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: LES USAGES EN SITUATION DE MOBILITE

Après la radio, le téléphone et l’ordinateur, c’est désormais à la télévision de basculer dans la mobilité. Le téléphone mobile, qui a démontré sa capacité d’hybridation en se dotant d’un écran et d’une caméra, n’a plus grand chose à voir avec un téléphone. Equipé d’un disque dur, il est devenu un terminal mobile qui peut d’ores et déjà recevoir & streamer de la vidéo.

Le meilleur exemple de cette mobilité, en matière de consommation de services audiovisuels, est le lancement prochain, en France, de la télévision mobile personnelle (ci-après TMP), basée sur la technologie DVB-H. Selon Nokia, de nombreux utilisateurs sont prêts à payer pour accéder à de nouveaux contenus : la moitié d’entre eux ayant estimé qu’un forfait d’une dizaine d’euros par mois était une somme “raisonnable” pour bénéficier de la télévision mobile.

La loi du 5 mars 2007 relative à la modernisation de la diffusion audiovisuelle et à la télévision du futur, précitée, a procédé à une adaptation du régime juridique de la télévision numérique de terre pour permettre au CSA de lancer des appels aux candidatures spécifiquement destinés à la diffusion de services de TMP.

La TMP consiste en une offre de services audiovisuels diffusés sur des terminaux mobiles individuels (écrans portatifs, téléphones, agendas électroniques de type PDA, ordinateurs portables, etc.) ou sur des récepteurs de télévision installés dans des véhicules. Il peut s’agir de la retransmission simultanée de chaînes de télévision déjà autorisées pour un mode de diffusion « classique » (terrestre, par câble, satellite ou ADSL), ou encore de la diffusion de nouveaux services conçus spécifiquement pour la consommation nomade.

La TMP permet de capter sur des terminaux (téléphones ou téléviseurs) mobiles des chaînes émises par voie hertzienne, à la différence de la télévision sur les téléphones mobiles, qu’un abonné reçoit via le réseau 3G de son opérateur télécom.

Le schéma ci-dessous22 reproduit la différence technique de diffusion entre la 3G et le DVB-H

Ce nouveau mode de diffusion de la télévision est une véritable opportunité pour les chaînes qui émettent déjà sur les ondes. A en croire tous les acteurs du secteur, la TMP révolutionnera les médias tout comme la téléphonie mobile a bouleversé l’usage du téléphone, même si certains, au premier rang desquels Alain Weill, Président Directeur Général du groupe Next Radio TV, avancent l’idée que la TMP ne sera qu’une évolution de ce qui existe déjà, et notamment de la TNT. Il qualifiait ainsi, lors de la conférence du 28 mai dernier organisée à Dauphine, la TMP de « TNT mobile »…

Selon le CSA, le lancement de la télévision mobile devrait avoir lieu vers la fin de l’année 2008, au plus tard au printemps 2009, pourtant bien des questions – essentielles – subsistent car la technologie est nouvelle et les habitudes qui en découleront tout autant :

- sur quel modèle économique va se baser la TMP : réception gratuite financée par la publicité, redevance mensuelle, abonnement, surtaxe effectuée sur le prix de vente du terminal ?

- quels seront les téléphones portables compatibles avec le DVB-H ?

Les usages mobiles (à ne pas confondre avec des usages nomades rendus possibles par des terminaux DVB-T) sont déjà possibles, parfois depuis plusieurs années, sur certains marchés asiatiques.

Ainsi, la télévision mobile en mode broadcast existe en Corée et au Japon depuis déjà plusieurs années. Ainsi, trois millions de Coréens regardent la télévision nomade 2h00 par jour en moyenne. Au Japon, l'ensemble des opérateurs de téléphonie mobile ont intégré la TV dans leur stratégie et proposent depuis 2004 des téléphones portables équipés de tuners analogiques. La TMP a également été déployée au Etats-Unis. En Italie, le réseau de TV mobile broadcast en DVB-H existe depuis la coupe du monde 2006. Des projets se mettent en place dans la plupart des pays européens.

En France, Le CSA a lancé un appel aux candidatures le 6 novembre 2007. Parmi les 36 dossiers de candidatures reçus, le CSA a sélectionné le 27 mai 2008 les 13 services suivants : BFM TV, Canal+, Direct8, EuropaCorp, Eurosport, i-Télé, M6, NRJ12, NT1, Orange Sport, TF1, Virgin 17 et W9. En outre, la Ministre de la Culture et de la Communication a indiqué vendredi 30 mai 2008 que France 2, France 3 et ARTE disposeront des 3 autres canaux disponibles de TMP, par application du droit d’octroi prioritaire de la ressource radioélectrique.

Concernant la création de contenus, on notera que dans les pays où la TMP a déjà été lancée, la quasi-totalité des contenus diffusés sur des mobiles sont identiques à ceux de la télévision traditionnelle ou en sont une adaptation. La production télévisuelle est relativement coûteuse, mais dès lors que le nombre d’utilisateurs de TV mobile sera suffisamment grand, des fournisseurs de contenus seront certainement amenés à lancer des offres dédiées.

En Italie, le consortium H3G propose déjà une chaîne de sports et une chaîne d’information dont les contenus ont été entièrement produits pour un usage mobile. En Asie, de grandes chaînes de télévision comme CNBC sont en train de proposer des services spécifiques dédiés aux mobiles.

Selon Janine Langlois-Glandier, Présidente du Forum de la Télévision Mobile, qui s’est exprimée lors des 1ères Assises de la Convergence Audiovisuelle, qui se sont tenues le 23 octobre 2007 au Sénat23, explique la consommation hors domicile est importante : 14% dans les transports, 12 % au bureau. Elle se réfère à une compilation des études de consommation réelle dans les pays qui commercialisent la TV mobile, publiée par la London School of Economics. Premier constat : le consommateur veut retrouver ses chaînes favorites et suivre ses programmes en direct ; information, musique, divertissement, téléréalité, comédie, animation, sport… d'où l'intérêt d'avoir des chaînes grand public. La présence de marques fortes apparaît comme un élément indispensable au succès.

Il est essentiel d’avoir un produit adapté au petit écran du portable et à ses contraintes pour que les usages décollent. Ainsi, en Italie, les formats d'émission permettent de revenir plusieurs fois dans la journée pour des périodes très brèves dans des programmes de type Big brother, Loft story… De même, la TMP étant destinée à être consommée à l'extérieur ou dans

23 « Télévision mobile ou fixe, familiale ou personnelle : quelles complémentarités, quelles convergences ? »,

les transports en commun, il est donc impératif de développer des programmes plus courts et mieux adaptés. Une durée que Janine Langlois Glandier situe en dessous de 10 minutes.

La grille des programmes s'en trouve également bousculée, la notion de prime-time évoluant : matin, midi et soir, selon l'étude de la London School. Entre 9h00 et 21h00 tout au long de la journée, selon le panel Mobinautes de Médiamétrie, qui révèle que 80% des utilisateurs de l'Internet mobile se connectent à partir du domicile, 50% dans les transports et plus de 50%

sur le lieu de travail.

La TMP exigera donc plus d'ergonomie mais aussi plus d'interactivité, afin d'impliquer l'utilisateur dans le déroulement des programmes. Pour la présidente du Forum de la Télévision Mobile, il faut « repenser les modes d'utilisation de la télévision. Elle mettra l'accent sur la personnalisation, l'interactivité et le contenu généré par l'utilisateur. »

CHAPITRE SECOND :

LES NOUVEAUX MODELES ECONOMIQUES DE LA TELEVISION

Le PDG de Fox télévision, Roger Ailes, déclarait en 2006 que le modèle économique des réseaux de télévisions classiques est mort et que cette industrie doit se réinventer. C’est évidement plus facile pour un groupe intégré comme News Corporation qui est présent dans la production, la diffusion et l’Internet, que pour une chaîne de télévision seule. Plusieurs questions se posent alors :

- Diversification ou évolution du métier de base ?

Dans cette convergence le problème stratégique de chacun de ces acteurs va être de redéfinir son métier principal sans se diversifier inutilement et sans se laisser marginaliser par les nouveaux entrants.

- Comment gérer la transition ?

On assiste à un déplacement progressif, certes encore modeste aujourd’hui, des budgets publicitaires depuis les médias classiques et notamment les télévisions, vers l’Internet. Le glissement de l’audience est également progressif mais le nombre d’heures dans une journée étant définitivement de 24, plus la consommation de services sur Internet augmente plus, mathématiquement, celle de la télévision traditionnelle diminuera. Et même si on ajoute de la consommation sur mobile on prend ce temps sur autre chose.

- Qui va financer les contenus ?

Le modèle économique est aujourd’hui simple et permet d’amortir la production à travers différentes fenêtres de diffusion. Si tous les contenus sont disponibles en même temps sur tous les supports, ce qui se développe aux Etats-Unis, qui va payer ? C’est en outre bien évidemment sans parler des dégâts considérables faits aux revenus des chaînes qui ne produisent pas directement leurs contenus et qui pourraient se retrouver asséchées en programmes.

Le modèle économique de la production jusqu’à la diffusion est donc sérieusement menacé par les nouveaux entrants de l’Internet qui vont monnayer leur audience qualifiée aux annonceurs.

Le revenu en publicité généré par le site Internet MySpace double tous les 3 ou 4 mois mais il est loin de générer le budget nécessaire à la production d’une série comme Lost. Pour le moment donc, la diffusion broadcast et ses revenus publicitaires finance la production et les recettes faites en VOD et sponsoring sur les sites de catch-up tv génèrent des budgets additionnels. Qu’en sera-t-il si un jour, les annonceurs veulent être présents exclusivement sur le net et ne financent plus la production initiale ?

Le seul élément factuel est que ces acteurs se battent pour le même fromage : les annonceurs d’un côté et les consommateurs de l’autre. La vraie différence se fera sur la pertinence des services offerts à chacune des cibles. Sur ce terrain les nouveaux médias ont l’avantage de l’interaction avec le consommateur. Soit directement dans les services soit avec une facturation comme intermédiaire.

C’est parfaitement visible pour les opérateurs de téléphonie mobile ou les FAI. La connaissance plus fine des consommateurs pourrait pousser les annonceurs dans des stratégies publicitaires plus ciblées et pourquoi pas directement jusqu’à l’intermédiation de l’acte d’achat.

Il y a là un vrai danger pour les médias traditionnels qui ne savent que fournir une audience à leurs annonceurs et n’entretiennent aucun liens directs avec les clients (sauf pour les chaînes payantes).

Il faut que les médias traditionnels deviennent des plates-formes d’intermédiation de contenus et de services et que la chaîne devienne uniquement l’un des supports de diffusion même si, aujourd’hui, elle représente la principale source de revenus et d’audience.

Ces questions sont revenues à l’ordre du jour avec le débat initié par le Président de la République, concernant la future suppression des revenus publicitaires pour les chaînes du service public (Section 1). Les chaînes de télévision, à la recherche de nouveaux modèles économiques, se préoccupent aujourd’hui plus que jamais, de la diversification de leurs modes de diffusion (Section 2).

SECTION 1 : UN MODELE ECONOMIQUE REPOSANT SUR LA

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