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Chapitre I Le nord-ouest de la Méditerranée

2. Contexte climatique

Le climat actuel de la Méditerranée occidentale est de type méditerranéen. Il est caractérisé par d’importants contrastes saisonniers entre d’une part des hivers doux et humides et d’autre part des été chauds et secs. Les précipitations sont maximales en automne et minimales en été. Ce climat de base se décline en plusieurs variantes le long de deux principaux gradients, un gradient de latitude du nord vers le sud de la Méditerranée occidentale, et un gradient d’altitude entre la côte et l’arrière-pays.

31 a. Données météorologiques

Dans le sud de la France, les précipitations annuelles moyennes sont comprises entre 500 et 800 mm en plaine. Au mois de Juillet, les précipitations mensuelles sont de l’ordre de 20 mm tandis qu’en automne des cumuls de précipitations, compris entre 200 et 600 mm en moins de 24 h, peuvent être enregistrés lors d’épisodes de pluie intenses, les épisodes cévenols. La température moyenne annuelle se situe autour de 14°C, avec des moyennes mensuelles comprises entre 23°C en juillet et 7°C en janvier. Avec l’altitude les contrastes saisonniers s’atténuent, les précipitations estivales sont plus importantes tandis que les températures hivernales sont un peu plus basses (données Météo France).

Le sud-est de l’Espagne est une région plus aride. En plaine, les précipitations annuelles moyennes sont comprises entre seulement 250 et 330 mm. Les massifs des cordillères bétiques agissent comme un bouclier contre les perturbations venues de l’ouest. Ainsi les précipitations annuelles peuvent dépasser les 400 mm dans les montagnes ou au contraire tomber sous la barre des 190 mm dans les zones côtières les plus arides. La température moyenne annuelle se situe entre 16 et 17°C, avec une température moyenne autour de 27°C en juillet et de 10°C en janvier (Carrion 2002a).

b. Circulation atmosphérique

Le climat de l’Ouest du bassin Méditerranéen est particulièrement lié à la circulation atmosphérique générale sur l’Atlantique Nord et l’Europe (Plaut et Simmonet 2001). Ainsi, les systèmes de hautes pressions stagnant au-dessus des régions arctiques (Groenland, Islande) ou de la Scandinavie provoquent l’advection de dépressions venant de l’océan Atlantique vers la Méditerranée occidentale où les précipitations augmentent. Au contraire, lorsque l’anticyclone des Açores venant de l’Atlantique tropical se déplace vers le nord, alors les précipitations diminuent. La circulation atmosphérique générale influence également les régimes de vent. Ainsi, un blocage anticyclonique au niveau de l’est de l’Atlantique associé à une dépression au-dessus de la Méditerranée centrale favorise l’établissement de vents du nord ou du nord-ouest, froids et secs, sur le golfe du Lion, le Mistral et la Tramontane (Najac et al. 2009) (Figure I-4). De même, la persistance d’un anticyclone sur la Scandinavie génère des vents chauds et humides en provenance du sud-est en Méditerranée occidentale, comme le Marin (Plaut et Simmonet 2001) (Figure I-4). Enfin la circulation atmosphérique générale au-dessus de l’Atlantique nord et de l’Europe peut contribuer à déclencher des événements climatiques extrêmes tels que les épisodes cévenols (Nuissier et al 2011) ou les vagues de chaleur en été (Cassou et al 2005).

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Figure I-4 : Circulation atmosphérique et thermohaline en Méditerranée occidentale. MAW : Modified Atlantic Waters, LIW : Levantine Intermediate Waters, WMDW : Western

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Superposés à cette circulation atmosphérique à grande échelle (échelle synoptique) qui influence considérablement le climat méditerranéen, des phénomènes météorologiques à plus petite échelle (méso-échelle) contribuent aussi à la spécificité climatique de cette région. La mer Méditerranée représente une source importante d’humidité atmosphérique et de chaleur (Winschall et al. 2014). L’advection de masses d’air chaudes et humides depuis la mer vers les reliefs provoque des précipitations importantes tels que les épisodes cévenols déjà évoqués (Nuissier et al. 2011).

La Méditerranée est également une zone de formation de cyclones de petite envergure mais de très grande intensité (Lionello et al. 2016). L’interaction des dépressions d’échelle synoptique venant de l’Atlantique avec les reliefs et le réservoir de chaleur qu’est la Méditerranée, entraine la formation de cyclones méso-échelles dans le golfe de Gênes (Trigo et al. 2000). Ce centre de cyclogenèse est l’un des plus actifs du bassin méditerranéen. Il influence directement des centres de cyclogenèse secondaires dans le Golfe du Lion et au niveau des îles Baléares (Trigo et al. 1999, Lionello et al. 2016). Au niveau de la péninsule ibérique, c’est essentiellement en été que le contraste thermique important entre le continent et la mer favorise la formation de dépressions thermiques et la cyclogenèse (Trigo et al. 1999).

c. Circulation thermohaline

Les eaux de la Méditerranée sont stratifiées en 3 niveaux : les eaux de surfaces, les eaux intermédiaires et les eaux profondes. Les eaux de surfaces (0-200 m), appelées en anglais « Modified Atlantic Waters » (MAW), sont originaires de l’océan Atlantique. Elles entrent par le détroit de Gibraltar et coulent vers l’est tandis que leur température et leur salinité augmentent (Figure I-4). Les eaux intermédiaires (200-500 m) ou « eaux levantines intermédiaires » (« Levantine Intermediate Waters » LIW), se forment en Méditerranée orientale à partir des eaux de surfaces enrichies en sel après leur traversée de la Méditerranée et qui plongent en profondeur lorsqu’elles sont refroidies par les vents froids et secs d’Anatolie. Ces dernières s’écoulent vers l’ouest, dans la direction opposée aux eaux de surface, (e.g. Frigola et al. 2007, Jalali et al. 2016) (Figure I-4). Enfin, les eaux profondes (>500 m) se forment dans quelques zones restreintes du bassin méditerranéen. Le Golfe du Lion est l’une d’elles (groupe MEDOC, 1970). Dans cette région, le Mistral et la Tramontane, vents secs et froids, entrainent un refroidissement et le mélange entre les eaux de surfaces et les eaux intermédiaires du Golfe du Lion, qui plongent alors vers les abysses (Rhein 1995, Schroeder et al. 2010). Les eaux profondes ainsi formées sont appelées « eaux profondes ouest méditerranéennes (Western Mediterranean Deep Waters – WMDW). Une fois dans le fond du bassin Liguro-Provençal, ces