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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Les visites géoscientifiques en pleine nature

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Academic year: 2021

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LES VISITES GÉOSCIENTIFIQUES EN PLEINE NATURE

Plaisir et sensations pour introduire la science

Cécile MUSY

Université de Bourgogne, Dijon, France ; cecilemusy@gmail.com

Mots-clefs : expérience – espace – médiation scientifique – sensible – sciences de la Terre

Résumé : Nous résumons ici les résultats d’un stage de Master recherche, portant sur des visites guidées dans l’espace naturel sur le thème des sciences de la Terre. Une visite combine des attributs d’activité de médiation scientifique –transmission et acquisition de savoirs scientifiques et autres– et des attributs profanes typiques de randonnées en groupe –expérience sensible de l’espace, groupe social–, en proportions variables suivant les objectifs attendus. Toutes les visites partagent les mêmes éléments profanes, qui les font tendre vers un même modèle convivial.

Abstract: We summarize the results of a Master’s research work experience on the analysis of guided tours on Earth sciences in natural space. A tour combines attributes of science awareness activities (teaching and acquisition of scientific and other knowledge) and attributes of hill-walking in groups (space sensitive experience, social group), in fluctuating proportions depending on the desired goals. Whatever the main bias of the visit, educational or for leisure, all the tours have the same non-scientific features and tend towards a same convivial model.

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INTRODUCTION

Nous relatons ici les résultats d’un stage de recherche effectué dans le cadre du Master Médias et Médiations (Laboratoire Cimeos - EA 4177, Université de Bourgogne) en 2009.

En sciences de la Terre, l’étude du « terrain » joue un rôle prépondérant, à la fois dans la recherche et dans l’enseignement, avec une approche différente de l’étude en laboratoire : les signes naturels sont analysés pour déterminer les mécanismes géologiques anciens et actuels.

Nous nous sommes interrogée sur l’intérêt de visites sur le terrain dans la vulgarisation scientifique. Des sorties en milieu naturel et des randonnées semblent un moyen convivial et original pour parler de géologie au public profane. Celles-ci montrent au public d’autres aspects de cette science que les musées ou les médias.

LES SCIENCES DE LA TERRE, D’ABORD DES SCIENCES DE LA NATURE

Qu’est-ce qu’une analyse de terrain en géosciences ?

La géologie est d’abord une science d’observation et d’interprétation ; c’est une « science historique ». Un espace conserve des traces des phénomènes géologiques qu’il a subis (un exemple simple : des fossiles marins peuvent témoigner de la présence d’une mer à une époque donnée). Le géologue analyse les signes restants dans l’espace naturel, pour reconstituer l’histoire passée (Frodeman, 1995).

Le fait d’aller « sur le terrain », souvent en pleine nature, est également pour le scientifique une expérience sensible de l’espace ; la perception sensible précède la faculté d’analyse : « le géographe qui mesure et calcule ne vient qu’après ; avant lui, il y a un homme à qui se découvre la “face de la Terre” » (Dardel, 1990). Frodeman (1996) affirme même que les géologues vont sur le terrain moins pour faire de la science que pour rechercher cette relation ; Ceci répond au besoin ontologique de nature (Berque, 2000), qui existe autant pour le scientifique que pour le profane. Le rapprochement avec la nature correspond à une quête de spiritualité et est une demande actuelle du consommateur (Camus et Poulain, 2008). Les visites en pleine nature, qui exploitent cette aspiration pour introduire des savoirs, peuvent être vues comme une première accroche (Joule et Beauvois, 2006) pour attirer vers la médiation des sciences (de la Terre).

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Deux représentations antagonistes de la planète

Sommairement, nous proposons deux représentations opposées de la planète :

• Une représentation fixiste et matérialiste : la Terre et les paysages se sont formés dans des temps très anciens pendant un événement catastrophique ; ils sont depuis lors figés (Gohau, 1995). La planète n’est qu’un support et un réservoir de matières exploitables (Pralong, 2006).

• Une représentation dynamique : la Terre a évolué et évolue toujours, au niveau de la géographie et des paysages, des espèces vivantes et des écosystèmes, etc. ; elle est une « planète vivante ». C’est cette vision qui a cours actuellement en sciences, citons la tectonique des plaques et l’évolution du vivant.

Les différents dispositifs et activités de vulgarisation scientifique sur les sciences de la Terre présentent la planète d’une certaine manière1. Les collections de minéraux et de roches, qui sont des échantillons de matériaux –figés à l’échelle temporelle de leur observation– qu’ils représentent, peuvent évoquer une vision fixiste et matérialiste de la Terre. A l’inverse, les visites sur le terrain – scolaires, universitaires et dans la vulgarisation scientifique–, au cours desquelles est expliquée l’évolution de la Terre, peuvent apporter une vision dynamique.

PLACE DES SCIENCES DE LA TERRE ET DE LEUR MÉDIATION DANS LA CST

Un désintérêt des institutions de culture scientifique

Les différents établissements de culture scientifique organisent peu de visites en pleine nature sur le thème des géosciences. Seulement 19% des établissements de culture scientifique en proposaient en 1999 (Cabanes & Lacroix, 2000). La majorité sont des sorties scolaires et non destinées au grand public. Ces sorties sont proposées davantage par des organismes liés à la nature –réserves et parcs naturels, associations naturalistes– ou au tourisme –guides locaux– que par des institutions de culture scientifique –musées, CCSTI.

Pour expliquer cette rareté, nous proposons plusieurs hypothèses :

1. Une sortie présente des contraintes matérielles et des risques : sécurité, météorologie, etc. Peu de savoirs sont transmis : peu de visiteurs par sortie ; durée longue. Les visites ont en définitive une « rentabilité » (pour l’aspect pratique) faible.

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2. La géologie « sur le terrain » est une science d’observation, et non expérimentale –comme la physique– et en cela ne correspond pas au modèle de la science (Frodeman, 1995) ; elle peut être perçue comme une « science superficielle » par les vulgarisateurs.

3. Les sujets abordés lors de telles sorties correspondent à ce qui est montrable « sur le terrain » : tectonique, sédimentologie. Ils ne correspondent pas aux thèmes liés à l’actualité (et souhaités par les vulgarisateurs et/ou par le public) : séismes, changement climatique…

La communication étant à la fois (Davallon, 2000) « diffusion d’un message » mais aussi « promotion d’un produit » qui serait ici la science, les vulgarisateurs peuvent ainsi souhaiter éviter de montrer une science paraissant « trop peu scientifique » et « démodée ».

Un désintérêt du public

Dans les faits, le public profane montre des préférences dans ses activités liées aux sciences. Nos multiples contacts avec des guides de visites et randonnées dans la nature, d’associations naturalistes et de d’association de minéralogie nous ont apporté certains constats :

1. Préférence pour les activités « de nature » profanes plutôt que culturelles : les randonneurs en groupes réguliers ne sont pas intéressés par des randonnées éducatives.

2. Préférence pour la biologie au détriment de la géologie : le grand public préfère des sorties qui portent sur les animaux ou les végétaux, et qui ont parfois un but utilitaire : récolte de champignons, de plantes médicinales, etc. (Schiele, 2005 ; Pralong, 2006).

3. Préférence pour l’objet physique au détriment du savoir : les collectionneurs de roches et minéraux fréquentent des sites pour récolter des échantillons, mais ne sont pas intéressés par l’histoire géologique du lieu.

C’est pourquoi les guides proposent –aux habitants locaux et aux touristes– des sorties en pleine nature sur des thèmes étendus et porteurs, plutôt que sur les sciences de la Terre seules : géographie locale, histoire (géologique et humaine) locale, viticulture.

CARACTÉRISTIQUES GENERALES DES VISITES EN PLEINE NATURE

Les visites étudiées sont : des visites dont un des buts principaux est la transmission de savoirs sur le thème (au moins) des sciences de la Terre, qui se déroulent en espace naturel, réunissant un

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Public

Le nombre de visiteurs par sortie est plutôt faible : 10 à 15 personnes.

Les visiteurs sont majoritairement des personnes contraintes de participer –organisateurs de la visite–, des personnes ayant une relation avec ces dernières ou avec le guide –famille, amis, collègues– ou des personnes venant par intérêt professionnel –guides de pays– ; peu de personnes viennent uniquement par « curiosité » personnelle et profane. Cette dernière catégorie est plus représentée si la visite a un but d’abord profane.

Déroulement

La visite consiste en une alternance de différentes périodes, avec différentes actions des individus : • Arrêts d’explication : le guide donne aux visiteurs des informations scientifiques et culturelles ; • Arrêts de pause plus ou moins longs : notamment : arrêts pour admirer un paysage, pause repas ; • Marche : guide et visiteurs se déplacent en marchant.

Lors des arrêts d’explication, il y a transmission d’informations (principalement) du guide vers le public ; le guide a donc un statut social particulier.

À l’inverse, lors des périodes « profanes » –arrêts de pause et marche–, guide et public réalisent les mêmes actions et sont soumis aux mêmes contraintes ; le guide est l’égal des visiteurs.

Notons qu’à certains moments, des visiteurs connaisseurs sur un domaine diffusent leurs savoirs aux autres ; le public devient alors éducateur et le guide apprenant.

Les visites que nous avons observées se déroulent sur des sites non réputés pour leur valeur géologique – même s’ils ont d’autres valeurs, historique ou culturelle par exemple. Elles attirent des personnes locales –et non des touristes– qui ont souvent une relation affective avec le lieu de visite ; elles constituent en cela des actes de médiation (Lamizet, 1994).

CES VISITES SONT UN APPRENTISSAGE DE LA NATURE PAR LE VÉCU…

La demande du public pour de telles visites s’explique par un désir d’apprendre de nouvelles informations sur un lieu souvent familier, afin de mieux se l’approprier symboliquement.

Le guide utilise le terrain naturel comme support éducatif, en montrant les éléments à voir, du minéral au paysage. Il donne au public de nouvelles grilles de lecture de l’espace : géologie, agriculture, histoire, etc. Il accompagne son explication de documents classiques : cartes

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géologiques, coupes de terrain, etc. À l’inverse d’un « dispositif », le guide doit, dans sa préparation de la visite, sélectionner dans l’espace naturel ce qui est signifiant.

Les visiteurs perçoivent les évolutions de l’espace naturel –paysage, roches, écosystèmes– et prennent conscience de son aspect dynamique. Paradoxalement, la méthode d’observation, dénigrée par les philosophes et les éducateurs, est appréciée par le public profane pour son aspect concret et son accessibilité. Les visites in situ montrent au public non-savant que la science peut être comprise par tous, en faisant « ressentir » les phénomènes plutôt qu’en inculquant des savoirs théoriques.

… MAIS D’ABORD ET SURTOUT UNE EXPÉRIENCE PROFANE AGRÉABLE

Une expérience sensible : ressentir l’espace naturel

Les visites sont des expériences de l’espace : les participants, guide et public, ressentent l’environnement : chemin, météorologie, paysage, etc. Ils s’approprient l’espace : cueillette, photographie. Une relation sensible se crée entre les marcheurs et l’espace naturel, comme dans toute randonnée (Devanne, 2005). Par cet aspect, une marche s’apparente à une visite d’exposition « en immersion », où l’espace serait naturel et non conçu et structuré par l’homme.

Les périodes de marche ne sont pas que des déplacements d’un lieu à un autre, mais bien des éléments essentiels de la visite. Le guide met en scène son parcours, en alternant les types de chemins et d’environnements, en y intégrant des lieux impressionnants, etc. –comme proposé par Pralong, 2003, pour attirer vers les visites géoscientifiques. Mais le guide n’est pas totalement maître de l’organisation ; il y a toujours des imprévus, positifs ou négatifs, car l’espace naturel évolue : chemin impraticable, rencontre insolite, etc. Ces événements sont presque toujours acceptés, car ils font partie du « jeu » d’une sortie dans la nature.

Une expérience sociale : échanger et se faire plaisir ensemble

La visite est une période d’interactions sociales ; de plus, assez longue, souvent une journée entière. Les visiteurs et le guide forment un groupe restreint ; il existe un échange entre tous les participants et une atmosphère conviviale.

Il y a échange et partage matériels –nourriture, matériel de randonnée, etc.− et culturels, du guide au public, du public au guide et entre membres du public.

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Les groupes réguliers sont des groupes sociaux : les membres –guide et public– entretiennent une culture –dont les savoirs scientifiques–, obéissent à des rites et des codes et ont un fort sentiment d’appartenance (Figure 1).

Dans les randonnées, la recherche d’un plaisir collectif, avec un groupe connu –désir de « se retrouver » –, est le but premier de la participation. Ces visites partagent cet aspect avec les randonnées profanes, où la dimension sociale est prédominante dans l’expérience (Devanne, 2005). Dans les visites où l’objectif principal est la transmission de savoirs, les discussions culturelles –au sens large– et profanes hors période d’explications sont au départ limitées puis deviennent aussi importantes que dans les randonnées.

Figure 1. Un cas exemplaire de « rite » : une dégustation de vin apporté par le guide, qui a lieu avant le pique-nique de midi à chaque visite (randonnée) mensuelle. La

majorité des participants apporte un plat à partager.

L’activité sociale est influencée par l’espace naturel

Durant les périodes de marche, les groupes de discussion se forment et se défont. La marche permet, en modifiant sa vitesse, de se retirer d’un groupe et de s’insérer dans un autre, sans que cela apparaisse comme une « offense ».

Les groupes sont fonction du chemin : en cas de marche pénible, les marcheurs se concentrent et cessent de discuter (Figure 2). Mais dans les visites à but hédoniste, donc social, la marche a été voulue facile la majorité du temps et n’est pas une préoccupation, ce qui permet la discussion. Lorsque l’espace naturel–objet, paysage– est exceptionnel, chaque participant s’isole des autres pour se mettre seul face à face avec l’élément naturel (Figure 3). Pour expérimenter pleinement la nature, une relation solitaire avec elle, qui domine sur la relation sociale, apparaît nécessaire ; ces visites se rapprochent en cela de la géopoétique (White, 2004). Mais ces moments intimes sont rares par rapport aux périodes de discussion ; toute visite reste avant tout une expérience sociale.

La sortie se construit sur le moment, sous l’influence du groupe et des événements naturels : les signes visibles dans l’espace, les sensations et les perceptions, l’atmosphère des lieux, et finalement les rapports sociaux et la convivialité au sein du groupe.

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Figure 2. Premier exemple de périodes où l’espace naturel influence la progression du groupe : marche

difficile (forte pente). Les individus sont isolés et concentrés sur leur montée.

Figure 3. Deuxième exemple : arrêt devant un panorama spectaculaire. Chacun est recueilli en

solitaire, isolé visuellement des autres.

LES VISITES EN PLEINE NATURE, ALLIANCE DE SCIENCE ET DE PROFANE

Une combinaison d’activité de vulgarisation scientifique et de randonnée en groupe profane Les visites géoscientifiques associent :

• Des caractéristiques d’activité de vulgarisation scientifique : transmission/acquisition de savoirs ; guide enseignant, public apprenant ;

• Des caractéristiques de randonnée profane : marche à pied ; relation sensible avec l’espace naturel ;

• Des caractéristiques d’activité en groupe : discussions, échanges matériels et de savoirs ; groupe social : culture, rites, codes.

Les randonnées profanes en groupe combinent les deux dernières catégories.

Nous proposons trois stratégies de communication coexistant dans les visites, à partir de la classification des expositions scientifiques de Davallon2 (2000 : 103) (Figure 4) :

• Le savoir : les visites visent à transmettre des savoirs culturels, dont la science ; c’est l’objectif principal ou second de la visite.

• Le visiteur : le visiteur subit des stimulations, physiques, sensorielles et sociales. Ces sollicitations sont recherchées, dans les randonnées en particulier, ou non, dans les visites à but pédagogique.

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• L’espace (=objet) : les guides utilisent l’espace naturel comme support physique, éducatif et esthétique. Ils enseignent au public à déchiffrer l’espace. Guides et visiteurs s’approprient symboliquement l’espace.

Toutes les visites en site naturel incluent ces trois intentions, selon des proportions liées aux intentions de l’organisateur et aux motivations des visiteurs.

Figure 4 : schéma des trois stratégies de communication existant dans les visites, inspiré de Davallon, 2000. Suivant leur objectif, les visites correspondent à un

point de la flèche noire.

Deux types de visites, pour deux objectifs

Nous distinguons, en opposition, deux types de visites, suivant l’intention première de l’organisateur :

1. Les visites destinées à transmettre et acquérir du savoir. L’objectif principal du guide est de transmettre du savoir à un public censé être déjà connaisseur. Il a une attitude professorale : il donne des informations complexes suivant une méthode frontale, avec des documents techniques.

Le public de visites de ce type affirme souhaiter acquérir des savoirs. Pendant la visite et l’entretien, il s’affiche comme connaisseur : écoute studieuse du discours, prise de notes (Figure 5).

2. Les visites à but hédoniste. L’objectif premier du guide est ici le plaisir, pour son public et pour lui-même. Il explique des faits scientifiques simples, choisis pour leur aspect étonnant ou amusant. Les membres du public déclarent moins souhaiter apprendre des savoirs que se divertir et retrouver des connaissances. Certains participants n’écoutent pas les explications du guide ; d’autres montrent une attitude peu concentrée et détendue (Figure 6) ; ces comportements sont totalement acceptés par le groupe.

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Figure 5. Arrêt d’explication lors d’une visite à but éducatif. Tous les visiteurs montrent une attitude

studieuse. Ils sont placés autour du guide et regardent le document.

Figure 6. Arrêt d’explication lors d’une visite à but hédoniste. Six personnes écoutent le guide ; huit (dont six hors champ) ont d’autres occupations : regarder le

paysage, goûter, etc

Quel que soit l’objectif désiré, il existe dans toutes les visites des particularités profanes : • Une marche en pleine nature, qui entraîne une relation sensible avec l’environnement ; • Une majorité de périodes profanes, où guide et public effectuent ensemble des activités

profanes –marche, discussion, repos– et ont un statut identique ; • La formation d’un groupe social, avec des échanges profanes.

Finalement, toute sortie, que l’objectif principal de l’organisateur soit l’éducation ou le plaisir, est dominée, non pas par l’aspect éducatif, mais par l’aspect profane.

CONCLUSION

Dans ces visites en pleine nature, de par le lieu de visite –espace naturel– et le type de groupe – groupe restreint réuni sur un temps long–, l’aspect profane prédomine de loin sur l’aspect éducatif. En conséquence, nous observons dans les faits un intérêt et un plaisir réels des visiteurs et du guide, et cela quel que soit l’objectif voulu initialement, éducatif ou hédoniste.

En présentant au public profane une histoire géologique concrète, dynamique et aisée à déchiffrée, ces visites permettent également une amélioration de l’opinion sur les géosciences.

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réussite des visites sur la biologie et des randonnées profanes le prouve. Mais elle est surpassée par le désintérêt pour les géosciences ; désintérêt paradoxalement issu de la représentation « matérialiste » donnée par les activités géoscientifiques artificielles…

Autre paradoxe : l’observation sur le terrain s’avère dans les faits un excellent moyen pour parler de science au public non-savant ; pourtant son apparence de « science simpliste » paraît la dévaloriser aux yeux des vulgarisateurs des structures de culture scientifique majeures.

Ce sont des non-savants –amateurs, guides touristiques– qui, par plaisir, assument l’organisation des visites sur le terrain, formes de vulgarisation originales et efficaces, mais semblant peu « rentables » et peu « savantes ». Mais quel est leur statut face aux structures de culture scientifique reconnues ?

LIEN

Rapport de l’étude : http://www.selenite-cm.fr/docs/Dossier_climat_CM.pdf

BIBLIOGRAPHIE

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Figure

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