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Acceptabilité visuelle et émulation des feux en forêt boréale : un compromis possible?

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Academic year: 2021

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ACCEPTABILITE VISUELLE ET

ÉMULATION DES FEUX EN FORÊT BORÉALE

UN COMPROMIS POSSIBLE?

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en sciences forestières

pour l'obtention du grade de maître es Sciences (M.Se.)

DÉPARTEMENT DES SCIENCES DU BOIS ET DE LA FORET FACULTÉ DE FORESTERIE, GÉOGRAPHIE ET GÉOMATIQUE

UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC

2013

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En forêt boréale, la stratégie d'agglomération de coupes est utilisée pour émuler les grands feux dans un contexte d'aménagement écosystémique. Socialement, ces grandes coupes totales sont mal perçues principalement à cause de leurs impacts visuels importants. Cette étude présente une analyse de l'efficacité de deux mesures d'atténuation de l'impact visuel des grandes coupes dans le moyen plan, en forêt boréale. Elle vérifie si l'augmentation de la rétention de peuplements à l'échelle du paysage et le verdoiement du parterre de coupe par une rétention d'arbres à l'échelle du peuplement permettent d'améliorer le niveau d'acceptabilité visuelle des coupes agglomérées en pessière noire à mousses de l'Est. Il en ressort que l'acceptabilité visuelle est possible en ayant 50 % de rétention de peuplements. De plus, le verdoiement permet aux paysages avec 30 % de rétention de peuplements d'être considérés comme acceptables visuellement. Les résultats ne permettent pas de conclure à l'influence de l'apport d'informations écologiques expliquant le bien-fondé des coupes agglomérées.

Mots-clés : rétention de forêt résiduelle, acceptabilité visuelle des coupes, stratégie d'agglomération de coupes, aménagement écosystémique, émulation des feux, forêt boréale, paysages forestiers.

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Remerciements

Je tiens à remercier tous ceux qui ont contribué au succès de ce projet de maîtrise et qui m'ont aidé à traverser les diverses épreuves tout au long de ces quatre années.

Merci à Louis Bélanger, mon directeur, pour sa confiance en mes capacités à faire ce projet. Merci de m'avoir soutenue à travers toutes les épreuves, et elles furent nombreuses, qui ont parsemé ces quatre années. Il a fait preuve d'une très grande compréhension et d'une patience remarquable. C'est grâce à ses qualités que j'ai gardé la conviction que ce mémoire verrait le jour. Les connaissances et les méthodes de travail que j'ai acquises me seront grandement utiles dans ma vie professionnelle.

Merci à Gérald Domon, mon codirecteur, qui, malgré la distance, a su me conseiller et me pousser dans mes réflexions. Son soutien et ses conseils furent grandement appréciés. Merci aussi à Véronique Yelle pour son soutien au début du projet. Son aide et ses conseils m'ont permis de partir du bon pied. Merci aussi à Cécile Robert qui m'a soutenu dans mes moments d'incertitude et qui m'a encouragé à toutes les étapes.

Merci à Martine Lapointe d'avoir courageusement accepté de faire une partie de mon terrain qui fût probablement le pire terrain de sa carrière dû aux conditions extrêmes. Merci à Josianne Ducharme qui m'a proposé de prendre ses vacances pour m'accompagner sur mon terrain, à deux reprises, malgré le grand nombre d'heures de conduite au programme. Merci aussi à Julie Gravel-Grenier d'avoir pris un peu de son temps pour m'aider dans la réalisation de mon terrain.

Merci à Dany Bacon, directeur de la réserve faunique Port-Cartier - Sept-îles, et à son équipe pour l'accueil et l'aide à la réalisation de la prise de photographies. Merci à Jonathan Roy, de chez Rébec, division Côte-Nord, et Mathieu Gingues, de la SÉPAQ, de m'avoir fourni les données numériques nécessaires à la planification du terrain.

Je remercie Maude Lepage et Anne-Sophie Julien du service de consultation statistique de l'Université Laval pour leur aide inestimable dans l'analyse des résultats.

Je tiens à remercier M. Jean-Pierre Jette et Mme Josée Paquet de m'avoir aidé, au tout début du projet, à cibler les éléments intéressants dans le contexte forestier actuel.

La réalisation de cette maîtrise n'aurait pu être faite sans le Fonds Québécois de Recherche sur la Nature et les Technologies (FQRNT) pour l'octroi du financement du projet dans lequel s'inscrit cette maîtrise.

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Merci à tous les Beavers du laboratoire d'aménagement intégré que j'ai eu la chance de côtoyer au cours de ces quatre années d'étude. Un merci tout spécial à Frédérique Saucier pour son soutien moral sans borne.

Merci à Élaine Dion et Pascal Cormier, mes chers colocs. Grâce à votre soutien, j'ai pu continuer mes études.

Merci à mes parents, André Plante et Monique St-Laurent, ainsi que mes sœurs, Marianne, Emilie, Véronique, Geneviève et mon petit frère, Jean-Sébastien, pour votre présence et votre écoute.

Finalement, je voudrais remercier mon amoureux, Pierre-Etienne Messier. Merci d'avoir cru en moi, de m'avoir soutenu et réconforté maintes et maintes fois. Merci pour tous les sacrifices que tu as faits afin de me permettre de terminer mon mémoire. Merci pour ta patience exemplaire et ton écoute. Merci pour ta présence réconfortante et ton amour.

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Table des matières

Résumé i Remerciements iii

Table des matières ix Liste des tableaux xi Liste des figures xiii

Introduction 15 L'émulation des perturbations naturelles de la forêt boréale 15

Le débat de l'aménagement visuel 16 Équilibre entre écologie et esthétisme 17

Matériel et méthode 21 Territoire à l'étude 21 Types de paysage à l'étude 21

Prise de photographies 28 Sélection des photographies 28 Impact d'un apport d'information 29 Présentations par diapositives 30

Analyses statistiques 32

Résultats 35 Discussion 43

L'importance du verdoiement 44 Apport limité des capsules d'information à l'acceptabilité visuelle 45

Atténuation de l'impact 46

Conclusion 49 Bibliographie 51 ANNEXES 61

ANNEXE 1 63

Directives pour la projection des diapositives 63

ANNEXE 2 69

Discours factuel à propos des coupes agglomérées sur la Côte-Nord 69

ANNEXE 3 73

Discours sur les bienfaits des coupes agglomérées sur la Côte-Nord 73

ANNEXE 4 77

Support visuel illustrant les discours factuel et sur les bienfaits 77

ANNEXE 5 81

Questionnaire individuel pour les jugements d'acceptabilité utilisé lors de la

présentation des diapositives 81

ANNEXE 6 87

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Liste des tableaux

Tableau 1 : Statistiques descriptives de la forêt résiduelle après feu des études publiées dans

les régions boréales de l'Ontario et du Québec 24

Tableau 2 : Catégories de paysage étudiées 26 Tableau 3 : Source de variation, degrés de liberté et valeurs de F de l'ANOVA pour tester

l'influence de l'appartenance à une région, du type de discours utilisé pour informer et

de la catégorie de paysage sur la perception visuelle 35 Tableau 4 : Type et nombre de commentaires positifs selon la catégorie de paysage 40

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Liste des figures

Figure 1 : Forêt naturelle 27 Figure 2 : 15% de rétention sans verdoiement 27

Figure 3 : 30% de rétention sans verdoiement 27 Figure 4 : 50% de rétention sans verdoiement 27 Figure 5 : 15% de rétention avec verdoiement 27 Figure 6 : 30% de rétention avec verdoiement 27 Figure 7 : 50% de rétention avec verdoiement 27 Figure 8 Niveau d'acceptabilité moyen et écart type par catégorie de paysage et par type de

discours 36 Figure 9: Niveau d'acceptabilité moyen et écart-type par catégorie de paysage pour

l'ensemble des répondants 37 Figure 10 : Fréquence cumulative du taux d'acceptabilité par catégorie de paysage (n=233).

38 Figure 11 : Fréquence cumulative du taux d'acceptabilité pour les catégories de paysage

sans verdoiement (n=233) 39 Figure 12 : Fréquence cumulative du taux d'acceptabilité pour les catégories de paysage

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L'aménagement écosystémique est au centre des pratiques forestières au Canada. Basée sur une approche d'aménagement visant « à maintenir des écosystèmes sains et résilients en misant sur une diminution des écarts entre les paysages naturels et ceux qui sont aménagés » (Gauthier et al. 2008, p.27), l'aménagement écosystémique tente de maintenir, à long terme, les multiples fonctions de l'écosystème et de « conserver les bénéfices sociaux et économiques que l'on en retire » (Gauthier et al. 2008, p.27).

Or, le respect des valeurs sociales est primordial pour que cette approche puisse être viable. Une pratique forestière peut être scientifiquement fondée, réalisable techniquement et faisable d'un point de vue économique, mais si la société ne la considère pas comme étant acceptable, la contestation est inévitable (Grenon et al. 2010). L'acceptabilité sociale est donc essentielle pour le succès et la durabilité d'une pratique forestière (Grenon et al. 2010).

L'émulation des perturbations naturelles de la forêt boréale

L'application du principe d'émulation des perturbations naturelles (Gauthier et al. 2008, Long 2009) est l'un des fondements de l'aménagement écosystémique. Le concept d'émulation des perturbations naturelles se base sur le fait que celles-ci sont inhérentes à la dynamique des écosystèmes forestiers (Pickett et White 1985) et, conséquemment, déterminantes pour la structure et les fonctions des écosystèmes ainsi que de leur composition en espèces (Attiwill 1994, Bunnell 1995, White et Walker 1997). L'aménagement écosystémique vise, entre autres, à diminuer les écarts entre la forêt naturelle et celle aménagée, ce que l'émulation des perturbations naturelles permet de faire, en se référant à la fréquence et à la sévérité des perturbations (Klenk et al. 2008).

L'application de ce principe dans la forêt boréale canadienne, caractérisée par des régimes de perturbations dominées par de grands feux, impliquerait l'utilisation de grandes coupes à

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blanc pour émuler ces grands feux (Ressources naturelles Canada 2004).Comme le soulignent Vaillancourt et al. (2008, p. 46) : « la grande majorité des événements de perturbation affectant la forêt boréale se produisent de façon récurrente depuis des milliers

d'années et les organismes y sont bien adaptés ».

Par exemple, au Québec, le principe d'émulation des grands feux est au centre des stratégies d'aménagement de l'habitat du caribou forestier (Rangifer tarandus caribou), une espèce à grand domaine vital (Courtois et al. 2004). Cette stratégie se base sur le fait que le caribou a besoin de grands massifs de forêts et que la stratégie historique de coupe en mosaïque, qui disperse de petites coupes dans le territoire, fragmente trop les grands massifs de forêts (Courtois et al. 2004). La coupe en mosaïque crée un habitat idéal pour l'orignal (Alces alces), ce qui favorise le loup (Canis lupus) dont la prédation entraîne une diminution des taux de survie des faons (Courtois et Ouellet 2003, Lambert et al. 2006). La stratégie proposée par Courtois et al. (2004 p. 598) vise à diminuer l'effet de fragmentation de l'habitat du caribou et à défavoriser ses prédateurs : « Pour aménager l'habitat du caribou forestier, nous recommandons une approche écosystémique basée sur la protection de grands massifs forestiers, la concentration des coupes forestières dans de grands blocs d'aménagement et le maintien de la connectivité des habitats. Cette stratégie permettra de conserver un habitat minimum à court terme et de reconstituer des habitats propices à moyen terme... ».

Le débat de l'aménagement visuel

Or, l'émulation de grandes perturbations naturelles avec de grandes coupes à blanc représente un défi de taille au plan de l'acceptabilité sociale. Il est maintenant bien reconnu que les grandes coupes à blanc sont l'une des pratiques forestières les plus décriées au niveau planétaire (Vodak et al. 1985, Ribe 1989, Paquet et Bélanger 1997, Ribe 1999, Yelle et al. 2008, Kearney et al. 2010). Certains auteurs affirment même que les perturbations naturelles comme les grands feux ne seront jamais considérés comme acceptables par la société: «...high severity disturbances are typically not socially acceptable...» (Long 2009, p. 1870). Une étude canadienne a démontré clairement que, peu importe l'endroit de résidence, les Canadiens considèrent que la coupe à blanc a d'importants effets

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visuels et environnementaux négatifs : « .. .clearcutting has negative visual effects, leads to over cutting, has negative environnemental effects and is not as good as partial cutting for maintaining other forest uses and values... » (Robson et al. 2000 p.619).

Même s'il est justifiable écologiquement d'émuler les perturbations naturelles, est-il possible de les rendre acceptables? Dans ce grand débat sur l'aménagement visuel, certains restent optimistes et continuent de croire qu'il est possible d'arriver à une acceptabilité sociale de ces coupes. Cette acceptabilité serait envisageable grâce à l'établissement d'une relation entre l'esthétisme et l'écologie : « ... a complementary relationship between ecology and aesthetics in order to sustain such goals as human and ecological well-being... » (Gobster et al. 2007, p.970). Le défi est donc de trouver un équilibre entre les buts d'un aménagement écosystémique et ses impacts esthétiques.

Équilibre entre écologie et esthétisme

Une piste de solution intéressante pour trouver un équilibre entre l'écologie et l'esthétisme dans le cadre de grandes coupes agglomérées pourrait reposer sur un attribut biologique qui se perçoit à deux échelles spatiales : la rétention de peuplements résiduels à l'échelle du paysage et la rétention d'arbres dans les coupes à l'échelle du peuplement.

À l'échelle du paysage, la rétention de peuplements résiduels permet d'augmenter l'acceptabilité visuelle comme l'ont démontré Paquet et Bélanger (1997). Plus la proportion de forêts résiduelles conservée dans les secteurs de coupe est importante, plus le paysage exploité sera acceptable visuellement.

Sur le plan écologique, le maintien d'une certaine proportion de peuplements résiduels dans les zones de coupes est un facteur critique pour le maintien local de la diversité biologique. En effet, en diminuant la proportion de forêts matures, les espèces fauniques associées aux forêts âgées verront leur habitat fragmenté et pour certaines, il en résultera une diminution

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de leur densité de population proportionnelle à la superficie de forêt résiduelle mature suite à la coupe (Drapeau et Imbeau 2006).

À l'échelle du peuplement, la rétention d'arbres à l'intérieur d'une coupe ne correspond pas nécessairement à une distribution égale d'arbres sur le parterre, mais davantage à un mélange d'arbres solitaires, de groupes d'arbres et de trouées créant une variation de densités à l'intérieur de la coupe (Rosenvald et Lôhmus 2008, Lindenmayer et al. 2012).

Sur le plan esthétique, le verdoiement obtenu par le temps ainsi que les coupes de rétention est reconnu comme un facteur critique. La rétention d'arbres résiduels à l'intérieur de la coupe permet donc de rendre la coupe plus acceptable visuellement. Des coupes comme la coupe de rétention par bouquets (CRB) (Ribe 1999, 2005, Ribe et al. 2002, Yelle et al. 2008) et les coupes avec protection de la haute régénération et des sols (CPHRS) ainsi qu'avec protection des petites tiges marchandes (CPPTM) contribuent à améliorer l'acceptabilité visuelle immédiatement après la coupe comparativement à la coupe à blanc traditionnelle (Yelle et al. 2008).

Le maintien d'une forêt résiduelle et l'utilisation de coupe à rétention représentent donc un espoir pour rendre acceptables les agglomérations de coupes. Mais il reste à déterminer où se situe ce seuil d'acceptabilité visuelle de ces paysages exploités. C'est à cette question que cette étude tente de répondre dans le cas plus particulier de la pessière noire boréale.

La pessière noire à mousses de l'Est est caractérisée par un climat maritime dont les précipitations totales annuelles varient entre 950 et 1150 mm et la température moyenne annuelle se situe entre -2,0 et 0,0 °C (Grondin et Saucier 2009). Le relief est composé de hautes collines et de monts et présente une altitude moyenne de 400 à 700 m. Le cycle des feux de la pessière noire à mousses de l'Est varie entre 200 et 500 ans (Gauthier et al. 2001, Bergeron et al. 2006, Bouchard et al. 2008) et les petits feux (<1000 ha) sont plus nombreux, mais représentent une superficie totale moins importante que les grands feux (>1000 ha) (Gauthier et al. 2001).

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Le but de cette étude est de déterminer s'il est possible de trouver une cible permettant un équilibre entre l'aménagement écosystémique et l'acceptabilité visuelle des coupes dans la forêt boréale. L'hypothèse de recherche est que l'augmentation de la rétention de peuplement à l'échelle du paysage et d'arbres à l'échelle du peuplement permet d'améliorer le niveau d'acceptabilité visuelle des coupes agglomérées en pessière noire et que plus le pourcentage de forêt résiduelle sera près du seuil de codominance coupe-forêt, plus les paysages seront acceptables visuellement.

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Matériel et méthode

Territoire à l'étude

Le territoire à l'étude se situe dans la réserve faunique de Port-Cartier - Sept-îles. Située à une trentaine de kilomètres au nord de Port-Cartier et à plus de 580 km de Québec, cette réserve existe depuis 47 ans (Sépaq 2012). Couvrant une superficie de 6 423 km2, on y

retrouve plus de mille lacs et une quinzaine de rivières. Plus spécifiquement, le territoire à l'étude se situe dans les unités de gestion 094-51 et 094-52, gérées par Produits Forestiers Arbec s.e.n.c. Les paysages sélectionnés au sein de ce territoire étaient situés dans le sous-domaine bioclimatique de la pessière noire à mousse de l'Est qui s'étend jusqu'au 52e

parallèle. L'épinette noire (Picea mariana (Mill.) BSP) domine dans le couvert forestier et forme très souvent des peuplements monospécifiques. On peut aussi la retrouver en association avec d'autres espèces comme le sapin baumier (Abies balsamea (L.) Mill), le bouleau à papier (Betula papyrifera Marsh.) et le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides Michx). Dans ces unités de gestion, on retrouve principalement des coupes avec protection de la régénération et des sols (CPRS) et des CPHRS réalisées au cours des périodes 1992-2007 ou 2008-2010. Toutefois, d'autres types de coupes ont été réalisés depuis 2005. Il s'agit de la coupe avec protection des petites tiges marchandes (CPPTM), de la coupe avec protection des tiges à diamètre variable (CPTDV) et de la coupe de rétention par bouquets (CRB) (Produits Forestiers Arbec s.e.n.c. 2011).

Types de paysage à l'étude

Gradient de rétentions de peuplement résiduel à l'échelle du paysage

Le premier facteur étudié a été le gradient de rétention de peuplements à l'échelle du paysage. Le pourcentage de rétention qu'il est possible de trouver suite au passage d'un grand feu est très variable d'une région à l'autre (Gauthier et al. 2001, Schmiegelow et al. 2006, Perera et al. 2007). Ainsi, en nous basant sur les études réalisées sur les grands feux de forêt dans l'est du Canada, nous avons déterminé trois niveaux de rétention pouvant correspondre à des cibles dans un contexte d'aménagement écosystémique ainsi que de gestion intégrée (Tableau 1).

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Le niveau minimal de rétention retenu est la classe de 15 % de peuplements résiduels à l'échelle du paysage. Ce niveau, allant de 10 à 20%, correspond aux moyennes de peuplements résiduels retrouvés généralement suite au passage d'un feu dans une forêt résineuse boréale au Québec. L'étude de Perron et al. (2008), réalisée en pessière noire à mousses du lac St-Jean, a permis de déterminer que la moyenne de peuplements résiduels est autour de 19 %. Dragotescu (2008) et Madoui et al. (2010) ont, quant à eux, obtenu des moyennes de 12 % et 10 %, respectivement. Une autre étude en forêt boréale, réalisée dans l'ouest du Québec, a évalué que la proportion de forêts entièrement préservée suite au passage du feu correspond à un maximum de 16 % (Gauthier et al. 2001).

Le second niveau de rétention retenu dans notre étude est la classe de 30 % de rétention de peuplements, 25 % à 35 %.I1 correspond au niveau maximal de peuplements résiduels que l'on retrouve en forêt boréale québécoise suite au passage d'un feu à l'échelle du paysage. Cette deuxième classe représente donc la limite supérieure de variabilité naturelle de forêt résiduelle dans un cycle de feu. En pessière noire à mousses, Perron et al. (2008) ont observé que cette limite est de 37 %. Kafka et al. (2001) ont, quant à eux, noté un seuil maximal de 30 % pour leur étude réalisée en Abitibi. D'autres études ont été réalisées dans cette même région par Gauthier et al. (2001) qui ont estimé que les feux laissent en moyenne 32 % de peuplements avec cimes vertes. Drapeau et Imbeau (2006) proposent d'ailleurs que le pourcentage de forêt résiduelle dans les secteurs de coupe devrait se situer autour de 30 % pour maintenir la biodiversité locale. Ce second niveau correspond aussi au seuil normatif envisagé par le MRNF (Pouliot et al. 2009) et serait le pourcentage minimal de forêt résiduelle que l'on retrouverait sur le parterre de coupe suite à une agglomération de coupes dans l'est du Québec (Bouchard et al. 2011).

Le dernier niveau de rétention retenu pour notre étude est la classe de 50 % (45-55 %) de peuplements résiduels à l'échelle du paysage. D'un point de vue esthétique, ce troisième niveau correspond au seuil d'acceptabilité sociale obtenu par Paquet et Bélanger (1997) dans leur étude portant sur les coupes totales. Ils ont démontré que le pourcentage de forêt

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résiduelle minimal pour qu'un paysage soit considéré visuellement acceptable est de 50 %. Ce niveau est pertinent aussi selon le volet écologique. Au Québec, l'étude réalisée par Gauthier et al. (2001) a permis d'estimer que le maximum de peuplements avec cimes vertes retrouvées suite au passage d'un feu en forêt boréale de l'Ouest est de 58 % tandis que Bergeron et al. (2002) ont obtenu un maximum de peuplements résiduels de 50 % pour cette même région. Cette dernière classe correspond, enfin, au niveau d'aire équivalente de coupe visée pour la protection des bassins versants, c'est-à-dire à la proportion minimale de forêts que l'on devrait laisser sur pied dans un même bassin versant pour conserver l'équilibre de ce dernier (Plamondon 2004). Une étude ontarienne réalisée par Perera et al. (2009) sur la proportion de forêts résiduelles en forêt boréale après feu, établie une moyenne de 14,2 % d'îlots et de peuplements résiduels avec un maximum de 29,6 %. Mais si on ajoute les saïes de forêt résiduelle, la moyenne augmente à 48 %. Cette forte proportion de forêts résiduelles est probablement causée par la grande proportion de milieux humides créant une discontinuité de combustibles, qui diminue la superficie des feux (Krezek-Hanes et al. 2011).

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Verdoiement du parterre de coupe ou la rétention d'arbres à l'échelle du peuplement

Le second facteur retenu pour cette étude est la présence ou l'absence de verdure sur le parterre de coupe, que ce soit l'effet du temps ou du type de coupe effectué. Dans le cas de notre territoire à l'étude, le type de coupe qui favorise le verdoiement est la CPHRS lorsque la régénération sous couvert est suffisamment haute pour être conservée (Rioux 2006). Le verdoiement du parterre de coupe peut effectivement avoir un effet sur la qualité visuelle en diminuant le contraste entre la partie coupée et la partie intacte du paysage. Précisons qu'aucune distinction n'a été faite sur l'origine du verdoiement lors de la prise et de la sélection des photographies.

Paysage de référence

Le paysage dit de forêt naturelle est le paysage de référence. Il est composé entièrement de forêt mature et représente le paysage qui a priori est le plus acceptable visuellement puisqu'aucune coupe n'y a été pratiquée. Il aurait été intéressant, dans une vision écosystémique, d'ajouter un dernier type de paysage présentant une référence naturelle de perturbations comme un paysage après feu. Ce type de paysage n'a pas été retenu pour des raisons de temps alloué au sondage.

Types de paysage

En résumé, sept types de paysage différents ont été déterminés en combinant les deux facteurs de rétention étudiés (voir tableau 2 et figures 1 à 7). Le moyen plan a été retenu pour évaluer l'impact visuel des coupes forestières (Paquet et Bélanger 1997). Cette zone est considérée comme la plus critique lors de l'aménagement du paysage forestier (Litton 1979). Le moyen plan correspond habituellement à une distance entre l'observateur et le paysage observé variant de 500 m à 3 km (Paquet et Bélanger 1997). Cette zone offre la possibilité à l'observateur de distinguer les formes des coupes, le contour des arbres et de la végétation et les détails sont visibles, et ce, sans être distrait par des détails subtils (Patsfall et al. 1984). L'observateur voit donc les principales caractéristiques de la coupe et son intégration dans le paysage (Paquet et Bélanger 1997).

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Tableau 2 : Catégories de paysage étudiées

Rétention de V e r d o i e m e n t p e u p l e m e n t (%) présence absence 15 30 50 x x x x x x Forêt intacte (témoin) x

(29)

Figure 1 à 7 : Photographies représentatives des sept catégories de paysage étudiées.

Figure 1 : Forêt naturelle

"igure 2 : 15% de rétention sans verdoiement

Mgure 3 : 30% de rétention sans verdoiement

ugure 4 : 50% de rétention sans verdoiement

"igure 5 : 15% de rétention avec verdoiement

7igure 6: 30% de rétention avec

verdoiement

Figure 7: 50% de rétention avec verdoiement

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Prise de photographies

Les photographies ont été prises en 2009 et 2010 sur une période de 3 jours en septembre 2009, juste avant que les arbres changent de couleur, et sur une période de 4 jours en août 2010. Deux périodes de prises de photographie ont été nécessaires afin d'avoir des conditions météorologiques similaires et limiter ainsi le risque de biais (Yelle et al. 2008). Afin de créer une uniformité et d'éviter la présence de tout élément distrayant en avant plan, toutes les photos ont été prises avec un plan d'eau comme avant plan. Selon Brush (1979), il est effectivement préférable d'éviter les éléments marquants comme les ruisseaux, les objets humains et les éléments éphémères comme les fleurs pour diminuer la variabilité entre les photos.

Les photographies ont été prises à la hauteur des yeux d'un observateur (Yelle et al. 2008) en embarcation sur le plan d'eau. Ainsi, l'avant-plan était toujours entièrement occupé par le plan d'eau et le paysage forestier apparaissait seulement à partir du moyen plan. Un appareil photo numérique Nikon D40X a été utilisé et plusieurs photographies du même paysage ont été prises afin de s'assurer d'avoir accès à une grande quantité de photographies de bonne qualité (Yelle et al. 2008). Pour minimiser la distorsion et simuler le plus possible la vision humaine, un focus fixé sur l'infini et une lentille de 50 mm ont été utilisés dans tous les cas (Palmer et al. 1995, Yelle et al. 2008). De plus, pour bien représenter les paysages, toutes les photographies utilisées pour la projection étaient en couleur (Zube 1974, Daniel et Boster 1976, Stamps 1990, Palmer et Hoffman 2001, Yelle et al. 2008).

Sélection des photographies

Afin de faciliter la sélection finale des photographies, le pourcentage de rétention a été validé sur chacune des photos à l'aide d'une grille de points cotés. Le verdoiement du parterre de coupe a été évalué selon la couleur du parterre de coupe et la présence de haute régénération. Les photographies ont été sélectionnées sur la base de la qualité de l'image et de la représentativité des types de paysage.

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Afin d'améliorer la qualité de l'image et la représentativité des photographies sélectionnées, des retouches ont été faites sur certaines photographies à l'aide du logiciel Photoshop 11.0.1. Ces modifications ont permis d'améliorer la similarité de la qualité des photographies, et ce, en éliminant les éléments pouvant perturber le jugement (présence de machinerie, de gravières, d'éléments particuliers dans l'eau, etc.). Le ciel et l'eau présentent donc des caractéristiques similaires d'une photographie à l'autre, minimisant ainsi les risques d'influencer le jugement. Cette étape a été réalisée adéquatement puisqu'un nombre très faible de commentaires concernant la qualité des photographies présentées a été recueilli lors des enquêtes.

Impact d'un apport d'information

Nous nous sommes aussi intéressés à l'effet d'un apport d'information sur l'opinion des gens quant au niveau d'acceptabilité des coupes agglomérées. Plusieurs études suggèrent qu'un apport d'information, qui expliquerait le bien-fondé écologique de l'émulation des grandes perturbations naturelles, améliorerait le niveau d'acceptabilité sociale (Brunson et Reiter 1996, Shindler 2000, McFarlane et Stedman 2003, Meitner et al. 2005, Kearney et al. 2010).

Deux discours portant sur la protection de l'habitat du caribou forestier ont donc été lus à certains groupes de participants. Ces discours étaient des messages courts et sommaires, de sept minutes, traitant du rôle écologique des coupes agglomérées. Les réponses obtenues dans chacun des cas ont été comparées à celles d'un groupe témoin qui n'avait obtenu aucune information. Les deux discours traitaient de la protection de l'habitat du caribou, du type de coupe (mosaïque vs agglomérée) et de leurs effets sur l'orignal et le caribou. La différence entre les deux discours résidait dans la façon dont les éléments sont traités et expliqués puisque le support visuel était identique. Pour le discours factuel, présenté en annexe 2, l'emphase était mise sur les termes techniques expliquant la relation entre les deux types de coupe et la chaîne alimentaire orignal/loup/caribou. Il était aussi question de l'effet des coupes agglomérées sur le caribou. Le discours étant purement factuel, il ne comportait aucune prise de position ou préférence entre l'un et l'autre type de coupe. Dans

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le cas du second discours, dit discours sur les bienfaits, présenté en annexe 3, l'emphase était surtout mise sur les côtés bénéfiques des coupes agglomérées pour le caribou et sur l'importance accordée à l'approche écosystémique dans ce type de coupe. La prise de position était donc claire et disait que les coupes agglomérées étaient bonnes pour la protection de l'habitat du caribou et avaient une grande valeur écosystémique. Enfin, précisons que l'ensemble des participants a été réparti de façon à obtenir trois groupes égaux, soit un groupe ayant reçu le discours factuel, un autre le discours sur les bienfaits et un troisième n'ayant reçu aucune information supplémentaire.

Présentations par diapositives

Le logiciel Microsoft PowerPoint a été utilisé pour la projection des photographies lors des sondages. L'approche utilisée est une adaptation de la méthode Scenic Beauty Estimation (SBE) qui est plus adéquate pour les grands espaces (Ribe 1989), et conséquemment pour les paysages en moyen plan. Développée par Daniel et Boster (1976) et fréquemment utilisée (Buhyoff et al. 1982, Patsfall et al. 1984, Vodak et al. 1985, Brown et Daniel 1986, McCool et al. 1986, Rudis et al. 1988, Brunson et Reiter 1996, Paquet et Bélanger 1997, Shelby et al. 2003, Yelle et al. 2008), cette méthode permet d'estimer la qualité scénique des paysages telle que perçue par le participant, mais peut aussi permettre d'estimer d'autres qualités (Daniel et Shroeder 1979, Yelle et al. 2008). Elle offre la possibilité de présenter un grand nombre de stimuli au cours de la même rencontre et d'interroger un très grand nombre de répondants lors d'une même séance (Daniel et Boster 1976, Yelle et al. 2008). De plus, en s'adressant à l'ensemble du groupe de façon impersonnelle, elle permet également de diminuer de façon significative le biais que peut créer l'enquêteur (Nassauer

1983).

Dans le cadre de cette méthode, il s'agit de présenter une série de diapositives représentant des paysages à des observateurs qui doivent leur attribuer une cote selon une échelle d'intervalles de valeur de la qualité scénique (Daniel et Boster 1976, Brown et Daniel 1986, Ribe 1989). Les diapositives sont présentées dans un ordre aléatoire afin de diminuer le biais lié à l'ordre de présentation des photographies (Torgerson 1958, Paquet et Bélanger

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1997, Yelle et al. 2008). La durée des séances était fixée à 30 minutes afin de ne pas épuiser la concentration des sujets et de pouvoir montrer un nombre de diapositives raisonnable (Yelle et al. 2008). Le temps alloué aux séances permet ainsi d'accorder 20 secondes pour chaque paysage à évaluer. Cette durée permet aux participants non seulement d'accorder une cote au paysage, mais aussi de mentionner deux éléments ayant motivé leur jugement de manière positive ou négative (Magill 1994, Yelle et al. 2008). Il est ainsi possible d'interpréter les résultats avec plus de justesse et de mieux comprendre les éléments les plus influents sur le jugement (Yelle et al. 2008). Au total 33 diapositives ont été retenues pour représenter les 7 types de paysages, soit de 4 à 5 diapositives par type (Brush 1979, Rudis et al. 1988). Sept autres diapositives, une par type, ont été utilisées pour faire une séance de réchauffement avant la projection, afin de permettre aux répondants de se familiariser avec les paysages à évaluer et le questionnaire (Paquet et Bélanger 1997, Yelle et al. 2008). La littérature indique que la période de réchauffement diminue le gradient de variabilité entre les critères de jugements d'un observateur à l'autre (Hull et Buhyoff 1984, Brown et Daniel 1990, Brunson et Reiter 1996).

Une échelle de type Likert à graduation bipolaire de -4 (le moins acceptable) à +4 (le plus acceptable) a été utilisée pour évaluer les paysages présentés (Brunson 1991, Brunson et Reiter 1996, Paquet et Bélanger 1997, Silvennoinen et al. 2002, Shelby et al 2003, Yelle et al. 2008), la graduation bipolaire permettant l'utilisation du zéro comme point neutre (Brunson et Reiter 1996, Paquet et Bélanger 1997, Silvennoinen et al. 2002, Shelby et al. 2003, Yelle et al. 2008).

Les questionnaires individuels, présentés en annexe 5, ont été distribués dès le début de la séance. Avant de procéder au sondage, des directives, présentées en annexe 1, basées sur celles élaborées par Brunson (1991) ont été lues, permettant d'uniformiser l'information donnée aux participants avant la visualisation et de s'assurer que les mêmes mots soient utilisés d'une séance à l'autre (Yeiser et Shilling 1978, Anderson 1981). Il était demandé aux participants de s'imaginer qu'ils se trouvaient en embarcation sur l'eau et que les paysages présentés étaient ceux les entourant. Il était aussi mentionné que les paysages

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devaient être jugés sur la base de la qualité scénique du paysage présenté et non sur celle de la photographie.

Lorsqu'il y avait lieu, la lecture d'un des deux discours était faite. À la lecture du discours, s'ajoutait un support visuel, présenté en annexe 4, sous la forme d'une projection de diapositives à l'aide du logiciel Microsoft PowerPoint. Suite à la séance de réchauffement, l'enquête était effectuée et les questionnaires récoltés à la fin de la séance. Le talon sociodémographique, annexé au questionnaire, visait à obtenir des informations sur le sexe, l'âge, le lieu de provenance, le domaine d'études, les perspectives d'avenir (travail dans le domaine, études universitaires, autre) et les liens avec le milieu forestier.

Les participants furent recrutés dans deux établissements d'enseignement collégial, soit le Cégep de Baie-Comeau sur la Côte-Nord et le Cégep de Sainte-Foy situé dans la Capitale-Nationale. Les étudiants de niveau collégial sont de jeunes adultes étudiants dans divers domaines qui représentent bien une grande proportion de la population en général. De plus, plusieurs études ont obtenu comme résultat que l'opinion des étudiants est similaire à celle du grand public (Daniel et Boster 1976, Brush 1979, Rudis et al. 1988, Ribe 1989, Brunson

1991, Brunson et Reiter 1996, Shelby et al. 2003).

Analyses statistiques

Cotes d'acceptabilité des photographies

Dans un premier temps, afin de vérifier si la provenance géographique avait ou non une influence sur l'appréciation de la qualité scénique, une analyse de la variance avec une procédure MIXED ou méthode de la moyenne des moindres carrés, à l'aide du logiciel de statistiques SAS 9.2, a été réalisée.

Dans un second temps, pour mesurer l'influence de l'apport d'information et du type de discours sur la perception visuelle des participants, une ANOVA a été effectuée avec la procédure MIXED, pour un maximum de vraisemblance (REML). L'analyse de

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l'interaction significative entre les catégories de paysage a été faite par la méthode de la moyenne des moindres carrés. La moyenne des 4 ou 5 observations par catégorie de paysage par individu a été utilisée pour effectuer les analyses puisqu'il s'agit d'ANOVA avec mesures répétées sur la catégorie de paysage. L'utilisation de la moyenne des observations des sujets par catégorie de paysage est possible puisque ces réponses ne peuvent être considérées indépendantes étant donné qu'il s'agit de la même personne répondant pour toutes les répétitions des catégories. L'effet catégorie mesure la variabilité intrasujet.

Éléments visuels positifs et négatifs

Pour ce qui est des éléments négatifs et positifs notés par les participants et pouvant influencer la perception visuelle des gens, les commentaires recueillis ont été classés par catégorie de paysage. Par la suite, ils ont été comptabilisés pour faciliter la comparaison.

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Résultats

Au cours de l'étude, 99 participants du Cégep de Baie-Comeau et 134 du Cégep de Sainte-Foy, Québec ont répondu au sondage, pour un total de 233 répondants. Parmi ceux de Baie-Comeau, 50 d'entre eux composaient le groupe sans discours et les 49 autres ont reçu de l'information par le biais du discours factuel. Dans la région de la Capitale-Nationale, 38 répondants n'ont reçu aucune information, 52 ont obtenu l'information du discours factuel et les 46 autres ont reçu les informations du discours sur les bienfaits.

La provenance géographique des groupes ne modifie pas les résultats (p=0,6065), ce qui confirme les conclusions d'une étude précédente (Yelle et al. 2008). De plus, comme le démontre la figure 8, les résultats pour les groupes influencés par les discours n'ont pas montré de différence significative (p=0,6038) sur le niveau d'acceptabilité. Les résultats des gens ayant reçu l'information du discours sur les bienfaits montrent une très légère tendance à la hausse du niveau d'acceptabilité des paysages. Pour les gens ayant reçu l'information du discours factuel, l'effet est inverse (Figure 8). Les résultats ont donc été réunis pour l'analyse.

Tableau 3 : Source de variation, degrés de liberté et valeurs de F de l'ANOVA pour tester l'influence de l'appartenance à une région, du type de discours utilisé pour informer et de la catégorie de paysage sur la perception visuelle.

Nombre de

Source de variation degrés de

liberté Fcalc Pr>F Inter-sujet Ville 1 0,27 0,6065 Discours 2 0,53 0,6038 Erreur 1 9 Intra-sujet

Individu (session (discours)) 220

Catégorie 6 287,53 < 0,0001

Catégorie x discours 12 2,4 0,0045

Erreur 2 1379

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Figure 8 Niveau d'acceptabilité moyen et écart type par catégorie de paysage et par type de discours. 3,00 2,00 « 1,00 ■S 0,00 -1,00 -2,00 -3,00 -4,00

I Groupe témoin (sans discours) I Discours factuel

I Discoursécosystémique

mr

Forêt naturelle 15%sans 30%sans 50%sans 15%avec 30%avec 50%avec

verdoiement verdoiement verdoiement verdoiement verdoiement verdoiement Catégorie de paysage

En général, les paysages dont le parterre de coupe n'est pas verdi sont perçus négativement. Les résultats présentés à la figure 9 montrent, dans le cas des coupes sans verdoiement du parterre de coupe, que l'augmentation du pourcentage de rétention de peuplements permet d'accroître le niveau d'acceptabilité des paysages avec le niveau de rétention de 50% atteignant presque un niveau d'acceptabilité égal ou supérieur à zéro sur l'échelle d'acceptabilité. Selon les commentaires des répondants, cette perception négative est causée par le pourcentage trop élevé qu'occupe la coupe à l'échelle du paysage et par l'aspect dégradé des sols.

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Figure 9: Niveau d'acceptabilité moyen et écart-type par catégorie de paysage pour l'ensemble des répondants.

4,00

-4,00

Forêt 15% sans 30% sans 50% sans 15% avec 30% avec 50% avec naturelle verdoiement verdoiement verdoiement verdoiement verdoiement verdoiement

Catégorie de paysage

Avec le verdoiement du parterre de coupe, les paysages ont un niveau d'acceptabilité plus élevé que sans verdoiement (voir figure 9). Les paysages ayant 15 % de rétention de peuplements ont toutefois encore un niveau d'acceptabilité moyen inférieur à zéro. Pour les paysages avec 30 % de rétention de peuplements, le niveau d'acceptabilité moyen devient positif, mais à peine au-dessus de zéro. Par contre, avec 50 % de rétention de peuplements, le niveau d'acceptabilité moyen est nettement supérieur à zéro.

Les figures 10 à 12 résument bien les résultats en présentent les fréquences cumulatives du niveau d'acceptabilité moyen par catégorie de paysage et ce, pour tous les répondants. Les résultats montrent qu'avec une rétention de peuplements de 15 %, les paysages ne sont pas acceptables pour la majorité des répondants, peu importe le verdoiement ou non du parterre de coupe. Avec une rétention de peuplements de 30 %, les paysages sont considérés acceptables seulement si le parterre de coupe est verdi. Finalement, avec 50 % de rétention

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de peuplements, la majorité des répondants considèrent ces paysages acceptables visuellement, avec un parterre de coupe même non verdi.

Figure 10 : Fréquence cumulative du taux d'acceptabilité par catégorie de paysage (n=233).

100 90 80 ^■70 QJ V 60 __! 3 E QJ U C QJ 50 40 cr i 30 20 10 0 i /I f M f f f M _F ' _r _r _r # # # x x x x # #

-A-Forêt naturelle

- ♦ - 1 5 % sans verdoiement -O-15% avec verdoiement -♦■30% sans verdoiement - o - 3 0 % avec verdoiement - • - 5 0 % sans verdoiement - D - 50% avec verdoiement

-A-Forêt naturelle

- ♦ - 1 5 % sans verdoiement -O-15% avec verdoiement -♦■30% sans verdoiement - o - 3 0 % avec verdoiement - • - 5 0 % sans verdoiement - D - 50% avec verdoiement

-A-Forêt naturelle

- ♦ - 1 5 % sans verdoiement -O-15% avec verdoiement -♦■30% sans verdoiement - o - 3 0 % avec verdoiement - • - 5 0 % sans verdoiement - D - 50% avec verdoiement

-A-Forêt naturelle

- ♦ - 1 5 % sans verdoiement -O-15% avec verdoiement -♦■30% sans verdoiement - o - 3 0 % avec verdoiement - • - 5 0 % sans verdoiement - D - 50% avec verdoiement

-A-Forêt naturelle

- ♦ - 1 5 % sans verdoiement -O-15% avec verdoiement -♦■30% sans verdoiement - o - 3 0 % avec verdoiement - • - 5 0 % sans verdoiement - D - 50% avec verdoiement + 4 + 3 + 2 + 1 0 -1 Cote d'acceptabilité -2

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Figure 11 : Fréquence cumulative du taux d'acceptabilité pour les catégories de paysage sans verdoiement (n=233). 100 90 80 Ê 70 ai 1 60 1 50 u ai S 40 3 •£ 30 LL. 20 10 0 100 90 80 Ê 70 ai 1 60 1 50 u ai S 40 3 •£ 30 LL. 20 10 0 100 90 80 Ê 70 ai 1 60 1 50 u ai S 40 3 •£ 30 LL. 20 10 0 100 90 80 Ê 70 ai 1 60 1 50 u ai S 40 3 •£ 30 LL. 20 10 0 100 90 80 Ê 70 ai 1 60 1 50 u ai S 40 3 •£ 30 LL. 20 10 0 100 90 80 Ê 70 ai 1 60 1 50 u ai S 40 3 •£ 30 LL. 20 10 0 100 90 80 Ê 70 ai 1 60 1 50 u ai S 40 3 •£ 30 LL. 20 10 0 100 90 80 Ê 70 ai 1 60 1 50 u ai S 40 3 •£ 30 LL. 20 10 0 100 90 80 Ê 70 ai 1 60 1 50 u ai S 40 3 •£ 30 LL. 20 10 0 - A - Forêt naturelle —•—15% sans verdoiement - • " 30% sans verdoiement - ■ - 5 0 % sans verdoiement 100 90 80 Ê 70 ai 1 60 1 50 u ai S 40 3 •£ 30 LL. 20 10 0 - A - Forêt naturelle —•—15% sans verdoiement - • " 30% sans verdoiement - ■ - 5 0 % sans verdoiement 100 90 80 Ê 70 ai 1 60 1 50 u ai S 40 3 •£ 30 LL. 20 10 0 - A - Forêt naturelle —•—15% sans verdoiement - • " 30% sans verdoiement - ■ - 5 0 % sans verdoiement 100 90 80 Ê 70 ai 1 60 1 50 u ai S 40 3 •£ 30 LL. 20 10 0 - A - Forêt naturelle —•—15% sans verdoiement - • " 30% sans verdoiement - ■ - 5 0 % sans verdoiement 100 90 80 Ê 70 ai 1 60 1 50 u ai S 40 3 •£ 30 LL. 20 10 0 100 90 80 Ê 70 ai 1 60 1 50 u ai S 40 3 •£ 30 LL. 20 10 0 + 4 +3 +2 + 1 0 -1 -2 -3 -4 Cote d'acceptabilité

Figure 12 : Fréquence cumulative du taux d'acceptabilité pour les catégories de paysage avec verdoiement (n=233). Forêt naturelle 15% avec verdoiement 30% avec verdoiement 50% avec verdoiement + 1 0 -1 Cote d'acceptabilité

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Les tableaux 4 et 5 présentent les compilations des commentaires positifs et négatifs concernant chaque catégorie de paysage.

Tableau 4 : Type et nombre de commentaires positifs selon la catégorie de paysage. Forêt

mature

Sans verdoiement Avec verdoiement Forêt

mature 15% de 30% de 50% de 15% de 30% de 50% de

Commentaires positifs

Forêt mature

rétention rétention rétention rétention rétention rétention % de rétention de boisés 316 39 81 173 96 198 187 Beauté du paysage 95 15 21 69 72 82 76 Naturel 119 5 18 17 17 30 27 Présence humaine peu visible 1 7 1

Protection des sols 1 4 3 4 3 2 Qualité photo 14 7 9 14 6 16 10 Santé, vivant 101 32 33 63 69 144 120 Type de coupe 37 25 29 50 46 52 62 Valeurs écologiques, faune, hydrologie 30 23 29 57 20 45 54 Visibilité des interventions 52 4 10 7 7 25 39

Total 764 151 235 460 338 595 577

Tableau 5 : Type et nombre de commentaires négatifs selon la catégorie de paysage. Forêt

mature

Sans verdoiement Avec verdoiement

Commentaires négatifs Forêt mature 15% de rétention 30% de rétention 50% de rétention 15% de rétention 30% de 50% de rétention rétention % de coupe trop élevé 86 372 360 291 442 248 265 Artificiel, pas naturel 10 40 48 32 65 19 22 Beauté du paysage 31 85 117 74 62 44 40 Dégradation des sols 3 76 100 42 6 17 15 Malade, mortalité 24 134 132 66 65 74 41 Présence humaine visible 3 5 19 29 23 11 10

Qualité photo 13 16 16 9 20 4 8

Type de coupe 16 68 105 78 59 38 44 Valeurs écologiques, faune, hydrologie 1 17 33 17 49 19 23 Visibilité des interventions 7 20 43 36 23 15 24

Total 194 833 973 674 814 489 492

Pour les paysages ayant un parterre de coupe non verdi, la préservation des valeurs écologiques, fauniques et hydrologiques n'est pas suffisante pour contrer la laideur du paysage selon les commentaires des participants. Par contre, lorsqu'il y a 50 % de rétention de peuplements, les paysages sont assez beaux pour qu'une faible majorité des répondants les considèrent acceptables.

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Toujours selon les commentaires recueillis, le pourcentage de coupe visible dans le paysage a aussi un impact négatif pour les paysages avec verdoiement. Pourtant, la beauté de ces paysages ainsi que leur aspect vivant et en santé sont les principales raisons données par les participants qui les considèrent acceptables. Si l'on ne considère que les paysages avec une rétention de peuplements de 15 %, la laideur du paysage causée par l'aspect artificiel du parterre de coupe semble être la raison principale de l'inacceptabilité visuelle de ces paysages par 60 % des répondants. Pour les paysages avec 30 % de rétention de peuplements, les interventions peu visibles sont l'élément ayant le plus d'impact positif selon les répondants. Enfin, si l'on s'intéresse à la dernière catégorie de rétention de peuplements, soit celle de 50 %, beaucoup de répondants ont mentionné l'aspect naturel des paysages en plus des interventions peu visibles. Ces commentaires expliquent pourquoi le niveau d'acceptabilité de ces paysages est beaucoup plus élevé et permet d'obtenir un consensus parmi les répondants.

Finalement, presque la totalité des répondants considère les paysages témoins, formés de forêts matures, comme acceptables en raison de leur aspect naturel, en santé et leur beauté. Cependant, une faible proportion des répondants les jugent inacceptables visuellement à cause de la laideur des paysages et de leur aspect qui ne semble pas en santé, selon leurs commentaires.

En somme, sans verdoiement par une rétention d'arbres à l'échelle du peuplement ou obtenu avec le passage du temps, seule une rétention de peuplements de 50 % obtient un niveau d'acceptabilité suffisamment élevé pour atteindre le seuil de la majorité. Avec le verdoiement du parterre de coupe, le niveau d'acceptabilité est généralement plus élevé et le seuil de la majorité est atteint avec 30 % de rétention.

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Discussion

Quinze ans plus tard, avec une autre forêt et une autre génération de participants, nos résultats reconfirment les conclusions de Paquet et Bélanger (1997). Ils vont dans le sens du principe général (McCool et al. 1986, Paquet et Bélanger 1997, Ribe 2006) qu'une diminution de la proportion visible du paysage occupé par des coupes à blanc améliore le niveau d'acceptabilité visuelle du paysage exploité. Nous avons observé un gradient très net de l'acceptabilité visuelle entre les trois niveaux de rétention de peuplements résiduels retenus dans cette étude. Nous observons les mêmes seuils d'acceptabilité avec nos paysages sans verdoiement que ceux notés lors des études de Paquet et Bélanger (1997) et de Ribe (2006) réalisées à des moments et avec des groupes très différents.

Le seuil normatif envisagé par le MRNF (Pouliot et al. 2009) pour l'intégration des enjeux écologiques dans les plans d'aménagement forestier intégrés correspond au niveau de 30 % de rétention de peuplements de notre étude. Suivant nos résultats, il n'est pas déraisonnable de penser que lors de l'émulation des feux, l'équilibre entre l'aménagement écosystémique et l'aménagement visuel des paysages sera difficile à obtenir. Nos résultats démontrent clairement qu'avec ce niveau de rétention, au Québec, on ne peut espérer un niveau intéressant d'acceptabilité visuel. Le niveau de 30 % de rétention, qui représente un maximum écosystémique, n'est pas suffisant pour être acceptable visuellement, le problème reste donc entier pour l'émulation des feux.

Cependant, un équilibre entre l'aménagement écosystémique et l'aménagement visuel peut être atteint avec un niveau de 50 % de rétention de peuplements, ce qui représente, toutefois, la marge supérieure d'une rétention écosystémique. Ce niveau de rétention de 50 % semble correspondre à un seuil perceptuel critique. La majorité des commentaires recueillis lors de cette étude portait sur le pourcentage de coupe trop élevé, les participants voyant le 70 % de coupe dans le paysage bien avant de voir le 30 % de peuplements résiduels. C'est peut-être pour cette raison que la codominance forêt/coupe obtenue en conservant 50 % de peuplements résiduels dans le paysage est nécessaire pour gagner une

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certaine acceptabilité visuelle de la coupe à blanc. Ce qui explique pourquoi la première passe de la coupe mosaïque est intéressante du point de vue esthétique, mais non d'un point de vue écologique comme mentionné précédemment avec l'exemple du caribou..

L'importance du verdoiement

Il est reconnu que le fait d'assurer le verdoiement du parterre de coupe a un effet indéniable sur l'opinion des gens (Bradley 1996, Paquet et Bélanger 1997, Shelby et al. 2003, Kearney et al. 2010). Nos résultats abondent dans le même sens. En absence de verdoiement des coupes, le niveau de 30 % de rétention est insuffisant pour assurer l'acceptabilité visuelle générale du paysage exploité. Le verdoiement fait une énorme différence sur l'impact visuel, permettant au paysage avec 30 % de rétention de peuplement d'atteindre la limite de l'acceptabilité. Mais cette acceptabilité n'est possible que si la nature de la rétention à l'échelle du peuplement assure le verdoiement.

Ce verdoiement peut être obtenu par la protection d'une strate arbustive haute suffisamment dense (Yelle et al. 2008) ou par le reverdissement associé à la croissance de la régénération (Paquet et Bélanger 1997). Le temps nécessaire pour que des semis d'épinette noire (<1 m de hauteur) atteignent cette hauteur déterminante est de 15 à 25 ans (Vézina et Linteau 1968, Carpentier et al. 1993).

Par ailleurs, Yelle et al. (2008) ont démontré que des types de coupe intermédiaire comme la CPRS à rétention de bouquets, la coupe avec protection des petites tiges marchandes (CPPTM) et la coupe avec protection de la haute régénération (CPHRS) sont des alternatives intéressantes qui permettent une hausse de l'acceptabilité visuelle comparativement à la CPRS traditionnelle. La CPPTM et la CPHRS sont plus efficaces pour augmenter l'acceptabilité que la CPRS à rétention de bouquets à l'avant-plan. Comme Yelle et al. (2008) le précisent, les bouquets semblent rappeler aux participants que la forêt a été coupée contrairement à la CPPTM et la CPHRS dont le type de rétention disperse les arbres au lieu de les regrouper. Dans le cadre de notre étude, la coupe alternative à la CPRS était la CPHRS. Au moyen plan, l'effet de cette coupe était de rendre le parterre de coupe

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vert aux yeux des participants. Cette couleur est importante pour l'esthétisme du paysage puisqu'elle est signe, pour eux, d'une forêt vivante et en santé.

Ainsi, l'utilisation de types de coupe intermédiaire permettant une rétention d'arbres à l'échelle du peuplement pourrait être une mesure d'atténuation intéressante pour rehausser le jugement d'acceptabilité du niveau de 30 % de rétention de peuplements.

Apport limité des capsules d'information à l'acceptabilité visuelle

Dans notre étude, les résultats indiquent qu'un apport d'informations n'a pas eu d'impacts sur l'acceptabilité visuelle des coupes à blanc. Par contre, dans notre cas, le message des deux discours était complexe et bref, sans opportunité pour les participants de poser des questions. Dans ces conditions, l'apport d'informations a été limité.

En expliquant ce que signifie l'aménagement écosystémique, Meitner et al. (2005) affirme qu'un public informé des bienfaits de ce type d'aménagement et des raisons écologiques soutenant la création de grandes zones de régénération a plus de chance d'être favorable à l'approche envisagée. Les études évaluant le potentiel d'un apport d'information comme moyen d'améliorer la perception du public sur les grandes coupes à blanc arrivent toutefois à des conclusions très divergentes. Plusieurs études, dont celles de Vodak et al. (1985), Bright et Manfredo (1997) et McFarlane et Stedman (2003) constatent qu'un apport d'informations sur l'aménagement écosystémique et ses bienfaits n'a pas d'impacts sur le jugement des participants à l'étude. D'autres ont vu des changements d'opinion positifs

(Young 1980, Cable et al. 1987, Brunson et Reiter 1996), mais qui n'étaient pas persistants (Fortner et Lyon 1985). Enfin, Brunson et Reiter (1996) ont même observé un changement d'opinion négatif.

Cette variation dans les effets d'un apport d'informations peut être expliquée. McFarlane et Stedman (2003) affirment que la façon dont l'information transmise est évaluée et interprétée par le participant peut induire un changement d'attitude si l'information est

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considérée favorable, défavorable ou neutre, mais peut aussi n'avoir aucun impact. Cependant, Tesser et Leone (1977) ont remarqué que les attitudes qui ne sont pas solidement formées peuvent être changées plus facilement que celles qui sont clairement en accord ou en désaccord avec une problématique.

Ainsi, comme certaines études le suggèrent, l'information transmise à la population s'avère un moyen intéressant (Shindler 2000, Kearney et al 2010) sans garantir des résultats précis et prévisibles puisque, comme le souligne Shindler (2000), il ne suffit pas de transmettre de l'information au public pour que ce dernier soit en accord avec les pratiques utilisées en foresterie. Par exemple, le choix du porte-parole et les techniques utilisées pour transmettre l'information sont deux éléments à considérer. Comme Parkins et al. (2001) l'affirment, les gens qui ont une vision négative de l'aménagement forestier, le considérant non soutenable, auront de grandes difficultés à percevoir l'industrie forestière ou l'un de ses représentants comme étant une source crédible d'informations. Dans le cas de notre étude, le porte-parole n'était pas relié à l'industrie et était présenté comme neutre.

Atténuation de l'impact

En se basant sur nos résultats, les mesures de mitigation comme celles proposées dans le Guide d'atténuation des impacts visuels causés par les agglomérations de coupes pour le domaine de la pessière à mousses de Yelle et al. (2009) sont des solutions intéressantes pour minimiser efficacement les impacts visuels des coupes en pessière noire. Cependant, comme nous n'avons validé que l'effet du pourcentage de rétention et le verdoiement du parterre de coupe, il serait intéressant de valider les autres mesures d'atténuation proposées.

Une autre stratégie pour mitiger les impacts de la récolte forestière sur le paysage de pessière noire à mousses est la coupe mosaïque faite en plusieurs passes et conservant un minimum de 50 % du couvert forestier (Perron et al. 2008). Si le verdoiement du parterre de coupe est assuré par une végétation d'une hauteur idéale de 7 mètres et plus, la stratégie

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devient encore plus efficace pour diminuer les impacts visuels si l'on se fit aux résultats de Paquet et Bélanger (1997), mais cette affirmation reste à valider.

Le zonage du territoire serait aussi une stratégie permettant une diminution des impacts visuels négatifs des coupes forestières en offrant la possibilité de déterminer les zones les plus à risque. Selon Oba Meye (2011), ces zones, dites sensibles, sont des points chauds avec une importance écologique ou sociale. Importantes pour les intervenants du territoire en question, on y retrouve des concentrations d'enjeux ou des enjeux majeurs à l'échelle du paysage (Oba Meye 2011). Étant donné la sensibilité particulière des zones à haute valeur, il serait préférable d'éviter à tout prix d'y réaliser des agglomérations de coupes pour ne pas complexifier la problématique déjà existante. Puisque les agglomérations de coupes ont un impact visuel important, Perron (2003) insiste sur l'importance de réaliser les grandes agglomérations de coupes préférablement dans les secteurs à vocation forestière, peu fréquentés et en excluant les zones à haute valeur.

Même si les feux sont très présents en pessière noire à mousses, il ne faut pas oublier qu'il y a d'autres types de perturbations existantes comme les épidémies de la tordeuse des bourgeons de l'épinette (TBE) et le chablis. Ces perturbations, bien que beaucoup plus petites que les grands feux, ne sont pas moins importantes au niveau de la matrice forestière et il faut les prendre en considération dans les stratégies d'aménagement. Il ne faut pas oublier qu'émuler les perturbations naturelles veut aussi dire considérer l'importance de chaque type de perturbation sur le territoire.

Dans un contexte écosystémique, l'aménagement équienne (les agglomérations de coupes totales) ne devrait pas constituer une composante majeure des stratégies de la région de la Côte-Nord (De Grandpré et al. 2008). Donc, l'utilisation exclusive des agglomérations de coupes sur tout le territoire n'est pas la solution. Il est préférable de réaliser d'autres types de coupe lorsque la situation le demande et la coupe en mosaïque a encore un potentiel dans une vision de gestion intégrée.

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Conclusion

Cette étude avait pour but premier de vérifier s'il est possible de trouver un compromis entre les techniques d'émulation des feux en forêt boréale et leurs impacts sur l'acceptabilité visuelle. Notre étude donne raison à Long (2009) qui, comme mentionné précédemment, affirme que l'émulation des grands feux reste un défi de taille puisque ces perturbations ne seront jamais acceptables pour la société. Cependant, dans certaines conditions, le compromis sera possible, mais il ne sera pas facile. Cette complexité doit être prise en compte dans la planification de la récolte forestière et l'importance de l'impact du jugement de la population ne doit pas être minimisée.

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Figure

Tableau 2 : Catégories de paysage étudiées
Figure 1 à 7 : Photographies représentatives des sept catégories de paysage étudiées.
Tableau 3 : Source de variation, degrés de liberté et valeurs de F de l'ANOVA pour tester  l'influence de l'appartenance à une région, du type de discours utilisé pour informer et de la  catégorie de paysage sur la perception visuelle
Figure 8 Niveau d'acceptabilité moyen et écart type par catégorie de paysage et par type de  discours
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