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La réglementation relative à la vie privée des enfants

Dans le document Les enfants dans un monde numérique (Page 100-106)

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associer des profils personnels à des données interceptées par des activités de surveillance de masse, comme beaucoup semblent le croire, cela permettrait aux autorités d’établir et de conserver des dossiers exhaustifs sur l’existence en ligne des enfants »62.

Enfin, les parents eux-mêmes présentent une menace en matière de violation des données des enfants. Une enquête réalisée en 2010 a révélé que 81 % des enfants de moins de 2 ans dans dix pays à revenu élevé (l’Allemagne, l’Australie, le Canada, l’Espagne, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni) avaient une empreinte numérique, ce qui signifie qu’ils avaient un profil personnel ou des photos d’eux en ligne63. Les parents ont toujours partagé une grande quantité d’informations sur leurs enfants. Cependant, à l’ère numérique, cette pratique est susceptible de prendre une nouvelle dimension et de les transformer en

« distributeurs publics d’informations sur leur enfant »64. Ce phénomène de plus en plus répandu, baptisé « sharenting »65 (contraction de « partage » et de « parents » en anglais), peut nuire à la réputation d’un enfant. Il peut avoir des conséquences graves dans une économie où l’historique en ligne de chacun peut l’emporter sur son historique de crédit auprès des distributeurs, des assureurs et des fournisseurs de services66. Le manque de sensibilisation des parents peut également affecter le bien-être de l’enfant lorsque ceux-ci partagent des images ou des vidéos de lui dévêtu, susceptibles d’être récupérées par des pédophiles. Leur ignorance peut également affecter l’enfant à long terme en interférant avec sa capacité à se réaliser, à créer sa propre identité67 et à trouver un emploi68.

La réglementation relative

93 03 DANGERS EN LIGNE : SECTION SPÉCIALE

des enfants ne souhaitent pas partager leur expérience en ligne avec leurs parents, le fait de devoir obtenir leur autorisation à chaque fois qu’ils souhaitent partager des données réduirait considérablement leur autonomie et leur liberté en ligne74, ce qui est contraire aux engagements de la Convention relative aux droits de l’enfant de permettre aux enfants d’exercer leur puissance d’action conformément à l’évolution de leurs capacités. Toute approche réglementaire doit donc réussir à atteindre un équilibre afin d’assurer la protection des enfants en ligne tout en respectant leur indépendance à mesure qu’ils grandissent.

Des données récentes remettent également en question l’utilité de l’autorisation parentale.

Elles démontrent que les enfants ont une certaine conscience des menaces envers leur vie privée et partagent parfois les mêmes inquiétudes que les adultes à l’égard des risques de vol d’identité et d’exploration des données75. Une étude menée par Global Kids Online a étudié comment cela se traduisait dans la sphère numérique. Il est apparu que les enfants plus âgés savaient généralement gérer leurs paramètres de confidentialité en ligne, contrairement aux plus jeunes76. L’établissement d’un seuil d’âge jusqu’auquel l’autorisation parentale est nécessaire a évidemment suscité des critiques. Le seuil de 16 ans fixé par le règlement général sur la protection des données de l’Union européenne

(que les États membres peuvent toutefois abaisser à 13 ans), qui doit entrer en vigueur en 2018, en est un exemple78. Cette pratique peut sans doute encourager les enfants à mentir sur leur âge aux fournisseurs de services en ligne, un phénomène déjà répandu comme l’ont montré certaines études79. Ses détracteurs opposent également qu’elle pourrait fournir aux auteurs de pédopiégeage une défense plausible, en leur donnant la possibilité d’argumenter qu’ils pensaient avoir affaire à une personne d’au moins 16 ans, âge de la majorité sexuelle dans de nombreux pays80.

D’autres soulignent qu’il existe des mesures plus efficaces que l’obligation d’obtenir l’autorisation des parents pour protéger la vie privée des enfants en ligne tout en protégeant le reste de leurs droits. Ils préconisent notamment des initiatives d’information et la modification des paramètres de confidentialité par défaut81. Il convient néanmoins d’imputer une plus grande responsabilité aux fournisseurs de services en ligne afin de poser des limites claires concernant leurs pratiques de collecte, de traitement et de stockage de données sur les enfants. Les politiques devraient par ailleurs leur imposer « de faire preuve de transparence à l’égard de leurs méthodes de collecte des données et de fournir des explications claires sur l’utilisation des données collectées »82. Ces explications devraient en outre être adaptées aux besoins d’information des enfants et à leurs capacités de compréhension.

Un plus grand niveau de responsabilité doit être attribué aux fournisseurs de services en ligne.

La plupart des approches réglementaires visant à protéger le droit à la vie privée des enfants connectés reposent sur le principe de l’autorisation parentale. Certaines personnes estiment que cette approche libère de manière excessive les fournisseurs d’accès de leur responsabilité consistant à protéger la confidentialité et l’identité des enfants en ligne.

© UNICEF/UN055396/ROMANA

UNICEF – LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2017

PERSPECTIVE

Déjà tatoué ? Juan Enriquez

La première réaction de la plupart d’entre vous, chers lecteurs, serait de répondre à cette question par un « non » emphatique.

Les tatouages sont douloureux, permanents et sont souvent source d’embarras plus tard dans la vie. La plupart des parents sont intransigeants : « Ne te fais pas tatouer.

Fin de la discussion. Et si jamais tu le fais, attends le plus longtemps possible et choisis ton tatouage avec la plus grande prudence ».

Cela me semble plutôt sage. J’aimerais donc comprendre pourquoi la majorité des parents laissent leur enfant se faire tatouer sur la toile. Laissez-moi vous expliquer.

Lorsque nous utilisons Facebook, Twitter, Instagram, Google, LinkedIn ou tout autre hébergeur de services, nous partageons des parties de nous-mêmes. Des miettes de notre vie, sous la forme de photos, d’activités, de pensées, de citations, de tweets, d’amis, de commentaires, qui, réunies, reflètent qui nous sommes, nos pensées, nos centres d’intérêt, nos activités, nos talents, nos réussites, nos amours, nos ruptures et notre vie en ligne.

Ces images et ces mots sont le reflet de ce qui nous semble important, de ce qui nous tient à cœur. Tout comme un tatouage. Ce sont, dans un sens, des tatouages électroniques, bien plus intimes et plus parlants que n’importe quelle encre figée sur notre peau.

À moins de s’être fait tatouer le visage ou les mains, il est facile de couvrir la plupart des tatouages, pour ne pas les montrer lors d’un entretien d’embauche ou d’un rendez-vous galant, par exemple. Ce n’est pas le cas des tatouages électroniques, presque impossibles à dissimuler. Il est certes douloureux et compliqué de se faire enlever un vrai tatouage, mais c’est possible. En revanche, effacer un tatouage électronique relève quasiment de l’impossible.

Jetez un œil en ligne : vous trouverez une quantité d’informations sur presque tout le monde et n’importe qui. D’une certaine manière, nous portons tous un tatouage permanent.

Et il s’avère encore plus impossible de conserver une certaine forme d’anonymat.

Il est bien plus facile de légiférer sur des cas extrêmes de violation de la vie privée que de légiférer sur son respect au quotidien.

La plupart des débats sur la question portent sur des cas de « revanche pornographique », par exemple, phénomène qui consiste, sous la colère, à publier des photos ou des vidéos compromettantes d’un ancien amant.

Mais ce problème est bien moins fréquent que les informations que nous partageons volontairement, nos amis et nous, après une fête inoffensive, une visite touristique, un échange professionnel ou une réunion de famille. Sachant à quel point il est facile d’accéder à ces données des dizaines d’années plus tard et compte tenu de leur portée, à terme, le plus innocent des tatouages électroniques risque d’en amuser, insulter, énerver ou surprendre plus d’un.

D’une certaine façon, nous sommes tous devenus des célébrités. Pour reprendre les propos d’un ancien maire de Londres :

« Marcher dans les rues de Londres, c’est se transformer en véritable star de ciné. Nous sommes filmés par un nombre inimaginable de caméras. » Rien de surprenant, lorsque l’on sait que, selon certaines estimations, nous sommes épiés par plus d’un million de caméras de télévision en circuit fermé. Nous sommes désormais plus surveillés qu’une star de Hollywood ou qu’un chef d’État n’aurait pu l’être quelques décennies plus tôt. Mais s’il fallait une équipe de journalistes d’investigation ou de paparazzi hautement compétents pour exposer la vie des grandes fortunes et célébrités d’autrefois, il est très facile aujourd’hui d’épier et de partager tout ce que nous disons, à qui, sur quoi et comment.

Une fois adultes, les enfants et les adolescents d’aujourd’hui devront compter avec une surveillance et des antécédents qui dépassent l’imagination. Si la plupart d’entre nous avons eu la chance de pouvoir oublier, repenser ou réinventer une partie de notre vie, de nos amours, de nos emplois, de nos pensées, de nos actions, de nos commentaires et de nos erreurs du passé, les enfants de la génération actuelle se trouveront dans une position bien différente. Un seul commentaire stupide pourra leur valoir des dizaines et des dizaines d’années de mépris et d’intimidation en ligne. Une seule action stupide pourra être portée à la connaissance de leurs électeurs, de leurs employeurs ou des autorités des dizaines d’années plus tard.

Qu’il le veuille ou non, chaque enfant aujourd’hui est devenu un personnage historique à part entière, soumis à une scrutation qui n’a jamais été aussi puissante et permanente. Dès l’état de fœtus, lorsque leurs parents partagent échographies

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« Nous sommes désormais plus surveillés qu’une star de Hollywood ou qu’un chef d’État n’aurait pu l’être quelques décennies plus tôt », écrit Juan Enriquez.

© UNICEF/UN036674/SHARMA

voire séquences génétiques, ces enfants se voient tatouer publiquement des pans de leur vie. Avant même qu’ils n’entrent dans l’adolescence et commencent à partager eux-mêmes leurs histoires, ils portent déjà un grand tatouage qui peut définir la façon dont ils sont perçus. Où vis-tu ? Tes parents sont-ils divorcés ? D’ailleurs, qui sont-ils ? Quelle école as-tu fréquentée ? À quoi ressemblais-tu ? Quel sport pratiquais-tu ? Autant de questions auxquelles il est très facile de répondre.

Mais se cacher n’est pas forcément une option viable. Dans un monde où les tatouages numériques sont plus fréquents et visibles que jamais, le fait de n’avoir aucun profil pourrait paraître suspect. À une époque où nos enfants sont confrontés à des défis totalement inédits pour nous, il est important que nous ayons dès

maintenant des conversations sur la persona et les profils publics, sur le bagage de chacun et sa réputation à long terme. De même que nos parents nous enseignaient très tôt les bonnes manières, nous devons enseigner à nos enfants les règles et les conséquences de ces tatouages électroniques. En effet, force est de constater que, virtuellement parlant, nous sommes tous bien plus tatoués que les membres les plus décorés d’une bande de motards…

Juan Enriquez est le directeur général d’Excel Venture Management, un fonds qui investit dans les jeunes entreprises du domaine des sciences de la vie et les plateformes de mégadonnées.

Futuriste, il intervient dans le monde entier et a écrit des ouvrages à succès sur la politique, les sciences et les affaires internationales.

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PERSPECTIVE

Regarde, Maman, aucune donnée !

Anab Jain

Nous sommes à un tournant dans la création de jouets et de technologies conçus pour les enfants et les adolescents. Ces dernières années, les iPhones, les iPods et les iPads d’Apple ont fait leur apparition au classement des jouets les plus désirables de l’année, ce qui signifie que, pour la première fois, des tech-nologies produites pour les adultes, équipées d’importantes capacités en ligne, ont été largement présentées comme des accessoires indispensables pour les enfants. Les enfants en bas âge jouent avec des tablettes, des télé-phones portables et des technologies vocales avant même de savoir marcher ou parler. La découverte au cours de l’enfance n’est plus limitée à un monde physique que les enfants peuvent comprendre par le toucher et par le goût. Leur imagination peut explorer des di-mensions numériques. Les manières d’appren-dre et d’accéder à l’information sont infinies.

Cela dit, cette intégration du jeu dans les nouvelles technologies confronte les producteurs et les consommateurs à de nouveaux défis. Le potentiel des jouets et des logiciels accessibles aux enfants et aux adolescents dépasse largement leur attrait vanté. Des capteurs environnementaux au transfert des données sur le cloud, les capacités sensorielles et communicatives des enfants sont démultipliées, de même que la capacité des grandes entreprises à influencer leurs pensées, leurs croyances et leurs décisions.

Dans les années 1980, aux États-Unis, la déréglementation de la publicité destinée aux enfants a permis aux distributeurs et aux entreprises de créer d’énormes franchises qui ont manifestement renforcé les liens émotionnels entre les enfants et les produits, et ce, à grand renfort de bandes dessinées, de campagnes publicitaires onéreuses et de superproductions cinématographiques.

Aujourd’hui, seule une faible réglementation pourtant précieuse pose des limites aux fabricants de jouets et à l’industrie de la technologie. Ceux-ci continuent d’innover et de révolutionner le marché, plus vite que les parents ne peuvent comprendre, que les associations de consommateurs ne peuvent conseiller et que les gouvernements ne peuvent légiférer.

Que ce soit via des jouets intelligents capables de les écouter quand ils jouent, l’utilisation familiale d’Amazon Echo, ou bien par la montagne d’autres logiciels et dispositifs utilisés autour d’eux, les enfants

explorent de nouvelles dimensions de la vie, du jeu et de l’apprentissage définies par la technologie connectée. Une nouvelle étude a attiré l’attention sur ces jouets qui capturent, enregistrent et partagent des informations audio pendant le jeu et sur la mesure dans laquelle ils violent l’intimité des enfants. En plus de soulever de sérieuses questions en matière de vie privée et de sécurité au sein du foyer et en ligne, ce constat pose d’importantes questions sur la façon dont les entreprises traitent les informations que leurs produits enregistrent pendant que nos enfants jouent, sur la manière dont ces données pourraient être utilisées, sur la façon dont elles devraient être protégées et sur les personnes qui y ont accès.

Les enfants se sont toujours confiés à leurs jouets et à leurs ours en peluche, mais principalement en privé, ne courant qu’occasionnellement le risque de se faire surprendre en pleine séance de doléances ou de confessions. Est-il convenable de limiter de cette manière la vie privée de nos enfants ? Les parents doivent-ils avoir un accès illimité à l’intimité de leur enfant pour l’aider à se développer ? Quelles sont les motivations des concepteurs et des producteurs ? Les données recueillies tout au long de notre vie numérique sont souvent collectées sans mandat de confidentialité et il semble relever de notre responsabilité d’exiger leur chiffrement. Même le parent le plus vigilant a rarement le temps de lire les conditions générales d’utilisation de chaque produit.

La notion de consentement devient complexe tandis que les données de nos enfants sont facilement transmises à des tierces parties susceptibles de les utiliser à des fins commerciales ou pour perfectionner de nouveaux dispositifs ou systèmes d’intelligence artificielle.

Le volume impressionnant de données quantitatives qu’il est possible de réunir sur nos enfants soulève des préoccupations sur l’utilisation qu’en font les parents.

Comment protéger les enfants de pratiques parentales bien intentionnées mais de plus en plus envahissantes ? Les enfants devraient-ils avoir le contrôle de leur expérience technologique et comment, le cas échant ? L’omniprésence de la technologie dans les foyers fait émerger certains problèmes pour les enfants et leurs parents. Il est indispensable que les

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« Il est indispensable que les concepteurs prennent conscience des questions éthiques associées à l’élaboration de nouveaux logiciels et dispositifs accessibles aux mineurs, car ces technologies peuvent contribuer à façonner et à approfondir les connaissances que les jeunes utilisateurs ont non seulement d’eux-mêmes, mais aussi du monde entier », écrit Anab Jain.

© UNICEF/UN040656/

concepteurs prennent conscience des questions éthiques associées à l’élaboration de nouveaux logiciels et dispositifs accessibles aux mineurs, sachant que ces technologies peuvent contribuer à façonner et à approfondir les connaissances que les jeunes utilisateurs ont non seulement d’eux-mêmes, mais aussi du monde entier.

Cependant, la conception intentionnelle est essentielle, car les nouvelles technologies multiplient également les occasions

d’intimidation, de harcèlement et d’autres comportements encore plus graves. Les enfants et les jeunes, depuis leur chambre, peuvent être exposés à la criminalité, à la maltraitance et à la radicalisation. Des logiciels comme Snapchat ont même été conçus pour limiter la lisibilité du contenu partagé, en le rendant indisponible au terme d’une durée déterminée par l’utilisateur.

WhatsApp, Signal et d’autres applications offrent des canaux de communication chiffrée.

D’un point de vue développemental, dans quelle mesure la diffusion en direct de nos vies déforme-t-elle ou développe-t-elle qui nous sommes, et comment inculquer les meilleures pratiques à nos enfants ?

Alors que les logiciels et le matériel sont de plus en plus autonomes, habilement dissimulés derrière la technologie qui accompagne

le moindre de nos mouvements, nous sommes de plus en plus ignorants du fonctionnement et de la portée de nos dispositifs. Il est nécessaire que les fabricants de jouets et les entreprises technologiques conçoivent leurs produits et leurs services en prenant en considération l’ensemble de ces éléments. Il est impératif de mieux comprendre la notion de vie privée et d’utilisation juste des données ainsi que les inquiétudes des parents. En tant que parents, nous devons déployer davantage d’efforts pour obliger ces entreprises à rendre des comptes.

Nous devons exiger que nos enfants soient protégés. Il nous reste beaucoup de travail à accomplir pour concevoir et construire des technologies éthiques, responsables et dignes de confiance pour nos enfants. Il nous reste autant de travail à accomplir pour comprendre et utiliser la technologie et pour apprendre à enseigner à nos enfants à traverser les turbulences de notre époque technologique.

Anab Jain a cofondé et dirige Superflux, un laboratoire centré sur les technologies émergentes à des fins commerciales, culturelles et sociales. Elle enseigne également la conception industrielle à l’Université d’arts appliqués de Vienne. A. Jain a rédigé cet essai en collaboration avec Jake Charles Rees, chercheur en

futurologie à Superflux.

Les articles des jeunes contributeurs présentés dans La situation des enfants dans le monde 2017 peuvent être consultés dans leur intégralité à l’adresse suivante :

<www.voicesofyouth.org/en/sections/content/pages/sowc-2017>

ASHLEY TAN, 17 ANS,

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