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Une relation toujours indirecte : rendre visible l’invisible

3. ANALYSE DE DONNÉES

3.2. L A RELATION DES SCIENTIFIQUES À LA NATURE : PRATIQUES , TRANSMISSION ET AFFECTS

3.2.3. Une relation toujours indirecte : rendre visible l’invisible

3.2.3.1 La baleine, première répondante des relations science-nature dans le PMSSL

Nous avons vu au point 3.1.2 que le parc marin était, pour sa partie marine, un monde invisible aux yeux de l’homme. Une partie de ce monde invisible, qu’il soit animal, végétal ou même minéral est par définition à la fois trop petit pour être vu à l’œil nu, mais d’une telle densité qu’il va le plus souvent masquer les plus grosses espèces animales présentes dans l’eau. En résumé : on ne voit pas au-delà de la surface. Toutefois, les mammifères marins qui vivent dans le parc constituent un cas à part. Comme ils ne peuvent pas respirer sous l’eau, ils doivent revenir à la surface pour respirer, et certains, comme les phoques, vont s’échouer sur des roches.

Les baleines, avec leur taille impressionnante et leur nombre assez remarquable en été dans cette partie de l’estuaire maritime, profitent de l’abondance de nourriture et sont donc plus facilement observables en surface, bien qu’elles disparaissent sous l’eau parfois pendant de longues périodes pour se nourrir. Puisqu’elles naviguent entre surface et profondeurs, leur observation est plus facile que pour les autres animaux marins.

De manière générale, l’animal a tendance à être valorisé dans les relations avec la nature, plus que le végétal, parce que les humains s’identifient plus aux animaux. Puisque l’essentiel du tourisme au parc marin est généré par la présence des baleines, mais que le parc marin a été créé entre autres suite à l’observation du déclin de la population de bélugas, les baleines sont au premier plan des relations avec la nature dans l’aire marine du PMSSL,

Le milieu marin est un milieu plus difficile à appréhender pour l’humain, la baleine devient un point de repère auquel les humains peuvent s’identifier et à partir duquel ils peuvent établir une relation avec le milieu : « Je pense que le milieu terrestre a toujours été comme plus évident pour l'humain qui est un animal terrestre » (extrait d’entrevue 22). Ce manque d’évidence du milieu marin est un défi pour les scientifiques de Parcs Canada qui doivent trouver des solutions pour comprendre ce qui s’y passe.

3.2.3.2 La pratique scientifique nécessite de rendre « visible » une partie de ce monde invisible qu’est leur objet d’étude

« On ne voit pas dans l'eau, on ne voit pas ce qu'il y a sous l'eau, et ça fait pas très longtemps les gens jetaient encore leurs laveuses sécheuses qui marchaient plus, t'sais comme dans le fjord du Saguenay, genre parce qu'on ne voit pas ce qu'il y a en dessous et on sait pas c'est quoi la richesse. » (extrait d’entrevue 24)

La recherche scientifique en milieu marin nécessite des moyens pour rendre visible l’invisible. Les activités de recherche et d’éducation conjuguent les liens entre le monde du

visible, c’est-à-dire la surface que l’on peut voir, et celui de l’invisible, c’est-à-dire tout ce qui est en dessous.

Dans son article (Ménard 2009), Nadia Ménard rend compte de cette difficulté de se représenter le parc marin et de l’importance de la science pour révéler des réalités qui ne sont pas observables à la surface de l’eau :

« Dans une région aux paysages naturels remarquables, où l’on peut observer une grande abondance d’espèces sauvages à la surface de l’eau, il peut s’avérer très difficile de saisir l’impact environnemental des activités humaines qui ont lieu sur le territoire. Il est encore plus difficile de percevoir les conséquences des activités qui s’effectuent à des centaines de kilomètres du parc marin. Conséquemment, l’observation et l’analyse scientifique sont parfois le seul moyen de prendre la mesure de l’état réel du milieu marin et des processus environnementaux complexes qui s’opèrent dans le système. » (Ménard 2009 : 120)

Dans d’autres mots, Nadia Ménard confirme dans cet extrait que la pratique scientifique de l’observation à l’analyse scientifique permet de rendre une vision plus juste du milieu marin et de sa complexité pour ceux qui ne voient que les espèces visibles à la surface.

La seule activité qui vient expressément et visuellement explorer le fond marin est celle de la plongée. Or, si elle est utilisée dans un cadre de loisir et d’exploration éducationnelle en vidéo en direct pour les touristes, elle est, et cela pourrait paraître étrange au premier abord, absente des recherches scientifiques dans le parc. Une des raisons principales tient de l’aspect opaque de l’eau du parc marin. Cette opacité s’illustre très bien avec cette expérience de terrain : lors d’une observation tout à fait exceptionnelle de bélugas proche de la rive au Cap-de-bon-Désir, les plongeurs d’Explos nature qui étaient dans l’eau n’ont absolument pas remarqué la présence de ces mêmes bélugas qui étaient pourtant parfois à moins de cinq mètres d’eux.

Alors, comment les scientifiques observent-ils des organismes vivants qui sont pour la plupart du temps dans l’eau ? Echosondes, sondes, calculs à partir des observations à la surface et utilisations de filets, drones aériens, enregistreur audio et sondes sont autant de solutions possibles et d’outils utilisés.

Bien que les scientifiques du parc soient ceux qui nous intéressent en priorité, les guides naturalistes d'Explos nature qui travaillent sur les sites terrestres font un travail avec les

touristes sur les sites de Parcs Canada, mais en concertation et collaboration avec les scientifiques. Ils sont très fiers d'offrir une activité exceptionnelle et très rare, soit la diffusion audio et vidéo en direct d'une plongée dans le fleuve Saint-Laurent pour les touristes. La plongée n'est pas un outil scientifique pour les chercheurs du parc, mais c'est un outil de vulgarisation scientifique qui vient directement toucher à la révélation de l'invisible sous- marin. Ce support visuel n'est pourtant pas utilisé dans la recherche. Les supports visuels utilisés restent très souvent ceux visant la surface de l'eau comme la photo-identification réalisée par le GREMM. Les drones sont utilisés quelquefois, ils permettent de voir certains bélugas quand ils sont proches de la surface, afin de mieux les compter, mais le dénombrement se fait principalement à l'aide d'un coefficient qui présuppose que pour x bélugas vus hors de l'eau, x sont sous l'eau au même moment.

Il semblerait que les chercheurs de Parcs Canada aient en quelque sorte abandonné l'idée de "voir" comme méthode efficace et préfèrent se fier à d'autres méthodes. Lors des entrevues formelles et informelles, il ressort une certaine forme d'acceptation de cette incapacité et difficulté à voir sous l'eau, prise à la fois comme un défi, un obstacle à contourner, mais aussi un mystère à préserver, fascinant.

Les différentes techniques employées par les scientifiques sont (en complément, voir Annexe 2) :

L’échosondeur

Les scientifiques de Parcs Canada utilisent des « échosondeurs à hautes fréquences pour détecter les petits organismes dans la colonne d’eau, comme le macrozooplancton et le micronecton de quelque 1 cm à plus de 20 cm » (Simard 2009 : 85)

Pour détecter la présence de proies, les chercheurs utilisent un échosondeur. L’échogramme obtenu permet de visualiser les structures présentes dans la colonne d’eau, comme la biomasse. Les échosondeurs scientifiques permettent de mesurer l’abondance, la densité et la taille des organismes sous l’eau. Par ailleurs, l’utilisation de trois fréquences différentes permet de distinguer le zooplancton du poisson. En fait, grâce à des méthodes développées à Pêches et Océans Canada, la précision de la méthode permet même de distinguer

Thysanoessa raschii de Meganyctiphanes norvegica, deux espèces de krill.

caractériser le type et la quantité de biomasse disponible aux grands rorquals et aux autres prédateurs recensés lors des travaux en mer. (Bergeron et Menard 2013)20

La présence des petits poissons s’observe sur un graphique en couleur sur un écran d’ordinateur, tel que présenté ci-dessous (Figure 17 et 18) :

Figure 17 Affichage sur l’ordinateur de l’échogramme en direct lors de l’utilisation de l’échosondeur (avec légende explicative). Source : Parcs Canada

Figure 18 Echogramme à 200kHz de bancs de poissons le 31 juillet 2018 avec légende explicative de la densité des proies. Source : Parc Marin Saguenay Saint Laurent, Parcs Canada.

Ainsi, l’échosondeur permet aux scientifiques d’obtenir des données sur des proies inaccessibles autrement invisibles. Le schéma ci-dessus montre comment l’échosondeur donne une image de ce qui se passe sur l’eau. Quand on est sur le bateau, avec l’échosondeur en fonction, on peut voir la densité des proies évoluer en direct, et donc par exemple savoir si on passe en dessous d’un banc de poissons. L’échosondeur traduit en image sur l’ordinateur

ce qui est autrement invisible pour les humains lors des sorties sur l’eau. C’est donc bien un outil pour rendre visible l’invisible.

Le filet

Les chercheurs utilisent un grand filet (figure 19) pour échantillonner les fonds marins. Grâce à celui-ci, ils peuvent avoir une idée de ce qui compose les fonds marins à certains endroits en utilisant une méthode d’échantillonnage. Les espèces ramassées recensées et identifiées donnent une idée de la composition globale des fonds marins à une certaine date dans le transect de l’échantillonnage. Ici, pour rendre visible l’invisible le scientifique sort les espèces de leur milieu opaque.

Les jumelles

Pendant que les chercheurs utilisent l’échosondeur ou encore le filet, des observations complémentaires se font à l’aide de jumelles. Les chercheurs observent dans un périmètre déterminé par le protocole scientifique la présence de prédateurs et de nuisances (bateaux) dont ils font la recension dans un tableau. Les jumelles permettent d’observer et de compter les oiseaux et les baleines à la surface. Les chercheurs notent aussi l’heure d’observation pour pouvoir croiser leurs informations aux échogrammes. Ils peuvent ainsi constater s’il y a concordance entre la présence de certaines proies et de certains prédateurs et aussi si la présence de bateaux nuit ou non à la présence de proies et/ou de prédateurs. Les jumelles comblent un besoin différent de rendre visible l’invisible : elles permettent de voir plus loin, plus précis.

Figure 19 Utilisation du filet d'échantillonage sur le bateau de l'Alliance. Source : Parcs Canada S.Duquette

La sonde

La sonde de type CTD (conductivity, temperature, and depth) est un élément essentiel de la plupart des projets de recherches. Elle mesure les conditions sous l’eau au moment de la prise d’échantillon. Elle permet de détecter l’évolution de la conductivité et de la température de la colonne d’eau par rapport à la profondeur.

Cela permettra au chercheur de connaître des paramètres tels que la température, la salinité et la concentration en oxygène dissous tout le long de la colonne d’eau où l’échantillon a été pris. En pratique, la sonde est attachée par un fil et installée sur une poulie (Figure 20) puis descendue au fond de l’eau puis remonte doucement.

Figure 20 Utilisation de la sonde de type CTD à bord de l'Alliance Source : Parcs Canada /S. Duquette

La sonde est donc un moyen pour les scientifiques de mesurer des données sous l’eau qui ne sont pas accessibles à l’œil nu ou encore au toucher. Si l’on s’intéresse à la définition de la colonne d’eau, on apprend qu’il s’agit

D’« une colonne conceptuelle de profondeur de l'eau, partant de la surface d'une mer, océan, rivière ou lac, jusqu'aux sédiments de fond (…) La colonne d'eau, sur toute sa hauteur (profondeur), est coupée en plusieurs couches selon la profondeur de la surface vers le fond (…). Le concept de la colonne d'eau est très important, car de nombreux phénomènes aquatiques sont expliqués par le mélange vertical incomplet des paramètres physico-chimiques ou biologiques. » (Aquaportail 2019)

L’utilisation de tels concepts confirme la nécessité d’utiliser des représentations pour donner un sens au milieu marin et l’analyser scientifiquement. Il n’est pas possible de « voir » une colonne d’eau pourtant le scientifique, sur son terrain, y mesure des données à l’aide d’un instrument, la sonde CTD. Cet intermédiaire permet de se faire une idée de l’état de la colonne d’eau.

3.2.3.3 Les scientifiques en position liminale sur leur terrain de recherche

La question de liminalité en anthropologie de l’environnement concerne et est employée surtout pour parler des côtes, des plages comme des milieux de transition puisque l’eau y rencontre la terre, et donc le monde des humains y rencontre un monde qui ne lui appartient pas. J’étayerai ici la proposition de considérer la position des chercheurs SUR l’eau comme liminale, à la rencontre de l’eau et de l’air. Le concept de liminalité permet de penser les entre-deux, et les espaces de transitions, autant entre le milieu marin et le milieu terrestre qu’entre le milieu naturel du PMSSL et le milieu humain. La co-construction des conceptions de la nature dans le PMSSL passe par la position liminale des chercheurs sur leur terrain de recherche.

Le parc marin Saguenay Saint-Laurent est particulier puisqu’il s’agit de l’embouchure d’un fleuve : on y retrouve à la fois un milieu marin, venant de l’océan, mais aussi l’eau du fleuve et une dimension particulière avec des côtes souvent très proches. Les chercheurs ne sont jamais très loin de la terre ferme. De plus, le bateau est un microcosme humain, une petite représentation sur l’eau de la vie sur terre. On peut y marcher, s’asseoir, même y faire du café ! C’est donc un milieu humain mobile dans l’eau du PMSSL, avec des références à celui- ci. En se référant aux schémas en annexe 2, on peut constater que l’espace qui touche le bateau est liminal : comme on ne voit pas sous l’eau dans le Saint Laurent, l’espace liminal est à la surface de l’eau : les baleines vivent la plupart du temps en profondeur, mais doivent toujours revenir à la surface respirer. On voit rarement le corps entier des baleines : uniquement lors des sauts de celles-ci, qui sont d’ailleurs très recherchés et appréciés. Alors que les chercheurs se positionnent souvent comme faisant partie intégrante de la nature, ils considèrent le bateau comme une nuisance anthropique dans le milieu marin. Ils sont sur le bateau dans le cadre de recherches pour améliorer la situation, conscients d’être, selon eux,

de « trop » dans ce milieu marin, mais cherchant à l’atteindre de plusieurs manières différentes (Annexe 2). Ils sont toujours à cheval entre les deux milieux, un entre-deux qui leur permet d’agir sur le milieu de la manière qui leur semble la plus positive, mais sans trop s’y introduire. Les zones de protection totale où le trafic maritime est interdit, où finalement l’humain est interdit leur sont, à eux, autorisées grâce à une position particulière qui leur confère une expertise et donc une autorité et une autorisation spéciale. Leur statut officiel de chercheur de Parcs Canada les rend donc physiquement plus « proches » du milieu marin, qu’ils cherchent à protéger, qu’un simple visiteur. La recherche scientifique nécessite au PMSSL de brouiller la frontière, d’accéder à l’invisible pour mieux le connaître, et donc mieux le protéger.

Boundaries are being redrawn all the time, as we continue to extend the imperative of control into marine realms. Conservationists add new ways of thinking about space and the sea, especially marine protected areas and networks of marine protected areas (Mccay 2008 : 11).

Cette position de liminalité, et son emploi, aide à comprendre comment les chercheurs peuvent déclarer faire partie de la nature tout en s’en excluant de temps à autre, ou en s’en détachant. Elle s’élargit de manière plus générale à la conception de la nature des chercheurs et la place des humains dans celle-ci. La dichotomie nature-culture occidentale est parfois brouillée par la position d’entre-deux (ni culture ni nature, ni marin, ni terrestre), du lien itératif des chercheurs entre le milieu marin et leur milieu terrestre, entre leur milieu de travail sur le terrain qu’ils considèrent naturel et le travail qu’ils font ensuite à leur bureau, milieu culturel.

Les mammifères marins, notamment les baleines, sont en fin de compte la représentation de ce lien entre nature et culture, entre le milieu marin naturel et le milieu humain, et sont donc d’une importance cruciale dans le maintien d’un certain « équilibre entre nature et culture » dans le parc marin. L’importance de la conservation de ces espèces dans le parc marin revêt alors, sous cette lumière, une nouvelle dimension. Pour « mieux » faire partie de la nature, et selon la conception occidentale de celle-ci, la position liminale des chercheurs sur le terrain de recherche est, selon les scientifiques, nécessaire. Cette position liminale des chercheurs et par extension des humains dans les parcs marins, est moins fragile grâce à la présence physique des baleines qui donnent à voir et à penser un lien entre l’eau et l’air, entre l’humain

et le parc marin, qui est autrement invisible. Bien que considérée comme étant un animal, faisant partie intégrante de la nature, la baleine est d’une importance culturelle telle dans le parc marin qu’elle est, selon moi, un animal culturel autant qu’un animal naturel.

CONCLUSION

Dans la cadre de ma recherche, j’ai pu étudier et constater une certaine co- construction dialectique entre la vision de la nature des chercheurs et le lieu du PMSSL. La création du parc marin étant relativement récente, les chercheurs de Parcs Canada ont pratiquement tous connu le lieu, avant de connaître le parc. Les souvenirs rattachés au lieu sont donc pour certains dissociés de l’idée du parc. Les chercheurs évoquent le parc dans des termes qui sont liés à leur travail sur le terrain, à leurs recherches et à leurs objectifs de recherche. Ils ont tendance à aborder le parc et son importance au travers de l’existence des espèces marines qui y habitent, notamment les mammifères marins, et les baleines en particulier. Leurs recherches et la manière dont elles sont orientées, c’est-à-dire qu’elles visent souvent la protection des espèces et donc l’implantation de règlements, influencent une certaine vision de la nature où l’humain est avant tout présenté comme une nuisance. Il semblerait que, plus que la présence humaine, c’est sa manière d’être dans son rapport à la nature qui est remise en cause. Dans un parc avec énormément de passages de transports maritimes et de bateaux de plaisance, l’humain et le tourisme sont dangereux pour la survie des espèces mammifères menacées. Ils sont pourtant, et les chercheurs en ont bien conscience, une des sources de financement du parc. Les touristes sont aussi des personnes qu’ils peuvent toucher, éduquer grâce à leur visite dans le parc marin afin de changer les mentalités et de mieux protéger les mammifères marins. Le lieu de parc naturel, tel qu’il est conceptualisé par Parcs Canada, offre une place à l’éducation scientifique et des lieux de rencontres avec le public et les touristes, qui sont des lieux de rencontre terrestres. Le suivi scientifique permet aussi la constatation plus précise et directe de la mortalité des baleines, de la population, du taux de natalité, etc., et ses causes anthropiques. Ces chiffres mettent en lumière une situation de déclin qui inquiète, et une vision de la nature où l’Anthropocène se confirme au niveau local. Dans un parc naturel marin, la présence de l’homme est plus

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