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LISTE DES ANNEXES

V. Devenir du TDAH chez l’adulte

7. Le quotidien des adultes hyperactifs

7.3. Vie de couple

Dès l’adolescence, l’hyperactivité exerce une influence sur la vie sentimentale, mais aussi sur les pratiques sexuelles (35,67).

Beaucoup ne parviennent pas à maintenir de relations affectives stables et ne vivent que de brèves relations. Ils connaissent une multiplication des expériences et des partenaires (35).

Il apparait que lorsque les adultes hyperactifs sont en couple, il existe un degré plus élevé de souffrance psychologique chez le conjoint.

Cela tient à de nombreux détails de la vie courante. Vu leurs difficultés à gérer leur vie quotidienne, les adultes souffrant de TDAH trouvent souvent un équilibre relatif en s’associant avec des conjoints « organisateurs ». Ce sont ces derniers qui prendront les rendez-vous importants (médecin ou dentiste), contacteront les ouvriers ou artisans, qui se chargeront d’équilibrer le compte en banque ou de régler les factures et impôts.

Souvent, ces relations prendront l’allure d’une relation mère-fils ou père-fille où l’un des conjoints fonctionne à plein régime, tandis que l’autre est maintenu dans un rôle d’irresponsable et de dépendant.

98 Les problèmes surgissent alors :

- soit de « l’organisateur » qui exige et attend davantage de participation de la part de son conjoint notamment lors de l’arrivée d’un enfant, lorsque les responsabilités s’accroissent : celui qui s’occupait déjà de toutes les charges se voit dépassé par des responsabilités supplémentaires chronophages et accumule les frustrations. Le conjoint, même avec les meilleures intentions du monde, n’a que de piètres capacités organisationnelles et n’arrive pas à remplir son rôle, le réalisant à l’à-peu près, à la dernière minute voire l’oubliant carrément ; l’autre, dans l’incompréhension de ces difficultés, l’interprète alors comme un manque de bonne volonté ou une indifférence à sa vie de famille,

- soit du conjoint souffrant qui finit par « maugréer » contre le contrôle que « l’organisateur » exerce sur lui ou elle. Ceci est notamment vrai lors du passage de la trentaine où les adultes hyperactifs acquièrent de la maturité permettant une meilleure organisation de leur quotidien. Leur conjoint sur lequel ils s’appuyaient jusqu’alors est alors perçu comme un dominateur avec des attentes opprimantes et inutiles (67).

Ordre et propreté sont souvent au centre des débats dans les couples dont un des partenaires est atteint de TDAH : accumulation d’énormes quantités de déchets, paperasses qui s’entassent en espérant un jour y mettre de l’ordre, accessoires de jeu ou de loisir rangés « temporairement » dans les lieux de vie ou la chambre à coucher et qui y végètent durant des mois. Certains couples en arrivent à un compromis en créant une « chambre à désordre » dont ils gardent la porte fermée !

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Les oublis quotidiens de la part du conjoint hyperactif sont également source de tension : depuis le fait d’omettre de verrouiller la maison ou la voiture, voire de s’enfermer au dehors, jusqu’au fait d’oublier les rendez-vous voire les dates d’anniversaire importantes, le conjoint connaîtra de nombreuses déceptions ou engagements non remplis (67).

Les retards continuels, étroitement liés aux oublis et à la mauvaise qualité de gestionnaire des adultes hyperactifs, provoquent également frustrations et impatiences au sein du couple. Souvent, les adultes hyperactifs s’engagent tant dans une tâche qu’ils en oublient tout le reste. Ils sous-estiment le temps nécessaire à une activité. Ils surchargent leur agenda et même dans une journée relativement bien planifiée, il leur sera toujours possible d’être en retard en tentant d’insérer entre deux rendez-vous une activité supplémentaire (35).

Les deux sexes ne sont pas sur un pied d’égalité concernant leur vie de couple. En effet, les maris de femmes hyperactives expriment plus de souffrances que les conjointes d’hommes hyperactifs. Ces maris se disent également plus gênés par les problèmes de leur épouse. Ils sont plus critiques envers elles, contrairement aux femmes d’adultes hyperactifs qui seront plus étayantes et chercheront à compenser les défauts de leur mari. Ainsi, d’après une étude menée au Canada par Minde et coll. (68), 7 hommes sur 12 se sont séparés de leur femme hyperactive contre 2 femmes sur 21 ayant quitté leur mari hyperactif (35).

Ceci peut tenir au fait qu’une femme hyperactive se voit contrainte de tenter d’assumer encore trop souvent une plus large part des tâches de la vie familiale qu’un homme.

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On peut noter également que les conjoints d’adultes hyperactifs des deux sexes ont une tendance à avoir plus souvent un trouble psychiatrique que ceux de la population générale.

Peu d’études ont réellement proposé des analyses précises de cette situation et il manque encore des données pour savoir quelle part de ces troubles est apparue après la rencontre du couple et quelle part préexistait.

A l’extrémité de cette observation, on peut retrouver des couples où les deux membres souffrent de TDAH. Dans de tels couples, le problème évident est la situation de confusion et de crise perpétuelle. Pour de telles situations, le traitement consiste à se concentrer sur des techniques d’organisations simples, structurées et pratiques pour chacun des membres. La grâce salvatrice de ces familles tient au fait qu’aucun des deux conjoints n’exige ou n’attend de l’autre un haut niveau de clarté ou d’organisation (67).

7.4. L’éducation des enfants et l’exercice des fonctions