• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE V : QUEL AVENIR POUR L’ELEVAGE SEMI-SEDENTARISE

Carte 2. Zones de pâturage et aires protégés dans la province du Nord du Cameroun

24

1.1.3.3. Création, extension et maintien des aires protégées, des ZIC10 et parcs nationaux

L’élevage extensif dans le Nord est menacé par l’emprise agricole grandissante due à l’extension de cultures de rente ou vivrières et par les classifications de larges superficies de savanes en zones exclusives de chasse et de protection de la faune sauvage11. Ces zones

ont été pour la plupart classifiées depuis la période coloniale et ont été étendues dans les

années 1970-1980. En effet, les aires protégées12 - 28 zones d’intérêt cynégétiques, 3

parcs nationaux13 - occupent près de 45% de la superficie de la province du Nord (Carte

2). Ce vaste ensemble de savane arborée est interdit au pâturage et bien sûr à l’agriculture. Son maintien en l’état fait l’objet de débats tendus entre le « lobby » agricole, celui de l’élevage et les services de l’environnement qui gèrent les aires protégées.

Les éleveurs sont donc bloqués entre ces zones protégées et les 15% de la Province occupées par les cultures, les montagnes et les villages. Ils n’ont d’autres alternatives que de faire pâturer dans les quelques grands parcours et dans les zones marginales de collines mais aussi dans certaines ZIC peu gardées. Les parcours deviennent ainsi une mosaïque de zones permises et interdites où il est difficile de se déplacer du fait de l’exigüité voire de la disparition des pistes à bétail. La recherche de complémentarité entre des zones aux productions fourragères différentes (en fonction des saisons) devient de plus en plus difficile alors qu’elle constitue la base de la conduite du bétail. A ces contraintes, s’ajoute la difficulté de traverser les zones mises en culture pour atteindre à la fin de la saison sèche les vastes zones au sud de la Province, du fait de l’absence de relations contractuelles avec les agriculteurs. Selon Labonne et al., (2003), les superficies disponibles pour les activités d’élevage et d’agriculture semblent suffisantes mais leur accessibilité et leur répartition dans l’espace posent problème.

L’arsenal juridique moderne en place et les pratiques traditionnelles qui ont fonctionné dans le passé ne sont plus scrupuleusement appliqués. En effet, l’organisation antérieure de l’espace en zones agricoles et zones d’élevage émanant du pouvoir traditionnel a été

renforcée par la législation moderne14 leur donnant un statut juridique pour régler les

conflits et d’organiser l’occupation des terres.

Les décisions étaient autrefois appliquées et respectées. Aujourd’hui, les autorités traditionnelles autant qu’administratives n’assument plus leur rôle d’arbitrage et de régulation. La gestion de l’espace est soit délaissée, soit mise en œuvre de manière arbitraire sans prise en compte objective des besoins des populations et des exigences du développement durable. Les autorités traditionnelles sont malheureusement les premières à brader les zones d’élevage (au profit des cultures). En effet, les communautés vivant de l'agriculture ont toujours eu la priorité pour les terres, même lorsque celles-ci ont été longtemps occupées par les éleveurs. A cela, il faut ajouter le manque d’une vision claire

10 Zone d’Intérêt Cynégétique

11 Arrêté N° 86/SEDR/DEFC du 21 octobre 1969 fixant les zones d’intérêt cynégétique complété par l’arrêté N°

0580/A/MINEF/DFAP/SDF/SRC du 27 juillet 1998 fixant les limites des zones d’intérêt cynégétique dans la province de l’Adamaoua et du Nord et modifié par l’arrêté N° 035/MINFOF/SG/DFAP/SDVEF du 17 juillet 2006.

12 Cet ensemble de 30 000 km² d’aires protégées d’un seul tenant, est unique en Afrique centrale sub-humide et constitue une

réserve de biodiversité remarquable en particulier de faune sauvage malheureusement mise à mal par le braconnage : éland de derby, éléphant, rhinocéros noir quasiment disparu.

13 Parc de la Bénoué 1800 km² ; du Faro 3 300 km² et de la Bouba Ndjidda 2 200 km².

25 de la politique de développement de l’élevage avec des actions principalement axées dans le domaine de la santé animale. De plus, la crise économique des années 80 s’est traduite par la baisse des interventions de l’Etat jusque dans ses fonctions régaliennes (aménagement du territoire, règlement des conflits fonciers). Cette situation est aggravée par le manque de représentativité du secteur élevage à tous les échelons : organisations paysannes, instances privées et étatiques.

Face à tous ces phénomènes, nous assistons à la diminution des espaces de parcours et de la quantité et la qualité des ressources alimentaires pastorales. Les surfaces pâturables se réduisent. Elles ne sont pas stables dans le temps à cause des mises en cultures anarchiques. Les voies de circulation pour accéder à l’eau et aux parcours sont envahies par les cultures, se ferment ou ne sont plus entretenues. Toutes ces contraintes se voient alourdies par des prélèvements coutumiers qui entraînent l’abandon de certains pâturages. De ce fait, sont encore amplifiées la réduction et la segmentation d’espaces habituellement dévolus à l’élevage, ce qui entrave davantage l’utilisation optimale de l’espace pastoral encore disponible. Les conséquences sont la fragilisation des systèmes pastoraux reposant sur la transhumance, le libre accès aux brousses et la vaine pâture sur les espaces cultivés.

1.1.4. Les éleveursmbororo sous le joug de plusieurs formes d’insécurité

Les éleveurs mbororo sont confrontés à plusieurs formes d’insécurité dont celles liées aux biens et aux personnes, à l’instabilité des investissements, à l’épargne et au crédit et au manque de représentation dans les instances de décision.

1.2.2.1. L’insécurité physique sur les biens et les personnes

Les menaces des bandits de grands chemins, appelés « coupeurs de route », pèsent sur les activités rurales. En effet, depuis plus d’une décennie, l’insécurité est en forte augmentation dans les zones rurales où les populations sont en proie aux exactions des voleurs de bétail et autres « coupeurs de route ». Ce phénomène augmente au fil des années et prend différentes formes. Il isole des régions entières, freine les échanges commerciaux, le développement de l’élevage, de l’agriculture et du tourisme. Dans de nombreux pays qui subissent ce fléau en Afrique, l’insécurité est le fruit des difficultés économiques, mais aussi et surtout des guerres, des tensions sociales et autres rébellions. Le phénomène a des répercussions sur les pays voisins à cause de la circulation des armes et du déplacement des populations.

Au nord du Cameroun, l’insécurité des biens et des personnes confrontées aux activités des « coupeurs de route » est devenue endémique (Seignobos et Weber, 2002). Il s’agit d’une sorte de « genre de vie » qui touche tous les milieux. Une fois les routes sécurisées par d’efficaces sections d’antigangs, les « coupeurs de route » s’emparent des campagnes pour racketter les éleveurs ; pourchassés en brousse, ils reviennent sur les routes. L’insécurité est telle que certains itinéraires se font en convois dans le Mayo-Rey, mais aussi sur l’axe Ngong-Touroua et, il y a peu de temps encore, de Waza à Maltam dans l’extrême-nord. Les commerçants cotisent pour payer une escorte de gendarmes afin de quitter le marché de Mbaïboum, par exemple. En effet, les « coupeurs de route » organisent le plus souvent des embuscades de jour comme de nuit sur les grands axes de circulation, notamment celui qui relie Ngaoundéré à Kousséri. Ils placent des sentinelles aux extrémités de leur zone d’opération. Ceux-ci surveillent l’arrivée des véhicules de transport qui, une fois dans leur zone d’action, ne peuvent faire demi-tour sous peine d’être criblés de balles. D’autres sont cachés dans les broussailles et surveillent tout

26 mouvement suspect ou velléités de résistance. Un autre groupe est sur la route. Ces derniers font coucher les passagers à plat ventre et les dépouillent de tout leur argent et leurs biens précieux (bijoux, vêtements, appareils, etc.) (Wassouo, 2003).

Dans les villages des populations sédentaires « isolées », les attaques sont fréquentes lors de la vente du coton. Les « coupeurs de route » attaquent les villages la nuit et exigent des populations paysannes de présenter leurs tickets de vente de coton et les sommes correspondantes. Cette situation oblige les paysans à louer auprès du chef de brigade les services de gendarmes pour garder le village une semaine après le marché de coton, le temps que les principaux achats et transactions aient consommé le plus gros des revenus du coton. Au pire des cas, des villages entiers se vident de leur population. L’insécurité est préoccupante pour les autorités bien sûr, mais aussi pour tous les acteurs du développement. La SODECOTON, longtemps épargnée, enregistre depuis plus de deux ans, des agressions à l’encontre de ses agents, jusqu’à des attaques de camions de coton- graine.

De plus en plus, les « coupeurs de routes » s’intéressent aux éleveurs transhumants. Ces derniers sont attaqués les jours de marché et dépouillés du produit de la vente de leurs animaux. Ces dernières années, les « coupeurs de route » ont commencé à prendre des enfants et des femmes des Mbororo en otage contre de fortes rançons. Le phénomène est récurrent et c’est pratiquement tous les mois que des personnes sont enlevées échangées contre rançon et parfois exécutées en cas de non paiement ou de mobilisation de la gendarmerie. Les parents, face au phénomène, hésitent à collaborer avec les autorités, mais très souvent les évènements ne leur donnent pas tort car les représailles s’en suivent immédiatement. Aussi tragique qu’elle soit, l’insécurité au nord du Cameroun n’a rien d’exceptionnel. Depuis plus de vingt ans, la peur gagne du terrain dans les campagnes africaines. Nous présentons ici les cas de quelques pays.

En République Centrafricaine (RCA), de nombreuses sources rapportent plusieurs attaques de « coupeurs de routes » contre les populations civiles. « Le Citoyen »15 fait mention de la recrudescence de ce phénomène dans les localités de Bouca, Bossangoa, Kaga-Bandoro, Dékoa, Sibut, Grimari, Ippy, Bria, Ndélé. Des rançons qui peuvent atteindre jusqu’à 3 millions de Fcfa (envions 4 000 €) sont réclamées. En 2004, conscient

de l’ampleur de ce phénomène, le Gouvernement français, sur le site Internet16 du

Ministère des Affaires Etrangères, a mis en garde ses ressortissants à destination de la République Centrafricaine d’éviter toute la région Nord en particulier, la bande comprise entre Ndélé et Bocaranga au nord d’une ligne Ndélé, Kaga Bandoro, Bossangoa et Bozoum où on rencontre des « coupeurs de route » puissamment armés et très dangereux. Ailleurs, l’insécurité est la conséquence des guerres et de leurs répercussions sur les pays voisins : circulation des armes et déplacements des populations. Ainsi, au Tchad, après plusieurs années de guerre civile et de conflits avec la Libye, un nombre considérable de fusils d’assaut, de lance-roquettes et de mortiers est tombé aux mains d’une dizaine de mouvements rebelles mais aussi d’éleveurs et de « coupeurs de route ». Les pays voisins en pâtissent, en particulier le Cameroun. Ces bandits de grands chemins qui détroussent voyageurs et commerçants, sont présents en Centrafrique et n’hésitent pas à piller des

15 Quotidien centrafricain N° 1786 du mercredi 17 décembre 2003.

27 villages et à prendre des otages. Au Niger, les éleveurs peuls sont victimes des razzias de bandits touaregs qui sont entrés en rébellion et ont accumulé un important arsenal de guerre. Les vols des véhicules et de bétail sont devenus la nouvelle spécialité des détenteurs d’armes.

A l’insécurité physique qui a pris une ampleur phénoménale ces dernières années, il faut ajouter d’autres formes d’insécurité, qui, conjuguées les unes aux autres, constituent un handicap majeur pour l’épanouissement des éleveurs mbororo dans leurs activités et leur stabilité. Il s’agit selon les termes de Seignobos et Weber (2002) d’une « instabilité psychologique tenant à l'impossibilité, pour beaucoup, de s'inscrire dans un projet d'avenir, en raison de trop d'incertitudes et de précarité des droits ».

1.2.2.2. Incertitudes sur le foncier et la fiscalité

Les incertitudes sur le foncier et la fiscalité sont cultivées et exacerbées par les autorités traditionnelles qui n’hésitent par à remettre chaque année en cause les règles d’accès à la terre. Ce qui, évidemment pousse les éleveurs à déplacer chaque fois leurs sites d’installation ou à renégocier ceux sur lesquels ils sont installés. Il en est de même de la reconnaissance des zones attribuées aux pâturages qui sont à la fois octroyées aux agriculteurs. Ce qui engendre des conflits, sources de revenus pour les chefferies lors des médiations.

L'insécurité fiscale quant à elle est liée au fait que les éleveurs sont confrontés à plusieurs formes de taxation : celles des obligations fiscales nationales, celles des communes rurales et celle des lamidats, la fameuse zakkat. Cette dernière est d’autant plus contraignante pour les éleveurs qu’elle conditionne leur présence dans la région. Le non-paiement de cette taxe est passible d’expulsion du lamidat et il manque des possibilités de sécurisation des droits et des recours contre ces différents abus d'autorité.

Les éleveurs sont également confrontés à l’insécurité de l'épargne et du crédit qui les empêche de diversifier leurs activités, de sécuriser leurs revenus et pour les plus pauvres de pouvoirs se reconstituer un troupeau. En effet, les éleveurs n’ont pas la culture de l’épargne en argent et du crédit en espèces pour mettre en œuvre certaines activités génératrices de revenus liées à l’élevage, comme l’embouche, la vente du lait. Il n’existe pas de banques fiables et accessibles en milieu rural. Quelques structures de microcrédit ont vu le jour dans certaines agglomérations rurales comme Ngong et Lagdo. Mais les éleveurs qui ont tenté l’expérience pour y épargner de l’argent espérant des crédits ont été déçus, ces structures ayant fermé leurs portes quelques années plus tard. Les épargnants désemparés hésitent aujourd’hui à se fier à de telles structures. Ils ne se tournent plus que vers les usuriers, mais en cas d’urgence pour résoudre des problèmes ponctuels.

Limités dans leurs mouvements par la fermeture et la saturation de l’espace et par la menace des bandits de grands chemins, les éleveurs transhumants sont considérés aujourd’hui comme des « parias » dont l’activité d’élevage est dévalorisée et la conduite du troupeau de plus en plus coûteuse et dangereuse.

1.2.2.3. Déni du droit à la reconnaissance, à la représentation et à la participation aux affaires publiques

L’émancipation et la reconnaissance politique sont importantes pour assurer que les éleveurs mbororo participent à la vie politique et sont représentés dans tous les processus politiques. Les Mbororo peuvent être en effet représentés à l’Assemblée nationale et dans les autres structures politiques du pays, mais dans la réalité, leur représentation est soit

28 inexistante, soit inefficace. De ce fait, les questions qui les concernent ne sont pas adéquatement traitées. Beaucoup de facteurs structurels sont à la base de cette situation, notamment le manque de professionnels instruits. Cela constitue une violation indirecte de l’article 13 (1) de la Charte africaine qui reconnaît à tout citoyen le droit de participation à la direction des affaires publiques de son pays.

Cette situation est exacerbée par la marginalisation dans les services sociaux sur les sites d’installation des éleveurs mbororo. Les infrastructures sont soit inexistantes, soit insuffisantes. Les services sociaux comme les écoles, les infrastructures de santé sont rares et éloignés, tandis que les routes et autres infrastructures physiques sont peu développées. Un impact négatif se fait sentir sur le nombre d’employés et la qualité des services sociaux auprès des éleveurs. En conséquence, l’analphabétisme et l’absence de professionnels dans les domaines de l’éducation, de la santé humaine et animale, du système judiciaire et de l’administration publique privent les éleveurs de la représentation dans les instances importantes de prise de décision à tous les niveaux. Cela constitue une violation de leurs droits fondamentaux prévus par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, tels que : le droit égal d’accéder aux fonctions publiques de leurs pays (article 13 (2)) ; le droit à l’éducation (article 17 (1)) et le droit aux soins de santé et à l’assistance médicale (article 16 (2)).

1.1.5. L’élevage mobile : une activité méprisée et marginalisée

Au Nord du Cameroun, l’élevage a un potentiel important avec de vastes bassins de production et consommation, une ressource fourragère relativement abondante, une situation sanitaire maîtrisée, une eau disponible. Il peut ainsi participer à l’effort de développement national et répondre aux enjeux et défis actuels. La demande est assez forte avec le développement de l’urbanisation (population estimée à 932 500 habitants pour la province du Nord), mais surtout la proximité du marché nigérian. Mais ce secteur de production est pratiquement délaissé par les bailleurs de fonds et mal défendu par les services de l’élevage et la recherche (Labonne et al., 2003).

Au Cameroun comme dans toute la zone soudano-sahélienne d’Afrique, l’élevage mobile doit-il être considéré comme une pratique archaïque qui doit disparaitre ? Pendant longtemps en effet, il a été victime d’un certain nombre de mythes et malentendus. Cette activité a été toujours considérée comme une pratique d'un autre âge et dégradant l’environnement et les ressources naturelles. C’est pour cela que dans de nombreux pays, les autorités politiques avec l’appui des organisations internationales mettent en œuvre des programmes de sédentarisation des pasteurs et de leurs troupeaux dans un territoire bien circonscrit. Le rejet de ces programmes est fortement exprimé par les éleveurs lorsque le mode d’exploitation des parcours se fait par des pratiques nomades. Cela conduit à établir une dichotomie entre les modes de vie nomades et sédentaires comme s’ils avaient évolué de manière indépendante (Bernus, 1990).

Pour Braudel, cité par Ancey (1996), les pasteurs sont ainsi considérés comme une catégorie d’hommes à part, d’hommes hors de la règle commune, presque « hors la loi ». Cet auteur ajoute que « les agriculteurs ou arboriculteurs les voient passer avec crainte et hostilité. Pour eux et pour les gens des villes, ce sont là des barbares, des semi sauvages ».

On constate toutefois qu’au cours du XXè siècle, le phénomène de sédentarisation des

sociétés pastorales nomades est apparu comme universel (Sandron, 1998), mais que ses formes revêtent des aspects et des rythmes forts différents d’un pays à un autre. Elles ont

29 été voulues par les populations pastorales et ne peuvent pas leur être imposées. Les raisons directes ou indirectes avancées par les décideurs politiques pour justifier cette sédentarisation ont trait au bien-être des populations (scolarisation, soins médicaux), au développement économique, à la fiscalité, à une politique de répartition géographique de la population, à un souci de sécurité ou à la géopolitique. Les décisions des autorités politiques peuvent être d’un poids décisif dans la cessation du mode de vie nomade.

Au sein même des sociétés nomades, l’élevage mobile est de plus en plus considéré comme une activité pénible et forte contraignante, que la plupart des jeunes n’ont aucun désir d’entreprendre. En outre, le relâchement de l’autorité familiale patriarcale s’est traduit par une confiance et une coopération moindres entre le propriétaire du troupeau et le berger pasteur, que ce dernier soit salarié ou non (Gallais, 1972). Chez les Woodaabe du Niger, le nombre de travailleurs sur les parcours dans le secteur de l’élevage a diminué car nombreux sont ceux qui partent à la recherche d’un travail salarié (Maliki et al., 1984). De plus, le travail de berger est dévalorisé dans les sociétés rurales. Ces travailleurs sont en effet mal payés (5 000 Fcfa par mois environ ou un veau après 5 mois de travail) et assez souvent mal considérés par les habitants (Picard, 1999). Certaines personnes ne voient en eux que de simples manœuvres sans instruction. Les fils de paysans non-peuls cessent de faire ce travail après 18 ans. Ils préfèrent cultiver la terre et se marier. Par contre, les peuls et les Mbororo continuent plus volontiers ce travail passé l’âge de 20 ans, sans doute par goût et aptitude mais aussi par manque d’autres opportunités