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Vertzge de Bataille

Un espace vqyou

Qu'avons-nous fait, à désenchaîner cette terre de son soleil ? V ers où roule-t-elle à présent? Vers quoi nous porte son mouvement ? Loin de tous les soleils ? Ne sommes-nous pas préci-pités dans une chute continue ? Et cela en arrière, de côté, en avant, vers tous les côtés ? Est-il encore un haut et un bas ? N'errons-nous pas comme à tra-vers un néant infini ? Ne sentons-nous pas le souffle du vide ?

F. Nietzsche, Le Gai savoir1

Hugo nous a laissé l'imagerie d'un cosmos disparate:

hanté dans ses bas-fonds des mauvais rêves de la Chute, bouleversé dans ses directions, troué par la Mort et l'infi-nie dérobade de Dieu. Bataille, cinquante ans plus tard,

1. Dans «L'Obélisque», Mesures (15 avril 1938), Bataille cite longue-ment ce fraglongue-ment 125 du Gai savoir, repris in Œuvres complètes, Ide Georges Bataille, Paris, Gallimard, 1970, p. 502. Toutes les réfé-rences sont aux Œuvres complètes sauf indications contraires. Je cite Nietzsche dans la traduction de Pierre Klossowski (1956), Œuvres philosophiques comple'tes, V, Paris, Gallimard, 1982.

radicalise ce cosmos en le débarrassant d'une part de son habillage romantique (plus d'anges, plus de plumes, mais encore des volcans sadiens, des flots de feu) et en le cons-tituant tout entier sur ce qui déjà le défait chez Hugo: le vide infini et dépourvu de sens qu'ouvrent la mort et l'ab-sence de Dieu. Le geste méchant que tente Bataille dans les années 1930 ne se réduit pas à désaffubler le cosmos des êtres mythologiques qui l'encombrent dans la poésie du XIX• siècle. Il s'attaque à l'espace lui-même. L'espace est l'ennemi, en particulier l'espace géométrique, qui est par excellence le terrain de la domination philosophique et de la réduction abstraite de la nature. Il ne s'agit pas de renoncer à tout espace mais de forger un espace« voyou»\

un espace insultant pour les «mai tres de cérémonie de l'univers » que sont les philosophes, un espace discontinu et susceptible par exemple de se dévorer lui-même comme un poisson en mange un autre ou encore d'être énucléé de son soleil ou de s'abîmer dans son ivresse. Faire et défaire l'espace, pour Bataille, ce sera donc tout un. Bataille cherche un espace qui ne se contente pas de «tousser»

(comme chez Michaux) mais qui se vomisse convul-sivement, sortant ou rentrant en lui-même dans une crise incontemplable. Impossible en effet de percevoir

«l'ivresse du ciel» sans trahir son mouvement par la fixité d'un regard.

Défaire l'espace, pour Bataille ce sera s'attaquer à la fixité de la fenêtre ou du cadre, nous retirer le sol sous les pieds. «Toute la vérité que reconnaît l'homme est néces-sairement liée à l'erreur que représente le "sol immo-bile". »2 Si le feu central ne s'était pas atténué, retiré dans les entrailles de la terre (n'apparaissant plus qu'à l'occa-sion de quelques éruptions volcaniques), aucune vie

n'au-1. Cf. « Espace », Dictionnaire de Documents, 2:' année, n• 1, 1930, repris in O.c. 1, p. 227.

2. «Corps célestes», Verve, vol. 1, n• 2, printemps 1938, repris in O.c., 1, p. 516.

rait pu se développer. Notre existence terrestre est fondée sur une atténuation trompeuse et un oubli. L'horizonta-lité paisible des êtres vivants qui font confiance au sol leur trace un destin de bêtes de somme, ignorantes de l'« incandescence des laves» qu'elles foulent sans le savoir.

Seule une sorte d'humanité très pauvre se représente le monde à la mesure du sol et de la fenêtre immobiles : à cette sorte d'humanité amoindrie s'adressent les cadres enfermant un objet fixe, un visage pauvrement monumental1

Mais qui est attentif au caractère explosif de la nature s'arrache à ce somnambulisme dans le décor apparent de la permanence des choses. Il y faut un effort prométhéen comme celui de Van Gogh (plus tard de Masson) qui cessa de voir le soleil comme un objet céleste quelconque, comme « une partie de décor», pour en faire la danse même de la nature. Et lorsque sa peinture devint à son tour «rayonnement, explosion, flamme», alors tomba l'il-lusion du sol immobile:

Quand cette danse solaire commença, tout à coup, la nature elle-même s'ébranla, les plantes s'embrasèrent et la terre ondula comme une mer rapide ou éclata: il ne subsista rien de la stabi-lité qui constitue l'assise des choses2

Bataille entend bien prendre exemple sur le geste sau-vage de Van Gogh qui arracha le soleil du fond du ciel pour le ramener sur terre et le faire rayonner en littéral

«tournesol». La critique du sol immobile chez Bataille n'en appelle pas tant à un savoir géologique plus vrai que la contemplation sensible qu'à une phénoménologie radi-cale - une anti-phénoménologie peut-être, puisqu'elle se constituerait sur l'expérience fondamentale non d'une donation du monde mais d'une soustraction du sol.

1. «Les mangeurs d'étoiles», in André Masson (1940), O.c., I, p. 567.

2. «Van Gogh Prométhée>l, Verve, 1" année, no 1, déc. 1937, in O.c., I, p. 499.

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L'exposé de cette thèse participe d'ailleurs activement de ce qu'elle décrit. Nous retirer le sol sous les pieds, c'est nous placer dans la situation dégradante du trébuche-ment. Or Bataille fait encore davantage: il nous inflige une chute intellectuelle absolue. S'il est vrai que pour Hegel, «la nature est la chute de l'idée», Bataille se donne pour tâche d'opérer dans tous ses écrits cette catastrophe intellectuelle. La chute à laquelle il nous pousse n'est pas chute sur un soubassement où, au prix d'une humiliation, nous pourrions trouver la chance d'une fondation. En elle, on ne retrouve rien de ces meurtrissures heureuses, qui chez Montaigne ou Rousseau, ouvrent à un nouveau sentiment du monde. Elle ne rejoue pas non plus, comme chez Baudelaire, une Chute originelle - nous ramenant ainsi à la vérité d'un monde dont le Mal est constitutif. La chute chez Bataille nous dérobe la rencontre du Bas. Elle nous retire même le heurt, la borne douloureuse du choc sur la terre, qui pour le moins joue le rôle de point d'ar-rêt. C'est que chez Bataille le Bas lui-même est l'objet d'une métamorphose. Il n'a plus rien d'inerte, ni de stable. Il cache un feu qui couve. Il est le lieu d'accumula-tion d'une force éruptive. A tout instant, il pourrait exploser, s'inverser en Haut et nous arracher à la terre pour nous rejeter dans le vide du ciel. Bataille nous pro-met la destruction de nos repères et la perte extatique de notre espace.

Une anthropologie cosmique

Pourtant, il semble vouloir procéder à l'inverse, comme un constructeur rigoureux. Il semble vouloir fonder dans l'espace l'existence humaine. C'est qu'on ne peut détruire ce qu'on ne s'est pas encore donné. Installer d'emblée l'homme dans le feu solaire, c'est le consumer avant même d'avoir le temps de représenter sa perte.

On doit d'abord lui accorder une existence terrestre,

conforme au relatif refroidissement de la planète, même si cette existence est vouée à la négation. Il y faut un rialisme renouvelé (et passablement hétérodoxe). Ce maté-rialisme intégral considérera l'homme comme le «résultat de forces hétérogènes à sa nature spécifique» 1 : non seule-ment les classiques rapports de production marxistes mais aussi des forces naturelles, plus réelles que les premières et occultées par elles - ainsi la pesanteur et le vertige qui tra-duit «le besoin de se jeter dans un vide horrible». Dans le matérialisme de Bataille, on vise - plutôt qu'une révolu-tion - une subversion qui sera tout à la fois sociale et spa-tiale. On s'attaque non seulement à la division de la société en oppresseurs et opprimés, mais à la topographie symbolique qui les situe respectivement les uns par rap-port aux autres comme « haut» et «bas » :

«Le mot de subversion» désigne un renversement (tendan-ciel ou réel) des deux termes opposés ; le bas devient subversive-ment le haut et le haut devient le bas ... 2

Comprenons que la subversion ne veut pas opérer une simple substitution des places sociales mais qu'elle veut en défaire la verticalité symbolique par la confusion du haut et du bas. Le matérialisme de Bataille surenchérit sur celui des marxistes, car pour lui ce n'est pas seulement l'idéolo-gie qui a un rôle d'occultation du réel: les rapports de production participent aussi de cette fonction aliénante.

Ils font oublier que l'homme est soumis à l'influence du ciel, de la terre et des éléments. S'il faut donc accorder à l'homme une vérité fondatrice, ce ne sera pas celle du «sol immobile» qui paraît être la base mais celle du «mouve-ment circulaire que la planète décrit autour d'un centre mobile»3Le fondement est d'emblée gravitationnel. C'est sur cette base, mobile et emportée, que Bataille constitue

1. Dossier de l'œil pinéal, O.c., II, p. 36.

2. L'abjection et les formes misérables, O.c., II, p. 217.

3. L'Anus solaire (1928), in O.c., I, p. 81.

dans L'Anus solaire et Ie dossier préparatoire de L'Œil pinéal une sorte d'anthropologie cosmique.

Voici donc la terre traversée par deux axes. «Le pre-mier, vertical, prolonge le rayon de la sphère terrestre. »1 C'est l'axe de développement des végétaux et de l'homme, c'est également celui de la chute des corps, au sens objec-tif des sciences physiques mais aussi dans une acception plus anthropologique: le cadavre est un corps qui tombe, la verticale est l'axe de la mortalité. Le second axe, per-pendiculaire au premier, est celui selon lequel se dévelop-pent la plupart des animaux à la surface du globe. Ils glis-sent le long de lignes «parallèles aux lignes décrites par la rotation de la terre». Ils ignorent ainsi apparemment tout autant la pesanteur que la force d'attraction solaire. Ou plutôt ils l'oublient, dans une fausse sérénité méprisable.

Mais chacune de ces directions du vivant est impure. Elle résulte en fait d'une composition de forces. Il suffit d'exa-miner de plus près les animaux pour voir que leur hori-zontalité est imparfaite. Anatomiquement, le crâne et les yeux s'élèvent la plupart du temps au-dessus de l'orifice anal, esquissant ainsi un redressement. Le coït fait aussi s'ériger les mâles au-dessus du sol sans que pour autant ils atteignent jamais à la verticalité.

Seuls les êtres humains s'arrachant, au prix d'efforts dont le visage des grands singes exprime le caractère pénible et ignoble, à la paisible horizontalité animale ont réussi à s'approprier l'érection végétale et à se laisser polariser, dans un certain sens, par le ciel2

On sait que Bataille s'irrite de l'imparfaite verticalité humaine, trahie par «le système horizontal de la vision oculaire». Par son regard, l'homme rejoint les parallèles à la circonférence de la terre, et le monde paisible de l'utile.

1. «Les deux axes de la vie terrestre», in Dossier de l'œil pinéal, O.c., II, p. 25.

2. « Situation des corps et des yeux humains à la surface du globe ter-restre», ibid., p. 26.

Il y a donc une bassesse de la vision partagée par les ani-maux et les hommes. Non pas bassesse véritable (de celles qui entraîneraient une perte absolue) mais médiocrité éco-nome et au fond indifférente aux forces cosmiques.

L'acharnement sadique contre l'œil renvoie sans nul doute chez Bataille à une fantasmatique qui plonge pro-fondément dans son histoire personnelle (on sait toute la répulsion du fils pour les yeux du père aveugle). Mais dans le cadre de son anthropologie cosmique, il faut aussi y voir une tentative pour le reverticaliser à toute force.

Qu'on songe à l'invention aberrante de l'œil pinéal, situé au sommet de la tête et voué à ne s'ouvrir que pour s'aveugler à la contemplation du soleil. Ou à l'horrible obscénité que constitue, dans Histoire de l'œil, l'introduc-tion d'un œil dans le vagin de Simone, version basse de l'œil pinéal. Le remodelage anatomique que Bataille inflige imaginairement à l'homme vise à parfaire l'effort en pure perte de l'espèce vers la verticalité. Cet effort qui se projette encore dans la rectitude du garde-à-vous mili-taire et dans les grandes architectures pyramidales où se condensent rayonnement et élévation.

Dans la classification cosmique des espèces, il faut encore faire place aux êtres obliques, en qui culmine l'ignominie. En effet les êtres horizontaux et verticaux atteignent une position d'équilibre et, partant, une forme de beauté. Beauté inégale dans un cas et dans l'autre, et toujours suspecte: les quadrupèdes ont la beauté paisible et abrutie de l'oubli des forces qui les régissent, ils sont anatomiquement voués à un destin de marchandise dans le monde horizontal de l'utile. La beauté verticale tient tout entière à la tension entre les pôles contradictoires du Haut et du Bas. Cette contradiction est inscrite esthéti-quement par exemple dans l'opposition de la physionomie intelligente de la tête et de la laideur obtuse du gros orteiP. Il y a là l'équivalent dans le monde humain de la

1. Le gros orteil, Documents, n• 6, novembre 1929, in O.c., I, p. 200.

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polarité végétale entre la beauté de la corolle et les racines gluantes qui plongent dans la terre. Anatomiquement appuyée sur ce gros orteil qui donne une assise décisive à sa verticalité, l'espèce humaine s'en éloigne autant qu'elle peut. Elle ne veut rien savoir des mouvements qui l'ani-ment autant vers le bas que vers le haut (comme la circu-lation sanguine). Elle prend ainsi le risque d'une rechute comique dans la boue terrestre. La beauté apparente de l'homme tient donc au refoulement provisoire de l'ignoble, mais cette beauté ne connaît d'accomplissement que dans la chute dégradante qui l'inverse. Les grands singes, tout à l'effort de la verticalisation et incapables de s'y tenir, dévoilent de façon obscène l'immondice de cette polarité. Foncièrement déséquilibrés, privés de centre de gravité stable, ils exhibent comiquement la confusion de ces deux pôles (éclat fessier et face ignoble) mais sans la gloire d'une chute catastrophique de l'un à l'autre. La médiocrité des singes est de ne pas savoir tomber, leur lai-deur de trop bien se rattraper aux branches.

Tous les êtres une fois disposés à la surface de la pla-nète, chacun selon sa spatialité schématique, Bataille nous les montre ensuite agis par les forces et les mouvements du cosmos1Soit donc, pour commencer la rotation de la terre. Elle soumet les êtres verticaux aux effets d'un tro-pisme solaire. Les hommes se lèvent ainsi chaque jour sur la portion terrestre exposée au soleil pour s'affaisser dès qu'ils sont tournés vers la nuit. Et ce faisant, ils miment quotidiennement en raccourci la grande journée de l'exis-tence humaine qui les élève vers le ciel avant de les cou-cher sur leurs cercueils. Ou encore: les plantes et les arbres ne se dressent au ciel, «comme des verges fleu-ries», que pour retomber brûlés par le soleil ou la foudre et se relever sous une autre forme. Hommes et plantes sont ainsi animés d'un mouvement qui est celui-même du coït, «la verge pénétrant la femelle et en sortant presque

1. Particulièrement dans L'Anus solaire, op. cit., p. 84.

entièrement pour y rentrer». De là l'idée parodique d'in-verser la dynamique de la rotation de la terre et de se la figurer comme résultat de la transformation du mouve-ment alternatif des coïts, à la façon d'une locomotive.

Bataille commente :

J'arrivais ainsi à des réductions qui étaient extrêmement sim-ples et géométriques mais en même temps monstrueusement comiques ( ... ).

Je n'hésite pas, même aujourd'hui, à écrire que ces considé-rations sur la position des végétaux, des animaux et des hommes dans un système planétaire, loin de m'apparaître uni-quement absurdes, peuvent être données comme la base de toute considération sur la nature humaine1

Parodies

Arrêtons-nous à ces remarques pour mieux situer divers statuts de la parodie chez Bataille. Il faut distinguer entre un geste intentionnel de représentation parodique et une parodie objective propre à la structure même du monde et qui organise les apparences. La réduction géo-métrique de l'existence humaine relève chez Bataille du premier type. Elle apparaît comme la caricature, dans l'ordre de l'image, de la domination philosophique par la simplification du concept. Mais elle a une tout autre valeur de vérité. La caricaturant, elle l'inverse. Là où l'abstraction philosophique se donne pour seul but d'éta-blir des distinctions neutres et inertes entre éléments du monde, de le spatialiser de la façon la plus homogène pos-sible, la géométrie imagée de Bataille ne schématise que pour accentuer le scandale de polarités irréductibles et de permutations impensables entre éléments hétérogènes : Haut et Bas, anus et soleil, tête et gros orteil. Cependant cette intention parodique rejoint un certain (dés)ordre du

1. Dossier de l'œil pinéal, O.c., II, p. 16.

monde, celui-même que décrit Bataille au début de L'Anus solaire:

Il est clair que le monde est purement parodique, c'est-à-dire que chaque chose qu'on regarde est la parodie d'une autre, ou encore la même chose sous une forme décevante.

(

...

)

Tout le monde a conscience que la vie est parodique et qu'il manque une interprétation.

Ainsi le plomb est la parodie de l'or.

L'air est la parodie de l'eau.

Le cerveau est la parodie de l'équateur.

Le coït est la parodie du crime.

L'or, l'eau, l'équateur ou le crime peuvent indifféremment être énoncés comme le principe des choses 1.

Dans un univers pivotant autour du vide de sens que laisse l'absence de Dieu, aucune apparence ne peut être donnée pour plus centrale qu'une autre. Cependant la res-semblance lie en pure perte des aspects du monde antago-nistes. En sorte que l'analogie est à la fois proliférante et absolument désorientée. Elle parcourt le monde comme une contagion insensée. Bataille, dans L'Anus solaire, active cette circulation parodique et en expose le caractère scandaleux, ainsi lorsqu'il présente la dynamique gravita-tionnelle de la terre comme analogue à la rotation des roues d'une locomotive animée par un mouvement alter-natif de pistons (en l'occurrence les mouvements éroti-ques du coït auxquels s'adonnent les êtres vivant à la sur-face de la terre). Il y a dans cette comparaison à la fois une volonté d'extrême simplification et une orientation aber-rante de l'analogie. Car Bataille a d'abord posé que c'est le cosmos qui meut l'éros: l'érection humaine, dans tous les sens du terme se fait vers le soleil. Et par là, il a souligné le caractère inhumain, tropique, des mouvements du désir. Mais inverser la perspective c'est dégager le carac-tère passionnel de l'attraction universelle, et montrer le

1. O.c., 1, p. 81.

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-cosmos emporté par une énergie érotique (la voie lactée n'est-elle pas semblable à un épanchement de sperme?).

Mettre son matérialisme« sur la tête», intervertir parodi-quement les causes et les effets dans son propre système, ce n'est nullement trahir sà vérité aux yeux de Bataille. Le principe des choses étant perdu, il peut aussi bien être Bataille dans ses conséquences littéraires. L'absence de principe des choses entraîne l'impropriété générale de l'expression1 Ce qui est le plus réel dans le monde (le soleil et la mort, le bleu du ciel et l'obscurité des caves) se dérobe à l'expression littérale. S'il est vrai qu'« en der-nière analyse le soleil est le seul objet de la description lit-téraire »2, toute la littérature gravite autour du

Mettre son matérialisme« sur la tête», intervertir parodi-quement les causes et les effets dans son propre système, ce n'est nullement trahir sà vérité aux yeux de Bataille. Le principe des choses étant perdu, il peut aussi bien être Bataille dans ses conséquences littéraires. L'absence de principe des choses entraîne l'impropriété générale de l'expression1 Ce qui est le plus réel dans le monde (le soleil et la mort, le bleu du ciel et l'obscurité des caves) se dérobe à l'expression littérale. S'il est vrai qu'« en der-nière analyse le soleil est le seul objet de la description lit-téraire »2, toute la littérature gravite autour du

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