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La surconsommation de viande et poisson a des conséquences dramatiques pour les humains, les animaux et pour l'environnement.

La contribution de l'élevage aux émissions de gaz à effet de serre d'origine anthropique est de 14,5 %, dont 9,3 % pour les seuls bovins. C'est légèrement plus que le secteur des transports (IPCC, 2014).38

L’élevage extensif et l'importation de soja destiné à l'alimentation du bétail sont la première cause de la déforestation au Brésil39. Après une enquête de 3 ans publiée en juin 2009, l'ONG Greenpeace affirme que l’élevage bovin est responsable à 80 % de la destruction de la forêt amazonienne40.

La déforestation a causé 12 % des émissions mondiales de GES entre 2000 et 200541 (Congressional budget office, 2012), et cause 6 % des émissions de GES aujourd'hui. Elle perturbe le cycle de l’eau (la végétation et l’humus stockent et diffusent l’humidité) et réduit la biodiversité par la destruction de l’habitat de millions d’espèces végétales et animales. En outre, le compactage des sols, piétinés par le bétail, empêche l'infiltration de l’eau, provoque des ruissellements responsables d'érosion et prive d’eau les derniers végétaux, rendant les terres inutilisables.

Au total, ce sont 70 % des terres à usage agricole qui, directement ou indirectement, sont consacrées à l’élevage. Outre que ce dernier est très gourmand en eau, et cela face à une pénurie, il est également grand gaspilleur et pollueur : principalement par les déjections animales, les antibiotiques, les hormones, les produits chimiques des tanneries, les engrais et pesticides utilisés pour les cultures fourragères, et les sédiments des pâturages érodés42.

38 Gerber Pierre, Steinfeld Henning, Henderson Benjamin, Mottet Anne, Opio Carolyn, Dijkman Jeroen, Falcucci Alessandra et Giuseppe Tempio, Tackling Climate Change through Livestock: A Global Assessment of

Emissions and Mitigation Opportunities, Rome, Food and agriculture organisation of the United Nations, FAO,

2013, 139 pages

39 Margulis, Sérgio, Causes of deforestation of the Brazilian Amazon, 2004. World Bank working paper, n° 22. Washington, D.C, décembre 2003, 107 pages

40 « En Amazonie ». Greenpeace.org, juin 2009.

41 Tawil Natalie, under the guidance of Kile Joseph and Moore David, Dinan Terry, Frisk Daniel, Gecan Ron, Miller Ryan, Shackleton Bob, and Shirley Chad, Deforestation and greenhouse gases, Congress of the United States, Congressional budget office, janvier 2012, 33 pages

L'eutrophisation est ainsi responsable de la prolifération des algues vertes et de la dégénération des récifs coralliens, causant la mort de nombreux êtres vivants aquatiques43 et de certains animaux terrestres44. L’élevage y

contribue de façon directe par les rejets de lisiers et indirecte par l’excès d’engrais apportés aux cultures de céréales destinées à nourrir le bétail. La gestion des déjections animales dans les élevages intensifs provoque le lessivage des nitrates et des agents pathogènes dans la nappe aquifère, qui met souvent en péril les réserves d’eau potable45.

Quant aux pluies acides, elles sont essentiellement causées par les émissions d’ammoniac (NH3), à 95 % d’origine agricole, dont 80 % proviennent de l’élevage46. Elles perturbent la photosynthèse et détruisent les éléments nutritifs du sol, causant le dépérissement forestier. Un rapport de 1999 sur l’état des forêts en Europe indiquait que 20 % des terres sont très acides, deux tiers des forêts sont endommagées et 21,4 % ont subi une défoliation d’au moins 25 % (Commission Européenne, 1999). Les lacs, les fleuves, les ruisseaux et les rivières sont eux aussi altérés par les pluies acides avec la réduction et la disparition d’espèces aquatiques, très sensibles au changement de pH47. Le cinquième rapport du GIEC, reprenant les calculs de Stehfest48, estime que la simple application des recommandations nutritionnelles de l’École de santé publique de Harvard, qui conseillent de limiter la consommation moyenne de viande de ruminants à 10 g par jour et la consommation des autres viandes, du poisson et des œufs à 80 g par jour, permettrait de réduire de 36 % les émissions de GES d’origine agricole, et de 8 % les émissions totales. Cette simple mesure serait aussi efficace que de diviser par deux l’ensemble du trafic routier mondial. Ne pas dépasser, au 21e siècle, le taux atmosphérique de 450 ppm d’équivalent carbone demandera une réduction importante des émissions de GES, ce qui aura un coût, estimé à 2,5 % du PIB mondial en 2050. Par rapport au scénario basé sur les tendances actuelles, ramener la consommation de viande aux recommandations de l’École de santé publique de Harvard réduirait ce coût de 50 %. L’abandon complet des produits animaux le réduirait de 64 %. Une étude britannique49 a enfin évalué que les végétaliens émettaient 2,5 fois moins de GES pour leur alimentation que les omnivores (consommant 100 g de viande par jour ou plus).50

43 Chloê Fromange et Emilie Novince"Eutrophisation : un phénomène naturel amplifié par les rejets des activités humaines". www.vegemontreal.org, 14 novembre 2007.

44 Martin Cyriel,"Bretagne : ce rapport confidentiel sur les algues vertes qui accable les agriculteurs", Le Point, 21 octobre 2009.

45 FAO, Pollution from industrialized livestock production, Livestock Policy Briefs n° 2, Rome 2007, 37 pages 46 Portejoie S., Martinez J., Landmann G., "L’ammoniac d’origine agricole : impacts sur la santé humaine et

animale et sur le milieu naturel", 2002. INRA Productions animales 15 (3), 151-160.

47 EPA, "Effects of Acid Rain - Surface Waters and Aquatic Animals". 2012. US Environmental Protection Agency, www3.epa.gov

48 Stehfest, E., Bouwman, L., van Vuuren, D.P. et al. "Climate benefits of changing diet", éditions Sptinger, Climatic Change, volume 95, 2009, 295 pages, pp.83–102.

49 « Dietary greenhouse gas emissions of meat-eaters, fish-eaters, vegetarians and vegans in the UK ». Scarborough, P. et al. 2014. Climatic Change, 125(2), pp.179–192.