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LISTE DES ANNEXES

V. Devenir du TDAH chez l’adulte

5. Diagnostics différentiels

Une variété d’affections organiques ou psychiques va comporter des difficultés attentionnelles et organisationnelles ou des symptômes psychiatriques proches d’une hyperactivité.

Le problème est que, tout en s’en différenciant, certaines de ces pathologies peuvent s’associer à l’hyperactivité, compliquant encore plus le diagnostic positif.

5.1. Troubles organiques :

- Causes endocriniennes et métaboliques : anémie, dysthyroïdies, insuffisances rénales ou hépatiques, déficiences en vitamines.

- Causes neurologiques : traumatismes crâniens, anomalies cérébrales congénitales, anomalies génétiques (de type Turner, Klinefelter, X fragile, Chorée de Sydenham), épilepsie, neurofibromatose, retard mental, syndrome d’alcoolisme fœtal, syndrome de Gilles de la Tourette, démence, encéphalopathie anoxique.

- Troubles sensoriels : troubles de l’audition, troubles de la vision. - Troubles du sommeil : apnées du sommeil, narcolepsie, privation de

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- Causes iatrogènes : corticoïdes, théophylline, béta mimétiques, antiépileptiques, antidépresseurs, anxiolytiques.

5.2. Troubles psychiatriques :

• Troubles psychotiques :

Dans la majorité des cas, il est facile de distinguer TDAH et schizophrénie. Il existe cependant certaines circonstances où la question du diagnostic différentiel peut se poser : c’est le cas notamment des formes pauci-symptomatiques lors de l’entrée dans la schizophrénie d’un jeune patient ne présentant pas d’épisode aigu floride.

Le tableau peut alors se résumer à des troubles attentionnels avec problèmes de comportement et une labilité émotionnelle avec intolérance à la frustration (35).

Dans cette situation, il faudra se plonger dans les antécédents du patient et faire repréciser l’histoire de la maladie. Il sera aussi judicieux de rechercher les antécédents psychiatriques familiaux appréciant par exemple une schizophrénie présente chez un parent au premier degré.

Il est décrit également par certains auteurs une entité pathologique particulière : « l’ADD psychosis » ou « psychose avec déficit attentionnel ».

Elle surviendrait lorsque le développement cognitif et les relations sociales sont très gênés par les symptômes du déficit attentionnel (50), aboutissant à un trouble de la personnalité où le contrôle de la réalité, le jugement et l’image de soi sont très altérés. Il n’y aurait ni hallucinations, ni pensées magiques, ni relâchement des associations ou délire systématisé.

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• Troubles thymiques :

De nombreux symptômes sont communs au TDAH et à la dépression, ainsi:

- La démoralisation et le sentiment de découragement peuvent être consécutifs aux difficultés et aux échecs rencontrés durant leur parcours chez les patients TDAH.

- Les troubles de la concentration ou l’agitation sont très fréquents au cours d’une dépression.

Ce sont les caractéristiques cliniques des symptômes qui vont orienter le diagnostic : par exemple, l’incapacité à mener une tâche à terme sera due à l’asthénie dans le cas du trouble thymique et sera liée à l’ennui devant la routine ou à l’attirance par un projet nouveau dans le cas du trouble hyperactif (35).

Dans le cas de la dysthymie, trouble dépressif qualifié de chronique, il sera aisé de faire le distinguo en recherchant la date de première apparition des symptômes : il est exceptionnel de débuter avant l’âge de 7 ans une dysthymie contrairement au TDAH.

Les troubles bipolaires représentent un diagnostic différentiel au TDAH bien plus complexe : beaucoup de symptômes de manie ou d’hypomanie sont communs avec l’hyperactivité : agitation psychomotrice, fuite des idées, logorrhée, distractibilité ou intérêts pour les activités à risque.

L’évolution de la symptomatologie est un bon moyen de différencier les deux pathologies : dans l’hyperactivité, il est retrouvé une succession rapide de « hauts et de bas », réactive aux circonstances, avec la survenue brutale de phases de démoralisation et d’irritabilité transitoires et récurrentes.

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Les accès sont caractérisés par leur brièveté de quelques heures à rarement plus d’une journée et sont souvent sous tendus par une intolérance à la frustration.

Si le trouble s’est installé dans l’enfance, le diagnostic ira, là encore, en faveur d’un TDAH plutôt que d’un trouble bipolaire.

Cependant, à ces âges, un trouble bipolaire est toujours possible et beaucoup d’enfants avec un trouble bipolaire remplissent également les critères du TDAH.

 Troubles anxieux :

Là encore, le trouble anxieux généralisé ou le syndrome de stress post traumatique reproduisent bon nombre de symptômes du TDAH : difficultés de concentration, agitation, irritabilité, trouble du sommeil (35).

Là aussi, une anamnèse poussée reprenant l’âge de début des troubles et l’histoire exacte de la maladie permettront de se positionner.

Très souvent, la constatation sera faite qu’hyperactivité et anxiété coexistent de façon comorbide depuis l’enfance.

 Abus de substances toxiques :

Les troubles liés à l’usage de substances psycho-actives comptent un nombre de signes cliniques communs avec ceux de l’hyperactivité (35).

- Ainsi l’alcoolisme peut-il mimer un tableau d’hyperactivité, tant dans la phase d’intoxication (désinhibition, actes impulsifs, baisse de l’attention), que dans la phase de sevrage (agitation, nervosité, troubles du sommeil, irritabilité et trouble de la concentration).

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- Le tabac ou la caféine, à doses suffisantes, peuvent engendrer agitation, nervosité, impulsivité et bavardages excessifs.

- La cocaïne en usage important et régulier pourrait constituer une cause d’hyperactivité acquise ou aggraver des symptômes déjà existants.

Pour toutes ces addictions, poser un diagnostic d’hyperactivité reste périlleux si l’on ne maitrise pas parfaitement l’évolution des quantités de substances consommées.

Car une accentuation des troubles peut apparaître périodiquement lors d’augmentations ou de diminutions importantes des doses consommées (51).

Encore une fois, abus de substances et TDAH sont fréquemment comorbides. Il est à noter qu’il a été démontré par certaines études que c’est cet abus qui engendre les conséquences les plus néfastes pour la santé du patient dans le cadre de son TDAH, ce qui doit en faire un trouble prévalent.

• Troubles de la personnalité :

Le TDAH adulte partage de nombreux traits avec plusieurs registres de personnalités pathologiques.

Ainsi retrouve-t-on l’exagération de l’expression émotionnelle de la personnalité histrionique, la difficulté à faire les choses seul de la personnalité dépendante, l’impulsivité et les actes délictueux de la personnalité antisociale.

La personnalité antisociale a d’ailleurs des liens très étroits avec l’hyperactivité puisqu’elle peut tout à fait accompagner celle-ci ou même s’y substituer (disparition des signes d’hyperactivité franche à l’âge adulte mais

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évolution des troubles des conduites dans l’enfance vers une personnalité psychopathique à la fin de l’adolescence).

Bien moins étudiées sont les relations entre TDAH et personnalité borderline. Ils ont en commun l’impulsivité, l’instabilité de l’humeur et la difficulté à contrôler la colère (46).

On retrouve également de nettes divergences sur d’autres points, notamment dans le registre de l’attention et de la persévérance dans les tâches.

L’opinion prévaut chez les différents auteurs (52) que le diagnostic de personnalité borderline, aux caractéristiques proches de pathologies psychotiques, exclut celui d’hyperactivité.

Mentionnons qu’il existe des voies de recherche considérant le TDAH de l’enfant comme un précurseur de la personnalité borderline (35).