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Une spécialisation productive efficace pour exporter

4. Préconisations

4.2. Une spécialisation productive efficace pour exporter

Assurer une forte demande étrangère pour les produits français consti-tue un impératif. Elle nous permet d’équilibre nos comptes extérieurs. Plus profondément, elle est le seul moyen de maintenir ou d’améliorer nos ter-mes de l’échange, d’augmenter ainsi le pouvoir d’achat de nos revenus et finalement de maintenir un niveau d’emploi élevé et de qualité.

Il est important en particulier de développer une spécialisation produc-tive qui nous permette d’obtenir des parts de marché à l’exportation impor-tantes dans les pays exportateurs de pétrole.

Quelle est la nature de cette spécialisation ? Qu’importent les pays expor-tateurs de pétrole quand le prix du pétrole est élevé ? Qu’exportent les pays de l’OCDE qui ont des parts de marché élevées dans les pays exportateurs de pétrole ?

Nous allons voir que c’est la capacité à exporter des biens d’équipement et du matériel de transport qui distingue les pays qui ont une part de marché importante dans les pays exportateurs de pétrole (États-Unis, Allemagne, Chine et émergents d’Asie) de ceux à part de marché faible ou en recul (France, Espagne, Royaume-Uni). De manière cohérente avec cette obser-vation, c’est l’investissement qui progresse rapidement dans les pays quand le prix du pétrole augmente.

4.2.1. Les importations des pays exportateurs de pétrole quand le prix du pétrole est élevé

Lorsque le prix du pétrole est élevé, les pays exportateurs de pétrole partagent leur revenu entre épargne et importations. Le graphique 23 mon-tre que la propension marginale à importer le revenu des exportations est d’environ 50 %, et donc que la propension marginale à épargner ce revenu est de l’ordre de 50 %.

23. Commerce extérieur, OPEP + Russie

Sources : Datastream et Natixis.

0 300 600 900 1 200 1 500 1 800 2 100 2 400 2 700 3 000 3 300

1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 Exportations

Importations

Balance commerciale

4.2.2. Qui profite de la hausse des importations des pays exportateurs de pétrole quand le prix du pétrole augmente ?

Les graphiques 24a, b et c montrent que les parts de marché dans les pays exportateurs de pétrole les plus élevées sont celles de la Chine et des autres pays émergents d’Asie, des États-Unis, de l’Allemagne et, à un de-gré nettement moindre, de l’Italie et du Japon, mais pas celles du Royaume-Uni, de l’Espagne, de la France ou des PECO. En outre, ces exportations en provenance des États-Unis, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Chine et des autres pays émergents d’Asie ont fortement augmenté depuis 2003. Ces pays ont ainsi su tirer parti des débouchés ouverts par la hausse du prix du pétrole. Les exportations françaises ont continué à augmenter mais n’ont pas connu d’inflexion.

Les tableaux 14 à 17 montrent que ces succès reposent pour l’essentiel sur une spécialisation dans les biens d’équipement et le matériel de trans-port. Quand celle-ci n’est pas très forte, elle a au moins fortement aug-menté dans les années récentes. Les biens d’équipement et le matériel de transport représentaient 22 % des exportations de la Chine en 1998 et déga-geaient alors un excédent commercial de 0,4 % du PIB. Elles représentent 34,7 % de ses exportations en 2006 et dégagent un excédent commercial de 7,5 % du PIB.

14. Structure par produits des exportations en 2008

Source : Chelem.

États-Unis Roy.-Uni Allemagne France Espagne Italie Japon

Agroalimentaire 7,0 5,3 4,5 11,1 14,3 6,2 0,5 Biens intermédiaires 6,3 2,7 2,0 2,8 4,1 1,5 1,3 Énergie 6,0 13,5 2,6 5,2 1,6 4,7 2,3 Biens de consommation 38,2 42,8 43,7 42,7 45,9 50,3 32,5 Biens d’équip. et matériel de transport 42,6 35,6 47,2 38,2 34,2 37,3 63,4 Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 En %

15. Déficit extérieur en 2008

États-Unis Roy.-Uni Allemagne France Espagne Italie Japon

Agroalimentaire 0,1 – 1,1 – 0,1 0,5 – 0,1 – 0,3 – 1,0 Biens intermédiaires 0,3 – 0,3 – 0,4 – 0,1 – 0,5 – 0,8 – 0,8 Énergie – 2,7 – 0,7 – 3,3 – 2,9 – 3,5 – 2,3 – 4,7 Biens de consommation – 1,8 – 1,9 2,9 – 0,8 – 1,0 0,4 0,7 Biens d’équip. et matériel de transport – 1,1 – 2,1 7,8 – 0,1 – 0,7 2,2 6,3 Total – 5,2 – 6,1 6,8 – 3,3 – 8,2 – 0,7 0,5 En % du PIB Source : Chelem.

0 20 40 60 80 100

1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 Allemagne

Royaume-Uni États-Unis

En milliards de dollars par an

0 10 20 30 40 50 60 70

1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 France

Espagne Italie

En milliards de dollars par an 24. Exportations vers OPEP et Russie

a. États-Unis, Royaume-Uni et Allemagne

b. France, Italie et Espagne

Chine Pays émergents

d’Asie PECO Agroalimentaire – 0,58 – 0,31 – 0,55 Biens intermédiaires 1,45 1,86 – 1,70 Biens de consommation 6,71 2,99 – 2,92 Biens d’équipement 7,01 3,61 – 3,91 Autres – 1,86 – 11,41 9,04 Total 12,73 – 3,26 – 0,04

Chine Autres pays

émergents d’Asie PECO Agroalimentaire 2,48 4,96 6,83 Biens intermédiaires 17,59 25,66 14,23 Biens de consommation 24,99 14,09 10,59 Biens d’équipement 33,59 27,93 11,38 Autres 21,36 27,36 56,97

Total 100,0 100,0 100,0

0 50 100 150 200

1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 Ensemble des émergents d'Asie

hors Chine

Japon Chine

PECO En milliards de dollars par an

Sources : Datastream, Census Bureau, ONS, Statistiches Bundesamt, Services des Douanes, FMI et Natixis.

c. Japon, Chine, émergents d’Asie et PECO

En %

En % du PIB Source : Chelem.

Source : Chelem.

17. Déficit extérieur en 2008

16. Structure par produits des exportations en 2008

Structure des importations

par produits Balance commerciale par produits (en % du PIB) Agroalimentaire 11,13 – 1,15

Biens intermédiaires 18,17 – 2,55 Biens de consommation 19,12 – 3,41 Biens d’équipement 25,36 – 4,66

Autres 26,22 29,67

Total 100,00 17,90

À l’opposé, le Royaume-Uni, l’Espagne, les PECO ont des déficits ex-térieurs croissants pour tous les secteurs et en particulier pour les biens d’équipement et le matériel de transport. La France est dans la même situa-tion, ce secteur étant celui (à part l’énergie) dont les comptes extérieurs se sont le plus détériorés, passant d’un excédent de 1,4 % en 1998 à un déficit de 0,1 % en 2008.

Le tableau 18 rappelle que les dépenses de R&D des États-Unis et de l’Allemagne sont supérieures à celles du Royaume-Uni, de la France ou de l’Espagne et que celles des émergents d’Asie sont supérieures à celles des PECO.

18. Dépenses de R&D en 2008

Note : (*) 2006.

Source : OCDE, Principaux indicateurs de la science et de la technologie, 2009.

19. Les importations de l’OPEP et de la Russie en 2008

Source : Chelem.

4.2.3. Qu’importent les pays exportateurs de pétrole ?

Le tableau 19 fournit un second type d’information sur la spécialisation productive souhaitable. Les pays exportateurs de pétrole importent surtout des biens d’équipement et des biens de consommation, et ont un déficit extérieur particulièrement élevé pour les biens d’équipement.

En % du PIB

Le graphique 25 montre d’ailleurs que c’est surtout l’investissement qui progresse, au détriment de la consommation, quand les prix du pétrole sont élevés. On sait aussi que ces pays auront des besoins massifs d’investis-sement en équipements pétroliers, voire également dans le nucléaire pour certains d’entre eux.

Dépenses de R&D

États-Unis 2,77 Royaume-Uni 1,884 Allemagne 2,6 France 2,1 Italie 1,16 Espagne 1,21 Japon 3,5

Chine(*) 1,56

Autres pays émergents d’Asie(*) 3,14

PECO 0,84

25. Consommation et investissement en Russie et OPEP

Sources : Datastream et Natixis.

52 55 58 61 64 67 70

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 18 19 20 21 22 23 24 Consommation

(échelle de gauche) Investissement

(échelle de droite)

Volume, en % du PIB

Tout ceci confirme l’idée selon laquelle c’est bien le marché des biens d’équipement et du matériel de transport (de l’investissement) qui est cen-tral à obtenir dans ces pays.

Une réponse efficace à un prix du pétrole élevé va donc au-delà d’une politique énergétique. Elle consiste aussi à être capable d’exporter les pro-duits que souhaitent acheter nos partenaires et les pays producteurs de pé-trole, c’est-à-dire à adopter une spécialisation productive adaptée à une situation durable de cherté du pétrole.

Préconisations (II)

1. Inciter à une spécialisation productive efficace en fonction des besoins des pays exportateurs d’hydrocarbures : biens d’équipement, matériels de transport et aussi biens de consommation de luxe.

2. Inciter à une même spécialisation pour les services à haute va-leur ajoutée : services pétroliers, électriques, nucléaires, traitement des déchets, efficacité énergétique.

3. Développer la présence française sur des projets plurinationaux qui ont trait à l’énergie (capture et séquestration du carbone, nucléaire, efficacité énergétique, énergies renouvelables, désalinisation, traitement des déchets, smart grids).

4.3. La croissance verte