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L'agro-business américain - Dorel G 1987 Agriculture et grandes entreprises aux Etats-unis

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Academic year: 2021

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Espace géographique

L'agro-business américain - Dorel (G.), 1987, Agriculture et grandes

entreprises aux Etats-Unis. Paris, Economica

Violette Rey

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Rey Violette. L'agro-business américain - Dorel (G.), 1987, Agriculture et grandes entreprises aux Etats-Unis. Paris, Economica. In: Espace géographique, tome 17, n°4, 1988. Les villes : illégalité et mobilité Les hautes technologies -Géographie des manuels. p. 310;

https://www.persee.fr/doc/spgeo_0046-2497_1988_num_17_4_2807

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310 Violette Rey Ces onze hypothèses empiriques sont testées au

chapitre 9, avant de tirer des conclusions pour la planification au chapitre 10 : si beaucoup de régions américaines peuvent attirer des industries à haute technologie, le rôle des financements pour la défense (dépenses fédérales pour la guerre des étoiles) devient une des clefs importantes pour l'évolution future. Mais à ce niveau encore les scénarios restent peu précis.

Les cinq annexes ne nous donnent que peu de renseignements nouveaux et à l'exception des travaux des auteurs, peu de références sont postérieures à 1982. C'est à croire que P. Hall, A. Markusen et A. Glasmeier sont seuls à travailler dans ce domaine. Quant aux références aux travaux théoriques européens francophones, italo- phones ou autres, elles sont nulles. En conclusion, malgré l'excellence de la présentation, l'ouvrage est décevant, reflet d'une recherche ancienne que l'on aurait pu publier dans un simple rapport à diffusion limitée. — Antoine BAILLY, Université de Genève.

L'agro-business américain

Le sujet ? Celui du retour du grand capitalisme financier dans l'agriculture américaine, la saga des super

« corporated farms » en expansion entre 1960-1980, que G. Dorel (1) a reconstituée par un récit qui remonte à la mise en valeur de l'espace américain durant le xixe siècle. La thèse se lit comme un roman d'aventures à

l'américaine, avec les fulgurantes réussites, les patientes stratégies, les faillites brutales... et toujours cette flexibilité et cette dynamique de l'action tournée vers le profit.

Or la question était très difficile à aborder, même pour un chercheur étranger moins impliqué dans les polémiques internes sur le danger encouru par la démocratie agraire jeffersonnienne. Le premier bilan

statistique des « corporated farms » ne paraît qu'en 1978; croisé aux nombreuses enquêtes directes du « détective » G. Dorel, nous disposons d'une description de ce que fut la spécificité structurelle de la grande entreprise capitaliste agricole.

Le premier écueil à contourner fut de la distinguer des grandes exploitations à caractère familial ayant choisi le statut de société pour des commodités

successorales. Trois spécificités l'individualisent : l'énormité du chiffre d'affaires; l'accès privilégié au crédit pour des investissements colossaux; l'intégration prioritaire dans les réseaux de transformation et surtout de distribution, avec une orchestration publicitaire internationale qui joue sur la demande avant de mettre en place la production.

L'exploration de ces géants de l'agriculture se fait à travers quatre espaces sur lesquels se sont massées leurs interventions : les Everglades de Floride (canne à sucre),

la Californie (laitues, vignoble de qualité...), le bassin moyen de la Colombia (polyculture irriguée), les Hautes Plaines méridionales (élevage en feed-lots).

Monographies, organigrammes d'entreprises, croquis clairs qui associent l'intégration économique à l'extension-éclate- ment spatial illustrent le meilleur de cet ouvrage, peu préoccupé de théorisation géographique.

A la spécificité des caractéristiques fonctionnelles correspond une similitude des mécanismes de croissance et de domination de ce type d'entreprise, quel que soient le lieu et l'option productive : miser les premiers sur une production dont la demande explose; jouer sur la fiscalité par une savante « gymnastique » de transferts de revenus (issus d'activités non agricoles) en investissements agricoles peu imposés; et surtout s'être assuré du contrôle foncier de l'espace, pour être les premiers à mobiliser leur puissance financière quand la spéculation agricole se présente. La relation entre le grand capital et le contrôle foncier est au cœur de la thèse, alors que paradoxalement les théories économiques s'accordent à considérer comme secondaire le facteur « terre » en système agricole hautement capitalistique. En fait une relation de longue durée s'établit entre le capitalisme et les espaces vacants, c'est-à-dire les espaces à risques, marginaux, en réserve sur le territoire de l'Union. Une profonde bonification préalable est nécessaire, que l'on fait financer au niveau fédéral. Le scénario est presque identique dans chaque cas; quand apparaît l'opportunité de production (canne à sucre après 1962...), on mobilise à outrance ces terres neuves — doublant de vitesse les exploitations traditionnelles — ; aux revenus agricoles s'ajoute la flambée de valorisation des actifs fonciers, même si l'on omet de constater que ces milieux nouvellement mis en valeur perdent à grande vitesse leur pellicule de rente différentielle « naturelle », typique des espaces à la marge (nappes fossiles, sols fragiles).

Qu'est devenue l'histoire de l'agro-business depuis les années 80, avec l'effondrement des cours et les reflux des valeurs foncières ? Tandis que les agriculteurs du Middle West font faillite, les grands investisseurs se

désengagent de la production directe, vont vers de nouveaux créneaux... et le plus souvent ils gardent en stock leurs espaces « décapitalisés », mais fiscalement sans grand coût, en attente d'une nouvelle occasion. La plus rentable arrive avec le front d'urbanisation et la conversion du foncier en immobilier. Un travail plus récent confirme ces tendances dans la filière « céréales-viande bovine » aux Etats-Unis (2).

Après l'ouvrage de J.P. Charvet (3), celui de G. Dorel lève le voile de méconnaissance de l'agriculture libérale américaine. Certaines images sont modifiées : si l'arme alimentaire américaine y perd de sa toute-puissance, l'aide de l'Etat — via la fiscalité et d'autres mesures — y renforce son rôle. — Violette REY, Ecole Normale Supérieure « Fontenay Saint-Cloud ».

(1) Dorel (G.), 1987, Agriculture et grandes entreprises aux Etats-Unis. Paris, Economica, 585 p.

(2) Charvet (J.P.), Dorel (G.), Rey (V.), Vaudois (J.), octobre 1987. Rapport au Commissariat général du Plan :

Modernisation des filières agricoles dans le contexte d'une concurrence internationale accrue. 230 p.; le travail porte sur les expériences américaines et néerlandaises.

(3) Charvet (J.P.)» Les greniers du monde, Compte rendu par V. Rey dans L'Espace géographique, 1987, n° 2.

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