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Se tourner vers l’avenir

Dans le document Les enfants dans un monde numérique (Page 42-47)

Il ne fait aucun doute que les TIC ont déjà grandement élargi les possibilités des enfants en matière de développement, d’apprentissage, de participation et

d’amélioration personnelle et de leur situation.

Comme le montre le chapitre suivant, ces avantages sont toutefois loin d’être équitablement partagés, et les bénéfices et les occasions offerts aux enfants ne sont pas obligatoirement comparables d’une région à une autre. Les différents pays du monde se trouvent à différentes phases de développement technologique et de pénétration d’Internet. Nombreux sont ceux qui, par ailleurs, doivent surpasser des obstacles sociaux, économiques et culturels élevés sur le chemin de la connectivité.

La plupart des recherches sont encore concentrées sur les pays à revenu élevé, mais beaucoup reste à faire dans d’autres régions de la planète. En outre, il est crucial d’écouter ce que les enfants eux-mêmes ont à dire pour répondre aux questions qui portent sur leurs droits67.

Toutefois, il est ardu d’évaluer dans quelle mesure ces possibilités peuvent être généralisées, ainsi que les avantages réels qu’elles apportent aux enfants, et ce, pour plusieurs raisons. L’une des principales est le temps : même s’ils suscitent l’enthousiasme et l’inspiration, beaucoup des exemples mentionnés dans ce rapport et ailleurs sont encore trop récents pour qu’on puisse en évaluer les effets. Dans un domaine où les transformations sont si rapides, la recherche peine à suivre le rythme. De plus, sauf pour l’éducation formelle, les études rigoureuses qui mesurent ou évaluent les bénéfices retirés par les enfants qui profitent de ces possibilités sont rares. Les expériences numériques des enfants défavorisés, notamment dans les pays à revenu faible et intermédiaire sont encore moins documentées et étudiées68.

D’où la nécessité d’effectuer davantage de recherches et d’évaluations afin de mieux comprendre comment les enfants saisissent les possibilités à l’ère du numérique et, notamment, pourquoi certains en profitent plus que d’autres.

Si l’on veut transformer les possibilités en avantages réels pour les enfants à l’ère du numérique, en particulier dans les domaines de l’éducation, la participation et l’inclusion sociale, il est crucial d’appréhender le contexte de leurs expériences numériques et de leur fournir des conseils et un soutien appropriés, surtout s’ils sont migrants, exclus ou handicapés.

La technologie est encore au service des capacités et des contraintes humaines. En ce qui concerne l’éducation, ces dernières sont liées à la motivation des élèves, aux compétences des enseignants et à des méthodes pédagogiques rigoureuses. Les données probantes disponibles suggèrent que la technologie ne présente des avantages que lorsque des structures humaines positives sont déjà en place. Un outil numérique ne peut pas corriger une bureaucratie dysfonctionnelle ni réduire les inégalités éducatives si la société dans son ensemble ne s’attaque pas à ces problèmes.

Si l’on veut sincèrement aider les enfants, en particulier les plus défavorisés, il faut commencer par tenir compte de leurs besoins spécifiques dès l’élaboration des outils

01 LES POSSIBILITÉS DU NUMÉRIQUE : LES PROMESSES DE LA CONNECTIVITÉ 35

numériques – en s’inspirant, par exemple, des principes de la conception universelle.

Les enfants internautes considèrent la connectivité numérique comme un élément extrêmement positif de leur vie69. Leur enthousiasme, leur fascination et leur motivation à cet égard reflètent le pouvoir et le potentiel évidents du numérique – non seulement pour améliorer leur quotidien, mais également pour multiplier leurs chances

d’avoir un avenir meilleur. Il faut appuyer ces deux atouts, notamment en prenant des mesures visant à assurer la connectivité du plus grand nombre possible d’enfants et en leur transmettant les compétences nécessaires pour optimiser les avantages de l’ère

du numérique.

Les technologies numériques peuvent changer la donne pour les enfants vivant dans les pays aux revenus les plus faibles, comme le Bangladesh.

© UNICEF/UNI157753/MAWA

UNICEF – LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2017

PERSPECTIVE

Un potentiel illimité : la technologie au service des handicapés Kartik Sawhney

En 2001, j’ai intégré une école primaire ordinaire en Inde. Ce fut un véritable défi pour moi qui avais toujours été scolarisé dans un établissement spécialisé pour les aveugles. J’étais intimidé. Je n’avais aucune idée de la façon de communiquer avec mes pairs et mes enseignants ou, simplement, de m’adapter à mon nouvel environnement.

Je faisais mes devoirs en braille et ma mère usait de patience tous les jours pour les transcrire pour mes enseignants. Aucun d’eux n’avait de compétences pour faire cours à un élève aveugle, mais leur soutien et leurs encouragements, ainsi que ceux de mes parents, m’ont aidé à me dépasser et à vivre une expérience formidable.

L’année suivante, ma vie a totalement changé.

On m’a présenté un ordinateur, mais pas n’importe lequel : un ordinateur exceptionnel qui me parlait. Je jouais dessus toute la journée, de plus en plus épaté à chaque fois que je découvrais une nouvelle fonction. Cette découverte du Web ainsi que la perspective d’obtenir toutes les informations dont j’avais besoin d’une simple pression sur la touche Entrée furent des expériences incroyables et libératrices.

Plus je m’enthousiasmais au sujet de ce nouvel outil, plus j’avais envie de comprendre en détail les mystères de son fonctionnement.

Comment mon ordinateur en Inde pouvait-il obtenir des informations d’un ordinateur situé au siège de Google aux États-Unis ? Comment pouvais-je regarder des émissions télévisées sur mon ordinateur ? Comment connaissait-il les sites Web qui m’intéressaient sans même que j’en saisisse l’adresse ? Pour trouver des réponses à ces questions, en première année du secondaire, je me suis mis à lire des manuels sur l’informatique et la programmation.

Ces lectures m’ont permis de concevoir une première application qui me ferait gagner en efficacité. Si beaucoup de mes applications visaient simplement à m’aider à appliquer mes connaissances, d’autres sont nées de ma frustration de ne pas pouvoir jouir de la même expérience d’apprentissage que mes pairs.

Dans les cours d’algèbre au lycée, par exemple, je ne comprenais pas les figures et les courbes.

Malgré plusieurs tentatives pour les visualiser à l’aide de descriptions orales, je n’arrivais toujours pas à m’en faire une représentation précise. J’ai failli abandonner, lorsqu’il m’est venu une idée

qui alliait mes passions pour la musique et pour la technologie. C’est ainsi qu’est né Audio Graph Describer, un logiciel qui permet de produire la représentation tonale d’un figure. La possibilité de visualiser un figure grâce à des variations de fréquence m’a non seulement permis de comprendre les figures complexes qui m’avaient tant tourmenté, mais m’a aidé à raviver mon intérêt pour les mathématiques et les sciences.

C’est ça, le pouvoir de la technologie ! Tandis que j’avançais dans ma scolarité, mon intérêt pour la technologie n’a cessé de grandir. J’ai décidé d’étudier l’informatique à l’université afin de développer une technologie qui permettrait à tout le monde de réaliser son plein potentiel. Une fois là-bas, j’ai rencontré des personnes qui partageaient une vision comparable. Aux États-Unis, j’ai eu l’agréable surprise de rencontrer plusieurs développeurs handicapés, peu nombreux en Inde. Étant eux-mêmes confrontés aux défis du quotidien, ils m’ont paru bien placés pour trouver des idées novatrices qui amélioreraient l’accessibilité de la communauté handicapée et pour les conceptualiser et les mettre en œuvre.

J’ai eu la chance d’essayer plusieurs de leurs inventions : j’ai chaussé des lunettes de réalité augmentée qui permettent à leur utilisateur aveugle, grâce à un volontaire connecté, d’obtenir une description en temps réel de ce qu’il a en face de lui, j’ai utilisé une application qui s’appuie sur la vision par ordinateur pour reconnaître des objets et du texte et décrire des situations, je me suis déplacé en fauteuil roulant grâce au mouvement de mes yeux et j’ai découvert des avancées extraordinaires dans le sous-titrage automatique en direct.

Étant moi-même passionné de technologie et engagé pour la cause des handicapés, ces technologies m’enthousiasment au plus haut point et je suis impatient de découvrir, dans un avenir proche, d’autres technologies révolutionnaires qui réduiront le handicap à un simple inconvénient.

Les technologies récentes et à venir vont apporter une aide précieuse, mais certaines questions préoccupantes méritent toujours notre attention. La plupart des handicapés dans le monde consomment cette technologie, mais ne se posent pas en tant qu’innovateurs.

Comme le montrent si bien plusieurs ingénieurs handicapés très talentueux, le handicap

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Les technologies numériques créent des possibilités pour les enfants handicapés, comme pour ce garçon aveugle à Kuala Lumpur, en Malaisie, qui utilise un logiciel de reconnaissance vocale pour suivre des cours. © UNICEF/UNI182589/PIROZZI)

n’est pas un obstacle à l’excellence technique.

Il est donc impératif d’encourager les personnes handicapées et, surtout, de leur fournir le soutien et les ressources nécessaires pour les aider à envisager la technologie comme une voie professionnelle potentielle.

Outre ce point, plusieurs applications et sites Web ne satisfont pas aux normes en matière d’accessibilité, excluant plus d’un milliard d’handicapés dans le monde. Ce problème ne vient pas uniquement d’un manque de formation en matière d’accessibilité, mais d’un manque de sensibilisation au handicap. Il est donc urgent

d’intensifier nos efforts dans ce domaine.

Je suis impatient que chacun d’entre nous, à notre manière, commencions à tirer profit des possibilités illimitées que nous offre la technologie.

Kartik Sawhney prépare un Master en sciences informatiques à l’Université Stanford, où il se spécialise en intelligence artificielle. Il s’intéresse à l’apprentissage automatique, au traitement du langage naturel, à l’accessibilité et aux technologies d’assistance.

Le handicap n’est pas un obstacle à l’excellence technique.

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Il est de plus en plus évident que les enfants doivent être mieux préparés à mener une vie pénétrée par les technologies numériques. Comme l’expliquait une mère du camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie : « À mon époque, un analphabète ne savait ni lire ni écrire. Maintenant, un analphabète, c’est quelqu’un qui ne sait pas aller sur Internet. Je ne veux pas que mes enfants soient analphabètes. C’est très important. Nous voulons que nos enfants puissent bénéficier d’un avenir meilleur70. »

Mais que signifie l’analphabétisme à l’ère numérique ? Plus généralement, de quelles

compétences et qualités les enfants ont-ils besoin pour éviter les risques et tirer le meilleur parti des possibilités en ligne ? Ces questions trouvent un grand nombre de réponses chez les parents, les enseignants, les décideurs politiques et les universitaires. On peut les regrouper sous deux notions globales : « l’habileté numérique (et avec les médias) » et « la citoyenneté numérique ».

Les définitions de ces concepts varient et bien souvent se recoupent, ce qui peut avoir des conséquences sur la conception des programmes éducatifs pour les enfants. Ainsi, le risque existe de trop insister sur certaines compétences ou qualités au détriment d’autres.

Comment dès lors parvenir à définir plus clairement ces notions ?

Habileté numérique :

Le travail de Global Kids Online, de l’UNESCO et d’autres entités met avant tout l’accent sur quatre ensembles de compétences.

Les enfants doivent être capables : 1. d’accéder à des environnements numériques et de les exploiter de façon sécurisée et efficace ;

2. d’évaluer les informations de manière critique ;

3. de communiquer de façon sécurisée, responsable et efficace au moyen des technologies numériques ; et 4. de créer du contenu numérique.

L’intérêt de l’habileté numérique est largement admis. Lors de la Journée de débat général de 2014 sur les droits de l’enfant et les médias numériques, le Comité des Nations Unies sur les droits de l’enfant a chargé les États Membres d’inclure l’habileté numérique dans leurs programmes scolaires71.

Le développement de l’habileté

numérique et avec les médias des enfants dès le plus jeune âge a été identifié parmi les prérequis essentiels pour toute société démocratique du XXIe siècle.

Citoyenneté numérique :

Les premières définitions de la citoyenneté numérique étaient souvent assez générales, mais des recherches plus récentes penchent pour une définition plus précise, et ce, pour plusieurs raisons, notamment pour améliorer l’accent placé sur l’enseignement du sujet et pour garantir que les objectifs d’apprentissage sont bien définis72. Deux principes sont mis en avant comme des piliers de la citoyenneté numérique, à savoir : 1. un comportement respectueux et tolérant envers les autres ; et

2. une participation citoyenne en ligne.

UNICEF – LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2017

Sur la base des recherches de Petar Kanchev, expert du programme Safer Internet au sein du Applied Research and Communications Fund en Bulgarie, de Sanjay Asthana, École du journalisme, Middle Tennessee State University, et de l’équipe de La Situation des enfants dans le monde 2017.

Même si les définitions sont parfois confuses, l’objectif général d’enseigner l’habileté numérique et la citoyenneté numérique est clair : offrir aux enfants un portefeuille complet de compétences et de savoirs qui leur permet d’éviter les risques et de tirer le maximum des possibilités en ligne, mais aussi d’exercer pleinement leurs droits dans le monde numérique. Ce dernier point est important : les découvertes de Global Kids Online suggèrent qu’alors que la plupart des jeunes partagent des contenus en ligne, et que beaucoup d’entre eux créent des vidéos, il leur manque souvent les compétences et les connaissances numériques nécessaires pour passer à l’échelon supérieur de la participation citoyenne, un volet important des possibilités qui existent en ligne73.

Que doivent

savoir les

enfants dans

le monde

numérique ?

39 01 LES POSSIBILITÉS DU NUMÉRIQUE : SECTION SPÉCIALE

SECTION SPÉCIALE : Comment les TIC

soutiennent-elles l’action humanitaire ?

Ces deux dernières années, une grande partie de la Somalie a souffert de sécheresses qui ont dévasté la terre et poussé des familles à quitter leur maison à la campagne dans l’espoir de trouver de l’aide en ville. Dans ce pays millénaire, une partie de l’aide arrive sous la forme la plus moderne qui soit : des espèces numériques envoyées directement sur le téléphone des familles.

Cette aide est une planche de salut pour les parents et les enfants : comme l’a expliqué un père à un représentant d’Oxfam, « nous pouvons choisir [comment dépenser notre argent] et acheter la nourriture que nous voulons et la quantité d’eau dont nous avons besoin ou, si nous préférons, investir dans du fourrage pour un agneau ou dans l’éducation d’un enfant ».

Les espèces numériques ne sont qu’un exemple de l’utilisation croissante des TIC pour aider des enfants et leur famille à survivre à des contextes d’urgence humanitaire et d’autres situations diffi ciles. Leurs effets peuvent être perçus dans de nombreux secteurs : ainsi, l’amélioration des communications que les TIC rendent possibles permet aux travailleurs humanitaires de mieux coordonner les interventions et de tenir les populations affectées informées au cours des crises (voir encadré sur le Tchad p.31).

SECTION SPÉCIALE : Comment les TIC

Les mégadonnées dans les

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