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Pépite | Le conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégiques : une dynamique pour la pensée stratégique française.

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Par Faustine Blouin

Mémoire de stage

Master 2 Droit de la Défense et de la Sécurité 2018/2019

Directeur de mémoire : Le commissaire général hors classe (2S) Yves Reymondet

Tuteur de stage : Le général de brigade aérienne (2S) Paul Cesari

Le Conseil Supérieur de la Formation et de la

Recherche Stratégiques :

une dynamique pour la pensée stratégique

française

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Le Conseil Supérieur de la Formation et de la

Recherche Stratégiques : une dynamique pour

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« Les opinions exprimées dans ce mémoire sont propres à l’auteur et n’engagent pas l’Université de Lille ou le Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche

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REMERCIEMENTS

Je tiens avant tout à remercier toutes les personnes qui ont contribué à la rédaction de ce mémoire.

Tout d'abord, je souhaite remercier mon directeur de mémoire, le commissaire général hors classe (2S) Reymondet, pour sa disponibilité et ses nombreux conseils avisés tout au long de l’année.

Je remercie également mon tuteur de stage, le général de brigade aérienne (2S) Paul Cesari, pour m’avoir accueillie au sein du Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégique et pour les informations qui ont contribué à ce mémoire.

Je tiens à remercier également mon directeur de master, le Professeur Vincent Cattoir-Jonville, pour m'avoir permis de suivre cette formation très riche intellectuellement et humainement.

Enfin, je remercie mon compagnon pour son soutien incommensurable, son aide et la relecture, Ophélie, Patrick et mes parents pour leur soutien constant et leurs encouragements, ainsi que Vanessa pour son aide très précieuse et mes camarades du master, pour l'entraide, la solidarité et leur soutien tout au long de l'année.

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SOMMAIRE

Liste des acronymes

Introduction

Chapitre 1 : le Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégique, une création pour le développement de la réflexion stratégique

I. Contextualisation de l’organisme de la pensée stratégique

II. Une mission générale de développement de la réflexion stratégique

Chapitre 2 : le CSFRS entre fédération et transmission

I. Le CSFRS, un organe fédérateur dépendant nécessairement des autres acteurs de la réflexion stratégique

II. Le CSFRS, moteur de la vulgarisation des questions stratégiques

Conclusion

Annexes

Sources et bibliographie

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LISTE DES ACRONYMES

A

AACHEAr-IHEDN : Association des auditeurs et cadres des hautes études de l'armement – Institut des hautes études de défenses nationale

C

CDEC : Centre de doctrine et d’enseignement du commandement

CDEM : Centre de documentation de l’école militaire

CEFSI : Centre des entreprises françaises de sûreté à l’international

CERPA : Centre études réserves et partenariats de l’armée de l’air

CESM: Centre d’étude stratégique de la marine

CHEM : Centre des hautes études militaires

CHEMI : Centre des hautes études du Ministère de l'Intérieur

CHERPA : (laboratoire) Croyance, Histoire, Espace, Régulation Politique et Administrative

CICDE : Centre interarmées de concepts, doctrines et expérimentations

CNAM : Conservatoire national des arts et métiers

CNAPS : Conseil national des activités privées de sécurité

CNRS : Centre national de la recherche scientifique

CREOGN : Centre de recherche de l'école des officiers de la gendarmerie nationale

CSFRS : Conseil supérieur de la formation et de la recherché stratégiques

D

DEMS : Direction de l’enseignement militaire stratégique

E

ECFR : European Council on Foreign Relations

EHESS : Ecole des hautes études en sciences sociales

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7

FRS : Fondation de la recherche stratégique

G

GIP : Groupement d’intérêt public

I

IDDRI : Institut indépendant de recherche sur les politiques et plateforme de dialogue multi-acteurs

IEP : Institut d’études politiques

IERSE : Institut d'études et de recherche pour la sécurité des entreprises

IFRI : Institut français des relations internationales

IHEDN: Institut des hautes études de défense nationale

IISS: International Institute for Strategic Studies

IMA : Institut des mondes africains

INHESJ : Institut national des hautes études de sécurité et de justice

INSS : Institut for national strategic studies

IRIS : Institut des relations internationales et stratégiques

IRSEM : Institut de recherche stratégique de l’école militaire

R

RDN : Revue de défense nationale

S

SGDSN : Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale

U

UE : Union européenne

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INTRODUCTION

« La complexité appelle la stratégie. II n’y a que la stratégie pour s’avancer dans l’incertain et l’aléatoire. »1 Edgar Morin, philosophe ayant clarifié les enjeux de la pensée complexe, a

résumé peut-être mieux que personne ce qu'est la stratégie, peu importe son cadre. Avec des enjeux aux portées différentes. Ses idées, prises en modèle par des personnes de milieux divers, transcendent le contexte de leur application. On peut ainsi citer l'exemple de l'entraîneur de football portugais Leonardo Jardim, dont tout le parcours a été conditionné par les pensées de celui qui est devenu pour lui une sorte de référence à seulement dix-huit ans. Lui qui a rencontré son modèle Edgar Morin en 2017, lequel est d'ailleurs très sensible aux enjeux collectifs du ballon rond, avait verbalisé cette admiration dans une interview à l'hebdomadaire L'Equipe Magazine : « Face à l'échec, il ne va pas chercher à simplifier et à pointer du doigt un manquement. Il a une perception symphonique de la vie. » Quelques semaines plus tard, Jardim emmenait Monaco vers le titre de champion de France face au Paris Saint-Germain.

La causalité n'est peut-être que coïncidence, mais elle en dit long. Sur la dynamique de groupe d'abord, le plus fort ayant été dominé par un adversaire plus discipliné, mais aussi sur le symbole que peut être le sport le plus pratiqué au monde. A sa façon, il reflète la manière dont le manager peut valoriser l'individu pour tirer le collectif vers le haut. Des parallèles que l'on retrouve également dans les travaux de Carl von Clausewitz, auteur de De la Guerre2, traité de

stratégie militaire qui fait encore autorité aujourd'hui. Ainsi, quand ce dernier dit que le coup d'œil et la résolution sont les deux qualités indispensables du génie militaire, difficile de ne pas penser à l'anticipation que peuvent avoir les joueurs face aux problématiques posées par la défense. Dans tous les cas, on en revient encore et toujours à la fameuse formule de Sun Tzu dans L'Art de la Guerre3 : « Tout le succès d’une opération réside dans sa préparation. » Plus que l'opération, il faut donc étudier la préparation.

Dans le domaine militaire, qui était celui de Sun Tzu mais aussi de Nicolas Machiavel, les enjeux dépassent le sport. On parle ici de la vie du peuple, soldats ou simples citoyens, et de rapports de forces géopolitiques. Avec un rapport à la conquête forcément moins belliqueux

1MORIN Edgar, Science avec conscience, nouvelle édition, Le Seuil-Points, 1990, p. 178 2 CLAUSEWITZ Carl (von), De la guerre, Tempus Perrin, Paris, mars 2014, 448 p. 3 SUN TZU, L’art de la guerre, Editions Flammarion, Paris, avril 2008, 338 p.

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qu'à l'époque de Machiavel, auteur du Prince4 au début du XVIe siècle, pour qui la politique est la continuation de la guerre par d'autres moyens, le général poursuivant la victoire là où le politique vise la stabilité et la concorde qui lui permettent de demeurer au pouvoir. L'époque n'est plus celle où il n'y a pas d'entre-deux entre conquérir et être conquis, mais les rapports entre les nations restent marqués par la menace d'une intervention. L'objet militaire, même brandi comme menace – et pour lequel la Guerre Froide, un jeu de dupe géant, fait office de parfait exemple – reste le cœur de la dynamique interétatique. Voilà pourquoi, en 2019 autant qu'à l'époque de Jules César, il est nécessaire de soigner sa stratégie.

Le Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégique (CSFRS) est un groupement d'intérêt public (GIP)5, qui a pour objet « le soutien, la coordination et l’animation des efforts développés en matière de recherche et de formation stratégique dans les domaines de la sécurité et de la défense de façon à permettre l’élaboration et l’actualisation d’instruments de référence de niveau international ».6 Le CSFRS, situé à

l'Ecole militaire à Paris, regroupe une trentaine d'entités du secteur public et du privé. Il est force de proposition en finançant et valorisant des études prospectives et pluridisciplinaires au profit des décideurs et des autorités politiques, dans de multiples domaines tels que la géopolitique, les révolutions technologiques, les menaces contemporaines et la gestion des crises. A la pointe de l'innovation, son rôle prospectif est mis en valeur par l'animation d'une communauté stratégique dynamique et une large diffusion de ses travaux à l'international. Le CSFRS promeut une approche large et globale des questions stratégiques, portée par un conseil scientifique de 138 experts aux profils variés. Lieu d'échanges, de recherche, de formation, de valorisation, de diffusion et de proposition, il se veut être un pôle de rencontre et d'excellence pour la communauté stratégique, valorisant l'émergence de réflexions et favorisant la prise de position des décideurs. Ce réseau d'experts et de professionnels de haut niveau travaille en anticipation et prévision des crises, en collaboration avec de nombreux partenaires institutionnels et de grandes entreprises privées d'intérêt stratégique.

La création du CSFRS, en 2009, participait d'une longue tradition française de la pensée stratégique… mais comblait également le retard pris par la France dans le domaine des études sur la guerre et la paix7. Ce retard stratégique, dû à l'émiettement du champ disciplinaire, allait

4 MACHIAVEL Nicolas, Le Prince, édition Folio, Paris, 2007, 480 p.

5 La notion de groupement d’intérêt public sera définie au chapitre 2, I.A.1. p 31-32.

6 CSFRS, objectifs, URL: https://www.csfrs.fr/institutionnel/missions/objectifs. Consulté le 19 septembre 2019. 7 JEANGENE VILMER Jean-Baptiste, « La relève stratégique : une première histoire du soutien aux jeunes

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à l'encontre de l'évolution du monde anglo-saxon, décidé à définir une ligne directrice à suivre dans les différents enjeux militaires. Cette approche, partagée par les acteurs de la recherche, dont Hervé Coutau-Bégarie, acteur majeur de la discipline8, a incité les décideurs

politiques à œuvrer pour rattraper ce retard. La France avait certes développé une pensée indépendante, soutenue par des penseurs contemporains comme le général Beaufre9, surtout à

partir des années 1960, mais la production de la recherche stratégique civile demeurait peu visible face à une production traditionnellement militaire depuis le XVIIIe siècle10.

Dès les années 1960, l'idée d'associer l'Université à la recherche stratégique avait émergé11 et,

à partir des années 1970, les centres et instituts de recherche stratégique s'étaient développés, notamment au sein des ministères des Affaires étrangères et de la Défense. Une activité qui s'était intensifiée dans les années 1980 et avait atteint une certaine importance dans les années 1990, époque où les différents instituts et centres de recherche commençaient à développer leurs publications et les activités de diffusion de la recherche stratégique. Les instituts indépendants supplantaient alors les universités parisiennes12, traditionnels référents du

domaine. Des centres de recherche existaient dans le même temps au sein de l'Ecole militaire mais manquaient de moyens d'édition13. De son côté, et depuis le début des années 1960, l'Etat

cherchait à offrir une nouvelle dynamique à la recherche stratégique. Les centres de recherche ne manquaient pas mais aucun organisme n'était en capacité de centraliser la réflexion et la formation, mais aussi de financer des recherches stratégiques. C'est dans ce cadre historique et institutionnel qu'a émergé l'idée de la création du CSFRS14, le vide à combler étant très

important dans un monde en pleine mutation.

Le CSFRS, récent à l'échelle de la réflexion stratégique, souhaite incarner un rôle centralisateur dans un champ d'étude traditionnellement fragmenté. Une situation complexe détaillée par Jean-Baptiste Jeangène Vilmer : « Le champ est fragmenté en France à cause de plusieurs facteurs : le cloisonnement disciplinaire (les historiens, les politistes, les juristes, les philosophes, les sociologues, les économistes et autres travaillent parfois sur les mêmes sujets,

2018, p. 9-43 ; Jean-Vincent HOLEINDRE, JEANGENE VILMER, Oliver SCHMITT et Philippe LANGLOIT, « Pour les

études stratégiques », DSI, no 120, décembre 2015, p. 54-58.

8 COUTAU-BEGARIE Hervé, « La recherche stratégique en France », AFRI, vol. 1, 2000, p. 787-804. 9 Général André BEAUFRE, Introduction à la stratégie, Paris : Fayard/Pluriel, 7 août 2012, 192 p. 10 GERE François, La pensée stratégique française contemporaine, Paris : Economica, 2017, 160 p. 11 COUTAU-BEGARIE, op. cit. « La recherche stratégique en France », AFRI, vol. 1, 2000, p. 790. 12 Ibid., p. 796.

13 Ibid., p. 797.

14

BAUER Alain, « Déceler-Etudier-Former : une voie nouvelle pour la recherche stratégique », Les cahiers de la sécurité, supplément n°4, avril-juin 2008, 168 p.; Christine MORO, « Premières Assises nationales de la recherche stratégique : bilan et perspectives », Sécurité globale, N° 13, no 3, 2010, p. 15-39.

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11

mais chacun dans leur coin), les querelles de chapelles universitaires, les rivalités entre établissements et la fracture entre théoriciens et praticiens ».15 En effet, les institutions, think

tanks, universités, instituts et centres de recherche privés et publics se partagent le champ disciplinaire avec bien peu d'interaction, affaiblissant la réflexion et dispersant les résultats, souvent avec des travaux redondants. Une fragmentation et une structuration complexe de la recherche stratégique16 qui empêche la visibilité de la discipline et de la pensée stratégique

française.

C'est dans ce cadre que s'est inscrit mon stage au sein du CSFRS, réalisé du 1er juillet 2019 au

30 août 2019, où j'ai été accueillie par le général de brigade aérienne Paul Cesari. Au CSFRS, où différentes missions m'ont été confiées, je me suis particulièrement intéressée à son rôle dans le paysage stratégique français. L'objectif de ce travail, né de ma présence au sein de l'établissement, est le suivant : comprendre en quoi le CSFRS anime la réflexion stratégique française tout en la stimulant. Le contexte de création du CSFRS et ses objectifs expliquent la nécessité de cette entité et l'importance de ses activités (chapitre 1). Son rôle fédérateur et transmetteur en fait un maillon essentiel de la dynamisation de la réflexion stratégique française (chapitre 2).

15 HOLEINDRE et al., op. cit. « Pour les études stratégiques », DSI, no 120, décembre 2015, p. 54.

16 ISC, « Les structures de la recherche stratégique en France par Hervé Coutau-Bégarie », 7 décembre 2012.

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Chapitre 1 : Le Conseil supérieur de la formation et de la

recherche stratégique, une création pour le développement de la

réflexion stratégique

Le CSFRS est un organisme relativement récent à l'échelle de la vie politique et militaire française, mais dont l'importance est déjà cruciale, de par son positionnement géographique comme ses missions. Né d'une volonté politique, qui visait à mutualiser des connaissances jusque-là éparpillées entre différents organismes, il est aujourd'hui un lieu de réflexion et un vivier pour envisager les problématiques militaires de demain. Situé au sein de l'Ecole militaire, il regroupe des experts venus d'horizons différents qui réfléchissent au monde de demain en étudiant les transformations d'aujourd'hui. En soutenant de nombreux projets de recherche et en faisant le maximum pour sensibiliser le public aux questions militaires, il maintient l'idée d'une pensée stratégie militaire française vivace et dynamique, sensible notamment aux questions liées à transition écologique et au rapport aux nouvelles technologies. En confrontant les points de vue et en favorisant au maximum les échanges entre spécialistes, le CSFRS fait tout pour respecter le cahier des charges fixé à celui qui en a été indirectement à l'origine et en est désormais le président.

I. Contextualisation de l’organisme de la pensée stratégique

Existante mais dispersée au sein de divers organismes, la pensée stratégique peinait à être unie et à avoir une véritable identité. Dans un monde en mutation, où beaucoup d'Etats ont des orientations claires, belliqueuses ou non, et établies depuis le sommet de la gouvernance politique, la France se devait de procéder à une organisation structurée.

A. Le rapport Bauer : l'indispensable création du CSFRS

Les nombreuses mutations de conflits à la suite de la guerre froide ont démontré le retard de la pensée stratégique française, et il y avait donc la nécessité de promouvoir une nouvelle façon d'appréhender le domaine. C’est pourquoi, en 2007, le président de la République, Nicolas

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Sarkozy, et son Premier ministre, François Fillon, ont émis une lettre de mission17 vers l’actuel président du CSFRS, Alain Bauer18, afin d’étudier le rapprochement des missions et

le fonctionnement de différents organismes de recherche, de formation et d’analyse des questions de sécurité et de stratégies tels que l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) et l'Institut d'études et de recherche pour la sécurité des entreprises (IERSE). Outre la création de passerelles entre ces entités, était également évoquée la possibilité de création d’un conseil de sécurité nationale. Le lancement du nouveau livre blanc à cette époque permet quant à lui de mettre en avant la cohérence de la démarche pour répondre aux nouvelles menaces, tout en permettant d’anticiper celles du futur. C’est donc le passage de « la défense globale à la sécurité globale »19.

Alain Bauer présente donc le rapport pour le président de la République, remis le 20 mars 2008, dans les cahiers de la sécurité20. Dans ce rapport, après la présentation des « principes et

orientations majeurs », trois thèmes principaux sont mis en avant : « les défis et acquis du début du XXIe siècle », « Déceler-Etudier-Former : créer l’outil nouveau », et « à nouvelle ambition, une nouvelle institution ». Le travail insiste sur la nécessité de créer un organisme capable de mutualiser les énergies et moyens pour faciliter l’accès à la recherche et le développement de la diffusion de la pensée stratégique française – l'objectif étant de susciter une recherche pertinente et dynamique. Il propose alors la création d’un conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégiques afin de mettre fin à « l’atomisation qui prévaut […] en matière de réflexion et de recherche dans les questions stratégiques de défense et de sécurité »21.

Autrement dit, le rapport veut mettre fin à la potentielle cacophonie que pourrait entraîner l'existence d'un trop grand nombre d'organismes, dont les préconisations ne vont pas toujours dans le même sens, pour que le cap puisse être clairement défini. Une idée simple, qui sera acceptée par l'exécutif et exécutée dès l'année suivante. A la suite de la mission sur la recherche et la formation sur le domaine de la stratégie, les mesures entraîneront la création du CSFRS en novembre 2009. Ministères, entreprises privées et établissements

17 BAUER Alain, « Déceler-Etudier-Former : une voie nouvelle pour la recherche stratégique », Les cahiers de la

sécurité, supplément n°4, avril-juin 2008, p 7.

18 Le criminologue Alain Bauer était, en 2007, président du Conseil d’orientation observatoire national de la

délinquance

19 BAUER Alain, « Déceler-Etudier-Former : une voie nouvelle pour la recherche stratégique », Les cahiers de la

sécurité, supplément n°4, avril-juin 2008, p 12.

20 ibidem 21 Ibidem, p.37

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d’enseignement, de formation et de recherche sont ainsi réunis sous la forme d’un groupement d’intérêt public.

B. L’Ecole militaire, le lieu de la pensée stratégique française ?

Le conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégique se situe au sein de l’Ecole militaire de Paris. Sur place, il est entouré d’autres organismes de formation et de recherche tels que l'INHESJ, l'IHEDN, ou encore la Direction de l’enseignement militaire stratégique (DEMS).

L’Ecole militaire est encore aujourd'hui étroitement associée à l’affaire Dreyfus, puisque c'est là, dans la cour d'honneur, que l'officier a été dégradé en 1895, et là aussi qu'une cérémonie d'hommage solennel a été organisée en présence du chef de l'Etat, Jacques Chirac, en 2006. Mais l’histoire de cette école remonte aux abords des années 1750, lorsque le roi Louis XV décide de fonder une institution destinée à l’instruction de cinq cents jeunes avec l’édit de janvier 1751. Un lieu devait être construit pour répondre au besoin de cette instruction. C’est en 1780 que se terminent les travaux de l’Ecole militaire, qui sera fermée sept ans plus tard. Celle-ci sera est rouverte en 1878, avec pour mission l’enseignement via l’école supérieure de guerre, où elle accueillera aussi le centre des hautes études militaires en 1911.

Aujourd’hui, l’Ecole militaire accueille une pluralité d’organismes de recherche et de formation de haut niveau, et on y trouve à la fois des organismes de l’enseignement militaire supérieur, des instituts nationaux ou des centres de formation et de recherche. En effet, en plus du CSFRS, l’école accueille aujourd’hui le Centre des hautes études militaire (CHEM), l’école de guerre, l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire (IRSEM), le Centre de doctrine et d’enseignement du commandement (CDEC), le Centre interarmées de concepts, doctrines et expérimentations (CICDE) mais aussi l’IHEDN et l’INHESJ. Elle est donc un lieu clé sur le plan géostratégique.

La question de la consécration d’un lieu représentant la pensée stratégique française s’est posée en 2011 dans un rapport d’information, afin de donner une « visibilité à la pensée

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15

stratégique française »22. Du fait de la configuration du lieu, les nombreux organismes et institutions ayant pour but la recherche et la formation, notamment dans le domaine de la stratégie, ont officieusement fait de l’Ecole militaire l'endroit incarnant la pensée stratégique française. Une situation qui n'est pas sans rappeler le Wilton Park, agence exécutive du ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, devenue un forum mondial de discussion stratégique. On peut également tracer un parallèle avec un organisme présent aux Etats Unis, l’Institute for National Strategic Studies (INSS). Celui-ci, basé au National Defense University (Washington), émet et diffuse des analyses destinées aux dirigeants du pays. L’école militaire pourrait donc, selon le rapport de 2011, accueillir des conférences ainsi que des chercheurs travaillant dans le domaine de la pensée stratégique française. Cette situation s'est matérialisée par la suite, et de nombreuses conférences sont aujourd'hui organisées tout au long de l’année par les différents instituts relatifs à la défense et à la sécurité au sein des neuf amphithéâtres dont dispose le site. Un exemple montre bien le dynamisme de l'Ecole militaire : chaque année, le CSFRS y réunit environ 600 auditeurs, nationaux et internationaux lors des Assises stratégiques.

La nécessité d’un rapprochement physique entre les différents organismes sur le campus de l’Ecole militaire était déjà préconisée en 2009 :

« Le site de l’Ecole Militaire pourrait devenir le centre intellectuel et névralgique de la pensée stratégique de sécurité en rassemblant les structures de formation, les centres de documentation, et les services de diffusion et de valorisation de notre réflexion. Ce lieu doit également être le point de passage obligé de la recherche dans ce domaine. Un véritable campus dédié aux problèmes de défense et de sécurité doit être créé afin de réunir toutes les infrastructures qui concourent à l’épanouissement de la pensée, de la recherche et de la libre expression en matière stratégique. »23 Telles étaient les projections effectuées par Alain Bauer il y a dix ans.

Le siège du CSFRS, ainsi que d’autres organismes de formation et de recherche dans le domaine de la défense et de la sécurité, ont donc un intérêt particulier à se situer au sein même de l’Ecole militaire de Paris. Au-delà de leur localisation géographique, les différents acteurs de la stratégie française collaborent également sur divers projets destinés à toucher une variété

22

PICCHIA (del) Robert, « La fonction « anticipation stratégique » : quel renforcement depuis le Livre blanc ? » Rapport d'information n° 585 (2010-2011), fait au nom de la commission des affaires étrangères et de la défense, Paris, déposé le 8 juin 2011, p. 67

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16

de publics, récompensant notamment chercheurs et étudiants, proposant des activés de formation et relayant les divers travaux touchant à l'actualité de la vie militaire.

II. Une mission générale de développement de la réflexion stratégique

Le CSFRS a pour objet « le soutien, la coordination et l'animation des efforts développés en matière de recherche stratégique et de formation dans les domaines de la sécurité et de la défense de façon à permettre l'élaboration et l'actualisation d'instruments de référence de niveau international »24. Pour répondre à son objet, il lui a fallu préciser ses objectifs (A) puis développer ses activités (B) pour y répondre.

A. Des objectifs multiples pour un résultat unique

Le CSFRS vise à mutualiser les énergies et les moyens pour les chercheurs afin qu’ils puissent accéder plus facilement aux financements. Au-delà du soutien financier, le conseil a vocation, non pas à monopoliser ou uniformiser la recherche, mais a permettre de les développer dans les meilleures conditions, en dynamisant et fédérant les intervenants publics et privés.

1. Fédérer l’ensemble des acteurs

Le CSFRS regroupe une pluralité particulière de membres : des représentants de l'Etat (Premier ministre, Ministère de l’Europe et des affaires étrangères, Ministère des Armées, Ministère de l’Intérieur, Ministère de l’Économie et des Finances, Ministère de la Transition écologique et solidaire, Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Ministère des Solidarités et de la Santé), des organes de formation et recherche

24 Arrêté du 5 novembre 2014 portant approbation de la modification et du renouvellement de la convention

constitutive du groupement d'intérêt public dénommé « Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégiques », JORF n°0258 du 7 novembre 2014, page 18782, texte n° 11.

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(IHEDN, INHESJ, Université de Technologie de Troyes (UTT), le Centre national de recherche scientifique (CNRS)), mais aussi des entreprises (EDF, Total, RATP, Renault, Veolia environnement, Safran, La Poste, SNCF, Airbus Group). Ces membres « participent aux instances dirigeantes. Ils assurent le financement des activités par des contributions annuelles. Ce financement assure au CSFRS la continuité de ses activités »25.

L’objectif est ici de favoriser la mutualisation intellectuelle matérielle et financière des études non confidentielles, tout en coordonnant et orientant les nombreuses formations proposées au public. Le rapprochement des laboratoires « d’idées mais aussi des praticiens est ainsi

nécessaire afin de pouvoir se préparer aux évolutions futures.

Le conseil scientifique du CSFRS est composé d'un président et de onze vice-présidents, chacun représentant une section dédiée à un pan de l'action des décideurs français. Les spécialistes, dont les fonctions variées offrent différentes perspectives de l'action à mener (chercheurs, préfets, économistes, professeurs…), ont pour fonction de cerner les enjeux à court et long terme et suggérer les approches pour les traiter au mieux. Les sections abordent la géopolitique, les politiques publiques, les nouvelles criminalités, le développement durable, la gestion des catastrophes, le développement technologique, la santé et la régulation économique. Une recherche stratégique multiple et complexe, où se mêlent la prévention et résolution de crises et l'accompagnement de mutations sociétales et internationales. L'ancrage de ses représentants dans le réel et leur capacité à imaginer le monde de demain est ainsi décisif pour anticiper des problématiques de moins en moins cloisonnées – les nouvelles technologies pouvant par exemple être des aides sur le plan économique comme des menaces sur le plan de la sécurité.

2. Dynamiser la formation et la recherche

Le conseil représente un soutien de la recherche et de la formation avec les appels à projets afin de diffuser mais surtout, dans ce cadre, valoriser la formation et la culture stratégique. De l’ordre d’environ 800 000 euros par an, le soutien pour la recherche est une véritable opportunité dans le domaine de la stratégie française.

25 « Les membres du CSFRS », csfrs.fr, URL:

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18

Les appels à projets s’adressent aux chercheurs qui appartiennent à un « organisme de recherche privé ou public, à une fondation, à une association reconnue d’utilité publique ou encore à un groupement européen de coopération territoriale »26. Ces appels peuvent être d’une nature thématique, ce qui permet aux chercheurs de répondre aux orientations que le conseil scientifique du CSFRS fixe, mais également non-thématiques, permettant ainsi aux chercheurs d’émettre une candidature tout en répondant aux objectifs privilégiant la réflexion stratégique de manière innovante, pluridisciplinaire ou prospective.

Avec une pré-sélection des projets, une évaluation est conduite par deux à trois experts indépendants sur les domaines étudiés. L’anonymat conservé, c’est au moment de la sélection finale que sont dévoilés les noms des chercheurs et des organismes participants. Les projets avec les évaluations des experts sont d’abord présentés à un comité de financement évaluant ainsi l’intérêt, le coût ainsi que la durée, pour ensuite être soumis à l’approbation du conseil d’administration.

Après cette sélection, des comités de pilotage sont mis en place pour chaque projet soutenu afin de faire un point sur l’avancée de l’étude et de se mettre en accord sur la position que prend le projet. Un calendrier décrivant les étapes du projet doit être remis pour pouvoir continuer à obtenir les subventions du CSFRS, d’une durée allant de neuf à trente-six mois. L’évaluation est périodique et le président du conseil scientifique donne un avis sur la conformité des projets avec la politique scientifique du groupement.

La participation du CSFRS aux projets de recherche va donc au-delà de l’aspect financier. Le suivi se fait par la négociation des lignes directrices de recherche, de la participation d’experts indépendants au CSFRS pouvant donner leurs impressions, leurs avis, leurs souhaits ou leurs connaissances sur le domaine. Le soutien aux projets de recherche est donc un véritable investissement, qu’il soit financier ou dans la supervision.

L’objectif de ces financements est de participer à la diffusion de la pensée stratégique française, en plus de promouvoir la recherche et la formation dans le domaine de la stratégie.

3. Diffuser la pensée stratégique

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Le CSFRS a pour objectif de faire connaitre la pensée stratégique française sur le territoire national mais aussi à l’international à travers la diffusion des résultats de recherche, l’organisation de colloques ou de séminaires nationaux ou internationaux mais aussi le soutien dans l’édition et la traduction de ces projets. De l’ordre d’environ une conférence mensuelle, l’établissement d’intérêt public permet aux chercheurs de mettre en avant leurs travaux sur le domaine de la stratégie, que les recherches aient été soutenue par le CSFRS ou non.

Avec sa palette d’outils de diffusion, ce dernier encourage la pensée stratégique française. En effet, l’utilisation des médias sociaux permet « l’interaction et l’échange d’information, d’opinions, de photos, de vidéos etc. »27. C’est dans cet objectif que le CSFRS a décidé de

mettre en place le site de Géostratégia28 qu’il considère comme « le portail de la réflexion sur les questions stratégiques ». Ce portail spécialisé reflète une véritable diversité de la stratégie tout en facilitant l’accès aux travaux de réflexions. La diffusion des articles des partenaires, d’entretiens appelés « les grands entretiens » sur des thèmes d’actualité stratégique et d’un annuaire unique de la communauté stratégique semble être le moyen le plus approprié pour répondre aux objectifs qui ont été fixés pour le Conseil. De plus, avec une trentaine d’éditos par an, la lettre d'information permet de mettre en avant tant le CSFRS que ses partenaires.

Afin de démontrer que les objectifs sont véritablement atteints voire dépassés dans certains domaines, un bilan des activités du CSFRS pour cette dernière année est un des meilleurs moyens de procéder à une analyste la plus juste possible.

B. Bilan des activités pluridisciplinaires

L’activité du CSFRS durant l’année 2018-2019 a été relativement élevée. Entre les projets de recherche, les assises, le site géostratégia etc… Un bilan peut permettre de mettre en évidence l’implication de CSFRS dans la stratégie française et ce, sur de nombreux plans.

1. La recherche

27 SAINT-ANTOINE Pierre, « Communication de crise : savoir identifier une crise et y faire face », Conférence

Infopresse, Montréal, 17 mars 2010

(21)

20

a. Les projets soutenus

Depuis sa création en 2009, le CSFRS a engagé plus de 3 millions d’euros dans le financement d’une soixantaine de projets. Neuf sont actuellement en cours et trois se sont terminés entre septembre 2018 et septembre 2019.

Le travail sur « la dimension stratégique de la transition énergétique : Défis et réponses pour la France, l’Allemagne et l’Union européenne (UE) » de Carole Mathieu et Marc-Antoine Eyl-Mazzega, chercheurs à l’Institut français des relations internationales (IFRI) s’est terminé en avril 2019. Quant au rapport Etude OBOR : « La France face aux nouvelles routes de la soie chinoises »29 de John Seaman, Céline Pajon, Isabelle Saint-Mézard et Tatiana Kastouéva-Jean, chercheurs a l’IFRI et le projet « Brexit, Electricity and the No-Deal Scenario Perspectives from Continental Europe, Ireland and the UK »30 de Carole Mathieu, Paul Deane

et Steve Pye, aussi chercheurs à l’IFRI, ils se sont achevés en octobre 2018.

Les projets en cours sont sur des domaines bien différents les uns et des autres, démontrant ainsi la diversité des recherches et des acteurs marquant la pensée stratégique française :

- L’ISRD3 : « Enquête internationale de délinquance auto-déclarée »31 avec Sciences po Grenoble

- START’EGIE : « Les implications stratégiques des startups innovantes »32 avec l’Agoranow

- CRISSIS : « Caractérisation des risques de submersion sur des sites sensibles »33 avec le CNRS

- BOCS : « Baromètre opératoire de cohésion sociale »34 avec Plein sens

- IPEV : « International Panel on exiting violence »35 avec la Fondation maison des sciences de l’homme

29 « Projet ENERGEO 5 : La France face aux nouvelles routes de la soie chinoises », csfrs.fr, URL :

https://www.csfrs.fr/sites/default/files/base/ekman_china_belt_road_world_2019.pdf, consulté le 25 août 2019

30 « Projet OBOR : Brexit, Electricity and the No-Deal Scenario Perspectives from Continental Europe, Ireland

and the UK », csfrs.fr, URL:

https://www.csfrs.fr/sites/default/files/base/Mathieu_Deane_Pye_Brexit_2018.pdf, consulté le 25 août 2019

31 « Projet ISRD3 », csfrs.fr, URL: https://www.csfrs.fr/node/161. Consulté le 25 août 2019.

32 « Projet START'EGIE », csfrs.fr, URL: https://www.csfrs.fr/recherche/projets-en-cours/startegie. Consulté

le 25 août 2019

33 « Projet CRISSIS », csfrs.fr, URL: https://www.csfrs.fr/recherche/projets-en-cours/crissis. Consulté le 25

août 2019.

34 « Projet BOCS », csfrs.fr, URL: https://www.csfrs.fr/node/164. Consulté le 25 août 2019.

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- ECCAM : « Eau et atténuation du changement climatique »36 avec la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS)

- EFCSE : « Enjeux pour la France pour la définition d’une composante spatiale dans le cadre du Fonds européen de défense pour une politique de sécurité européenne »37 avec le FRS

- PREVENT 2030 : « Etude prospective des phénomènes d’extrémisme(s) violent(s) dans les entreprises à l’horizon 2030 »38 avec l’Université de Toulouse Jean Jaurès

- SANCTUM : « Système d'anticipation de crise basé sur un traitement uchronique modélisable »39 avec le Ministère de la Transition écologique et solidaire

Pour le CSFRS, la participation à la recherche dans le domaine de la stratégie n’est pas uniquement composée de financement durant les projets. Des prix sont décernés à de jeunes chercheurs.

b. La remise de prix pour la recherche

Le prix de la réflexion stratégique40 du CSFRS est destiné à promouvoir la réflexion sur les

questions stratégiques prospectives. Il vise à récompenser deux mémoires de recherche s’appuyant sur des approches prospectives nouvelles ou croisant plusieurs disciplines de recherche en liaison avec ces thématiques : Défense & sécurité, Géopolitique, Pensées stratégiques, Sociétés, Cultures & savoirs. Le jury est composé de neuf membres et comprend le président du CSFRS (Alain Bauer), son directeur général (Olivier Caron) et six représentants du Conseil Scientifique ou des instituts de formation et des entreprises membres du CSFRS. Le Président du jury est une personnalité qualifiée extérieure au CSFRS. Une récompense de 7 000 euros est offerte au premier prix et de 3 000 euros au second prix.

36 « Projet ECCAM », csfrs.fr, URL: https://www.csfrs.fr/recherche/projets-en-cours/eccam. Consulté le 25

août 2019.

37 « Projet EFCSE », csfrs.fr, URL: https://www.csfrs.fr/node/167. Consulté le 25 août 2019.

38 « Projet PREVENT 2030 », csfrs.fr, URL: https://www.csfrs.fr/recherche/projets-en-cours/prevent-2030.

Consulté le 25 août 2019.

39 « Projet SANCTUM », csfrs.fr, URL: https://www.csfrs.fr/recherche/projets-en-cours/sanctum. Consulté le

25 août 2019.

40 « Règlement du prix de la réflexion stratégique 2018 », csfrs.fr, URL :

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Pour 2018, les lauréats sont M. Thibaut Alchus, dans le cadre de son Master 2 Histoire militaire comparée, géostratégie, défense & sécurité, pour son mémoire sur « L’adaptation de l’OTAN aux menaces de "guerre hybride" russes » dans la catégorie défense & sécurité et Mme Juliette Faure, dans le cadre de son Master Science politique spécialisé en théorie politique à l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Paris, pour son mémoire sur « L’idée de tradition au cœur de la politique du régime russe contemporain, une stratégie d’influence et de puissance mise au défi de l’impératif de modernisation » dans la catégorie géopolitique. Un autre type d’événement est co-organisé par le CSFRS, The House of Rising Stars et les jeunes-IHEDN : le concours « Rising Generation », dont la troisième édition s'est déroulée en juin 2019. Dix jeunes candidats venaient y défendre leur projet sur scène dans deux catégories distinctes : « Vision du monde », où une interprétation du monde, des sociétés et de leurs enjeux doit être présentée avec une approche prospective, et « Projet innovant », où les candidats doivent exposer un projet à même de répondre à un ou plusieurs besoins de la société future. Les quatre meilleurs projets sont récompensés, avec une dotation de 5 000 euros répartie entre les lauréats. C’est donc un moyen pour les jeunes générations de mettre en avant leur vision, leurs idées et leurs projets.

2. « Questions stratégiques »41, le MOOC de la stratégie

Depuis 2015, le CSFRS forme le public qui le souhaite aux questions stratégiques via un module internet.

Ces cours en ligne, mis en place en partenariat avec le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), sont accessibles à tous et gratuitement. Leur objectif est de permettre aux inscrits de faire des analyses de situation et de décision stratégiques à l’aide d’une mise en évidence de facteurs déterminants, tout en poussant leur sensibilité aux questions stratégiques. En s’appuyant sur des cas concrets, une réflexion peut en effet être plus facilement menée sur le champ des questions stratégiques et ainsi mettre en perspective des notions pouvant paraitre

41 CNAM, CSFRS, « Questions stratégiques : comprendre et décider dans un monde en mutation », Fun MOOC,

17 septembre 2018 - 28 octobre 2018, URL: https://www.fun-mooc.fr/courses/course-v1:CNAM+01038+session01/about#. Consulté le 3 septembre 2019.

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trop théoriques. Cela permet d’avoir une meilleure compréhension des enjeux de notre société, via des situations profondément ancrées dans le réel.

Les derniers cours se sont déroulés sur six semaines entre septembre et octobre 2018 et ils ont mobilisé environ 10 000 inscrits et une trentaine de personnalités spécialisées dans les questions stratégiques. Le forum du MOOC permet, en plus des cours dispensés, l’échange entre les inscrits – novices ou non – et les spécialistes, en plus du rendez-vous hebdomadaire des spécialistes en direct pour répondre aux diverses questions. «

Un concours avait été organisé : le « prix MOOC "questions stratégiques" », avec plus de 2 000 euros de prix et trois lauréats pour l’année 2018.

Ce MOOC est aujourd’hui complémentaire avec les MOOC des « Cours de stratégie de l’école de guerre »42 en partenariat avec l’Université Paris sciences et lettres et l’Ecole

pratique des hautes études. La mise en place de cours en ligne, accessible à tous, fait partie de la branche de la formation du CSFRS sur le domaine de la stratégie. Pour novembre 2019, un second MOOC est d’ailleurs prévu sur le sujet du terrorisme.

3. Les Assises Nationales de la Recherche Stratégique

Les Assises du CSFRS sont un événement annuel regroupant une dizaine d’experts sur le thème choisi lors d’une journée entière. Cette année, le thème des Assises était « les Dissuasions » :

Le fait de dissuader, c’est plutôt prévenir que gagner la guerre. Cette notion ancienne de l’ère nucléaire est devenue incontournable dans les analyses stratégiques. Sans prendre en compte cette problématique du nucléaire, il est difficile d’appréhender les conflits actuels et d'en tirer une analyse stratégique correcte. Les Assises se sont donc interrogées sur la manière de réarticuler la dissuasion nucléaire dans le contexte stratégique actuel.

Avec plus de 1 400 inscrits, l’actualité du sujet et les intervenants choisis ont permis de répondre aux attentes du public, qu’il soit composé de professionnels ou d’étudiants, sur la

42 EPHE, « Cours de stratégie de l'École de Guerre (Partie I) », Fun MOOC, 30 septembre 2019-9 décembre

2019, URL: https://www.fun-mooc.fr/courses/course-v1:EPHE+126003+session02/about. Consulté le 3 septembre 2019

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question des dissuasions. De nombreux habitués des rendez-vous de la réflexion stratégique ont répondu présents pour cette IXe édition.

Un partenariat avait été fait avec l’Union-IHEDN. Un hors-série43 de la revue Défense sur ces

Assises est alors sorti à cette occasion et a été offert au public.

4. Les rendez-vous de la réflexion stratégique

Sept conférences44 ont été organisées depuis octobre 2018 sur des thèmes bien différents mais touchant tous aux questions stratégiques. Ces »rendez-vous sont pour la plupart liés à des

études soutenues par le CSFRS ou en lien avec les articles de Géostratégia afin de nourrir les réflexions stratégiques sur les domaines touchés.

- Le 3 octobre 2018, « la dimension stratégique de la transition énergétique »

Cette conférence a permis de mettre en avant le projet « ENERGEO » d’une équipe de l’IFRI, soutenu par le CSFRS. Il s’agissait ici de découvrir les enjeux stratégiques, les défis posés par la transition énergétique ainsi que les rivalités entre les Etats et les acteurs économiques pour définir la ligne à suivre.

Les invités de cette conférence étaient mêlaient membres de l’équipe de l’IFRI qui a travaillé sur ce projet (Marc-Antoine Eyl-Mazzega, Carole Mattieu) et experts dans les questions énergétiques comme Emmanuel Hache, Samuel Carcanague, Raphaël Danino-Perraud, Nicolas Berghmans et Mario Pain.

- Le 29 janvier 2019, « faire croire et faire douter dans le cyberespace : infos, subversion, cyber-influence » :

Cette conférence touchait à la couche sémantique, c’est-à-dire tout ce qui concerne les informations circulant dans le cyberespace. L’utilisation de la circulation d’information stratégique a pour but de faire croire ou douter, d’influencer à l’aide d’attaques. C’est ce qui est plus communément appelé les fake news, les infox etc.

43 Revue Défense, « Spécial IXe Assises CSFRS 2018 : Les Dissuasions », Hors série n°1, UNION-IHEDN,

Paris, 6 décembre 2018.

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Les invités de cette conférence étaient Olivier Kempf, expert dans les questions de stratégie cyber et digitale, François-Bernard Huyghe, spécialiste de la communication, la cyberstratégie et l’intelligence économique, et Nicolas Mazzuchi chargé de recherche à la FRS sur toutes les problématiques de cyberstratégies notamment.

- Le 26 mars 2019 : « Enjeux stratégiques autour de l'Océanie » :

Cette conférence, en partenariat avec l’Université Grenoble Alpes, a mis en avant les divers enjeux liés autour de l’Océanie, laquelle se situe dans un contexte en pleine mutation, ainsi que sur le rôle de la France dans cette région. Elle a permis notamment de faire un bilan sur le projet de recherche relatif aux stratégies de la France dans le Pacifique sud face aux changements climatiques et son positionnement sur de nombreux points (militaire, économique, diplomatique) avec des invités comme Sabine Lavorel de l’Université Grenoble-Alpes, Sabine Lavorel et Jean-Philippe Giraud, qui représentent l’ANAJ-IHEDN, et Marianne Péron-Doise de l’IRSEM.

- Le 16 avril 2019 « Les nouvelles formes de la puissance »

La notion de « puissance » est utilisée partout dans le monde, mais elle a pourtant plusieurs définitions, plusieurs sens. Cette conférence a eu lieu afin de montrer que le terme peut prendre plusieurs formes, d'autant plus avec les nombreuses mutations et les déstabilisations des puissances d’hier ou d’aujourd’hui – d’où la problématique de la nouveauté. Cette conférence a permis à Pierre Buhler, auteur de « La puissance au XXIe siècle », Thierry Garcin, auteur de « La fragmentation du monde. La puissance dans les relations internationales », et Ivan Sand, doctorant en géographie à l'université Paris-Sorbonne travaillant sur la « géopolitique de la projection aérienne des armées françaises depuis 1945 », d’en débattre.

- Le 14 mai 2019 : « Art et guerre »

La problématique de cette conférence était de savoir si l’art était une question stratégique. A l’aide notamment d’extraits de films et de poèmes, des éclairages et regards croisés ont été apportés par plusieurs experts : un stratège c’est-à-dire celui qui conduit la stratégie à son terme(Régis Passerieux), un stratégiste c’est-à-dire celui qui dresse les plans, analyse et synthétise (Frédéric Ramel), un artiste (Jean-Yves Jouannais) et un amateur d’art (Marion Mechali).

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- Le 18 juin 2019 « Quelles politiques énergétiques et climatiques pour l’UE en 2050 ? »

A l’aide des conclusions de l’étude ENERGEO sur « la dimension stratégique de la transition énergétique », soutenue par le CSFRS, il était question d’aborder la détermination des objectifs de dé-carbonisation pour 2030 et la hausse de ces objectifs d’ici 2050 afin de répondre aux défis de la transition énergétique en prenant en compte les nombreux défis que l’UE devra appréhender.

- Le 2 juillet 2019 : « les nouvelles routes de la soie chinoises en 2019 et après : quelle viabilité économique et géostratégique ? »

L'avenir du projet chinois doit faire face aux nombreux questionnements puisqu’il émerge dans un contexte de tensions renforcées entre la Chine et les Etats-Unis, notamment avec les questions technologiques, institutionnelles et conceptuelles.

L'IFRI, avec Alice Ekman Françoise Nicolas, Céline Pajon et John Seaman, est donc revenu sur les évolutions des nouvelles routes de la soie chinoises depuis les deux études collectives soutenues par le CSFRS, avec Agatha Kratz, directrice associée chez Rodhium Group.

5. Les Grands Entretiens

Depuis juin 2018, le CSFRS organise des entretiens sur des thématiques précises. Ces entretiens mensuels sont filmés et mis en ligne sur YouTube45 afin de développer la réflexion sur les questions stratégiques :

- « Le Moyen-Orient comme système » avec Henry Laurens

Un véritable jeu pluri centenaires d'implications et d'ingérences est présent entre les différents acteurs stratégiques, présents ou non, locaux, régionaux et internationaux au Moyen-Orient. C’est ce qu’Henry Laurens évoque dans ce grand entretien.

- « La France face aux nouvelles routes de la soie chinoises » avec Alice Ekman.

45 CSFRS / GEOSTRATEGIA, vidéos « Grands Entretiens », Youtube, URL:

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Membre de l’IFRI, Alice Ekman aborde la problématique française face aux Nouvelles routes de la soie chinoises et présente les principaux résultats de cette étude aidée par le CSFRS. Elle souligne la dimension globale et évolutive de ce projet regroupant à la fois un volet matériel et immatériel et qui s'avère, pour Pékin, un véritable élément du changement de la mondialisation. L’ensemble des aspects du projet chinois doivent être pris en compte dans l'analyse.

- « Appuyer la réflexion stratégique : le Centre de Documentation de l’École Militaire (CDEM) » avec Frank Smith

Le directeur du CDEM, Frank Smith, aborde non seulement l’importance que ce centre a dans le domaine stratégique, mais aussi dans la formation des cadres et militaires. Le CDEM est un lieu unique en son genre, regroupant des ouvrages nationaux et internationaux en lien avec les questions stratégiques d’aujourd’hui.

- « Prévenir et sortir de la violence ! » avec Michel Wieviorka

Sociologue, Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et président de la Fondation de la maison des Sciences de l’Homme, Michel Wieviorka met en avant des questions de portée stratégique pour l’avenir des sociétés, notamment sur les questions de violence.

- « Les dimensions stratégiques de la transition énergétique » avec Marc-Antoine Eyl-Mazzega

Directeur du centre Énergie de l'IFRI (Institut français des relations internationales), Marc-Antoine Eyl-Mazzega tire les leçons de l'étude ENERGEO. Celle-ci, qui a bénéficié du soutien du CSFRS, aborde toutes les problématiques de la transition énergétique. Le rôle de l'Etat et du marché bien évidemment, avec le bouleversement des équilibres géopolitiques et les actions de coopération qui peuvent être mises en place, mais aussi les cas précis du gaz, du nucléaire, des métaux critiques et des risques liés aux interconnexion des réseaux électriques.

- « Leçons des guerres d'aujourd'hui pour les guerres de demain » avec Vincent Desportes

Ancien directeur de l’École de Guerre, enseignant en stratégie et historien, le Général Vincent Desportes compare les guerres d'hier et d'aujourd'hui pour savoir ce qu'elles seront demain. Ses conclusions sont les suivantes : si elles présentent aujourd'hui de nombreuses formes et

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sont plus présentes qu'autrefois dans la vie quotidienne des gens, leur nature profonde n'a finalement que très peu évolué.

- « Le soft power américain : séduction et manipulation » avec François-Bernard Huyghe

François-Bernard Huyghe, médiologue, directeur de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et docteur en Sciences Politiques, met en lumière la manière dont les Etats-Unis influencent le monde. Spécialiste de la communication, de la cyberstratégie et de l’intelligence économique, il montre les méthodes utilisées pour manipuler et séduire le reste du monde et continuer à le dominer… mais aussi les limites de cette stratégie de soft power. Des forces et faiblesses qu'il compare à ce qui est fait en Europe, en Russie et en Chine.

- « Enjeux et défis du renseignement et de la lutte contre le terrorisme » avec Pierre De Bousquet de Florian

Coordonnateur du Renseignement et de la Lutte contre le Terrorisme, le préfet Pierre De Bousquet de Florian détaille la manière dont le renseignement peut permettre de lutter contre les menaces terroristes et les défis du futur.

- « Le cyberespace : réalités stratégiques » avec Nicolas Mazzucchi

Chargé de recherche sur les questions de cyber-stratégie à la FRS, Nicolas Mazzucchi explique les problématiques méconnues du cyberespace, un domaine où les rapports de puissance se dessinent de façon multiples et mouvantes.

- « L'intelligence artificielle : enjeux géopolitiques et stratégiques » avec Charles Thibout

Chercheur à l'IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques) et enseignant, spécialiste des technologies émergentes et de l’Intelligence Artificielle, Charles Thibout lève le voile sur l'IA. Son rôle dans la lutte d'influence que se mènent la Chine et les Etats-Unis, son impact économique et social, son développement en France et en Europe mais aussi l'explication de ce que sont les SALA (Systèmes d’Armes Létaux Autonomes). En s'intéressant à l'origine de l'IA, sa portée et sa nature intrinsèque, il en tire des conclusions sur ses enjeux stratégiques et géopolitiques.

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- « La démographie : dimensions prospectives, géopolitiques et stratégiques » avec Gérard-François Dumont

Géographe, économiste, démographe, recteur et professeur à l’Université de la Sorbonne-Paris IV, Gérard-François Dumont dresse un parallèle entre l'étude démographique et la géopolitique à l'échelle nationale comme internationale. Via l'étude des dynamiques de populations, il analyse la transformation des dynamiques internationales et son influence sur les équilibres stratégiques.

- « Puissance et culture stratégiques américaine : genèse, défis, perspectives » avec François David

Historien, politiste et professeur en sciences politiques spécialiste de la question américaine, François David analyse la puissance des Etats-Unis et surtout la dichotomie entre deux formes de stratégies opposées : interventionnisme et isolationnisme. Des méthodes où s'entrechoquent un idéalisme difficilement tenable et un real-cynisme aux conséquences majeures à l'échelle mondiale. Il explique les idées derrière les choix stratégiques actuels et les défis du futur.

6. Géostratégia, le portail de la réflexion sur les questions stratégiques

Le lancement de Géostratégia remonte à juin 2017. L’agora stratégique 2.0 du CSFRS est dédiée à la réflexion stratégique. Cette année, il y a eu trente-deux éditos, avec quatre à neuf articles proposés en libre accès, signés du CSFRS et de ses partenaires. Les articles relayés sont choisis de manière stratégique en fonction de l’actualité relevant de la sécurité, de la défense, de la géopolitique etc. La newsletter est reçue par 18 000 abonnés environ, alors même que le site n’a que deux ans. Les visites sur ce dernier sont de l’ordre de 80 000 à 90 000 par an.

La plate-forme est donc alimentée par des articles relevant de la pensée stratégique française, de la part des nombreux partenaires depuis sa création : Asia centre, le Centre d’étude stratégique de la marine (CESM), le CDEM, le Centre des hautes études du Ministère de l'Intérieur (CHEMI), le CHEM, l’Ecole de guerre, la Chaire défense & aérospatiale, la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM et centre Franco-paix, le Centre études réserves et partenariats de l’armée de l’air (CERPA), le laboratoire de Croyance, Histoire, Espace, Régulation

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Politique et Administrative (CHERPA), la revue Conflits, le CNAM, l’European Council on Foreign Relations (ECFR), l’encyclopédie de l’énergie, la FRS, Futuribles, l’INHESJ, l’IHEDN, l’Institut indépendant de recherche sur les politiques et plateforme de dialogue multi-acteurs (IDDRI), l’IFRI, l’IRIS, l’IRSEM, l’Association des auditeurs et cadres des hautes études de l'armement – Institut des hautes études de défenses nationale (AACHEAr-IHEDN), les jeunes-IHEDN, la fondation Robert Schuman, la Vigie, le Centre de recherche de l'école des officiers de la gendarmerie nationale (CREOGN), les cahiers de l’Orient, la Revue de défense nationale (RDN), la revue sécurité globale, Synopia (think tank indépendant, observatoire des gouvernances), l’Union-IHEDN et l’UTT.

En conclusion, le CSFRS est un groupement d’intérêt public qui va au-delà du simple terme. Ses objectifs et les moyens qu’il utilise sont véritablement des intérêts en relation à la pensée stratégique française pour le public. Ses nombreuses activités démontrent une coordination indispensable et une volonté forte de toucher le plus de public possible, sans distinction générationnelle. Il est maintenant essentiel de montrer en quoi le CSFRS est nécessaire pour guider et pousser la réflexion stratégique, en tant que fédérateur et diffuseur de cette dernière.

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Chapitre 2 : Le CSFRS, entre fédération et transmission

Ouvert sur le monde, le CSFRS développe des réflexions pan-européennes qui, de par l'implication de l'Etat français, assurent une vision nationale dans ces problématiques transnationales. Organe capable de coordonner les recherches, il active la participation française aux projets de recherche stratégique initiés par la communauté internationale. Un rôle central dans le développement d'une pensée stratégique de l'Hexagone, qui fait parfaitement écho à sa localisation au sein de l'Ecole militaire.

I. Le CSFRS, un organe fédérateur dépendant des autres acteurs de la réflexion stratégique

Le CSFRS n’a pas de raison d’exister sans ses partenaires et toute ses missions dépendent quasiment essentiellement de ceux-ci. Cependant, une interdépendance partenariale peut être constatée d’une part (A) et, de cette connexion entre le conseil et ses collaborateurs, s'est installée une communauté stratégique aujourd’hui bien présente (B). »

A. Une interdépendance avec ses partenaires

C’est par son statut de groupement d'intérêt public (GIP) que le conseil dépend de ses partenaires. Un rapport qui lui permet d’enrichir la réflexion stratégique tout en créant des partenariats bénéfiques pour tous.

1. Un groupement d’intérêt public, la clef de voute du CSFRS

En 1982, le statut des GIP est créé. Celui-ci est « une personne morale de droit public dotée de l'autonomie administrative et financière. Il est constitué par convention approuvée par l'Etat soit entre plusieurs personnes morales de droit public, soit entre l'une ou plusieurs

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d'entre elles et une ou plusieurs personnes morales de droit privé. Ces personnes y exercent ensemble des activités d'intérêt général à but non lucratif, en mettant en commun les moyens nécessaires à leur exercice. »46. Ils permettent donc à au moins un partenaire public et des partenaires privés de se réunir afin de mettre en commun des moyens pour la mise en œuvre de missions d’intérêt général.

Le secteur de la recherche en est uniquement à l’origine puisqu’ils ont été créés pour son seul besoin. De nombreux GIP ont été lancés, notamment dans les domaines de l’action publique, de l’environnement, la santé et la justice. Cet essor n’a pas été sans inconvénient puisque cette collaboration a en effet multiplié les régimes législatifs et réglementaires. Mais, depuis 2011, une réforme47 concernant le statut législatif des GIP a été mise en place. Et, pour la modification ou le renouvellement de la convention constitutive d’un GIP, une réforme datant de 201348 régit ce domaine, notamment sur la question de la durée d’existence du groupement.

Lors de son baptême, le 17 novembre 2009, le CSFRS avait été créé via une convention constitutive pour un délai de cinq ans. Ce délai passé, une nouvelle convention constitutive pour le renouvellement a vu le jour en 201449 par arrêté puis pour sa modification50, jusqu’au 12 novembre 2019.

Le CSFRS est constitué de nombreux acteurs publics mais aussi privés. Il comprend la direction générale implantée à l'Ecole militaire où se trouve son siège, un conseil scientifique de 126 experts et vingt-deux membres dont neuf représentants de l’Etat, quatre organismes et établissements publics, des personnes morales de droit privé exerçant, à titre principal, une activité d’enseignement, de formation ou de recherche et neuf organismes et personnes morales autres que celles déjà représentées.

La gouvernance du CSFRS est plurielle mais deux organes regroupent l’ensemble des membres du conseil : le Premier ministre étant représenté par la secrétaire générale de défense

46Loi n° 2011-525 du 17 mai 2011 de simplification et d’amélioration de la qualité du droit a institué un statut

législatif des GIP, JORF n°0115 du 18 mai 2011 page 8537, texte n° 1

47 ibidem

48 Arrêté du 23 mars 2012 pris en application de l'article 3 du décret n° 2012-91 du 26 janvier 2012 relatif aux

groupements d'intérêt public, JORF n°0073 du 25 mars 2012 page 5414, texte n° 3

49 Arrêté du 5 novembre 2014 portant approbation de la modification et du renouvellement de la convention

constitutive du groupement d'intérêt public dénommé « Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégiques », JORF n°0258 du 7 novembre 2014 page 18782, texte n° 11

50 « Convention constitutif du conseil supérieur de la formation et de la recherche scientifique », Annexe n°1

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et de sécurité nationale (SGDSN), l’assemblée générale des membres qui est alors présidée par Claire Landais et le conseil d’administration, présidé par le président du CSFRS Alain Bauer.

Le fait d’avoir une représentation de l’Etat équivalente à 50% des droits de vote démontre qu’il y a eu une volonté politique dans le choix de la promotion de la réflexion stratégique en France. Le collège des organismes de formation ne détient que 20% des droits tandis que le dernier collège détient les 30% restants.

Pourtant, en ayant cette diversité d’acteurs au sein du CSFRS, cela montre une volonté de cohésion dans la ligne de la réflexion stratégique en France. Cette diversité est d’autant plus importante puisqu’elle permet d’avoir une vision pluridisciplinaire du domaine de la stratégie et ce qui affirme la nécessité d’avoir une variété très différente d’acteurs, notamment en incluant des entreprises dans les membres du CSFRS ou encore avec les 126 experts de tous horizons qui composent le conseil scientifique.

La grande diversité des membres du CSFRS est ce qui le constitue en GIP. Sans ces nombreux membres, le CSFRS ne pourrait pas répondre à sa mission. Il permet ainsi d’éviter la dispersion des initiatives concernant la recherche et la formation et, par conséquent, le rapprochement et une solidité dans ce domaine tout en optimisant les dépenses publiques. Toutefois, le CSFRS a besoin de partenaires pour répondre à ses objectifs. Sans ces derniers, il ne pourrait ainsi pas promouvoir et étendre l’expansion de la pensée stratégique française, ce qui est l'un de ses principes fondateurs.

2. Des partenariats fructueux

Le conseil est une entité qui a besoin de partenaires dans le milieu de la stratégie. Ceux-ci, tels que le CESM ou l’IRSEM, ont tous un pied dans le domaine de la stratégie, et sont ainsi des alliés idéaux pour le GIP.

Le site Géostratégia publie des rapports, des articles ou encore des études de ses partenaires. En moyenne, chaque partenaire est publié toutes les quatre à six semaines. Cela donne une visibilité aux études mais aussi au CSFRS. De plus, les projets soutenus par le conseil sont mis en avant lors de ces publications hebdomadaires et lors des rendez-vous de la réflexion stratégique.

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