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II Capucins français et chrétiens d’Orient

A) Vivre avec les chrétiens d’Orient

Les capucins semblaient nouer rapidement des liens avec les chrétiens d’Orient, les ramener à la foi catholique était par ailleurs le principal objectif des missionnaires.

Dès 1623, dans une de ses lettres, le Père Joseph écrivit que ce sont les peuples d’Orient et les consuls de France qui désirent la venue des capucins1. On voit ici l’idée selon

laquelle les missionnaires, et de surcroît les capucins, étaient appelés par les chrétiens d’Orient qui avaient besoin d’un soutien spirituel. Il s’agit bien entendu d’un bruit lancé par les Occidentaux eux-mêmes, il s’agissait aussi de l’une des raisons invoquées lors des croisades. Cette idée fut reprise par les missionnaires à leur arrivée en Terre Sainte.

Une fois sur place pour justifier leur installation en tel ou tel lieu, les capucins donnaient des chiffres, par exemple à Bagdad pour le Père Michel-Ange de Nantes « il y a peut-être deux cents familles de chrétiens2 ». Il faudrait savoir ce que le Père Michel-Ange de Nantes appelle une famille ; est-ce une maisonnée avec les parents, les enfants ainsi que les

1 PJP., lettre du Père Joseph à un capucin, [de France] au début de l’année 1623, p. 34. 2

grands parents, soit une dizaine de personnes, dans ce cas le nombre de 2000 chrétiens est loin d’être aberrant sachant qu’à Alep qui compte entre 78 000 et 115 000 habitants au XVIIe

siècle3 il y avait 20 000 et 30000 chrétiens4. Mais pour la même ville, 32 ans plus tard, une chronique affirme que la communion fut donnée « a plus de cinq ou six milles ames5 », nombre qui paraît exagéré par rapport au précédent. Pour le Père Michel de Rennes les chiffres sont plus imposants, il affirme que « plus de la moitié des habitants es contrées et ressort de Tripoly, de Baruth, de Saide et de Damas estans chrétien6 ». On peut vraisemblablement penser que le chiffre du Père Michel de Rennes est supérieur à la réalité, puisque Frédéric Hitzel indique que la population de la ville de Damas était composée de 13 à 18% de non-musulmans au XVIe siècle7, il n’est pas envisageable qu’elle ait atteint les 50% un siècle plus tard. Rédigeant son discours à la congrégation De Propaganda Fide, le missionnaire cherche probablement à montrer l’importance des missions du Moyen-Orient.

Le Père Michel-Ange de Nantes nous donne des estimations bien différentes. Selon lui « en Hispahan ils n’ont que Julfa où ils ayent des chrestiens ». La Nouvelle-Djoulfa est le quartier chrétien hors de l’enceinte de la ville d’Ispahan, il est composé majoritairement d’arméniens mais on y retrouve aussi des géorgiens, nestoriens et jacobites8

. Alors qu’à Bagdad « a peine ils sont quarante familles9 », ce qui est moindre que les 200 familles que le même père dénombrait 4 ans plus tôt. Il déconseille donc d’envoyer des missionnaires dans ces villes, et il favorise au contraire « Moussol, Merdin, Dierbequer, Van, Rivan10, où tout le pais est chrestien, et on peut cheminer plus de quarante journées de vilage en vilage de chrestiens », donc une zone comprise entre Alep et Mossoul. Il s’agit d’une zone relativement étroite. En effet, Mossoul est au Nord de l’Irak actuel tandis que Mardin, Diyarbakir et Van sont situé au Sud-Est de la Turquie ; Erevan est un plus au Nord dans l’actuelle Arménie. On peut douter de la totale véracité des propos de ce religieux car, il est probable que la majeure partie du territoire qu’il cite soit peuplée de musulmans. Cependant il est peut-être vrai qu’il y a plus de chrétiens dans ces différentes communautés qu’à Bagdad. L’auteur se trompe pour

3 H

EYBERGER,Bernard, « Les chrétiens d’Alep (Syrie) à travers les récits des conversions des missionnaires carmes déchaux (1657-1681) », in Mélanges de l’Ecole française de Rome. Moyen Âge, Temps modernes, T. 100, n° 1, 1988, p. 461-462.

4 H

EYBERGER, Bernard (dir.), Les chrétiens du monde arabe : un archipel en terre d’Islam, Paris, Autrement, 2003, p. 55.

5 Ms. 1436, p. 167.

6 Ms. 1533, rapport du Père Michel de Rennes à la Congrégation de la Propagande, de Rome en 1641, p. 608. 7

HITZEL, Frédéric, op. cit., p. 70. 8 R

ICHARD, Francis, Op. cit.,p. 25.

9 Ms. 1533, lettre du Père Michel-Ange de Nantes aux Père Raphaël de Nantes, de Bagdad, le 25/01/1641, p. 549.

10

Ispahan, car depuis la déportation des arméniens en 1603, la ville compte de nombreux chrétiens arméniens : ils étaient d’abord 30 000 et leur nombre a doublé au cours du XVIIe

siècle11, même Alep ne dispose pas d’un si important contingent de chrétiens.

On constate que les capucins pouvaient être assez exacts lorsqu’ils dénombraient les chrétiens, ainsi le Père Sylvestre de Saint-Aignan écrit qu’il y avait 8 000 arméniens encadrés de 19 prêtres à Alep12, ceci correspond aux données de B. Heyberger qui place les arméniens comme la seconde nation chrétienne d’Alep, en taille de population, derrière les 10 ou 15 000 grecs et devant les 3 000 maronites et les jacobites13 (nous ne disposons pas de leur nombre). En Inde les missionnaires croisaient moins de chrétiens aux premiers temps de leur installation, mais les chiffres croissent rapidement, peut-être trop rapidement. A Surat le Père Zénon de Baugé avait un « troupeau » de 80 personnes, en 1648, il n’avait la charge que de 30 personnes à son arrivée près de 10 années plus tôt14. Ici l’augmentation du nombre de chrétiens est crédible, mais à Madras, lors de l’arrive du Père Ephrem de Nevers en 1642, « le nombre de son troupeau monta isqu’a 300 qu’il avoit soubs sa conduite15

», alors qu’en 1663 « le nombre de leurs catholique » monta « a plus de 6 000 ames le nombre croissant touts [sic.] les iours16 ».

C’était auprès des ces – plus ou moins grandes – communautés chrétiennes que les capucins français étaient venus exercer la majeure partie de leur apostolat. Avant d’en venir à l’apostolat à proprement parler, dressons le tableau des relations entre missionnaires et chrétiens d’Orient.

Dans la plupart des localités qu’ils visitaient les pères semblaient en bons termes avec les chrétiens d’Orient, en campagne il n’y a pas d’exemple de mauvais accueil. Le Père Michel de Rennes nous explique qu’à Damas l’un des problèmes vient du fait que la population avait un mauvais souvenir des chrétiens qui les avaient précédés si bien que « la plus grande iniure qu’ils se disent les unes aux autres c’est Frangie qui est comme en France dire à un homme qu’il est un vray juif17 ». Frangie, comme le terme Ifrandj que l’on croise plus souvent, est un terme générique utilisé par les habitants du Moyen-Orient pour désigner les Occidentaux.

11 R

OUX, Jean-Paul, Op. cit., p. 403

12 FAC. M.89, lettre du Père Sylvestre de Saint-Aignan au Père [supérieur] de l’hospice de Constantinople, d’Alep le 05/02/1662, p. 1.

13

HEYBERGER, Bernard (dir.), Op. cit., p. 55. 14 Ms. 1436, p. 149.

15 Ibid., p. 130. 16 Ibid., p. 164. 17

Plus généralement les missionnaires français laissent de bons échos de leurs contacts avec les chrétiens orientaux. Le Père Adrien de La Brosse dit en parlant des chrétiens de Beyrouth18 : « ils m’adorent, et ne me voudroient jamais laisser aller, quand je suis dans leurs villages ». Les capucins profitaient de cette amitié, vivant d’aumônes ils ne semblaient pas être en manque. Bien plus que les musulmans, comme nous l’avons vu plus tôt, les chrétiens leur faisaient de nombreux dons. Ne prenons que l’exemple du Père Adrien de La Brosse à Beyrouth qui affirme qu’on leur « apporte plus que 8 religieux ne pourraient manger, pour du pain et autres choses selon leur usage19 ». Comme pour les musulmans il y a une prépondérance des dons en nature ; on offre à manger aux capucins, on leur offre même parfois un peu de mobilier.

Il en va ainsi de même auprès des musulmans ; si les missionnaires avaient un tel succès chez les chrétiens d’Orient, c’était en partie grâce à leur mode de vie, aux nombreuses privations dont ils souffraient pour vivre auprès des populations chrétiennes. Par exemple la chute dans l’eau gelée du Père Michel-Ange de Nantes lui vaut un certain respect20. Non contents de prêcher auprès des populations les capucins leur montraient l’exemple à suivre. Cependant il existe un exemple dans lequel l’habit pauvre des capucins créa un trouble dans la population. Dans un village maronite de Chypre les habitants, à la vue du Père Michel de Rennes, « croyant que ce fust un phantosme ainsy habillé ou un turc qui les voulust assassinés, tous s’en fuyants21 » ; mais comme le Père Michel parlait arabe il réussi nouer le contact.

Leur maîtrise des différentes langues orientales permettait aux capucins d’être compris et ainsi les populations pouvaient plus facilement se lier à eux, ce point était important pour leur intégration, et dans le cas de Damas où ils étaient dans un premier temps tenus à l’écart, comme nous l’avons précédemment vu, cette maîtrise de la langue locale a permis aux capucins de surmonter les embûches et de se concilier l’essentiel de la population chrétienne.

Le « grand » savoir des missionnaires français était là encore un vecteur d’intégration. Le patriarche maronite, en fonction autour de l’année 1717, ne portait pas le Père Sébastien de Nantes, alors supérieur de l’hospice de Beyrouth, dans ses bonnes grâces, et malgré les conseils de son secrétaire il lui restait hostile. A la suite d’un entretien entre les deux religieux les choses se détendirent et lorsque le Père Sébastien fit parvenir au patriarche des remèdes

18 Ibid., lettre du Père Adrien de La Brosse au Père Raphaël de Nantes, de Beyrouth, en 1628, p. 21. 19 Ibid., lettre du Père Adrien de La Brosse au Père Raphaël de Nantes, de Beyrouth, le 25/11/1629, p. 43. 20 Ibid., lettre du Père Bonaventure du Lude au Père Raphaël de Nantes, D’Alep le 23/12/1639, p. 359. 21

contre ses rhumatismes les relations entre les 2 hommes devinrent plus cordiales22. C’est sans doute l’entretien plus que les remèdes qui apaisa le patriarche maronite, mais on voit que les prélats chrétiens aussi, et pas seulement les petits gens, pouvaient avoir recours en la médecine des capucins.

Les capucins, avant de gagner les populations au catholicisme, commencèrent à instruire les chrétiens d’Orient, pour ce faire ils ouvrirent des écoles. A Bagdad en 1669 l’école était fréquentée par 25 enfants qui y apprenaient à lire et écrire et recevaient des bases dans quelques sciences « necessaires pour leur condition23 », le tout en arabe et en syriaque. On trouve aussi de telles écoles en Inde, comme à Madras où les missionnaires apprenaient aux enfants à lire et écrire en « Portugais, Indien et Malabare, [dispensant] le latin aux un et aux autres24 ». Nous disposons de la copie d’un projet d’établissement de séminaire jésuite dans les Indes orientales au XVIIIe siècle. On peut y lire que le concile de Trente dit que le

meilleur moyen d’établir le royaume de Dieu est de bien élever les enfants. Ils apprendront d’abord à lire dans leur propre langue puis en italien, l’arithmétique et surtout la religion catholique leur seront enseignés. On propose aux missionnaires d’apprendre le latin aux meilleurs ; pour en faire des religieux. Dans notre cas comme il n’y avait pas de séminaires, mais seulement des écoles, certains jeunes Orientaux, parmi les meilleurs, pouvaient aller étudier à Rome. Le document que nous venons d’étudier affirme que plus que les missionnaires, ce sont ces nouveaux religieux qui « enterinerons les conquêtes25 ». Une fois formés à Rome les élèves revenaient exercer leurs fonctions sur leur terre d’origine, de la sorte en 1672 la Sacrée congrégation de la Propagande recommanda un élève qui quittait Rome pour Alep aux missionnaires de la ville26.

Des clercs cherchaient à leur tour à se former auprès des capucins. Un évêque nestorien d’ « Ouroumy27

» demanda aux religieux français de l’instruire et voulut que les prêtres de son évêché assistent à ces cours tous les jours ; ils sont 9 ou 10 à le faire28.

Les Occidentaux à leur tour profitaient de leurs relations avec les chrétiens d’Orient. Outre les aumônes qu’on leur dispensait ils obtenaient un relatif soutien. Lorsque le Père Pacifique de Provins obtint une audience du Shah Abbâs Ier il fut assisté dans cet entretien par 22 Imp. 1191, p. 63-69. 23 Ms. 1436, p. 167. 24 Ibid., p. 164. 25 Ms. K 1374 (doc. 21), p. 27-29. 26 Ms. 193, p. 60. 27 Probablement Ourmia. 28 Ms. 1436, p. 159.

un marchand arménien qui l’avait soutenu depuis son arrivée à Ispahan, un nommé Coagé- Nazar29. Dans le même ordre d’idée, un maronite, Mr Abrahim drogman de la nation, les aida au cours des négociations qui menèrent à l’obtention de l’hospice de Beyrouth en 162630

. En plus d’aider à l’obtention des missions, ces soutiens pouvaient s’avérer être une relative protection, ainsi lorsqu’il fut fait prisonnier sur la route par des Arabes, le Père Justinien de Neuvy fut libéré par un chrétien maronite, pour 1’écu précise-t-il31.

Les bonnes grâces des religieux orientaux les plus influents étaient vivement recherchées par les capucins, ainsi lorsqu’en 1633 un nouvel archevêque arménien fut élu les Pères Lazare de Blois et Bonaventure du Lude allèrent à sa rencontre et « obtinrent tout pouvoir d’exercer leur mission au Mont Liban et ailleurs32

». En effet les religieux français devaient s’associer aux différents patriarches d’Orient pour pouvoir prêcher librement auprès de leurs ouailles.

Cependant les chrétiens d’Orient n’étaient pas toujours très accueillants et leur clergé, en majorité orthodoxe, ne voyait pas d’un bon œil l’implantation de missionnaires catholiques.

Lorsque les chrétiens d’Orient ne s’entendaient pas avec les capucins ils pouvaient discréditer les prêtres européens auprès des autorités musulmanes, c’est ainsi qu’à Mossoul en 1675, après avoir gagné des âmes à Dieu, les capucins se sont retrouvés confrontés à certains « hérétiques » qui sont allés trouver le pacha, ce dernier fit arrêter les capucins33. De même à Diyarbakir, un demi-siècle plus tard, les « hérétiques » réussirent à obtenir un commandement de la Porte leur permettant de chasser les capucins de la ville34. Les orientaux pouvaient agir sans en référer aux autorités ottomanes, comme ce fut le cas à Mossoul. Au cours de l’année 1722 des chrétiens de la ville saccagèrent l’hospice des capucins et massacrèrent le Père Pierre d’Issoudun35

. Cependant dans ces différents cas, nous ne savons pas quelle proportion de la population des chrétiens d’Orient s’en prit aux missionnaires, ni qui parmi ces chrétiens : les plus riches, les plus pauvres, des clercs etc. ?

Nous savons qu’une partie des clergés orientaux était hostile aux capucins, nous disposons de plusieurs exemples en ce sens. Selon le Père Gabriel d’Alençon, il y avait « un

29 PP., p. 359. 30 Imp. 1191, p. 91. 31

HEYBERGER, Bernard, Op. cit, p. 620. 32 Ms. 1436, p. 106.

33 Ms. 193, p. 66. 34 Ibid., p. 116. 35

peu de jalousie de la part de leurs prélats »36 lorsque la population montrait un trop grand intérêt pour les pères venus de France. L’auteur de l’Abrégé des missions capucines écrit lui aussi que le patriarche nestorien de Bagdad était hostile à l’action apostolique des capucins par crainte de « n’estre plus reconnus pour ce qu’il estoit de tout son peuple37 ». Les capucins étaient conscients de cette jalousie, car en plus de cacher aux musulmans les conversions qu’ils effectuaient, ils devaient les cacher aux yeux des prélats chrétiens du Moyen-Orient, par peur qu’ils ne les dénoncent aux autorités musulmanes. Dans le même ordre d’idée à Beyrouth les curés maronites s’opposent régulièrement aux missionnaires français les gênant lorsqu’ils disaient la messe, l’un d’entre eux excommunia même, un dimanche, les chrétiens qui assistaient à la messe des capucins, acte qui créa des troubles dans la ville. Les chrétiens se rangèrent majoritairement du côté des capucins. L’évêque de la ville ainsi que le patriarche tranchèrent en faveur des religieux français38. Ce dernier exemple est d’autant plus intéréssant car les maronites font partie de l’Eglise catholique. Il existait donc des tentions et rivalités que l’institution cherchait à apaiser.

L’hostilité d’un prélat important des Eglises d’Orient, notamment un patriarche, pouvait rendre l’action des missionnaires très délicate. Si le patriarche l’ordonnait à la population qui est sous son autorité, elle pouvait se détourner des pères bretons. Par exemple, si on garde le cas du patriarche des nestoriens, étant donné qu’il était hostile aux missionnaires catholiques, lorsque les capucins demandèrent à des nestoriens de se confesser, ils « protesterent qu’ils ne le pouvoient faire sans le consentement du Patriarche et qu’ils seroient deferez au tribunal des Turcs39 ». Cette menace du tribunal turc revient parfois lorsqu’un patriarche refuse que ses ouailles se soumettent à la foi des Latins. Cette menace est probablement liée au fait qu’il était interdit de changer de religion dans l’Empire ottoman, sauf pour se convertir à l’Islam, il s’agit donc d’une menace de mort. Le patriarche maronite, pourtant catholique, a pu lui aussi mener des actes envers les religieux européens. En 1648 le nouveau patriarche de cette aubédience, Jean Bawab de Safra (1648-1656), ôta toutes facultés de prêcher dans les Eglises catholiques aux capucins, aucun maronite ne devait recevoir de sacrement de la part des missionnaires sous peine de sanction ecclésiastique. Il ordonna à ses prêtres de lire en public un commandement allant de ce sens contre les 3 ordres missionnaires

36

Ms. 1533, lettre du Père Gabriel d’Alençon au Père Raphaël de Nantes, de Tripoli le 11/03/1640, p. 411. 37 Ms. 1436, p. 90.

38 Imp., p. 53-57.

39 Ms. 1533, lettre du Père Michel-Ange de Nantes au cardinal préfet de la Congrégation de la Propagande, de Mossoul le 22/05/1640, p. 482.

de la ville40 : les capucins, les carmes et les jésuites.

Le salut des chrétiens d’Orient était bel et bien la priorité des missionnaires français. Si les autorités religieuses locales étaient de leur côté, leur travail s’en retrouvait facilité même s’il devait rester invisible aux Ottomans. Cependant, même sans le soutien des prélats orientaux, les capucins tentaient d’agir et sans tenir compte des menaces. Il semble que les relations que nouaient Bretons et Tourangeaux avec les Orientaux étaient meilleures avec les populations qu’avec les clercs locaux. Notons par ailleurs que les capucins ne semblaient pas être hostiles envers les chrétiens d’Orient, ils ne leur jetaient pas la pierre et écrivaient qu’ils étaient « plus tost malades d’ignorance, que d’erreur41 », d’où l’importance de la prédication.