CONCLUSION
DES XVIes JOURNÉES
Jean-Louis MARTINAND
L.I.R.E.S.T. - E.N.S. Cachan
A. GIORDAN,
J.-L.
MARTINAND et D. RAICHVARG, Actes JIES XVI, 1994 131Avant de clore les XVIes Journées Internationales sur l'Éducation Scientifique, il me revient de présenter quelques remarques, en vérité quelques impressions personnelles.
D'abord, je voudrais noter que le thème de l'alphabétisation a permis, plus que d'autres précédemment, un brassage, un mélange des participants dans les discussions: les cloisons entre enseignants du "primaire" du secondaire ou des universités, formateurs d'adultes, agents du secteur culturel, entre ressortissants de différents pays, ont été au moins momentanément levées. Et ce thème a aussi permis de vivre quelques moments forts, comme mardi soir avec la table ronde sur l'alphabétisation scientifique et technique dans les pays en voie de développement.
Quels enseignements retenir de toutes les communications et propositions? Quatre points me paraissent émerger.
1.L'alphabétisation scientifique et technique est un projet: qui veut quoi et pour qui? Les questions du champ de l'alphabétisation, avec la place et la nature de la technologie, avec aussi l'image des sciences ont été attentivement discutées.
II. Ce projet vise des publics, dans des contextes définis: les demandes, les aspirations, les valeurs, sont mieux prises en compte, et donc mieux connues.
III.Selon ces publics et ces contextes, les obstacles et les ressources varient. De nombreuses études en situation de formation réelle ou réaliste nous sont maintenant accessibles.
IV. Divers aspects des contenus et des démarches ont été mis en valeur: rôle actif des "alphabétisés", caractère social des processus, relations entre modèles, schémas, symboles et signes, et ce qu'ils aident à représenter, ces objets et phénomènes auxquels ils réfèrent.
Bien sûr, il y a encore beaucoupà faire. De mon point de vuetoutpersonnel, j'aimerais pour finir "mettre le doigt" sur quelques questions peut être dérangeantes:
- Qu'est ce qui n'est pas alphabétisation? Où et comment s'arrête-t-elle, sachant qu'on en finit pas d'apprendre et de comprendre?
- Qu'est-ce que peuvent nous apporter des distinctions nettes entre trois notions souvent confondues: les commencements, les bases et les fondements? Si l'alphabétisation ne vise sûrment pas les fondements ,car ils viennent toujours après, peut-elle atteindre les "bases", c'est-à-dire ces éléments qu'on reconstruit en permanence,àchaque niveau?
- Peut-on continuer àemployer des concepts issus de la didactique des mathématiques, tout en soulignantàchaque fois leurs limites, voire leur non pertinence, comme s'ils faisaient partie du discours obligé de la "tribu didacticienne" : transposition, contrat, situation "didactique"?
- Et pouvons-nous enfin nous satisfaire de discussions à propos des questions où le manque de données empiriques précises est flagrant?
Cela n'empêchera pas les Actes des XVles Journées de constituer un ensemble utile, riche et
vigoureux, mais cela nous inciteàattendre de prochains rendez-vous.