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PECHE ELECTRIQUE

4.1 Variabilité annuelle de la migration de frave

4.1.1 Ruisseau de l'Église

La fraye de l'éperlan au ruisseau de l'Église est caractérisée par des variations annuelles de la chronologie de la montaison (début et apogée de la fraye) ainsi que du rapport des sexes. De telles variations annuelles sont typiques de la reproduction de l'éperlan dans les principaux tributaires de l'estuaire et du golfe du Saint-Laurent (Marcotte et Tremblay, 1948; Robitaille et Vigneault, 1990).

L'analyse quotidienne des captures au carrelet a mis en évidence une caractéristique commune aux trois années inventoriées soit la réduction de la taille des éperlans au cours de la période de fraye. Ce phénomène a aussi été documenté pour l'éperlan de la baie des Chaleurs (Marcotte et Tremblay, 1948) et est le résultat de la fréquentation différente des frayères par les différentes classes d'âge. La comparaison annuelle de la structure de taille et d'âge des éperlans à un même site peut donc être biaisée lorsque la durée de l'échantillonnage varie d'une année à l'autre ou lorsqu'il coïncide avec différentes phases de la montaison.

Ainsi, la taille réduite des éperlans en 1991 aurait pu être liée à la durée plus longue de l'échantillonnage puisque les captures réalisées lors des visites additionnelles en 1991 étaient surtout composées de petits individus. Toutefois, l'analyse quotidienne des captures pour les 8 premiers jours de la montaison a permis d'éliminer ce biais d'échantillonnage et de confirmer la dominance de la cohorte de 2 ans d'âge en 1991.

Au cours des trois années du suivi, les éperlans capturés sur la frayère sont surtout âgés de 2 à 4 ans, les spécimens plus âgés étant relativement rares. L'année 1991 se distingue nettement des deux autres par l'abondance élevée des reproducteurs et par la dominance de la classe d'âge la plus jeune. L'abondance des mâles âgés de trois ans en 1991 dépasse largement le nombre d'éperlans appartenant à la même cohorte l'année précédente (classe d'âge de 2 ans). Cette cohorte en 1990 aurait dû être beaucoup plus importante pour expliquer l'effectif de l'âge 3 observé l'année suivante. Il semble que les éperlans les plus jeunes n'aient pas fréquenté cette frayère en 1990 contrairement à 1991. Ainsi, la fraction de la population d'éperlans de l'estuaire qui fréquente le ruisseau de l'Église au cours de la reproduction n'apparaît pas être la même à chaque année. En l'absence de données sur la structure d'âge des éperlans en dehors des sites de frai, il est difficile d'expliquer les variations annuelles dans la force des différentes classes d'âge sur la frayère du ruisseau de l'Église.

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La dernière année de l'inventaire montre une réduction marquée de l'abondance des mâles et des femelles âgés de 2 et 3 ans. Compte tenu de l'abondance des cohortes de 1988 et 1989 lors de la montaison au printemps 1991, leur abondance réduite en 1992 (classes d'âge 3 et 4) peut être liée 1) à une mortalité élevée de ces cohortes entre 1991 et 1992, ou 2) à une désertion de la frayère par ces cohortes en 1992. Enfin, le nombre extrêmement faible de femelles en 1992 pourrait entraîner un faible succès de la reproduction dans cette frayère.

Les changements annuels dans la composition des captures au ruisseau de l'Église doivent aussi être interprétés en fonction de la pression de pêche sportive puisque 1) le site d'échantillonnage est le même que celui fréquenté par les pêcheurs d'éperlans et 2) le territoire propice à la pêche a une superficie relativement faible.

Il n'est toutefois pas possible avec les données disponibles d'évaluer l'effet de ce facteur sur la composition annuelle des captures.

4.1.2 Rivière Boyer

Les observations recueillies par le MLCP dans la rivière Boyer (Trencia et al., 1990) indiquent que la population de reproducteurs s'est maintenue à un niveau très bas entre 1978 et 1983 et que, malgré l'interdiction de la pêche sur les frayères depuis 1977, aucune augmentation du nombre d'oeufs n'y a été observée. Au cours de la présente étude, les éperlans capturés en 1990 sont ceux qui y avaient été ensemencés (Giroux et ai, en préparation). Pour les deux années suivantes, aucune capture significative n'a été enregistrée. Ainsi, le suivi réalisé de 1990 à 1992 dans la rivière Boyer tend à confirmer l'absence d'éperlans au cours de la fraye.

Compte tenu du faible succès de pêche dans cette rivière, une pêche électrique a été effectuée en 1992 dans la baie de St-Vallier pour examiner si l'éperlan évitait le panache de la rivière (Guy Trencia, comm. pers.).

La pêche n'a duré qu'une seule journée (28 avril 1992) en raison de mauvaises conditions météorologiques.

Quelques éperlans ont été capturés lors de cette pêche et leurs gonades n'étaient pas matures. Ce retard dans la maturation des gonades pourrait être lié aux températures plus froides observées en 1992 relativement aux années précédentes. Compte tenu de la faible quantité de données recueillies, la question relative à l'évitement du panache de la rivière Boyer reste entière.

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4.1.3 Rivière Ouelle

Compte tenu de la courte période d'échantillonnage à RO en 1991 (3 jours), il est important d'identifier à quelle phase de la montaison correspondent les captures pour mieux interpréter les variations annuelles de la taille et de l'âge des éperlans à ce site. En 1990, la période de pêche semble coïncider avec le début de la montée des éperlans. En effet, seulement 2 visites ont eu lieu lorsque la température de l'eau était au-dessus de 4 °C et la montaison sur la rive sud de l'estuaire débute généralement lorsque la température de l'eau atteint 5 °C (moyenne établie de 1973 à 1983 à la rivière Boyer; Robitaille et Vigneault, 1990). De plus, la faible proportion de femelles indique que les individus interceptés seraient vraisemblablement les premiers reproducteurs à monter la rivière puisque le début de la montaison est caractérisé par un fort pourcentage de mâles (Marcotte et Tremblay, 1948).

En 1991, la pêche a été répartie sur trois jours à partir du 29 avril et la température de l'eau ainsi que la proportion de femelles capturées ont été plus élevées qu'en 1990. De plus, les plus gros éperlans ont été retrouvés en amont de la rivière au voisinage de la frayère principale (capture à l'électricité). Ainsi l'échantillonnage de 1991 aurait eu lieu à l'apogée de la montaison puisque, de façon générale, le rapport des sexes tend à s'égaliser pendant cette période (Marcotte et Tremblay, 1948). Si tel est le cas et si l'on suppose que la taille moyenne des éperlans diminue à mesure que progresse la montaison (tel qu'observé au RE), les éperlans devraient être de plus petite taille qu'en 1990. Or, un accroissement de la taille des éperlans a été observé pour la RO en 1991. Les éperlans capturés au cours de la montaison en 1991 apparaissent donc plus gros que l'année précédente d'où les fréquences plus élevées pour les classes d'âge de 4, 5 et 6 ans.

En 1992, l'abondance des éperlans au cours de la montaison doit être interprétée en tenant compte du nouvel engin utilisé et de la nouvelle localisation du site d'échantillonnage. L'absence d'éperlan ne semble pas liée à un malfonctionnement des engins puisque d'autres espèces ont été capturées. Les captures d'éperlans par les pêcheurs sportifs localisés plus près de l'embouchure laissent supposer que les éperlans auraient monté la rivière mais n'auraient pas atteint la frayère principale. Les observations effectuées par le MLCP sur la déposition des oeufs indiquent que la frayère principale aurait effectivement été désertée mais que deux autres frayères localisées plus en aval auraient été fréquentées.

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