Chapitre 2 : le CSFRS entre fédération et transmission
A. Une communication très digitale
« Ce qui est stratégique, c’est […] avant tout de réformer la façon dont on pense stratégiquement, au-delà des institution, au-delà de la barrière des carrières, des parcours, des Corps, des affinités, des croyances politiques »57. Comme l’a dit Philippe Baumard, pour
penser stratégique, il faut toujours changer sa façon d'appréhender les choses. Avec la mondialisation provoquée par l'arrivée d'internet, le CSFRS a dû exploiter la toile afin de diffuser et pousser la pensée stratégique française, tout en utilisant les algorithmes des réseaux pour vulgariser cette pensée.
1. Internet au service du CSFRS
En moins de vingt ans, « le nombre d’utilisateurs d’internet est passé de quelques millions d’utilisateurs principalement basés aux Etats-Unis à près de trois milliards, dont plus de 620 millions rien qu’en Chine. L'Internet a révolutionné nos vies, bouleversé nos habitudes de travail et profondément altéré les dynamiques de pouvoir en conférant puissance, rapidité et
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ubiquité à tous ceux qui sont capables de s’approprier la technologie, pour le meilleur et pour le pire » 58. Cela en fait quasiment le premier réseau de communication aujourd’hui.
Outre les colloques et les séminaires59, le CSFRS utilise donc davantage de moyens pour vulgariser les recherches stratégiques. En partageant les études et les rapports de ses collaborateurs sur le site Géostratégia, il contribue à la diffusion de la pensée stratégique française au-delà du cadre traditionnel en vigueur lors des dernières décennies. Mais son atout communication se trouve sur internet.
Celle-ci est une fonction stratégique en elle-même. Une bonne communication « opère des déplacements de perception symbolique, des modifications de comportements, des changements de ressentis de valorisation, d’adhésion ou d’enthousiasme. »60. Avec cet
impact, elle peut ancrer « l’origine de son action dans l’étude des lieux à l’aide d’analyses documentaires, de baromètres, d’enquêtes ad hoc, de panels, de sondages. Elle adapte son action aux registres de ses interlocuteurs […] en choisissant ses destinataires et en calibrant ses productions aux modes de réception de ses cibles. Elle choisit également les registres : le mode autoritaire de la norme et de l’injonction, le mode participatif de la concertation, le mode décalé de l’interactivité ou la neutralité du mode d’emploi. »61. Ce jargon met bien en
avant la nécessité de travailler sa communication pour réussir à se développer et avoir un impact sur la perception du public.
Plus le CSFRS va utiliser de formats différents sur le web, plus il aura de chance d’avoir un impact sur le public. Il a d’abord mis en place son site officiel puis le portail géostratégia, qui n’est présent que pour le partage d’articles, notamment de partenaires, avec un accès à l’historique de ses anciennes publications. Cette fonctionnalité ressemble fortement à celle des médias sociaux comme les journaux et des blogs sur la toile – lesquels peuvent drainer un grand trafic même pour des sujets auparavant considérés comme de niche. N’ayant pas une équipe à plein temps sur la communication, elle n’est pas au maximum de ses capacités. Cependant, à l’aide de sa newsletter et de ses 16 000 abonnés, le site reçoit presque 100 000 visites par an alors même qu’il n’a que deux ans d’existence. Parallèlement à cette création, le CSFRS s’est activé sur la plate-forme YouTube, qui propose le visionnage de vidéos. A une
58 DOUZET Frédérick, « la France face aux cybermenaces », Esprits de défense, IHEDN, Paris, 2015, p 64.
Accessible sur l’URL :
https://www.ihedn.fr/sites/default/files/atoms/files/ihedn_esprits_de_dc3a9fense_2015_0.pdf
59 Cette partie ayant déjà été amplement développée précédemment, elle ne sera pas abordée dans cette dernière
démonstration
60 COBUT Eric, LAMBOTTE François, Communication publique et incertitude, Edipro Paris, 2011, p. 290 61 ibidem, p 292
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moindre échelle, il s’y est installé. Avec ses 503 abonnés, il diffuse des résumés de conférences et les Grands Entretiens où des personnalités importantes sont invitées à parler d’un sujet correspondant à leur domaine. Actuellement, cette page réunit presque 29 000 vues. En moyenne, pour les Grands Entretiens, les vidéos sont vues environ 1 000 fois, ce qui est une belle performance pour un organisme de recherche.
Pour aider à son développement, le CSFRS a aussi choisi de se placer sur différents réseaux sociaux. Chaque réseau dispose de son propre type d’utilisateur. Le réseau social LinkedIn est un réseau à vocation professionnelle. Il permet de développer son réseau professionnel tant en recherchant un emploi qu’en se liant avec d’autres utilisateurs qui, la plupart du temps, exercent dans le même domaine ou dans un secteur d'activité similaire. Quant au réseau Twitter, l’idée est d’aller plus vite en agissant dans l’instantané. Avec ses plus de 2 000 abonnés, il est en bonne voie d’expansion. Le principe est de « tweeter ». Ce tweet (message court) arrive dans le fil d’actualité de l’utilisateur qui peut interagir rapidement. Quant au réseau social Facebook, mondialement connu et ayant 2,4 milliards d’utilisateurs actifs par mois62, il a été le premier dans son genre à connaître un tel succès. Les utilisateurs de ce réseau sont très différents car il est très populaire, contrairement à LinkedIn par exemple. Il offre un plus large panel de types d’utilisateurs et permet une diffusion – si elle est étudiée – plus large de la réflexion stratégique, à l’aide des algorithmes.
2. Un algorithme de prolifération : le réseau
Avec la vitesse de dissémination de l’information et les modalités de construction et de l’échange de la communication, il est aujourd’hui plus que nécessaire d’apprendre à gérer une bonne communication sur internet. « Les relationnistes doivent se convertir à ces nouveaux moyens de communication interactifs, qualifiés de "médias sociaux" du "web 2.0" (ou "web participatif"), qui diminuent le rôle des intermédiaires traditionnels. Le communicateur passe des relations bilatérales à des relations multilatérales en matière de relations publiques. »63.
Cette dernière affirmation démontre la nécessité aujourd’hui d’interagir sur les médias
62La rédaction, « Nombre d'utilisateurs de Facebook dans le monde », journaldunet.com. URL :
https://www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/1125265-nombre-d-utilisateurs-de-facebook-dans-le-monde/. Consulté le 20 septembre 2019
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sociaux et de devoir être plus à même de pouvoir argumenter avec leurs nombreux utilisateurs.
Ces utilisateurs font souvent partie d’un même échantillon socioprofessionnel, une conséquence de l'effet des algorithmes. Un algorithme est, selon le Larousse, un ensemble des règles opératoires propres à un calcul ou la suite de règles formelles. L’utilisation des algorithmes sur les réseaux sociaux est une technique plus que répandue. « Facebook utilise des critères pour vous aider à choisir une contenu intéressant d’après l'analyse du profil : Commentaires et Likes sur le statut de la photo d’une personne, Engagement avec le contenu d’un éditeur posté par des amis, Partages sur Messenger, Réponses aux commentaires sur une vidéo, Qui a posté le contenu ?, Quand a-t-il été publié ?, Quelle heure est-il maintenant ?, Technologie (quel type de téléphone, quelle est la qualité de la connexion Internet), Type de contenu, Temps moyen passé sur le contenu, Le message partagé est-il suffisamment informatif, Données du profil complétées. Votre fil d’actualités va se déterminer par un score de pertinence (qui évalue votre intérêt supposé pour une publication) et ce pour chacune des publications. »64
Force est de constater que la diffusion par les réseaux sociaux est une technique à prendre en compte. C’est avec ces algorithmes que le CSFRS peut diffuser les recherches sur la stratégie au plus grand nombre et contribuer à l’épanouissement de cette communauté. Avec l’expérience de l’utilisateur, « Le succès d’une publication était dicté par l’engagement de manière générale (réactions, commentaires, partages, clics, temps passé sur la publication). Maintenant, le succès d’une publication sera déterminé par les commentaires qu’elle suscite. Plus ces commentaires seront longs et pensés, plus l’algorithme vous donnera un coup de boost »65. Le CSFRS utilise donc cette fonction sur les autres réseaux sociaux, notamment à l’aide des partages sur le réseau social professionnel LinkedIn où il est entouré de sa communauté stratégique.
64 Education TICE, « comment fonctionne l’algorithme de facebook », tice-education.fr. URL : https://www.tice-
education.fr/index.php/tous-les-articles-er-ressources/articles-internet/1264-comment-fonctionne-l-algorithme- de-facebook consulté le 20 septembre 2019
65 DUCHESNE Danilo, « comment fonctionne l’algorithme de facebook et le contourner », daniloduchesnes.com
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Les algorithmes ne s’arrêtent pas sur le territoire national, ce qui permet de promouvoir et de stimuler l’intérêt de la communauté internationale sur les questions stratégiques. Cela va néanmoins dépendre de l’utilisation que le CSFRS fera de sa connaissance des algorithmes. C’est en cela aussi que va dépendre son impact sur le public. Plus il va s’étendre sur les médias et réseaux sociaux, plus il a de chance de toucher une communauté qui peut être novice dans ce domaine ou, a contrario, des experts qui vont chercher à se lier avec cet organisme.
De plus en plus de revues spécialisées sont en ligne et proposent des prix abordables pour leur abonnement. De même, le nombre de références qui se réfèrent à des sites et des articles spécialisés sur internet est en constante augmentation. Les lecteurs et acteurs peuvent être bien différents selon la source et le type de communication utilisé.