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PARAT (1991) dans son article concernant la répression, reprend toute la théorisation freudienne de la répression en comparaison de celle du refoulement.

Elle souligne comme PRESS plus tard (2001), que la répression est un travail du moi conscient qui vise « l'effacement de l'affect tout en maintenant la représentation neutralisée au niveau du préconscient », p.93. Ce serait alors un mécanisme volontaire, délibéré, ayant pour effet de traiter avec indifférence la représentation qui peut alors à nouveau venir à la conscience. Elle serait issue de la morale, de la religion, de l'éducation..., p.94.

Reprenant les écrits freudiens sur la répression des pulsions sexuelles, PARAT les applique aux pulsions agressives. En effet, elle décrit le cheminement de la déliaison des pulsions sexuelles et des pulsions agressives et du coup d'« une libération des pulsions agressives subissant à leur tour une répression si aucune voie sublimatoire ne suffit à les utiliser », ( op.cit., p.94). Mais elle précise aussi que les pulsions agressives peuvent subir une répression indépendamment de la répression des pulsions sexuelles : « le même mécanisme s'applique, nous semble-t-il aux pulsions agressives, qu'elles soient spontanées, ou conséquence de la frustration entraînée par la répression sexuelle. », (op.cit., p.94).

La répression produirait alors une angoisse diffuse, non liée à un conflit objectal (c'est pourquoi alors au rorschach il est difficile d'avoir des éléments sur le type d'angoisse, la nature du conflit). Elle résulterait plutôt de la « tentative de suppression des désirs », ( op.cit., p.95), de la désarticulation de l'affect et de la représentation car c'est ce lien qui est source de l'angoisse : « l'effort qu'effectue la répression porte spécialement sur la désarticulation entre représentation et affect, car ce qui est redouté, parce que douloureux, c'est l'affect lié à certaines représentations », (op.cit., p. 96).

Ainsi, la représentation déplacée, isolée de l'affect au niveau du préconscient, puis conscient, pourra être évoquée sans souffrance. L'affect, quant à lui, est soit transformé en un autre affect soit inhibé. « Cette stase de l'affect (complexe somato-psychique) entraîne une augmentation du taux de la tension d'excitation qui ne peut trouver de mode de décharge que dans l'accès d'angoisse ou dans les voies somatiques », (op.cit., p.96).

PARAT (1991) p.104, renvoie aux auteurs comme SAMI-ALI (1987), GREEN (1973) qui ont parlé de refoulement réussi pour qualifier la répression « où les représentations

rejoignent alors les traces du refoulement originaire et entraîne un renforcement des traits de caractères à type d'inhibition, de contention accompagnés parfois d'une symptomatologie somatique ». Ce refoulement originaire dépend des soins maternels, « du préconscient et de

l'inconscient maternel comme le seront les premières représentations de choses, puis de mots et leurs liaisons riches ou défectueuses », p.105. Car la répression est liée à l'éducation, aux limitations instaurées de l'extérieur, notamment des parents, et qui portent sur « la motilité, l'agressivité, la sexualité. L'interdiction qui passe par le geste, la parole, le regard (même si cette interdiction est aussi protectrice comme le sera le surmoi) endigue la spontanéité de l'enfant et lui apprend à stopper ses élans pulsionnels », p.104.

L'on voit donc poindre ici à la fois le rôle protecteur de la répression dans le sens où elle fait entrer l'enfant dans le monde social grâce aux utilisations de ses pulsions notamment agressives. Mais se laisse aussi palper le danger de l'utilisation massive de ce mécanisme et des éléments sur lesquels il pourrait porter. En effet, la répression devient pathologique, nous dit PARAT (1991), lorsqu'elle porte sur « les pensées et les fantasmes », s'appuyant sur DEJOURS (1989) pour qui « les parents du somatique visent la répression de la pensée de l'enfant », p.106. Aucun espace n'est alors disponible pour l'enfant pour déployer ses pulsions.

SMADJA (2001) évoque, lui, « la répression de la réalisation hallucinatoire du désir » comme un des fondements ensuite de la pensée opératoire, dénuée déshabitée psychiquement, mécanique, fonctionnelle, factuelle, concrète et soumise à « un impératif de conformité » d’abord dicté par la mère, puis « intégré au fonctionnement mental du sujet sous la forme d’un Moi idéal », p.41. Ainsi plus rien n’individualise, ni ne singularise le sujet : « ni

symptôme individuel, […] ni expression affective », p.41. Il poursuit son développement, en ajoutant que la fonction de ce fonctionnement opératoire serait alors « de neutraliser une

réalité primaire désobjectalisante [, ] réalité qui contient le projet de la destruction du désir propre du sujet, de sa subjectivité. Elle engage le sujet à devenir étranger à lui-même, à renoncer à son projet pulsionnel personnel », p.214.

Pour André GREEN (1998), la répression empêche la liaison somato-psychique, empêche le psychique d'opérer son travail de traduction des sensations corporelles en réalisant une « surdité répressive du psychique », c'est-à-dire qu'alors « le somatique, ayant à franchir la barrière somato-psychique, se voit refuser l'accès au psychique et [est] renvoyé à sa source », p. 44-45. De sorte que les conséquences de la répression sont d'ordre somatique car elle agit sur les « pré-formes des représentants pulsionnels, bloquant ainsi la perception et induisant un grave dysfonctionnement du préconscient qui nuit à la mentalisation » précise DEBURGE (2001), p. 21-22.

DEJOURS (1989, 1995, 1997, 2001,2003) pour évoquer les avatars de la construction somato- psychique différencie très clairement le corps biologique qui est pour lui la cible de la somatisation et le corps érotique qui serait le terreau de la subjectivité. Il décrit deux opérations pour appuyer ce propos :

-la diabolisation qui est la relation de séparation entre le physiologique et le psychologique c'est-à-dire la relation de séparation. L'ordre psychique de la sexualité ne symbolise pas le physiologique mais s'en sépare.

- la symbolisation prend le relais de ce qui a été séparé pour créer de nouveaux liens dans l'ordre psychique. La construction de ce corps érotique serait le résultat du dialogue entre le corps et ses fonctions prenant appui sur les soins corporels donnés dans l'enfance par la mère, et le père. Ce corps érotique se construit donc en lien étroit avec les fantasmes de la mère, sa sexualité, son histoire et celle du père. DEJOURS en considérant que « les somatisations symbolisantes créent de nouvelles liaisons psychiques » (1989, p.26) se distingue là de la conception de MARTY ( 1963, 1976, 1981, 1990, 1991) qui parle de

« régressions réorganisatrices » lesquelles prennent appui sur de l'existant.

Le lieu du conflit est alors entre le sujet et son corps et non avec la maladie, qui elle, au contraire, signe la non toute puissance du sujet par rapport à son corps. D'où la colère du sujet contre son moi idéal et qui précipiterait le sujet dans une dépression essentielle. Sur ce point, MARTY (1963, 1976, 1980, 1990, 1991) et de DEJOURS s'opposent : la dépression essentielle semble venir secondairement à la somatisation pour DEJOURS, alors que pour MARTY (1963, 1976, 1981, 1990, 1991) elle est un état précédent la somatisation et pouvant, si elle est traitée, empêcher la somatisation.

Ceci fait donc dire à DEJOURS que la somatisation aurait un sens à décoder du côté de la motion destructrice et ne serait pas l'expression d'un désir inconscient, puisque selon lui l'organe choisi est celui qui est forclos de la subversion libidinale liée au maillage parental.

D'ailleurs, pour PRESS, (2001), la répression n'opère que face « à la part de la pulsion qui est non psychisable », p.95, car non psychisée. La Mère ne peut percevoir ni traduire toutes les expériences pulsionnelles de l'enfant. Et il ajoute concernant le lien à la somatisation que « plus importante [cette part] sera, plus proche de l'excitation somatique et loin de l'élaboration psychique, plus aussi la répression sera radicale et le risque de somatisation important », ( op. cit., p.95).

Concernant les pulsions destructrices, DEJOURS (1989) avance l’idée de « la violence ou le pouvoir destructif au point de départ de la somatisation », p.27.

Et si cette violence n'est pas mise en acte, elle subit un destin particulier celui de la répression. En effet, il pose « l’hypothèse de la violence réprimée comme processus central de la somatisation (qui) permettrait d’expliquer comment des somatisations peuvent survenir en dehors d’une dépression essentielle, en réponse à l’activation de cette violence archaïque qu’assurément chacun porte en soi et qui peut dans certaines conditions conduire soit à la déintrication pulsionnelle, soit à l’altération du clivage », (op. cit., p.54).

En 2003, DEJOURS met en avant que c'est l'inhibition de l'agir expressif de la colère qui va alors et laisser le sujet vulnérable face à l'autre et être à l'origine d'une décompensation somatique. Il précise qu'il faut entendre inhibition au sens de répression : « inhibition doit ici être entendu au sens trivial du terme. Le processus en cause dans cette inhibition est lui-même à discuter. Il ressortirait spécifiquement à la répression - unterdrückung-, sans laquelle il n'y aurait pas de décompensation somatique », p.30.

C'est alors l'expression barrée des motions hostiles non adressées à l'autre, et qui du coup livre le sujet aux réactions de l'autre sans protection possible, qui sera la source d'une décharge sur le versant somatique.

En effet, la violence, liée à l'inhibition de l'agir expressif de la colère, va alors se retourner contre le sujet lui-même car le sujet ne peut pas se protéger efficacement de ce qui provoque en lui sa propre hostilité.

Il ajoute même que « le danger n'est pas dans l'hostilité elle-même, ni dans la violence, ni dans l'agressivité. Il est fondamentalement dans l'impossibilité de mettre en scène le drame intrapsychique et de le manifester dans l'intersubjectivité. Le drame existe mais sa dramaturgie est barrée », (op. cit., p.36).

En effet, la décompensation somatique résulte « dans la dynamique intersubjective, de ce que l'autre sollicite, chez le sujet la fonction proscrite, non subvertie libidinalement. Cette sollicitation confronte le sujet à la perception d'une réalité jusque là déniée et entraîne l'activation d'une violence compulsive réactionnelle » contre l'autre. Cette violence sera alors orientée vers soi, vers une décharge somatique par le biais de l'inhibition.

La chronicisation serait, elle, l'effet de « la répression en deçà de la représentation et de la perception elle-même », p.70. Ainsi, « l'attaque porte directement sur la source instinctuelle, de sorte que la poussée soit immédiatement déchargée dans le corps viscéral avant même qu'il

ne puisse y avoir perception donc complètement en marge du fonctionnement mental préconscient », p.110. C'est une opposition à la sensation qui empêche la perception puis la représentation.

La répression agirait donc sur la sensation, à sa source c’est-à-dire dans le corps.

L’inhibition porterait sur l'expression, la mise en acte adressée à l'autre.

DEJOURS (2003) place cette dernière au carrefour directionnel de la violence. Pour lui, c'est l’inhibition qui donne aux motions hostiles une direction interne, somatique ; sans quoi, ces motions s'exprimeraient par le biais du passage à l'acte.

Sur le plan relationnel, le destin des pulsions agressives des malades somatiques se retrouve dans une sorte de continuité des pulsions infanticides parentales, de poursuite de la violence physique et psychique des parents. Mais c'est surtout la violence psychique qui tend à empêcher l'enfant de penser. Et la répression est conçue alors par DEJOURS (1989) comme une « impossibilité de penser », p.57, requise ainsi pour conjurer le passage à l'acte en venant à bout des motions violentes. Cela signifie donc que la répression vient en lieu et place d'un passage à l'acte suicidaire, en l’occurrence, contre lequel le sujet « lutte », p.57, car le sujet veut ainsi éviter de se rendre compte de son animalité, c'est-à-dire d'être confronté à sa violence fondamentale. Mais là alors, surgit la somatisation « si je m’y oppose […] par la répression, alors je préserve l’autre –fauteur de troubles- et je me préserve d’un passage à l’acte suicidaire. Mais en neutralisant l’excitation et l’intentionnalité inconsciente, je risque de déclencher un processus de somatisation : autre modalité de destruction de mon corps passage à l’acte suicidaire ou automutilation, par retournement contre soi suite à l’inhibition.

soit elles sont réprimées à la source et retournent à la source corporelle au travers d’une somatisation.

Pour DEJOURS (1989) ce sont ces deux voies qui existent, non pas parce que le sujet cherche à protéger l’autre de sa violence, mais plutôt parce qu’il a besoin de se protéger de l’expérience de l’expression de sa violence de « son animalité » : « Il y a dans l’après-coup du passage à l’acte une conscience douloureuse de l’expérience de l’animalité, de la compulsivité », p.58.

Une autre destinée des pulsions agressives se retrouve aussi à travers l’instauration d’une relation que DEJOURS (1989) appelle une relation blanche. Cette relation blanche serait fortement reliée elle-même, à l'une des conséquences de la répression de la violence, à savoir le sadisme qui s'exprimerait alors dans les tentatives de neutraliser, minéraliser l'autre, d'avoir une emprise sur l'autre. C’est ainsi que DEJOURS (2003) le développe : « cet autre […] qui est là précisément pour subir le joug du silence, de la neutralité et de l’anéantissement psychique et affectif. L’autre est là seulement pour endurer le sort que lui réserve le patient. Qu’il se mette seulement à réagir, à se manifester, et le patient devient violent […]. L’objet, dans cette prison affective, est la preuve d’un pouvoir effarant exercé par le sujet, non sans une jouissance, peu visible certes, mais dont la privation lui est intolérable » du fait de sa forte dépendance à cet objet, p.135.

DEBURGE (2001), quant à elle, souligne en citant MARTY (1990), que la répression de tout le fonctionnement mental aurait pour conséquence des somatisations graves car l'action de « la répression et des représentations et du comportement conjuguée de manière durable, ferme totalement la porte aux issues du ça (et) risquent de donner lieu aux maladies les plus graves », p.61.

Au final, il y aurait équivalence psychique entre un passage à l’acte suicidaire, une somatisation, et une relation d’emprise signant l’expression sadique du sujet. Le sujet ne pourrait alors se situer face à ses pulsions destructrices que sur le versant masochiste ou sur le versant sadique ? Pour DEJOURS (1989) une autre voie s’offre au sujet : le clivage, défense à laquelle il donne une acception particulière, allant même jusqu’à la considérer comme une troisième topique, mais dont nous traiterons dans la partie mécanisme de défense.

En attendant nous posons là notre sixième hypothèse :

H6 : L’action conjuguée de la répression sur l'appareil à penser et l'inhibition des

motions hostiles conduirait aux somatisations qui apparaîtraient en lieu et place des manifestations d’angoisse au travers du fonctionnement opératoire.

Chapitre II :

Du point de vue de l'angoisse

DEJOURS (1986) délimite l'angoisse chez le sujet somatique en opposition à celle

s'exprimant chez le sujet névrosé.

Pour lui, l'angoisse somatique dite « angoisse actuelle », p.50, est « une angoisse décharge », dénuée de toute chaîne associative, de toute activité de représentation et de liaison : c'est une angoisse « non représentée, non identifiée par un Moi qui défaille, concomitante à un défaut de liaison intrapsychique et à une brèche dans le processus secondaire, [qui] caractérise les sujets qui ont un défaut d'organisation de l'appareil psychique, une tendance à décompenser par des somatisations », p.51.

A cette angoisse diffuse répondent les procédés auto-calmants dont la vie opératoire que SMADJA (2001) considère comme « destinée à protéger le patient du retour traumatique des états de détresse (angoisses diffuses) », p.67. Ceci serait lié, d’après lui, à « une défaillance au sein [du moi] des systèmes aptes à lier l’excitation par les voies de l’élaboration mentale », p.234.

C'est donc une angoisse sans objet, une angoisse à l'état brut, non symbolisée, non représentée et qui se décharge dans la voie corporelle. Les décompensations somatiques sont alors la voie privilégiée contrairement aux états limites qui privilégient la voie dépressive même si le tronc commun de l'angoisse structurelle est la même pour DEJOURS (1986), p.51.

Et cette angoisse selon DEJOURS (1989) apparaît lorsqu’ une perception dans le réel lève la barrière protectrice constituée par ce qu’il appelle les perceptions calmantes : « en cas d’effraction de la barrière mise ainsi en place pour servir de déni vis-à-vis d’autres perceptions potentiellement traumatiques, le risque est évidemment celui d’un

« développement de l’angoisse », p.104.

En 2003, DEJOURS précise que cette angoisse est issue de l’activation par l’autre d’une zone du corps non subvertie libidinalement et peut alors se transformer en colère envers l’autre, en général, ajoute-t-il, p.178. Et lorsque ce n’est pas le cas, elle s’exprime contre le sujet lui-même au travers d’actes d’automutilation ou de tentative de suicide. Cette angoisse est elle-même à rattacher à l’« angoisse de perte de contact avec l’autre et avec sa propre subjectivité » et contre laquelle le sujet se débat au travers de sa transformation en colère, en une crise de colère. Angoisse et colère seraient-elles alors des équivalents psychiques dans le fonctionnement des malades somatiques ? La crise de colère, son expression au travers d’actes auto- ou hétéro-agressifs seraient-ils des indicateurs d’angoisse chez le malade somatisant et de cette angoisse particulière ? Cette angoisse-colère serait-elle protectrice des somatisations puisque comme le développe DEJOURS (2003) la crise somatique survient

lorsqu’il y a inhibition et répression de la colère ?

Concernant la fonction protectrice de l’angoisse face au risque de somatisation, nous la retrouvons aussi dans les théorisations de MARTY (1980) au sujet de l’angoisse. En effet, il décrivait déjà les mêmes types d'angoisse qualifiée de diffuse, anobjectale dans le sens où elles traduisent « la détresse profonde de l'individu, détresse provoquée par l'afflux de mouvements instinctuels non maîtrisés parce que non élaborables et semble-t-il non exprimables d’une autre manière », p.61.

Ceci serait en lien avec une faiblesse défensive du Moi. L'angoisse ne remplit plus alors sa fonction de signal d'alarme mais signe plutôt le débordement des capacités moïques par insuffisance ou défaillance ou rigidité du recours au système défensif.

Aussi l'angoisse devient-elle automatique, toujours présente, sans possibilité d'être traitée mentalement, d'être traitée par la symbolisation, la liaison des représentations, puisque celles-ci, selon MARTY, sont absentes : « on ne voit d'ailleurs pas ce que le Moi lierait puisqu'il n'existe plus de représentations », p.63.

Et c'est seulement « lorsque l'appareil d'angoisse lui-même est épuisé » que cesse la manifestation de l'angoisse pour faire place à une stabilisation, installation de la vie opératoire c'est-à-dire quand tout le fonctionnement psychique se met en veille, en silence, quand le système fonctionne par automatisme, de façon machinale. MARTY ajoute même plus loin :

« on cherche en vain des désirs, on ne trouve que des intérêts machinaux », p.63.

C’est comme si, alors, l’angoisse avait une fonction protectrice de la désorganisation somatique et constituait une tentative de maintenir un équilibre car lorsqu’elle se tait, ces mouvements, « ces comportements devenus rationnels et relativement automatiques ne se trouvent éventuellement soutenus que par un Moi Idéal narcissique et primitif » caractéristique de la dépression essentielle, tandis que le Moi remplit au plus mal, de manière évidente, ses rôles de liaison, de distribution et de défense », p.63.

Nous allons donc voir maintenant comment ce silence psychique se manifeste au travers de différents mécanismes de défense à l’œuvre pour maintenir ce gel mental, que DEJOURS (1989) qualifie de « paralysie mentale », et lutter contre cette angoisse.

Chapitre III :

Du point de vue des défenses psychiques

Tout l’intérêt du développement qui suit sera de montrer de quelle manière l’organisation défensive chez le sujet somatisant est centré vers une intériorisation de l’expression des pulsions agressives.