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Chapitre III : Résultats

1. Résultats des analyses polliniques

a. La séquence de Palavas

La séquence composite de Palavas compte 140 échantillons (13 pour EG08 et 123 pour PB06) et couvre les 7800 dernières années avec une résolution moyenne d’environ 57 ans entre chaque échantillon. La préservation des grains de pollen y est très bonne avec une concentration pollinique moyenne de 33 800 grains.g-1. Il y a cependant deux petites lacunes au sein de la série, situées respectivement entre 1555-1316 ans cal BP et 622-202 ans cal BP et correspondant à des niveaux de tempêtes particulièrement importants (Figure III-1 et Figure III-2).

Une comparaison entre les spectres polliniques actuels de Palavas et la végétation régionale visant à contraindre l’aire de collecte des lagunes est présentée dans le chapitre IV partie 2 (Azuara et al. 2017). En résumé, cette comparaison montre des apports polliniques provenant majoritairement de l’environnement lagunaire proche et de la végétation méso-méditerranéenne de l’arrière-pays avec une contribution bien visible de la végétation supra-méditerranéenne plus éloignée et enfin de faibles apports plus lointains en provenance des montagnes.

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La diversité taxonomique est relativement importante avec 98 taxons polliniques répertoriés sur l’ensemble de la séquence. Dans l’ensemble, les spectres sont largement dominés par les chênes décidus (Quercus type robur), les chênes méditerranéens (Quercus type ilex), le hêtre (Fagus), les pins (Pinus) et la végétation halophile lagunaire surtout représentée par les Amaranthaceae (Figure III-1). Les taxons les plus faiblement représentés ont été regroupés en fonction de leurs affinités écologiques. Ainsi, 6 groupes ont été définis :

• Autres conifères : inclut Picea et Cedrus qui reflètent des apports très lointains exceptionnels, tout spécialement Cedrus, sauf à la toute fin de la séquence au 20ème siècle.

• Taxons ripariens : Fraxinus type excelsior, Fraxinus type ornus, Salix et Populus. • Taxons mésophiles : Acer, Ulmus, Tilia, Betula, Carpinus, Corylus, Hedera, Ligustrum,

Ilex et Viburnum.

• Taxons méditerranéens : Pistacia, Phillyrea, Rhamnus, Buxus, Cistus et Cupressaceae. • Autres herbacées : groupe ubiquiste incluant tous les taxons herbacés ne figurant pas individuellement dans le diagramme simplifié présenté dans la partie discussion (IV.1, Figure) ou dans le groupe des aquatiques.

• Aquatiques : Cyperaceae, Typha/Sparganium, Alisma, Myriophyllum, Lemna, Potamogeton.

La zonation automatique du diagramme grâce aux méthodes CONISS (Grim 1987) et « Broken stick » (Bennet, 1996) en regroupant les taxons faiblement représentés selon les groupes ainsi définis, a permis de définir 11 zones significatives pour la séquence de Palavas. La Table III-1 présente une description succincte de chacune des zones du diagramme.

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Table III-1 : Zonation du diagramme de la séquence de Palavas

Nom Profondeur (cm) Dates (ans cal BP) Description Pal-XI 758-734 (PB06) 7850 - 7040

Pollen d’arbres très abondant (~80%), spectres dominés par Quercus type robur (~40%) et Pinus (15-30%), taxons méditerranéens faibles (2-7%) et taxons montagnards peu

représentés mais en continu.

Pal-X 734-710

(PB06)

7040 - 6400

↓ Quercus type robur jusqu’à 25%, Pinus (25-30%) et maximum d’Abies (~4.5%).

Pal-IX 710-658

(PB06)

6400 - 5940

↓ Pinus et ↓ Abies, ↑ Quercus type robur (25→40%),

première occurrence du type Cerealia vers 6050 ans cal BP.

Pal-VIII

658-502 (PB06)

5940 - 4170

↓ Pinus (~13%) et ↑ taxons méditerranéens (~10%), ↑ Fagus (2→10 %) puis ↓après 5000 ans cal BP, quasi

disparition d’Abies, occurrence régulière du type Cerealia

Pal-VII

502-334

(PB06) 4170 - 2690

Pinus faible (<10%), ↑ Quercus type ilex (10-15%), ↓

Ericaceae et des arbustes méditerranéen, ↑ Fagus autour de 4300 ans cal BP (10→20%), Abies faible (1-2.5%), ↓ pollen

d’arbres à partir de 3000 ans cal BP.

Pal-VI 334-306

(PB06)

2690 - 2510 ↓ Fagus (15→2%) puis , ↑ Quercus type robur (+15%).

Pal-V

306-235 (PB06)

2510 - 1330

↓ Quercus type robur (40→25 %), Quercus type ilex

(10-20%) et ↑ Poaceae (5-10 %), Fagus (~10%), après 2000 ans cal BP enregistrement stable mais continu d’Olea

Pal-IV

235-205

(PB06) 1330 - 1140

↑ pollen d’arbres en particulier Quercus type robur (+ 10%), Fagus (2-3%) et ↑ Amaranthaceae (12-14%).

Pal-III 205-120

(PB06)

1140 -600

↑ Fagus (1→6%) puis quasi disparition, Quercus type

robur et plus généralement pollen d’arbres très faibles, ↑

taxons d’origines anthropiques, en particulier Olea (11%).

Pal-II

74-32 (EG08)

600 - 60

Pinus, Quercus type robur, Quercus type ilex, arbustes

méditerranéens, Poaceae et Amaranthaceae tous aussi abondants (~10%), ↑ Castanea (7%), ↓ Olea (<10%).

Pal-I

32-0

(EG08) 60 - (-56)

↑ Pinus, ↑Quercus type ilex (10 →20 %), Quercus type

robur stable (~10%), ↓ taxons d’origine anthropique en

80 b. La séquence de Mar Menor

La séquence de Mar Menor compte 93 échantillons formant une séquence continue qui couvre les 6600 dernières années avec une résolution moyenne de 70 ans. La préservation des grains de pollen est très bonne avec une concentration pollinique moyenne de 20 130 grains.g-1. La comparaison du spectre actuel de la lagune (Figure III-3) avec la végétation à l’échelle de la région de Murcie (Chapitre I-4-b) permet de discuter de la provenance des apports polliniques. En dehors de la végétation lagunaire halophyte bien représentée par les Amaranthaceae, les environnements les plus proches de la lagune sont quasiment absents (Figure III-3). Les surfaces agricoles qui couvrent presque l’ensemble du Campo de Cartagena sont seulement visibles à travers la présence du pollen d’Olea. Les arbres fruitiers et les cultures maraichères très abondantes ne sont pas enregistrés. De plus, les environnements les plus chauds et les plus arides des plaines côtières ne sont pas du tout enregistrés (Figure III-3). En effet, les taxons les plus caractéristiques de ces milieux tels que Ziziphus lotus, Periploca angustifolia ou encore Maytenus senegalensis subsp europaeus sont absolument absents. Ce biais important des spectres analysés est en grande partie dû à la très faible production pollinique des plantes entomophiles cultivées (Citrus, Prunus, …) et de celles dominant les milieux les plus arides (Carrion 2002). D’un autre côté, les forêts de chênes verts et de pins des massifs montagneux, ainsi que les formations arbustives de l’étage thermoméditerranéen supérieur à Pistacia lentiscus et Quercus coccifera, y sont particulièrement bien représentées par les taxons polliniques Pinus, Quercus type ilex et Pistacia (Figure III-3). Les proportions significatives de grains de pollen de chênes décidus peu représentés dans la région montrent des apports lointains relativement importants. La taille très importante de la lagune de Mar Menor favorise un enregistrement de la végétation à grande échelle et explique la forte composante régionale du signal pollinique.

Au total, 79 taxons ont été répertoriés sur l’ensemble des spectres de la séquence de Mar Menor (Figure III-4 et Figure III-5). Tout au long de l’enregistrement Pinus domine très largement les spectres, avec des proportions comprises entre 20 à 75 %. Afin d’éviter les problèmes de covariation entre le pin et les autres taxons dus à la grande variabilité de ce taxon et son écrasante domination dans certains spectres, les proportions polliniques des autres taxons ont été calculées en excluant les pins de la somme pollinique totale. Les spectres ainsi obtenus montrent une composition relativement équilibrée entre, d’une part, arbres et arbustes surtout représentés par Quercus type robur, Quercus type ilex, Pistacia et Olea, et, d’autre part, les herbacées surtout représentées par Artemisia, Poaceae et Amaranthaceae (Figure III-4 et Figure

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III-5). Comme pour Palavas, des regroupements entre les taxons polliniques les moins abondants ont été réalisés. Sept groupes ont été définis :

• Autres conifères : Abies, Cedrus et Picea marqueurs de rares apports très lointains. • Ripariens : Alnus, Fraxinus type excelsior, Populus, Salix.

• Autres Mésophyles : Betula, Corylus, Ulmus, Acer, Carpinus, Tilia, Fagus, Hedera, Buxus.

• Autres Méditerranéens : Cupressaceae, Rhamnus, Viburnum,.

• Autres Xerophiles : Asphodelus, Asteroideae, Cichorioideae, Ephedra type fragilis, Euphorbiaceae, Tamarix, Thymeleaceae.

• Aquatiques : Alismataceae, Cyperaceae, Nympheaceae, Typha/Sparganium.

• Autres herbacées : Tous les autres taxons herbacés non représentés individuellement dans les diagrammes simplifiés (partie IV.3) ou inclus dans une des catégories précédentes.

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La zonation automatique du diagramme grâce aux méthodes CONISS (Grim 1987) et « Broken stick » (Bennet, 1996) en regroupant les taxons faiblement représentés selon les groupes ainsi définis, a permis de définir sept zones significatives pour la séquence de Mar Menor. La Table III-2 présente une description succincte de chacune des zones du

diagramme.

Table III-2 : Zonation du diagramme de la séquence de Mar Menor

Nom Profondeur (cm) Dates (ans cal BP) Description

MM -VII 290-397 6580 - 5160

Pollen d’arbre faible en particulier Quercus type robur (15-20 %), Quercus type ilex, Pistacia et Olea bien représentés, Amaranthaceae relativement abondante (~10 %).

MM -VI 215-290 5160 - 3640

Pinus (40→70%), Quercus type robur (25-35 %) et

type ilex (~20 %) maximums, Olea et Pistacia (~5 %),

Artemisia faible (>5%).

MM -V 152-215 3640 - 2460

↑ Artemisia vers 3650 ans cal BP (x2), Poaceae faible (<5%), ↓ pollen d’arbres mais pas de tendance nette sur les taxons individuels à l’exception d’Olea.

MM -IV 98-152 2460 - 1710

Pinus relativement bas (~35 %), ↓ Pistacia (10→3

%), ↑ Olea (0.5→5 %), début de la courbe continue des taxons thermophiles.

MM-III 68-98 1710 - 1340

Maximum de Pinus (70-75 %), ↑ pollen d’arbre et arbustes, ↓ Olea (8→1%).

MM-II 10-68 1340 - 80

↓ Pinus (60→40 %) et ↑ Artemisia (15→30 %), proportions de pollen d’arbre minimales (25-35%).

MM-I 0-10 80 - (-50)

↑ Olea (2→30 %) suivie d’une baisse (-15%), ↑

Quercus type ilex (7→15 %) et ↓ Artemisia (25→12 %).

2. Calibration de la relation pollen/végétation méditerranéenne dans la région