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Une définition de l'interprétation du texte draniatique

Dans le document Didactique, texte et jeu dramatique (Page 22-26)

Interpréter un texte dramatique devant un public est un acte de communication orale où la parole est en action. L'acteur utilise un langage défini par un système de signes, le lan�age que lui impose le texte dramatique. ous appelons cela la dimension mterprétntive du t xt•. Ce texte, pour êh·e joué, n 'cessite d'avoir été préalablement écrit par un autem dramatique dans l'intention d'�tre dit oralement devant un public. Pour oraliser ce texte écrit, le comédien est locute1rr et il se retrouve donc inévitablement devant une tâche spécifique : interpréter un texte écrit.

Ici, l'acteur st en quelque sotte le médiateur entre m1 text écrit et le public Il restitue le plus fidèlement possible les éléments du texte à l'auditoire present. Les énoncés du texte c ntienn nt des effets dramatiques qui sont concentrés par la nature même- du langage écrit, utilisé par l'auteur. Interpréter le texte devant un public permet donc, par les formes expressives du langage oral, de susciter des émotions, des interrogations et des réactions chez le spectateur.

Le langage du texte dramatique, dans sa di111ension interprétative au sens où nous l'avons définie plus haut, contient Lm certain nombre d'éléments que nous p uvons regrouper en deux d maines. Le premier domaine réunit Lm en emb1e d'éléments linguistiques, le d uxième un ensemble d'él 'ments n n linguistiques. De manière plus prosaïque, nous pouvons dire qu le langage di·amatique met en oeuvre des éléments du

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langage oral, la parole, et des éléments du langage gesh1el, les attitudes et les gestes (notons at1 passage qu nous allons développer de manière plus détaillée ces éléments plus loin au chapitre 2, dans la partie lnngage dramatique et éléments pamverbnux). Cependant, si ces éléments sont de valeur différente, ils sont en outre indissociab1es du langage dramatique et des liens souvent très étroits les unissent.

L'acteur, du moment qu'il est en rapport avec le texte écrit en vue de l'oraliser, est en contact avec ces éléments. Oraliser le texte est pour lui l'occasion de les activer, de les manipuler, de les assooer, de les mettre en relation. La question pour lui est maintenant de savoir comment le faire de manière cohérente, comment procéder, ceci afin de rendre crédible le langage du texte dramatique dans une situation de représentation public1ue. Il joue et interprète donc son texte à l'instar du musicien qui interprète une partition de musiqtie.

Pour revenir au niveau du texte écrit1 le langage dramatique, comme le définit Pierre Larthomas (1980, p. 29), est

« un compromis entre le dit et l'écrit », compromis qui n'existe peut-être pas dans le langage ordinaire ou afors sous 1me forme très différente. Cette affiimation soulève la question du rapport entre le langage parlé et le langage écrit. Pour tenter de pourrions prétendre ici que << le dit » précède en quelque sorte

« l'écrit ». Dans ce processus mental de création, il va donc utiliser de manière très particulière 1 s éléments du langage parlé, ce que la conversahon ordinaire de tous les jours ignore.

011 retrouve donc dans le texte dramatique écrit un langage parlé où les effets sont concentrés, concentration qui répond à des contraintes de lieu, de temps1 d'action, de situation, de contexte. L'inte1prète est donc soumis à tout cela et il doit y obéir pour agir et mettre la parole en action.

Il est important de souligner que ce langage comporte dans sa forme des limites. Nous pourrions même dire que, malgré ses aspects mtùtidimensionnels et complexes, il se trouve dénudé, privé de certains éléments, ce qm place d'une part l'auteur et a'autre part l'acteur respectivement dans une situation embarrassante : celle de s-ignifier les choses pour l'un et celle de s'en approprier le sens pour l'autre. Prenons par exemple les éléments paralinguistiques (ou paraverbaux) du

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Une dëfinitio11 de l'interprétation du texte dramatique 21 langage, et plus particulièrement ceux qui relèvent de la prosoaie. L'auteur se hemtera vraisemblabfement, au cours de la phase gui lui permet la mise en forme de l'écrit, à l'impossibilité de pouvoir tout indiquer. Le recours à des didascalies, qu'elle qu'en soit la forme, permet bien de préciser certaines choses, mais en auctm cas tous les contours dessinés par la mélodie de la voix, la forme des inflexions, pas plus que la force de l'intensité vocale u les syllabes a accentuer.

L'acteur, quant à lui, se pose la question au niveau de l'interprétation. Quelle forme donner aux inflexions de la voix, quelle syllabe accenluer, comment dire l'énoncé et avec quelle intonation afin que le sens du texte écrit soit r stitué? L'un comme l'autre dispose finalement de p ü de moyens à ce sujet.

Le texte ne peut pas tout dire et on ne peut pas tout dire à travers le texte. L'autem du texte est alors en quelque sorte obligé de faire confiance à l'interprète qui, à son tour, est contraint d'interpréter ce qui a été écrit pour le restih1er dans la situation de jeu.

Il en est de même, en ce qui concerne les éléments non linguistiques du langage. Ainsi nous distinguons les contraintes respectives de d1acun des locuteurs : l'auteur accept , en quelque sorte., d céder son texte. Tandis que le second se confronte à des d1.oix scéniques.

Du point de vue du jeu de l'acteur, l'inteiprétation du texte est la conjugaison de savoirs-faire plus ou moins complexes qui nécessitent pour chacun un entraînement. Aussi serait-il faux de croire qu Yon peut réduire l'interprétation en un savoir sp 'cifique isolé et «uniaxe». L'interprétation constitue un ensemEle d'éléments ou de savoirs-faire qui, dès lors que l'on prend conscience de leurs mécanismes et de lems règles, déterminent tme habileté dans toutes 1 s situations de commrmication orale et (1 fortiori celle de production orale du texte dramatique.

A tm autre niveau encore, tme maîtrise de ces savoirs­

faire devrait donner à l'acteur les moyens de jouer, de se décentrer, de se situer dans un espace de jeu et l'aider à faire valoir sa parole en public, à s'affirmer et à développer les éléments de son jeu.

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Texte et jeu dramatique, quelques fondements théoriques 23

Chapitre 2

Texte et jeu dramatique, quelques fondements

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