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3.1 Gestion des poissons d’intérêts sportifs au Québec

3.1.9 Volet environnement: protection de la biodiversité

Tout comme pour la protection de l’habitat, la protection de la biodiversité comporte un volet légal et des lignes directrices qui permettent, en combinaison avec certaines interventions sur le terrain, d’assurer la protection de la biodiversité de l’écosystème aquatique. Le gouvernement québécois a adopté en 2004 un plan gouvernemental sur la diversité biologique 2004-2007. Ce plan a permis l’adoption d’une stratégie et d’un plan d’action sur la diversité biologique afin de préciser des objectifs et de cibler les actions à mettre en place pour assurer la protection de la biodiversité (MDDEP, 2004a; MDDEP, 2004b). Un des éléments clés de la protection de la biodiversité concerne la conservation des espèces indigènes. Le MRNF peut y parvenir en assurant une protection de l’habitat et une exploitation adaptée au niveau de la conservation des populations de poissons (MRNF, 2008a). À cette fin, il doit initialement

cibler ses actions vers les espèces et les populations fortement précarisées. Le processus de protection débute par la désignation de toute espèce qui le nécessite sous la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables. Lors de cette nomination, le MRNF détermine également les habitats de l’espèce qui doivent faire l’objet de protection. Une fois les habitats critiques identifiés et protégés légalement, un plan de rétablissement est élaboré et mis en œuvre afin d’améliorer l’état des populations et des habitats les plus sensibles (MRNF, 2009b). Ces plans de rétablissement sont préparés et mis en place par une équipe composée de représentants du MRNF ainsi que de divers intervenants, dont des partenaires gouvernementaux, universitaires et associatifs (MRNF, 2009b). Les plans de rétablissement peuvent cibler l’amélioration des conditions de l’habitat, l’optimisation de la reproduction naturelle, le soutien des populations par des ensemencements, la conservation et l’amélioration des habitats, l’amélioration des connaissances sur l’espèce pour orienter les efforts de rétablissement, l’augmentation des mesures légales de protection ainsi que l’élaboration d’une stratégie de sensibilisation et de communication (Équipe de Rétablissement du Chevalier Cuivré (ERCC), 2004). Des plans de rétablissement ont ainsi été mis en place pour assurer la conservation notamment de l’alose savoureuse, du chevalier cuivré, de l’éperlan arc-en-ciel (population du sud de l’estuaire), de l’anguille d’Amérique et du bar rayé (MDDEP, 2005; MDDEP, 2009a; EREAQ, 2008; MRNF, 2009b). En plus des mesures mises en place par les différents plans de rétablissement, les espèces de poissons d’intérêts sportifs inscrites à la liste des espèces en péril bénéficient d’une protection légale supplémentaire. Lorsqu’une espèce est considérée comme en voie de disparition ou menacée, il est interdit de la tuer, de lui nuire, de la capturer, de la vendre ou de l’échanger, de même que de détruire sa résidence ou tout élément de son habitat essentiel tel que défini dans le cadre d’un programme de rétablissement ou d’un plan d’action (ERCC, 2004).

Les espèces exotiques envahissantes représentent également une menace importante pour la biodiversité de l’écosystème aquatique québécois. Ces dernières exercent en effet une forte pression sur les populations indigènes et peuvent modifier de manière plus ou moins importante l’ensemble de l’habitat aquatique dont dépendent les poissons d’intérêts sportifs. C’est pourquoi le Québec a participé à la mise en place de la stratégie nationale sur les espèces exotiques envahissantes. Cette stratégie vise à prévenir les nouvelles invasions, à les déceler et

à y répondre rapidement. Elle doit notamment permettre de gérer les espèces exotiques envahissantes établies par l’éradication, le confinement et le contrôle (Environnement Canada, 2004). Cette initiative est appuyée par la mise en place de la stratégie québécoise sur la diversité biologique et le plan d’action sur la diversité biologique qui en découle. Ces deux éléments permettent en effet d’identifier des objectifs et des actions à mettre en place pour notamment gérer la menace que représente les espèces exotiques envahissantes (MDDEP, 2004a; MDDEP, 2004b). Parmi les actions mises en place pour lutter contre ces espèces, la FQCP poursuit la sensibilisation de la population aux espèces envahissantes et l’éducation sur les façons de minimiser les risques de propagation lors des activités de pêche. Elle a intégré à cet effet une section sur le sujet à l’intérieur de son cours en ligne d’initiation à la pêche (FQCP, 2010a). L’éradication d’espèces exotiques envahissantes constituait également un des objectifs de la Politique nationale de l’eau (MDDEP, 2009a). Afin de poursuivre cet objectif, un comité directeur a été formé pour lutter contre la menace que représentent l’expansion et la dispersion de la châtaigne d’eau (Dumas et Bilodeau, 2003).

Afin de soutenir les espèces et populations en situation précaire, le MRNF a également recours à des ensemencements de conservation. Il doit alors s’assurer que les ensemencements effectués ne mettent pas en danger ces espèces précarisées. Le MRNF a donc réalisé des plans de reproduction pour les espèces les plus susceptibles de faire l’objet d’un ensemencement de conservation. Ces plans prescrivent les mesures à déployer (souche des parents, nombre minimum de reproducteurs à utiliser pour le fraie, type de croisement à utiliser) afin d’éviter le plus possible les impacts génétiques négatifs liés aux ensemencements. Parmi les espèces précarisées, les ensemencements de conservation ont été utilisés notamment pour le chevalier cuivré, pour la réintroduction du bar rayé dans le fleuve Saint-Laurent et pour le saumon atlantique (MRNF, 2008a; Arvisais, 2010). Des mesures supplémentaires ont été mises en place pour assurer la conservation du saumon atlantique. Un seuil de conservation a notamment été établi pour chacune des rivières à saumon du Québec afin de préserver l’espèce tout en maintenant une exploitation optimale de la ressource à long terme (MRNF, 2010d).