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L'or bleu au Québec : une meilleure gestion des enjeux : représentations sociales et valeurs mises en action dans les dynamiques de gestion de l'OBV de la rivière l'Assomption

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Academic year: 2021

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L’or bleu au Québec : une meilleure gestion

des enjeux

Représentations sociales et valeurs mises en action dans les

dynamiques de gestion de l’OBV de la rivière L’Assomption

Mémoire

Chantal Emond

Maîtrise en anthropologie

Maître ès arts (M.A.)

Québec, Canada

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Résumé

L‟approche de gestion intégrée de l‟eau par bassin versant est un nouveau modèle de gestion favorisée par l‟État québécois afin de permettre une meilleure coordination des efforts liés à l‟eau et ainsi de pallier aux difficultés rencontrées par l‟ancien modèle de gestion sectorielle. L‟organisme de bassin versant (OBV), structure désignée pour mettre en œuvre ce modèle, est constitué des principaux acteurs de l‟eau et est également un lieu de mise en action des valeurs et des représentations sociales. Inspirée par une nouvelle approche de gouvernance de l‟eau, cette recherche vise à examiner, à travers les pratiques et les discours de gestion, les valeurs et les représentations sociales véhiculées sur l‟eau et sur sa gestion par différents groupes d‟acteurs sociaux présents au sein d‟une OBV. Le cas le l‟OBV de la CARA sera mis en lumière à partir des points de vue d‟acteurs issus des secteurs forêt-faune, agricole et riverain.

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L’eau du lac peut être calme, mais elle cache une vie intense. (Hervé Desbois)

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Table des matières

RÉSUMÉ ... III TABLE DES MATIÈRES ... VI LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES ... XI LISTE DES ABRÉVIATIONS ... XIII REMERCIEMENTS ...XV

INTRODUCTION GÉNÉRALE ... 1

CHAPITRE 1 - CADRES THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE... 5

Introduction ... 5

1.1. Approche théorique ... 5

1.1.1 L’écologie politique ... 5

1.1.2 L’écologie politique post-structurelle ... 7

1.2 Cadre conceptuel ... 8

1.2.1 Les représentations sociales ... 8

1.2.1.1 Les représentations sociales de la nature ... 9

1.2.2 Les valeurs sociales ... 12

1.2.3 Gouvernance ... 13

1.3 Question de recherche ... 15

1.4 Méthodologie ... 15

1.4.1 Approche ... 16

1.4.2 Choix du terrain ... 16

1.4.3 Sélection des groupes d’acteurs ... 17

1.4.4 Techniques utilisées pour la collecte des données... 18

1.4.4.1 Les entrevues semi-dirigées ... 18

1.4.4.2 Observation participante et entretiens informels ... 21

1.4.4.3 Recensement de documents ... 23

1.4.5 Analyse des données ... 23

1.4.6 Validation des données recueillies ... 24

1.4.7 Limites de la recherche ... 25

1.4.8 Éthique ... 26

CHAPITRE 2 - HISTORIQUE DE LA GESTION DE L’EAU ... 29

Introduction ... 29

2.1 Regard historique de la gestion de l‟eau au Québec ... 30

2.1.1 La gestion de l’eau avant les années 1960 au Québec ... 31

2.1.2 Une approche de gestion sectorielle ... 31

2.1.3 Rapports de deux commissions d’enquête: Legendre et Pearse ... 33

2.1.4 Naissance de mouvements écologiques ... 35

2.1.5 La mise sur pied de différents programmes visant l’assainissement des eaux ... 36

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2.1.7 La naissance des OBV au Québec ... 39

2.1.7.1 Les 33 bassins versants prioritaires ... 39

2.1.7.2 Leur rôle ... 41

2.1.7.3 Une restructuration du territoire des OBV ... 42

2.1.7.4 Le ROBVQ ... 43

2.1.8 Les critiques de l’application de la gestion intégrée de l’eau au Québec... 44

2.2 La Corporation de la Rivière L‟Assomption (CARA) ... 49

2.2.1 Historique de l’organisme ... 49

2.2.2 Portrait du territoire ... 52

2.3.3 Le contexte hydrographique de la région ... 53

2.2.4 Les acteurs de l’eau dans la CARA ... 54

Bilan synthèse de chapitre ... 55

CHAPITRE 3 - LES REPRÉSENTATIONS SOCIALES DE L’EAU DANS L’OBV DE LA RIVIÈRE L’ASSOMPTION ... 57

Introduction ... 57

3.1 Les représentations sociales de la nature... 58

3.2 Les représentations sociales de l‟eau ... 59

3.2.1 La vie ... 59

3.2.1.1 L’eau : un élément vital ... 59

3.2.1.2 Milieux grouillants de vie ... 60

3.2.1.3 Objet de recherches scientifiques ... 61

3.2.2 L’outil-ressource ... 62

3.2.2.1 Outil de développement ... 62

3.2.2.2 Outil agricole ... 62

3.2.2.3 Accessoire des loisirs ... 64

3.2.3 Le cadre de vie ... 66

3.2.3.1 Lieux de détente... 66

3.2.3.2 Lieux d’une grande beauté ... 67

3.2.3.3 L’appartenance symbolique ... 67

3.2.4 La fragilité ... 69

3.2.4.1 Modifiable par l’humain ... 69

3.2.4.2 Une nature fragile ... 69

3.2.5 Objet de menace ... 72

3.3 Perception des causes favorisant à la dégradation du milieu ... 73

3.3.1 Les infrastructures mal entretenues ... 73

3.3.2 Des pratiques nuisibles ... 74

Le secteur agricole ... 74

Le secteur municipal ... 75

Le secteur industriel ... 75

Le secteur forestier ... 76

3.3.3 Une pression accrue sur les lacs et les cours d’eau ... 76

Le surdéveloppement ... 76

(8)

La surutilisation des embarcations motorisées ... 78

3.3.4 Les castors ... 79

3.4 Perception des conséquences de la dégradation du milieu ... 80

3.5 Mise en action des représentations dans la CARA ... 81

Conclusion ... 86

Analyse des visions véhiculées sur l’eau ... 89

CHAPITRE 4 – PERCEPTIONS DE LA GESTION DE L’EAU AU SEIN DE L’OBV DE LA RIVIÈRE L’ASSOMPTION ... 93

Introduction ... 93

4.1 Description des actions de gestion de l‟eau ... 93

4.1.1 S’associer et se regrouper... 94

4.1.2 Surveiller ... 97

4.1.3 Aménager ... 98

4.1.4 Innover dans leurs pratiques ... 100

4.1.5 Sensibiliser et informer ... 101 4.1.6 Accompagner ... 103 4.1.7 Règlementer ... 104 4.1.8 Se concerter ... 106 4.1.9 Planifier ... 107 4.1.10 Financer ... 107

4.2 Les discours sur la gestion ... 109

4.2.1 Opinions sur la gestion municipale ... 109

4.2.1.1 Manque de rigueur ... 109

4.2.1.2 Manque de cohérence ... 110

4.2.1.3 Lenteur administrative ... 111

4.2.1.4 Sous financement ... 112

4.2.2 Opinions sur la gestion régionale ... 113

4.2.2.1 Manque de rigueur ... 113

4.2.2.2 Lenteur administrative ... 114

4.2.3 Opinions sur la gestion centrale ... 115

4.2.3.1 Inflexible ... 115

4.2.3.2 Une obtention difficile de permis ... 117

4.2.3.3 Inéquitable entre les secteurs ... 118

4.2.3.4 Appui inégal entre les problématiques ... 118

4.2.3.5 Manque de connaissance du contexte local ... 119

4.2.3.6 Un gouvernement timide... 121

4.2.4 Opinion au sujet des organismes de bassins versants ... 122

4.2.4.1 Manque de financement ... 122

4.2.4.2 Difficulté d’accès à l’information ... 123

4.2.4.3 Manque de reconnaissance de l’OBV ... 124

4.2.4.4 Utilité relative du PDE ... 124

4.3 Les valeurs présentes dans les actions de gestion ... 126

(9)

4.3.2 La vérité ... 127

4.3.3 La démocratie ... 127

4.3.4 La liberté ... 128

4.3.5 La protection de l’environnement ... 129

4.4 Les valeurs présentes dans les discours et les actions de l‟OBV ... 130

Conclusion ... 133

CONCLUSION GÉNÉRALE ... 139

BIBLIOGRAPHIE ... 147

ANNEXE 1 : FORMULAIRE DE CONCENTEMENT, ENTREVUES SEMI-DIRIGÉES ... 155

ANNEXE 2 : SCHÉMA D’ENTREVUES, ENTREVUES SEMI-DIRIGÉES ... 159

ANNEXE 3 : SCHÉMA D’OBSERVATION PARTICIPANTE ... 163

ANNEXE 4 : HISTORIQUE ET ÉVÉNEMENTS MARQUANT DANS LA GESTION DE L’EAU AU QUÉBEC ... 164

ANNEXE 5 : SCHÉMA DU PLAN DIRECTEUR DE L’EAU ... 166

ANNEXE 6 : CARTE DES 40 ORGANISMES DE BASSIN VERSANT ... 167

ANNEXE 7 : CORPORATION DE L’AMÉNAGEMENT DE LA RIVIÈRE L’ASSOMPTION ... 168

a. Carte des enjeux territoriaux ... 168

b. Carte de l‟indice de qualité de l‟eau ... 169

ANNEXE 8 : AMÉNAGEMENTS DU RUISSEAU VACHER ... 170

ANNEXE 9 : SENSIBILISATION SUR LA BANDE RIVERAINE ZEC LAVIGNE ... 171

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Liste des tableaux et figures

Tableau 1 Participants à l‟étude ... 19 Figure 1 Les 33 bassins versants prioritaires ... 40 Figure 2 Les 40 organismes de bassins versants ... 43

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Liste des abréviations

BAPE : Bureau d‟audiences publiques sur l‟environnement

CARA : Corporation de l‟aménagement de la rivière L‟Assomption CÉRUL : Comité d‟éthique de la recherche de l‟Université Laval CEPJE : Commission d‟études des problèmes juridiques de l‟eau COBARIC : Comité de bassin de la rivière Chaudière

COGEBY : Conseil de gestion du bassin de la Yamaska

CRNT : Commission sur les ressources naturelles et le territoire FFQ : Fondation de la faune du Québec

GIRE : Gestion intégrée des ressources en eau

MAPAQ : Ministère de l‟agriculture, des pêcheries et de l‟alimentation du Québec MDDEFP : Ministère du développement durable, environnement, faune et parcs MRC : Municipalité régionale de comté

OBV : Organisme de bassin versant ONG : Organisme non gouvernemental

OSBNL : Organisations sociales à but non lucratif

PAEQ : Programme d‟assainissement des eaux du Québec PARE : Plan d‟action et de réhabilitation écologique PNE : Politique nationale de l‟eau

PDE : Plan directeur de l‟eau

ROBVQ : Regroupement des organismes par bassins versants du Québec

RALSAR : Regroupement des Associations de lacs de Saint-Alphonse-Rodriguez SAD : Schéma d‟aménagement et de développement

SVP : Société pour vaincre la pollution STOP : Society To Overcome Pollution TNO : Territoire non-organisé

UPA : Union des producteurs agricoles ZEC : Zone d‟exploitation contrôlée ZIP : Zones d‟intervention prioritaire

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Remerciements

Cette recherche sur la gestion de l‟eau a occupé la majeure partie de mon temps et de mes réflexions au cours des dernières années. Elle n‟aurait pu être réalisée sans l‟aide et la collaboration de plusieurs personnes à qui je tiens à adresser mes remerciements les plus sincères.

Dans un premier temps, je tiens à exprimer ma reconnaissance à mes co-directrices, Geneviève Brisson et Sabrina Doyon pour leur patience, leurs encouragements, leur confiance et le temps qu‟elles ont consacré à la supervision rigoureuse de mes travaux. Leurs idées et leurs critiques ont constamment nourri et fait évoluer mes réflexions tout au long de mon travail de recherche.

Merci à plusieurs personnes travaillant au MDDEFP, particulièrement celles du secteur de la politique de l‟eau, pour leur intérêt envers cette recherche et pour leur soutien financier qui a permis notamment de faire un stage au sein de leur équipe de travail. Je souhaite également les remercier pour avoir mis à ma disposition pendant plusieurs mois un bureau au sein de leurs locaux favorisant ainsi mes échanges et mes réflexions sur la gestion de l‟eau.

Je tiens également à remercier tous les acteurs de l‟eau qui ont bien voulu se prêter au jeu de cette étude et sans qui cette recherche n‟aurait pu être possible. Merci à l‟immense générosité des producteurs agricoles, des riverains, des membres de la Zec Lavigne, des inspectrices municipales en environnement, des membres de l‟UPA et aux personnes de la CARA et du ROBVQ qui ont contribué de manière importante à l‟enrichissement de cette recherche. Merci aux participants qui ont volontairement accepté de me guider sur le terrain pour me faire observer et mieux comprendre plusieurs aspects importants de ma recherche. Je tiens à souligner toute mon appréciation à la CARA et à ses membres du conseil administratif qui ont accepté ma présence lors des nombreuses rencontres et activités tenues au cours de l‟année.

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Un merci particulier aussi à l‟OBV Montmorency pour sa collaboration et sa disponibilité dans cette recherche.

Merci à mes lecteurs et correcteurs, Michèle et Henri-Paul, qui m‟ont soutenue et encouragée et qui ont fait évoluer mes réflexions et mes choix lors de la rédaction.

Je souhaite également exprimer ma gratitude à mes parents et mes ami(e)s pour leur appui, leurs encouragements et leur confiance. À ma belle-famille, notamment Sylvie et Yves pour m‟avoir ouvert leurs portes afin de me permettre de séjourner et de découvrir la belle région de Lanaudière.

Merci infiniment à mon conjoint qui a eu confiance en mon potentiel et qui m‟a soutenue tout au long de mon cheminement. Un grand merci pour ta présence et ta patience au cours de toutes ces années d‟études.

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Introduction générale

Depuis la seconde moitié du XXe siècle, les mentalités en Occident on changé à l‟égard de l‟environnement. En fait, cette période représente le début d‟une prise de conscience environnementale face à une mauvaise utilisation de la nature qui a engendré de nombreux impacts sur le plan social, économique et environnemental. Les ressources naturelles autrefois perçus comme illimitées sont maintenant considérées comme un objet de souci, tant sur l‟aspect de sa quantité que de sa qualité. Cette évolution des mentalités a tranquillement modifiée les rapports entre l‟humain et la nature. Cela a notamment permis d‟instaurer le concept du développement durable basé, entre autres, sur l‟idée de la pérennité et de la préservation des ressources naturelles pour les générations futures. Ce concept constitue un exemple des changements qui influencent et donnent lieu à des modifications dans les comportements et les attitudes des personnes. Ces changements s‟observent aussi par rapport à la gestion des ressources naturelles dont l‟eau. D‟ailleurs, des réflexions mondiales sur l‟eau ont permis de développer le concept de gestion intégrée des ressources en eau (GIRE). Cela a amené des modifications considérables pour plusieurs gouvernements quant à la gestion de l‟eau.

Le Québec est une vitrine de ces changements de mentalités et d‟attitudes envers l‟environnement. D‟ailleurs, face aux problèmes de plus en plus criant de l‟eau, liés notamment à la détérioration de sa qualité, des modifications concernant la structuration du modèle de la gestion ont été considérées par les gouvernements comme nécessaires. Inspiré par la tendance nord-américaine sur le concept de la GIRE, ce contexte a favorisé la naissance de 40 organismes de bassin versant; des nouvelles structures ayant comme mission l‟aménagement de l‟eau. Ce nouveau modèle promu par le l‟État québécois implique une transformation de la gouvernance de l‟eau, motivée par une approche collaborative impliquant la participation d‟un plus grand nombre d‟acteurs dans le processus de gestion de l‟eau. La « société civile » est alors inclue dans le développement d‟une vision commune des usages de l‟eau. Tel que le présentent plusieurs chercheurs, cette nouvelle structure de gestion de l‟eau n‟est pas sans comporter quelques difficultés dans sa mise en oeuvre (Bachand et Gariépy 2006; Lasserre et Brun 2010; Milot 2009 ; Vachon

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2004). Plusieurs se questionnent notamment sur les dynamiques présentes au sein de ces structures de concertation ainsi que sur les moyens dont dispose l‟organisme.

Cette recherche souhaite mieux comprendre comment ce récent modèle de gestion s‟inscrit dans le contexte québécois. Ainsi, la question qui motive notre recherche et à laquelle nous tenterons de répondre dans ce mémoire se formule ainsi : Quelles sont les valeurs et les

représentations sociales de l’eau, mises en actions par les groupes d’acteurs issus des milieux agricoles, riverains-lacs et forêts-faunes, qui se trouvent dans la CARA dans le cadre de la gestion de l’eau par bassin versant?

Les objectifs de cette recherche viseront à recueillir et à analyser les représentations sociales sur l‟eau et sa gestion de ces trois groupes d‟acteurs. Nous examinerons également comment s‟articulent ces représentations sociales et ces valeurs dans le processus de gestion de l‟OBV étudié.

Nous avons réalisé une enquête au sein de l‟organisme de bassin versant la CARA au cours des années 2011 et 2012 et nous avons cherché à obtenir les discours d‟acteurs issus de différents milieux : les habitants riverains, les usagers d‟une zone d‟exploitation contrôlée (ZEC) ainsi que les producteurs agricoles. Cette étude a été motivée notamment par notre intérêt de mieux comprendre les relations et les perceptions de la nature qui sont mises en jeu dans la gestion de l‟environnement, mais aussi par les réflexions du MDDEP désirant mieux connaître les dynamiques présentes au sein des OBV ainsi que les points de vue tenus sur la gestion de l‟eau.

Ce mémoire se divise en quatre chapitres. Nous proposons dans le chapitre 1 une description de l‟approche théorique qui a orienté notre recherche ainsi qu‟une revue de littérature portant sur nos cadres conceptuels. Ce même chapitre exposera la question à laquelle nous désirons répondre ainsi que les objectifs de la recherche et la méthodologie employée pour y répondre.

Le chapitre 2 présentera quant à lui l‟historique de la gestion de l‟eau au Québec. Dans cette partie, nous décrirons comment les limites relatives au modèle traditionnel de gestion ont été présentées et critiquées par différents chercheurs. Nous présenterons l‟évolution des

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préoccupations liées à l‟eau et à l‟environnement, aux règlementations, aux programmes d‟actions gouvernementaux, au statut de l‟eau et à la participation des citoyens à la gestion de l‟eau. Cet historique nous permettra une meilleure compréhension du contexte dans lequel s‟est développée l‟approche de gestion intégrée de l‟eau par bassin versant au Québec. Quelques critiques de ce nouveau modèle de gestion de l‟eau énoncées par des chercheurs en sciences sociales seront également mises en lumière dans cette partie. Par la suite, nous exposerons les principales caractéristiques des organismes de bassins versants et leur rôle dans la gestion de l‟eau au Québec. Par après, la situation territoriale, l‟historique et la composition de l‟organisme de bassin versant à l‟étude, l‟organisme de bassin versant de la rivière L‟Assomption, seront mis à jour.

Le chapitre 3 sera consacré à l‟analyse des données de terrain obtenues sur les représentations sociales de la nature et de l‟eau par les différents groupes d‟acteurs à l‟étude. Les principaux usages et les perceptions de l‟eau, les causes et les conséquences de sa dégradation seront abordées, et cela, en mettant l‟accent sur les points de vue issus différents secteurs d‟étude choisis. Ces représentations sociales de la nature, qui se dégagent des discours et des actions de l‟OBV étudié, seront exposées à la fin de cette section.

Le chapitre 4 portera sur les actions liées à la gestion de l‟eau au niveau local, régional et central. Les perceptions sociales des différents groupes d‟acteurs sociaux quant à la gestion de l‟eau et aux différentes mesures mises en place seront abordées. Enfin, les valeurs se dégageant des actions de gestion seront mises à jour. Nous analyserons aussi la manière dont ces valeurs sont mises en action dans les dynamiques de gestion de l‟OBV étudié. Enfin, la conclusion fera un retour sur l‟analyse de nos données en lien avec les assises théoriques présentées dans le chapitre 1 et les conclusions de recherches réalisées par divers auteurs sur le sujet.

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Chapitre 1 - Cadres théorique et méthodologique

Introduction

Dans ce premier chapitre, nous présenterons le cadre conceptuel et les approches théoriques ayant guidé et nourri notre recherche et sa problématique. Notre revue de littérature scientifique sera exposée, nous discuterons notamment de l‟approche de l‟écologie politique post-structuraliste présentée par Arturo Escobar ainsi que des concepts de représentations sociales et de valeurs sociales découlant de cette approche. Puisque nous nous intéressons à l‟action politique quant aux enjeux écologiques, un portrait du concept de la gouvernance, lié à l‟approche de l‟écologie politique, sera également présenté dans cette partie. Par la suite, notre question de recherche, orientée par ce cadre théorique et conceptuel, sera définie. Nous discuterons aussi dans ce chapitre la méthodologie ainsi que les techniques d‟enquêtes favorisées dans notre démarche afin de répondre à notre question ainsi qu‟à nos objectifs de recherche. Le choix des groupes de participants à l‟étude ainsi que la sélection de ceux-ci sera exposée. Enfin, nous terminerons ce chapitre en spécifiant les considérations éthiques soulevées dans cette étude.

1.1. Approche théorique

1.1.1 L’écologie politique

L‟écologie politique est une approche rassemblant les sciences physiques et les sciences sociales qui s‟est développée dans les années 1970 autour des questions liées à l‟environnement. Elle représente un courant important pour l‟anthropologie et pour plusieurs autres disciplines préoccupées par l‟étude des enjeux environnementaux dans une approche critique. Les chercheurs appartenant à ce courant se questionnent sur de multiples aspects concernant la relation entre l‟humain, la nature et son utilisation. L‟écologie politique accorde une place centrale à la compréhension des différentes formes de perturbations et de dégradations environnementales, comme l‟érosion des sols, la pollution de l‟eau, la désertification et la déforestation et cela en mettant l‟accent sur les dynamiques historiques et sociales (Bryant 1992 ; Blaikie et Brookfield 1987 ; Paulson et al. 2003). Elle tient compte des impacts de cette dégradation sur le plan socio-économique. Les questions

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liées à la justice sociale sont aussi considérées par les chercheurs appartenant au courant de l‟écologie politique ; ces chercheurs examinent notamment la vulnérabilité sociale et les inégalités de genre en lien avec l‟environnement (Forsyth 2008 ; Paulson et al. 2003); par exemple, certains auteurs réfléchissent aux résultats et aux causes de la marginalisation sociale.

Les chercheurs s‟inscrivant dans l‟approche de l‟écologie politique s‟intéressent également à la notion de pouvoir et de domination de l‟humain sur la nature ainsi qu‟à la gestion des ressources naturelles. En ce sens, ils examinent les rapports de pouvoir en matière de gouvernance et de gestion de l‟environnement par l‟État, les ONG et les acteurs locaux. Par exemple, en ce qui concerne les rapports de pouvoir inhérents aux modes de gestion, les recherches de Duffy (2006) sur le thème de la conservation en Afrique du Sud en lien avec « the global environmental governance » nous apprennent que les processus de décentralisation du pouvoir étatique se sont révélés être plus avantageux pour les institutions plutôt que pour les acteurs locaux. Ainsi, malgré l‟approche de gouvernance globale des ressources mise de l‟avant, les acteurs locaux n‟auraient pas obtenu une plus grande place dans le processus de gestion.

Les études issues de l‟écologie politique se penchent, entre autres, sur les causes de la dégradation, sur les solutions envisagées, les relations de pouvoir et les interactions entre les groupes sociaux et leur environnement. On constate que la nature a des implications politiques et que l‟un des buts de l‟écologie politique est d‟étudier cette nature à travers les aspects politiques et les contextes sociaux qui la caractérise. De manière générale, l‟écologie politique fournit plusieurs outils pour réfléchir aux conflits engendrés et aux luttes politiques visant le contrôle et l‟accès aux ressources naturelles (Peluso and Watts cité dans Duffy 2006 :91 ; Paulson et al, 2003). Elle examine les relations de pouvoir présentes dans la définition, le contrôle et la gestion de la nature. Cette dimension nous apparait être adaptée à notre problématique de recherche.

Puisque notre étude se situe à l‟intersection de l‟étude des rapports de pouvoir, de la gestion et de l‟accès aux ressources, l‟approche théorique de l‟écologie politique nous donne les outils qui nous permettent d‟examiner la complexité de ces rapports avec l‟environnement. D‟ailleurs, elle attire notre attention sur les relations de pouvoir inhérentes aux modes de

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gestion, notamment celles concernant l‟utilisation de l‟eau à l‟intérieur d‟un bassin versant selon une perspective de gestion participative favorisant une plus grande prise en compte des différents acteurs locaux dans les processus de prise de décision. Puisque nous nous intéressons au rôle des discours dans les relations de pouvoir propres à la gestion de l‟environnement, nous nous appuyons également sur certaines bases proposées par l‟approche de l‟écologie politique post-structurelle.

1.1.2 L’écologie politique post-structurelle

L‟écologie politique post-structurelle met principalement l‟accent sur le rôle du discours dans la constitution de la réalité sociale, pour reprendre les propos de Arturo Escobar : « The post-structuralist analysis of discourse is a theory of the production of social reality which includes the analysis of representation as social facts, inseparable from what is commonly thought of as „material reality‟ » (Escobar 1996 :46). Plus spécifiquement, cette approche examine la création matérielle d‟une réalité qui est produite et reproduite à travers les discours. Selon les auteurs de cette approche, il s‟agit de percevoir la signification donnée à la nature comme construite historiquement et réinventée à partir des discours comme le suggère l‟anthropologue Arturo Escobar. Plusieurs aspects de la vie, comme les rapports entre l‟humain et la nature, sont réutilisés par des institutions. Paulson poursuit dans le même sens lorsqu‟elle explique que : « […] to understanding how environmental uses and conditions are affected by economic and political systems, as well as by discursive and cultural constructions of the environment » (Paulson et al, 2003). Dans cette perspective, cette approche de l‟écologie politique post-structurelle s‟intéresse à la production des discours officiels et non-officiels sur l‟environnement afin d‟étudier les significations et les idéologies véhiculées sur celui-ci. Son rôle vise à examiner de quelle manière les discours conditionnent notre rapport à l‟environnement. Par exemple, tel que le souligne Escobar (1996), elle évalue la manière dont différents rapports sur l‟environnement comme le rapport Bruntland et ceux provenant du Club de Rome ont participé au changement de mentalité des populations, surtout des pays occidentaux, envers la nature et son utilisation. De cette façon, les recherches en écologie politique post-structurelle réfléchissent, entre autres, à la manière dont les différentes instances gouvernementales et les scientifiques produisent diverses « facettes de la nature » qui sont

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réappropriées à l‟intérieur des discours des acteurs locaux (Duffy 2006 :92). Comme l‟explique Escobar, cette construction de la nature, comme les problèmes environnementaux, doit être étudiée à partir du contexte politique, social et économique dans lequel elle est produite (Escobar 1996). Il apparait nécessaire d‟examiner les interactions entre ces différents domaines afin de saisir la complexité sous-jacente à cette réalité.

Globalement, cette approche nous montre que la vision promue dans les discours de différentes instances gouvernementales oriente les mécanismes de gestion, mais aussi les comportements et les attitudes face à l‟environnement. Ainsi, l‟écologie politique post-structurelle nous donne des outils permettant d‟analyser notre rapport à la nature, c‟est-à-dire les changements sociaux et politiques liés à l‟environnement. Notre intérêt pour cette approche théorique se traduit principalement par une attention aux discours, aux savoirs et aux représentations véhiculées sur l‟environnement. L‟articulation entre les discours sur la nature et les systèmes sociaux établis notamment par le gouvernement et la science, particulièrement à travers les discours portant sur le développement durable et sur la gestion intégrée des ressources, attirent notre attention dans cette étude.

1.2 Cadre conceptuel

De ces approches théoriques découlent différents concepts développés par des auteurs en sciences sociales à partir de plusieurs angles d‟approches. Pour notre étude, nous considérons que les concepts de représentations sociales, de valeurs et de gouvernance sont particulièrement importants pour nous permettre de répondre à notre question et à nos objectifs de recherche.

1.2.1 Les représentations sociales

Plusieurs disciplines en sciences sociales se sont attardées à étudier le concept de représentation sociale. Pour notre étude, nous avons retenu l‟approche employée par les chercheurs en sociologie. La psychosociologue Denise Jodelet propose de définir ce concept comme : « une forme de connaissance socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d‟une réalité commune à un ensemble

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social » (Jodelet 1994 : 36). Guimelli nous indique pour sa part que les représentations sociales constituent un ensemble de connaissances comprenant, entre autres, des opinions et des croyances qui sont créées et comprises à l‟intérieur d‟un même groupe social (Guimelli 1999 : 63). Celles-ci s‟élaborent à partir d‟éléments tirés ou non de la science. La conduite des membres d‟une communauté est souvent influencée par les représentations sociales faites d‟un phénomène. Ces représentations sociales sont des idées véhiculées souvent de manière implicite. Elles peuvent être observées à travers les discours, les pratiques ou les comportements des individus (Sperber 1994 :123). Elles constituent aussi une réalité partagée par un même groupe d‟acteurs. Cette réalité oriente les comportements des individus en rapport avec un phénomène donné (Abric 1994 :13). L‟analyse des représentations sociales nous aide à mieux saisir les attitudes, les pratiques et les opinions des individus par rapport à un sujet ou à une situation.

Dans le cadre de cette étude, l‟analyse des représentations sociales de divers groupes d‟acteurs sociaux nous aide à mieux comprendre les propos tenus et les valeurs véhiculées sur la gestion de l‟eau. Cela nous permet également de mieux saisir les comportements et attitudes des individus envers les règlements, les programmes gouvernementaux et les institutions mises en place pour assurer une meilleure gestion de l‟eau, mais surtout cela nous permet de mieux comprendre leurs agissements à l‟égard de la nature.

1.2.1.1 Les représentations sociales de la nature

Les recherches au sujet des représentations sociales nous démontrent qu‟il existe de multiples formes de représentations sociales de la nature. Elles ne sont pas fixes ni exclusives les unes des autres et plusieurs peuvent intervenir en même temps au sein d‟un groupe d‟acteurs. Parfois, certaines peuvent même être contradictoires. L‟historien Stéphane Savard (2010) propose pour sa part que les représentations sociales peuvent être étroitement liées entre-elles. Autrement dit, pour lui, « on pourrait comparer les représentations sociales à des couches stratigraphiques de l‟écorce terrestre. Selon ce point de vue, ces couches peuvent avec le temps se superposer et devenir liées entre elles, créant ainsi une réalité » (Savard 2010 :78). Dans cette partie, nous aborderons quelques-unes des ces représentations sociales de la nature.

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La vision technoscientifique, présente dans la plupart des pays occidentaux, est marquée par un détachement entre l‟humain et la nature. Les relations entre l‟humain et la nature sont perçues comme inégales et l‟être humain est souvent vu comme supérieur à la nature. Il y a donc un rapport de hiérarchisation et de contrôle qui est présent (Scott 1996). En fait, le XXe siècle a été marqué par des progrès scientifiques et techniques importants, conférant à l‟humain la capacité d‟utiliser, de manipuler et de produire artificiellement des éléments de la nature. En fait, la plupart des pays occidentaux ont une vision utilitaire et instrumentale de la nature. L‟historien Jean-Marc Besse affirme : « celle-ci est d‟abord envisagée comme un pur objet, comme un simple espace d‟application et d‟aménagement, et comme un instrument qui peut être mis au service d‟un projet dont il n‟a pas la représentation. » (Besse 1997 :41). Cela signifie que la nature est considérée par ces individus comme une marchandise contrôlable, d‟où découle son utilisation abusive. Partant de ce principe, la nature serait alors perçue comme étant distincte de la culture et ainsi comme un objet extérieur à la société (Brisson 2004). L‟humain se voit donc en position de dominant et de possesseur. Dans cette perspective, l‟eau est considérée comme un bien de la nature utilisable.

Toutefois, il faut voir que cette conception dichotomique de la nature ne présente pas la seule manière d‟aborder les rapports avec la nature. Les études de terrain de l‟anthropologue Philipe Descola ont montré, par exemple, que pour d‟autres sociétés la construction du rapport avec la nature semble être différente. Ainsi, la société et la nature ne seraient pas séparées ontologiquement (Descola 2005). D‟ailleurs, cet auteur soutient que dans certaines sociétés, les individus peuvent entretenir des rapports différents avec la nature. Par exemple, dans la cosmologie des Achuar, ceux-ci auraient la capacité de communiquer avec les éléments de la nature ayant une âme, celle-ci ne se limitant pas aux essentiellement aux humains, mais aussi aux animaux et aux plantes. Selon cette logique, Ingold insiste quant à lui sur les interrelations entre les individus et leur environnement comme constituante d‟un même processus (Ingold 1992 : 51). Ainsi, les humains se trouvent plutôt à l‟intérieur d‟un monde complexe de réseautage où chacune des parties représente un élément important pour les autres. Par exemple, Mary Richardson montre, dans sa thèse de doctorat en anthropologie (Richardson 2008 : 395) portant sur les agriculteurs du Québec, comment cette relation avec la nature se trouve parfois plus étroite

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selon le type d‟agriculture. Son étude sur l‟agriculture biologique démontre comment ces producteurs agricoles sont engagés dans un rapport de proximité avec la ressource cultivée et qu‟ils cherchent à écouter et à comprendre les signaux transmis par cette dernière. Ce niveau d‟engagement peut évidemment différer selon les sociétés et les époques (Ingold 1992 et 1996 cité dans Brisson 2004).

Dans une approche dite romantique, la nature est plutôt perçue comme un lieu où l‟humain se retrouve et reconnecte avec les milieux « sauvages ». Cette nature est souvent décrite comme un lieu de ressourcement. Selon plusieurs auteurs, elle apparait comme un antidote au monde urbain puisqu‟elle permet de se renouer avec ses origines et avec son authenticité (Nash 1982 cité dans Brisson 2004). Cette vision fait également référence à l‟aspect esthétique retrouvé dans ces endroits, à la beauté des lieux et au côté impressionnant de cette nature.

Dans une autre perspective, la nature est considérée comme fragile et est présentée comme un objet de souci, d‟inquiétude, de responsabilité et de revendication éthique (Eder 1996 ; Besse 1997). Dans cette logique, le gouvernement aurait le rôle et la responsabilité de protéger cette nature (Young 2005). D‟après Savard, cette vision fait surtout référence à une conception « moderne » de la nature dans le sens où les problèmes environnementaux vécus par les société occidentales, notamment au cours des années 1970-1980, ont fait naître les préoccupations liées à la protection de l‟environnement (Savard 2010 : 68). Comme notre recherche s‟intéresse à la gestion de l‟eau dans le contexte d‟une gestion participative incluant plusieurs groupes d‟acteurs sociaux, cette sensibilité aux diverses représentations sociales de la nature s‟avère importante pour alimenter nos réflexions. L‟analyse des différentes valeurs et représentations sociales véhiculées sur la nature nous permet de comprendre et d‟expliquer les relations entre les acteurs sociaux et l‟eau. Les différents groupes d‟acteurs sociaux présents dans un bassin versant peuvent entretenir une diversité de rapports avec leur environnement et avoir ainsi des points de vue variés sur la ressource et sur son utilisation. Cela nous conduit donc à étudier la manière dont ces différentes représentations seront mises en évidence afin de parvenir à une gestion de la ressource et à son accès en visant une approche intégrée. Plus précisément, nous nous intéressons à la manière dont les individus d‟un même bassin versant gèrent l‟eau. L‟étude

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de leurs représentations sociales de la nature et de l‟eau nous aidera à voir comment s‟articulent les diverses dynamiques actuelles de gestion.

1.2.2 Les valeurs sociales

Dans cette recherche, nous accordons beaucoup d‟importance au concept des valeurs. L‟anthropologue Raymond Massé propose de définir ce concept : « comme des croyances de type prescriptif ou proscriptif servant à déterminer l‟acceptabilité ou le caractère désirable des fins et des moyens d‟interventions sociales » (Massé 2003 : 47). Comme nous l‟explique cet auteur, les valeurs sont des construits socioculturels. Les individus apprennent ces valeurs au cours de leur processus d‟enculturation et de leur éducation dans leur société et ils peuvent par la suite moduler leur importance dans leur vie. Elles conditionnent implicitement et explicitement le comportement et les agissements des personnes. Les propos du psychanalyste et sociologue Gérard Mendel vont un peu plus loin lorsqu‟il affirme que : « La morale prise dans le sens le plus large regroupe l‟ensemble des valeurs normatives qui règlent la vie en société, privilégient ou imposent un modèle de vie, désignent ce qui est bien et mal, juste et injuste. Il est donc peu d‟actes qui n‟engagent pas des valeurs. On comprend alors que la morale d‟une société, avec les règles et les lois qui s‟y rapportent, n‟intéresse pas seulement le fonctionnement social, mais constitue un repère essentiel de l‟identité individuelle. » (Mendel 2004 :13)

Patrick Pharo souligne que : « les valeurs ont une dimension normative au sens où elles imposent et peuvent imposer quelque chose à ceux qui les reconnaissent » (Pharo 2010 : 53). Les auteurs Massé (2003) et Mendel (2004) abondent dans le même sens, lorsqu‟ils expliquent que les valeurs sociales peuvent motiver de manière implicite le niveau d‟intervention et même imposer un modèle de vie.

Pour mieux comprendre l‟action sociale liée à l‟environnement à l‟intérieur d‟un bassin versant, il est nécessaire de dégager les valeurs véhiculées. Cela parce que comme le soulignent ces auteurs, les valeurs sociales peuvent influencer la manière dont les acteurs de l‟eau interagissent avec la nature et le degré d‟importance qu‟ils peuvent allouer au processus de gestion. Dans cette étude, nous nous intéresserons aux valeurs sociales

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présentes dans les interventions de gestion telles que celles portant sur la justice sociale, le respect, la vérité et la liberté.

1.2.3 Gouvernance

L‟écologie politique s‟intéresse à la prise en compte des enjeux écologiques dans l‟action politique. Ainsi, il nous semble pertinent de réfléchir au concept de gouvernance. Depuis une quinzaine d‟années, ce concept fait l‟objet de nombreux travaux en sciences sociales. Nous en retenons la définition suivante : « les nouvelles formes interactives de gouvernement dans lesquelles les acteurs privés, les différentes organisations publiques, les groupes ou les communautés de citoyens ou d‟autres types d‟acteurs, prennent part à la formulation de la politique » (Marcou et al, 1997, cités dans Froger, 2007 : 48).

Ce principe de gouvernance est issu du contexte néolibéral prônant une réforme l‟État. Le processus de décentralisation est un mécanisme social qui renvoie à une restructuration de la dimension interne, sur le plan de l‟administration publique, et externe de la gouvernance, sur le plan des rapports entretenus entre la société civile et l‟État. De cette manière, ces transformations socio-politico-administratives amènent les acteurs de différents niveaux à se voir attribuer une multitude de responsabilités. Ainsi, la société civile acquiert un rôle plus actif dans le processus d‟élaboration, de décision et de mise en œuvre, notamment à l‟égard des questions environnementales. Pour reprendre les propos du sociologue Raphaël Canet : « le concept de gouvernance suppose l‟instauration de nouveaux modes d‟élaboration des politiques publiques, centrés sur la négociation, tout comme de nouvelles manières de les mettre en œuvre, notamment par les biais de partenariat » (Canet 2004 :1). Cette nouvelle logique d‟action fait intervenir plusieurs participants, caractérisés par des attitudes individuelles, des intérêts et des représentations parfois dissemblables, et qui doivent ensemble parvenir à la réalisation d‟un projet commun (Lequin 2001 : 85).

Selon le principe d‟autorégulation, promu par le néolibéralisme, les populations deviennent responsables de leur réussite et par conséquent de leur échec. De cette manière, dans le domaine de la gestion environnementale, l‟État et d‟autres institutions se déresponsabilisent des conséquences occasionnées par leurs interventions. La chercheuse Géraldine Froger

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qualifie ces participants de « porteurs d‟enjeux »1 lorsqu‟elle parle des « acteurs pour lesquels les activités occasionnant des conséquences environnementales sont associées aux enjeux positifs ou négatifs, où à des acteurs directement impliqués dans la gestion de ces activités » (Froger 2007 :30). Plus précisément, ces porteurs d‟enjeux peuvent être des consommateurs, des industriels, des promoteurs, des associations environnementales ou même des groupes de pression. Le principe de gouvernance implique donc une pluralité de savoirs, de valeurs et de connaissances issues de ces porteurs d‟enjeux. Comme le pose De Senarclens, on relève une nouvelle façon de gouverner la société selon un mode de gestion prétendant résoudre les conflits, faciliter la coopération et répondre aux problèmes résultant d‟un manque de coordination dans un univers d‟acteurs indépendants (De Senarclens cité dans Lequin 2001 : 82).

La gestion intégrée apparaît comme un exemple de gouvernance. Elle représente le modèle proposé par le gouvernement du Québec afin de répondre aux différents enjeux concernant la gestion des ressources en eau. Dans le prochain chapitre, nous illustrerons l‟historique de la gestion de l‟eau au Québec basée sur une gestion participative.

La gestion intégrée est devenue au cours des dernières décennies un modèle privilégié, notamment dans le domaine de l‟environnement, et cela, particulièrement pour traiter des ressources en eau (Gariépy et Rousseau 2006 ; Gareau 2005). Comme le souligne Gareau, cette méthode d‟action vise une approche holistique, cherchant à prendre en considération l‟ensemble des usages et des acteurs présents à l‟intérieur d‟un territoire donné et faisant l‟objet d‟une planification particulière. Selon cette même auteure, la gestion intégrée est axée sur l‟aménagement multi-ressources, à l‟aide des sciences et des technologies, et des « porteurs d‟enjeux » impliquées dans le processus de décision (Gareau 2005 : 3). Le concept de gouvernance est aussi utile dans cette étude parce qu‟il nous donne les outils pour réfléchir à un nouveau mode de gestion mettant davantage l‟accent sur la participation d‟un plus grand nombre d‟acteurs concernés par les enjeux environnementaux.

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1.3 Question de recherche

Dans cette recherche, nos préoccupations reposant surtout sur les relations entre l‟être humain et l‟environnement, nous nous intéressons à mieux comprendre la manière dont sont construits les rapports sociaux avec la nature et plus particulièrement avec l‟eau; cela, en accordant une importance à la dimension historique de la gestion de l‟eau. De manière plus précise, cette étude se penche sur la compréhension des dynamiques présentes entre différents groupes d‟acteurs ayant des intérêts et des activités diversifiés sur l‟eau et sur sa gestion, cela dans le contexte d‟une approche de gestion intégrée par bassin versant. Considérant ces préoccupations et les éléments théoriques et conceptuels présentés plus tôt, notre question de recherche s‟articule ainsi :

Quelles sont les valeurs et les représentations sociales de l’eau, mises en actions par des groupes d’acteurs issus des milieux agricoles, riverains-lacs et forêts-faunes, qui se trouvent dans la CARA dans le cadre de la gestion de l’eau par bassin versant?

L‟étude poursuivra les trois objectifs de recherche suivants:

- Recenser les discours de ces trois groupes d’acteurs en ce qui concerne la nature et l’eau, sa gestion locale et gouvernementale.

- Analyser les représentations sociales et les valeurs véhiculées dans les discours recueillis.

- Étudier la mise en action des représentations et des valeurs à travers les dynamiques de gestion du bassin versant.

1.4 Méthodologie

Dans la section suivante, nous décrirons notre méthodologie de recherche et présenterons les diverses techniques favorisées pour sélectionner les participants ainsi que pour collecter, analyser et valider les données recueillies lors de nos rencontres avec ces derniers ; ensuite, nous identifierons les biais rencontrés dans cette recherche.

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1.4.1 Approche

Pour répondre à notre question de recherche et pour atteindre nos objectifs, nous avons choisi d‟adopter une approche méthodologique de recherche qualitative. Taylor et Gogdan définissent cette approche comme : « la recherche qui produit et analyse des données descriptives, telles que des paroles écrites ou dites, et le comportement observable des personnes » (Taylor et Gogdan 1984, cités dans Deslauriers 1991 : 6). Cette approche s‟intéresse à l‟observation, à l‟analyse et à la compréhension d‟un phénomène social. Elle vise notamment à saisir comment le comportement des personnes peut être influencé par différents facteurs dans une situation spécifique (Kakai 2008, Consulté sur Internet le 14 mai 2013 www.carede.org/IMG/pdf/RECHERCHE_QUALITATIVE.pdf). Nous avons favorisé la recherche qualitative car nous nous intéressons particulièrement aux opinions qui sont véhiculés sur l‟eau et sa gestion de différents groupes d‟acteurs sociaux, mais aussi aux comportements et aux relations entretenues par ceux-ci avec leur environnement et entre les acteurs. Cette approche nous permet de répondre à nos deux premiers objectifs de recherche visant à recenser les discours sur la nature et l‟eau et à analyser les représentations sociales et les valeurs qui se dégagent de ces discours.

1.4.2 Choix du terrain

Comme nous l‟expliquerons dans le chapitre 2, la majorité des organismes de bassins versants ont été fondés au début des années 2000 avec l‟arrivée de la politique nationale de l‟eau. Toutefois, quelques organismes de bassin versant (OBV) sont nés avant cette période, ce qui leur confère une plus grande expérience en matière de gestion de l‟eau. Dans le contexte de cette recherche, nous désirions étudier un organisme ayant déjà amorcé quelques étapes de son plan directeur de l‟eau qui représente l‟outil principal de travail de l‟OBV. De plus, nous recherchons un OBV existant depuis plusieurs années et exerçant déjà des activités liées à la protection de l‟eau en collaboration avec les usagers de son milieu. De cette façon, nous croyons mieux pouvoir étudier les dynamiques de l‟OBV et comment celui-ci prend sa place dans le milieu. Nous avons choisi de porter notre étude sur l‟organisme de bassin versant de la rivière L‟Assomption, nommé aussi la Corporation de l‟aménagement de la rivière L‟Assomption (CARA), puisqu‟elle fait partie des premiers

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OBV à être constitués au Québec, en 1983. L‟annexe 6 montre la localisation géographique de cet OBV (Annexe 6).

La pertinence du choix de l‟organisme de bassin versant de la rivière L‟Assomption est aussi liée à notre préoccupation d‟y retrouver une diversité d‟usagers et des problématiques vécues dans la gestion de l‟eau se retrouvant sur ce territoire. Puisque nos intérêts reposent sur le rôle des agriculteurs, des riverains ainsi que des gens issus d‟un secteur forestier et faunique dans la gestion de l‟eau, nous considérons que ce bassin versant possède toutes les caractéristiques pour nous permettre d‟apporter des réponses à nos questionnements. De plus, d‟après les données observées, la CARA fait partie des OBV ayant une qualité de l‟eau inquiétante notamment dans la partie caractérisée par les secteurs agricoles et résidentiels (CARA, 2006 :97). Puisque nous nous intéressons à la gestion de problèmes importants de détérioration de la qualité de l‟eau, la situation de la CARA semblait pertinente.

1.4.3 Sélection des groupes d’acteurs

Nous avons sélectionné trois groupes d‟acteurs représentatifs des usages du territoire. D‟abord, nous nous sommes intéressées à obtenir le point de vue de producteurs de pommes de terre et de producteurs de maïs de grande culture : deux types de culture importante dans la région de Lanaudière. Ensuite, les importantes activités de villégiature dans le bassin versant pendant la période estivale ont retenu notre attention. Nous avons sélectionné trois lacs présents dans la MRC de la Matawinie ; le lac Long, le lac Stevens et le lac Noir. Notre intérêt pour ces trois lacs fut suscité par leurs caractéristiques, leurs usages et leurs réalités très différents, mais surtout parce qu‟ils sont membres de la CARA. Pour cette même raison, nous nous sommes intéressés aux acteurs et usagers de la Zec Lavigne, une association de chasse et de pêche située à l‟extrême nord du bassin versant. Ces choix nous permettaient de tenir compte de divers usagers de l‟eau se retrouvant à différents endroits sur le territoire de l‟OBV L‟Assomption et de respecter le caractère hétérogène de la population et la diversité des usages et intérêts liés à l‟eau.

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1.4.4 Techniques utilisées pour la collecte des données

1.4.4.1 Les entrevues semi-dirigées

Dans cette recherche, les données ont été recueillies par la technique d‟entrevues semi-dirigées. Ce type d‟entrevue vise l‟utilisation d‟un guide structuré comportant un certain nombre de questions principales ayant une orientation définie. Sa particularité est d‟être suffisamment flexible pour être ouverte aux énoncés imprévus (Deslaurier 1991 : 36). Le choix de cette technique a été favorisé pour réaliser notre collecte de données parce que tout en conservant une souplesse, elle nous permettait d‟aller au-delà des thèmes ciblés dans le questionnaire et d‟en approfondir certains aspects (Schensul et al. 1999). Pour ces entrevues, nous avons utilisé une partie d‟un questionnaire ayant déjà fait ses preuves lors de la thèse de doctorat du sociologue Martin Vachon qui s‟est intéressé avant nous à la problématique choisie pour notre étude (Annexe 2) (Vachon 2004 : 214). Les entrevues portaient essentiellement sur les questions liées aux différents usages de l‟eau, à la perception des individus concernant les causes et problèmes liés l‟eau et à sa gestion ainsi qu‟aux interactions entre les acteurs.

Au total, nous avons réalisé 22 entrevues semi-dirigées, d‟une durée variant entre soixante et cent-vingt minutes, avec des acteurs sociaux impliqués à différents niveaux dans le processus de gestion de l‟eau. Les participants ont été interviewés une seule fois. Les entretiens enregistrés se sont tenus principalement au domicile ou au lieu de travail des répondants. Avant de débuter l‟entretien, les participants ont rempli un formulaire de consentement du projet approuvé par le CÉRUL à l‟été 2011 leur expliquant les modalités de la recherche (Annexe 1). Nous avons choisi trois grands secteurs d‟activité de l‟eau à partir duquel nous désirions aborder des participants ; les secteurs riverain, forêt-faune et agricole. Notre choix pour ces trois secteurs s‟explique en partie par leur distribution au sein du bassin versant (Annexe 7 : Carte des enjeux territoriaux). Cette sélection nous permettait de rencontrer des individus présents au sud (le milieu agricole), au centre (le milieu riverain-lac) ainsi qu‟au nord du territoire (le milieu forêt-faune). De plus, chacun de ces groupes présente des usages et des activités diversifiés de l‟eau. Ce choix permettait de répondre à l‟un de nos objectifs dans cette recherche visant à décrire des points de vue d‟acteurs ayant des relations différentes avec la nature et plus spécifiquement avec l‟eau. Le

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choix de ces groupes a également été motivé par la présence de ces secteurs au sein du conseil d‟administration de l‟organisme à l‟étude.

Les informateurs ont été approchés directement par téléphone et par courriel alors que certains ont été invités lors des observations participantes. Pour quelques participants, nous avons employé la méthode d‟échantillon « boule de neige » qui consiste à développer un échantillon à partir des recommandations des informateurs sondés. Nous avons classé les participants rencontrés en quatre sous-groupes (le tableau 1 nous permet d‟illustrer les divers secteurs).

Tableau 1 Participants à l‟étude

Sous-groupes Secteur Participants Nombre

1 Riverain-lac Riverains du lac Long 2

Riverains du lac Stevens 1

Riverains du lac Noir 2

Inspecteurs municipaux 2

2 Forêt-faune Membres du conseil d‟administration et utilisateurs de la Zec Lavigne

4

3 Agricole Producteurs agricoles (pommes de

terre et grande culture) 4

4 Gestion régionale de

l‟eau Membres du conseil d‟administration de la CARA 6

ROBVQ 1

Le premier groupe d‟acteurs que nous avons approché est celui du secteur riverain-lac. Nous avons rencontré majoritairement des riverains vivant près de trois lacs différents (lac Noir, lac Long et lac Stevens) situés dans la partie centrale-nord du bassin versant. La plupart de ces riverains fréquentent ces lacs depuis plusieurs dizaines d‟années et souvent depuis leur jeunesse. Pour la plupart d‟entre eux, ces lieux constituent leur résidence secondaire, les autres étant surtout des résidents permanents. De plus, dans le but d‟obtenir des opinions de divers intervenants liés à ce secteur, nous avons interviewé deux inspecteurs municipaux en environnement.

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Le deuxième groupe rencontré fut celui du secteur « forêt-faune ». Nous nous sommes intéressés ici à interroger quelques membres et administrateurs de la Zec Lavigne située complètement au nord du bassin versant. Nous avons sélectionné cette Zec plutôt que la Zec des Nymphes ou que d‟autres acteurs de ce secteur notamment parcequ‟un membre de la Zec Lavigne siège sur le conseil d‟administration de la CARA. À la suite de deux entrevues, nous avons décidé d‟accompagner les informateurs sur le terrain afin d‟observer certains sujets traités lors des entretiens, notamment des sujets reliés à des aménagements ou des actions considérées comme problématiques.

Le troisième groupe avec lequel nous avons eu des entretiens est celui du secteur agricole. Ainsi, quelques producteurs de pommes de terre et de maïs « grande culture » ont été approchés. Ces deux types de cultures sont des pratiques importantes dans la région. Nous nous sommes intéressés particulièrement à celles-ci notamment puisqu‟elles constituent des cultures exigeantes en eau (CARA, 2006 :62). Certains cultivateurs ont été approchés directement alors que d‟autres ont été recommandés par les producteurs connus. Nous avons eu l‟occasion avec quelques producteurs agricoles et informateurs de ce secteur de nous rendre sur les terres agricoles afin d‟observer leurs travaux et leurs méthodes de culture. Cela nous a permis de mieux comprendre les points de vue et la réalité vécue par les acteurs rencontrés. De plus, dans le but d‟approfondir nos connaissances sur le projet pilote du ruisseau Vacher2, un projet important portant sur l‟eau et les producteurs agricoles, nous avons rencontré un représentant de l‟UPA de Lanaudière impliqué dans ce projet. Nous avons aussi pu nous rendre sur certains sites du ruisseau Vacher où ont été effectués divers aménagements de stabilisation des berges dans le cadre d‟un projet pilote. Notre quatrième sous-groupe regroupe des individus issus de la gestion régionale de l‟eau. Dans ce groupe nous avons approché des gestionnaires et membres du conseil d‟administration de la CARA liés aux trois secteurs faisant l‟objet de cette recherche. Nous avons utilisé le même schéma d‟entrevue que celui utilisé pour les autres groupes en y mettant davantage l‟accent sur leurs activités de gestion, sur leur perception du rôle et des

2 Le projet pilote du ruisseau Vacher est issu d‟un partenariat entre l‟Union des producteurs

agricoles (UPA) et la Fondation de la faune du Québec (FFQ). Il fait partie d‟un programme de mise en valeur de la biodiversité des cours d‟eau en milieu agricole sera expliqué plus loin dans le chapitre 3.

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mandats de l‟OBV et sur leurs relations avec le gouvernement. Plus tard, au cours de notre analyse, nous avons décidé d‟intégrer à notre recherche et d‟interroger un représentant du regroupement des organismes de bassin versant du Québec ROBVQ afin d‟approfondir nos réflexions sur les organismes de bassins versants.

1.4.4.2 Observation participante et entretiens informels

Pour cette recherche nous avons aussi privilégié l‟observation participante comme technique de collecte de données. Deslauriers désigne ce procédé comme « une technique de recherche qualitative par laquelle le chercheur recueille des données de nature surtout descriptive en participant à la vie quotidienne du groupe, de l‟organisation, de la personne qu‟il veut étudier » (Deslauriers 1991 :46). Pour ce type de technique, le chercheur doit assurer une présence sur le terrain d‟étude afin de lui permettre de se rapprocher de la réalité et des dynamiques de la communauté étudiée. En séjournant dans le lieu d‟étude et en participant aux activités quotidiennes des acteurs sociaux visés par la recherche, cette méthode permet au chercheur de s‟immerger complètement dans la culture qu‟il souhaite étudier. L‟observation participante constitue une technique de collecte de données importante qui est souvent favorisée dans les recherches anthropologiques.

Pour notre terrain ethnographique, nous avons résidé plusieurs mois dans la région de Lanaudière, plus spécifiquement dans la MRC de la Matawinie au lac Noir. Cela a favorisé nos interactions notamment avec les riverains dans le milieu d‟étude et nous a aidé à comprendre la réalité locale, mais surtout à mieux observer les dynamiques qui se retrouvent près des lacs. De cette façon, nous avons pu observer le comportement des gens sur un lac, les activités réalisées sur un lac, leurs actions sur les berges, le respect des règlements, les variations démographiques des villégiateurs entre les jours de semaine et de fin de semaine, etc. Au cours de notre observation participante, nous avons assisté à des assemblées générales tenues par les groupes d‟acteurs sélectionnés au cours du printemps et de l‟été 2011. Ainsi, nous avons pu observer deux assemblées générales de lacs et une assemblée générale menée par la Zec à l‟étude. Cela nous a permis d‟entrer en contact avec le milieu et de faire connaitre notre recherche auprès de ces acteurs sociaux.

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Par ailleurs, dans un souci d‟examiner les actions et les intérêts de l‟OBV à l‟étude quant à la gestion de l‟eau, nous avons participé à plusieurs activités publiques menées par l‟organisme : une conférence de presse dans le cadre du lancement de la publication « Le PDE et le SAD, deux outils stratégiques… Des alliés pour les ressources en eau du Québec », des activités de sensibilisation et d‟information menées entre autres dans le but de lutter contre le phénomène des cyanobactéries tels que la « Journée lac » ainsi qu‟une rencontre visant la présentation du cartable des lacs puis nous avons participés aux colloques « J‟ai le goût de l‟eau » tenus en 2011 et en 2012. Pendant l‟année 2012, nous avons assisté aux tables de concertation organisées par l‟organisme. Considérant que peu d‟évènements étaient prévus lors de notre période d‟enquête sur le terrain, puisque pour les OBV la période estivale correspond surtout à la cueillette de données concernant l‟acquisition des connaissances notamment sur les espèces en péril et la qualité de l‟eau, et à une période de vacances, nous avons dû prolonger notre enquête de terrain. Ainsi, dans le souci de recueillir plusieurs données et puisque ces évènements se sont déroulés à des moments différents de notre terrain de recherche, nous avons tout au long de l‟année 2011 et 2012 participé aux évènements organisés par la CARA. Cela nous a permis de rencontrer graduellement les membres de l‟exécutif et du conseil d‟administration de l‟OBV et d‟examiner les dynamiques et les relations présentes au sein des activités de l‟OBV. De plus nous avons participé à une activité publique menée par le ROBVQ au Manoir Saint-Castin : le 12e rendez-vous des OBV visant la formation des membres des OBV sur des enjeux liés à l‟eau et ayant pour but de créer un lieu de rencontres et d‟échanges entre les différentes OBV du Québec. Ces évènements ont fait l‟objet de prises de notes minutieuses à partir de notre grille d‟observation portant sur les discours, les attitudes et les comportements des individus présents (Annexe 3).

Au printemps 2011, au retour de notre terrain de recherche dans le bassin versant de la rivière de L‟Assomption, nous avons bénéficié d‟un espace de travail dans les locaux du ministère de l‟Environnement pendant quelques mois dans le cadre d‟un stage de 2e cycle. Cette période nous a donné l‟occasion de rencontrer plusieurs fonctionnaires appartenant au secteur de la politique nationale de l‟eau qui finançait cette recherche. Ce contexte a permis de favoriser les échanges et de nous aider à mieux saisir leurs points de vue, attentes et intérêts face à la gestion intégrée de l‟eau par bassin versant ainsi que de mieux saisir les

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relations entretenues avec les différentes OBV. Des entrevues informelles ont d‟ailleurs été réalisées avec certains fonctionnaires.

Par ailleurs, au cours de l‟été 2012, nous sommes retournées habiter dans la région car nous avons obtenu un contrat d‟emploi avec la Zec Lavigne représentant le secteur forêt-faune3. Cette insertion sur le terrain nous a permis d‟avoir un accès privilégié à plusieurs informateurs de ce secteur sur leurs relations avec l‟eau, mais aussi d‟étudier leurs types d‟interactions avec la nature. Cela nous a également permis de prolonger notre interaction avec quelques participants et notre terrain de recherche et de valider les résultats obtenus lors de nos activités de collecte de données.

1.4.4.3 Recensement de documents

Parallèlement aux deux techniques de collecte de données précédentes, nous avons privilégié le recensement de documents en lien avec l‟organisme de bassin versant à l‟étude. Plusieurs documents officiels ont été examinés dans le but d‟obtenir un maximum d‟informations concernant les activités de gestion réalisées par l‟organisme de bassin versant à l‟étude. Les rapports annuels (2009-2010, 2010-2011 et 2011-2012), le plan directeur de l‟eau, l‟outil développé pour l‟arrimage entre le PDE et le SAD et d‟autres documents produits et publiés notamment par la CARA ont été examinés. Nous avons eu accès à ces documents par l‟entremise du ministère du Développement durable de l‟Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP), à partir du site Internet de l‟organisme, mais surtout lors des diverses activités auxquelles nous avons participé. De plus, d‟autres documents écrits ont été recueillis sur le terrain tel que le plan récréotouristique de la Zec Lavigne et des documents liés au ruisseau Vacher ou à des décisions prises par une association de lac dans le but de nous aider à mieux comprendre les actions et intérêts des groupes d‟acteurs sélectionnés.

1.4.5 Analyse des données

L‟analyse thématique nous semblait la meilleure façon d‟organiser les informations recueillies. Paillé et Mucchielli définissent ainsi cette analyse : « L'analyse thématique

3Nous y avons été engagés afin de réaliser des activités sur le terrain tel que des aménagements de

Figure

Tableau 1 Participants à l‟étude
Figure 1 Les 33 bassins versants prioritaires
Figure 2 Les 40 organismes de bassins versants

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