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MODÈLE D'ANALYSE

3. Variables de contrôle

Compte tenu de notre préoccupation dans cette recherche, qui est de savoir s'il existe une relation positive entre la scolarité et le pouvoir de décision de la femme dans le couple, nous supposons que d'au­ tres facteurs interviennent dans cette relation initiale.

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Mais nous avons dû ne considérer ici qu'un nombre restreint de ces facteurs. Des variables comme la force de travail rémunérée de la femme et le statut professionnel de la femme nous sont apparues comme des variables pertinentes à considérer en vertu de leurs liens avec les deux éléments de la relation initiale.

D'autres variables telles que le contexte culturel du milieu, l'âge du couple, l'origine socio-économique du couple par exemple auraient pu faire partie de l'analyse. Le fait d'écarter ces variables constitue une des limites que nous avons dû nous imposer dans cette démarche de recherche.

Voyons maintenant comment se définit et se justifie chacune des variables de contrôle que nous avons choisies.

a) La force de travail rémunérée de la femme

Cette variable représente l'indépendance financière pour les femmes qui ont une force de travail rémunérée et la dépendance financière pour celles qui n'en ont pas.

Nous pensons qu'il est important dans notre étude de tenir compte de la dimension revenu, car il est possible que la force de tra­ vail rémunérée puisse avoir un effet positif sur la relation qui existe entre la scolarité de la femme et son pouvoir de décision. Nous faisons l'hypothèse que le pouvoir de décision de la femme dans le couple sera encore plus élevé chez la femme scolarisée et dont la force de travail est rémunérée que chez celle qui n'est pas scolarisée et qui ne reçoit aucune rémunération.

Les classes sociales, selon la théorie marxiste, sont des grou­ pes d'agents sociaux, des individus définis principalement, mais non exclusivement par leur place dans le procès de production, c'est-à-dire dans la sphère économique, par rapport aux moyens de production, et aussi par leur fonction politique à l'intérieur de la sphère économique.

L'indice que nous utiliserons pour classer nos sujets dans cette étude est la profession:

"L'indicateur universel de classement des indi­ vidus et de détermination de leur appartenance de classe est la profession."

(C. Delphy, 1977, p. 80)

Cela ne nous empêchera pas de considérer, comme une occupation, le rôle des productrices domestiques sans emploi rémunéré. Mais le sys­ tème de stratification, basé sur des catégories professionnelles indus­ trielles, présente des difficultés d'ordre technique pour inclure dans ces classifications la catégorie des productrices domestiques (J. Jack­ son, 1963). Compte tenu de cette contrainte, nous ferons une classifica­ tion à part des productrices domestiques pour essayer de mesurer l'effet de cette occupation sur la relation entre la scolarité des femmes et leur pouvoir de décision à l'intérieur du couple.

Pour déterminer le statut professionnel de nos sujets, nous pourrions faire une première distinction entre les propriétaires des moyens de production et les non-propriétaires des moyens de production.

Dans cette division sociale du travail se distinguent, selon la classification de Saint-Pierre (1973), les propriétaires des moyens de production, la bourgeoisie (industriels, financiers, commerciaux) et la

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petite bourgeoisie traditionnelle (artisans, agriculteurs, commerçants) et les non-propriétaires des moyens de production, le prolétariat, la nouvelle petite bourgeoisie. Les femmes au foyer selon notre interpréta­ tion de la division sociale du travail font aussi partie de cette deuxiè­ me catégorie; en effet, elles sont non propriétaires de moyens de produc­ tion et leurs conditions de travail sont liées selon Vandelac (1985) au revenu et au bon vouloir du mari.

Selon Saint-Pierre (1973), le prolétariat regroupe la classe ouvrière dont les travailleurs de la production directe sont ceux qui réalisent des opérations productives sur la plus-value, et la classe 1aborieuse dont les travailleurs indirectement productifs et improductifs peuvent être qualifiés d'employés.

La nouvelle petite bourgeoisie comprend les travailleurs sala­ riés et les employés s'occupant de l'organisation et de l'encadrement du travail productif et indirectement productif.

En dépit de l'intérêt que représente cette première distinc­ tion, ce n'est pas en fonction de celle-ci que nous allons définir notre variable statut professionnel. Nous allons plutôt nous arrêter à la division technique du travail au niveau des classes sociales. C'est cette division technique du travail que nous désirons principalement mettre en évidence dans la définition du statut professionnel. En effet, on peut faire la distinction entre ceux qui ont le contrôle sur le tra­ vail et ceux qui ne l'ont pas. Cette division technique du travail a été définie par le "Collectif de recherches en sociologie du travail" (cahier 11, 1974) comme la capacité de mettre en oeuvre les moyens de production, c'est-à-dire le fait de posséder les connaissances techniques et scienti­ fiques pour mettre en oeuvre les moyens de production.

Cette division technique du travail nous renvoie au concept de contrôle sur le travail, contrôle de l'utilisation des moyens de produc­ tion et de l'utilisation de la force de travail ouvrière.

Cela nous permet de distinguer deux catégories de statut pro­ fessionnel: soit un premier groupe qui contrôle son travail et un second qui ne contrôle pas son travail.

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