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Anémie hypochrome microcytaire

A. L’âge et le sexe de la population malade

2. Valeurs du RsTf ainsi que des autres paramètres classiques du bilan martial dans les groupes de malades

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Ce travail nous a permis de proposer, chez des sujets sains, un intervalle descriptif des concentrations du RsTf compris entre 0,94 et 1,68 mg/l, plus étroit que celui proposé par le fabricant : 0,76 – 1,76 mg/l. Ce résultat se rapproche de celui retrouvé par Gaillard et ses collaborateurs [95] qui ont proposé un intervalle compris entre 0,94 et 1,44 mg/l.

D’autres auteurs ont trouvé des intervalles différents situés entre 0,70-2,80 mg/l [78], 1,30-3,00 mg/l [72], 0,83-1,76 mg/l [80]. La variabilité de ces résultats est inhérente à l’utilisation de techniques de dosage répondant à des principes différents ainsi qu’à l’absence d’un standard international [59]. Ceci rend les valeurs de références non transposables d’une trousse de réactif à une autre et implique d’assurer le suivi d’un patient par la même technique.

1.2. Variabilité interindividuelle en fonction de l’âge et du sexe

L’étude de la variabilité interindividuelle selon l’âge et le sexe du taux sérique du RsTf dans notre population témoin objective une corrélation significative et négative avec l’âge (figure 5) et une indépendance par rapport au sexe (figure 4). Ces résultats s’accordent totalement avec ceux d’autres études

[58, 70, 74, 75, 95, 96]. En effet, pour ce qui concerne la variabilité selon l’âge,

la concentration du RsTf est à la naissance environ le double de celle de l’adulte, puis elle diminue à partir de 3 ans. Chez le sujet âgé, la concentration du RsTf est généralement plus faible [48, 58, 73].

2. Valeurs du RsTf ainsi que des autres paramètres classiques du bilan martial dans les groupes de malades

Les moyennes des concentrations du RsTf dans les différents groupes de la population étudiée montre, comme cela a déjà été présenté dans le volet résultat, des chiffres normaux chez les sujets sains ainsi que les malades présentant une anémie inflammatoire isolée. Des valeurs plus élevées de ce paramètre ont été

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retrouvées dans le groupe d’anémie ferriprive ainsi que celui associant l’inflammation à une carence martiale (tableau 4).

La détermination des rapports entre la concentration moyenne du RsTf dans le groupe des malades et celle des sujets sains montre que le taux du RsTf n’est pas affecté par l’inflammation (rapport = 1,07). L’augmentation de la concentration de ce paramètre aussi bien dans l’anémie ferriprive isolée que celle associée à un état inflammatoire est attestée par les valeurs élevées des rapports calculés respectivement de 2,06 et 2,20. Ces rapports sont un peu plus élevés que ceux retrouvés dans l’étude de Gaillard et ses collaborateurs [95], mais à peu près identiques à ceux d’autres travaux [59,70] (tableau 4).

L’absence d’une différence significative de la concentration du RsTf entre la population témoin et le groupe de malades présentant une anémie inflammatoire isolée ainsi qu’entre le groupe présentant une anémie ferriprive isolée et celui associant une carence martiale à un syndrome inflammatoire (figure 6 et tableau 5) atteste de l’indépendance de ce marqueur de l’inflammation. Alors que dans une telle situation de méprise, les autres paramètres classiques du bilan martial peuvent être inopérants [59].

En effet, la concentration sérique en fer ne peut permettre au clinicien d’obtenir une approche fiable des réserves ferriques d’un individu [95]. L’hyposidérémie peut se voir aussi bien au cours de la carence en fer qu’au cours du syndrome inflammatoire [97]. De plus, ce paramètre subit de grandes variations au cours du nycthémère et aussi en fonction du sexe [98]. L’intérêt de son dosage isolé est donc nul et ne se justifie que couplé à celui de la transferrine afin d’apprécier la saturation en fer de celle-ci [51] (figure 7).

La transferrine évoque la capacité de l’organisme à mobiliser ses réserves en fer en cas de besoin. Une différence nette peut être observée entre les

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individus sains et carencés (figure 7). Toutefois, toute diminution de la transferrine circulante résultant d’un processus inflammatoire peut limiter l’interprétation des résultats biochimiques.

Le CST (paramètre calculé), et non la CTST qui est plutôt corrélée avec les réserves, est un bon indicateur de transport du fer et d’alimentation tissulaire. Toute diminution de ce coefficient au dessous de 15% traduit sans aucun doute une diminution de la livraison du fer à l’érythropoïèse [4] qui ne signifie pas forcement que l’on se trouve en présence d’une anémie carentielle. En effet, elle peut aussi se voir dans les anémies inflammatoires (figure 8). Ce paramètre calculé cumule les erreurs des deux paramètres du rapport : le fer sérique et la transferrine.

La CTST est assez bien corrélée avec les réserves mais de manière inverse. Toute augmentation de CTST est caractéristique d’une baisse des réserves en fer (figure 8). Elle peut être diminuée ou normale dans les surcharges mais également dans les anémies d’origine inflammatoires. Toutefois, ce paramètre simple n’est pas très fiable en raison de sa modification possible par des facteurs extérieurs, comme c’est le cas pour la sidérémie [98].

Durant la déplétion des réserves, on observe une chute de la ferritine [58]. Celle-ci permet de différencier aisément les anémies inflammatoires isolées et les carences martiales. Mais, elle ne semble être d’aucune aide dans les anémies mixtes avec une carence en fer associée. Elle ne reflète pas les stocks de fer en présence d’inflammation, elle perd sa sensibilité et peut conduire à une sous estimation du déficit. En effet, en présence d’une inflammation, d’une hépatopathie ou d’un cancer chroniques, la ferritine perd son pouvoir diagnostique et devient un paramètre limitant pour toute recherche d’un épuisement des réserves en fer, bien qu’elle soit définie comme un test

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nécessaire pour l’établissement du diagnostic de la carence martiale. La comparaison des moyennes des concentrations de la ferritine sérique montre l’absence de différence entre les sujets sains et les patients carencés présentant une anémie inflammatoire. Cette tendance s’explique par le fait que l’augmentation de la concentration de cette protéine dû à l’inflammation lorsqu’elle s’associe à une déplétion ferrique peut entraîner une valeur de ferritine comprise dans l’intervalle de référence (figure 7) [97, 99].

Les paramètres hématologiques associés à l’Hb, le VGM, la TCMH montrent une anémie hypochrome microcytaire dans les trois groupes de la population malade sans aucun pouvoir discriminatoire (figure 7).

Une élévation du taux du RsTf objectivée dans cette étude, a été rapportée par plusieurs auteurs chez des patients ayant une carence en fer. La concentration en RsTf reste constante tant que les réserves en fer ne sont pas épuisées. Son augmentation est proportionnelle à l’importance du déficit en fer dans les tissus (fer fonctionnel) et intervient plus précocement que la chute de l’Hb [58]. Ferguson et al [46] ont montré qu’une maladie chronique ne conduisait pas à l’augmentation du RsTf. Ces résultats ont été confirmés par une étude finlandaise récente [72] et dans la présente étude. Nous avons pu démontré que dans les AMC, avec syndrome inflammatoire isolé, le RsTf est proche des valeurs des sujets sains contrastant avec l’augmentation de la ferritine. Par contre, chez les patients présentant une carence martiale isolée ou associée à une maladie chronique, la supériorité diagnostique du RsTf est très nette (figure 7).

Le RsTf, dont la variation semble indépendante de tout état inflammatoire, apparait comme une bonne alternative dans le diagnostic de la carence martiale d’un individu. La comparaison de ses valeurs moyennes dans les trois groupes de la population malade en témoigne. Toutefois, dans d’autres études [94], les

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valeurs du RsTf n’ont pas toujours distingué de manière certaine chez les patients ayant une arthrite rhumatoïde ceux présentant ou non un déficit en fer.

L’index du RsTf ne semble pas apporter d’informations supplémentaires dans la présente étude contrairement à ce qui est rapporté dans autres travaux où il a été proposé pour améliorer le diagnostic de la carence martiale lors des syndromes inflammatoires [62, 90, 92, 94].

3. Corrélation du RsTf avec les paramètres biochimiques dans

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