• Aucun résultat trouvé

ARTheque - STEF - ENS Cachan | Les innovations et les recherches CECSI peuvent-elles avoir des retombées utilisables dans les pratiques de diffusion et d'appropriation des savoirs ?

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "ARTheque - STEF - ENS Cachan | Les innovations et les recherches CECSI peuvent-elles avoir des retombées utilisables dans les pratiques de diffusion et d'appropriation des savoirs ?"

Copied!
21
0
0

Texte intégral

(1)

Les innovations et les

recherches CECSI

(Communication, Education et Culture Scientifique et Industrielle)

peuvent-elles avoir

des retombées utilisables

dans les pratiques de

diffusion et d'appropriation

de savoirs?

ANDRE GIORDAN,

LDES, Université de Genève

(2)
(3)

10 èmes journées, donc ... Comme nous vivons au "pays des 10" comme disent les livres pour enfants, et non pas à Babylone (pays des 60) où il nous aurait fallu attendre plus longtemps... nous avons choisi cette occasion inscrite dans une longue tradition pour établir des bilans et des prospectives sur la communication, l'éducation, la culture scientifiques et industrielles.

Cependant, dans cette introduction aux Journées, je ne vais pas faire un bilan des bilans, mais plutôt présenter quelques indices pour un état des lieux. Ce choix

permettra de tracer un cadre schématique: chacun des points avancés pourra être

discuté plus longuementàla suite.

Pour ne pas tomber dans l'autosatisfaction, qui sied à ce genre d'exercices, je

regrouperai ces indicateurs non pas dans une seule logique, le point de vue que je souhaiterais démontrer, mais dans deux.

L'une sera globalement positive: + version optimiste,

l'autre provocatricement négative: - version pessimiste.

1. ETAT GLOBAL DU DOMAINE

+

version optimiste

Un nouveau champ de réfexions, de prévisions est né en Sciences. L'attente étant importante, l'intérêt certain, les retombées au niveau de l'action efficaces: ce domaine

s'est développé de façon considérable au cours de ces dix dernières années.Ils'agit bien

sûr de la communication, l'éducation, la culture scientifiques et industrielles. Ce domaine s'est largement popularisé, puisque même les médias en parlent. Cela nous

impose de lui trouver un diminutifàla hauteur: je vous propose donc de l'appeler

désormais CECSI.

Mais regardons de plus près ses apports, en commençant par le plan des innovations. Au cours de cette décennie, la plupart des pays européens ont introduit au moins, une réforme de l'enseignement des sciences. Certains états comme l'Espagne, la Suisse en font une par région, canton ou même établissement. D'autres pays, comme la France, de tradition centraliste s'en offre même deux sur un seul niveau, pour ne pas être en reste.

Les nouvelles technologies (informatique, télématique, robotique, vidéotique) sont introduites sans retard.

Des centres, des maisons, des cités même, de Culture scientifique et industrielle prolifèrent. Des boutiques de sciences, des clubs scientifiques, des centres d'initiation à l'environnement, des éco-musées sont créés.

Les expo-sciences, les valises scientifiques, les guides t1eurissent. Les anciens musées d'histoire naturelle se réorientent vers des activités d'initiation scientifique pour les curieux. Des clubs de vacances se lancent dans le tourisme scientifique.

(4)

,~

\.

( j

(5)

Les entreprises elle-mêmes, concourent à cette expansion, et créent des foires, subventionnent des activités "grand public", développent des formations, des cercles de qualité.

La publicité ne peut, bien sûr, être absente de cette nouvelle mode.

Bref, la science fait enfin partie intégrante de la Culture, on n'ose plus avouer son ignorance pour les modèles scientifiques en se flattant, comme on le faisait encore dans les années soixantes.

- version pessimiste

En Europe, les matières scientifiques et technologiques portent sur moins delO% du

temps scolaire (en moyenne) au cours de la scolarité obligatoire.Lesavoir enseigné est

parfois obsolète, le plus souvent peu utilisable dans une pratique professionnelle autre

que scientifique, et encore pour cette dernière,ily aurait beaucoup à dire.

L'enseignement scientifique en vérité n'est plus adapté aux besoins, aux mutations de la société actuelle. Il ne concourt qu'à une tâche, le plus souvent implicite, la sélection sociale.

(6)

MODÈLE DWB-004

ASEMBLEE INSTRUCTION

19 18 ï

i'y

89l~

.Jt-'::î " 5 , ,,

,,

\ "~

~---

1 \ 12 4 'SEMBLEE INSTRUCTION

1. DH..is~J: le canon.arran\i:C% tous Jes a.-ticles tour1tour :sü ... le plancher.

2. Dtfaisel 1.. coo$olt mouli:e contenaul le compteur cfheure et le c')mpltUrde vitu:eEn ytiliuut une vilde tourner attaehe:r. 1.

Conso~ l la lable de rn~t.1 Hec le5 deux Vi. fournis. (Figur 2)

3. AHachet: le dblt:du compteur de yite.!lise 1 le comphurde vituse avec Je enlill!:NUlss.er le cible. (Fit'.Jr 2) 4. Au.chu 1.d~rri~re machine 1 1. moule."cc le Bults et Dome nuts fourni •. (Fï,rrur 3)

5. Attachct l.a. pk!ale 1 leCrAn. Hm!Attention: Souez: sur que lapi:dale siG1'le ntaltachie '(R) et 1. pi:d.le sirn ed est ect ..chi:-e ..

6. lns.hrt. le vol."t l tra"HS Ou front sure joint de poste (iTEM3 figurS) c't fixu-]a en utilisant Bult rt nut cffru.

7. InsCrn le front duf'<l~tc /lU tube de II. machine en propre ront

8. Att.achu1. Ihe .. justant du frein t la maudle. ~

9. Humecter Poi;n~r nec ,'uu et passel-le auX Dolltsdes manches (Fig"llr 6)

insfrtZ Ir bouchon plastique.ux boutsdu m.nehes.

10. Ajustez lepo~teanis en hauteur proprt et serrel le serre-joint de poste nsis (Filf\Jr 7)

(7)

On enseigne moins les sciences que de passer avec succès un examen dit "de sciences". Aprés une phase d'engouement, le recours à l'informatique est souvent mis en

veilleuse. Ses limites apparaissent nombreuses en particulier au niveau de la

maintenance, de son coût de renouvellement et surtout au niveau des logiciels. Une utilisation rationnelle de cet outil demande une longue mise au point et une formation des enseignants pas toujours évidente.

L'information scientifique couvre moins de 2 % de la surface rédactionnelle des

quotidiens. Parmi celle-ci 90%est purement événementielle, ce qui laisse peu de place

aux dossiers explicatifs. Les livres de vulgarisation représentent moins de 10% de la production globale d'ouvrages. Elle ne concerne que quelques domaines limités de

l'activité scientifique. Les émissions scientifiques,àl'exception des médicales, sont en

chute libre sur la plupart des télévisions mondiales. Elles sont considérées comme peu rentables, n'attirant plus suffisamment de téléspectateurs, donc de publicité.

D'une manière générale, l'information scientifique proposée par les média:; apparait ponctuelle, anecdotique, peu opératoire dans la vie courante pour se maintenir en bonne

santé par exemple, poser de bonnes questionsàson médecin ou encore réagir dans les

choix de société. Les entreprises japonaises, elles-mêmes pourtant affublées de toute

l'efficacité de la modernité, diffusent difficilement un message à leur clientelle

potentielle. Elles licencientàtour de bras leur personnel non qualifié, n'ayant pas pu

ou pas su former leurs employés aux nouvelles techniques.

Ainsi, si on regarde de façon globale, l'impact de la Cecsi, on constate que le savoir scientifique apparait extrêmement peu partagé.

Au moment où nous entrons dans le 3e millénaire, avec des chercheurs de plus en plus

nombreux, des recherches toujours plus perfonl1antes (plus de 2000000

communications par an), un enseignement scientifique obligatoire pour tous et, bien sûr, le développement des mass média et autres nouvelles technologies, on ne peut que répéter que le savoir scientifique "passe ma!".

Déjà, en 1976 nous montrions que les élèves, àla fin de la scolarité, aprés 1,2,3, n ...

cours sur un sujet n'avait pas modifié leur point de vue. Des difficultés rencontrées à

l'école primaire se retrouvent chez des instituteurs en formation après 3 enseignements

(1 ).

W7t

Giordan, une pédagogie pour les sciences expérimentales,Centurion, Paris, 1978 (thèse

A GiSrdan (coordination),Ouelle éducation scientifIque pour quelle société? PUF, 1978

A Giordan et G de Vecchi,Lesorigines du savoir,Delachaux, Neuchatel,1987

Ces études se trouvent aujourd'hui corroborées par d'autres travaux réalisés en Europe et aux Etats-Unis. L'une d'elle (voir cI-après) montre que la population qui a suivi des cours de sciences n'est pas significativement plus instruite que celle qUi n'a pas eu cette possibilité.

(8)

Public I:nowledge of Biology Luc." (1~2l)

Tahle 1 Rc:;pon~10 muhiplc-choi..::cqu('slion~(f".-'rcentofrc~ronJl"nlimJking~i\'C'nrcsp<lnsc)

-_._----~----(-1)Dù)o0uIhin\.;th.1tOt;'yg~'n i~liJn~rOrll'J t·lthec..:lh of Ih..: hU01:Jn lNJ)' uy.

- - - _ .,._-- - - ~ . _ -- - -~ ~ - - _ .

S..:i=ncc k ..el l\on-s..:icncc k ...d

Responsc Ali ~f31c Fcmak 1\"::-.0( CSE 0 A D/D None CSE 0 A Il;

~ -\\'hîtc blood cdls

"

19 IJ 1S 25 12 13 4 16 23 17

"

1!~'nn,lnc") 2 1 1 1 0 0 2 2 1 [n/.Yrn ....~ 4 3 5 4 3 4 1 3 3 5 4 5 R<d bluoJ cdis 6:! 61 62 53 56 77 79 87 5~ 59 69 75 7~ l'one of lh ...·sc 0 1 0 0 1 1 0 0 0 0 1 0 0 000'( know 17 15 18 21 14 5 6 6 14 10 8 9 5 l"umb-.:r 1033 496 537 619 94 188 63 69 520 125 113 89 ~6

(t-l Wh:cht:pc('\~ or~;jnism is attacked by p;nicillin?

- -- - - ~ - ~

Scî=n~:ckvc:l Non·s.cicncc lcvcl

Rcspvnsc Ali ;\.fale: Female J".:on~CSE 0 A D/D None CSE 0 A DI

ViH.,..''i 33 31 35 34 31 34 35 22 34 35 34 24 )0 B3c~('ri;,t :'3 53 5) 49 59 ~8 57 71 46 55 59 66 67 Fun~i 4 4 5 6 1 3 6 1 6 2 3 5 2 PrO(CZ03 1 1 0 0 2 1 0 1 0 3 0 1 0 N"ne ofIh<~c" 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 () DCTI't kno ... 9 10 9 IJ 4 6 0 6 14 5 5 7 1 -:"ur:tlxr 103,1 (% 537 ~19 94 18S 63 G9 j:!O 12~ 213 89 ~(,

k) Which of thu;( do~·..cu IÎ.illk 1,(O'.-;Jc, m.HI of thet:ner~)'nceds for the humanbod)"?Do YOU thinki( is ..:~

-Science Iel,'el 1':on-sciencc k\'l:I

Responsc Ali ~fJle femak None CSE 0 A D/'D NuneCSE 0 A Dr

~linerals 4 4 4 6 1 1 3 1 6 4 2 2 1 Proteîns 37 JS 37 40 43 35 25 28 37 49 38 29 )1) Vit~lmin:i 19 22 17 24 21 J) 8 4 24 18 14 15 Il CHooh;--drales 36 33 38 27 3l 50 64 64 27 29 45 56 5"1 None ofth~se 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 1 0 0 000"1know 4 4 4 5 3 2 0 1 6 2 1 0 1

l'umba 1033 496 537 619 9~ 188 63 69 ~~O 125 213 89 SI>

(dl~kr.:is a lislorp;lirs0(rooJ:i.Whit:hp,Jer Jù)OUlhink 3rc bolhhi~hinflrO(ein~

s..'i.::n('~I<\el t\on-sc;{nt:c1{\el

P. ...'p0n:i< Ali ~LJk FI.'m,lIl.' l\on{ CSE 0 A D,D l'on.:: (SE 0 A oi)

CJbb.1t!(' andcI1a~ 17 Il 18 21 13 Il Il 1 19 18 16 Il

Red ... nJ ch..:...:;< 611 ~6 63 54 64 65 68 8S 54 54 6: 75 ,\11

R..:r:f anJpol.lllX"S 1: 13 10 12 9 Il 1.1 3 13 13 Il 8

Cabb.J~e;,anJ pot:lhX1 10 12 H 10 1~ 10 8 4 Il I~ 9 6

D0n'( Lno"" 2 3 1 3 1 1 0 3 4 1 2 0

l"umhc:r 10)) 496 537 619 94 188 63 69 520 Ils 213 89 ~"

(9)

D'autres encore mettent en évidence que le mode de pensée fonctionnant chez la majorité des adultes est encore de type pré-scientifique. L'esprit scientifique,lui-même, ne semble pas être au rendez-vous. II faut savoir par exemple que l'embauche d'un cadre d'entreprise se fait, de plus en plus souvent, après étude (clandestine et illégale) de son thème astral.

Les didacticiens américains en sont arrivés à lancer un cri d'alarme car la situation est dramatique pour nos sociétés de plus en plus scientifisées.

We have put people on

the moon, synthesized

insu/in, designed

supercomputers

l

and

harnessed energy. But

~ve

have not succeeded

>

in but/ding

a

nation

of

informed citizens

confident of making

reasonéd decisions

about the

myriad

scientific issues

that affect our lives.

(10)
(11)

2. APPORTS DES BILANS DETAILLES Envisageons maintenant quelques aspects détaillés.

+

version optimiste,

Des scientifiques, de plus en plus nombreux, se penchent sur les problèmes de la communication. Des chercheurs de haut niveau avancent des conceptions culturelles trés ambitieuses. Des Conseils scientifiques, des commissions, des réseaux sont ms en place. Des projets grandioses émergent, comme les 100000 m2 de la Cité des sciences, de la Villette à Paris.

- version pessimiste

Moins de 5% des scientifiques ou des ingénieurs se penchent sur les problèmes de communication. Les cellules chargées de la valorisation dans les organismes

recueillent avec parcimonie l'information àdiffuser. Les projets importants, où les

investissements n'ont pas manqué ne rendent pas des résultats toujoursàla hauteur. A

la Cité des sciences, le meilleur cotoie le pire, surtout si l'on pense au rapport qualité-prix! D'ailleurs les difficultés commencent dès qu'on veut se repérer!

Se donne-t-on toujours les moyens de ses ambitions? Les projets avancés ne reposent-ils pas sur des conceptions par trop naïves? La majorité des scientifiques ne se leurre+ elle pas en continuant à croire qu'il suffit de "dire" ou de "montrer", avec force, nouvelles technologies éventuellement, pour que le message soit accessible?

+

version optimiste,

Des scientifiques, des ingénieurs participent à nouveau, car l'habitude s'était perdue, à

la conception d'ouvrages de classe ou de vulgarisation. Des bandes dessinées, des dessins animés sont introduits pour faciliter la diffusion des messages. Des commissions sur la vulgarisation, des observatoires du livre, des prix pour les jouets scientifiques sont créés.

- version pessimiste

L'introduction de bandes dessinées ne débouche pas automatiquement sur des

productions motivantes pour le public choisi. Certaines productions recommandées s'avèrent le plus souvent illisibles, peu pertinantes ou incompréhensibles comme ce schéma avec 4 modèles différents proposés pour des enfants.

(12)
(13)

A

@')CI

• N.

~~"'~;":'~~

-'".

,X-:·J~~~

~,-~;;)f:C

LI.

':<2;:

Certaines réalisations, bien loin d'apporter un savoir, créent même des obstacles àla

compréhension, comme certaines séquences d'un dessin animé qui passe en ce moment sur les petits écrans européens (1).

...,.;a,La;;.k~

-:'>~~~

~ ~l..~J-.,. cl~. r~1..'tç,U~ e~~_.

îni-r'''J.~L-JPo.~-r'

(1)Tous ces documents que nous présentons ici à titre iIlustratif ont tous fait l'objet d'évaluation avec des publics cibles (cfocumentation sous presse).

(14)

3. UNE SITUATION SENSIBLE

Quoique ma présentation se veuille plaisante, la situation est sensible et les problèmes multiples. C'est, bien sûr, une question de technique de diffusion de message que

j'illustrerai de façon provocatrice par la métaphore suivante qui pose bien les

principaux problème de la CECSI : celle de l'escalier qui part de nulle part et qui ne mène ... nulle part. Car trop souvent, les activités proposées à l'école et encore plus

souvent en dehors de l'école oublient le public àqui on s'adresse, dans le même temps

que les objectifs visés se trouvent par trop ambitieux ou inadaptés.

Cependant,ilexiste aujourd'hui un péril encore plus grand. Il résulte de l'écart culturel

croissant entre un petit nombre de producteurs de savoirs d'une part, et une grande masse de la population -dont la majorité des décideurs d'ailleurs-, qui subissent les conséquences des transformations dues aux pratiques scientifiques et techniques sans pouvoir ni les maîtriser, ni même les discuter.

Les questions d'astrologie ne sont-elles pas d'ailleurs la face visible d'un phénomène d'irrationnalisme et de fanatisme tout azimut? Une partie de plus en plus grande de la population est consciente de son ignorance des savoirs qui pourtant façonnent la vie de tous les jours. Or ce fossé s'élargit chaque jour davantage: il suscite une certaine angoisse faite d'incompréhension et surtout de plus en plus de méfiance ou de rejet. La communication scientifique ne peut et ne doit rester de la seule responsabilité des scientifiques ou des groupes de pression, ce rôle doit être pris en charge par la communauté dans son ensemble. Elle passe nécessairement par de nouvelles pratiques d'information et d'éducation.

4. APPPORT DE LA RECHERCHE DIDACTIQUE EN SCIENCES

ET TECHNIQUES

Bien sûr me direz-vous, il y a heureusement la recherche didactique pour répondre à ces

interrogations !.Sur ce plan également, je suggérerai les 2 versions.

+

version optimiste,

En 15 ans, un puissant mouvement de recherches transforme fondamentalement la connaissance du domaine. Des laboratoires, des chaires se sont créées. Les revues, les livres, les annales, les collections prolifèrent, plus de 1000 articles recencés par an. Les Journées de Chamonix ont fait "des petits" dans le monde, le colloque de septembre 87, de nos collègues espagnols a battu le record de participation avec plus de 700 participants.

Sur le plan des travaux, les di verses évaluations ont permis de reformuler la plupart des problèmes. Les finalités de l'enseignement des sciences ont été clarifiées, des tableaux d'objectifs permettent de préciser ces dernières, de les discuter. Des concepts structurants, des objectifs-obstacles sont mis en place pour situer des évolutions possibles. Des grilles d'analyses facilitent la compréhension des apprentissages au niveau des publics.

(15)

- version pessimiste

Les résultats des recherches pénètrent très peu le monde éducatif et presque pas le milieu culturel. Seuls quelques enseignants décidés ou quelques concepteurs ou décideurs de pointe ont recours à ces derniers. Et puis, depuis cent ans ne reproduit-on pas les mêmes critiques, sans le savoir. A la fin du XIX ème siècle, n'écrivait-on pas déjà ...

"Les esprits les plus autorisés le reconnaissent aujourd'hui.Iln'est pire instruction

(. ..) que la nôtre. Elle est non seulement inutile, mais de plus, nuisible. G. Le Bon, 1884

"Dès les premières leçons, les élèves sont le plus souvent rebutés par tout ce verbalisme; ils font des sciences naturel/es sans goût, uniquement pour l'examen. Mais comme une étiquetteles frappe plus qu'une idée, ce sont d'abord tous es termes inutiles qu'ils apprennent.

Après un effort excessif de la mémoire, ils finissent par le savoir; alors, ayant beaucoup travaillé et beaucoup retenu, ils croient avoir assez fait; connaissant le langage scientifique, ils croient connaître la science".

E. Brucker, 1907.

"L'enseignement des sciences naturelles dans les lycées et collèges Ile donne pas de bons résultats .. le fait est reconnu, déploré de tous et même officiellement constaté dans les rapports des doyens sur le baccalauréat".

E. Brucker, 1907.

"L'instruction tournée uniquement vers les questions d'examen y perd tout caratère scientifique et n'exerce quela mémoire. Comme on ne demande au polytechnicien que d'apprendre son cours, et qu'on n'exige de lui aucun travail personnel, rien ne permet de disting uer sa véritable valeur: ce ux qui ont beaucoup de mémoire et pe u d'intelligence peuvent obtenir des notes de superiorité,même en mathématiques. On les retrouve souvent à la sortie dans les premiers rangs.

A. Pelletan, 1910.

Quelques mois après l'examen la plupart des bacheliers ne savent plus résoudre une règle de trois.Ila fallu instituer àla Sorbonne un cours spécial d'arithmétique élémentaire pour les bacheliers es sciences préparant le certificat des sciences physiques et naturelles.

(16)

Sur le plan pratique, les tableaux d'objectifs, les grilles d'analyse apparaissent trop

lourds à gérer. Surtout, il n'y a pas de consensus sur les fonctions de l'enseignement

scientifique dans le cadre de l'éducation générale. Doit-il fabriquer de futurs professionnels de la science? Doit-il fournir des instruments de pensée au plus grand

nombre? Doit-il mettre l'accent sur des informations pratiques àusage personnel ou

social? Sur le plan culturel cette réflexion n'est pas encore prioritaire, les moyens manquent.

+

version optimiste,

Les plus brillantes recherches ont porté sur la connaissance des publics. Elles ont permis de catégoriser les démarches, les façons de penser, les façons d'apprendre, d'inventorier les obstacles éventuels à l'acquisition des contenus. Elles ont débouché sur des propositions de situations favorables, basées sur l'activité des apprenants. Les nouveaux concepts didactiques de conception, "niveau de formulation", "transposition didactique", "aura conceptuelle" ete ... ont renouvelé la réalisation des stratégies pédagogiques et la productions des aides didactiques. Des Environnements didactiques sont proposés, clef en main. analogie Des outils pour la formation des

enseignant~et des concepteurs d'actions culturelles ont été testés avec succès.

- version pessimiste

L'idée de l'importance de l'apprenant était déjà envisagée par Claparède, Coustel, Rousseau, Montaigne, et peut-être même ... Platon. De toute façon, comment peut-on faire pour prendre en compte la diversité des conceptions quand on a 30, ou 40 élèves dans la classe, 350 dans la semaine, et en plus un programme, un examen, un conseiller pédagogique, parfois un préparateur, des inspecteurs, un directeur et des

parents d'élèves sur le dos ?

36 objectif-obstacle transposition didactique ~CONCEPTOGRAMME DE 1QUELQUES CONCEPTS

1,~ACTIQUES

niveaux de formula tion réS81lU sélMnlique

strat6gies didactiq lies environnement

didactique mod&les didactiques

(17)

Quant à l'importance de l'apprentissage par l'action ne la trouve-t-on pas déjà chez Piaget, Freinet, Decroly, C1aparède, Ferrière, Montessori, Dewey et même ... Kant. Cela a-t-il changé quelque chose pour le plus grand nombre des apprenants? Et puis, comment faire manipuler des objets dans une exposition quand il vient 3000 visiteurs d'âges, d'origines, de formations diverses, aux motivations variées.

Face à l'immensité des problèmes que je viens d'évoquer, que peut introduire cette

nouvelle voie, appellée didactique ou épistémologie appliquée des sciences?

D'abord beaucoup de modestie dans nos projets et dans la façon de les présenter.

Ensuite, ne plus se limiteràdes "discours" généraux et généreux -il faut que celui-ci

soit le dernier-, il faut plutôt introduire une approche de type scientifique: poser les problèmes, un par un, proposer des modèles explicatifs des phénomènes constatés,

envisager plusieurs solutions alternatives et les tester. Enfin,ilserait utile de dépasser

les oppositions habituelles d'opinions, ilserait profitable de confronter des arguments

basés sur des observables définis et précis.

Dans ce cadre, il faut certes de l'enthousiasme pour créer une dynamique, surtout

lorsqu'on est peu encore encouragé ni par les institution, ni par le grand public. Toutefois, il est nécessaire de ne pas se contenter du "faire pour faire", du "'innover

pour innover", mais avoiràl"'esprit un souci de rentabilité" de l'action.

Pour avancer dans cette voie, la médecine, l'ingénierie peuvent nous servir de référents.

Elles ne sont pas des sciences exactes;iln'empêche, elles ont fait beaucoup progresser

leurs domaines respectifs en cherchant à aborder rationnellement les maux, les difficultés techniques auxquelles elles s'attaquent. Dans ces branches, on fait certes encore des discours dithyrambiques, en pensant remédier. On a encore parfois l'illusion de la nouvelle technologie, panacée aux difficultés. Mais de plus en plus souvent, on teste les matériaux au préalable, on expérimente les nouveaux médicaments, on évalue l'efficacité d'une application, d'un traitement.

Dans l'éducation, cet aspect n'effleure pas encore la tête de nos gouvernants, chacun a sa réforme toute prête dans sa poche. Comment a-t-elle été définie? Sur quoi repose+

elle? Mystère. Il s'agit leplu~souvent d'une brillante coction administrative d'un peu

de tradition, d'un peu d'habitude et d'un zeste de modernité.

Dans l'industrie par contre, personne ne conçoit plus de lancer le moindre nouveau produit sans avoir fait une étude des consommateurs, sans l'avoir essayé au préalable. Une démarche réflexive est rarement réalisée quand on envisage une action culturelle. Les seuls critères de réussite sont le nombre de visiteurs ou de téléspectateurs, la satisfaction des commanditaires ou l'opinion des collègues, le tout sur un mode subjectif. Peu importe si le public n'a pas accès au message!

On le voit, les activités de CECSI auraient tout à gagner si elles essayaient de fonder l'efficacité et la pertinence des formations, l'aboutissement des innovations, si elles

(18)

38

CeUe expérience va-t-elle transformer

la

vision de la vulgarisation chez"les

scientifiques?

J

de

R. -

Je crois qu'on se distingue de

l'ancienne notion de transmission de la

connaissance au grand public :le5 savants

en blouse blanche vÉmont parler

la

science

d'~ne rnanièr~ un peu élitiste... il

s'agit plutôt aujourd'hui - et c'est le souci

de La Villette - de créer

le~

moyens et

les outils d'appropriation

mut~elle

des

connaissances et des sovoirs. Je dis

appropriation muiuelle parce que son rôle

est beaucoup plus "catalyiique" que

directif. Il s'agit de mettre en place les

structures, les environnements, les niveaux

permettant

à

chacun, selon son itinéraire

personnel de s'approprier telle

connaissance et tel savoir.

(19)

!':!f1

E fi:!

llII llII ICI'

""

l~ ;"10

e

3

Explora C. ....I.rrclr~": l.Irrul't,- ..lf't1ctr...~r dcr~:

2

LafTU:~."'-V.&"'1tI d.r""ot-... : lUlC"'Cu ft (~&tlot\: l.I ...l:hir>< terre

EIpKt,rNkoul"vl"". Q ... el:io'" de

.i.

l.trwn... A~'f.n:.r'f.tind ...'V.c!lll lIlOUtll~ IU.lI4-t.ti letc>odoeirobo:.l EI<P'O'Îtio". h",po~"'. kCl,fe/lt -W'onnatloftl lootJot\d.c.uqueJ Ul~publk:s "Oft~rkll.V~ ,....,.'vo -h(obuI GJ.~ rcvt;~PO ...Jtours. -T.ub E.po,itio". .. tcmp-ç>r.a'''u Actiité. acel. ré.c:,....," La"l'l~' et Co<Tlrn<.ln.Kulon: f "9'K1C~udca-"Md E'i»c.~Cvn. ,,"-oO-';--'I-'=-~-'--~-Nef élllr 1 E.p.-eH;C:>f1Ie't (o~p:)ll:em~tl t'luUtloruln{o;""l-i[lqu." Im.tCe1 En'!,,'u l''':.l;''r;~w>( lel.lldi,'cu f,l..1:;cuil' La,...ltot.<ltetle tu ..."'" d.r~~: H.l'c,:. d...;.e T'f.~r.1hvnu,.r.,el lepont.-ett

Hall central- Nef

7"'-,.,.,,---,;---:...~-;---:V;-.--,ni--:...- ._-,--,~--,;--,.~----e;-o.".-.-,t-~-;.-,-u~-'-'.-- -''''-,-u~-'-P''-"-'-«---- 7"-..

-«-'Do-id7~-o<----WOl'lT\Ubu n:ëp.~~lpubtCI G~cr~ nfH~"uJ. pen.('JoO(\lli\h

ellll~tuW: ~oe eUlt'~c..hM'r ''''.-ec.{Q;;... ,.... Accvdllklc··t:"~pel. Oiwi1xJt~tkbJItU H.lIh<.Vlderiod...~{n. ~e J~ B~rtlf1

loUItiotIJeCASqua Sc;.ellc;>t:-Ktl,l..lll,~il Admlnjl~tÔO<l. CbrW4 t.",.rtI'1'Jt~../fou-=<sJ 1~~"C.I'~-1 o<u...'\~~trt~ Y&ÎI~l""'. fl~ce,mJicu_tr~ H"~~ùq",c;1et

...

o

lt'cet1'(~lntti""";'V<"1" dc(onf~u " Acti...;t~. acchr~~... ' H~"H"'~~I~W;~ OU':!It.<:":'O(In,~-,-..j E'p.lI.:..t-J~tç",­ forul.ltJ,or, Y.{·;fltM;:;..Hl ,.~te:"l"Pl'nl~ n.'<IiIUléq..e d<:l~,'(UlU M.oIOtl4e:I'i(i..:>r4 1

~.4t---::E.-..-:-.',,.-

..

o-.- - -

~.rj·~---tunp4'niru #L Acchen4rMu'"

- , - - - - , - - - , - - - EiplceeM~b.I !&t-ur~~... Acd,~ Latfod.

I"vc·auw ,.l~l rw.:de Il VlIcu""

---....,.-'/<'---51

Hall 51 A.ccveif -lrJorlT\.l~iortI k..C\IodldoJ{tr'\VII irotff"l'\.IcJoNI cM confW-:CJ T...,t<k<

52

Hall 52 kcuel~WormKklftII (. (111/. i. AIc"t'. Â' . ),

(20)

" Nous n'accordons pas autant d'attentionàl'esprit de nos enfants qu'à leurs pieds .. ils ont en effet des chaussures de formes et de grandeur diverses,àla mesure de leurs pieds

.. quand aurons-nous une école sur mesure ?"

Claparède.

"Si un medecin ne peut ordonner des remèdes convenablesàla guérison des corps. sans en bien connaître les différents tempéraments, afin de les y proportionner .. et si un laboureur ne doit pas entreprendre d'ensemencer une terre sans savoir quel en est le fond, il est sans doute qu'un précepteur doit aussi connaître la diversité ses esprits qu'il conduire. Et cette connaissance semble même lui être d'autant plus nécessaire que l'esprit est plus excellent que le corps, et qu'il doit tâcher de ne pas perdre inutilement son temps, sa peine et ses instructions".

P. Couste\.

"Il est bon qu'il le fasse frotter devant lui. pour juger de son train et juger jusques à quel point il doit se ravaler pour s'accomoderà sa force".

Montaigne.

A

LA DECOUVERTE

DU MUSEUM

(21)

de pensée, un apprenant a quelques chances d'intégrer tel concept, ou de telle attitude, ect...

De même, ces pratiques pourraient progresser, si elles tenter de clarifier au préalable les principaux objectifs poursuivis, de connaitre leurs publics (leurs questions, leurs motivation, leurs cadre de références, leurs façons de comprendre), à définir précisément ses possibilités et ses contraintes, à rechercher plusieurs environnements possibles, là où généralement on envisage qu'une seule voie ou un seul type de présentation, ete Certes, il faut encourager ceux qui ont l'audace de "faire", mais peut-être faut-il éviter de "refaire". Pour cela donnons-nous quelques outils ...

Pour préparer ce terrain, il serait pertinent que les pères fondateurs de la CECSI discutent enfin de quelques questions fondamentales:

- Sur quels savoirs transversaux centrer prioritairement les apprentissages pour faire

faceàla multiplicité de l'information ou aux mutations actuelles?

- Quel enseignement valoriser pour qu'il soit accessible et utile au plus grand nombre, tout en permettant de dégager les futurs professionnels?

- Peut-on faire de la culture autre chose qu'un aimable divertissement ou un ghetto réservé à des privilégiés?

- Comment favoriser une réelle mobilisation des savoirs dans la vie quotidienne ou professionnelle, même si celle-ci n'est pas scientifique? etc ....

On le voit mes propos n'ont rien de révolutionnaire, ils ne cherchent pas à déstabiliser

un domaine qui par son côté éducatif est fragile et par son côté culturel et communication, encore jeune. Le message que nous souhaitons "faire passer" au delà de cette introduction -car je pense qu'à quelques nuances près tous les participants à ces

journées, y compris les inspecteurs, sont convaincus par mes propos- est que tout

processus culturel, inteIlectuel, a besoin d'être pensé, organisé, suivi dans le temps. Il doit reposer sur un certain nombre de recherches et d'innovations décortiquées. Il doit se donner un certain nombre de moyens, notamment en formation et en évaluation. Il ne doit pas poursuivre un idéal, mais établir un optimal et surtout suggérer des stratégies de changement, car les transformations réussies ne sont que progressives. Bien sûr chacun de ces points a besoin d'être concrétisé, autrement on retombe dans les travers oratoires que je viens de dénoncer. C'est l'objet et l'approche de ces journées et les textes ci-après sont un début d'illustrations.

Sans doute faudra-t-il un certain temps pour que ces idées "passent", peut-être les résistances les plus durables se retrouveront dans certains milieux scientifiques. Là

aussi, une formation en didactique et épistémologie des

sciences

serait fructueuse.

L'histoire ne nous enseigne-t-elle pas qu'il faut un certain nombre d'années pour qu'un savoir soit élaboré, puis accepté. La conununauté scientifique, qu'on considère généralement conune un milieu ouvert n'a-t-eIIe pas mis presque 2 siècles pour accepter les concepts de cellule ou même de spermatozoïde!

Références

Documents relatifs

Le grêlon tombe lorsqu’il n’est plus maintenu au sein du nuage. Au sol sa vitesse peut atteindre 160 km/h. On étudie un grêlon de masse 13 g qui tombe d’un point O d’altitude

L’article D 712 49 2ème alinéa du décret 94-1050 du 5 décembre 1994 indique que « si la capacité d’accueil de la SSPI est égale ou supérieure à 6 postes,

Cette réduction est d’autant plus marquée que la concentration de protoxyde d’azote est élevée De même, il permet de réduire la consommation de propofol utilisé comme

Inefficacité circulatoire Inefficacité circulatoire QUE SI -pouls reste &lt; 60 Bpm -chez un nouveau-né correctement ventilé depuis plus de 30sec. -2 mamelons -2 pouces

Il existe des fonctions poids dont les polynômes orthogonaux associés ne forment pas une base hilbertienne de L 2 pI, ⇢q, par exemple, pour la fonction poids ⇢pxq “ x ´ logpxq..

On peut également voir cette égalité en remarquant que D est une matrice de passage, exprimer l’endomorphisme T dans cette nouvelle base et utiliser les formules de changement

La biodiversité possède, dans cette vision du monde, uniquement des valeurs instrumentales qu’il convient de protéger pour le bien-être humain : « Pour que

L’un des objectifs du projet d’Union bancaire, en particulier de la proposition de directive établissant un cadre pour la résolution des défaillances bancaires 1 , est de briser