mise en pages, ce faisant, tout lecteur aura la

possibilité de lire les textes pour peu qu'il utilise Acrobat Reader. Il

pourra également les imprimer. Mais en aucun cas il ne pourra extraire

des fichiers ou parties de fichiers. Chaque revers a son avers : les

textes sont protégés, de la sorte, du pillage électronique… tant que les

pillards demeurent des pillards amateurs.

Composition

Cinq espaces virtuels (5 domaines) sont juxtaposés et dotés de liens

logiques qui permettent au lecteur de passer de l'un à l'autre, autant

que de pénétrer à l'intérieur de l'un des domaines ou encore de

naviguer à l'interface de deux d'entre eux. Ces domaines sont :

1 - Présentation, mode d'emploi : nous y sommes

2 - État de la question, questions de méthode

3 - Plate forme d'orientation : elle prépare à l'entrée du domaine 4

4 - Corpus des investigations : y sont stockées, en particulier, les

communications

(16)

Circulation

La circulation peut s'effectuer selon deux principes parfaitement

compatibles : sur un mode linéaire d’un côté, dans un registre

interactif de l’autre.

Soit, (Cycle logique intégral) le lecteur chemine au long d'un cycle complet :

solution logique mais inutilement lourde, si elle vient à trop se répéter…

Soit, (exemple d'une

circulation réduite à l'interface 3!!! 4)!

le lecteur utilise les nombreux raccourcis et itérations qui l'aident à réduire le temps passé à chercher son chemin.

Ainsi il pénètre dans l'aire de stockage des communications, au choix, par

(31) l'entrée des mots-clés (32) l'entrée des noms d'auteurs (33)l’entrée des ateliers théma-tiques.

Des options permettent de raccourcir la durée des cycles itératifs ("retours")

1

2

3

3

5

4

présentation mode d'emploi suite conclusion bilan corpus des communications plate-forme d'orientation état de la question problématique méthode

stock des communications

plate-forme d'orientation 33 32 31 figure 1 figure 2 retours

4

D’une façon générale, le texte est parsemé de notes qui balisent votre

espace et vous guident le long de votre itinéraire.

Retour en tête du Domaine 1

Etat de la question, méthode (domaine 2)

(17)

200

DOMAINE 2

Etat de la question, questions de méthode

Voici, décrites en quelques lignes,

les ressources du Domaine 2

210 Etat de la question

211 (texte en français)

212 Present Situation (en Anglais)

220 Approches de la territorialité

221 Arrêt sur la mondialité

222 Gros plan sur la socialité

230 Question de méthode

Pour tracer votre chemin, choisissez donc dans le tableau ci-dessous :

Vous pouvez (cliquer)

Aborder l'état de la question/

/Approach the present situation

Faire le point sur la territorialité

Préciser des questions de méthode

(18)

210

ETAT DE LA QUESTION

/

PRESENT SITUATION

Il existe deux versions

Pour cela

cliquez

Etat de la question /

Present Situation

Vous préférez accéder au texte en français

You prefer the English translation

(19)

1

211

ETAT DE LA QUESTION

1- Des hypothèses de la pluricentralité

Jusqu’au temps présent la réflexion sur le monde reposait largement

sur le postulat d’une juxtaposition d’entités politiques toutes

comparables, chacune relevant du cas particulier. Cette conception

exceptionnaliste du pouvoir justifie des montages territoriaux érigés à

partir de modules tels ceux de nation, empire, Etat. Toutes ces

constructions s’avèrent plus ou moins capables de traverser l’histoire.

Mais l’observation seule peut enseigner si elles résistent mieux, par

les temps qui courent, à des séries de chocs nés d’ébranlements

internes, ou aux aléas d’une concurrence externe généralisée.

A moins que ces schémas ne se trouvent abolis. Qu’en reste-t-il

d’ailleurs, après les polarisations du demi-siècle, puis les

bouleversements de la dernière décennie, périodes au fil desquelles de

nouvelles visions du monde ont développé, de la centralité, des

variantes nouvelles à vocation universaliste ? Ainsi en va-t-il d’un

paradigme de centre-et-périphérie qui permet de lire le monde,

notamment, comme un ensemble organisé de systèmes d’hégémonie,

de centres, de périphéries et de semi-périphéries. Ainsi du binôme de

territoire et de réseau, dont certains font des catégories spatiales et

d’autres des catégories du politique, d’autres encore les vecteurs d’un

débat idéologique.

2- Des hypothèses de l’intercentralité

Alors que le modèle pluricentré de type onusien perdure au risque

d’une virtualité croissante, deux mouvements sont décrits comme

caractéristiques d’une intercentralité qui se pose comme radicale : les

liens entre gouvernements se densifieraient, cependant que le domaine

(20)

2

privé serait saisi d’une frénésie sans précédent en matière de relations

transnationales.

Ainsi des médiations s’organiseraient, dont certaines prendraient la

forme de systèmes inter-étatiques, qu’ils s’affirment régionaux avec le

Mercosur ou l’OTAN ou qu’ils soient dépourvus de référence

territoriale, comme le G7. Et la mondialisation des firmes

accompagnerait, tant la pénétration de l’économie globale par des

réseaux occultes, mafieux ou non, que la prise en charge par les

grandes ONG de fonctions d’intérêt public jadis du ressort des Etats.

De la sorte, l’intercentralisation du monde déboucherait sur la

constitution ou sur la formation d’un monde structurellement mixte.

Pareille mixtion des outils de pouvoir est-elle sans effet, tant au niveau

des relations internationales qu’à celui des relations de citoyenneté ?

Les questions, à ce sujet, ne manquent pas.

Il est à savoir si la multiplication de groupes de travail

intergouvernementaux et commissions mixtes contribue à disséminer

entre partenaires l’information, donc le pouvoir, ou au contraire à

concentrer l’un et l’autre au bénéfice d’un centre érigé en position

dominante. Dans chacun des pays, cependant, l’imbrication croissante

du public et du privé éclaire-t-elle l’exercice du pouvoir ou, au

contraire, vient-elle à en brouiller la réalité, au point de carrément

l’opacifier ? Il n’est pas écarté qu’à toutes les échelles, l’évolution

contemporaine des champs et espaces publics ne confine, dans la

phase contemporaine, à une véritable involution. Cependant, le sort

fait à l’AMI tend à montrer qu’aucune évolution ne saurait être

irréversible a priori.

3- Hypothèses de l’ultra polarité

Le pouvoir se concentre-t-il, à mesure qu’il se mondialise ? Question

centrale. Elle conduit à examiner quelques uns des changements qui

accompagnent la redistribution tendancielle du pouvoir et qui sont

perceptibles, tantôt dans l’espace de la géographie ou la géopolitique,

tantôt à travers une polarisation sociale aux dimensions d’un

continent et peut-être du monde.

Les hypothèses développées au premier titre présupposent qu’on

attribue au terme de mondialisation le sens d’une concentration

cumulée de pouvoir, d’autorité, de crédit, de profit, tous avantages

dont un élément géographiquement identifiable serait en état de tirer

parti. Une telle évolution marque-t-elle, en quelque lieu, le

développement d’un système hégémonique à l’échelle du monde, un

(21)

3

imperium mundi, ou simplement un retour au dominium mundi avec

installation d’un nouveau maître et, pourquoi pas, apparition de

remplaçants possibles ? Où donc s’élèvent des contre-pouvoirs,

s’exercent des résistances, naissent des concurrences ? Comment

repérer des sous-systèmes régionaux dans un monde ouvert, sinon

forcé en quelque sorte à l’ouverture ?

Il est un autre versant à ces hypothèses. L’accent y est posé moins sur

les enjeux de l’arène géopolitique, que sur la polarisation des pouvoirs

dont profiterait, en tous lieux de la planète, une élite transnationale.

Seraient-ce l’ascension, la constitution d’une pareille entité qui se

donneraient à voir, à Davos et autres lieux insoupçonnés ? Pour

autant que soit valide l’hypothèse, quelles contre-cultures, quels

contre-pouvoirs, quels mouvements sociaux s’expriment, se lèvent,

s’organisent ? Où et comment, selon quelles formules s’associent, face

au mondialisme émergent, particularismes et irrédentismes locaux,

voire de nouveaux universalismes ?

4 - Autres hypothèses

Il ne s’agit pas néanmoins d’emprisonner la réflexion dans des limites

théoriques pré-déterminées par les organisateurs : toutes autres

hypothèses sont hautement bienvenues. Elles auront retenu d'autant

mieux l’attention des congressistes qu’elles auront été soumises, dans

le cours de la recherche, à des procédures d’évaluation par enquêtes de

cas, de terrain ou modélisation.

Poursuivons. Au menu,

2 approches du concept de territorialité,

appliquées à

deux séquences particulières

Questions de méthode

(22)

1 212

PRESENT SITUATION

1- The Pluricentrality Approach

Previously the world was conceived as being made up of a

juxtaposition of political units all on the same footing but each one

remaining a particular case unto itself. This exceptionalist view of

power was used to justify territorial constructions based on such

models as Nation, Empire and State. All these constructions proved

their worth throughout history but observation alone can provide us

with the necessary information to know whether they will resist better,

or at all, to the present shockwaves of domestic upheavals or

international global competition.

One can wonder what will be left of these constructions after the

radical mid-century bloc polarisation and the dramatic turmoil of the

last decade during which time new universalist concepts of centrality

have emerged from new visions of the world. An instance of this is

the centre-periphery paradigm which describes the world as an

organised set of hegemonic, central, peripheral and semi-peripheral

systems. There is also the territory-network pair taken as spatial

categories by some specialists, political categories by others and even

as vectors for ideological debate.

2- The Intercentrality Approach

The many-centred UNO model may well survive but become devoid

of its substance whereas two models of radical intercentrality are

emerging : arguably intergovernmental links may intensify and the

business world embark on a transnational merger binge.

Conceivably there will be more and more inter-state mediation either

on a regional basis like the MERCOSUR or NATO, or in a

non-localised context like the G7. The globalisation of firms is seen as

following the same evolution as the global economy is being

(23)

2

infiltrated by secret societies, be they mafia or otherwise, and as the

major non-governmental organisations are taking over public interest

interventions hitherto undertaken by individual states. Therefore the

intercentralisation of the world would lead to the making of a

structurally mixed world. Is it really safe to assume that such a

compounding of power tools will not have any effect at all on

international relationships and citizenship ? Questions abound on this

subject.

It is yet to be proved that the increasing number of intergovernmental

thinktanks and joint commissions helps to propagate information, and

hence power, between members or on the contrary concentrates both

to the benefit of a central body occupying a dominant position. Does

the increasing overlap between public and private interests serve to

clarify the exercice of power or on the contrary does it blur or even

render it impenetrable ? It should not be overlooked that at all levels

the scope and the size of public life is on the wane. However the

recent case concerning the Multilateral Investment Agreement (MIA)

shows no evolution should be considered a-priori to be irreversible.

3- The Ultracentrality Approach

Does power become concentrated as it is globalised ? This is the

central question which leads us to examine some of the changes which

accompany the major trends in the redistribution of power which can

be observed either from a geographical or a geopolitical viewpoint, or

through the social divides as they appear within a continent or even

worldwide.

The first case presupposes that the world globalisation is understood

as the compounded concentration of power, authority, credit, profit,

all such advantages used by a geographically identifiable unit. Such an

evolution could trigger the development of a hegemonic system on a

world scale, an imperium mundi, or simply a return to dominium

mundi with a new master and potential successors. Where would the

opposition forces, the resistance and rivals be found ? How could one

locate regional sub-systems in a world which is open or forced to be

so?

The second aspect focuses on the polarisation of power, all over the

Earth, in the hands of a world wide elite. Would this herald the

ascension and the constitution of such a group swaggering around in

Davos, and other unexpected locations ? If this hypothesis holds what

possible counter-cultures, opposition forces, social forces could hope

(24)

3

to air their views ? How and where could champions of particularism,

irredentists and even advocates of new universal values counter this

emerging globalisation?

4 - Other Hypotheses

We have no intention whatsoever of restricting our reflection within

predetermined theoretical limits, any other proposals will be more

than welcome, particularly if they have been the object of such

assessment processes as case studies, field work or modelisation.

Come on…

2 approches du concept de territorialité,

Appliquées à deux séquences

particulières

Questions de méthode

Let's go !

(25)

220

APPROCHES

de la T

ERRITORIALITÉ

Ce qui nous intéresse à travers le concept de territorialité, c’est un

ensemble de conduites et de représentations que des acteurs adoptent

ou engagent lorsque, cherchant à améliorer leur rang dans un champ

de valeurs, ils investissent tout ou partie des ressources dont ils

disposent, qu’elles soient matérielles ou symboliques, et les placent

sur des fractions de l’espace géographique, ces espaces particuliers

étant identifiables dans un référentiel public.

Il est d’innombrables approches de la réalité du monde, même pour

qui limite le champ de l’interrogation à l’expérience de la centralité.

Cette prodigalité des situations, des sensations et des interprétations

nous est apparue à la fois si étonnante et si fondamentale que nous

avons demandé à deux auteurs de nous faire part, en guise

d’introduction au travail du colloque, de leur sentiment sur la

centralité du monde et donc sur leur position propre en regard du

monde. Exercice périlleux que celui auquel ils se sont soumis, qui

combine la technique de la mappemonde et celle… de l’autoportrait.

Jacques Lévy est géographe à Reims et Francisco Letamendia

politologue à Bilbao. Leurs itinéraires sont différents et l’étonnant

n’est pas qu’ils aient fini par se croiser. Pour le reste, chacun nous

introduit dans une perspective particulière de champs et d’échelles de

pouvoir. Le géographe opère un arrêt sur image au milieu d’un

montage sur la mondialité, cependant que le politologue recourt à une

série de gros plans dans sa recherche de la territorialité. Ce qui

n’empêche nullement que chez l’un et l’autre ce soit le mot de société

qui apparaisse comme le porteur de sens le plus déterminant.

Arrêt sur la mondialité : ou la

société-monde10 ans après.

Jacques Lévy

Gros plan sur la société :

Tensions territoriales et action politique.

Francisco Letamendia Belzunce

(26)

1

221

Arrêt sur la mondialité :

LA SOCIÉTÉ-MONDE, DIX ANS APRÈS.

Jacques L

ÉVY

Dix ans après le lancementd'une réflexion collective sur la géographie

de la mondialité

1

.travail qui fut conduit avec Marie-Françoise Durand

et Denis Retaillé, voici qu’il m’est demandé d'essayer d’en tirer bilan.

Or nous avions lancé cette opération à la suite d'une commande. Nous

nous étions embarqués en effet dans l’aventure d’un nouvel

enseignement à la demande de l'Institut d’études politiques de Paris,

enseignement intitulé « Grandes lignes du partage du monde

contemporain ». Ce n'est pas par hasard que l’on avait fait appel à des

géographes. Un an avant la chute du Rideau de fer, Alain Lancelot qui

était le directeur de Sciences-Po avait estimé que pour penser la réalité

du monde tel qu'il était, la discipline des relations internationales

s'avérait insuffisante, que ses grilles d'analyse étaient utiles, certes

mais lacunaires pour aborder un monde multidimensionnel. Politiste

lui-même et intéressé par la géographie électorale, il s'était dit qu’une

géographie rénovée et mêlée aux autres sciences sociales pouvait

constituer un bon véhicule pour approcher la complexité du monde

contemporain.

1 - Supprimer le « peut-être ».

Marie-Françoise Durand, Denis Retaillé et moi avions quelque chose

en commun : nous ne nous étions jamais intéressés à l'objet

« Monde ». Nous partagions une innocence dans tous les sens du

terme qui a dû, me semble-t-il, faciliter notre travail. Nous sommes

entrés tout de suite dans cette commande avec une certaine aisance,

parce que nous convergions sur l'idée selon laquelle les principaux

modèles explicatifs de l'échelle mondiale qu’étaient l'économie

internationale, les relations internationales et les approches

(27)

2

culturalistes étaient intéressants, apportaient de la connaissance mais

en même temps étaient insuffisants et, je dirais, d'autant plus

insuffisants qu'ils prétendaient chacun pouvoir faire seuls le tour du

problème.

Nous nous trouvions au départ un peu à contre emploi, en ce sens que

nous étions partisans de démarches unitaires, d’un recours à des

modèles « monistes » d'explication, alors que nous nous trouvions

conduits finalement à gérer un stock de culture tournant autour du

sujet et qui était constitué d'objets indépendants, dont on voyait bien

qu’il était difficile de s'en séparer complètement, l’objectif semblant

être plutôt de les recomposer partiellement et de les fédérer. Nous

nous sommes donc lancés. Le résultat a été pour partie un livre (Le

Monde : espaces et systèmes) que nous avons réalisé en trois ans.

Nous sommes rapidement parvenus à l'idée qu'effectivement plusieurs

grilles explicatives étaient nécessaires, mais qu'en même temps, il était

possible de les articuler entre elles, de les vertébrer dans une vision

globale. D’où l'idée que nous privilégions : le monde comme

combinaison, ensemble de systèmes, métasystème ou protosystème,

c’est-à-dire comme système virtuel, en gestation, plutôt que système

unifié.

Ce point de vue était résumé dans la première phrase du livre : « Le

monde n'est pas une société, mais il est peut-être en train d'en devenir

une ». Dix ans plus tard, suis-je toujours d'accord avec cette

affirmation ? Oui et je dirai même que j'aurais tendance à supprimer le

"peut-être".

2 - Quatre logiques interactives.

Ce que nous disions, c'est qu'il est possible de repérer quatre logiques

qui permettent de rendre compte de la plupart des faits se produisant à

l’échelle mondiale, logiques distinctes, largement autonomes les unes

par rapport aux autres en tout cas, mais qui interagissent. Notre

démarche consistait à avancer que, pour bien comprendre ces

interactions, il est utile d’identifier d'abord les opérateurs, c'est-à-dire

de ne pas mélanger tout de suite ces différentes grilles de lecture en

prétendant en fabriquer une seule qu’on prétendrait dominante, mais

de bien étudier chacune de ces quatre logiques pour, ensuite, voir de

quelle manière elles s'influencent, s’entremêlent, s'imbriquent. Ces

quatre « fabriques » systémiques sont :

(28)

3

I.

la logique communautaire, que nous avons appelée « le

monde comme ensemble de mondes » séparés ;

II.

la géopolitique, centrée sur l'État (« le monde comme

champ de forces »), qui, à travers les empires, contribue

elle aussi au morcellement ; puis viennent deux autres

composantes allant, elles, plutôt dans le sens de

l’unification. Ce sont :

III. la dynamique transactionnelle des échanges (« le monde

comme réseau hiérarchisé ») et

IV. la société-Monde, une logique plus intégratrice car

portant sur l’ensemble des dimensions constitutives d’une

société, y compris le politique.

C’est ici notamment que nous apportions notre grain de sel, en

reprenant à notre façon l’utopie de Marshall McLuhan. Pas plus que

dans les trois autres modèles, nous n’inventions rien, mais l’idée de

village planétaire (« global village »), nous la traduisions en affirmant

qu’il y avait des choses dans le monde d’aujourd’hui qui ne pouvaient

pas être comprises seulement dans le cadre des trois autres modèles,

qui, eux, sans être vraiment consensuels, étaient fortement présents

dans la littérature.

Nous posions ces quatre logiques et disions : il existe des interactions

entre ces différentes manières de fabriquer de l’espace social,

interactions que nous tentions d’analyser aussi finement que possible,

en suivant pas à pas, à la fois sur des exemples et dans une approche

globale, actions et rétroactions. Prendre en compte d’abord

séparément chacune des logiques nous a permis d’éviter le «

paquet-cadeau » trop facilement emballé. Ainsi, on a souvent interprété

comme une très forte tendance au repli communautaire une grande

quantité d’événements qui se sont produits depuis la fin de la Guerre

froide. Au milieu des années 1990, l’idée à la mode était la suivante.

Autrefois, il y avait un ordre, puis cet ordre a été brisé et maintenant,

c’est la pagaille, les communautés prennent le dessus, face aux États ;

les États avaient certes des défauts, mais au moins ils créaient un

système international fiable, qui a volé en éclats. Notre interprétation

consistait plutôt en ce que, même lorsqu’il y avait apparence de repli

ou d’agressivité communautaire, le fait que cette affirmation

communautaire soit interactive avec d’autres logiques, fortement

présentes dans les mêmes sociétés, faisait que la résultante n’allant pas

(29)

4

forcément dans le sens du mouvement le plus immédiatement visible.

On peut en effet considérer que chacune des logiques constitue aussi

une ressource pour les autres.

C’est très frappant dans les univers où prévalent de fortes cohérences

ethniques, ethno-territoriales ou ethno-religieuses. Ainsi au sein de la

diaspora chinoise, on a bien vu que la ressource communautaire de la

sinéité ethnique était aussi un moyen de produire des réseaux

économiques qui, à leur tour, comme on voit par exemple dans les

sociétés taiwanaise et singapourienne, produisent de l’individu, donc

le contraire de la communauté. De même, ce qui se passe dans l’aire

de l’Islam occidental (qu’on appelle souvent « monde

arabo-musulman ») ne se réduit pas à l’islamisme radical : ceux qui avaient

monté ce mouvement en épingle sont maintenant les premiers à

annoncer son déclin. Citons encore le parcours du nationalisme en

Slovaquie, en Croatie ou même en Serbie, dont le « retournement »

apparent se comprend beaucoup mieux si on en analyse les

contradictions fondatrices. Ainsi nous pouvons identifier des

processus beaucoup plus sophistiqués que ceux qu’on aurait pu voir

par exemple avec une conception à la Huntington : des blocs

communautaires irréductibles, extraits de l’histoire, incapables

d’évolution et destinés à s’affronter pour l’éternité. Ce n’est pas cela

que nous avons vu avec les lunettes que nous nous étions fabriquées.

3 - L’espace comme levier.

Ce que nous avons constaté, aussi, c’est que l’espace constituait

effectivement un véhicule intéressant. D’abord, disons, pour des

raisons conjoncturelles : du fait que la géographie s’était assez peu

intéressée au Monde, elle restait parée d’une sorte de virginité qui lui

permettait de traiter avec un égal intérêt les différents modèles

disponibles. Nous pouvions ainsi nous intéresser à la géopolitique sans

en être esclaves et sans rejeter pour autant les approches à dominante

économique. Nous rencontrions, dans notre culture de géographes

(celle, ça va de soi, d’une discipline profondément rénovée et en

rupture profonde avec le modèle vidalien), peu d’obstacles

épistémologiques ou historiques fondamentaux à une approche

ouverte mais, au contraire, un certain nombre de leviers efficaces.

L’un de ces leviers fut le couple territoire/réseau. Si l’on interprète ces

différents types de logique à l’œuvre à l’échelle mondiale comme des

(30)

5

spatialités, comme des familles d’espace ou comme des fabriques

spécifiques de spatialité, cela permet de déceler des choses que l’on ne

verrait peut-être pas autrement. Ce qu’on appelle la mondialisation,

c’est, tout autant qu’un changement d’échelle, un changement de

métrique, c’est-à-dire une modification de contenu et de style dans la

production et la mesure de la distance. Un conflit entre entreprises ou

ONG, d’un côté, et États, de l’autre, oppose des réseaux souples,

organisés à différentes échelles, à des territoires bornés et rivés au sol.

Nous en sommes arrivés à l’idée que, dans le monde d’aujourd’hui, il

y a, dans l’ensemble, un avantage comparatif du réseau sur le

territoire. La transnationalisation de l’économie, ce n’est pas

seulement un changement d’échelle des entreprises, comme cela a pu

être dit dans de nombreux textes, mais c’est aussi un décalage dans la

manière de gérer la distance entre les différents types d’acteurs, les

États constituant un type parmi d’autres. Cette manière de voir nous a

aidés à relativiser, pas seulement à l’échelle mondiale mais pour la

géographie dans son ensemble, la vision territoriale, qui était

fortement dominante, notamment dans la géographie française, et qui

en outre réduisait les territoires aux « pays », ces territoires bornés

qu’on retrouve dans les petites régions rurales comme dans les

États-nations. En cherchant à identifier les différentes métriques présentes

dans le Monde, nous avons justement découvert qu’il y a, tout près de

nous, dans la Mitteleuropa, des territoires que nous avons appelés

« Horizon » ou « mouvance », qui ne sont pas bornés, qui sont

continus et contigus à l’intérieur mais qui n’ont pas de frontières bien

définies, plutôt des confins aux limites indéfinissables.

Cette généralisation a aussi porté sur l’application de la démarche à

d’autres espaces que le Monde. D’abord, parce que les espaces

d’échelle continentale ou supranationaux posent des problèmes en

partie similaires. Dans le cas de l’Europe, la construction d’une

société peut apparaître plus avancée et plus solide qu’à l’échelle

planétaire, mais dans un processus non exempt de ressemblances.

Ensuite, parce que chaque lieu, aussi « local » soit-il, est, de plus en

plus, aussi un lieu du Monde ; il est porteur d’une mondialité propre

que l’étude de la mondialité en général nous permet de mieux

appréhender. Se profile ici tout un programme de travail sur une

« entrée dans la mondialisation par les lieux » que, avec Olivier

(31)

6

4 - Guerre du Golfe et Kosovo :

les expérimentations de la société-Monde.

Pour terminer, je me concentrerai sur la question de la société-Monde,

puisque ce quatrième modèle explicatif —l’idée qu’il y a aussi de la

société et pas seulement du social à l’échelle mondiale— a suscité le

plus de réactions à notre livre. Certains nous ont dit que nous étions

angéliques, que nous étions utopistes, que nous prenions nos désirs

pour la réalité. C’est vrai, il y a toujours des ressources idéologiques

dans le travail scientifique. Nous sommes mal placés pour juger si nos

propres ressources (qui, quoique voisines, n’étaient pas identiques

pour chacun de nous trois) ont été bien utilisées, mais je crois qu’on

peut prendre au sérieux la dimension proprement cognitive de notre

démarche : nous arrivions à la conclusion qu’il y avait un certain

nombre de réalités qui n’entraient pas dans les trois autres modèles.

C’était en particulier le cas des événements qui pouvaient être traités

en première approche comme des événements géopolitiques

classiques, parce qu’ils mettaient en jeu des violences produites par

des États. À l’analyse, ces réalités se révélaient plus compliquées.

À ce moment-là, donc, en 1989-1992, nous avons eu sous la main,

comme principal moyen d’expérimentation de nos hypothèses, la

guerre du Golfe, qui était un événement ambigu, se prêtant à

différentes interprétations, y compris à certains égards comme un

objet géopolitique très banal. Nous nous étions un peu démarqués de

cette vision simple, en considérant que la guerre du Golfe n’entrait pas

complètement dans le cadre habituel. Un petit fait avait beaucoup

stimulé ma réflexion. C’était que les Palestiniens, qui s’étaient placés

du coté des perdants dans la guerre du Golfe, s’étaient en fin de

compte retrouvés plutôt les gagnants de l’après-guerre, puisque c’est

en répondant aux arguments de Saddam Hussein sur les

« occupations » au Proche-Orient que le gouvernement étatsunien

avait été contraint, pour ne pas s’aliéner le soutien de l’ensemble des

populations arabes, de prendre Saddam Hussein au mot. Il avait alors

contribué à relancer les négociations israelo-palestiniennes sur une

base un peu plus équilibrée que précédemment. La conséquence, ce

fut le processus d’Oslo. Avec notre analyse de la guerre du Golfe, on

pouvait effectivement prévoir qu’il y aurait des négociations

israelo-palestiniennes dans des conditions plus favorables aux Palestiniens, ce

(32)

7

qui n’aurait pas était possible avec une explication de nature

géopolitique, qui veut que les vaincus soient affaiblis.

Depuis lors, beaucoup d’événements ont, je crois, confirmé nos

analyses car il s’agit de faits encore plus difficiles à interpréter selon

une grille étroitement culturaliste, étroitement géopolitique ou

étroitement économique. Le cas du Kosovo me semble

particulièrement intéressant. Il s’agit de la construction d’une

légitimité à l’échelle mondiale même si elle s’accomplit dans des

conditions tout à fait baroques, tout à fait différentes de celles de

l’utopie d’un gouvernement mondial tel qu’on pourrait le construire

sur le papier, sur le modèle des États-nations. Il n’en reste pas moins

que la configuration du Kosovo ne se laisse pas enfermer dans les

points de vue habituels. Ainsi je ne pense pas que l’on puisse

interpréter l’engagement de l’Otan au Kosovo comme une opération

de construction d’Empire : on ne voit pas du tout les ressources

convoitées, on ne voit pas les buts de guerre tels qu’ils ont été étudiés

par les géopoliticiens depuis Clausevitz. Il faut trouver autre chose et

j’ai pu montrer

3

qu’il est assez efficace, en termes d’économie de la

pensée, de considérer l’engagement de l’Otan au Kosovo comme une

opération de police plutôt que comme une guerre, en tant

qu’événement intra-sociétal plutôt qu'inter-sociétal.

On peut aussi citer des événements non militaires comme le traitement

des crises financières par le FMI, la gestion du sida par une agence de

l’ONU et bien sûr les questions d’environnement, qui marquent sans

doute le plus nettement l’émergence d’un champ politique d’échelle

mondiale.

Quand on regarde une réalité compliquée comme celle du Monde, le

choix des lunettes est décisif. J’ai le sentiment que celles que nous

nous sommes construites ont encore des potentialités, des possibilités

non exploitées pour faire apparaître des images intéressantes. Ainsi, la

grande différence entre la société civile mondiale qui émerge à travers

ses milliards d’acteurs et ce que nous appelons la société-Monde, c’est

le politique. Nous sommes dans une période où du politique se

fabrique. D’où l’importance d’outils précis pour mesurer la pertinence

de réalités qui ne sont pas interchangeables comme « gouvernement »

et « politiques publiques » ou comme « société politique » et

« démocratie ». Sinon, si l’on se contente d’espérer la reproduction

d’événements du passé, si l’on se refuse, selon le mot d’Edgar Morin,

à « attendre l’inattendu », on risque bien de s’enfermer dans une cécité

tranquille et de noter, comme Louis xvi sur son journal, le 14 juillet

1789 : « Rien ».

(33)

8

Considérons pour conclure le paradoxe caractéristique de l’actuel

mouvement « anti-mondialisation ». Pensons au Seattle de l’automne

1999. Le journal The New Republic a présenté au printemps 2000 une

enquête qui montre que les opposants de Seattle ont été notamment

financés par des acteurs économiques étatsuniens développant des

discours très conservateurs, souvent protectionnistes bien que leurs

firmes soient engagées sur des marchés mondiaux. Cette posture

rappelle, en France celle de Philippe de Villiers, qui ne cesse de

vilipender les « mondialistes » mais installe en Vendée un parc à

thème fort bien profilé pour être attractif très au-delà des frontières

nationales. Le monde de l’« anti-mondialisation » est une entreprise

politique très complexe, plus que complexe : contradictoire. La

contradiction la plus stimulante est que ces groupes diffusent sur toute

la planète un discours globalement hostile à la mondialisation et que,

ce faisant, ils contribuent à créer un champ politique mondialisé, à

produire de la politique à l’échelle mondiale. Nous devons être

prudents dans nos interprétations car, au fond, l’enjeu du rapport des

forces entre les différents acteurs n’est pas tant le succès ou l’échec

du processus de mondialisation que la rapidité et l’intensité avec

lesquelles la politique va faire son entrée, sous des formes de plus en

plus explicites, dans les phénomènes d’échelle mondiale. Cela me fait

penser à la manière dont les partis ouvriers sont entrées dans la vie

politique européenne, à partir de la fin du xix

e

siècle, en ayant une

attitude consistant à dire : « Nous sommes extérieur à la scène

politique, nous n’y faisons que des incursions pour obtenir des

avantages ». Ce fut longtemps la posture travailliste ou communiste et

cela n'a pas empêché que ces partis issus du mouvement ouvrier

deviennent des composantes de plus en plus significatives de la scène

politique d'Europe occidentale. On peut imaginer le même destin pour

le mouvement anti-mondialisation.

Pour identifier et formuler le problème de cette manière, nous avons

été aidés par une question simple de géographe : pouvions-nous

comparer ce qui se passe actuellement à l’échelle mondiale à des faits

survenus à d’autres échelles et le traiter comme un changement

d'échelles parmi d’autres ? Les réponses furent alors contrastées :

pour partie oui, pour partie non, et c’est cette composition singulière

de banalités et d’étrangetés qui donne à ce Monde en train de se faire

sous nos yeux sa mouvante carte d’identité.

Jacques Lévy est géographe, professeur à l’Université de Reims, à

l’Institut d’études politiques de Paris et à l’Institut des hautes études

de développement et d’aménagement du territoire (Ihédat). Animateur

de la revue EspacesTemps, il est conseiller scientifique de la revue

(34)

9

Pouvoirs Locaux. Il participe aux travaux du groupe Mondialisation

du Gemdev.

Gros plan sur la socialité :

Francisco Letamendia Belzunce

Questions de méthode

Retour en tête du domaine 2

1 L’enseignement de « Grandes lignes de partage du monde contemporain » a débuté à

l’automne 1989. Il se poursuit aujourd’hui sous l’intitulé : « L’espace mondial ». Le livre Le Monde : espaces et systèmes a été publié en 1992 conjointement par les Presses de la Fondation nationale des sciences politiques (aujourd’hui Presses de Sciences-Po) et Dalloz, une deuxième édition voyant le jour en 1993.

2 Voir notamment Olivier Dollfus, Christian Grataloup, Jacques Lévy, « Trois ou quatre

choses que la mondialisation dit à la géographie », L’Espace Géographique, vol. 28, 1999, n°1, pp. 1-11, et les contributions des mêmes à l’ouvrage du groupe Mondialisation du Gemdev, Mondialisation : les mots et les choses, Paris : Karthala, 1999.

3 Jacques Lévy, Le tournant géographique. Penser l’espace pour lire le monde, Paris :

Belin, coll. Mappemonde, 1999, chap. 13 « Il y a du Monde ici ».

(35)

1

222

Gros plans sur la socialité :

TENSION TERRITORIALE, ACTION POLITIQUE

et ACTEURS SOCIAUX AUJOURD’HUI

Francisco L

ETAMENDIA

B

ELZUNCE

Je me contenterai ici d’avancer quelques considérations sur

l’entrecroisement d’une série de niveaux politiques de décision qu’on

qualifie de locaux, régionaux, étatiques, européens, communautaires,

mais aussi de la fragmentation, la diversification de tensions qui

relevaient auparavant du monopole exclusif de l’Etat, ainsi que de la

modification de la territorialité telle que cette dernière est ressentie

aujourd’hui dans l’action collective, au travers de bases culturelles,

identitaires, idéologiques et autres modes de fonctionnement des

acteurs collectifs, partis politiques, mouvements sociaux et syndicats.

1 – Mondialisation

Qu’est-ce stricto sensu que la mondialisation ?

Ce sont des formes de relation et d’organisation sociale qui débordent

des espaces traditionnels et se répandent dans une série de champs

informationnels, médiatiques, marchands, financiers, technologiques,

jusqu’à s’étendre au globe entier. Mais la conséquence la plus directe

est la possibilité pour quelques facteurs lointains d’influencer de

façon immédiate ce qui est proche.

La mondialisation fait disparaître le bornage de la société dans la

limite territoriale de l’Etat-nation et elle entraîne la fin des

(36)

2

conditionnements géographiques, cela dans un double sens.

L’émergence d’un niveau supra-étatique d’action accompagne

l’établissement de multiples connections et dépendances entre les

sociétés et les Etats. Le « global », et cela est paradoxal, entraîne le

renforcement du « local ». Il semble qu’il impose une plus grande

relation entre cultures et marchés. Les demandes du système

économique nouveau convergent avec les traditions culturelles et

économiques territoriales. Ainsi émergent des capitalismes divers,

influencés par la forme culturelle propre par laquelle entrent en

rapport, dans chaque territoire, les acteurs de la société civile. Et c’est

Putnam qui signale que quelques régions italiennes du Nord et du

Nord-Est sont culturellement mieux préparées que d’autres à faire

face aux défis de la globalisation, parce qu’elles seraient dotées d’un

capital social spécifique.

Relation du global et du local, « la glocalisation » est l’objet de

différentes conceptions selon les diverses théories de l’hégémonie.

D’après quelqu’uns, seul le Centre, dans le sens d’Amérique du Nord

+ Europe occidentale + Asie orientale, seul le centre donc monopolise

les technologies médiatiques, accueille les multinationales et offre un

siège aux différentes organisations internationales qui orientent la

globalisation : le FMI, la Banque Mondiale peuvent se déplacer

n’importe où et s’adapter aux conditions des marchés locaux. Un

autre courant théorique soutient que le niveau local est ce qui est

menacé par le triomphe du processus global. Pour quelques auteurs

comme Barber, cependant, il s’agirait d’une réaction identitaire de

type fondamentaliste face au « McMonde ». Pour d’autres comme

Robinson, ce serait la réédition contemporaine de vieux conflits du

XIXe entre cultures douées d’une forte charge d’émancipation, autant

dire locales, et la civilisation, le royaume du technique, c’est-à-dire

« le global ». Les auteurs anglo-saxons qui ont réfléchi sur la

troisième voie, Giddens, Becket, Senett, Grey, entre autres,

considèrent la voie locale non comme une conséquence externe de la

mondialisation mais comme un de ses éléments constituants. Le

monde actuel a effacé les lieux d’identification traditionnels, incite à

l’élaboration réflexive d’entités qui se croisent, créent et recréent de

façon incessante, jetant les bases d’un nouveau pluralisme culturel.

Dans l’ordre culturel la mondialisation correspondrait donc à un

(37)

3

processus à géométrie variable. Nous allons retrouver cette expression

à propos de l’Etat.

Ainsi la mondialisation fait surgir deux habitudes, habitus ou styles de

vie. A ceux du sujet dés-identifié ou, plus précisément, qui serait doté

d’une identité faite de morceaux connexes, s’opposent les conduites

du sujet qui se trouve immergé dans de puissantes réactions

identitaires de type collectif, en lutte contre la flexibilité et

l’évanescence des coordonnées spatiales et temporelles propres à la

mondialisation. Bien qu’antagonistes, ces positions cohabitent dans

l’hostilité au sein d’une même société : l’un des exemples les plus

clairs en est celui de notre société du Pays Basque sud.

Face à l’individualisme consumériste propre à la mondialisation (voir

études de Morin, etc.) se dressent des édifices identitaires compacts,

de véritables trous noirs identitaires. Autour de leur masse infiniment

dense gravitent des constructions de l’homme, de la société et toutes

formes d’actions collectives basées sur ce qu’on est en matière

d’ethnie, d’option sexuelle, plus que dans ce qu’on fait. De cette

façon, celui qui ne s’inscrit pas dans un profil identitaire passe au

premier plan de la mobilisation. Huntington trace le conflit de façon

plutôt superficielle, il faut le dire, dans sa théorie du choc des

civilisations.

Si, au XIXe siècle, les tendances identificatrices consistaient en des

réactions par lesquelles on essayait de souder, face à la modernisation,

des communautés fragmentées, aujourd’hui les voilà constituées en

une réaction face à la mondialisation. Les conflits générés par la

redistribution des biens économiques, c’est à dire les conflits

capital-travail, ont été déplacés au profit des conflits identitaires et le

processus s’est accéléré depuis 1989, après la fin du conflit mondial

entre capitalisme et socialisme. La défense de valeurs locales n’est

pas incompatible avec les impératifs éthiques globaux. L’espace

trans-national ne possède pas comme seul habitant le globaliste

libre-échangiste : il peut faire état aussi de la présence d’internationalistes

des droits humains, de défenseurs de la société civile globale. Quant

aux instruments de mobilisation collective que sont les idéologies,

même si elles continuent à tenir lieu de critères d’orientation dans la

lutte politique et de mécanismes conformateurs des identités

(38)

4

politiques, tant du côté des citoyens que de celui des professionnels de

la politique, elles n’entretiennent plus, avec le monde politique, les

rapports d’autrefois. Les conflits de la modernité, capital-travail,

église-Etat, rural-urbain, ont perdu de leur acuité après une nouvelle

bataille et le conflit du centre et de la périphérie (cf. schéma de

Rokkan).

2 - L'Etat

En fait, ces conflits sont remplacés par un ensemble virtuel de

polarisations induites par la globalisation. En Europe occidentale, ces

polarisations soulignent des intersections et génèrent d’innombrables

disjoncteurs dont, à titre d’exemple, on peut citer ceux qui

maintiennent les couples du comospolitisme et du nationalisme, des

partisans d’une action environnementaliste de l’Etat et de ceux qui

soutiennent son inhibition, des attitudes favorables, ou hostiles,

envers les immigrants extra-communautaires, ceux qui stigmatisent et

ceux qui louent valeurs matérialistes et post- matérialistes, etc.

L’identité s’éloigne donc de l’idéologie, tantôt en arborant un style

doux calqué sur la continuation de modes individuels de vie, tantôt en

empruntant un sens plus fort, comme celui de la submersion dans des

aspirations collectives. Mais en aucun cas il n’est illuminé par les

grandes « Macro-Ideologies » que sont le libéralisme, le socialisme le

communisme, etc. Le citoyen qui veut s’impliquer dans la vie

politique ne le fait plus à travers les institutions ou le parti politique.

Ou bien il se submerge dans des mobilisations de type identitaire, ou

bien il s’implique dans des expressions non institutionnalisées comme

celles des nouveaux mouvements sociaux, des organisations non

gouvernementales, etc.

Et du côté de l’Etat cela entraîne bien sûr des modifications. Ces

batteries de phénomènes réduisent la capacité de l’Etat à agir sur la

base des mécanismes traditionnels. Cette situation est décrite par les

auteurs à l’aide d’une importante batterie d’adjectifs : Etat

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