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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Le spectacle de la terre en action

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Academic year: 2021

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LE SPECTACLE DE LA TERRE EN ACTION

Fatima HAR, Christian SOUCHON GD.S.E., Université Paris 7

MOTSCLÉS: GÉOLOGIE TEMPS SPECTACLE ACTUEL HISTORIQUE -PROBLÈME DIDACTIQUE

RÉSUMÉ : Le "spectacle de la Terre" est aussi bien actuel, présent surtout au niveau des phénomènes violents tels quelevolcanisme et tremblements de terre, que dans l'exposé raccourci d'une évolution très longue mais susceptible aussi d'étonner fortement, tant au plan orogénique que paléontologique. Le lien entre phénomènes actuels et histoire de la Terre - évoqué ici à propos de la théorie des plaques - est un sujet didactique qui mérite une attention particulière.

SUMMARY : The "Earth show" is utterly present as witness violent phenomena such as volcanie activities and earthquakes but it is also takes place every where because evolution has left orogenie and paleontologie astonishing reminants. The relation between actual phenomena and the history of earth, which is discussed here about the theory of plates, is an interesting didactic research topic.

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1. INTRODUCTION

Panni les phénomènes géologiques actuels, ce sont le plus visibles, les plus spectaculaires, car bien souvent les plus générateurs de catastrophes, qui marquent l'esprit du public et sont susceptibles de témoigner de l'activité du "feu de la terre". Historiquement, les premières préoccupations géologiques apparaissent très tôt dans ce domaine. Un second volet du "spectacle de la terre en action" se situe dans la "fresque" que constitue 1'histoire évolutive du globe tant au niveau des formations géologiques que des transformations dans le monde vivant. C'est là qu'interviennent des présentations dont le raccourci même forme un spectacle; c'est là aussi que se posent des problèmes didactiques qui méritent attention car, d'une part la liaison entre phénomènes actuels et évolution à l'échelle des temps géologiques, d'autre part l'idée même de la longueur considérable de ces temps à l'échelle humaine ne sont probablement pas convenablement appréhendés dans la plupart des pratiques pédagogiques.

2. LE SPECTACLE DE LA TERRE, CHEZ QUELQUES ANCIENS AUTEURS ET VULGARISATEURS: DE LA CROÛTE AU FEU CENTRAL

"Les volcans tremblent, grondent, explosent, s'éventrent... Impuissante devant les convulsions de la nature, l'imagination populaire met en scène des forces surhumaines, venues d'un monde surnaturel, pour expliquer un phénomène qu'elle ne peut comprendre", écrit Maurice Krafft (1991), auteur d'un petit ouvrage remarquablement documenté et illustréLes Feux de la Terre: histoire de volcans. Cet auteur rappelle que Platon dans Critias et dans Timée relate la disparition brutale d'un "continent et de ses habitants, les Atlantes"; on croit savoir depuis que c'est à Santorin, que se serait situé, vers 1620 avantI.e.,ce formidable cataclysme volcanique. Faut-il rappeler les deux lettres de Pline le Jeune à Tacite décrivant le tremblement du Vésuve en l'an 79?

Plus tard, dans ses écrits encyclopédiques, Buffon (1749) comprend "l'étonnement" devant la violence des phénomènes volcaniques et sismiques, mais en scientifique, en quelque sorte raisonnable, il leur dénie le pouvoir de "produire des montagnes". Il écrit:

"L'action de ce feu est si grande, la force de l'explosion est si violente, qu'elle produit par sa réaction des secousses assez fortes pour ébranler et faire trembler la terre, agiter la mer, renverser les montagnes, détruire les villes et les édifices les plus solides,à des distances même très-considérables. Ces effets, quoique naturels, ont été regardés comme des prodiges: et quoiqu'on voit en petit des effets du feu assez semblables à ceux des volcans, le grand, de quelque nature qu'il soit, a si fort le droit de nous étonner, que je ne suis pas surpris que quelques auteurs aient pris ces montagnes pour les soupiraux d'un feu central et lepeuple pour les bouches de l'enfer. L'étonnement produit la crainte, et la crainte fait naître la superstition. Tout cela n'est cependant que du bruit, du feu et de la fumée. Voilà ce que c'est qu'un volcan pour un physicien, et il lui est facile d'imiter l'action de ces feux souterrains, en mêlant ensemble une certaine quantité de soufre et de limaille de fer qu'on enterre à une certaine profondeur, et de faire ainsi un petit volcan dont les effets sont les mêmes, proportion

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gardée, que ceux des grands... Tout ceci bien entendu, je ne vois pas trop comment on peut croire que les tremblements de terre ont pu produire des montagnes, et que par conséquent leur cause n'est qu'une explosion et non pas un incendie durable, et qu'enfin ces tremblements qui ébranlent un grand espace, et qui s'étendent à des distances très-considérables, bien-loin d'élever des chaînes de montagnes, ne soulèvent pas la terre d'une quantité sensible et ne produisent pas la plus petite colline dans toute la longueur de leur cours".

Plus proche de nous, dans la préface de son ouvrage La Terre avant le de luge (1864), le grand vulgarisateur Louis Figuier, après avoir dit son admiration pour le Spectacle de la Nature de l'abbé Pluche mais récusé le système d'exposition par "dialogues et entretiens" considéré comme "vains artifices", propose de "placer en tête du tableau de la nature, l'histoire de la terre primitive et de ses habitants".Lescénario est ainsi résumé:

"Au sinistre chaos succède un globe encore incandescent, qui se modèle en formes régulières, et se refroidit assez pour donner accèsà la vie organique. Nous le voyons s'épurer, se perfectionner sans cesse. Sa brûlante surface, d'abord rugueuse et nue, se couvre peu à peu et se décore d'arbustes et de forêts; les continents et les mers prennent leurs limites définitives; les fleuves et les rivières coulent entre des rives tranquilles, et la terre revêt enfin son aspect actuel de magnificence et de tranquillité. Nous assistons, d'autre part, aux débuts et aux perfectionnements continuels de l'organisation animale. Aux premiers êtres, imparfaits et chétifs, qui apparurent sur les rivages brûlants et dans les eaux, encore chaudes, des mers primitives, succèdent des êtres nouveaux, jusqu'à ce que Dieu fasse sortir de ses mains créatrices, son dernier ouvrage, l'homme, orné de cet attribut suprême de l'intelligence, par lequel il domine toute la nature et la soumet à ses lois".

Beaucoup d'écrits de vulgarisation comtemporains, misàpart la référence théiste au "grand Ouvrier", procèdent encore de cette mise en scène selon une grande fresque. Il faut soit s'adresser à des ouvrages universitaires, soit sélectionner certains vulgarisateurs d'assez haut niveau pour trouver l'évocation précise de problèmes de méthodes susceptibles de répondre à la question - fondamentale selon nous - au plan didactique: "Comment sait-on que ...1"

C. Combaluzier (1961) est un de ceux qui peut nous aider. Il insiste bien en effet sur le travail d'interprétation, de construction intellectuelleàpartir d'éléments parfois ténus qui caractérisent la démarche du géologue; pour lui, il faut apprendre à voir en géologue et savoir développer un processus intellectuel d'interprétation. Il ne cache pas cependant "ce qui rebute les non-initiés". Après ce titre de paragraphe il précise:

"C'est d'abord l'ampleur même des phénomènes envisagés. De même qu'il arrive que l'arbre cache la forêt, on peut dire du non-géologue que le rocher lui cache la montagne, son oeil s'arrête à un détail: escarpement, surplomb, arête.. Il faudra qu'il acquière une vision synthétique du "terrain". Cela n'est possible qu'à deux conditions: la connaissance de la géographie de la région considérée, la référenceà la carte dont l'échelle... et la sèche intellectualité permettent la vue d'ensemble. Alors surgit une deuxième difficulté. Si pour le géographe la carte est l'outil nécessaire etàla rigueur suffisant, pour le géologue la troisième dimension est indispensable, qui ne peut s'exprimer que par la "coupe". Il ne peut en être autrement puisqu'il s'agit du sous sol. Une géologie idéale serait un film qui aurait enregistré continûment la surface de la Terre depuis l'origine, ce

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qui permettait de savoir un peu mieux ce qui s'est passé en profondeur... Nous en sommes loin. La géologie est en mesure actuellement de nous présenter, au lieu d'un film de la Terre - pour rester dans le cadre de la comparaison - une centaine de laborieux "montages" aux contours souvent remplacés par des pointillés, mais légitimés par un certain nombre d'observations précises. Ce n'est déjà pas si mal, quand on songe que ce travail a été exécuté en un siècle et demi ... La jeune science du "très vieux" a de très grandes ambitions" (passages mis gras par les auteurs du présent article).

Un des problèmes essentiels de l'enseignement de la géologie serait bien de faire saisir d'une part comment les connaissances sont établies y compris avec l'utilisation des processus d'interprétation, d'autre part la relation entre phénomènes actuels perçus dans une durée limitée et l'immensité des temps géologiques. Qu'en est-il vraiment dans la pratique scolaire?

3. LE SPECTACLE DE LA TERRE DANS LES MANUELS SCOLAIRES TEMPS

ET DURÉE

La question du temps en géologie, de sa mesure aujourd'hui et de ses mesures passées, des transpositions didactiques afférentes est un vaste sujet que nous laissons aujourd'hui de côté. Une thèse en cours

CF.

HAR, co-direction G. GOHAU etC.SOUCHON) doit surtout permettre de juger comment s'effectue la transposition didactique sur un thème précis. Le sujet choisi porte sur la présentation de la théorie des plaques, qui est entrée dans les programmes de la classe de 4ème en France (élèves de 14 ans environ) en accord avec l'ambition de montrer la science dans sa modernité.

Cette théorie renvoie, bien évidemment, à la dérive des continents d'A. WEGENER (1915). Comment se fait et s'est faite auparavant la transposition didactique? L'appel aux phénomènes actuels est bien présent dans les manuels, mais essentiellement pour situer les zones sensibles de la croûte terrestre là où se trouvent volcans et lieux fréquents de séismes. Ainsi, à partir de la situation des manifestations de l'activité du globe (volcanisme, seismes, chaines de montagnes, ...), on élabore d'autres notions: plaque, limite de plaques, et on propose les mécanismes de fonctionnement des processus qui leur donne naissance et/ou qui sont responsables de leur mobilité.

L'analyse de ces manuels montre en outre que, même si une vitesse est fournie pour les déplacements des plaques (quelques centimètres ou dizaines de centimètres par an), la relation avec le fait que cette vitesse réduite est appliquée pendant des périodes très longues (centaines de millions d'années) n'est pratiquement pas établie: en tout cas, il n'y a aucune insistance vis-à-vis de la nécessité de voir le temps à une toute autre échelle que celle de notre perception journalière.

"Au départ, l'Inde et l'Asie étaient distantes de 7000 km et séparées par un plancher océanique. Pendant les 30 millions d'années(MA.)qui ont précédé la collision, la vitesse de rapprochement des deux plaques était de 10 cm/an. Elle est actuellement de 5 cm/an. Le rapprochement des deux plaques depuis l'entrée en collision des deux continents est estimé à 2000 km" (InGéologieBiologie -collection Tavernier, Paris: Bordas 1988). Ce trajet de 2000kmaura nécessité 30 millions d'années, ledéplacement continue aujourd'hui et chaque lente progression annuelle, chaque "coup d'épingle"

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dû, par exemple, à un tremblement de terre ... font surgir l'Himalaya.

Le spectacle est dans celte surrection, dans le déplacement de plaques qui glissent l'une contre l'autre, qui s'emboutissent... Un dessin animé donnerait le grandiose en quelques secondes, et pourtant sous nos pieds la croûte terrestre en perpétuel mouvement nous paraît immobile!

4. CONCLUSION

Les quelques éléments présentés ainsi à propos des pratiques didactiques en géologie conduisent surtoutà s'interroger sur les difficultés induites par une pédagogie de la présentation des résultats, des acquis scientifiques: "on sait que ...", "les savants ont montré que ...".La description ainsi obtenue n'a probablement pas de grande valeur culturelle de formation scientique : "Pourquoi s'est-on posé telle question ?" ; "Par quels moyens précis, y compris de mesures a-t-on pu y répondre ?" ; "Si spectacle il y a, quelles sont les dimensions de la scène, et la durée des actes" ?... Autant de questions pour un enseignement de la géologie... dynamique.

BIBLIOG RAPHIE

BUFFON,Histoire naturelle générale et particulière. Second discours: histoire et théoriedela terre, Paris: Imprimerie royale, 1749 (cité par G. GOHAU, 1990) ).

COMBALUZIER (C.),Introductionàla géologie, Paris: Seuil, 1961, p. 19, p. 118. FIGUIER(L.),La terre avant le déluge, Paris: Librairie Hachette, 1864, p. 4.

KRAFFr (M.),Les feux de la terre, histoire de volcanisme, Paris: Gallimard, Coll. Découvertes Gallimard - Science, 1991, p. 14.

GOHAU (G.),Les sciences de la Terre aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris: Albin Michel, 1990, p.213-216.

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