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L'unité de la pensée chez Horace.

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Texte intégral

(1)

DeCORWIN - L'UNITE DE LA PENSEE CHEZ,HORACE . 1 . ." ~

(2)

1 1

RESUME

DeOorwin, Hél~ne, L'unité de la pensée chez Horace. Olassics - M.A.

. . . .

. A premi~revue,l'oeuvre d~Horaceappardt composée de pensées

s~n~

liens, de

th~mas

souvent· contradictoires. Une.

. .

lecture

approfondierév~leque

touté la'

p~nsée

morale et poéti-que d 'Horace est' unifiée parle principe de mesure. qUi existe

. . " . . ' . . . : . . . ,' ..

dans la

natur~'

et qUi fo:rmela' caractéristique la plus profonde

. c

du tempérament horatien. Oe principetranspara!t mbe dans la

. -. .

structure et dans le style des poOOies.

", . .

L'unité est confirmée par le parallélisme qui existe entre l'homme en qu@te du bien moral et l'homme en quatedu bien poétique : tous deux s 1 exposent aux m&1es risques inhérents ~'leur conditlonhumaine •. ns n'y échappent que par le courage, la vertu, la sagesse. Tous deux: aspirent au bonheur et ~ l'im-mortalité.

Mais sans les chants du po~te, m~e l'homme ve~tueux tombe dans l'oubli: la poésie, elle-m&!.e immortelle, est dispensa-trice d'immortalité.

(3)

ABSTRACT

DeCorwin, Hél~ne, L'unité de la pensée chez Horace. Classics - M.A.

Horace's worka appear a collection of d1sjo1nted and sometimes contradiètory themes. However, a close study reveals an underlying unit y of thought. It.rests on the general princ1ple of the Golden Mean which 1s the fundamental characterist1c of Horace' s temperament. Having . perce1ved this principle 1n nature,

..

Horace adopted 1t and projected 1t in his wr1tings. It pe~eates

his moral and poetic thoughtand 1sevident in his style. A consistent parallel1sm exists between the moral and poet1c spheres, between the man strivingfor moral values and the man striving for poet1c values. In the struggle for happiness and innnortality, beoause of his human condition, each man faces riska which he can onlyescape through courage, virtue

and wisdom.

But even a courageous, virtuous and wise man, if

unknown to bis fellow men, turns into dust. It 1s the songs of

"

a poet that make him immortal. Poetry 1s not only immortal, it dispenses immortality.

(4)

L"UNIT.É DE LA PENSÉE CHEZ HORACE

" ".' "bJ' '

. ' . " .: ~ ":' ' .. .': ,,' . '" .. ; .. , ' . .. , SELEBEDE CORllD ',' , , " , . " ' , ' " .... . ", . ", ' : . . ,' '," -.,',' " , ' " ' .< ," : ' . ',' .' .... '" ' " .. , '~' TBESIS . ',:, .. , .

SUBMITTEDTO THE FACULTI OF GRADUATE BTUDIES ,AND BÊsEARcB ,'"

. ' ' . .

"IN PARTIAL FULFIUmn' OF, THE REQUIREMENTS

.ma.

mE, DEGBEE OF

KAsTER OF ARTS DEPARTMENT OF CLASSICS H:: GILL, UNIVERSITY APRIL 1968

(§)

Hé1~ne

neCorwin 1968

~

" , .'.

(5)

TABLE DES MATIÈRES

psges

INTRODUCTION... 1

PREMIÈRE PARTIE: L'expér1ence morale... 7

l.- "BEATA ARVAn: Lepo~te inspiré ~ ls recherche

·desnes:Fortunées-.Epodes ••••••••••••••••••••••••• 8

··lI.-'tESTIDDuS:m

ImBUS.n:·':~· 'S'~ti:r~~

....

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24

40

. DEUXIÈME. PARTIE : ,< L'eXpérienQe:p()~t1que •• ~ ~ ••• ~~.'~ .~.~ •••• 4o ~~...47.

' .

.... '.: .;," .. .

Sat:lreÉi

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... de lapoés1e·et.du:po~te •• ' ... ~ ... ~~ ... ~.'. ..80 .

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SAPERE:EST'

ETPRINCIPluM: .' .

ET FONS": ,.'. ArtPoét~qitë.~.~ ... ~~~ •• Ii ~~~ •• ~ • • • • • • • • • 4o .86

(6)

INTRODUCTION

'menique ait quod vis simplex ·.dumtaxat et Wlum" l

Uneprem1~e

lecture de l'oeuvre d'HOrace laisse l'impression d'une inspiration disparate, .. tran(Jhis;antavecdés1nvoit~e les étapes qui' séparent les thbessérieuxet légers,reD1antsouda1n cèqu'elle juraitU'ya'UJ1

1l1stant.Impres~ion

contu-méeparlestYle mbeq1l1 . abonde' ~n:juxtapositionsd~cordan1;es,en antit~ses frappantes' et métaphores pluS ou moinS pertinentes.De:l~s 'estrépâDduleŒythe,

. . . . • . . . . . . , . . . .. c " , ' , oc:: :.0',.' .... , , ' : . , : " ... "2 .

qui n'estd'aUleurspas :encorediaparu, des deux Horaces. . 'Un

, . " , . : . ' " . . ' . , . .

critiqUe du si~cle:derzder ne disait-U'pas: nNOreader of the Odes, howevercareless, .' can . havef'aUed . ,tonot~ce the ·extraordinary'

d1tf1culty-of discoveriDg' in. them,anythiDg like a . 3 . . . .. '. '. . .

connect~d

train of' thought." Cette réfiexionpourrai"t; s'appliquer tout autant aUX

Epodes et aux Satires, mais déjl mOins aux Ep!tres.

4

Cependant Campbell, dans. son étudest:lmulante, , ,

' . remarque

qu'U faudrait attaquer par ses fondements le probl&no

de

l'unité de

1 Horace, Art Poétique, 23. Trad 0: "Bref', l'oeuvre sera ce qui on

voudra, i l f'aut tout au moins qu'elle soit simple et une."

Toutes les traductions t.ran~aises citées dans ce travaU ainsi que les textes latins seront tirés de l'édition de François Villeneuve, Société d'éditionn.Les Belles Lettres", Parisl ~ et Epodes (1959); Satires (1966); Epitres (1961).

2 Eduard 'Fraenkel, Horace (Oxford 1966) 232 n.l et 240. 3 R.N. Tyrrell, Lat1D poetry (C~mbr1dge 1895) 192-193. 4 AeR. Campbell, Horace: A New Interpretation (London 1924).

(7)

·la pens6e d'Horace, d'une part en étendant cette étude A l'ensemble de l'oeuvre, et d'autre part en rev:1sant notre conception de la poéSie.

n

est d'a'ris que l'oeuvre d'Horace est d'une homogénéité

extrême. Et il est vrai qu'une lecture répétée et plus attentive (dans. la rétlex1o~ de Tyrrell, citée plus haut, le terme careless est

A

retenir) éveille des réminiscences d'un passage

A

l'autre; des ter.mes se font écho, de~ leitmotivs reviennent et s'~lantent en notre mémoire et· notre sensibilité. Une lumi~re luit,' un

'5

"lucidus ordo" appardt révélant des liens certains entre les i-dées et les 1mages m4mes qui les expriment, une démarche s1tre vers

un but déterminé. Alors se dessine pour nous le portrait d'un homme aux prises ~vee les probl~mes de sa propre humanité, engagé dans une voie de perfectionnement moral, voué ~ une catharsis et qui se reconna!t

une

mission aupr~s des autres hommes dont 11 de-viendra l'exemplum. par excellence. Cet homme se veut po~te car la

6

poéSie luiappara!t comme la voie royale vers la "caelest1s saplentia" , source de bonheur pour l' homme et de Bon immortalité.

5 Art Poétique, 41

6

Elp!t. 1.3.27

(8)

'Ces poursuites du po~te se formulent

l

travers· la

diversité brigue qu'U ne ftiut pas confondre avec la contradic· 7

tion de la pensée. Est-ll juste, d'ailleurs, de vouloir imposer

l la méditation d'Horace une rigueur logique d'ordre philosophique? Au lieu de parler de contradictions, de conversions (politique, religieuse ou phUosophique) ne serait-il pas plus exact d'admettre que dans SOD réalisme 11 voit le monde comme un tout?

n

n'essaie

pas d'en exprimer des aspects uniques et exclusifs mais de DOUS présenter sans détours les possibilités nombreuses qui existent. Horace avoue clairement cette diversité: "quid vel1t et possit

8

rerum concordia discors n• De m@me que des contraires se cStoient dans la Vie et dans l'homme 1ui-mbe, de mOme se cStoient-Us dans

. .

l'oeuv.re du po~te qui veut transmettre une expérience de vie et DOn une apécul.ation. Cette expérience est double: e:çérience humai-ne d'Horace lui-même qui nous en livre les péripéties mouvem~ntées

7

H.L. Tracy, nHoracete Ars Poetical A Systematic Argmnentlt ,

gm.

17 (1948) 104-105, définit comme suit cette diversi~ lyrique: "Horace 1s a writer of one id:!.om only'. His method in a11 his worka is an essentially lyrica1 method whether he is working on lyrica1 materia1 proper or on satire, epist1e, or d1dactic verses .. 00 Once the lyrica1 manner is understood, ••• Horace's t1,Pica11y c1ear 1ogic, in ode, satire, or treatiee stands revealed. The lyrics1 method JDaY' be defined as follows:a presentation of a system of

ideas in concrete terme, in terms iDvo1viDg action and feeling; through illustration, allusion, and anecdote;

'b7

pictures~ symbole, allegories, images;

'b7

occas10nal a8sociated images or descriptive detaUs, DOt strict17 relevant, but serving to malœ the relevant

image more res1 and vivid. These are the terme in a 1yrics1 method ••• The 1yrical method is 1mpressionistic, suggestive, and sensuot1SJ 1t -appeals to the perceptions. The didact1c method is critical,

systematic and intellectua1) it worka in concepts.ft

8 Ep1t. 1.12.19: Itquels sont la signification et le pouvoir de l'har.monie dissonante des choses.n

(9)

dans de nombreuses confidences autobiographiques, expérience du ouates ft inspiré, du "Masis amicus ft •

Nous essaierons dans cs travail de dégager l'unité

qui nous apparatt d8JlB la p$nsée d'Horace c' ëst-1-dire de démon-trer que le but.primordial d 'Hôraceen . . . ' est'unde'perfec~1oDDement , . ' . . : . moral qui doit ~ner par des.étâpes.:-successives·l TlDdègré;'~e plus

. ' . . ' . . .. . . , : . ' en plus graDdde vertu et de

boD11sœ.·

qUi, ont leur sourceÛl t1me ' dans la sagesse; que· dans cette., démarChe vers la sagesse il' en-seigne 1 l'individu le vrai sens de la vie dans les circonstances sociales et politiques nouvelles, "lui· indique comment s'adapter,·'

. . . .

a11 monde et aussi l UD'Divsauplusélevé comment devenir

indépen-..

dant de ce monde. Nous voudrions'démontrer aussi

que

cette sa- . gesse est également pour Horace la source de la perfection poéti-que comme le laisse entèndre l'emploi dem&nes termes, de mênes

9 s,mboles pour désigner l'art de bien vivre et l'art de bien écrire. Nous verrons que cette unité s'exprime au sommet parles rapproche-ments tréquentsentre l'homme vertueux et le po~te: l'1mmortal1t~

et le bonheur de l'homme vertueux s'accomplissent en déf1D1tive par .

. , 10

la poésie: "Dignum laude ~,Musa vetat mor1/ Caelo Musa haat. R

- .

9 E.g., .A.P. 309-,310; Eptt. 2.2.141-144; A.P. 38-401 Sat.l.l.106.

10 Od. 4.8.28-29: "L'homme digne de la gloire, la Muse défend qu'il meure, .la Muse lui donne le séjour bienheureux du ciel. ft

(10)

Pour atteiDdre le but proposé, nous avons d'abord reoher-ché les thh1es qui caractérisent la pensée morale d 'Horace en sui-vant

l~s étapesquesonoeuvreelle-mêne~eJDb1e'

indiquer. L'Epode ··xv1âfOarn!.lepren11er1Dd:1ce;sm-;lana1;urè de .1'entreprise

d'HO-o .' • • • • • , . ' • • • • ' . ' , , " . . . . '

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b.dice:quidévolle:1l1Îbut'de:

reCl1e~c~ede

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, .•

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tra1ed0iDin8it

et,'$erva~t d~~~a~déroul~entdë1apensée,

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.. ,·formait •••

lIUDitéa··'~"~t~:1t'le:pr~ci~e!,~ê.·'.~~s;n.~:~on~:1.'hÔ~e.'pu!se,.

5

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daDEJia'lUiltu:reêlle--m~e~:': C~tte'mesur~est, l~::~oDditiOD

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~tIS.· avo~.accompap.Es .~orace·.·

dans

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" '

et de conf'idencesplus;·'oumo1nscâ~hées.' ~ÊJ'Sat~es'on~ eettefois ....

, ,": ' , ' , ' , , .'. " " " " " " ' ' . . ' .

servi de pointdedépart~is·. c)nt'vita f'aitplace A l'oeuvre]jrique . .. qm.

rec~le

une 'm1nede

'reriseign~ei1tlB sur'~ les·~spJat:1ons.'d'Horaoe,.

la nature et 1e'r61e

de.'

la

poésie~tdupo~te

,.: et sur leur :LmmO;rta-lité. Pour terminercettepart1e,U:a

semb16

bon'

de,COJDlJlenter certaines partiesdel'Ep!tre

auxP~soi1s(OllArtPoétiqUe)~'

qui a transmis·les raisonnements d'Horace sur l'expérience, poétique qu'il

a vécue et sur les conditions du beau et du bien en poésie. Encore une fois l'idée centrale s'est avérée nulle autre que ~e principe rationnel de mesure. La poésie est devenue cette fois l'arme idéale

(11)

pour tr.iompher en définitive do la mort.

, '

,Tout au long de ,cette s,econde partie, ohaque fois que l'oooasion s;'enprésentait,. des l1e~ ont ,été &tabl1s en~e ,

l'eXpérience . PD étique et l'expérience morale déorite au cbap1tre

'.. . ,

préc~dent.

n

a suffi, al:.ors',deoondenser ces ~09pprochements et ces paraU~l~sdansune concl~iol1

qui

r~établit d'UDe lagon ,

dir~~te et concise, l'unité de la p~DBée d'Horace que tout le

. ", . . . . , . . .

travail s'est efforcé de faire ressortir en détail. . ... ' .

. :', . : ... " , ; ' . " ' . "

. , ' . ',':" ': , .. :': .. :: ,

(12)

·

.

P·R E ·M·IE R E PAR TI E

(13)

CHAPiTRE PREMIER

~EEATA ARUA":

Le

po~te ~ la recherche des Iles Fbrtunées - Epodes

L'Epode XVI est en tête de notre ~tude parce qu'elle présente un triple avantage: elle est sans doute un des écrits les plus anciens d'Horace, les dons lyriques du po~te s'y

mani-1

festent déj~ et finalement elle est un tableau des circonstances politiques et sociales qui ont été les catalyseurs de sa vocation-Que l'Epode ait été écrite durant les derniers mois de la guer-re de Pérouse, en 40 av. J

.-C.,

ou au printemps de 38~ ~ la reprise des hostilités entre sextus Pompée et Octave, le fait important est qu'elle exprime le dégodt révolté d'Horace (dé-goAt partagé sans doute par la majorité des citoyens romains) pour la situation extr&te oà se trouve Rome. Voila pr~s d'un

13i~cle qu'elle s'épuise en guerres civiles et fratricides et

1 Ce fait nous semble important car on a parfois nié'les dons lyriques d'Horace sous prétexte que les Odes étaient le résultat d'un labeur acharné par l'"apis Matinaefi (Od. 4.2

027). Mais la forme et le ton amples et riches de cette épode prouvent l'exis-tence d'un élan intérieur chez Horace qui le prMisposai t au lyrisme. Et pour nous, le lyrisme d' Horace laisse transparattre, au niveau de la forme, l'unité du fond.

(14)

3

maintenant Dsuis et ipsa Roma u1ribus ruit". C'est la mêne constatation que Tite~Live fera peu longtemps apr~s : Dquae •••••

4 eo oreverit ut iem magnitudine laboret suait.

A ce moment, Horace en a assez de la politique: la se-conde défaite de Ph1l1ppes en

42, l

laquelle i l n'a échappé que

5

grtce l un subterfuge de Mercure , lui a été une legon cuisante et durableJ la confiscation de 'ses biens, autre conséquence des

, 6

luttes civiles, l'a laissé pauv.re. Dans ses épodes, i l déverse le trop plein de sa bUe mais une autre préoccupation s '7 fait jour: trouver une explication l cette situation tragique et

peut-,~tre aussi trouver une solution qui remette les hommes en posses·

sion de la paix, du bonheur. Dans, cette recherche, Horace s'assigne déjl

un

r61.e de premier plan: "DUs secUDda ~ !lm

datur tuga" (66), ns 'offre aux hommes pieux l'heureUse évasion dont je suis le chantre inspiré.D De plus, il met sa mission

3 Epodes 16.2: ~e s'écroule par ses propres forces." 4 Tite-Live, Histoire Romaine, Préface 4 (Les Belles-Lettres Paris 1961) 3: "l'Etat romain s'est accru aU point de plier aujourd 'hui sous sa propre graIldeurn •

5 Od. 2.7.13

6 'Ep!t. 2.2. 49-52

(15)

7

de proph'te inspiré sous le signe de la "pie tas Il e C'est donc qu '11 voit la solution dans un renouveau moral: désormais; seul celui qui a le coeur droit, qui a1mela justice aura acc~s aux I-les Fortunées. "Vos, quibus est mtus n, d1t-ll au vers 39 lorsqu'·

i l lance son :lnv1tation l" gagner les lIarva besta· le5 'hi,;ites 1nsulasn

(41, 42).

Mais que sont au "juste ces nriantes campagnes n

'1 La pietas sera essentielle

l

toute l'oeuvre religieuse d 'Auguste. L'sv~nement de ltaaureum saeculumn, marqué par . la prédominance accordée au culte d'Apollon, s'accomplit sous les s~boles de la pietas qui appelle des réconciliations avec les dieux et l'expiation des impiétés de la derni~re génération. Ce thbe du péché

l

expier parcourt la littérature du temps et surtout les Odes d'Horace (e.g. 1.2.29 ss., 3.6; allusions

a

la faute de Laomédon contre ~ollon et Neptune, au fratricide de Romulus.) Le po~te qui d~s maintenant met sa mission sous le signe de la pietas.pourra-t~ manquer de sincérité dans ses Odes civiques et religieuses et dans l'appui qu' 11 accordera

A

la politique augustéenne ?

(16)

-qui évoqUent les Champs Elyaées du Chant VI de l'Ené1dà ?

8 .

L'interprétation de Perret, qui '1' voit le royaume intérieur, le l"O'1'8UD1e d'une vertu virUe, nous semble la plus en harmonie

avec la nature d iHorace et l'orientation' que sa pensée va prendre désormais.

L'Epode VII qui n' s pas été écrite blen longtemps 8pr~s

l'Epode XVI est aussi une invective désespérée contre les guerres civiles. C'est donc un sujet qui tient A coeur ~ Horace et c'est un thb.e qui repardtra souvent dans les Odes d'inspiration natio· nale, civique, politique. Cela pourrait servir d'argument contre ceux qui ne croient pas ~ la sincérité de ces odes.

8 Jacq~s Perret, Horace (Paris 1959) l13-114a "Les propositions

d'Horace .... sont tout

K

tait étranges.

n ..

s'agit d'abandonner Rome, ville maudite,.... La cité tout enti~re, ou du moins les meUleurs (v. 37), partiront sans esprit de retour et iront . s'installer aux: nes FortUl'lées.

n

est bien assuré qu'Horace n'a

j~s eDVisagé l'éventual1t~ 4'une.vérit~ble.émigration. S'agit-il d'un cri de désespoir, appel 1 une 1mposEJible évasion? Le ton du pobe ne recommande pas cette interpretation. On comprondrait mal, de surcro!t, qu'Horace ait prétendU s'adresser surtout aux vaillants. Mais 11 encore la comparaison avec les Odes (o~ des thbes mythiques sont utilisés en des allégories) peut nous mettre sur la voie: ces arva beata sont tr~s vraisemblablement identiques aux: bastos portus qu'un po~te contemporain (Oatalepton

5,8) voit s'ouvrir devant lui s'il se voue uniquement ll'&tude de la sagesse et IIrécup~re sa vie dévorée par les soucis". Ces ter-res apparemment lointaines, situées au bout du monde, c'est en réal1U le r0'1'aume inMrieur, DOn pas le r0'1'aume du r6ve, mais bien celui d'une vertu virile - Rlaissez gémir les temmesll

-seul recours pour chacun quand le désastre collectif est l~ •••••• Quand tous eUorts ont été vains et que d'un bloc tout l'extérieur glisse ~ l'Ab1me, ah' qu'il DOUS souvienne aU moins que notre S:m.e DOUS reste.1I

(17)

Notre po~tev1ent de laisser entrevoir dans l'Ep~de XVIqu'U volt une solution au Diveau 1Dd1v1duel.' Plus ,tard

11

cUra' : '

9

"quid leges s:lne moribwl ft , '

nA

quoi serVent les 101s', 'vaines

SaDs les :inOeur8"~

n

faut d'abord retrouver le chemin de la ' ,

paix iDd1v:1.dueUe danlJ une r&lducatioD morale avant de se pr&-occuper d'inculquer l'l iÏtoŒne un

idéal

patriotique •.

(18)

~

,

CHAPITRE DEUXIEME

.!lEST HmUS IN REBUSII - Satires

Iss Satires semblent bien ,8tre les premiers essais du p03te moraliste. Elles marquent le début, du

'loDg

cheminement qui doit le mener lla découverte de lavraie~agel9seè:, Nous<

7

. ,.: " . ' ' . .

voyons Horace, en vrailllédecindesftmes,:, occupé létabl1run diagnostic sérieux sur le

mala1Sequil!Jépare1eshOJDmes'duboD~

"

,10' '" '

heur, c'est-l-d1re de la

santémor81een~~it quec~est

le'

.. '. . .. " _...::.":" .;. .",.. .... <: .: .' .. ~. ' :-,' , ... " ". "

premier pas vers un traitementj~cieux •. Danacettedemarche,

:, " , .. .'

il a la . e préoccupation préHm1na1r~ql1etouslesph1ios'ophes (sto!ciens, épicuriens ou cyniques qui elJX-m&nes s1l1ventl'exem-ple de leur mdtre commun, So~ate) :réviser:toute

El

les valeurs

d 'OpiDiOD, trouver la vérité

l

travers les apparences. ,Occupation philosophique, mais méthode poétique puisqu'HOrace entend" bien

. . .:: . . ' ,

partir de l'exemple concret, du réel pour en d~tacherla legon mo-rale : pour lui, tout enseignement moral ne devient réel que dans une confrontation avec la vie et c'est pourq,uoill ne pourra jamais

être un sectaire dans ce domaine. Cette méthode qu'Horace adopte dans les Satires est le résultat d'une double éducation : éducation morale regue de son p're et se basant sur le fait concret et

l'ex-11

ample, éducation philosophique acquise

l

Ath~nes dans les

10 Dans les Ep!tres Horace comparera les vices

l

des maladies Gog. 101;

1.6

(19)

12

~bosquets de l'Académie", "inter slluas Academ1a, école qui

tavorisait une attitude éClectique et qui rendit sans doute Horace 13

tam1lier avec les "chartae Socraticaow •

... Le~ .t~;l.s :premi~rE3s satires du. premier livra nous

. . : . . .

l1Vrellt·.les·.c.onclUB~onS flllXquel:les' Ho:ra~e eftt' BlTivé d,ans ,sa

re-cherche:;

lës,hommëssontméccint~Dtsde le~,sort

et enmbe, temps

' " . " . . ... ... . . . ' . , ." . , . , "

.... : ,

", D.'~ccePte~sfentpasdelechaDgers'ils en avaient

la

chance,'c81"

"

.'

.

. ,14

ils son'tmeœs par l.aeu.P1dittS~,le cl.ésirJ.nsatiabled 'amasser des riches'sesdontilsneprotitentt1Dal~eDt Jama1s.C'est~e,. sujet'de.la . pre:m1~reeatfre.·· Dansla<Satire 1;2,'Horacesoul1~e

: . : . ' " . ' . ' ,. .

lecomportamentdéséquilibré des boimnes par de nombreux'

ex~l.~s,'

", . - . . ' . . '.

. ' . . ' . . : . ,.", .. . .:" ... ,... ' ; . ' , . . . ' , . , ' . : contrariac1n"1"1lint."

n .

(24), . ~les'hommes, daDS leur'déraison" quand '

". . . '

ils,

v~uleDtév1te~UDdéf'aut,

se Jettent dans le détautcontra:lre," et. un peu plusloiD, "nU ~dium esta (28): .1tDUl.ne sait garderIe

15 mesure".

12 Ep~t. 2.2045

13

A.P • .310

14

Le mot "avaritia" est employé ind1f'f'éremment par Horace pour désigner la cupidité, i.o. le désir des richesses, et l'avarice elle-mOme.

15 Qu'on peut rapprocher de l'Ep!tre 1018.9 rtvirtus est medium vitiorum et utr1mque reductuma: nla vertu est le milieu entre deux vices, l égale distance de l'un et de l'autren•

(20)

La Satire 1,3 a'en prend

l

l'inconstance d'un ce~tain Tigellius le Sarde, pour passer brusquement, au vers 19, au tableau de. la vie diff'ic11e qui résulte du manque d 1 indulgence des hommes les

uns euvers1es autres •. Dans ladeux1be partie .de la satire,

l

partir du vers· 76, apparaissent les gens auxquela Horace en veut 'surtout J les' sto!ciens· . et leur principe' absurde de l'égalité. des

fautes. ns prétendent que seuls Us ont la. sagesse et la science, que seuls 1113 s~nt rois: rois ridicules, dont se moquent les en-fants, reprend Horace. Contre le dogme sto!cien,Horaœ en appelle

l

la réalité positive J

. quis paria essetere. p1acuit peecata, 1aborant, .

cum uentum ad uermn estJ. sensus moresque repugnant·. 16 atqueipsa ut1l1tas, iustipropemater et. aequi.(96-9S) la répression des fautes De peut dériverd

'un

flldome général comme celui des sto!cie~; elle doit comporter des r~gles spéciales. visant des cas déterminés. Contre le pharisa!sme et la sévéri té des sto!-ciens, contre cette rigueur excessive, Horace oppose le bon sens et l'expérience sociale, 1 'histoire, le contraste des rêves 1nf'1n1s avec la réalltémisérab1e.

Dans' ces trois prem1~res satires nous voyons Horace ttltonner pour trouver quelque principe da conduite et dans la prem1~re 11 af-tirme m&ne un certain lien entre la constitution de l'univers et la

16 Trad. "Ceux qui ont décrété, en r~gle générale, l' égalité des fautes, . sont tort en peine quand on en vientl la réal1 té; le sens commun et les r~gles de la vie protestent, aussi bien que l'intér&t, qui est en quelque sorte le p~re de la justice et de l'équité."

(21)

v.1e morale: an est en toutes choses un milieu, des limites. dé-terminées enfin, au dell et en

4e~l

desquelles ne peut se trouver le bien,"

Est modus in rebas. sunt certi denique fines, quos ultra citraque naquit cous18tere rectum. (106-107)

Idéal de mesure. Idéal qui risque de crouler dans la ~d1ocrité

a-t-on dit souvent. Ma18 soyons attentifs au contexte a..tin de bien comprendre le sens de mesure. Tout au long de cette satire, Horace essaie de faire comprendre que la mesure l garder est celle qui nous mettra en harmonie avec les exigences de la nature et nous procurera

ainsi le contentement qui résulte du minimum de satisfaction ac· cordé

1

notre Btre naturel. Si nous ne réalisons pas cette harmonie, qui est mesure, nous con.nattrons la douleur.

n

en va ainsi de

quiconque c~e au désir de possession et 1 qui~onque refUse, plus généralement, de prendre conscience de lui-m&1e, 1 l'intérieur de ses limites. En somme, cet idéal de mesure, Horace le rattache

, . . .

au ft ~,,~

t9

1 {je;( ù TO tI ft de 'la sagesse antique.

n

voit déj

l

la nécessité de se guider sur une r~gle qui existe dans la nature et de mettre un peu de raison dans notre vie.

The first poems reveal a satirist who malœs ethical

inqu1ries into large, important human pro blems, discusses them ca~ - vith irony and IlOt bluff ridicule - and makes them lead tovards rational 1nsights into ourselves

and the moral order support1ng the universe. 17

17 W.S. Anderson, The Roman Soèrates: Horace and his Satires, dans J .P. Sullivan, Critiaal Essaya on Roman Literature

(London 1963)

24.

(22)

Nous aimerions rapprocher la d1xi~ satire de ces trois prem13res, bien que ce soit une satire littéraire, car il nous semble Cil'.L'en Y' exposant un credo littéraire basé sur la mo-dération et 1 '"urbanitas", Horace nous donne un ~pergu_ int1me de son tempérament. Dans cette satire, Horace to~ule la ragle qu'il veut suivre désormais: écrire pour une ~lite (7.3 ss.), user de ménagements dans l' attaq~, piquer sans enf'oucer, ra 111er sans injurier, ne pas torcer la voix, éviter le ton, les gestes, les

man1~res déplacées, reflter avant tout 1 'homme du monde qui sait

ménager ses torces et ne pas en abuser (9 sS)o Il est tacile de reconnaftre ici le désir de rester loin des extrGmes. C'est

A

croire qu '11 y a chez lui une modération naturelle, écho de cette mesure qu'U voit" dans les choses et qu'U veuille l'ériger en

sye-18

t3me dans le domaine littéraire comme dans le domaine moral.

18 et Steele Commager, The Odes

ot

Horace. 11 criticsl stud,.

(New Haven 1962) 104: "Horace seems to pursue lite through a series

ot

p.

i

v

and

S

~ clauses, cbarting his OWD course by the

derelictions to either side: "This person goes ott to the 1ett, that one to the rlght". Antlthesis appears as tundamental ta his moral constructs as to· his artistic ones, and we might guess that his doctrine ot a Golden Mean (ct 2.10) has a more vital source in h1s own habits

ot

thought than in the philosophical tradition

ot

thef-~a'bCI'}~. Virtual:Qr everythiDg Horace treated presented itselt to h1m in a double aspect. He torever compels us to seek s1m1larities or to aclmowledge oppositions, to

discrim1Date and yet to maintain a balance.

(23)

Dans le second livre des satires ,Horace a opté généra-lement pour le dialogue. Cette nouvelle forme donne plus de Vie et de variété. Elle permet aussi d 'éviter une allure trop didac-tique et de paÙ1er lla monotonie qui enl~erait du po1dsaux. pensées. Car l'enseignement n 'Y' est gu3re différent' de oelui du premier livre. D~s la prem13re satire, Horaoe soul1gne l'intention morale de ses attaques: "scU:1cet uni aequus u1rtuti atque ejus aun1cis" (70) J "en épargnant, cela va sans dire, la vertu seule et

les seuls amis da la vertu". Et la mati~re génôrale du livre est donnée lla Satire II qui débute par "Que uirtus et quanta, boni,

sit uiuere paruo", "quelle précieusë qualité, mes bons ws, que da vivre de peu", continue par un. plaidoyer contre les exe~s at se termine par ce sage précepte contre les caprices de la Fortune: "Quocirca uiuite fortes / fortiaque aduersis opponite pectora rebus" (1.35-136), " ••• vivez vaillamment et opposez h l'adversité des poitrines vaillantes."

Dans les Satires II, 3 et II,

4

DOUS avons la satire d'un

sto!cisme axtrGme, gauche et pédant et d'un épicurisme extr&le, alors h la mode. Ce qu' fi est important de retenir de ces pi3ces c'est qu' Horace, encore une fois, souligne la fo11e des excbs et surtout de l' e:x:c~s qui provient d'un attachement exclœif l une doc-trine qui fait fi des exigences de la réalité. Et dans les vers 99 l 103 de la troisibe satire on le retrouve, en bon Romain pra-tique J élOigné des extrbes J rendu rebelle aux sys~mes et aux

doctrines générales par la vue et le contact des réalités:

(24)

•••••••••• ~ •••••••••••• ' •••• ' •••• •• Qù1d s1m.1le isti . Graecus Aristippus? qui aeruos proicere a~

in media iussit Libya, quia tardius irent proptar onus segnes. Uter est 1nsanior hormn? Nil agit examplmn, l1tem q-uod lite resoluit. 19

Horace nous indique la voie moyenne et pratique qu'il veut suivre. Certains veulent voir dana la satire II,

4

une profession de foi épicurienne. C'est peu connaftre Horace et son sens de l'ironie et du ridicule. les faffinements gastronomiques qui en font le sujet sont une raillerie évidente dCune babitude qui commençait

~ se répandre chez les riches blasés de son époque. Nous avons un

autre banquet encore plus ridicule A la Satire II, S. Horace aimait la bonne ch~re et les bons vins, plusieurs odes et ép:ttres en sont les témoins, mais m~e l~ les godts qu'il affirme restent simples. Nous nous rangeons

A

l'avis de Boissier:

••••• les dfners avaient pris beaucoup d'importance et on les regardait comme une v~ritable affaire d'Etat. . C'étaient une science tr~s compliquée: dans l'entourage de Méc~ne, on se piquait de la pratiquer en perfection. Horace s'est moqué de cette prétention. 20

19 Trad 0 "Qu'avait de commun avec la conduite de cet. homme-lA (qui a perdu sa vie pour l'or) celle du Grec Aristippe? Celui-'ci, en pleine Lib.ye, ordonna A ses esclaves de jeter l'or qU'ils por-taient parce que, alourdis par ce fardeau, ils marchaient trop lentement. lequel des deux est le plus insensé? L'exemple ne

vaut pas, parce qu'il résout une question par une autre."

20 Gaston Boissier, Nouvelles promenades archéologiques (Paris 1904) 49.

(25)

La

s1x1~me satire de ce livre nous représente Horace tenant avec ses amis, dans sa villa de la Sabine, des discus-sions qui rappellent étrangement celles que Cicéron prOtait

a

Scipion et ses amis lorsqu'ils se rencontraient dans leurs villas' des environs de Rome:

sermo oritur, •• 0 • • • • • • • • • • • • • • ' • • • • • • • • • • • • • • • •

•••••••••••••••••••••••••••••••••••• quod magis ad nos

pe~tiriet et nescire malum est, agitamus, utrumne diuitiis homines an si~t uirtute besti,

quidue ad amicitias, usus rectumne, trahat nos 21 et quaesit natura boni summumque quid eius. (71-76) Lors de ces discussions, il arrive que l'on illustre un principe par des fables tt'·lles que celle "du rat des champs et du rat de ville". Le rat des champs y parle-t-il pour Horace: "me silua

cauusque / tutus ab insidiis tenu! solabitur eruo" (116-117) "ma for~t et l'abri s'Or de mon trou me consoleront de mes humbles gesses". Probablement, et alors Horace opte déjA pour un bonheur simple, au milieu de la nature. On se rapproche petit ~ petit de l'idéal des Ep!tres et la Satire VII qui suit est celle qui pré-sente le plus d'affinités avec le ton et le contenu de ces créations futures. Alors que dans les Ep!tres Horace lui -mOme fera souvent le

proc~s de sa propre inconstance et de ses fautes, ici c'est son

esclave Davus qui s'en charge - il est tout

a

l'honneur de son ma!tre

21 Trad. "lB conversation s'engage •••••• nous débattons des sujets qui nous touchent plus directement et qu'il est mauvais d'ignorer: si le~ richesses ou la vertu donnent aux hommes le bonheur souverain; quel est le mobile des amitiés, l'intérOt ou le bien moral; quelle est la nature du bien, et quel en est le degré supr&e."

(26)

qu'un esolave ait pu prendre de telles liberMs aveo lui'-Apr~s des remontranoes sév~res et qui semblent toucher juste, Davus finit par lui proposer l'idéal de l'homme vraiment libre, que ne talonne pas le "noir souci", qui n'a pas peur de rester une heure avec lui-m8me, l'idéal du sage:

nQuisnam 19itur liber? sspiens, sibi quiimperiosus, quem neque pauperies neque mors neque u1ncula terrent, respoDdare oup1din1bus, eontemnere honores

fortis, et in se ips~ totus, teres atque ,,-otundus, eKterni nequid ualeat par leue morari, 22 in quem mancs ruit semper Fortuna ••••••• (8.3-88)

C'est un plan de vie qu'Horace se propose A lui-m&neet aux autres dans ce tableau qui c18t pour nous les réflexions morales des Satires •.

Quel est le bilan de oette prem1~e démarche d'Horace? Les désirs humains ne sont que vanités, les poursuites humaines sont marquées par l'avarice, l'ambition, les appétits, les pas-sions. Les hommes sont entravés, hantés par le nnoir souci", tous sont sujets aux incertitudes de la Fortune, A l'inévitabilité de la Mort. Tous? Horace admet que quelques hommes peuvent é-chapper

A

cette condition. Déj~ dans l'Epode XVI, 11 nous parlait du "pars melior grege" (37) et i01 et lA dans les Satires appardt le "sapiens", libre, indépendant et heureux 0

22 Trad. "Qui donc est libre? le sage, l'homme qui poss~de

l'em-pire de soi-m3me, celui que n'épouvantent ni la gêne, ni la mort,

ni les cbsines, qui est fort pour lutter contre les passions, pour mépriser les honneurs, qui fait en lui-même un tout offrant aux - choses extérieures comme la surface lisse d'une sph're,

o~

nulle

d'elles n'a le pouvoir de se fixer, et toujours sans prise pour les assauts impuissants de la Fortune."

(27)

Horace est frappé de l'aspect dramatique de la condi tlon humaine: 1 'homme m'ne son existence dans une perpétuelle os

cUla-. .

tian entre des ex:tr8mes et'en cela U est tout pr~s de l'esprit de la tragédie· grecque

01

tout semble aussi dominé

Par

la loi des

" . .

contraires. Cescontradicstions 'inhérentes Asa nature, et! sa' , ., , condition, Ufaut que

l'hoimne·les~ccepte. '~ousnousdemandoDD

si cette sensib111té

!

l'ironie' de la condition humà1ne ne forme·'

pas

l'arri~re

plan

métaphYs1quede's~pensée.'

'En

~ut,cas,

i l ,en'

" . . ' , . ~.

. . . ' . est tellement

imprégnéquetout~on$tyle,sa man1~ré d~.

penser et sa morale en portent '1' empreinte. , ,Nous' croyons

pOUv~1i-

'3 '.'

, . . ,,23, , ' ,

, trouver d'une part 1 'origitlede la "junetl.lTa" . qui occupe ,une" . place 131 importante dans l' tSlaborationde ,son. style, et d'autre '

. . . . ' . . . ' . ~

part lVexpl1cation des contrastes et apparentes ~ontradictions

-, ' . :

qui caractérisent la structure ,de, ses ,pobes et

l"expre~sionde

sa pensée 0 Ne regardonS que quelques formules: "1nsan1entis .

24 ' ' 2 5

sap1entiae consultus" , "misee stultit1am consU11s breuem"" J '

'26 ' . 27

"smara lento' tamperet risu" ,"strenus nos ex:ercet inertia". C'est d'aUleurs la conviction de Commager qui tout au long de son

2 8 ' "

travaU essaie de démontrer que la conception du monde d'Horace '.

2.3 A.P.

48

24 Od. 1.34.2: ~rofessant une sagesse folle".

25 Od. 4.12.27: ~êle aux pensées sérieuses une courtefolie"~

26 Od 0 2.16.26-27: "qu'elle adoucisée d'un tranquUle sourire les

amertumes de la vien. .

27 Epit. 1.11.28: "une indolence agitée nous tourmente". 28 Op. cit.

(28)

se rév~le

a

travers l'élaboration incessante du style qui en est· pour ainsi dire le sYmbole. La complexité de la syntaxe ' serait le reflet de l'ambigu!té naturelle aux sentiments

humains

et la disposition souvent inextricable des mots rendrait compte de l'énigme qu'il constate dails toutêvénement ,humain. Tout' texte d'Horace devient un contexte de réalité quand on fait , l'effort de le pénétrer.'

'En

face de la vie dominée par la loi des contraires, nous venons de voir Horace élaborer une 'doctrine de l' équ1l1.bre qui postule la modération des désirs, la volonté' de vivre tians les ·l1m1tes de .~~ nature et le ·désir de devenir son . propre maftre~

(29)

CHAPÎTRE TROISIÈME

"CARPE

DIEM" ET Il AUREA MEDIOCRITAS.

En quittant les Satires pour aborder l'oeuvre lyrique d'Horace, nous sommes frappés en particulier par une ode qui exprime l'état d'e~rit qui a dt provoquer cette DOuvelle

orientation chez le po~te. C'est l'ode 1.37 qui chante la vic-toire d'Actium: IlRUne est bibendum{\ ••• II, "Maintenant 11 faut

boire •••• " La victoire d'Actium ouvre une 're DOuvelle pour le peuple romain; elle ouvre aussi une .re privilégiée pour l'inspiration d' Horace. Tout est l la joie, ~ l'allégresse, et Horace, en po3te ouvert au présent, sent qu'une double mission s'offre l lui: montrer l l'homme comment, dans sa recherche du bonheur, il doit s'adapter avec dignité l cette situation DOuvel-le qui sembDOuvel-le destinée l être marquée par l' "otimn

n,

trouver com-ment éviter de retomber dans les affres des guerres oiviles, i.e.

comment ranimer le sens du dévouement oivique au régime nouveau. ;

La méditation lyrique d'Horace va donc être divisée entre ces inspirations apparemment contraires et c'est pourquoi on divise souvent les Odes en Odes 1ég~res et Odes religieuses et nationales. Les opinions sont aussi tr.s partagées sur leur valeur respective. Toutes les accusations ont été portées contre elles depuis oe11e de conformisme lyrique jusqu'A celle de partisannerie politique. Les uns voient dans oertaines odes les preuves flagrantes d'une conversion définitive au sto!cisme ou l la ferveur religieuse, d'autres, au contraire, n'y pergoivent que la profession de foi

(30)

-29 dans un épicurisme léger et agréable.

29 Nous avons voulu citer quelques textes pour .donner l'idée de

ces débats 3

-Oampbell, op. cit. 113. ftThe erotic odes are, doubtless, ta some extent, jam &round the pol1tical pUll btlt they are 1"ul.l.y

intended ta be avallowed Vith it, as contributo17 to the seme . effect. 1t is no small part of his monarchist propaganda to persusde the Roman noblethSt lite 'lsnot to be taken too

seriousl;v. We must reserve a de cent degreeof lelsure •••••••••••• ft

Oampbell, op. cit. 122tt nID this Ode (1,34) Horar.e announces in part allusivel;v but in effect unmistakabq, his conversion f'romEpicureanism to Stoicism."

M.L. Olarke, The Roman

Mind

(IDndon 1960) 69. "There le nothiDg

ot

the distinctive Epicurean doctrines in the Odes, and. much that ie un-Epicurean; the respect for traditional religion,

the use of mythology and the appaal to patriot1sm are ei thar inconsistant with Epicureanism or al1en to its sp1I-it. On the '

other band ve cannot speak

ot

a conversion to Stoicism. The

phenomenon of thunder in a clear

sq

leads not to the Stolc bel1ef in a rational world order, but to the popular cult of Fortuna ••••• ft

Ronald Syme, lB révolution romaine (Paris 1967) 437. "L'Etat nouveau avait son poite lyrique,

lla

techniqua accompl1e. Des infortunes personnelles st la désaspoir politique arrach'rent au jeune Horace les dures et am~res invectives de ses ~odes. L'ige et 1 t aisance émousshent son ardeur, mais ne dimin: rant pas le réalisme sceptique de son carac~re -- rien nt appuie les vagues bavardages sur sa conversion. au sto!cisme. Néanmoins, cet Epieu· rien semble céder l une passion romantique pour la sobriété et la

vertu, l une ardente sympathie pour les idéaux m111taires de l'Empire". Parret, op. cit. 82. lA

n

n'est aucune école philosophique

dont on n'ait fait valoir, au cours de ces derniers cent ans, les droits sur l' &le d' Horace. On a voulu, tour l tour, qu'il eut été eto!cien, épicurien, cynique, académicien, etc. IJ

(31)

Le. pro blb.e semble assez complexe. Itous croyoll8 que dans pareU

cas i l faut écouter le poate lui-même. D'abord nous l'avoDS vu

dans les Satires dévoUer sa nature essentiellement modérée, re-fuser de s'attacher

a

aucun parti, se déclarer ici et lileoteur ' de Platon, Ariètippe, Ménandre, Pythagore, pour n'én citer que quelques uns. n nous a affirmé' que la vie humaine est coinpiexe: dOllc inutUe de la réduire

l'un

systb.e d'école. nNulliiIs

addictw? iurare in uerbs magistri / quo me oumque rapit tempestasp

30 . , ' ,

deteror ho~esft. HOraoeest,un po~te pro~t l saisir l'évé-nement, préoccupé du présent. 'On veut en faire un épicurien léger parce qu'il a ohanté le vin et l'amour 1 Horace peut

discuter des plus hautes vérités avec ses amis, autour d'une bonne bouteille comme i l le raconte

a

partir du vers 6 de la Satire II,6. Le vin détend, il peut aider la pensée et l'inspiration, faire accéder ~ la sagesse comme l'atteste l'ode 21 du livre III.

31

D'ailleurs, "neque semper arcum / tendit Apollo", "Apollon ne tend pas toujours son arc".

Les lyriques grecs, sans adhérer l l'Epicurisme, ont aussi chanté l'amour et le vin. ns ont ohanté en même temps la valeur patriotique, la justice, l'héro!sme. L'homme est un tout. Horace

30 Ep1t. 1.1.14-15

*

"Aucune astreinte ne m's contraint de jurer sur les paroles d'un maftreJ partout ol m'entrahe l'état du ciel, je me laisse,porter

11,

bate passager."

31 Od. 2.10.19-20

(32)

n' a ~ smais été cODtre les plaisirs, 11 ne le sera j smaias .ce n'est que l'exc's qu'U condamne • .

n

faut prendre toutes

les formules d'Horace eil bloc et DOn pas essayer de les alin1,1ler·· l'une par l'autre ou· de les remplacer l'une par l'autre selon les étapes d'un itinéraire. Les tAtOnnements d 'Horace sont la sagesse m6me.

Nous disions plus haut qu' Acti\DD. . avait . libéré les Romains de l'angoisse politique. Horace va maintenant essayer de libérer 1 'homme de l'angoisse qu'l1 ressent vls-l-vis sa destinée indivi-duelle. La recherche des Satires avait révélé que le mécontente-ment de l'homme venait de l'inconstance de ses désirs et de la

Fortune, du déséqu1l1bre entre ce qu'il pouvait ~tre et ce qu'il voulait être.

n

s'agit maintenant de lui donner la paix,

l'"aequus animus". D'un c6té il Y' a le noir souci, de l'autre l'''aequus 8JÛmUS" et entre les deux, Horace va tendre le pont du

"carpe diem". Ce dicton est une exhortation l 1 'homme de· lutter avec le temps comme la mer le fait inexorablement "oppositis

32

pumicibus" • La vie est en mouvement, en changement perpétuel: si 1 'homme veut prendre conscience de lui-m3me, affirmer sa propre individualité, il lui faut saisir chaque instant qui se présente

l

lui et le vivre pleinement. Chaque JlDment ainsi vécu prend pour l'homme une valeur d'éternité. Si nous n'arraohons des instants

(33)

au temps, c'est le temps qui nous arrachera tout et nous . aurons vécu en vain. Dans la nature U y a un cycle de perpétuel retour, mais la vie de 1 'homme s'écoule inéluctablement vers une fin sans retour:

Frigora mi tescunt ,Zephyris, uerproterit aestas, interi tura simul

pomif'er autumnus f'ruges eftuderi t, et mox:

bruma recurrit 1ners.

Damna tamen celeres reparaDt caelestia lunae: nos ubi decidimus

quo pater !eneas, quo diues Tullus et Ancus,' puluis et œnbra sumus. 33

Soluitur acris biems grata uice et Fauoni ••••••••••••••••••••••••••

Pallida Mbrs aequo pulsat pede pauperum tabarnas regumque turris. 0 baate Sesti,

uitae SUImD.a brevis spem nos uetat inchoare longam. lam te premet DOX fabalaeque Manes

et domus exUis Plutonia,... 34

33 Od. 4.7.9-l6 nLes froids s'adoucissent sous les Zéphyrs, le printemps disparatt sous les pas de l'été,' qui périra aussit8t que 1 t automne, p~e des fru1 ta, sera venu répandre ses dons, et

bient8t cette course r~De 1 'hiver inactif'. Du moins, les

dommages que cause le ciel, les lunes rapides leo réparent-elles) mais nous, une fois descendus oà est Enée le P~re, o~ sont le

riche Tullus et Ancus, nous ne sommes plus que poussi~re et ombren•

34 Od. 104.1 et 13-17 nL'Apre hiver s'amollit au doux retour du printemps et du Favonius... •• • • • • La pale mort heurte du mame pied les cabanes des pauvres et les chAteaux des rois de la fortune. Opulent Sestius, la viel au total si br~ve, nous défend d'entrer en de longs espoirs. Tout 11 l'heure vont peser sur toi

la nuit et les Mânes, vains noms, et la demeure sans corps de Plutonn• 28

(34)

Ce thbe, de la )brt constamment rappelée pour forcer l'homme

l comprendre ·lavaleur de chaque instant qui lui est accordé per.met de saisir toute la distance qui sépare Horace de l'é-picur1sm.e. Si nous' comparons par exemple"J.a fameuse ode

, , , 35

"Eheuf'tlgaces, Postume, Postuma,llabuJiturann1.~.n' et le , " . ' , 3 6 , '

passage du livre ,nI du Dererum natÙra'o' 'Lucr~ceessaie ,,' deconva1ri.cre 1 1 homme que lamortn'estrien,ladittérencede"

. :"

. . - . . .

point de vue est tlagrsnte.Horacesympathise dao 'l'homme et " ses craintes.. 11 veut lui rendre la mortfBm111~re., Lucr~cè ... poussé, 11 est vrai" par une égaie s,mpathie; réprimande son "

. . . ' . : '",

lecteur,'essa1ê. presque de lui arracher le coeur; pour prouver que la mort n'est rien pour

lui.

Pour l'un, la mortreDd la,'

. . . ,"

vie précieuse, pour 1 'autre,eller1SqlJ.e de g4cher toute la vie'

, 37, ., ' , ' ,

si on Y' pense. Horace souligne constamment l l'homme sa

responsabilité envers le présent, ,son devoir d'éviter la rigidité dans un monde en, perPétuel mouvement" et la n~cessité d'accepter" son sort, i.e. les termes dans lesquels la "vie lui est ac~ordée J

cette responsabilité, 11 l'étend l tous les domaines: ,amour, po:!:1-tique, activité littéraire (comme nous le verrons dans la seconde' partie de ce travail), vie personnelle,'vie domestiqua, vie sociale, vie morale:

35 Od. 2.14

36

vers

870-930

37 ct. Philip Merlan, "Epicureanism and Horace" dans JHI, 10 (1949) 445-451.

(35)

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Od~ 1~2j.11-12: nOesseenfin 4e

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39 'Od.

1.24.

19-20: "Mais lapatien.cerendmOiDs pérdbletout'·ce que les dieux détende~tdecorriger.n .' ." ." .... ~ .. : ... : ... .

40 Ode '2.11. 5-12:nDerri~re JloUS s 'entuientla .jeunesse au teint lisse et sa grQcej l'Age blanchissant et desséché chasse les tolAtres amours et le sommeil tacile •. · . . ' . . .(

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, . Les i'leurs du printeinps n'ont po1nt toujours leur beauté et la luné au rouge éclat ne garde pas toujours le mGme visage: pourquOi fatiguer ton &ne de desseins éternels qui la

dépassent?" , . . . . ' _ .. " .;. . , " . , . ' :', , .. '" ' ,,~ .. " . . ,"

(36)

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41

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u .'

Od. 3.29. 29-34; ~-4EhttDanS'

ss'

préV()~e,'la divinité:.:.: .. ::. '. ... <·enveloppe d'une nuit tenébreuse l'issue oa aboutit 'l'avënir;et ' ... .

. elle rit si un mortel porte ses inquiétudes. plus loln qu'allene '.' ". . ... 'l'a permis. Le present, songe A leregler. d'un esprlt . serein; tout . "..' .: .. 'lereste est· emporté l la mari1~re d.flin f'lel1Ve •••• Ct •. Celui-Il pas- .•. '

". '.' . sera sa ·vle mdtrede .soiet joyeux lqu1,.jour.apr~s jour, U est.:. :.,'.: " . permis de dire: "J'ai vecu" •. QUe.dem.a1nlep~re·rempl1sse

letirma-. ment d'une nuéeno1:reou d'Uncla1r$oleU': U

ne

peut, pour cela,' .

.' .. i '. ~endre vaine toute cbose qui est derrl~re.nous, Une péutchanger .

ou faire que nesolt pas arrive ce quel 'heure a,unefols,emPorte \ ...

.' en f'u1ant". . " ... ' . . ' .

.... 42 '"

Od.

4.13.

13-16:: nNl1es tlssuspourpres de Cos ni les pierres

.' '. coftteuses ne tereridentles moments. qu'une fols la ,durée,: de'ses 'aUes, ·8 déposés et~onslgné~en des fastes trop connusn •

(37)

Cette loi, qui emp~che les "aeternis consili1s", tient Horace

. . , . 44

loin de tout dogmatisme.Commager souligne comme 11 est

important de remarquer que le po~te fait précéder le verbe "decet" le plus souvent de . "d~" ce qui signale un· cycle, une continuité temporelle et nOn une notion rigide du bien et du mal. Chez Horace, les mots ·tou.1ours, éternel,:

a·'

;lamais, retard constituent 'généra1ement des accusations' des plus 'séwl"es contre ceux: qui s'en reDdent coupa-bles. Pas d'absolutisme chez ·Horace. ·Et cela seul prouverait l .

quel point i l n'était pas destiné .~ embrasser pleinement

·la

doctrine sto!cienne. '. Mais1esensqu'U : donne l son Itearpe diem" prouVe aussi qu'Une mérite pas le reproche d'avoir été Un bourgeois médiocre. Son "carpe diem" loin d'etre un propos de table entre deux coupee de Falerne, est une protestation, une victoire de l'homme sur sa destinée mortelle., Cet amour de la vie terrestre qua laisse entrevoir le "carpe diem" est animé d'un profond amour de la vie "charnelle" au sens de Péguy.

n y

a de la grandeur dans cet

humanisme qui se détache -le plus sereinement possib1~ sur. un fond de souffrances et de "mort qui tout . ac~e n • Et l'ode l P1ancus, . par

~ . . ' . ,

le mythe de Teucer, illustre bien comment le "carpe diem" est

compa-" .

tib1e avec une viehéro!qua:

44 Commager, Op .ci t. 281-282.

(38)

"Quo DOS cumque feret melior fortune parente,

ibimus, 0 soc11 comitesque. . NU desparandum Tauaro duce et. auspiae'Teucro: .

certus an1m prom1sit Apollo

ambiguam tellure noua Salam1na futuram.

o

fortes peioraquepassi

mecum saepe ~, nunc u1no pel11te curas; cras ingens iterabimus aeguor.

45

"0 braves, 8 guerriers qui souvent, avec moi, avez subi de pires épreuves, gue le vin maintenant chasse vos soucis; demain nous repartirons sur l'immense plaine de la mer."

Qui penserait imputer

A

Pascal des pensées bourgeoises lorsqu'il réprimande l 'homme parce qu'il néglige le présent au

46

profit d'un vain attachement au passé ou ~ l'avenir? Nous pourrions aussi faire des rapprochements utiles avec ces vers de Pindare, le chantre des héros et de leur vertu: "Le mieux est de

47

considérer toujours le présent, quelqu'il soitlt . ; "Poursuivant

45 Od. 1.7.25-32

_.

46

Pascal, Pensées, para 168 dans Oeuvres Compl~tes (Gallimard 1954) 1131: "Nous ne nous tenons jamais au temps pr6sent. Nous anticipons l'avenir comme trop lent ~ venir, comme pour Mter son cours; ou nous rappelons le passé, pour l'arrêter comme trop prompt: si imprudents, que nous errons dans les temps qui ne sont pas n8tres, et ne pensons point au seul qui nous appartient; et si vains, que nous songeons ~ ceux qui ne sont rien, et éChappons sans réflexion le seul qui subsiste... Le présent n'est jamais notre fin •••••••

Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre; et nous disposant toujours ~ être heureux, i l est inévitable que nous ne le soyons jamais. ft

47 Pindare, Olympiques, 2.35 ss (~rapprocher de l'Ep!tre 1.4.13) 33

(39)

les joies de- chaque jour, je m'achemine paisiblement vers la

48

.

vieillesse"; ou encore: "L'esp~oe la plus vaine par.m1 les hommes, ce sont ceœ qui méprisent ce qui les entoure et r$-vent de ce qui est au loin, laissant leurs e~éranoes

irréa1i-49

sables poursuivre des fant8mes."

Cette sagesse du présent ne reoommande point une poursuite effrénée du plaisir, mais l ' acoueil des joies que nous offre la vie et ultimement la reoherohe d'une pa:lx inté-rieure: "Profite de l'instant, parce que l'instant est plein de richesse", nous dit-elle. Tentative de libérer l'homme de la tyrannie du teII!PS, de l ' affranohir· de sa mortal! té, souroe de toute angoisse.

n

semble que la gravité du "carpe diem" nous est révélée dans ces vers de l'Ode

4.9:

Non possidentem mnlta uooaueris reote beatumi reotius occupat

nomen beati, qui deorum muneribus sapienter ut!

duramque callet pauperiem pati (45-48)

Est vraiment heureux, nous dit Horace, celui qui "est mettre dans l'art d'emplOyer sagement les présents des dieux". Dans le oontexte horatien, "employer sagement les présents des dieux" et "carpe diem", sont un seul et m&le conseil d'acquiescement à l'ordre du monde f:lxé par les dieux. Pourrions-nous ici faire un rapprochement avec la. parabole des talents? En tout cas, l'idée est intéressante.

48

Pindare, Isthmiques 7.39

49

Pindare, Pythiques,

3

.21.ss •

(40)

Dans oette optique d'extraire de la vie ce qu'elle offre de me1lleur, la vie devient un art exigeant modération, jugement et un certain degré de formation spirituelle. C'est pourquoi la r~gle de la mesure, de 1 '"aurea mediocritas" s'ap-parente étroitement au "carpe diem" et apparatt avec une égale fréquence tout au long des Odes. L'Ode 2.10 Y' est enti~rement oonsacrée. Cette "médiocrité dorée" qUe chante Horace n'assure pas un conservatisme fade, au contraire, elle stimule l l' auto-discipline,

l

l'équanimité devant les succ~s comme devant les revers:

Aeguam mementorebus in arduis seruare mentem, non secus in bonis

ab 1nsol~nti temperatmn laeti tia, moriture Delli, seu maestus omn1 tempore u1xeris seu te in remoto gram1ne per dies

festos recl1natum bearis interiore nota Falern1. 50

Cette morale que nous avons Vt18 jusqu'ici, Itprépare

51 l'homme de tous les jours, non celui des occasions exceptionnelles". Horace a composé peu d'odes du type "exemple-héro!sme", mais 11 a oompris avec une profonde sagesse que seul l'homme qui s'est entra!.-né 'a cette diSCipline de la modération, qui a créé l'équilibre entre lui et la vie, qui a teDlJléré ses actions par la raison, peut s'élever aux: "occasions exceptionnelles". Celui-lh seul peut devenir un

50 Od. 2.3.1-8

51 E. Courbaud, op.cit. 342

(41)

héros. nNU morta11bus ardui estn, "U n'est rien de trop haut pour les mortels n, nous dit Horace

a

l'Ode 1.3 • .37. Cette m8me ode cependant d.montre que l'audace, si elle dépasse les l1mites raisonnables, m~ne

a

la ruine. Horace est tr~s sensible

a

l'aspect tragique de l'héro!sme. Pour la majorité des hommes c'est "stultitian d'a~1rer au ciel· (.38) mais la vertu en ouvre les portes

h

ceux gui ne méritant pas de mourir:

Virtus, repulsa~, nescia sordidae, intam1natis .tulget hono1."ibus

J!~~ sumit aut ponit securis

a:.rbitrio popularis aurae. VirtUSI recludens imneritis mari caelum, negata temptat iter uia

coetusque uolgaris et udam

sperD1t humum fugiente pinna. 52

C'est gr!ce l cette vertu qui rend l'homme "justum et tenacem 5.3

propositi" , "juste et ferma en sa résolution", que Pollux, l' "errant" Hercule, Bacchus, Romulus-Qu1rinus ont fui l'Achéron et c'est gr8ce l cette vertu engendrée par le "lene consilium",

54

"les doux cons eUs n des !fuses qu'Auguste pourra partager avec 55

ces héros les hauteurs de l'Empyrée • Une fin tragique attend l'audace humaine qui défie les dieux:

52 Od. 3.2.17-24 53 Od. 3.3.1 54 Od. 3.4.41 55 Cd. 3.3.11

Figure

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