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Chapitre I Le nord-ouest de la Méditerranée

4. Végétation du Languedoc et de la région de Murcie

La végétation Méditerranéenne est adaptée à la sécheresse estivale marquée qui caractérise le climat de cette région. L’important gradient altitudinal qui caractérise le pourtour méditerranéen se traduit par un étagement de la végétation depuis les plaines les plus thermophiles jusqu’aux massifs où les contrastes saisonniers s’atténuent progressivement. Les botanistes distinguent six étages de végétation bien distincts en région méditerranéenne : l’infra-méditerranéen, le thermo-méditerranéen, le méso-méditerranéen, le supra-méditerranéen, le montagnard-méditerranéen et l’oro-montagnard-méditerranéen (Quézel 1976). L’étage infra-montagnard-méditerranéen correspondant à la zone de l’Arganier et cantonné au sud du Maroc ne sera pas évoqué dans ce travail. Bien évidemment les limites inférieures et supérieures de ces étages varient en fonction de la latitude, avec des étages montant plus haut en altitude dans les régions méridionales (Quézel 1976, Rivas-Martinez 1975, Quézel et Médail 2003).

a. Le Languedoc (Rameau et al. 2008)

L’étagement des différentes communautés végétales de cette région est décrit en s’appuyant sur la distribution des principales essences forestières autour de Palavas et dans l’arrière-pays (Figure I-7).

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Dans le sud de la France, l’étage thermo-méditerranéen est restreint à quelques zones du littoral Provençal et Roussillon, il est complètement absent du Languedoc.

Figure I-7: Distribution des principales essences forestières dans le département de l'Hérault par zone de dominance (redessinée grâce aux données de l’inventaire national forestier IFN1, Azuara et al., Journal of Vegetation Science, en révision).

Le Méso-méditerranéen

Dans le Languedoc l’étage méso-méditerranéen s’étend du niveau de la mer jusqu’à 400 m d’altitude, voire 650 m dans les versants les mieux exposés. Il est caractérisé par une température moyenne du mois le plus froid supérieure à 0°C, une température annuelle moyenne entre 12 et 16°C et des précipitations annuelles comprises entre 500 à 800 mm par an. De nos jours, les forêts de chênes verts (Quercus ilex) dominent largement cet étage. Ces forêts, appelées « yeuseraies », se déclinent en plusieurs entités distinctes :

• L’yeuseraie à Arisarum vulgare, Pistacia lentiscus, Myrtus communis et Pinus halepensis se développant sur roches calcaires ou siliceuses dans la partie inférieure de l’étage méso-méditerranéen.

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• L’yeuseraie à Viburnum tinus, Rosa sempervirens, Phillyrea latifolia, Carex distachya et Pistacia terebinthus qui se rencontre dans la partie inférieure de l’étage sur substrat calcaire.

• L’yeuseraie à Buxus sempervirens, Quercus pubescens, Amelanchier ovalis et Cytisophyllum sessilifolium également caractéristique des zones calcaires mais qui remplace la précédente dans la partie supérieure de l’étage méso-méditerranéen. • L’yeuseraie à Asplenium onopteris, Pinus pinaster, Abutus unedo, Erica arborea,

Calluna vulgaris, Luzula forsteri et Ruscus aculeatus typique des substrats siliceux à partir de 150m d’altitude.

Dans quelques points du Languedoc, des forêts de pin d’Alep (Pinus halepensis) avec Pistacia lentiscus, Phillyrea angustifolia et Arisarum vulgare se rencontrent à l’extrême base de l’étage sur des sols calcaires peu profonds. D’une manière plus générale, le pin d’Alep se rencontre en pionnier dans les milieux ouverts en reboisement. Il est également abondamment planté par les forestiers dans les zones où les gelées hivernales sont peu importantes.

Dans les zones avec des sols plus profonds, des formations à chênes pubescents (Quercus pubescens) peuvent remplacer les yeuseraies. Le chêne pubescent est alors accompagné d’espèces telles que Pistacia lentiscus aux altitudes les plus basses de l’étage et par des espèces comme Cornus sanguinea et Acer Campestre dans le méso-méditerranéen supérieur. Enfin, des forêts de pin de Salzmann (Pinus nigra subsp. salzmannii) avec Juniperus phoenica, Juniperus oxycedrus, Pistacia terebinthus et Erica multiflora se développent dans des espaces soumis à des précipitations localement plus élevées. Les coupes forestières et l’érosion des sols qui leur est associée, le pâturage mais aussi les incendies engendrent des milieux dits de dégradations, très fréquents dans le Languedoc et composés de formations arbustives plus ou moins denses ainsi que de pelouses dans les cas les plus extrêmes. Dans ces milieux ouverts, outre les arbustes déjà cités, se rencontrent très fréquemment Quercus coccifera, Cistus Albidus, Euphorbia characias et Rosmarinus officinalis dans les zones plutôt calcaires de basses altitudes, remplacés par Dorycnium pentaphyllum, Lavandula latifolia, Rhamnus alaternus et Rhamnus saxatilis dans les altitudes supérieures de l’étage et Lavandula stoechas, et Cistus monspeliensis dans les zones plutôt siliceuses. Parmi les espèces herbacées les plus emblématiques des pelouses méditerranéennes sont observées Brachypodium retusum (Poaceae), Tuberaria guttata (Cistaceae), et Phlomis lychnitis (Lamiaceae).

41 Le supra-méditerranéen

L’étage supra-méditerranéen se développe jusqu’à une altitude de 800 m, dans les zones où la température moyenne du mois le plus froid est comprise entre -3 et 0°C et la température annuelle moyenne entre 8 et 12°C. A ces altitudes, le climat est toujours méditerranéen bien que les températures d’été plus basses et associées avec des précipitations plus importantes atténuent la sécheresse estivale. Les forêts de chênes pubescents (Quercus pubescens) à buis (Buxus sempervirens) occupent une part importante de cet étage et s’accompagnent de cortèges d’espèces qui varient d’une station à une autre. A proximité des yeuseraies, les chênaies pubescentes intègrent des espèces caractéristiques de ces dernières comme Quercus ilex mais aussi Juniperus oxycedrus, Rhamnus alaternus, Vibrunum tinus,… La chênaie pubescente s’enrichit d’espèces telles que Castanea sativa, Quercus petraea, Teucrium scorodonia, Lonicera periclymenum et Erica scoparia sur substrat acide. Enfin dans la partie supérieure de l’étage Acer opalus, Melittis melissophyllum et Mercurialis perrenis lui sont plutôt associés. Sur substrat acide, les châtaigneraies (Castanea sativa) à Pinus pinaster, Quercus ilex, Quercus pubescens, Erica arborea, Arbutus unedo, Phillyrea angustifolia et Juniperus oxycedrus remplacent souvent les chênaies pubescentes. Les peuplements dégradés de l’étage supra-méditerranéen sont caractérisés par la présence de Buxus sempervirens bien sûr mais aussi de Juniperus communis, Sorbus domestica, Sorbus aria, Sorbus torminalis, Cytisophyllum sessilifolium et Rhamnus saxatilis. Dans les pelouses et les formations arbustives basses se rencontrent notamment Bromus erectus, Ononis striata et Lavandula angustifolia.

Le montagnard-méditerranéen

L’étage montagnard-méditerranéen occupe les altitudes situées au-dessus de 800 m et jusqu’à 1500 à 1700 m. La température moyenne du mois le plus froid y varie entre -7 et -3°C et la température annuelle moyenne entre 4 et 8°C. Dans le Languedoc, du fait de l’altitude qui augmente en remontant vers le nord, les zones les plus élevées sont situées à la frontière de la région méditerranéenne sensu stricto. Par conséquent, cet étage de végétation y est volontiers désigné comme un étage montagnard sous influence Méditerranéenne. Parmi les forêts spontanées fréquemment rencontrées à ces altitudes des forêts de hêtre (Fagus sylvatica) et/ou de sapin (Abies alba) sont observées. Des formations de pins sylvestres (Pinus sylvestris) sont rencontrées également sur des sols peu profonds et des massifs de pins de salzmann (Pinus nigra subsp. salzmanni) sur substrats dolomitiques. Toutefois des forêts plantées de douglas (Pseudotsuga menziesii) et dans une moindre mesure de cèdres (Cedrus atlantica) occupent une

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part très importante de cet étage. Le pin noir d’Autriche (Pinus nigra subsp. nigra) y est également très planté de même que dans l’étage supra-méditerranéen supérieur.

b. La région de Murcie

Le pin d’Alep (Pinus halepensis), est l’une des espèces les plus abondantes dans la région de Murcie. Il pousse depuis le niveau de la mer jusqu’à une altitude de 1500 m. Cette espèce colonise les formations arbustives dégradées au sein desquelles elle peut former des populations denses et étendues. Plus en altitude, elle cohabite souvent dans des formations mixtes avec Quercus ilex subsp. ballota, mais peut aussi s’observer en peuplements purs. Pinus halepensis représente 87% de la couverture de l’ensemble des zones boisées de la région (Sanchez-Gomez et al. 1998). En dehors de cette espèce plutôt ubiquiste, la distribution des espèces végétale dans la région de Murcie s’organise en différents étages de végétation (Figure I-8).

Figure I-8 : Carte de répartition des étages de végétation dans la région de Murcie.

Le thermo-méditerranéen

L’étage thermo-méditerranéen est particulièrement bien développé dans le sud-est de l’Espagne. Il est caractérisé par des températures annuelles moyennes comprises entre 18 et 19°C et une température moyenne du mois le plus froid supérieure à 3°C. Dans la région de

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Murcie, il s’étend depuis la côte jusqu’à une altitude comprise entre 300 et 400 m, couvrant une zone qui représente près de la moitié du territoire. Dans les zones les plus chaudes de l’étage avec des gelées hivernales extrêmement rares, se développe une végétation très ouverte, parsemée d’arbrisseaux prostrés. Cette dernière est caractérisée par la présence d’espèces très thermophiles d’affinités subtropicales telles que Maytenus senegalensis subsp. europaea, Withania frutescens et Periploca angustifolia. Deux principaux types de formation se rencontrent alors :

• Une végétation arbustive dans les zones les plus arides quand les précipitations annuelles moyennes sont inférieures à 200 mm, qui est dominée par Periploca angustifolia et Chamaerops humilis et avec la présence, entre autres, de Rhamnus lycioides, Pistacia lentiscus, Lycium intricatum, Ephedra fragilis et Olea sylvestris. • une végétation arbustive dominée par Ziziphus lotus dans les zones moins sèches où les

précipitations annuelles moyennes sont comprises entre 200 et 350 mm, avec également la présence d’Asparagus albus, Rhamnus lycioides, Ballota hirsuta et Withania frutescens. Quand les précipitations hivernales sont supérieures aux précipitations automnales, cette formation est remplacée par une formation végétale dominée par Maytenus senegalensis subsp. europaeus.

Aux altitudes plus élevées de l’étage thermo-méditerranéen, où des gelées hivernales de faibles intensités peuvent survenir, certaines espèces d’affinités subtropicales disparaissent, comme Periploca angustifolia, tandis que les autres sont plus occasionnelles. Deux types de formations arbustives d’aspects assez proches se rencontrent ainsi qu’une formation forestière :

• Là où la sécheresse est encore très marquée se développe une végétation arbustive dominée par Quercus coccifera, Pistacia lentiscus, Chamaerops humilis et Rhamnus lycioides avec également la présence de Olea sylvestris, Asparagus albus et Withania frutescens.

• Dans les zones un peu plus arrosées, avec des précipitations annuelles moyennes comprises entre 350 et 475 mm, la végétation est dominée par Quercus coccifera, Rhamnus velutinus subsp. almeriense et Rhamnus oleoides subsp. angustifolia avec également la présence de Chamaerops humilis, Bupleurum gibraltaricum et Smilax mauritanica. Cette formation peut coloniser jusqu’à la partie inférieure de l’étage méso-méditerranéen dans certaines zones particulièrement arides.

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• Lorsque les précipitations annuelles moyennes sont comprises entre 350 et 600 mm alors les formations arbustives sont remplacées par des forêts dominées par Quercus ilex subsp. ballota incluant des espèces thermophiles telles que Chamaerops humilis, Bupleurum gibraltaricum et Rhamnus oeloides.

Le méso-méditerranéen

L’étage méso-méditerranéen occupe lui aussi une surface très importante de la région de Murcia où il s’étend jusqu’à 1100 m d’altitude. Les températures annuelles moyennes sont comprises entre 13 et 18°C avec des températures moyennes du mois le plus froid entre 0 et 3°C. Trois grands types de formations végétales se distinguent dans cet étage :

• Des formations arbustives dominées par Quercus coccifera et Rhamnus lycioides avec également Pistacia lentiscus, Juniperus oxycedrus, Asparagus horridus, Myrtus communis, Nerium oleander et Ephedra fragilis quand les précipitations annuelles moyennes sont comprises entre 200 et 350 mm.

• Des forêts de Quercus ilex subsp. ballota avec entre autres Quercus coccifera, Arbutus unedo, Bupleurum fructicosum et Ruscus aculeatus dans les zones avec des précipitations annuelles moyennes entre 350 et 600 mm.

• Des forêts plus mésophiles, toujours dominées par Quercus ilex subsp. ballota mais avec la présence notable de Quercus faginea quand les précipitations annuelles moyennes dépassent les 600 mm.

Le supra-méditerranéen

L’étage supra-méditerranéen a une extension beaucoup plus limitée que les deux étages précédents. Il occupe des zones restreintes dans les régions les plus élevées, au-dessus de 1100 m. Il se rencontre surtout dans le massif de Segura et dans une moindre mesure dans le massif d’Espuña. Deux formations se distinguent particulièrement (Boucher, 1988) :

• Des forêts de Quercus ilex subsp. ballota accompagné de Berberis hispanica et Cytisus reverchonii dans les zones les plus sèches.

• Des forêts de Quercus ilex subsp. ballota et Quercus faginea avec toujours Cytisus reverchonii, mais également avec la présence d’une importante composante eurosibérienne représentée par des espèces telles que Crataegus monogyna ou Helleborus foetidus, dans les parties les plus arrosées des massifs.

45 L’oro-méditerranéen

L’étage oro-méditerranéen se rencontre dans la Sierra de Segura au-dessus de 1600 m d’altitude. Il est essentiellement caractérisé par la présence de forêts de Pinus nigra subsp. salzmanni (Boucher 1988).

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Chapitre II : Matériel et Méthodes