Les Etats-Unis et l'espace latino-américain
Liste de documents :
Document 1 : Le poids des Etats-Unis dans le commerce des Etats latino-américains
Document 2 : Les principaux courants d'échanges entre l'ALENA et le monde en 2000 et leur évolution depuis 1990
Document 3 : Les rapports entre les Etats-Unis et l'Amérique latine depuis les années 1950 Rien (production bananière, caféière, vie politique) n'échappait à l'influence des Etats-Unis ; ce qui explique le maintien de guérillas et de mouvements pro-indiens alimentés par le sentiment anti-américain et l'injustice imposée par des régimes soutenus par les Etats-Unis.
Mais par étapes (1962, 1979, 1988), les Etats-uniens acceptèrent la démocratisation, encouragèrent les réformes agraires (non collectivistes débouchant sur la propriété privée) ; ceci contribue à un décollage rural et à des transformations industrielles et sociales : la création d'une classe moyenne latino-américaine favorise les exportations des Etats-Unis ! Les investissements nord-américains, depuis presque un siècle, repoussent les capitaux britanniques, français ou allemands. Après avoir investi dans le secteur ferroviaire, minier, des plantations, les firmes ont diversifié leurs investissements : sous-traitance automobile, agroalimentaire, électronique ; les industries de pointe latino-américaines sont presque exclusivement à capitaux "yankees" ; un tiers de l'emploi salarié non public, dépend de sociétés états-uniennes.
Aujourd'hui, les Etats-Unis proposent la création "d'une zone de libre échange de la Terre de Feu à l'Alaska". Colombie, Venezuela, Chili, ouvrent leurs frontières. En 1994, 34 nations américaines réunies à Miami s'étaient engagées à créer une zone de libre échange des Amériques d'ici à 2005. Mais la réussite du MERCOSUR (Marché commun du Brésil, de l'Argentine, de l'Uruguay et du Paraguay) est telle que ses membres montrent, depuis 1997, des velléités d'autonomie.
Les Etats-Unis œuvrent pour leurs intérêts immédiats : disposer d'un marché et d'une zone sous tutelle. Mais, à terme, les crises (Mexique, Brésil) et la pauvreté de ce monde sous influence sont une menace pour la stabilité états-unienne.
Source : Nicole et Jacques Mauduy, Les Etats-Unis, puissance régionale et mondiale, Ellipses, 2000
Document 4 : L'immigration aux Etats-Unis
Document 5 : Mc Donald's, une firme multinationale des Etats-Unis
Questions :
1. Présenter les documents.
2. En fonction du sujet, sélectionner, classer et confronter les informations tirées de l'ensemble des documents et les regrouper par thèmes.
3. Rédiger de façon synthétique (environ 300 mots) une réponse argumentée à la problématique définie par le sujet en faisant appel, y compris de manière critique, à l'ensemble des informations tirées des documents.
Corrigé :
- LA PRESENTATION DU SUJET
Le but est d'étudier les relations, notamment économiques mais aussi politiques entre la première puissance du monde et sa sphère d'influence la plus "naturelle" d'un point de vue géographique : l'espace latino-américain, ce qui inclut Amérique centrale, Caraïbes et Amérique du Sud.
Il existe une incontestable domination états-unienne, mais qu'il faut aussi nuancer en montrant certaines limites économico politiques.
Le danger de ce sujet est le risque de paraphrase
II - LES CONNAISSANCES ESSENTIELLES A - PRESENTER LES DOCUMENTS
Les documents proposés sont de nature variée.
Les trois cartes permettent d'appréhender la domination économique exercée par les Etats- Unis sur l'Amérique latine. C'est le cas surtout du document 1 qui est exclusivement centré sur le continent américain afin de montrer le poids prépondérant des Etats-Unis dans le commerce de la plupart des pays latino-américains, sans que soit cependant distinguée la part des exportations de celle des importations.
Cette lacune est en partie comblée par le document 2, même si l'Amérique du Sud est considérée comme un tout. L'Amérique centrale a elle une positon particulière car son géant mexicain fait partie intégrante de l'ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-américain). Mais ce document 2 est cette fois un planisphère, qui permet de comparer l'état des échanges des Etats-Unis avec également les deux autres pôles de la Triade (Union Européenne et Asie Pacifique plutôt que le seul Japon car l' APEC (zone de coopération économique Asie Pacifique) est une organisation régionale de coopération économique, au même titre que l'UE ou l'ALENA).
Quant au document 5, il se concentre sur le destin d'une firme multinationale précise en Amérique latine : Mc Donald's toujours à comparer avec l'implantation des filiales de cette entreprise ailleurs dans le monde.
Le texte (document 3) offre lui une vision plus large des rapports entre les deux termes du sujet, à la fois économiques et politiques, et en trace certaines limites.
Le tableau sur l'immigration aux Etats-Unis permet de voir la place essentielle occupée par les Latinos, signe que les Etats-Unis sont attractifs mais doivent ensuite s'atteler à intégrer des populations pauvres ou mal formées.
B - CLASSER LES INFORMATIONS
On peut définir deux thèmes principaux, avec à chaque fois la composante économique, très développée dans les documents, et une composante politique, abordée davantage en filigrane.
1 - La domination des Etats-Unis sur l'espace latino-américain a) Une domination avant tout économique
Document 1 : Mexique, Salvador et Venezuela réalisent plus de 50 % de leurs échanges avec les Etats-Unis, l'Equateur, la Bolivie, la Colombie (au sud), le Guatemala, le Costa Rica et le Nicaragua (au centre) entre 25 et 50 %.
Document 2 : L'ALENA (qui inclut toutefois le Mexique) est en situation d'excédent
commercial avec l'Amérique du Sud, alors qu'elle est déficitaire avec l'UE ou l'Asie Pacifique.
Document 3 : Un tiers de l'emploi salarié non public latino-américain dépend des sociétés états-uniennes, qui ont su diversifier leurs nombreux investissements dans cet espace (automobile, agroalimentaire, industries de pointe).
Les Etats-Unis servent avant tout leurs intérêts (voir les réformes agraires et le décollage industriel qui ont favorisé leurs exportations en créant une classe moyenne latino
consommatrice de leurs produits).
Document 4 : L'Amérique latine restant défavorisée, il s'ensuit de très classiques migrations Sud-Nord, reflétant la domination et l'attrait exercés par les Etats-Unis : ce sont les Latinos qui ont le plus immigré aux Etats-Unis entre 1995 et 2001 et dont le nombre a connu la plus forte augmentation, loin devant l'Asie et l'Europe.
Document 5 : Un certain nombre d'établissements Mc Donald's implantés en Amérique latine, avec comme conséquence une importation d'un certain mode de vie états-unien, donc une domination (ou un début de domination ? ) culturelle.
b) Une domination politique
Document 3 : Elle a longtemps complété la domination économique : "rien n'échappait à l'influence des Etats-Unis", qui ensuite "acceptèrent la démocratisation" (penser au coup d'état au Chili en 1973 portant au pouvoir Pinochet, aux contras du Nicaragua). Le texte évoque la mise sous tutelle de cette zone par les Etats-Unis.
2).Les limites économiques et politiques de la domination
Document 2 : Les exportations latino-américaines en direction des Etats-Unis progressent largement et on n'est plus si loin de l'équilibre commercial entre les deux zones.
Document 3 : Il est dit qu'à long terme les "crises et la pauvreté de ce monde sous influence sont une menace pour la stabilité états-unienne" comme le montre le "maintien de guérillas et mouvements pro-indiens alimentés par le sentiment anti-américain et l'injustice imposée par des régimes soutenus par les Etats-Unis".
Document 4 : L'importance des migrations de Latinos en particulier mexicains et salvadoriens crée ensuite le problème de l'intégration d'une communauté hispanique désormais plus nombreuse que la communauté noire, et elle aussi victime de la
ghettoïsation de la société américaine. L'installation de maquiladoras au nord du Mexique n'a pas compensé l'attrait exercé par les états riches comme la Californie ou le Texas.
Document 5 : Les filiales de Mc Donald's, destinées à séduire des clientèles étrangères sont bien plus nombreuses en Europe et en Asie.
Document 3 : "le succès du MERCOSUR est tel que ses membres (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) montrent des velléités d'autonomie."
C - UTILISATION DES CONNAISSANCES PERSONNELLES
On peut reprendre les thèmes dégagés dans la question 2, tout en ajoutant quelques connaissances personnelles.
L'espace latino-américain apparaît encore aujourd'hui comme la "chasse gardée" des Etats- Unis malgré une émancipation à la fois progressive et relative.
L'influence américaine a longtemps été multiforme, économique mais aussi politique. Cette domination historique (malgré l'indépendance précoce de pays sud-américains) s'est trouvée renforcée par le contexte de guerre froide : afin de lutter contre le communisme soviétique, les Etats-Unis ont préféré installer ou soutenir des dictatures qu'ils contrôlaient en Amérique latine.
Parler ensuite de la démocratisation par étapes acceptée par les Etats-Unis qui a notamment servi leurs intérêts et leur domination économique :
part de leurs échanges dans le commerce latino-américain,
Délocalisations et maquiladoras au Mexique,
Volonté d'étendre l'ALENA pour créer une "zone de libre-échange de la Terre de Feu à l'Alaska",
Migrations de type Sud-Nord.
Terminer avec les limites de cette influence :
Sentiment d'injustice et anti-américanisme,
Instabilité politique et migratoire créée par la pauvreté,
Succès moindre de certaines firmes états-uniennes qu'en Europe ou en Asie
Réussite du MERCOSUR et volonté d'émancipation qui en découle.
En conclusion, pourquoi ne pas mentionner l'exemple argentin, autrefois modèle latino et dans une crise sans précédent aujourd'hui pour avoir trop "américanisé" son économie.
Le signe que la domination nord-américaine sera durable ? Penser aussi au cas du géant brésilien au fort potentiel et beaucoup plus indépendant du commerce des Etats-Unis.
Enfin, on pouvait faire remarquer que les documents privilégiaient nettement les rapports de domination économique, sans en dégager vraiment les conséquences culturelles ou
sociales. De même, ils restent quelque peu évasifs sur les limites de l'influence états- unienne où les conditions de l'émancipation latino-américaine. Peut-être parce que les rapports politiques complexes entre ces deux zones ne sont que succinctement évoqués.
