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Les Paradors 1928-2005

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Academic year: 2021

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Submitted on 6 Jan 2019

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Les Paradors 1928-2005

Alet Valero

To cite this version:

Alet Valero. Les Paradors 1928-2005. Pratiques anciennes, nouveaux usages du monument, Jean Pierre Piniès, Nov 2006, Villeneuve-les-Avignon, France. �hal-01970943�

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Les Paradors 1928-2005

Alet VALERO .Professeur.UMR 5136 FRAMESPA-DIASPORAS http://www.univ-tlse2.fr/framespa . Université de Toulouse-Le Mirail. 2 pages.

Les Paradors constituent une singularité espagnole et la francisation du vocable -pour ne pas dire son internationalisation – est en soi un indice supplémentaire de son succès. Le réseau a acquis une forte lisibilité au terme de quasiment un siècle. En effet l’idée émerge presque avec les premières initiatives réelles de l’Etat en matière touristique : la Commission nationale (1905), plus symbolique qu’active, et surtout le Commissariat Royal au Tourisme et à la Culture Artistique Populaire (Comisaría Regia de Turismo y Cultura Artística Popular) en 1911. Le Commissariat est animé et dominé par la seule personnalité qui le constitue jusqu’en 1928 : Benigno de la Vega Inclán. Nommé par José Canalejas qui incarne le libéralisme de l’époque, Benigno Vega est un admirateur de Bartolomé Cossío qui (re)découvre le Gréco et qui participe au grand mouvement de réforme scolaire avec, en Espagne, l’Institution Libre d’Enseignement (Institución libre de Enseñanza). La période est complexe et la crise de fin de siècle a eu, dans le pays, un retentissement particulier avec la perte des dernières possessions d’outremer (Cuba 1898). Le désir de Régénération, l’affirmation des régionalismes à visées plus ou moins nationalistes (Catalogne, Pays Basque, Galice), le sentiment que l’Espagne est en train de devenir une puissance de deuxième rang contribuent à poser, en interne, la question de l’identité et de la place de l’Espagne. Le patrimoine devient un corollaire majeur. Le développement un enjeu indispensable. Les élites sont au centre des deux.

D’abord sous une perception diffuse (sport ?, goût pour le voyage ?, « industrie » ?), le tourisme apparaît comme une activité lucrative pour des pays tels que la Suisse et l’Italie (RD.7/10/1905, Gaceta). Le souci, récent pour l’époque, de l’équilibre de la balance des paiements fait naître l’espoir que le tourisme peut être un facteur décisif. Face à l’apathie du secteur privé et en dehors des espaces déjà fréquentés, l’Etat se donne pour mission de faire découvrir « le vaste musée d’art » que constitue le territoire national surtout dans des pays comme la France, l’Espagne et l’Italie (Congrès Amitié Hispano-française, 1921). Le premier parador (1928) est installé dans le massif de Gredos à 1650m, dans un espace climatique et cynégétique totalement isolé. Chaque fois qu’il le peut et dans la limite de moyens quasiment inexistants, le Commissaire a le souci de préserver le patrimoine que le Ministère de l’Instruction publique et des Beaux Arts peine à protéger. Le parador de Gredos est une construction composite où se mêlent matériaux récupérés d’anciens monuments et maçonnerie nouvelle ; ce faisant, un projet conservateur est lancé qui associe dans une même initiative la préservation de monuments en périls et le développement local. Ces deux vecteurs vertèbrent le réseau des Paradors jusqu’à l’époque actuelle au point que la Société Anonyme dont l’Etat est le seul actionnaire déclare dans son bilan comptable : « Aujourd’hui, presque 77 ans plus tard, Paradores de Turismo maintient les principes qui présidèrent à la fondation des Paradors mais adaptés à la demande des clients actuels. » Paradores de Turismo S.A. 2005.

De fait, le réseau des Paradors va se constituer presque sans interruption sous la Dictature de Primo de Rivera (1923-1930), sous la IIè République (1931-1939), pendant le franquisme (1936-1975), puis la transition démocratique et les différents gouvernements de la monarchie actuelle de Juan Carlos. Les organismes d’état successifs en charge du tourisme ont maintenu le « concept » initial en privilégiant soit la conservation patrimoniale soit le développement. Des représentants des monuments historiques siègent aux instances de consultation et de décision des différentes institutions créées à la suite du Patronat National du Tourisme (1929). L’étude détaillée dont j’ai essayé de donner un aperçu lors des journées de la Chartreuse en Avignon, fait apparaître que l’installation hôtelière dans des monuments clairement identifiés

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est programmée dès 1929 et se poursuit sous la République. A Mérida l’ancien couvent des sœurs clarisses devenu prison (1930-1933), à Oropesa un ancien palais résidentiel dans l’enceinte du château médiéval (1930-1933), à Ciudad Rodrigo (1931), à Alcalá de Henares (1931), etc. Par ailleurs, le parador est un élément d’un ensemble plus complexe. Il est d’une capacité réduite (au départ une vingtaine de chambres maximum) mais il est complété par des unités de nature différente : deux restaurants prestigieux dont un dans un ensemble monumental (Université de la Renaissance à Alcalá de Henares, 1931), les Auberges de route créées pour servir d’étape aux automobilistes, les Refuges de montagne destinés au développement des massifs. De 1928 à 1936, seize établissements sont inaugurés dont cinq paradors.

L’administration franquiste va se reconnaître pleinement dans ce projet patrimonial que certains de ses membres ont déjà accompagné sous Primo de Rivera, quitte à orienter en faveur du régime la fibre propagandiste du concept : l’esprit du « Soulèvement National » à Andujar en1944 ou celui de la Croisade et de la Reconquête à l’Alhambra en 1945. De 1940 à 1959, vingt nouveaux sites sont créés dont onze paradors (quatre dans des monuments). En 1975, leur nombre est passé à 83. Lors de l’arrivée massive des touristes au cours des années 1960-1975, la construction d’établissements modernes l’emporte largement, les sites monumentaux existants suffisent à ancrer une image de prestige.

Le retour de la démocratie et la crise d’adaptation du tourisme espagnol à partir de 1985 marquent la volonté d’un équilibre financier des exploitations. Six établissements jugés non rentables sont fermés. Composés d’un total de quatre vingt sept unités, le réseau acquiert une nouvelle forme juridique en 1991 (Paradores de España S.A.). La nouvelle Société, propriété intégrale de l’Etat, se fixe un ambitieux programme d’extension avec 100 établissements en 2010, soit douze nouveaux dont huit à caractère monumental : trois anciens monastères, un ancien palais, quatre sites historiques. Le retour du monument s’affirme, en corrélation sans doute avec le désengagement financier de l’Etat et une demande où domine le désir d’ «authentique ». Les futurs paradors « historiques » sont choisis parmi plus de deux cents candidatures. Le développement hôtelier est envisagé selon les normes internationales en vigueur, notamment européennes, incluant des cahiers de charges exigeants en termes de qualité, respect environnemental, tradition, haute technicité et culture. Les bilans financiers sont publiés en ligne, la société affiche des bénéfices. Le caractère monumental est un aspect plus que jamais essentiel du cahier des charges, en particulier pour la clientèle nationale et internationale du segment des 3-5 étoiles. La nouvelle entité se serait-elle aussi fixée comme objectif patrimonial de franchir les frontières nationales ?

Dans l’expérience des Paradors, l’usage qui est fait de quelques éléments du patrimoine historique est très complexe. D’abord, il est aujourd’hui quasiment séculaire. Il a démontré sa capacité d’adaptation au moins au politique et à la demande touristique. Dans le premier versant l’attachement patrimonial (affect et filiation) est le moteur principal avec des variantes multiples : identitaires, nationales(-istes), historicistes, culturelles. Ces éléments sont présents dans le second mais avec la distance qu’apporte la situation d’errance (observation, réflexion, exotisme) ou d’otium (plaisir, méditation, liberté, évasion). Dispositif à facettes multiples il peut être au service de fonctions diverses, mais il semble acquis que le Parador ne peut être réduit au simple aménagement hôtelier et même s’il existe des constructions neuves, dans la perception qui demeure c’est le monument qui s’impose. Sous réserve d’une analyse plus experte en termes de préservation, il semblerait dès lors que plus que le principe c’est le « bon » usage du monument que l’expérience des Paradors pose et à une échelle, somme toute, très réduite, bien plus réduite que l’espace de fascination que le dispositif a su acquérir au fil du temps. Une pragmatique donc qui serait intransigeante sur le respect du monument et qui poserait en permanence la question de la possible confiscation par une élite sociale et/ou culturelle d’un patrimoine dont la propriété est à définir. FIN.

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