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Une inégalité persistante entre les sexes

Dans le document Les enfants dans un monde numérique (Page 56-63)

UNICEF – LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2017 48

socio-économique disposaient d’un accès à Internet à domicile alors que dans 15 pays, cela n’était le cas que d’un élève sur deux du dernier quartile18.

Ces inégalités d’accès au sein même des pays peuvent renforcer les disparités existantes pour les enfants qui ne sont pas en mesure de satisfaire les exigences de l’ère numérique.

Le cas du fossé des devoirs aux États-Unis, où l’absence d’accès au haut débit à domicile défavorise les élèves des familles à faible revenu en est un exemple criant (voir l’encadré : Poussés dans le fossé des devoirs).

Une inégalité persistante

02 LES FRACTURES NUMÉRIQUES : DES OCCASIONS MANQUÉES 49

Que cache cette disparité ? D’après une étude de la GSM Association (GSMA) dans 22 pays à revenu faible et intermédiaire en 2015, plusieurs obstacles socioéconomiques et culturels, dont les normes sociales, les niveaux d’éducation et le manque de compétences techniques et de confiance, freinent l’utilisation des téléphones mobiles par les filles et les femmes28. Les femmes utilisaient un téléphone moins fréquemment et moins intensément que les hommes, en particulier pour les fonctions les plus avancées comme l’accès à Internet29. Les exemples pris à l’échelle des pays donnent un aperçu du type d’obstacles que les filles et les femmes doivent affronter.

En Inde, où seulement 29 % de tous les utilisateurs d’Internet sont des utilisatrices,

les filles des régions rurales voient souvent leur utilisation des TIC restreinte au seul motif de leur sexe. L’instance dirigeante d’un village rural du Rajasthan a ainsi décrété que les filles ne devaient pas utiliser de téléphone mobile ni les médias sociaux. Un autre village de l’Uttar Pradesh a interdit aux filles non mariées d’utiliser un téléphone mobile (et de porter des jeans et des tee-shirts)30. Son conseil estimait que les téléphones mobiles pouvaient entraîner une hausse de la criminalité à l’égard des filles et des femmes. Au Sri Lanka, une étude nationale menée en 201531 sur les jeunes de 11 à 18 ans a découvert que les filles constituaient seulement un tiers des adolescents qui utilisaient un ordinateur et un téléphone mobile pour se connecter. Lors des discussions de groupes

En Inde, seulement 29 % de tous les utilisateurs d’Internet sont des utilisatrices.

FIGURE 2.5 – LES FILLES SONT LES MOINS SUSCEPTIBLES DE SE CONNECTER DANS LES PAYS À FAIBLE CONNECTIVITÉ POURCENTAGE DES 15-19 ANS AYANT UTILISÉ INTERNET AU COURS DE L'ANNÉE ÉCOULÉE, PAYS SÉLECTIONNÉS, 2012–2016

0 50

Garçons

Source : Analyse de l'UNICEF fondée sur des enquêtes démographiques et de santé et des enquêtes par grappes à indicateurs multiples conduites entre 2012 et 2016.

*Toute référence au Kosovo se comprend au sens de la Résolution 1244 du Conseil de Sécurité de l'ONU (1999) Filles

Bélarus Kosovo*

Bosnie-Herzégovine

République de Moldova Ukraine

Mongolie Guyana

Sao Tomé-et-Principe Swaziland

Cameroun Zimbabwe

Guinée-Bissau République-Unie de Tanzanie

République démocratique populaire lao Malawi

100 150 200

UNICEF – LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2017

PERSPECTIVE

Le numérique pour un

avenir

d’opportunités

Karim Sy et Laura Maclet

Il n’est plus à démontrer que la transition numérique est un défi mondial que nous avons à relever dans tous les secteurs de l’activité humaine afin d’imaginer une société de l’information ouverte et offrant des opportunités à tous. Les nouvelles technologies permettent d’appréhender le monde différemment, de voir et résoudre les problèmes sous un angle nouveau, c’est pourquoi elles sont importantes.

L’Afrique l’a bien compris. Sur ce continent qui affichait une progression exponentielle des personnes ayant souscrit une offre de téléphonie mobile (+ 70 %) entre 2010 et 2015 et où près d’un Africain sur deux est désormais abonné, les avancées technologiques sont plus rapides qu’ailleurs. Le paysage numérique et technologique africain présente encore de forts contrastes, mais s’insère progressivement dans tous les aspects de la vie quotidienne, y compris en zone rurale où le monde paysan a démontré sa capacité à s’approprier les technologies mobiles. On voit de plus en plus d’applications émerger pour l’agriculture, la santé, l’éducation, etc. L’initiative Farmdrive, qui utilise la téléphonie mobile pour relier les petits exploitants agricoles à des institutions de prêt dans les régions rurales du Kenya, en est un bon exemple.

L’internet mobile ouvre le champ des possibles dans de nombreux domaines. L’exemple de la formidable révolution du secteur bancaire grâce à la banque mobile prouve qu’il faut s’autoriser à faire preuve de créativité pour inventer une nouvelle manière de faire l’éducation. D’ici à 2050, plus de la moitié de la croissance de la population mondiale devrait se produire en Afrique, alors même que 65 % des enfants qui entrent à l’école primaire aujourd’hui dans le monde exerceront des professions qui n’existent pas encore. Ces emplois seront liés à l’intelligence artificielle, au « machine learning », à la robotique, à l’impression 3D ou encore aux nanotechnologies.

L’apparition de nouveaux métiers implique que l’apprentissage se poursuive tout au long de la vie pour acquérir de nouvelles compétences.

Elle requiert également de grandes capacités d’adaptation. De plus, internet ouvre la

perspective de génération de revenus, à travers des activités simples, réalisables dans des zones reculées. Le projet Samasource, qui vise à réduire la pauvreté en proposant des emplois liés au numérique, illustre par exemple l’accès à la création de valeur par l’empowerment et l’apprentissage des bases du numérique.

Alors comment permettre aux enfants africains d’acquérir des compétences utiles aux enjeux de l’avenir ? En ce changement d’ère technologique et sociétale, quels apprentissages sont adaptés ?

L’outil technique n’a de valeur que s’il est complété par une dimension humaine.

La démocratisation de l’accès aux appareils numériques entraîne, d’une part, une diffusion massive des savoirs et, d’autre part, interroge les rôles : celui de l’outil, mais également celui de l’éducateur. Avec l’internet, les barrières à l’accès à la connaissance se lèvent progressivement car le savoir ne se diffuse plus uniquement dans une classe. Les possibilités offertes par les technologies et le multimédia permettent de repenser l’acquisition des savoirs et de personnaliser des parcours d’apprentissage. Ainsi désanctuarisé, le savoir risque toutefois d’être à nouveau crypté pour celui ou celle qui ne sait pas utiliser ces nouveaux outils. Afin de contourner cet écueil, il s’agit de veiller à l’implication de tous : professeurs, entrepreneurs, parents, communautés technologiques, associations, politiques publiques. S’ils bénéficient d’une diffusion large des pratiques numériques et d’un accompagnement approprié, les enfants pourront accéder à un éventail nouveau de compétences techniques et relationnelles, et les utiliser. Les éducateurs pourront, par la suite, les intégrer à leur gamme de possibilités et de ressources pédagogiques. Ainsi, on bouscule l’idée d’une école classique aux modes de fonctionnement très centralisés et structurés autour de hiérarchies publiques verticales.

Les enfants manquent à ce jour d’opportunités d’apprentissage sécurisées et sécurisantes pour développer leur plein potentiel. Au-delà de la maîtrise des outils, des techniques et des technologies apparaît la question du changement de paradigme de pensée et d’usages qu’entraîne la révolution numérique.

Soutenu par la Fondation OSIWA, le projet Jokkokids – qui organise des ateliers

périscolaires pour relier le numérique à d’autres champs disciplinaires comme la fabrication (bricolage, recyclage, etc.), l’expression de soi ou les arts – part du principe que l’innovation dans l’éducation vient d’abord de la qualité de l’animation, des contenus pluridisciplinaires conçus et de la posture de l’animateur avant l’outil numérique lui-même. Pour que les enfants développent progressivement

02 PERSPECTIVE 51

Les taux de connectivité sont faibles dans certains pays.

Moins de 5 % des enfants de moins de 15 ans utilisent Internet au Zimbabwe.

© UNICEF/UN050415/MUKWAZHI

et en confiance leur potentiel, il faut les accompagner en encourageant l’acquisition de compétences numériques en lien avec les autres savoirs. Cette démarche qualitative à long terme s’appuie sur une logique d’amélioration continue fondée sur les retours d’expériences de la communauté éducative, sans limite géographique et, à terme, dans une approche de bien commun.

À Ziguinchor, la Maison de l’éducation de l’ONG Futur au Présent accueille depuis 2014 des filles âgées de 6 à 10 ans qui se trouvaient auparavant en situation de travail précoce.

Grâce à ce dispositif, en 2016, 60 petites filles ont cessé de travailler et ont pu réintégrer le système scolaire. Après 18 mois, 90 % d’entre elles étaient devenues première de leur classe.

Le projet Jokkokids, intégré à leur dispositif périscolaire au même titre que le projet Ideas Box de l’ONG Bibliothèques Sans Frontières, favorise l’inclusion numérique par des séances pédagogiques transversales alliant numérique, robotique et expression de soi dans un cadre ouvert et bienveillant.

Ainsi, les apprentissages fondamentaux sont liés aux savoir-faire : en revisitant le socle des acquis scolaires sur des temps périscolaires, en assimilant les nouveaux outils et supports et en intégrant les enjeux des contextes

et la dimension psychosociale, les enfants construisent chaque jour un peu plus leur capacité de résilience pour s’adapter à un monde où le changement, la complexité, l’incertitude et l’ambiguïté sont devenus la norme. Il n’a jamais été aussi urgent de se réinventer dans tous les domaines, en priorité dans les approches éducatives et d’apprentissage. Cela ne sera possible qu’avec l’implication de tous les acteurs.

Karim Sy est un « serial entrepreneur » qui s’est révélé après ses études supérieures.

En 2010, il fonde Jokkolabs, un écosystème de l’innovation ouvert autour d’espaces de créativité. Le réseau couvre aujourd’hui la France et huit pays d’Afrique. Membre de l’association Ashoka (2012), il est à l’origine de nombreux projets numériques innovants qui nourrissent l’écosystème entrepreneurial africain et européen. Il a récemment été nommé au Conseil présidentiel pour l’Afrique auprès du président français, Emmanuel Macron.

Laura Maclet coordonne le Cluster Éducation

& Formation de Jokkolabs. Ingénieure pédagogique spécialisée dans la conception, la mise en œuvre et l’essaimage de

programmes éducatifs, elle est titulaire du CAPES et diplômée en politiques linguistiques et sciences de l’information.

Il n’a jamais été aussi urgent de se réinventer dans tous les domaines.

Que pensent

les adolescents …

des obstacles qui les

empêchent de se connecter ?

De nombreux participants aux ateliers portant sur La situation des enfants dans le monde 2017* nous ont confi é faire face à des obstacles pour se connecter.

Une connectivité limitée fi gure en tête de la liste de leurs diffi cultés…

« Je veux effectuer des recherches […] sur Internet, mais la connexion est très mauvaise. » GARÇON, 16 ANS, TIMOR-LESTE

« La connexion est lente – elle se coupe à chaque fois et je perds tous mes onglets. » FILLE, 16 ANS, TUNISIE

tandis que les pannes de courant constituent un problème pour les participants d’un tiers des pays dans lesquels les ateliers ont été organisés.

« Pas d’électricité. » FILLE, 13 ANS, VANUATU

Les problèmes de connectivité sont plus importants dans les zones rurales.

« Lorsque je vais à la campagne et que je ne capte pas, je suis désespérée de ne pas pouvoir communiquer. »

FILLE, 14 ANS, PARAGUAY

Un autre obstacle tient au manque d’appareils au sein du foyer ou à l’école, un nombre considérable de participants ayant rapporté ne pas jouir d’un accès régulier à un ordinateur de bureau, à un ordinateur portable, à une tablette ou à un téléphone portable.

« Nous n’avons pas d’ordinateur à la maison. » FILLE, 15 ANS, BURUNDI

« La technologie n’est pas disponible. » GARÇON, 15 ANS, JORDANIE

Beaucoup ont indiqué devoir partager leur appareil avec d’autres membres de leur famille,

« Je dois partager l’iPad avec toute ma famille alors je ne l’utilise qu’un petit peu. » FILLE, 15 ANS, RÉPUBLIQUE DE MOLDOVA

ou devoir utiliser de vieux appareils, qui manquent de puissance ou n’ont pas suffi samment de batterie, ce qui est source de frustration.

« Je ne peux pas utiliser mon téléphone portable en dehors de chez moi, parce que la batterie ne tient pas assez longtemps. »

GARÇON, 14 ANS, URUGUAY

Les participants avaient des astuces pour contourner ces diffi cultés, comme changer d’appareil afi n de passer le plus de temps possible en ligne.

« Mon ordinateur portable devient lent quand je m’en sers pendant un moment, donc j’utilise mon smartphone pour résoudre le problème. » GARÇON, 17 ANS, BANGLADESH

Le coût constitue un autre obstacle, le problème le plus fréquemment rencontré par les participants étant le fait d’« avoir épuisé leur crédit ».

« J’avais un téléphone, mais je n’avais pas de crédit pour passer des appels. » GARÇON, 14 ANS, RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

« Je veux appeler ma mère pour lui dire que mon petit frère est malade, mais je n’ai plus de crédit.

» FILLE, 10 ANS, RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

« Je n’ai pas d’argent pour recharger mon crédit. » FILLE, 16 ANS, PÉROU

Plusieurs participants pensent que l’État devrait prendre davantage de mesures.

« L’État devrait fournir un accès gratuit à Internet. » FILLE, 10 ANS, RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

« Le gouvernement devrait faire baisser le coût d’Internet. »

GARÇON, 17 ANS, BANGLADESH

D’autres éléments empêchent les enfants de se connecter, dont leurs inquiétudes relatives à une invasion de leur vie privée…

« Parfois, j’ai peur d’entrer sur un site Web à cause de problèmes de sécurité comme le piratage. » GARÇON, 16 ANS, BANGLADESH

« Je m’inquiète pour ma vie privée, donc ça ne me donne pas envie d’aller en ligne. » FILLE, ÂGE INCONNU, THAÏLANDE

et le règlement des établissements scolaires – beaucoup ayant remarqué ne pas être autorisés à apporter des appareils personnels à l’école ou à les utiliser pendant les heures de cours.

« Nous ne sommes pas autorisés à entrer à l’école avec notre propre appareil, sous peine de nous le faire confi squer. Du coup, les élèves doivent attendre le cours d’informatique pour accéder [à la technologie]. »

GARÇON, 16 ANS, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

« Je pense que ce serait bien d’utiliser des appareils numériques à l’école, mais ils ne sont autorisés que pendant les récréations et le déjeuner. »

GARÇON, 15 ANS, RÉPUBLIQUE DE CORÉE

Ces interdictions les poussent parfois à enfreindre le règlement.

« Nous ne sommes pas autorisés à utiliser nos appareils à l’école. [Ma solution, c’est] de l’utiliser en cachette. »

FILLE, 18 ANS, THAÏLANDE

Certains participants ont également

l’impression que les établissements devraient se montrer plus ouverts et prendre davantage en considération les désirs et les besoins des élèves.

« [Nous avons besoin] d’espaces et de moments pour utiliser [nos appareils] à l’école. »

FILLE, 14 ANS, PARAGUAY

« [Les établissements devraient] analyser la raison pour laquelle un élève veut utiliser son téléphone portable ou son ordinateur. »

GARÇON, 17 ANS, PARAGUAY

Les règles à la maison représentent un obstacle supplémentaire, car elles imposent des limites sur les moments pendant lesquels les participants peuvent utiliser leur appareil…

« Nos parents éteignent le Wi-Fi la nuit à cause des ondes nocives. »

FILLE, 16 ANS, TUNISIE

« Je ne suis pas content, parce que mon père se met en colère si je passe beaucoup de temps à jouer sur mon téléphone. »

GARÇON, 19 ANS, TIMOR-LESTE

et sur l’âge.

« Je n’ai pas de smartphone parce que ma famille trouve que je suis encore trop jeune. » FILLE, 17 ANS, BANGLADESH

De nombreux participants pensent que les parents devaient veiller à ce que leurs enfants utilisent correctement la technologie, même si les règles sont parfois agaçantes ou source de confl it.

« [Je peux] comprendre pourquoi c’est interdit et y réfl échir. »

GARÇON, 15 ANS, PARAGUAY

« J’attendrai d’être au lycée [pour avoir un smartphone]. »

GARÇON, 15 ANS, THAÏLANDE

Certains participants ont indiqué être freinés par leur manque d’habileté numérique…

« Parfois j’ai envie de me connecter, mais personne n’est là pour m’aider ni me montrer comment faire. »

FILLE, 12 ANS, RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

« Le fait de ne pas savoir comment utiliser les médias sociaux [m’empêche d’aller en ligne]. » FILLE, 15 ANS, BURUNDI

ainsi que par un manque de temps.

« Il y a l’école et quand on rentre à la maison, on doit d’abord faire d’autres choses, comme nos devoirs, la vaisselle, etc. »

FILLE, 14 ANS, URUGUAY

« [J’ai] beaucoup de devoirs [ou je dois]

m’occuper des tâches ménagères. » FILLE, 15 ANS, KIRIBATI

« Je passe la plupart de mon temps à étudier ou à travailler, donc je ne peux utiliser Internet que le soir. »

GARÇON, 17 ANS, GUATEMALA

Enfi n, de nombreux participants ont rapporté rencontrer des obstacles multiples pour utiliser la technologie numérique.

« Je suis confronté à plusieurs obstacles, tout d’abord, je dois trouver quelqu’un qui me prête son téléphone, ensuite, je dois trouver de l’argent pour acheter des unités, enfi n, il n’y a pas d’électricité. »

GARÇON, 17 ANS, BURUNDI

EN BREF :

Les enfants sont confrontés à des obstacles complexes pour tirer le meilleur parti de l’ère numérique. Les efforts déployés pour améliorer l’accès des enfants à Internet doivent impérativement tenir compte de cette complexité.

Cependant, ces efforts peuvent se fonder sur des approches novatrices. Par exemple, ils ne doivent pas nécessairement reproduire le modèle

« un appareil par personne » répandu dans les pays les plus riches. Enfi n, il apparaît que les enfants devraient être associés à l’élaboration des règles régissant l’utilisation de la technologie dans les établissements scolaires et dans d’autres contextes, pour en favoriser le respect.

* Les réponses des participants ont été raccourcies et éditées à des fi ns de clarté, le cas échéant.

UNICEF – LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2017 54

représentatifs, des parents ont reconnu qu’ils empêchaient souvent leurs filles de se connecter à Internet32.

Un examen des éléments de preuve issus des pays à revenu faible et intermédiaire effectué en 2017 a révélé des tendances évidentes montrant d’importantes disparités en fonction du sexe entre les adolescents : lorsque les parents ou les personnes qui ont la charge d’enfants mettent la technologie à disposition, les filles se connectent à un âge plus avancé que les garçons ; l’accès des filles est également plus restreint ou supervisé et l’idée de carrière liée aux TIC est plus volontiers associée aux garçons qu’aux filles33. Les conséquences peuvent être importantes pour les filles qui sont exclues de l’ère

numérique. Elles peuvent ne pas être en mesure d’accéder à des services ou informations en ligne, y compris sur des sujets liés à leur santé et leur sexualité, comme le VIH et la puberté. Elles risquent d’être confrontées à des obstacles freinant la progression de leur éducation ou le développement des compétences nécessaires dans l’économie mondiale du XXIe siècle. Elles peuvent ne pas pouvoir accéder à des informations sociales et politiques qui les concernent et ne pas profiter de l’occasion de faire entendre leur voix.

Poussés dans le fossé des devoirs : la fracture que doivent affronter les enfants de familles à faible revenu aux États-Unis

Les États-Unis constituent un exemple particulièrement frappant du type d’inégalité numérique que les enfants sont susceptibles d’affronter dans les pays où la connectivité est élevée. Alors que la plupart des ménages américains où vivent des enfants en âge d’aller à l’école (de 6 à 17 ans) disposaient d’un accès au haut débit en 2015, ils étaient près de 5 millions à en être privés19. Pour certains, c’était parce qu’ils se trouvaient dans une zone dépourvue de connexion ou ne permettant qu’un débit très faible. Le prix était également un facteur important : les ménages déconnectés affichaient le plus souvent un revenu annuel inférieur à 50 000 dollars des États-Unis. La ligne de faille ne s’arrêtait toutefois pas au revenu : parmi les ménages à faible revenu, l’accès des familles noires et hispaniques au haut débit était en retrait de 10 % par rapport aux familles blanches20.

Quelles sont les implications pour les écoliers ? À travers tout le pays, des élèves de familles sans connexion à haut débit à la maison sont confrontés

à ce que les décideurs politiques nomment le « fossé des devoirs»21. Alors que les programmes intègrent de plus en plus l’enseignement fondé sur Internet et les épreuves en ligne, les élèves aux revenus les plus faibles des zones où l’accès à Internet est limité ou ceux qui ne peuvent pas se permettre de payer le haut débit sont fortement défavorisés. Des lycéens indiquent ne pas être en mesure de terminer des travaux scolaires ou obtenir des notes inférieures en raison de l’absence d’accès au haut débit chez eux22.

La réalité de la fracture a été décrite de façon éloquente par la presse populaire : des bus scolaires dotés d’une connexion Wi-Fi sont stationnés la nuit dans les quartiers moins bien équipés pour permettre aux enfants de faire leurs devoirs23, des enfants vont dans les bibliothèques locales et les enseignes de restauration rapide pour y trouver des points d’accès gratuits24, et d’autres restent sur le trottoir de l’école primaire locale jusque tard dans la soirée avec l’unique téléphone du foyer pour tenter de télécharger un devoir25.

Dans le document Les enfants dans un monde numérique (Page 56-63)