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Variables dépendantes et de contrôle : Intérêt sexuel et stratégies coercitives

Chapitre 2 Méthode

2.4. Questionnaires et mesures

2.4.4. Variables dépendantes et de contrôle : Intérêt sexuel et stratégies coercitives

Afin d'étudier les effets de l'alcool et de l'excitation sexuelle sur la décision d'indiquer qu'une femme n'est plus intéressée par avoir une relation sexuelle et les intentions comportementales d'user de stratégies coercitives, il était demandé aux participants d'écouter un échange entre un homme et une femme. La mise en contexte informait les participants que l'échange qu'ils allaient entendre débutait alors que les deux protagonistes, Marie et Martin, arrivaient chez Marie après avoir passé la soirée ensemble dans un bar. La consigne expérimentale demandait alors aux participants d'appuyer sur la barre d'espacement du clavier si et seulement si Marie n'était plus intéressée par avoir une relation sexuelle avec Martin. Si Marie était intéressée par avoir une relation sexuelle, il était indiqué de n'appuyer sur une aucune touche.

D'autres études utilisant un stimulus audio ont préféré une formulation de la consigne en termes de temporalité et d'identification d'un moment précis (par exemple, « Indiquer quand une femme n'est plus intéressée » ou « Indiquer quand un homme devrait arrêter de faire des avances sexuelles ») (Gross et al., 2001; Spokes et al., 2014). Toutefois, une formulation en termes de logique conditionnelle (i.e. « si...alors... ») permettait de ne pas indiquer, préalablement à l'écoute de la bande audio, que Marie ne serait plus intéressée. Par ailleurs, la notion de « si et seulement si » avait pour but de favoriser l'identification d'un seuil de décision plus idiosyncrasique, dans la mesure où celui-ci ne reposerait plus seulement sur le comportement de Marie (par exemple, exprimer une hésitation), mais également sur son interprétation par les participants (par exemple, considérer que cette hésitation exprime ou non que Marie n'est plus intéressée par avoir une relation sexuelle).

Enfin, et de concert avec les consignes originales (Bernat et al., 1997; Marx & Gross, 1995), les participants étaient informés que même s'ils appuyaient sur la barre d'espacement, la bande audio serait jouée jusqu'à la fin et qu'ils écouteraient l'intégralité de l'échange. L'objectif est d'éviter qu'une forme de curiosité quant au dénouement du scénario ne puisse expliquer des temps de latence plus longs. À la fin de la bande audio, les participants étaient alors interrogés quant à leur perception du comportement de Marie durant l'échange, l'attribution de la

responsabilité et leurs intentions comportementales d'user de stratégies coercitives pour avoir une relation sexuelle.

Variables dépendantes principales Temps de latence

Le temps de latence correspond ici au temps, exprimé en secondes, entre le début de la bande audio et le moment où les participants ont appuyé sur la barre d'espacement pour indiquer leur réponse. L'échange étant une durée de 290 secondes, le temps de latence des participants peut, théoriquement, être compris entre 0,1 et 290 secondes.

Intentions comportementales

À la suite de la bande audio, il était demandé aux participants d'indiquer la probabilité avec laquelle ils pourraient utiliser des stratégies coercitives dans une situation similaire (Bouffard & Miller, 2014; Exum & Zachovics, 2014). Plus exactement, il était demandé aux participants de s'imaginer à la place de Martin au début de l'échange, et alors que Marie était d'accord pour embrasser le participant, elle ne souhaite pas aller plus loin. Il était alors demandé aux participants d'indiquer comment ils auraient fait pour avoir une relation sexuelle avec Marie en rapportant à l'aide d'une échelle allant de 0 % (Aucune chance) à 100 % (Absolument) s'ils auraient : a) Parlé à Marie en lui disant des choses qu'elle aimerait entendre, même s'ils ne le pensaient pas b) Continué à caresser et embrasser Marie pour essayer de l'exciter c) Proposé à Marie de boire un verre de vin ou une bière.

Enfin, il était demandé aux participants de répondre à un dernier item directement inspiré des études de N. Malamuth (Malamuth, 1981; Malamuth & Check, 1980) quant à l'intention comportementale de commettre un viol face au refus de Marie d'aller plus loin. Plus exactement, il était demandé aux participants d'indiquer, sur une échelle allant de 0 % (Aucune chance) à 100 % (Absolument), quelles seraient les chances d'avoir une relation sexuelle avec Marie alors qu'elle n'est pas d'accord, si les participants étaient absolument certains que Marie ne porte jamais plainte et qu'ils ne soient jamais poursuivis.

Variables dépendantes secondaires

Perception du plaisir et perception des intentions sexuelles

À la suite de la bande audio, deux questions étaient posées aux participants afin d'évaluer leur perception du comportement de Marie (Bouffard & Miller, 2014). Tout d'abord, à quel point Marie était prête à avoir une relation sexuelle avec Martin sur une échelle allant de 0 % (Pas du tout prête) à 100 % (Totalement prête). Ensuite, à quel point Marie avait pris du plaisir durant cet échange sur une échelle allant de 0 % (Aucun plaisir) à 100 % (beaucoup de plaisir).

Attribution de la responsabilité

Afin d'évaluer l'attribution de la responsabilité et la perception du blâme attribué à chacun des protagonistes, il était demandé aux participants de répondre à une échelle de 11 items adaptés du questionnaire d'attribution du blâme à la victime et à l'agresseur d'Abrams, Viki, Masser et Bonher (2003). L'adaptation s'est simplement limitée à remplacer une échelle de réponse bipolaire, allant de 1 à 9 (i.e. de 1 à 4 pour attribuer la responsabilité à la victime et de 6 à 9 pour attribuer la responsabilité à l'agresseur), par deux échelles unipolaires. Les participants devaient ainsi indiquer alternativement si Martin ou Marie était responsable de la tournure prise par l'interaction, et ce, à l'aide d'une échelle allant de 1 (Fortement en désaccord) à 5 (Fortement en accord). Par exemple, les participants indiquaient leurs réponses à l'item « Marie ne peut s'en prendre qu'à elle pour ce qui est arrivé » puis à l'item « Martin ne peut s'en prendre qu'à lui pour ce qui est arrivé ». Cette adaptation était nécessaire au regard de certaines contraintes imposées par l'application informatique utilisée pour collecter les données. La consistance interne de l'échelle étant bonne (alpha de Cronbach = 0,84), un score total a été calculé. Ce score est compris entre 11 à 55, un score plus élevé indiquant une plus grande attribution de la responsabilité à Marie.

Variables de contrôle Valence émotionnelle

À la suite de l'extrait vidéo auquel étaient exposés les participants en fonction leur condition expérimentale (i.e. Avec excitation sexuelle ou Sans excitation sexuelle), il leur était demandé d'indiquer dans quel état émotionnel ils se sentaient à la suite de cette vidéo, sur échelle allant 0 % (Très négative) à 100 % (Très positive).

Réalisme de la bande audio

Afin d'évaluer le réalisme du stimulus expérimental auquel étaient exposés les participants, une question était posée à la toute fin de l'expérimentation. Plus exactement, il était demandé aux participants d'indiquer à l'aide d'une échelle allant de 1 (Pas du tout réalise) à 9 (Très réaliste) à quel point ils avaient trouvé l'échange réaliste. Il était précisé que le réalisme définissait ici l'idée que l'échange puisse « arriver en vrai ».

Il s'agit d'une mesure de contrôle de la qualité du matériel expérimental communément utilisée et qui permet de s'assurer de la pertinence du contenu auquel ont été soumis les participants.

3.1. Objectifs et hypothèses de recherche

Pour rappel, l'objectif de ce chapitre est d'étudier expérimentalement les effets de l'alcool sur la perception des intentions comportementales exprimées par une femme. Un plan expérimental inter-participants a alors été privilégié pour étudier les effets de l'alcool et a permis de répartir aléatoirement les participants dans une condition Avec alcool ou dans une condition Sans alcool. De manière générale, il est attendu que l'alcool détériore la capacité des participants à percevoir correctement les intentions exprimées. Il est également attendu que des intentions exprimées de manière plus claire soient mieux reconnues que des intentions exprimées de manière plus ambigüe, et ce, aussi bien pour les intentions exprimant un intérêt qu'une absence d'intérêt. Par ailleurs, des hypothèses plus spécifiques ont été formulées quant aux effets de l'alcool aussi bien sur le temps de réaction pour identifier correctement l'intention exprimée que sur la proportion de bonnes réponses (i.e. l'identification correcte de l'intention exprimée).

Pour ce qui est du temps de réaction, il est ainsi attendu (1) que les participants de la condition Avec alcool soit plus lents que les participants de la condition Sans alcool, (2) que le temps de réaction soit plus court pour les intentions exprimées à forte intensité (i.e. Intérêt sexuel et Refus) que pour les intentions exprimées à faible intensité (i.e. Intérêt et Absence d'intérêt), et (3) que le temps de réaction soit plus court pour les intentions exprimant un intérêt que pour les intentions exprimant une absence d'intérêt, et ce, aussi bien pour les intentions exprimées à forte intensité que les intentions exprimées à faible intensité. Au regard d'éventuels effets d'interaction, il est attendu (4) que l'effet de la condition expérimentale soit plus fort pour les intentions exprimant une absence d'intérêt que pour les intentions exprimant un intérêt, et (5) que l'effet de la condition expérimentale soit plus fort pour les intentions exprimées à faible intensité que pour les intentions exprimées à forte intensité. Aucune autre hypothèse n'est formulée.

Pour ce qui est de la proportion de bonnes réponses, il est attendu (1) que les participants de la condition Avec alcool commettent plus d'erreurs que les participants de la condition Sans alcool, (2) que la proportion de bonnes réponses soit meilleure pour les intentions exprimées à forte intensité (i.e. Intérêt sexuel et Refus) que pour les intentions exprimées à faible intensité (i.e. Intérêt et Absence d'intérêt), et (3) que la proportion de bonnes réponses soit meilleure pour les intentions exprimant un intérêt que pour les intentions exprimant une absence d'intérêt, et ce, aussi bien pour les intentions exprimées à forte intensité que les intentions exprimées à faible

intensité. Au regard d'éventuels effets d'interaction, il est attendu (4) que l'effet de la condition expérimentale soit plus fort pour les intentions exprimant une absence d'intérêt que pour les intentions exprimant un intérêt, et (5) que l'effet de la condition expérimentale soit plus fort pour les intentions exprimées à faible intensité que pour les intentions exprimées à forte intensité. Aucune autre hypothèse n'est formulée.