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II.2. R ESULTATS

II.3.3. D YNAMIQUE TEMPORELLE DES CONCENTRATIONS ET DE LA STRUCTURE DE

STRUCTURE DE TAILLE DU POOL LARVAIRE

.

Le premier résultat ressortant du suivi larvaire réalisé en baie de Morlaix était la longue période de présence des larves de Crepidula fornicata dans le milieu. Le second résultat majeur est que les valeurs de concentrations sont faibles, un résultat corroborant les observations ponctuelles faites au cours de l’analyse spatiale (cf. chapitre I). Les

concentrations larvaires, ne dépassent en effet que très rarement 20 larves par m3

(concentration maximale en 2005 : 26 larves par m3 ; en 2006, 22 larves par m3 et en 2007, 83

larves par m3). Ainsi, comme nous l’avons discuté au chapitre I, ces valeurs sont très

inférieures à celles rapportées couramment dans la littérature dans d’autres sites (ex. 2000

larves par m3 dans le secteur de Cancale ; Lasbleiz 2003). Nous avions proposé dans le

chapitre I que ces différences remarquables pouvaient être expliquées par une faible densité en adultes en baie de Morlaix (20 ind.m² ; voir discussion chapitre I).

Une autre différence par rapport aux données de la littérature est l’absence de pics majeurs de présence de larves dans la baie de Morlaix, à l’exception du prélèvement du 11

mai 2007, où plus de 80 larves par m3 ont été enregistrées. Les concentrations larvaires

fluctuent de manière aléatoire au cours de la période de présence excepté pour 2005 (p=0,015). Ces résultats sont différents de ceux observés dans le secteur de Cancale (Lasbleiz 2003) et en Rade de Brest (Coum 1979) où deux pics principaux se détachent : un en juin et un plus tardif en septembre. Deux périodes de fortes abondances sont également notées par Polk (1962) dans le Bassin d’Ostende : une en mai-juin et une beaucoup plus faible en septembre.

Si les concentrations larvaires semblent relativement variables au cours du temps, en revanche, nos résultats ont mis en évidence l’existence de patrons saisonniers en termes de structure de tailles, au moins pour les années 2005 et 2006. Pour ces deux années, les quatre prélèvements estivaux sont en effet plus riches en grandes larves que ne le sont les prélèvements printaniers. En 2007, la structure temporelle est moins tranchée; seuls les deux échantillons de fin août / début septembre semblent présenter une composition plus riche en grandes larves. Notons par ailleurs que les distributions des tailles surprennent par l’absence de certaines classes de tailles (entre 740 et 900 µm environ). Les différentes hypothèses émises au chapitre I pour expliquer leur absence peuvent être à nouveau évoquées dans ce cas : une forte mortalité, la possibilité d’une migration ontogénique, la rapidité des processus

CHAPITRE II

de sédentarisation et la métamorphose à des tailles plus petites que celles décrites dans la littérature.

La saisonnalité de la composition en classes de tailles du nuage larvaire peut résulter de différents facteurs. Premièrement, l’absence de grandes larves en début de saison pourrait s’expliquer par un développement larvaire ralenti par les faibles températures rencontrées (cf. chapitre III) et des concentrations en phytoplancton limitantes. La faible croissance des larves pourrait ainsi avoir pour conséquence de maintenir au sein des échantillons une taille proche de la taille à l’émission (400 µm, e.g. Pechenik et Lima 1984) durant les mois les plus froids. De plus, le stress induit par les basses températures, le manque de nourriture ainsi qu’une exposition prolongée à la prédation pélagique (Beaumont et Budd 1982; Young et Chia 1987; Rumrill 1990) pourraient accroître la mortalité larvaire et ainsi diminuer la probabilité d’échantillonner de grandes larves. A l’inverse, la période estivale permettrait un développement larvaire plus rapide (croissance accélérée à haute température, Pechenik 1984 et chapitre III; apparition du bloom phytoplanctonique favorisant la croissance, Olson et Olson 1989) susceptible de réduire l’impact de la mortalité larvaire due aux basses températures et à la prédation du fait d’un temps plus court passé par les larves dans la colonne d’eau. Ce dernier point peut cependant être discuté puisque certains auteurs suggèrent que la période estivale, succédant au bloom phytoplanctonique serait également la plus propice à la prédation du fait de la mise en place de la chaine trophique pélagique (e.g. Moloney et al. 1994).

D’après les résultats de l’étude de la distribution spatiale des larves dans la baie de Morlaix présentée au chapitre I, les structures de tailles et les concentrations observées au sein des échantillons pourrait également résulter de l’influence de l’hydrodynamisme très actif de la baie de Morlaix. Au cours de l’étude spatiale nous avons mis en évidence l’importance du transport tidal sur la possibilité d’exportation des larves en dehors de la baie. Bien que fortement contraint par le régime de marée, l’hydrodynamisme en baie de Morlaix, comme la majorité des baies de la Manche occidentale, est également régi par la vitesse et la direction des vents (e.g. Ellien 2001; Barnay et al. 2003). Bien que nous ayons négligé leur impact dans notre modèle analytique (cf. chapitre I §I.1.3) du fait de leur faible puissance durant l’échantillonnage spatial de l'été 2006, la direction des vents et leur intensité pourraient moduler le déplacement des masses d’eau à d’autres périodes de l’année. Plusieurs études réalisées à l’aide d'un modèle biophysique englobant plusieurs sites de la Manche occidentale ont montré l’importance de la direction des vents sur les taux de retentions de plusieurs baies

J F M A M J J A S O N D Po urcent age de fem el les av ec pont es 0 20 40 60 80 100 J F M A M J J A S O N D Po urcent age de fem el les av ec pont es 0 20 40 60 80 100 J F M A M J J A S O N D Po urcent age de fem el les av ec pont es 0 20 40 60 80 100

Figure II.12. Pourcentage de femelles avec pontes pour les trois années de suivi. La flèche marque le début

de l’épisode annuel majeur de recrutement au sein de la population bien que des individus immatures aient été observés sur les chaînes tout au long de l’année. Le nombre de femelles avec pontes a été obtenu sur une trentaine de chaînes prélevées chaque mois en plongée sur un transect d’une vingtaine de mètre. Le mois marquant le début de l’épisode majeur de recrutement correspond au mois où la médiane des tailles des immatures baisse fortement. Ces données ont été acquises par Sabrina Le Cam au cours de sa thèse ( Dir.: F. Viard) .

2005

2006

CHAPITRE II

Barnay et al. (2003), considérant un point d'émission de larves fixé en sortie de la baie de Morlaix, ont montré que le nombre de recrues originaires de la baie chez le polychète tubicole Owenia fusiformis pouvait varier de 2,5 ind m-² avec des vents de sud-ouest (6 m s-1) à 9,9 ind

m-² avec des vents de nord-est (6 m s-1). Les figures présentées en annexe II.3A, II.3B et II.3C

montrent que les vents de nord ont tendance à être dominant durant le printemps et les mois d’été sur les trois années de suivi. Cette dominance pourrait par conséquent limiter l’échappement des larves de la baie et ainsi permettre le maintient d'une structure de tailles du nuage larvaire plus hétérogène.