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Chapitre 2 : le CSFRS entre fédération et transmission

B. La présence d’une communauté stratégique

Une communauté stratégique peut être définie comme « une structure inter organisationnelle multidisciplinaire formelle à laquelle on confie le mandat d’imaginer et de mettre en place des innovations concernant les services et les produits à offrir »54. Cette définition semble

complexe mais, en observant le monde de la réflexion stratégique, la transposition se fait naturellement. Le CSFRS, à l’aide de ses partenaires, a su finalement installer une véritable communauté stratégique. Il va donc pouvoir d’une part être un coordinateur et, d’autre part,

53 « About us », ecfr .eu, URL : https://www.ecfr.eu/about consulté le 15 septembre 2019

54 ROY Mario, AUDET Madeleine, ARCHAMBAULT Johanne et SAINT-LOUIS Danielle, « Créer une

communauté stratégique pour favoriser le changement : une étude de cas portant sur l’organisation du travail dans le secteur de la santé », Gestion, HEC Montréal, Vol 34, n°4, 2009, p 48

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pouvoir mettre en place une sorte de relations avec les non-partenaires, créant ainsi une « toile » de la stratégie entre la plupart des acteurs du domaine de la réflexion stratégique.

1. Un organe coordinateur

Le SGDSN, membre important du CSFRS, participe à hauteur de 0,2 millions d’euros55 en autorisation d’engagement et en crédit de paiement. En plus d’autres membres du Conseil représentants de l’Etat, cette participation dévoile une grande implication étatique dans le CSFRS. Ces financements ont alors pour objectif d’aider le conseil dans ses missions. Implicitement, il est facile de déceler une recherche d’unification dans la formation et la recherche de la réflexion stratégique. En effet, les dons, les legs, le financement des membres et autres moyens de financement du CSFRS servent au fonctionnement de ce service et notamment pour le financement de la recherche avec les appels à projets. Néanmoins, si la façon de penser le « stratégique » doit évoluer, il faut compter sur le côté pluridisciplinaire mais aussi pluri-institutionnel, comme ici le mélange des collèges de membres entre privés et publics, car « construire une réflexion stratégique par la « pluri-juridiction » […] semble essentiel. On détecte mieux les incongruités dans différents modèles de pensée stratégique quand les acteurs impliqués dans la réflexion proviennent eux-mêmes de juridictions très différentes. »56.

Dans les comités de pilotage des projets soutenus, les membres issus de la représentation de l’Etat participent activement dans la motivation et les suggestions des lignes directrices des projets proposés tout en débattant avec les autres acteurs non-étatiques. Il y a donc une coordination certaine dans la pensée stratégique en France. Mais la coordination n’est pas seulement sur les travaux de recherche.

En effet, dans les multiples activités du CSFRS comme l’organisation de colloques, des Assises de la recherche stratégique, de la publication d’articles, il se présente beaucoup de collaborations. Pour les dernières assises du CSFRS, l’INHESJ était un partenaire officiel avec la publication de la revue « Défense » en hors-série. En revanche, même si ce n’était pas

55 CADIC Olivier et MAZUIR Rachel,« Projet de loi de finances pour 2019 : Direction de l’action du

gouvernement : coordination du travail gouvernemental », Avis n° 149 (2018-2019), déposé le 22 novembre 2018, URL : http://www.senat.fr/rap/a18-149-9/a18-149-9_mono.html

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aussi visible, les intervenants et médiateurs faisaient partie des partenaires du CSFRS comme Corention Brustlein, qui est intervenu dans la partie sur les forces nucléaires françaises et leur renouvellement, et dirige le Centre des études de l’IFRI. La réalisation d’une importante partie des colloques provient des projets soutenus, issus de partenaires directs du CSFRS. Cette facette démontre qu’il coordonne la recherche dans la réflexion et donc, d’une certaine manière, l’orientation que prend la pensée stratégique elle-même.

Le fait d’avoir une sorte de fédération dans les centres de recherche évite les recherches « doublons », c’est-à-dire qu’il sera plus rare que deux d’entre eux fassent la même étude et au même moment. Le cas des doublons sur plusieurs années de différences ou avec un changement soudain et majeur dans la géopolitique ou dans le monde n’est en revanche pas un problème en revanche.

De plus, cette coordination du CSFRS avec ses partenaires permet d’élargir la vision de l’avenir. Les think tanks, universités et organismes de recherche ont chacun une spécialité et c’est souvent le CSFRS, en tant que coordinateur qui va essayer, avec des colloques par exemple, de confronter leurs recherches ou tout simplement leurs points de vue. Cela donne lieu des à des débats bénéfiques permettant de développer davantage la réflexion stratégique en France mais aussi au niveau international. En effet, le CSFRS a déjà apporté son soutien par le passé, notamment en 2016, pour le séminaire annuel de l’Institut du Bosphore à Istanbul consacré à l’étude des menaces liées aux migrations et aux trafics internationaux entre la Turquie et l’Europe.

De plus, ce dernier exemple montre bien que, même sans partenariat officiel, le CSFRS est présent dans le soutien d’autres organismes spécialisés dans la réflexion stratégique, peu importe leur domaine. Il finit par être au centre de la réflexion stratégique.

2. La « toile » de la stratégie

Il y a un nombre très important de think tanks, d’universités, de centres de recherche dans le monde et notamment en France. Ceux qui ont la stratégie comme domaine de prédilection ne sont pas forcément des partenaires ou des membres du CSFRS, comme l’Institut du Bosphore précédemment cité. En revanche, à force de fédérer de tels organismes et de tisser des liens

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solides avec eux, il finit par avoir une influence dépassant le simple cercle de l’Ecole militaire et donc de Paris.

Il s’est déjà illustré auprès de l’Institut des mondes africains (IMA) et de l’EHESS avec sa participation au Forum Guerre et Politique fin 2016, mais aussi au séminaire de « US - France Cooperative Futures Forum » qui a eu lieu à Washington en avril 2015 et organisé par le Département d’État et le National Institute of Justice, où des représentants du CSFRS ont été conviés. Plus sobrement mais non sans importance, le CSFRS a participé au sujet du règlement des différends dans l’industrie spatiale à Dijon la même année, qui était quant à lui, traité par la faculté de droit de Dijon. Dans un domaine totalement différent, le CSFRS est venu soutenir le colloque « Entreprises de services de sécurité et de défense : acteurs français de sécurité à l’international : nouveaux enjeux » qui s’est déroulé à l’Ecole militaire en novembre 2016. Ce dernier a été organisé en partenariat avec le Centre des entreprises françaises de sûreté à l’international (CEFSI) et le Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS).

Chaque année depuis sa création, il participe et/ou soutient deux à trois séminaires ou colloques qui se déroulent à l’étranger. Ce ne sont, d’ailleurs, quasiment jamais des partenaires du CSFRS qui organisent ces événements mais, pour la plupart, des partenariats avec les collaborateurs du GIP.

Les partenaires du CSFRS ne sont pas à la traine sur la diffusion de la pensée stratégique. Essentiellement via des publications ou des colloques, ils semblent essayer de créer des liens avec d’autres organismes de la réflexion stratégique comme des think tanks. L’IRSEM, lors de sa dernière conférence en septembre 2019, a choisi un thème actuel sur les conflits dans le monde au XXIème siècle et son impact sur les populations : « Conflict in the 21st Century: Statelessness, Criminality, and Civilian Victimization ». Ce colloque a été organisé en partenariat avec l’International Institute for Strategic Studies (IISS) qui est un think tank de recherche britannique en relations internationales créé en 1958, se considérant comme l'« autorité majeure en matière de conflits politico-militaires ».

Ces différents exemples montrent bien que le CSFRS n’a pas forcément besoin de partenaires

officiels ou d’être celui d’un organisme pour être lié à elle. En fédérant comme il le fait dans le monde de la stratégie et en tissant des liens avec de nombreux organismes, il a permis de consolider une véritable communauté stratégique. Cela démontre par ailleurs qu’il permet le

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développement de la pensée stratégique française autant sur son territoire que sur le théâtre international tout en visant une large palette de public.

II. Le CSFRS, moteur de la vulgarisation des questions stratégiques

Le CSFRS est un acteur primordial de la diffusion et de la promotion de la pensée stratégique en France. C’est pourquoi la communication est un élément clef dans ses missions. Sans maîtriser les outils de la communication aujourd’hui (A), il lui serait en effet impossible d’ouvrir la réflexion stratégique sur un public très large tout en poussant un lectorat qui n’est pas forcément le sien (B).

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