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On peut dire de ce quartier qu'il constitue un milieu d'interconnaissance. La connaissance mutuelle, mais également la visibilité et le contrôle qu'elle permet ou encore la sonorité du bâti, sont quelques unes des contraintes de l'habiter à Sainte- Marthe. C'est en fonction de leurs trajectoires passées et de leurs projets que les habitants du quartier s'adaptent à ces conditions. Il y a deux grands groupes. D'une part, ceux qui entendent bien affirmer leur droit à l'anonymat en ville et défendre leur tranquillité chez eux. D'autre part, les résidents qui choisissent d'habiter un quartier et non seulement un appartement.

Dans le premier cas, le principe du "chacun chez-soi" organise les relations au voisinage qui peuvent être et qui sont généralement, courtoises voire aimables. La tendance est à la discrétion aussi bien dans l'espace résidentiel que dans l'espace public. Les lieux de production de soi sont plutôt extérieurs au quartier. Nous commencerons ce chapitre par l'approche de ces usages de l'habiter et du quotidien ("L'anonymat revendiqué"). Ils ne sont pas mis en avant par ceux qui disent Sainte- Marthe et son charme, l'authenticité du "village".

Au contraire et c'est le second cas de figure que nous annoncions, des habitants s'engagent dans une voie d'ouverture sur le quartier et aux autres et font preuve de compétences habitantes pour conformer leur logement à ces dispositions et ces attentes. Dans cet esprit, l'usage veut que l'on puisse passer à l'improviste chez une connaissance, pour rendre visite ou pour demander un service. Dans la rue, les rencontres fortuites sont appréciées, mais ces habitants semblent attendre beaucoup d'échanges moins éphémères. Leur quête du lien social ne peut pas être ignorée tant elle contraint la vie au jour le jour et l'habiter. C'est dans "l'entre-soi" que l'on espère retisser du lien et redessiner du sens.

La vie sociale ainsi produite est quelque fois intense, elle a divers lieux d'expression dans le quartier. Les cafés "traditionnels"7 en constituent des foyers importants. Mais nous débuterons sa description et son analyse en insistant sur le cas d'un immeuble marqué par une expérience d'habiter à la fois originale et pourtant représentative de certaines "mœurs" saint-marthoises ("La fusion recherchée").

Plusieurs immeubles auraient pu faire l'objet d'une attention aussi soutenue. Nous avons privilégié celui-ci pour au moins deux raisons. D'abord parce que l'originalité du mode d'habiter que nous y décèlerons tient dans l'exagération de certains principes caractérisant bien d'autres expériences observées dans le quartier. Sa valeur paradigmatique nous a incité à développer ce cas.

Ensuite parce que l'enquête socio-anthropologique repose aussi sur l'aide, les suggestions et les recommandations d' "informateurs privilégiés". Elena fut une des premières habitantes à nous avoir accordé un entretien, elle devint une "informatrice" de qualité. Elle a vécu plusieurs années dans cet immeuble et nous a facilité l'investigation sur place. Son départ et son éloignement du quartier ont peut-être créé un écart heuristique propice à la désignation de pistes intéressantes. Toujours est-il que ses propositions rejoignaient souvent nos propres observations.

Parmi elles, nous retenons son conseil de considérer les "petits réseaux" dans le "grand réseau" ou encore les différents "mondes" (Elena) composant ce quartier qu'elle a tendance à présenter, peut-être à tort, comme une totalité.

A cet égard, nous serons attentifs aux saillances que Pierre Bouvier nomme des "construits de pratiques heuristiques"8 : un social en sédimentation dans des contextes de l'entre-soi. Lorsque habiter, c'est tramer de l' "exister ensemble", l'habitant devient un "acteur à plusieurs" (Bouvier). Nous poursuivrons donc notre présentation de la vie d'immeuble et de quartier par la prise en compte de ces pratiques de sociabilité ayant pour cadre le quartier et du sens qu'elles ont pour les acteurs.

Ces affirmations ne vont pas sans heurts ni conflits avec des voisins. Il y a une lutte pour la définition du "bien habiter" et du "bien vivre" à Sainte-Marthe. Ainsi, la disposition à la fête quotidienne en nocturne est contestée par des voisins.

7 Nous reprenons une catégorisation opérée par la plupart de nos interlocuteurs qui opposent ces établissements "sympas" aux cafés-restaurants "branchés" de la Place fréquentés essentiellement par des clients de passage.

Justement, nous reviendrons, pour terminer, sur des contraintes de l'habiter à Sainte-Marthe : la connaissance mutuelle, la visibilité, la sonorité et le bruit… Nous verrons qu'elles peuvent constituer des ressources pour certains acteurs individuels ou collectifs. Il est intéressant de constater que des regards et des attentions sont catégorisés positivement alors que d'autres sont jugés déplacés. Nous signalerons également l'importance du "potin" et l'efficacité de systèmes de co-veillance et de vigilance.

Ce chapitre est bien dans la continuité des précédents. Les "hypothèses" qui structurent l'exposé à suivre traversent l'ensemble du mémoire. Ainsi, outre la "quête de l'entre-soi", la "marginalité" est un phénomène que nous avons rencontré dans les différents espaces successivement présentés dans ce rapport. Il s'agit de ce système en marge, ces pratiques de l'habiter "hors norme", "hors légalité", la "débrouille".

Si une approche ethnographique de l'habiter a son sens à Sainte-Marthe, c'est bien parce qu’il existe encore une telle marge d'autonomie, des enjeux propres à ce champ social. La réduction de cette marge semble pourtant bien engagée avec l'OPAH et la normalisation qu'elle entraîne et par l'arrivée récente de nouveaux habitants peu disposés à y évoluer…

Un milieu d'interconnaissance avec contrôle écologique

"Ben, c'est-à-dire il y a un côté synoptique dans ce quartier, dans la mesure où tout le monde se connaît (…) donc oui si tu veux un minimum d'intimité tu dois rester à l'intérieur. Moi je me souviens d'une fois où je suis sortie poster une lettre, ça m'a pris une demi-heure, trois quart d'heure parce que je me suis arrêtée dire bonjour. Quand je travaillais en plus dans le bar, sur la place, donc je connaissais des gens (…) tu discutes le coup avec 15 personnes." (Elena)

Le quartier est propice aux côtoiements. On s'aperçoit, on se croise, on se reconnaît (on se situe). C'est un milieu d'interconnaissance. La visibilité renvoie à la morphologie du quartier, à la disposition des immeubles. En plus de ces caractéristiques matérielles, on constate une intense production symbolique de la part notamment des animateurs de la vie sociale et culturelle du quartier : celui-ci serait un "village", on parle aussi d'une "famille". C'est par exemple en fonction de cette catégorisation

positive du quartier que des exigences de qualité de vie sont exprimées en public. Ainsi, un samedi midi, lorsqu'un automobiliste, excédé d'être bloqué depuis plusieurs minutes par la voiture du paysan "bio" venu livrer ses légumes à l'AMAP9 du quartier, klaxonne furieusement, deux figures du quartier interviennent vivement au nom du respect de l'esprit du village et de sa tranquillité :

"- Ça va, ça va ! Ohhh ! Faîtes pas ce boucan ! C'est un village ici, on a le temps ! (Valéry, président d'une association du quartier)

- C'est pas le même rythme (…)" (Mathilde, artiste, responsable du restaurant associatif du quartier)

Le temps s'est-il arrêté à Sainte-Marthe, un "village dans la ville" ?

Nous devons prendre de la distance avec l'invitation qui nous est faite par certains acteurs locaux de traiter le quartier comme un isolat, une microsociété dont ils attendaient que nous révélions la singularité ethnoculturelle. Il conviendrait bien plutôt de s'interroger sur la production du quartier comme univers à part, de ces frontières symboliques, etc.

Pour autant, cette représentation du village dans la ville est prégnante. Elle renvoie à l'expérience de l'interconnaissance et à un certain "contrôle écologique"10. "L'interconnaissance globale avec contrôle écologique" paraît bien constituer une donnée de la vie dans le quartier et a fortiori de l'habiter dans les immeubles de Sainte-Marthe. Les habitants doivent composer avec ces contraintes et certains d'entre eux y trouvent aussi des ressources. Ici, nous disent-ils, "tout se sait", "on entend tout", "tout se voit", "on connaît tout le monde"... Ces affirmations, peut-être

9 Association pour le maintien d’une agriculture paysanne.

10 Le "contrôle écologique" est "un contrôle basé sur la visibilité et l'observation directe et sur la capacité de tous de connaître chacun dans toutes ses activités en multipliant sur celles-ci des commentaires personnalisés." Rémy J., Voyé L., La ville : vers une nouvelle définition ?, Paris, L'Harmattan, 1992, p. 22.

Le contrôle écologique est caractéristique du "village en situation non urbanisée". Il y est d'autant plus fort que les différentes activités de la vie quotidienne et la vie professionnelle ont lieu sur le territoire même du village, avec plus ou moins les mêmes partenaires.

Par rapport à ce modèle, le "contrôle écologique" que vont nous décrire nos interlocuteurs à Sainte- Marthe semble relativement léger. Certes, pour des individus en situation de précarité le quartier est devenu pratiquement l'unique cadre de la vie quotidienne mais cette situation paraît plus correspondre à une action de leur part, une stratégie de repli sur des "entre-soi", dans des repaires qui, nous le verrons, recèlent des ressources non négligeables pour la sécurisation et une certaine stabilisation. Une autre différence tient dans l'absence d'hostilité face à "l'étranger" dont l'installation

exagérées, énoncent les conditions de vie et d'habiter auxquelles il faut bien s'adapter quand on habite ce lieu.

Cette adaptation concerne l'ensemble des habitants, y compris ceux dont les modes d'habiter paraissent relativement banals à Paris. Nous allons d'ailleurs débuter cette présentation de la vie d'immeuble et de quartier à Sainte-Marthe par une prise en compte des habitants parmi les plus discrets, si discrets qu'ils auraient facilement pu échapper à notre attention. On les rencontre peu dans les hauts lieux de la sociabilité locale (ce qui ne signifie pas forcément que leur genre de vie est marqué par la domesticité), ils ne parlent pas au nom du quartier, ils nuancent même sa particularité étant peu disposés à entretenir le mythe du village dans la ville. La règle du "chacun chez soi" organise leurs rapports à leurs voisins immédiats.

Ces individus ou ces familles sont très divers. Leur point commun est d'être ignorés par ceux qui disent Sainte-Marthe – le village, la famille – à voix haute, qui publicisent des valeurs et des pratiques que nous considèrerons dans un second temps.

L'anonymat revendiqué

Le quartier est composé essentiellement de petits immeubles, étroits et peu élevés (trois étages pour la majorité d'entre eux, un seul immeuble – "le Château", sur la place – atteint les 5 étages), comprenant généralement une quinzaine d'appartements de petite surface. Les résidents que nous avons rencontrés connaissent la plupart de leurs voisins, ils savent "quelque chose" de chacun d'eux :

"ben oui tout le monde se connaît, mais même ici j'ai pas d'ami dans cet immeuble mais les gens je les connais vraiment. Enfin, je les connais, je connais leur nom, c'est vraiment très différent quand j'habitais dans un immeuble haussmannien. Je connaissais les gens aussi, mais, on se disait bonjour, on se croisait, ici il y a vraiment une attention particulière, c'est-à- dire que je sais quand est-ce que quelqu'un est rentré chez lui, où quand il en est sorti, je sais que mes voisins savent aussi quand je rentre quand je sors, enfin on s'entend, on s'écoute, on fait attention."

Cette "attention" est ici qualifiée positivement par Agnès, une comédienne de 28 ans, locataire depuis quelques mois d'un petit atelier d'une petite cour d'un immeuble de la rue "B". A son arrivée, six mois plus tôt, elle avait été hébergée dans

des ateliers de la rue "A". Justement, cette première expérience d'habitante du quartier, si elle fut séduisante, lui inspire quelques craintes.

Ainsi, elle se félicite d'habiter désormais à cet endroit, un peu décentré par rapport aux ateliers de ses amis artistes au milieu desquels elle avait vécu l'été précédant. Dans leur cour, à la belle saison, la vie collective est intense. Il est difficile de s'isoler même pour travailler et un léger retrait de cet "entre-soi" suscite immanquablement une inquiétude : sans doute quelque chose ne va pas.

Pourtant, quelques mois plus tard, pour fuir la tension liée de relations difficiles avec un couple de voisins et pour anticiper l'angoissante perspective d'une expulsion des résidents de cet immeuble déclaré insalubre par la Préfecture, Agnès choisira la sécurité et la chaleur du collectif et retournera vivre dans un petit studio d'une des plus jolies cours de la rue "A", entourée de ses amis.

Dans d'autres cas, l'interconnaissance avec contrôle écologique est catégorisée négativement et refusée.

"Voilà, ça a des côtés agréables, mais là c'est le côté désagréable de la campagne et le côté agréable de Paris c'est aussi… ce tumulte là tout en étant libre de disposer de soi-même, pas être sous le regard inquisiteur des autres, et ça j'en ai peur ici, alors que ça m'était pas passé par l'esprit quand j'étais dans un autre immeuble à Belleville, là c'est le quartier, dans son ergonomie, dans son architecture, les cours communes, tout ça, il peut y avoir ce doute…" (Jamila, réalisatrice de documentaires)

A travers l'exemple de Jamila, nous allons rendre compte de dispositions non prises en compte par ceux qui ont l'habitude de présenter Sainte-Marthe comme un village, de vanter son charme, ses particularités, son authenticité, à savoir essentiellement des artistes ou des acteurs engagés dans la vie associative du quartier :

"Ont-ils seulement vécu dans un village ces gens-là ?" (Jamila)

-Jamila est réalisatrice de documentaires télévisuels et radiophoniques. Agée de 38 ans, elle vit dans un immeuble en bon état dont l'entrée est située rue "D"11. Elle

11 Est-ce un hasard ? Les individus et les familles que nous avons rencontrés dans ces immeubles, de plus grande taille et relativement en meilleur état (mais également inclus dans l'OPAH) que la plupart de ceux situés au cœur du quartier, paraissent souvent présenter un profil particulier. Ainsi, Jacqueline Mauduit qui vit depuis les années 60 dans le même immeuble que Jamila et dont le mari est le président du conseil syndical, ne fréquente pratiquement pas la rue "A" et jamais la rue "B", elle n'a

voulait un certain anonymat, au sein de son quartier et de sa co-propriété, mais elle y connaît finalement pas mal de gens. Pour autant, elle ne recherche pas du tout la vie communautaire à la différence de certains résidents que nous rencontrerons plus tard.

"Au début j'ai eu un peu peur, parce que justement j'étais attirée, peur non c'est pas ça… C'est contradictoire, d'un côté je trouvais qu'il y avait un côté village, taille humaine des immeubles, pas trop haut et puis une architecture foutrac que j'aime bien, mais en même temps je me suis dit : 'j'espère que c'est pas trop village'. J'aime Paris pour sa diversité… mais aussi pour son anonymat, ce qui fait pas de moi un être qui est pas social."

Ce désir de relatif anonymat est très lié à sa trajectoire sociale. Elle habitait dans un village lorsqu'elle était petite et elle déteste ce qui dans ses souvenirs lui rappelle la surveillance réciproque continuelle de la vie de village.

Elle vient d'un milieu populaire et ses parents d'origine algérienne étaient illettrés. Comme ses frères et sœurs, elle a réussi un beau parcours scolaire et professionnel. Son arrivée en banlieue parisienne (Saint-Denis) pour y suivre ses études et y vivre de façon indépendante, puis son installation à Paris intra muros correspondent pour elle à un itinéraire de promotion sociale. Et l'anonymat de la vie en ville renvoie à une image de promotion et de liberté. On verra que malgré cette quête, elle est tout à fait connue et intégrée dans son immeuble.

"(…) quand tu commences à faire les travaux, tout ça, il y a eu un super accueil, de gens d'ici, vraiment je suis assez épatée par euh… l'accueil, je suis allée voir là-haut, avant d'acheter je suis allée voir la voisine à côté, au-dessus, pour m'informer un peu de l'immeuble, du quartier, ils ont été adorables… "On veut absolument que ça soit vous qui achetiez… On a envie de gens comme vous…' J'étais assez surprise, mais en même temps madame Thibault, la petite mamie qui est en face, untel qui passe et qui s'informe, j'avais tout d'un coup l'impression d'être surveillée, un truc de… j'ai du mal avec ça, j'aime bien… un respect, l'intimité… et en même temps j'avais une copine qui avait vécu rue "A" qui m'avait (…) dit je me barre parce que je trouve que dans l'immeuble tout le monde se mêle de tout, pour elle c'était désagréable, le sentiment d'être dans un truc, et moi ça m'a inquiété, maintenant ça fait 3 ans ½ que je vis ici, j'ai pas le sentiment, le regard des autres, cet anonymat que j'aime bien, ça va, mais au début je me suis inquiétée un peu."

rue "D" qui n'est plus ce qu'elle était, à savoir une rue particulièrement commerçante et vivante. Aujourd'hui encore, le "quartier vécu" semble limité à la rue "D". Les éloges du quartier traditionnel ou du village ne paraissent trouver que peu d'écho dans ces immeubles du haut du quartier.

Jamila ne veut pas d'une ingérence dans sa vie, elle craint aussi un envahissement de la part de ses voisins si accueillants, elle entend être tranquille chez elle. C'est pourquoi elle hésita à s'investir dans le conseil syndical de l'immeuble :

"(…) je voulais être peinarde chez moi, cette idée me faisait un peu peur… mais ça va." Finalement, elle reconnaît que ses inquiétudes étaient exagérées :

"Oui, j'ai pas le sentiment plus que ça que ça s'immisce, qu'il y a une observation…" L'intimité et la tranquillité sont préservées. Mais il fallut poser certaines limites, par exemple avec l'une des vieilles dames sur laquelle, avec une voisine, elle veille amicalement :

"J'ai des relations avec la voisine du dessus… de temps en temps, les relations elles tiennent surtout… on a Marcelle et Colette, les deux grands-mères, on s'inquiète de comment elles vont, moi je fais le relais mais c'est pas moi qui va les voir tous les jours… C'est un juste milieu qui me convient. Marcelle elle frappait à ma porte toutes les deux heures, j'ai dû lui expliquer… mon travail, tout ça, il a fallu expliquer 'Marcelle, je suis là mais je travaille…' "

Marcelle s'est fait plus discrète et, depuis l'appartement d'à-côté, le contrôle qu'opère Colette, en partie malgré elle, n'est pas si gênant :

"(…) j'entends la voisine, au téléphone, je l'entendais parfaitement, là Colette elle doit nous entendre parler, alors que j'ai mis une cloison d'isolation phonique mais à moitié seulement alors ça marche pas… Colette, elle fait pas de bruit, alors pour moi pas de problème… Moi elle doit entendre quand j'ai des gens à dîner… C'est une titi parisienne, elle dit 'j't'entends pisser !', j'lui dis 'oh là là', elle dit 'mais c'est pas grave !', elle dit 'alors t'es rentrée tard hier soir, je t'ai entendue', 'mais t'étais pas là la semaine dernière'… Au départ ça m'angoissait, maintenant je m'en fiche (…)"

Jamila a dû se faire une raison : sa voisine Colette entend tout ce qui se passe chez elle, y compris ce qui relève de l'intime. Elle-même ne perd pas une miette des